musique eminem 06 birdpaula 10 murderdolls

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musique eminem 06 birdpaula 10 murderdolls
START
UP
NUMÉRO 154
JUIL/AOÛT 2010
L’ACTUALITÉ MUSIQUE ET VIDÉO DE VOTRE SPÉCIALISTE CULTURE
KORN
MUSIQUE EMINEM 06 BIRDPAULA 10 MURDERDOLLS 12 BRUCE SPRINGSTEEN 13
ALLAN PARSONS PROJECT 15 HILLYBILLY MOON EXPLOSION 16 DANGER MOUSE/SPARKLEHORSE 17
DVD THE GHOST WRITER DE POLANSKI 24 I LOVE YOU PHILLIP MORRIS 26 ANDER 28 CARLOS 30
UNE PUBLICATION
SOMMAIRE
17
12
23
16
News / 06
We Are Scientist 06 / Ozzy Osbourne 06 /
Eminem 07 / Rox 07 / Sia 07 /
Interviews / 08
Korn 08 / Birdpaula 10 / Murderdolls 12 / Bruce Springsteen 14 /
Allan Parsons Project 15 / Hillbilly Moon Explosion 16 / Danger Mouse & Sparklehorse 17 /
Chroniques musique / 18
Pop/Rock 18 / Electro 21 / Rap-Soul 21 /
Autres musiques 22 / Français 23 /
Chroniques DVD / 24
DVD du mois : Ghost Writer 24 / Pierce Brossnan 25 / I love you Phillip Morris 26 /
La reine des pommes 27/ Ander 28 / Carlos 30
STARTUP est édité par la société PRÉLUDE ET FUGUE, SAS de presse au capital de 30 000 euros, 29, rue de Châteaudun 75308 PARIS Cedex 09 Tél. : 01 75 55 43 44
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RÉDACTION RÉDACTRICE EN CHEF Melody LEBLOND [email protected] / RÉDACTION Paul Alexandre, Antoine Beretto, David Bouseul, Hervé Crespy, Florence Rajon-Rocher,
Hervé Guilleminot, Maxime Goguet, Bertrand Rocher, Guillaume Graf / CONCEPTION GRAPHIQUE Didier FITAN
MANAGEMENT ÉDITEUR DÉLÉGUÉ Tristan THOMAS / DIRECTRICE RÉGIE Véronique PICAN / PUBLICITÉ Tristan THOMAS [email protected] /
FABRICATION Pascal DELEPINE avec Laurence BIDEAU / PRÉPRESSE GROUPE EXPRESS-ROULARTA / IMPRIMÉ EN BELGIQUE Roularta Printing / Photographie couverture D.R.
| 3 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
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ST-GERMAIN-EN-LAYE / TOULOUSE / VAULX-EN-VELIN
LA SÉLECTION DU MOIS / IMPORTS STARTER
CHRIS ISAAK
Live at the Fillmore 2008
STARTER DISTRIBUTION SERVICE
Enregistré au Fillmore en 2008, cet
album nous permet de retrouver Chris
Isaak au meilleur de sa forme dans un
repertoire aussi varié que du rock, des
ballades, du rockabilly ou de la country.
Il interprète tous ses grands succès de
Wicked Games à Dancin' soutenu par
son groupe les Silvertone. À noter que
ce disque n'est vendu que sur internet
et chez les disquaires spécialisés.
ROCK/POP/METAL/ELECTRO
(HED) P.E.
MAJOR PAIN -BEST OF (CD/DVD)
DICKEY BETTS
& GREAT SOUTHERN
30 YEARS OF SOUTHERN ROCK
THE CRANBERRIES
LIVE IN PARIS 2010 (3CDS)
DANZIG
DETH RED SABAOTH
DIR EN GREY
UROBOROS-WITH THE PROOF IN THE
WARREN HAYNES (GOV T MULE)
PRESENTS: THE BENEFIT CONCERT,
VOL. 3
JEWEL
SWEET & WILD (LIMITED 2CD EDITION)
CYNDI LAUPER
MEMPHIS BLUES
TEENAGE FANCLUB
SHADOWS
TRUE BLOOD
VOL. 2-MUSIQUE DE LA SÉRIE TV
(EELS, BECK, DYLAN ETC..)
STEVE VAI
WESTERN VACATION
COUNTRY
DIERKS BENTLEY
UP ON THE RIDGE
MARK CHESNUTT
OUTLAW
CLINT EASTWOOD
RAWHIDE'S CLINT EASTWOOD SINGS
CLAY WALKER
SHE WON'T BE LONELY LONG
VINYL
JEFF BECK
BLOW BY BLOW
JEFF BECK
WIRED
JACK BRUCE/ROBIN TROWER
SEVEN MOONS
CHEMICAL BROTHERS
FURTHER
CHICKEN SHACK
40 BLUE FINGERS FRESHLY..
LEONARD COHEN
GREATEST HITS
CREAM
DISRAELI GEARS (PICTURE DISC)
PETER CRISS
PETER CRISS (PICTURE DISC)
THE CURE
DISINTEGRATION: REMASTERED 2LP
FATBOY SLIM
BETTER LIVING THROUGH..
FOCUS
SHIP OF MEMORIES
FRANKIE GOES TO HOLLYWOOD
WELCOME TO THE..
ACE FREHLEY
ACE FREHLEY (PICTURE DISC)
FUGEES
SCORE
GOV'T MULE
GOV'T MULE
GOV'T MULE
DEJA VOODOO
MOTORHEAD
ACE OF SPADES (PICTURE DISC)
MOTT THE HOOPLE
MOTT
NITS
URK
OUTKAST
SPEAKERBOXXX/LOVE BELOW
TOM PETTY
& THE HEARTBREAKERS
MOJO
ELVIS PRESLEY
50.000.000 ELVIS FANS..
SADE
LOVE DELUXE
SCREAMING TREES
SWEET OBLIVION
SHOCKING BLUE
SCORPIO'S DANCE + 4
GENE SIMMONS
GENE SIMMONS (PICTURE DISC)
SONIC YOUTH
CONFUSION IS SEX
SONIC YOUTH
EVOL
SOUTHSIDE JOHNNY
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START TOP JUIN 2010
NEWS
14 juin
RELEVÉ DES MEILLEURES VENTES POP/ROCK
DES MAGASINS ADHÉRENTS
We are scientists
Barbara
★★★★★ PIAS
MUSE The Resistance
SONY MUSIC
KATIE MELUA The House
NAÏVE
CŒUR DE PIRATE Cœur de pirate
UNIVERSAL MUSIC
BEN L'ONCLE SOUL Ben l'oncle soul
UNIVERSAL MUSIC
CHARLIE WINSTON Hobo
PIAS
GOTAN PROJECT Tango 3.0
UNIVERSAL MUSIC
THE ROLLING STONES Exile on main street
UNIVERSAL MUSIC
MORCHEEBA Blood like lemonade
GOSSIP Music for men
PIAS
SONY MUSIC
PLAN B The Defamation of strickland banks
ANGUS & JULIA STONE Down the may
WARNER MUSIC
WAGRAM
MELODY GARDOT My one and only thrill
UNIVERSAL MUSIC
JACK JOHNSON To the sea
UNIVERSAL MUSIC
SADE Soldier of love
SONY MUSIC
M Mister Mystere
UNIVERSAL MUSIC
VANESSA PARADIS Best of
UNIVERSAL MUSIC
LUZ CASAL La Pasion
EMI
AC/DC Iron man 2 (BOF)
SONY MUSIC
MANU CHAO Baionarena
WARNER MUSIC
U2 U2 360 at the Rose Bowl
UNIVERSAL MUSIC
SCORPIONS Sting in the tail
SONY MUSIC
BENJAMIN BIOLAY La Superbe
NAÏVE
TRAIN Save me, San Srancisco
SONY MUSIC
THE CHEMICAL BROTHERS Further
OASIS Time flies...1994-2009
EMI
SONY MUSIC
SHARLEEN SPITERI The Movie songbook
UNIVERSAL MUSIC
ROBERT FRANCIS Before nightfall
WARNER MUSIC
SEAL Soul
WARNER MUSIC
SEAN PAUL Imperial blaze
WARNER MUSIC
PINK Funhouse
27-28-29 août
Nul besoin de demander aux deux (charmants) branchés californiens qui est Barbara,
puisqu’ils ne le savent pas eux-mêmes. C’est là le contraste de We are Scientists: aucune
certitude. Mais la recette fonctionne plutôt bien. Des rythmiques éclatantes, des
morceaux pas loin du tube radio et des refrains en cavale, voilà ce que We Are Scientists
nous envoie en pleine face, et ce n’est pas pour nous déplaire. Ils reprennent en chœur
“rules don’t stop me, don’t stop me ! ”, vous avez compris le message? Nous, oui. M.L.
