FL Grand peur et misère du IIIe Reich de Bertolt Brecht

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FL Grand peur et misère du IIIe Reich de Bertolt Brecht
Fiche de lecture
Sélection Lire le théâtre
Titre : Grand peur et misère du IIIème Reich
Auteur : Bertolt Brecht
Éditions : L’Arche
Résumé
Allemagne, 1933. La classe ouvrière et la bourgeoisie capitulent devant la machine nazie qui parvient,
en entretenant un climat d'incertitude constante, à créer un monde où bourreaux et victimes glissent
vers la folie. La terreur s'immisce peu à peu dans l'intimité de chacun. Des parents craignent d'être
dénoncés par leurs propres enfants, un couple se disloque autour du déni de l'antisémitisme, des amis
n'osent plus parler de l'essentiel de peur d'être arrêtés. Ne jamais révéler son opinion, ne jamais
contester l'autorité, ne jamais divulguer ses émotions. Garder le silence absolu, voilà la nouvelle règle
du jeu.
Comment se libérer de la paranoïa ambiante, comment décrire la perversité d'un régime qui intimide,
séduit et en vient à contrôler tout un peuple? Brecht, exilé, y parvient en déployant son humour
caustique et lucide dans une série de paraboles cinglantes. Cette pièce regroupe vingt-quatre scènes de
longueurs diverses qui décrivent les aspects de la vie pendant le Reich hitlérien : la brutalité des camps
de concentration, la lutte souterraine du mouvement communiste, l'antisémitisme, la propagande de
Goebbels... Ces petites scènes de cette grande oeuvre de Brecht sont des modèles d'un théâtre vif,
drôle et percutant. Au-delà de la grande Histoire, par la liberté de réaction créative qu'il nous offre,
Brecht rénove radicalement notre rapport au monde.
Contact : La Maison du Théâtre 02 98 47 33 42
Source : www.lamaisondutheatre.com
L’auteur
Bertolt Brecht (né Eugen Berthold Friedrich Brecht le 10 février 1898 à Augsbourg, en Bavière 14 août 1956 à Berlin-Est) était un dramaturge, metteur en scène, critique théâtral et poète allemand
du XXe siècle.
Bertolt Brecht est d'origine bourgeoise, fils d'un père catholique, dirigeant d'une fabrique de papier, et
d'une mère protestante. Il commence à écrire très tôt (son premier texte est publié en 1914) et entame
des études de philosophie puis de médecine à Augsbourg. En 1918, à vingt ans, il est mobilisé à la fin
de la Première Guerre mondiale comme infirmier. L'horreur de la guerre aura comme pour les
surréalistes français, une grosse influence sur lui. La même année, il écrit sa première pièce, Baal. Il
chante des écrits pacifistes à Ausbourg puis à Munich et rompt les liens qui l'attachaient encore à sa
famille.
Suivent les pièces Tambours dans la nuit en 1919 qui lui vaudra le prix Kleist en 1922, Spartacus et
Dans la jungle des villes. Ces trois premières œuvres montrent son côté anarchiste. Il est alors très
influencé par Erwin Piscator ou Max Reinhardt. Il est engagé comme conseiller littéraire en 1923 à
Munich puis à Berlin en 1924, il rejoint le Deutsches Theater de Max Reinhardt, avec l'actrice Hélène
Weigel, qui monte ses pièces. La même année, Elisabeth Hauptmann devient sa maîtresse et son
« nègre ». Viennent ensuite Homme pour homme(1927) et Grandeur et décadence de la ville de
Mahagony. Ces pièces créent la polémique, jusqu'en 1928 où il crée L'Opéra de quat'sous (musique de
Kurt Weill), un des plus grands succès théâtraux de la république de Weimar qui à cause d'un
malentendu lui assure le succès.