SONY MUSIC
Ozzy Osbourne
Scream
14 juin
★★★★★ Sony Music
Le prince des ténèbres est de retour parmi nous.
Loin de la télé réalité et des caméras cachées (néanmoins plutôt hilarantes), Ozzy Osbourne sort son
dixième album solo, après pas moins de trois ans
d’absence. À 60 ans passés, Ozzy rime avec Iggy, l’autre
papy du rock qui tient la route. Mais qu’y a-t-il dans
Scream? De la passion, des riffs ravageurs, du metal, de
la puissance, mais aussi de l’autodérision… Bref, un
mélange à l’image du rocker. Produit par Kevin Churko,
cet album devrait vous en mettre plein la vue: la bassiste
Rob Blacko Nicholson, le guitariste Gus G. (Firewind,
Arch Enemy), le batteur Tommy Clufetos (Rob Zombie, Alice Cooper) et le claviériste Adam Wakeman ;
Rien que du beau monde. Ozzy est immortel. Rock’n’
roll ! M.L.
Festival Rock en Seine Saint-Cloud
27 août :
Blink 182, Cypress Hill, Underworld,
Skunk Anansie, Black Rebel Motorcycle Club,
Foals, The Kooks, Band of Horses, Kele,
All Time Low, Minus the Bear, Deadmau5,
French Cowboy, Beast, King of Conspiracy,
Roken is Dodelijk.
28 août :
Queens Of The Stone Age, Massive Attack,
2 Many DJ's, LCD Soundsystem, Paolo Nutini,
Two Door Cinema Club, Chew Lips,
Stereophonics, Plan B, K'Naan, Jónsi, Jello Biafra,
Naive New Beaters, Où Est Le Swimming Pool,
Quadricolor, Viva and the Diva.
29 août :
Arcade Fire, Beirut, Wave Machines, Fat Freddy's
Drop, The Ting Tings, Roxy Music, Eels, Rox,
The Temper Trap, Wayne Beckford,
The Black Angels, Wallis Bird, Crystal Castles,
I Am un Chien !!, Success.
| 6 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
NEWS
21 juin
Eminem
Recovery
RÉSULTATJEU CONCOURS
DIRE STRAITS
UNE GUITARE STRATOCASTER
À GAGNER
★★★★
Universal Music
Oublié le petit roquet blanc. Oubliée la provocation
post-adolescente. Eminem va mieux (il semble s’être sorti
de sa dépendance aux médicaments), et le prouve avec
Recovery, mot pour mot “rétablissement” en français.
“J’avais bien prévu à l’origine de sortir Relapse 2 cette année.
Mais au fur et à mesure que j’enregistrais et travaillais avec
mes nouveaux producteurs, l’idée d’une suite à Relapse avait
de moins en moins de sens à mes yeux, et j’ai voulu faire un
album complètement nouveau. La musique sur Recovery
sera très différente de celle sur
Relapse, et je pense que cela méritait
son propre titre pour ce nouvel
album.” De quoi ravir les fans,
puisque le rappeur a choisi
plusieurs de ses anciens collaborateurs: DJ Khalil, Just Blaze ou encore
Jim Jonsin. Le single I’m not afraid annonce la couleur… M.L.
Pascal T. de Chateaugiron
est le gagnant de la guitare Stratocaster
(cf. Start Up mai 2010).
VOICI LES RÉPONSES AUX QUESTIONS :
1 – « The Cafe Race » était le 1er nom
du groupe
2 – Eric Clapton a remplacé le guitariste
Jack Sonni lors du concert donné en
l’honneur de Nelson Mandela en 1988
3 – Le mini album contenant le single
Twisting by the pool sorti en 1983
s’appelle ExtendedancEPlay
8 juin
Rox
Memoirs
★★★★
Naïve
Sous ce nom typiquement masculin se cache en réalité une délicieuse chanteuse à la voix de velours. C’est
avec le rythme dans la peau, et c’est peu dire, que Rox
nous offre des ballades plutôt légères, aux accents soul
et jazzy. Loin des frasques d’Amy Winehouse, elle en
a pourtant le charisme et le talent. Héritière de Macy
Gray et de VV Brown, la petite anglaise (mi-jamaïcaine, mi-iranienne) bluffe tout le monde avec ce
Memoirs, très bon premier album. G.G.
21 juin
Sia
We are born ★★★★
Sony music
Ne vous y trompez pas, malgré son allure de première de la classe, la chanteuse
australienne Sia aime flirter avec la folie. Look plutôt loufoque pour des chansons
de plus en plus pop, voilà le programme de We are born, son nouvel album. Nous
avions évidemment tous versé notre larme sur son titre Breathe Me lors du dernier
épisode (ô combien mythique) de la série Six Feet Under, avouons-le. Mais ne vous
attendez pas à retrouver les mélodies mélodrames de Colour the small one, elles
n’y seront pas. Découvrez plutôt des morceaux (méga) pop enjoués et colorés. Car
oui, Sia n’est pas une fille qui se lamente sur son sort, et elle compte bien nous faire
partager ses nouvelles espérances. Tantôt dance sur Bring Night, tantôt jazzy sur
You’ve Changed, Sia explore tous les terrains. Inclassable. Mais dans le bon sens du
terme. G.G.
| 7 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
ROCK
Korn
Korn III : Remember who you are sonne
comme les anciens albums de Korn, et
vous avez choisi de travailler avec Ross
Robinson. Revenir aux sources c’était voulu ?
PAR MELODY LEBLOND
Jonathan Davis (chant) : Oui, tout à fait. Nous avions besoin de nous
retrouver, comme auparavant. On a fait plusieurs sessions ensemble en studio et lorsque nous avons joué,
ça sonnait comme à nos débuts. Sûrement parce que
c’est une étape intermédiaire, pour mieux avancer. Je
pense que notre public aussi est demandeur de ce style
de musique, assez naturel, intuitif et presque naïf,
comme à nos débuts. Ça a fait un bien fou à tout le
monde, ça a remis les choses au clair.
D’où le titre de cet album…
Oui, on voulait tous se concentrer sur d’où l’on vient. Sans prétention. Comme quand nous étions des gamins et que nous ne faisions
de la musique que pour s’amuser. Je ne dis pas que nous sommes
intéressés par l’argent maintenant, mais nous avons essayé de revenir
| 8 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
LE FRONT LEADER DE KORN, JONATHAN DAVIS, OPÈRE
UN RETOUR AUX SOURCES. LE RÉSULTAT : KORN III :
REMEMBER WHO YOU ARE. UN GRAND DISQUE
à un état d’esprit plus jeune, plus innocent.
Vous pensez que c’est le destin qui vous a poussés à faire un retour
en arrière ?
Voilà. C’était assez excitant de travailler de cette manière. On s’est
sentis à l’aise avec cette façon de composer et d’enregistrer. En même
temps, on fait comme on peut, alors oui, c’est le destin. Remember who you are est un parfait mélange de
tout ce que l’on a fait par le passé. Pour l’enregistrement, nous n’étions que tous les quatre dans une
petite pièce, c’était comme à l’ancienne. Le Korn d’aujourd’hui est le meilleur de ce qu’on peut être. Ross
nous a aidés à nous recentrer sur des accords et des
rythmiques simples, il nous a poussés dans nos
retranchements. Il m’a rendu fou ! (rires). Chacune de
prises de voix était intense. Mais je lui en suis reconnaissant.
Et vos paroles ?
Quand j’écris, j’essaie que cela soit le plus fluide possible. J’écris à
propos de choses qui me concernent ou pas, ça dépend. Je suis
quelqu’un de sensible aux problèmes des autres, alors parfois ça
donne des paroles plus agressives. Ce qui me motive, c’est de voir
tous ces adolescents qui se sentent concernés par ce que je dis, ça me
donne beaucoup de force. Je respecte énormément mon public.
Malgré tous les changements au sein du groupe, vous avez dit qu’il
n’a jamais été aussi bon. Vous avez trouvé votre équilibre ?
En quelque sorte. Nous sommes très unis et nous fonctionnons plus
ou moins la même manière. Nous jouons à cent pour cent avec notre
cœur, c’est ce qui fait, qu’hormis le fait que je suis entouré de musiciens talentueux, le groupe n’a jamais été aussi cohérent.
Vous aimez toujours autant les sujets sensibles en tout cas.
Lorsqu’on voit sur votre pochette cet homme pervers qui attend
cette petite fille dans sa voiture… C’est de la provocation ?
Ce n’est pas de la provocation pure, parce que nous ne sommes pas
comme ça. Ce qu’on aime, c’est interpeller les gens, les faire réfléchir.
Cette illustration est aussi belle qu’elle est flippante. C’est le contraste
de Korn, mélanger les sentiments et les sensations.
Être le chanteur de Korn et avoir une vie de famille, c’est compatible ?
C’est beaucoup plus compliqué pour moi de faire tout ce que je veux
et surtout quand je veux, contrairement à mes débuts. Mais c’est la
vie, c’est une évolution. Avoir une famille ne m’empêche pas de composer et de faire des tournées, alors tout va bien (rires). Je suis le plus
heureux des hommes. ■
Korn III: Remember who you are ★★★★ (Roadrunner)
DISCOGRAPHIE
1994
1996
1998
1998
2002
2003
2005
1998
2006
Korn
Life Is Peachy
Follow
the Leader
Issues
Untouchables
Take a Look in
the Mirror
Untitled
| 9 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
POP
Birdpaula
BIRD PAULA A CROISÉ LES PLUS
GRANDS, DE HENDRIX À NICO
EN PASSANT PAR WARHOL... MAIS
ELLE N’EN RESTE PAS MOINS HUMBLE.
RENCONTRE
PAR MELODY LEBLOND
Comment trouvez-vous Give in to love ?
Je suis très contente de cet album, j’ai l’impression que c’est l’aboutissement d’un long
travail. J’avais déjà fait un album, il y a cinq
ans, mais cette fois-ci c’était différent. Travailler avec Renaud Letang (ndlr producteur
de Feist, Manu Chao, Alain Souchon…) et ses
excellents musiciens était une expérience
enrichissante.
Vous ressentiez de l’appréhension avant
d’aller en studio ?
Oui, beaucoup. J’étais plutôt angoissée
avant de commencer l’enregistrement. Mais
Renaud Letang m’a aidée à me sentir à l’aise.
Je connaissais son travail depuis longtemps et
j’avais aimé sa collaboration avec Feist.
Lorsque j’ai signé chez Universal, il m’ont dit
qu’ils allaient faire produire quatre titres par
Renaud, et à ce moment là j’ai croisé un D.A
de Polydor qui a dit “on adore ! on signe”. Ça
s’est fait comme ça.
Tout était déjà écrit à l’avance ?
C’est cela, j’avais écrit toutes les paroles et les
musiques avant d’aller en studio et on a
enregistré la plupart des chansons juste en guitare et voix. Ensuite il
a fait venir des musiciens, qui ont construit autour de cette trame.
Vos paroles sont autobiographiques, par exemple sur Chicago…
Presque toujours, la musique vient avec les paroles. J’entends une
mélodie à l’intérieur de moi et je la chante avec ma guitare ou mon
piano. C’est indissociable. La chanson Chicago est autobiographique, ça parle de mon enfance.
Vous êtes nostalgique, alors ?
Pour moi non, ce n’est pas vraiment de la nostalgie.
Dans Chicago, j’évoque des moments assez tragiques,
c’est une sorte de mise au point. C’est un peu pour
clore un épisode. C’est un regard vers le passé, mais
pour mieux affronter le futur.
Vous écoutiez de la musique pendant votre enregistrement ?
Non, parce que c’était une bataille. Je me levais, on
allait au studio et c’était très intense. Le soir quand je rentrais j’étais
tellement crevée que je ne pouvais pas faire autre chose que de penser
à ma musique.
Ca vous manque maintenant que c’est fini ?
| 10 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
Ce qui me manque, enfin, ce que j’aime, c’est la créativité, faire des
chansons. J’aime cette phase où l’on est comme dans une bulle,
enfermé. Ensuite, ce qui me console, c’est la suite, la rencontre avec
le public. J’ai hâte de passer à l’Européen en septembre. Je serai avec
un groupe: piano, basse, batterie et je jouerai de la guitare.
Votre musique est vraiment un mélange des genres : soul, blues,
jazz et pop… Pourtant, il y a une unité dans cet album
C’est-à-dire que je ne savais pas si toutes ces directions
et influences pouvaient être unies. Par exemple, j’en
parle dans Picnic Party, c’est un vrai mélange de styles,
boogie, honky tonky, jazz et rockabilly. Renaud a dit
que pour lui c’était des chansons et que l’on pouvait
prendre n’importe quelle direction parce qu’elles
étaient bien écrites. Alors j’étais confiante. Beaucoup
d’artistes se disent qu’il vont faire un album uniquement jazz, ou que du blues, mais comme c’est un peu
toutes mes influences, ça fait partie de mon style. C’est vrai que
j’aime bien écrire des paroles que l’on peut interpréter de telle ou
telle façon. Il y a différents niveaux de lecture, pour que ce soit plus
riche.
Lorsque vous étiez enfant, vous avez pratiqué le chant lyrique, c’est
de là que vient votre belle voix ?
Quand j’étais petite, j’ai beaucoup chanté dans des chorales et à
l’Église. Et j’ai travaillé le chant lyrique parce que je voulais connaître
quelque chose de différent, par curiosité. J’ai tellement chanté que
je ne pense plus à la manière dont je chante, sinon je ne fais plus
passer l’émotion. Le chant n’est pas une performance pour moi.
Votre expérience dans le mannequinat vous a t-elle aidée pour
débuter dans la musique ?
C’est-à-dire que maintenant, on est beaucoup dans l’image dans la
musique. C’est vrai que ça a dû me servir pour être à l’aise devant les
caméras, mais c’était un peu frustrant à l’époque... J’avais commencé
à le faire pour finir mes études mais ça duré plus que prévu et ça m’a
surtout emmené à Paris.
Justement, vous êtes venue à Paris et n’en êtes jamais repartie…
Pour moi, c’est la ville idéale. Paris c’est magique. J’ai trouvé Paris
tellement beau lorsque je suis arrivée ici, que je n’ai pas pu repartir.
Quand j’étais enfant, j’étais fascinée par l’architecture, les jardins, les
parcs et surtout la langue, que j’aimais. Après, c’est en lisant des
écrivains comme Hemingway, Fitzgerald, et en découvrant les peintres que j’en suis tombée amoureuse. J’aime cette atmosphère si particulière et artistique. Le cinéma m’a aussi beaucoup influencée, mais
j’essaie d’être l’actrice de mes propres chansons.
Vous avez aussi côtoyé les plus grands : Jimi Hendrix, Warhol, Nico,
Marc Bolan…
J’ai mis ça dans la biographie pour situer une époque. La rencontre
avec ces gens là était naturelle. Je pense qu’on peut aussi aujourd’hui
faire ça. Prince allait aux Bains Douches régulièrement à une
époque, mais peut-être que la musique était encore une petite industrie, alors ça facilitait les choses. C’est maintenant géré par des multinationales alors on a moins facilement accès aux stars.