Il épouse Helene et devient marxiste. La montée du nazisme le force à quitter l'Allemagne en 1933, où
son œuvre est interdite et brûlée lors de l'autodafé du 10 mai de cette même année. Il parcourt
l'Europe (Svendborg au Danemark, Russie, puis Finlande), Il participe en 1935 au Congres international
des écrivains pour la défense de la culture, à Paris, et dirige conjointement avec L. Feuchtwanger et W.
Bredel, la rédaction d'une revue intitulée Das Wort dont le premier numéro paraît en 1936. Le but
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avoué de cette revue est d'unir l'intelligentia anti-fasciste d'Allemagne autour d'un idéal prôné par
l'Internationale communiste. Forcé à la fuite en 1939, il s'installe en Finlande, puis, après une
traversée en bateau au départ de Vladivostok, il s'installe en Californie en 1941. Durant cette période,
il écrit une grande partie de son œuvre dont La Vie de Galilée, Mère Courage et ses enfants, La Bonne
Âme du Se-Tchouan, La Résistible Ascension d'Arturo Ui (attaque contre Hitler), Le Cercle de craie
caucasien et Petit Organon pour le théâtre dans laquelle il exprime sa théorie du théâtre épique et de
la distanciation.
Chassé des États-Unis en 1947 en raison du maccarthysme, il se rend alors en Suisse. Les alliés lui
refusant le visa qui lui aurait permis de s’installer en RFA, c'est grâce aux Tchèques qu'il peut rejoindre
la RDA. En 1949, il s'installe définitivement à Berlin-Est et fonde avec sa femme le Berliner Ensemble
où il exprime ses prises de position socialistes. Il reprend et précise le théâtre épique fondé par
Piscator qu'il oriente autour de l'effet de distanciation Verfremdungseffekt et qui s'oppose à la tradition
d'un théâtre dramatique d'identification. Il a des difficultés avec le régime de RDA. En 1950 il se fait
reconnaître comme autrichien.
Le 17 juin 1953 les ouvriers de RDA se révoltent en masse pour protester contre la médiocrité de leur
niveau de vie, la majoration massive des objectifs de travail et le mauvais fonctionnement des
infrastructures. Il écrivit une lettre à Walter Ulbricht analysant les causes de la révolte et proposant
des pistes de réforme. Seule la dernière phrase « Je tiens à exprimer en ce moment ma solidarité avec
le Parti socialiste unifié » fut publiée.
Par ailleurs, il publia un poème La Solution qui disait : « J'apprends que le gouvernement estime que le
peuple à « trahi la confiance du régime » et « devra travailler dur pour regagner la confiance des
autorités ». Dans ce cas, ne serait-il pas plus simple pour le gouvernement de dissoudre le peuple et
d'en élire un autre ?»
Admirateur de Staline, il déclara au sujet de ses vicitmes : "plus elles sont innocentes, plus elles
méritent d'être fusillées".
Devenu une figure quasi-officielle du régime de la RDA, il obtient le prix Staline international pour la
paix en 1955 et meurt à Berlin, un an plus tard d'un infarctus.
Bertolt Brecht servit souvent de référence pour les mouvements d'extrême gauche des années 1970 en
Europe.
Des militants ont souvent cité cette phrase de Brecht : « Nos défaites d'aujourd'hui ne prouvent rien, si
ce n'est que nous sommes trop peu dans la lutte contre l'infamie, et de ceux qui nous regardent en
spectateurs, nous attendons qu'au moins, ils aient honte ».
Brecht voulait rompre avec l'illusion théâtrale et pousser le spectateur à la réflexion. Ses pièces sont
donc ouvertement didactiques : par l'usage de panneaux avec des maximes, des apartés en direction du
public pour commenter la pièce, des intermèdes chantés, etc. il force le spectateur à avoir un regard
critique. Ce processus, qu'il baptise « distanciation » (Verfremdungseffekt ou Effet V) a beaucoup
influencé certains metteurs en scène français. Dans son théâtre épique, l'acteur doit plus raconter
qu'incarner, susciter la réflexion et le jugement plus que l'identification.