Une rencontre qui vous a marquée ?
Maria Callas, ma rencontre avec elle a été bouleversante, fulgurante.
Une idole de jeunesse ?
Mon idole absolue c’était Marilyn Monroe, pour le mélange qu’elle
dégage. Cette innocence de femme-enfant et en même temps elle
est très féminine et sexy. Elle est d’une grande douceur. ■
Give in to love ★★★★ (Polydor/Universal)
| 11 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
ROCK
Murderdolls
PAR GUILLAUME GRAF
Woman & Children Last est un album
différent du précédent ?
Joey Jordison (guitare): Complètement. Je me sens confiant vis-àvis de cet album. La première chanson de celui-ci est une intro qui
marque la continuité avec Beyond the Valley of Murderdolls. On a
appelé cette intro The World According to Revenge, pour montrer
que ce nouvel album est comme une revanche pour nous, un nouveau départ. On a envie de dire à tout le monde qu’on revient et que
l’on va tout défoncer sur notre passage.
Vous trouvez que la musique actuelle a besoin d’un électrochoc ?
Qu’elle est moins bonne qu’avant ?
Franchement, ce n’est pas pour être prétentieux, ni descendre un
groupe en particulier, mais bon, tout ce qui se fait sur
la scène metal est vraiment chiant. Ce n’est que moi
qui rêve?
Je suis du même avis que vous… Mais c’est le cas
dans tous les styles de musique. Vous pensez que
c’est dû à quoi ?
Les groupes n’ont plus d’âme! C’est la même chose et
encore pareil, et encore pareil, et encore pareil… Aucun
renouvellement. Quand j’en parle avec Wednesday
(ndlr l’autre partie de Murderdolls, le chanteur), on est vraiment
blazés. Par exemple, lors de ma dernière tournée avec Slipknot (ndlr
c’est leur batteur), on a essayé d’aller plus loin, de ne pas se contenter
de ce qu’on sait déjà faire. Il n’y aucun groupe qui me plait. Aucun…
Mais c’est parce que les musiciens sont tous formatés, ils n’apportent
plus rien à leur musique puisqu’ils sont vides.
Alors Murderdolls a apporté quoi ?
C’est le premier disque où, avec Wednesday, on s’est assis et on a écrit
ensemble notre musique. Je pense que c’est la clé: la collaboration.
Beyond the Valley of Murderdolls était bien, je ne le renie pas, on
a passé du bon temps, mais il était clairement en dessous de nos
| 12 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
MISE AU POINT AVEC LES DEUX TÊTES
PENSANTES DE MURDERDOLLS, QUI COMPTENT
BIEN RÉTABLIR L’ORDRE SUR LA SCÈNE MÉTAL
capacités. On a écrit les paroles ensemble, c’était ce que nous
voulions, partager des moments d’intimité. Le fait de se retrouver
tous les deux, après tant de temps, était merveilleux, car on est fait
pour fonctionner ensemble. Je sais ce que Murderdolls doit être, et
lui voit les choses de la même façon. Lorsque l’on a commencé à
essayer des parties de guitare en studio, on se disait: mon dieu, c’est
tellement bon ! Je ne pense pas que les autres groupes sont aussi
soudés que nous pouvons l’être. Je ne veux pas non plus faire partie
de ces groupes qui surfent sur la vague médiatique des vampires, le
coup de foudre et les amis de Frankenstein… Je veux juste écrire de
bonnes chansons en continuant à être parfois drôle.
Vous et Wednesday êtes comme des frères…
C’est exactement ça, il est mon âme sœur. Et je sais
qu’il pense pareil de moi, nos cerveaux sont connectés. Il n’a qu’à me regarder et le message est passé.
Il paraît que vous avez écrit plus de 50 chansons au
total !
C’est vrai que l’on a eu beaucoup d’idées et qu’on a
passé du temps en studio, voilà pourquoi ça a donné
un paquet de morceaux. On en a tellement… Mais
pour le choix de celles de l’album, on a juste pris les
plus abouties, celles qui fonctionnaient le mieux. Avec Wednesday,
on a tout de suite compris que la machine était repartie. On a fait
cet album en 25 jours seulement, c’est dire!
Vous avez l’air de l’aimer cet album…
Ce disque est juste incroyable, vous voulez dire ! Vous avez sûrement dû l’écouter, mais il n’est pas encore fini, le mastering sera différent. On l’a enregistré à Hollywood, c’était un signe du destin. Je
me levais le matin très tôt et j’allais travailler jusque tard dans la nuit.
J’ai même une particularité : je n’oublie jamais une mélodie que j’ai
en tête, je suis comme un disque dur. Ça m’aide beaucoup pour
composer, je n’écris jamais rien sur papier.
Vous êtes hyperactif ?
Je suis un homme très occupé, je n’arrive pas à ne rien faire, rester
dans mon coin. Lorsque la dernière tournée avec Murderdolls s’est
achevée, je suis rentré chez moi, avec ma femme et mon chat Mokey.
Bon, pour être honnête, au début c’était plaisant, mais ensuite j’ai
vite tourné en rond, un peu comme le chat (rires). Je ne sors pas
beaucoup, alors je n’avais qu’une hâte, c’était de recommencer à composer, tourner, jouer sur scène…
Vous n’êtes pas très connu aux États-Unis, votre pays, contrairement à l’Europe, où on vous adore. Cela vous dérange ?
On a dû jouer pas plus d’une vingtaine de fois aux États-Unis, c’est
tout. Mais ça ne nous dérange pas. Je pense que les gens ont flippé
quand Murderdolls a commencé, personne n’était comme nous. Ça
leur faisait sûrement peur, qui sait. Par contre en Europe, tout le
monde aime notre musique et notre look, le public est plus ouvert.
Vous savez quoi? On s’en fout des U.S.A … On n’en a pas besoin.
Murderdolls existera toujours ailleurs.
Murderdolls n’est donc pas un side-project pour vous…
En aucun cas ! C’est même ma priorité. Plus que tout.
Travailler avec Mick Mars, de Motley Crue, c’est un rêve de gosse ?
Il est venu jouer sur Drug Me to Hell et Blood Stained Valentine, c’était super pour nous. Le truc, c’est qu’on ne voulait pas faire un
album avec plein de guest et de collaborations, comme Slash par
exemple. On s’est dit que Mick n’avait jamais eu ce luxe de faire ce
qu’il voulait sur un morceau, alors on lui en a donné l’occasion. Le
faire jouer sur notre musique nous a paru évident, et c’est incroyable,
parce que c’est une de mes idoles. Il n’était même pas question d’argent avec lui, il a juste accepté. Quand il a commencé à jouer, il s’est
approprié la chanson tout de suite. Mythique. ■
Woman & Children Last ★★★ (Roadrunner/Warner Music)
| 13 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
ROCK
Bruce Springsteen
London Calling: Live in Hyde Park
PAR BERTRAND ROCHER
La magie des longues communions springsteeniennes chez soi ? Vous en aviez rêvé,
Sony l'a fait. Ce concert londonien de 2009
est la cinquième captation vidéo du Boss en
live (voir encadré). Mais c'est la première à
être proposée en haute définition avec une
image et un son qui prennent toute leur
dimension en Blu-ray. Les fans français qui
ont été applaudir Springsteen aux Vieilles
charrues il y a un an, auraient sans doute
préféré voir choisie la kermesse de Carhaix.
Mais ce gig d' Hyde Park, une quinzaine de
jours auparavant, leur fera retrouver la magie
incomparable du rocker. Ce 28 juin 2009,
Bruce Springsteen est dans la capital
britannique pour un festival local. Et, au
milieu des arbres vénérables (qui ont déjà
pris les Stones, Pink Floyd, Queen, Blur ou
les Red Hot entre leurs feuilles), le E street
band envoie du bois. C'est même l’un des
bémols récurrents, ces dernières années : en
vieillissant – et en jouant surtout dans d'immenses espaces – la bande du Boss a perdu en
subtilité; à l'image d'un Max Weinberg plus
maréchal-ferrant que batteur. Cette rythmique pachydermique est particulièrement
criante sur le répertoire récent et majoritairement balourd (Outlaw Pete, Lonesome Day,
the Rising,…). Mais ces réserves valent
peanuts comparées au panard taille 52 que
l'on prend à assister au fascinant spectacle
d'un Américain trapu de 59 ans, qui se donne
à son public, comme si sa vie en dépendait.
Comme si c'était le dernier soir. Le dernier
solo de Clarence Clemons. Les dernières
"harmonies” avec Steve Van Zandt. La
dernière cavalcade du clavier de Roy Bittan.
La dernière farandole. Le dernier rappel.
Alors le gars Bruce, en nage, donne tout. Un
coup de chapeau de vieux fan à Joe Strummer, en reprenant London Calling. Les deux
tiers de Born to Run, les pépites de Darkness
on the Edge of town et de Born in the USA,
quelques perles de son insipide discographie
récente (Waiting on a sunny day, Radio
nowhere…). Et tant pis s'il oublie ce soir là des
musts comme Thunder Road, Backstreets ou
Because the night. L'espace d'une bouleversante parenthèse de trois heures dans nos vies,
le Patron colle une rustine à des valeurs qui
prennent l'eau (humanité, fraternité,
générosité, rock'n'roll), et accessoirement une
grosse baffe aux deux tiers des blancs becs
actuels. God save the
boss ! ■
Sony Music ★★★★
BRUCE SPRINGSTEEN LIVE EN VIDÉO
Les trois heures de London Calling, live in Hyde Park ne vous suffisent pas ?
Alignez-vous au départ de cinq autres marathons de la star, déjà disponibles en DVD.
Hammersmith Odeon London'75 (2006): Proposé dans le coffret celle des retrouvailles avec ses grognards, revenus en grâce. Pénible
commémorant les 30 ans de Born to Run, l'enregistrement d'un con- en version CD, ce concert est un des témoignages les plus touchants
cert historique : celui où le jeune Bruce – look hobo façon Serpico du charisme de la star.
– dompte une Angleterre qui craignait pourtant un "nouveau Live in Barcelona (2003): Pour la première fois, un concert entier
est disponible en DVD. En l'occurrence, l'étape catalane de la
Dylan" jetable.
In concert/MTV Plugged (1993): Un témoignage des années où le tournée The Rising, captée en 2002 à Barcelone. La set list est polBoss - en rupture de E-street Band - est complètement à l'Ouest. Et luée par d'innombrables titres du médiocre album éponyme.
pas seulement parce qu'il s’exile à Los Angeles. MTV l'invite à ses Live in Dublin (2007): L'odyssée bastringue folk de 2007 – mêlant
sessions acoustiques ? Il joue le jeu… un morceau. Puis envoie la répertoire traditionnel et pépites maison réarrangées – considérée
par certains fans comme l'occasion des concerts les plus mémorables
purée FM.
Live in New York City (2001): Springsteen joue à domicile au Madi- du Boss depuis des lustres.
son Square Garden. Et ça dépote. D'autant que cette tournée est (NB : Tous ces titres chez Sony Music).
| 14 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
ROCK
Alan Parsons
CET HOMME EST LE MYTHIQUE PRODUCTEUR DE DARK SIDE
OF THE MOON, DE PINK FLOYD. ALAN PARSON EST RAVI DE
RETROUVER SON PUBLIC. C’EST UNE NOUVELLE JEUNESSE
Avez-vous écouté la réédition d’Exile On
PAR MELODY LEBLOND Main Street des Rolling Stones (l’album
passe en fond, pendant l’interview) ?
Pas vraiment, je n’ai jamais été un grand fan des Stones. Je suis plutôt
dans le camp des Beatles.
Le DVD live de votre concert à Madrid vient de sortir… C’est une
ville qui vous est chère ?
Oui, c’est une ville que j’aime beaucoup. Mais c’était surtout l’organisation là-bas qui nous a permis de réaliser ce live. Il y avait beaucoup
de caméras, alors le rendu est très bon. Je suis content de cette soirée.
Vous avez joué à l’Olympia hier soir (ndlr le 1er juin 2010), que
ressentez-vous face à votre public que vous n’avez pas vu depuis
longtemps ?
Nous n’avions pas joué depuis 1995… C’est donc vrai que je n’étais
plus habitué à jouer en concert, mais tout est revenu très vite. C’est
nécessaire pour moi aujourd’hui de faire des concerts, je veux dire
financièrement, ça m’aide beaucoup, vu que les ventes de disques
s’écroulent littéralement. Je pense que les ventes baissent à cause des
autres loisirs comme les jeux vidéos ou l’informatique. Les gens
utilisent le budget dans d’autres domaines que la musique, enfin,
c’est ce que je suppose. C’est aussi à cause du fait qu’il y a de plus en
plus de groupes qui tentent leur chance. Beaucoup de choix, donc les
ventes sont éparpillées. Avec internet, on peut écouter tout à l’avance, alors que de mon temps, on découvrait un album en l’achetant. Ça a tout changé.
Vous qui avez produit Dark Side Of The Moon de Pink Floyd, qu’en
pensez-vous en le réécoutant ?
Je l’écoute de temps en temps et je l’aime beaucoup. Parfois je
l’écoute contre mon gré, puisqu’il passe très souvent à la radio. Mais
c’est intéressant, je vois aussi les défauts de cet album… Mais je me dis
que Pink Floyd était vraiment un bon groupe (rires).
Quels sont vos projets avec Alan Parsons Project ?
Si vous étiez là hier soir, j’ai joué une nouvelle chanson qui s’appelle
All Our Yesterdays. Elle sort au mois de juin et l’album va sûrement
se faire dans l’année qui arrive. Enfin, je ne devrais pas vous le dire…
(Pink Floyd passe en fond dans le hall d’hôtel) Je vous promets que je ne
les ai pas payés pour ça! Ce n’est pas ma faute, c’est le destin (rires). ■
| 15 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
ROCK
The Hillbilly Moon Explosion
LE ROCKABILLY N’EST PAS MORT. LA PREUVE AVEC HILLBILLY MOON EXPLOSION, GROUPE TOUT DROIT SORTI
D’UN FILM DE TARANTINO
PAR GUILLAUME GRAF
Vous êtes déjà venus en France ?
Emanuela Hutter (chant): Oui, nous avons
déjà joué en France, c’est notre deuxième
fois. Vous êtes un très bon public! Cet aprèsmidi, entre les interviews et la séance photo,
nous avons eu le temps de nous balader dans
Montmartre, c’est vraiment magnifique!
À quoi ressemble Raw Deal, votre nouvel
album ?
Emanuela: À la fin de l’enregistrement, je me
sentais comme libérée d’un poids, je pouvais
désormais respirer, et m’attaquer à autre
chose que le studio. J’ai hâte de défendre cet
album. C’est comme une renaisance pour
nous, c’est la continuité de ce que l’on a fait
avant.
Oliver Baroni (contrebasse) : Tout le monde
s’occupe toujours du prochain album avant
de s’intéresser à celui qui est en cours, c’est
assez drôle. C’est un truc de journaliste ça,
que de nous demander des nouvelles du
prochain album. Nous on pense que celui-ci
nous donne déjà assez de travail…(rires).
Emanuela: Cet album est vraiment créatif.
Oliver: Oui, c’est celui qui se rapproche le
plus de ce que nous sommes, de ce qu’est
Hillibilly Moon Explosion. C’est une compilation entre le premier et le troisième
album. On sent nos influences rock, enfin,
plus qu’auparavant. Ce qui a joué aussi, dans
le son que nous avons sur
Raw Deal, c’est le fait qu’aucune des machines de notre
studio n’était fabriquée après
1965… Tout était vintage,
alors ça donne du cachet
à nos morceaux. On ne
pouvait pas tout recommencer, on a quasiment
enregistré nos chansons en
live. D’ailleurs, les voix, nous
les avons enregistrées en quelques prises
seulement.
Emanuela : On travaille ensemble avec
Olivier sur les paroles, chacun de notre côté
et ensuite on se réunit. C’est plutôt simple.
Oliver : Généralement, la musique arrive
dans mon esprit en premier, c’est ma façon
de travailler.
Vous qui êtes clairement influencés par des
styles de musique plutôt oldschool, vous
aimez des artistes récents ?
Duncan James (guitare) : C’est-à-dire que
l’on n’a pas vraiment le temps de découvrir
des choses nouvelles, tellement nous sommes occupés par notre musique.
Oliver : Pour vous donner
une idée, lors de la dernière
session dans le studio, nous
avons enregistré 40 chansons en 4 jours…
Duncan: On ne dort pas!
(rires). On joue de 8h du
matin, jusqu’à 21h parfois.
On ne rigole pas lorsqu’on
vous dit qu’on fait de la
musique! On est constamment en train de composer. Par contre, pour
nous, c’est difficile d’écouter d’autres styles
de musique que ceux qui se rapprochent du
nôtre. Notre oreille est habituée à un genre.
L’argent joue-il un rôle important pour vous?
Oliver: Bien sûr, ça dépend de qui paye le studio, ça nous donne plus ou moins de temps
pour travailler. Quand c’est nous, on travaille
vite, quand c’est la maison de disques, on se
sent plus libres de prendre le temps. Ce n’est
pas sympa, mais c’est comme ça.
Quand on voit votre style, on ne peut s’empêcher de se dire que vous faites référence
au cinéma. D’ailleurs, la photo de Raw Deal
semble tout droit sortie de Mulholland Drive
de David Lynch…
Emanuela : C’est sûrement parce que nos
chansons pourraient êtres utilisées pour la
bande originale d’un film. Notre travail colle
assez bien au monde du cinéma, ce n’est pas
la première fois qu’on nous le dit.
Oliver: On ne se rend pas trop compte de
l’impact de nos morceaux, mais je veux bien
croire que notre univers n’est pas très éloigné
de ce type de cinéma. C’est un compliment
pour nous.
Être toujours réduits à la case fifties, ça ne
vous dérange pas ?
Oliver : C’est vrai que la plupart des gens,
lorsqu’ils entendent notre musique, pensent
que nous ne jouons que du rockabilly et
basta. Mais ça ne nous dérange pas vraiment,
ils sont à moitié dans le vrai, car c’est notre
style. Nous sommes un groupe de rockabilly.
Nous ne renions pas nos origines. ■
Raw deal ★★★★ (EMI)
| 16 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
ÉVÉNEMENT
Danger Mouse/
Sparklehorse
Enfin ! Le meilleur album de l’année 2009 est
PAR HERVÉ CRESPI désormais disponible commercialement en
2010, après avoir affolé la planète Internet et
les blogosphères puisqu’il n’existait que sous forme virtuelle en
téléchargement. Une astuce, un “faute de mieux” organisé par Mark
Linkous, le prodige folk de Sparklehorse, tragiquement disparu cette
année et par Brian Burton, alias Danger Mouse, cofondateur de
Gnarls Barkley, producteur pour Gorillaz et Beck, véritable provocateur (on lui doit The Grey album, un mix non-autorisé entre le
Black Album de Jay Z et le White album des Beatles), habitué aux
coups d’éclats et aux conflits avec ses maisons de disques. Dark night
of the soul aurait pu ne jamais sortir, à cause d’une question de droits
non déclarés sur les samples de l’album, d’où un véto par la major
EMI. Puis de bonnes âmes se sont émues : les cautions de David
Lynch, conceptueur visuel de ce
“une alchimie rare
Dark night of the soul mais aussi
une ombre inspirante que l’on aux ambiances envoûtantes
retrouve sur deux titres aux texet vénéneuses.”
tures musicales très proches de
l’univers du réalisateur. Mais l’idée assez nébuleuse de ce projet
choral s’efface devant la qualité des chansons proposées, leur traitement musical audacieux et surtout, par la qualité du casting proposé.
Les invités venus poser leur voix tout au long de Dark night of the soul
méritent d’être cités intégralement: Wayne Coyne des Flaming Lips,
Gruff Rhys de Super Furry Animals, Jason Lytle de Grandaddy,
Julian Casablancas des Strokes, Frank Black, Iggy Pop, James Mercer des Shins, Suzanne Vega, Vic Chessnutt et enfin David Lynch
himself. Tous livrent une interprétation remarquable sur ces chansons flottantes, parfois brutales, souvent crépusculaires. La trame
classique des compositions de Sparklehorse s’enrichit des climats et
des textures électro signées Danger Mouse et ensemble livrent une
alchimie rare aux ambiances envoûtantes et vénéneuses. Aucune
faiblesse sur ce Dark night of the soul qui risque de nous accompagner
pour un bout de temps. Haut la main, l’album de l’année 2010. ■
Dark night of the soul ★★★★★★ (EMI)
| 17 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
CHRONIQUES POP/ROCK
THE TWO ★★★★
PUGGY ★★★
THE HERBALISER ★★★
EELS ★★★
Wagram
Something You Might Like
Herbal Tonic – Best Of
Tomorrow morning
The Two, c’est avant tout deux
superbes voix qui se répondent et
s’entremêlent harmonieusement.
Celles de David et Ara. Un magicien,
une peintre.The Two, c’est surtout de
somptueuses compositions folk
épurées et mélancoliques inspirées
par les excellents Kings of Convenience. The Two, c’est après tout la
révélation d’un impressionnant duo
français qui chante en anglais. The
Two est un disque somptueux. Un
point c’est tout. M.G.
Mercury / Universal
Ninja Tune / Pias
Coop / Pias
Vous connaissez la blague du groupe
belge composé d’un Anglais, d’un
Français et d’un Suédois ? Le nom
de ce groupe est Puggy. Eclectiques,
les compositions pop-rock de leur
très bon deuxième album oscillent
entre les univers de Coldplay (mélodies
imparables rehaussées de piano) et
de Muse (intonations de la voix du
chanteur et envolées lyriques).Le tout
résonnant avec un sens du groove
et un plaisir de jouer évidents. M.G.
Faisant un peu figure de rescapé des
années 90 et de la vague electrotrip hop de cette époque,The Herbaliser est l’exception qui confirme la
règle : l’électro est bien morte, ou
presque. Compilation (sous forme de
testament ?), Herbal Tonic redonne
à espoir pour une relève saine et
authentique de ces années de douce
folie électronique.Bref,un regard passé
tourné vers l’avenir. H.G.
MY AWESOME MIXTAPE
WOLF PARADE ★★★
★★★
★★★★ How Could A Village
Expo 86
He Said, She Said
Turn Into A Town
Sup Pop / Pias
Dixiefrog / H.M.
Blog Up Musique / Anticraft
Originaire de Montréal, Wolf Parade
s’est fait connaître en 2005 grâce à
l’album Apologies to the Queen Mary.
La singularité des compositions poprock du groupe est due en grande
partie à la voix désaxée du chanteur
Dan Boeckner (Handsome Furs) et à
l’utilisation habile de synthétiseurs
qui viennent dialoguer avec les
accords nerveux des guitares lors de
réjouissantes ruptures rythmiques et
embardées mélodiques. Bravo ! M.G.
Couple peinard roulant sur la highway
d’un blues-rock taillé dans le granit,
Peter Karp et Sur Foley ne vont pas
révolutionner le genre.Mais leur album
He Said, She Said, solide et bien
charpenté, s’écoute d’une traite
comme on engloutit un Jack Daniel’s
dans la torpeur estivale étouffante de
la grande ville. Ce disque est un bon
millésime,qui bénéficie en outre d’une
salve d’autres sorties chez Dixiefrog.
Mark Everett alias E, seul membre
restant du groupe Eels qui, enchanta
au milieu des années 90, le public
indie pop des Inrocks (à une époque
où ce lectorat lisait encore avidement
ce magazine) grâce à l’album Beautiful
Freak, a toujours préféré l’autosabordage artistique au succès
commercial qu’on lui prédisait à ses
débuts. Las, Mark Everett sombra
dans la dépression et publia jusqu’à
récemment des albums douloureux
et plombés, jusqu’à gagner une
respectabilité d’auteur culte, ermite
reclus dans son home studio de
Silverlake, une région désertique
californienne.Après quelques albums
mémorables publiés par eclipses
(Soul jacker en 2001, Hombre lobo
en 2009), l’humeur du moment de
E est de sortir un disque fabriqué avec
la méthode “do it yourself” tous les
six mois. Après End Times au début
de cette année, voici Tomorrow
morning, composé et fabriqué seul
avec ses machines d’un autre âge.
Sans doute les fans de Eels
retrouveront ici son auteur en pleine
morosité malgré quelques éclaircies
acoustiques et des mélodies toujours
bien enlevées. Intéressant mais
difficile à suivre, Eels reste un artiste
assez unique à rencontrer. H.C.
PETER KARP & SUE FOLEY
Écouter pour la première fois My
Awesome Mixtape procure le même
étourdissement que la découverte de
TV On The Radio ou d’Animal Collective.À savoir,une adhésion corporelle
(jambes, bras, ouïe) immédiate à la
musique et une claque intellectuelle
fondamentale.Entre indie-pop,électro
et hip hop, les cinq Italiens de My
Awesome Mixtape ont composé un
deuxième album éblouissant. M.G.
H.G.
ISOBEL CAMPBELL & MARK LANEGAN ★★★★
Hawk - V2 / Pias
Au début, l’union de ces deux oiseaux de nuit faisait sourire : Isobel Campbell, petite écossaise à la voix éthérée chez
les très poppy Belle & Sebastian s’acoquinait avec le vétéran grunge Mark Lanegan, ex-Screaming Trees et cofondateur de Queens of the stone age… D’un côté la bucolique Isobel, de l’autre le ténébreux Mark. Après deux
albums remarqués, Hawk parvient enfin à l’équilibre : bien que sur la plupart des titres, la voix douce d’Isobel
Campbell n’est qu’un subtil contrepoint à la rugosité de Lanegan, la complicité mélodique du couple saute aux oreilles,
surtout dans le registre de ballades folk douce-amères (Snake song, No place to fall) et sur un formidable slow soul
60’s (Come undone) à passer en boucle au coin du feu. H.C.
| 18 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
CHRONIQUES POP/ROCK
BLITZEN TRAPPER
Destroyer of the void
★★★★★
Sub pop / Pias
COUP
DE
CŒUR
HAPPY BIRTHDAY
MYSTERY JETS ★★★
MOBY ★★★
Serotonin
Wait for me remixes
Rough Trade / Naïve
Because / Warner
Un patronyme banal,un physique peu
glamour, une pop-folk d’une facture
classique et voici nos Mystery Jets
classés parmi les groupes outsiders
toujours condamnés au “peut mieux
faire”. Sauf qu’avec Serotonin, 3ème
album en guise de va-tout, nos Mystery Jets prennent de l’envergure.
C’est un disque qui claque grâce à
la production de Chris Thomas, un
vétéran du son qui de Roxy Music aux
Sex Pistols en passant par les
Pretenders, a toujours apporté à ces
groupes une touche sonore bien
reconnaissable. Et tant mieux si les
Mystery Jets profitent de cette
expérience. Les chansons gagnent
en vigueur, en brillance et en énergie.
Cette pop rétro aux mélodies chorales
semble ressortir du grenier sonore
de la fin des 70’s, quelque part entre
Squeeze, The Undertones et Electric
Light Orchestra. Bonne pioche. H.C.
Allez, pour une fois et depuis
longtemps (1999 et le fameux album
Play qui, de plaisant aux premières
écoutes devint pénible lorsqu’on
l’entendit partout (même dans les
sanisettes Decaux !), on va dire du
bien de Moby… Enfin de cet album
de remixes confiés à des mains
expertes (du lourd Carl Cox au subtils
Maps ou Yuksek en passant par
Laurent Wolf ou Savage Skulls. En
fait si Wait for me est parfait pour
l’été, c’est que Moby n’y est que peu
présent.A sa place,de longues plages
électro house, un peu abstract ou
bien techno et des textures sonores
parfaites pour danser sans trop se
prendre la tête. Et les vrais fans de
Moby pourront se jeter sur un mix
exclusif du maître chauve et bio.
H.C.
JAMAICA ★★★
THORBJORN RISAGER ★★
No Problem
Track Record
V2 / Cooperative Music / Pias
Dixiefrog / H.M.
Jouant avec les apparences,Jamaica
est un groupe français qui ne compose
pas de reggae mais de l’électro-rock
bien puissante. Quelque part entre
la house des Daft Punk, les accords
électriques d’AC/DC et la pop
épileptique deTwo Door Cinema Club,
les compositions de Jamaica ont pour
unique objectif de nous faire danser.
Produit par l’un des membres de
Justice, cet album est une réussite.
Aucun problème là-dessus. M.G.
Avec un nom pareil,Thorbjorn Risager
mettrait bien un coup de neige sur le
delta du Mississippi ! Et c’est le cas,
car ce natif du Danemark (ainsi que
son groupe) semble nourri au biberon
d’un bon blues-rock des familles
depuis pas mal de temps. Son album,
étonnante démonstration de blues
ravageur et roots, sonne comme le
triomphe d’une scène européenne qui
n’a plus rien à prouver. H.G.
Happy Birthday
★★★★
Sub pop / Pias
Blitzen Trapper
En cette époque incertaine où les
modes musicales se succèdent à une
vitesse effrénée,il est bon de retrouver
certaines valeurs refuges : le label
Sub pop en est une. Fondé en 1986
par Bruce Pavitt, d’après son fanzine
Subterranean pop, le label eut la
chance immense d’accueillir Nirvana
dès son 1er album et, grâce à eux,
de lancer la vague grunge.Le miracle
de la petite structure underground
devenue une industrie du disque
rentable est toujours un petit bonheur
à raconter.Surtout Sub Pop n’a jamais
perdu de vue sa vista artistique :The
Shins, The Dum Dum Girls, Foals ou
Beach House pour ne citer que les
plus récents, furent tous découverts
et couvés par le label de Seattle. Et
ce n’est pas fini : la dernière merveille américaine du moment se nomme
Blitzen Trapper dont le 4ème album, Destroyer of the void, nous emmène
directement au pays de la pop psychédélique la plus baroque : il y a du
Beatles période “album blanc” chez ces Blitzen trapper. Il y a surtout à chaque
chanson,un émerveillement,un étonnement ou un contre-pied.Orchestrations
luxuriantes, mélodies de haute volée, harmonies surprenantes… Blitzen
Trapper est un nom à retenir.Tout comme les nouveaux venus Happy Birthday
qui sonnent sur ce 1er album comme des Pavement en bonne santé mentale.
Gentiment bancal mais riche en surprises, Happy Birthday passe de la pop
lo-fi au folk hi-fi avec aisance tout en y ajoutant une bonne dose de dinguerie
et d’étrangeté revendiquée. Et c’est cela la marque de fabrique du label
Sub Pop depuis plus de 20 ans... Pourvoyeur de rock déjanté et unique
dans un monde musical où le formatage est de règle. H.C.
| 19 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
ROCK
COUP
DE
CŒUR
OASIS
Time Flies … 1994-2009
★★★★
Sony
“Je voulais écrire de la musique qui ait un groove; pas des chansons qui
suivent le schéma traditionnel, couplet, refrain et pont. Je voulais un son
plus hypnotique; plus dynamique. Des chansons qui vous entraînent dans
une direction différente. Des chansons sur lesquelles vous devriez peutêtre vous brancher – pour les ressentir.” Voilà le discours que Noël, la
moitié songwritteuse d’Oasis pouvait tenir à propos de son écriture.
Mais ces belles paroles sont bel et bien envolées, puisque Oasis n’existe
plus, suite à un énième clash entre
les deux frères. Ce qu’il nous
restera, la musique, ce coffret
retraçant la carrière des anglais
indomptables de Manchester. De
quoi vous rattraper si vous avez
manqué le début. De quoi écouter,
le vague à l’âme, pour se consoler.
MARDI GRAS BB ★★★★
THE PIPETTES ★★★
Von humboldt Picnic
Earth Vs Pipettes
Differ-ant
Differ-ant
Sous-titré a journey with the Mardi
Gras BB, le nouvel album de ce collectif
improbable et inclassable apparu en
Allemagne au milieu des années 90,
est effectivement une véritable
invitation au voyage. L'occasion
d'oublier le cliché qui colle à ce groupe
depuis longtemps et trop souvent décrit
comme une “fanfare aux flonflons
nostalgiques”. Rien de passéiste dans
ce Von humboldt picnic, qui passe
avec une aisance déconcertante, d'un
raga indien à un blues en français,
d'une ballade grinçante à la Tom Waits
à une plongée dans le bayou sudiste
digne de Dr John pour finir dans une
taverne bavaroise tout en ayant fait un
clin d'œil aux musiques de film noir
des fifties.Groupe explosif et polyglotte,
aux couleurs musicales toujours
surprenantes,le Mardi Gras BB semble
tout savoir de la sono mondiale et s'en
amuse avec un savoir-faire, une
énergie et une habileté rare.En France
on a Patrick Sébastien, à Meinheim,
ils ont Mardi Gras BB. À chacun son
sens de la fête. H.C.
Ben qu'est-il arrivé à nos Pipettes, nos
sympathiques gamines sexy et sixties
apparues il y a quatre ans avec un
1er album poppy et léger ? D'abord, il
y avait une brune de trop dans ce trio
féminin qui aujourd'hui se résume
semble t-il à la seule Gwenno accompagnée par la nouvelle Ani. Mises au
placard aussi ces harmonies de girls
groups à la Ronettes ou Crystals.Avec
Earth Vs The Pipettes, les filles s'imaginent plus en Bananarama (Ain't no
talkin'), en Kylie Minogue juvénile de
la fin des 80's, voire en championnes
du dancefloor à la Sugababes…
Heureusement,les mélodies espiègles
et la candeur calculée font encore leur
petit effet sur I always planned to
stay ou le charmant Our love was saved
by Spacemen. Plus kitsch que rétro,
Earth vs The Pipettes s'adresse plus
aux fans de Miley Cyrus qu'aux
amateurs du Wall of sound de phil
Spector. Dommage. H.C.
CRASH TEST DUMMIES ★★
Oooh la la !
M.L.
Edel / Wagram
CD 1 :
Supersonic
Roll With It
Live Forever
Wonderwall
Stop Crying Your Heart Out
Cigarettes & Alcohol
Songbird
Don’t Look Back In Anger
The Hindu Times
Stand By Me
Lord Don’t Slow Me Down
Shakermaker
All Around The World
| 20 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
CD 2 :
Some Might Say
The Importance of Being Idle
D’You Know What I Mean?
Lyla
Let There Be Love
Go Let It Out
Who Feels Love?
Little By Little
The Shock Of The Lightning
She Is Love
Whatever
I’m Outta Time
Falling Down
Sunday Morning Call
+ un morceau caché
Il y a des chansons comme ça dont les
mélodies bourdonnent à la radio et qui
s'impriment dans votre cerveau sans
pourvoir s'en débarrasser avant longtemps.
Ce fut le cas du fatiguant Class of 74
des Cornells, tout comme leMmmm
mmmh… des Crash test Dummies, une ballade pop des années 90 et un hit
majeur que l'on retrouve sur la B.O. du film Dumb & Dumber. Après un tel
tube, ces Canadiens menés par la voix de baryton de Brad Roberts, ont eu
bien du mal à réitérer cet exploit. Et Oooh La La, malgré tous ses efforts, ne
parvient pas plus à nous émouvoir. Ce chant grave trop forcé, que l'on adore
chez les Tindersticks, Lee Hazlewood ou The National, semble ici artificiel, un
gimmick vocal pour un groupe qui ne sait pas trop où aller musicalement. Un
coup crooner, un coup pop, un autre gentiment reggae… le tout ne génère
qu'un ennui poli. H.C.
CHRONIQUES ELECTRO
CHRONIQUES RAP/SOUL
KELE OKEREKE ★★★
KITSUNÉ PONYSTEP
THE ROOTS ★★★
ELECTRIC WIRE HUSTLE
The Boxer
★★★★★
How I Got Over
★★★
Wichita / Cooperative Music / Pias
Mixed by Jerry Bouthier
Def Jam/Universal
BBE
Kele Okereke est le chanteur de
l’excellent groupe Bloc Party.Loin des
compositions acérées de sa formation
habituelle,il a choisi de faire une pause
en solo dans sa carrière afin de poser
sa voix sur des morceaux pop-électrodubstep qu’il affectionne également.
Au programme : beats lourds et
montées en puissance sans fioritures
qui évoquent Calvin Harris, Wiley et
Dizzee Rascal. Surprenant ! M.G.
Kitsuné / Pias
Originaire de Philadelphie,The Roots
s'est formé il y a une quinzaine d'années et a commencé par des performances live avant de sortir leur
premier album autoproduit Organix
en 1993. Les temps ont bien changé
depuis, car How I get over est leur
dixième opus. Ce n’est donc pas trop
de dire qu’ils ont fait du chemin.
Repoussé depuis octobre dernier,
How I get over arrive un peu comme
le messie pour les fans. Avis aux
connaisseurs, The Roots n’a pas
changé. Avis aux novices, The Roots
va tout changer. G.G.
Les fans de Common ne seront pas
dupes et reconnaîtront le nom de cette
formation Néo Zélandaise : Electric
Wire Hustle. Il s'agit tout simplement
de la révélation nu-soul de 2009 qui
semble incarner l'héritage soul de
Jay Dee. Il se dégage de l'album une
énergie proche de l'esprit de la
Motown 70', époque où sévissaient
des artistes tels que Marvin Gaye,
Isaac Hayes et autres Stevie Wonder.
En tête de la course : Perception,
Waters,Chaser et GimmeThat Kinda...
Le label Kitsuné est réputé pour avoir
le nez et repérer les jeunes artistes,
façon télé crochet ultra branché. Ici,
pas de compilation, mais un mix de
Jerry Bouthier. Le meilleur moment :
le remix de Florrie par les BeatauCue,
une vraie tuerie ! Gildas et Masaya
(les deux têtes pensantes du label au
renard) sont très forts et ne sont jamais
à cours de bonnes idées. M.L.
NOTRE TOP 3
Florrie – 911
(Beataucue Remix –JBAG Edit)
Two Door Cinema Club – I Can Talk
(French Horn Rebellion Remix)
Voltaire Twins – D.I.L.
(JBAG’s Hot Pop Remix)
M.L.
MACY GRAY
The Sellout
★★★
THE CHEMICAL BROTHERS
Universal
★★
Further
EMI
À force de faire attendre son public,
les Chemical Brothers vont finir par
leur faire perdre patience (et à nous
aussi). Alors, qui dit attente, dit
forcément bonne surprise, car on
se dit qu’il y a du travail là-dessous.
Et bien, pas systématiquement …
La preuve avec ce nouvel album,
Further, qui est plutôt décevant de
la part des deux maîtres (des
légendes, oui) de l’electro massive.
Les mélodies sont quelque peu
pâteuses et aucun morceau ne tire
son épingle du jeu (excepté Escape
Velocity, qui envoie du bois, comme
on dit). Alors, non, les Chemical
Brothers n’ont pas innové, mais force
est de constater qu’ils gardent tout
de même un savoir faire évident pour
nous faire danser et une carrière plus
qu’honorable. Dommage. M.L.
SEXY SUSHI ★★
Cyril
L’autre Distribution/Labelmaison
Beats à tendance 8-bits acides et
paroles détraquées, voici comment
vous présenter Sexy Sushi. Enfin,
essayer, parce que les deux nantais
ne sont pas faciles d’accès, ni
cataloguables. Clairement agressifs
avec leur chanson Meurs, meurs
Jean-Pierre Pernault, les Sexy Sushi
fonctionnent malgré tout au deuxième
degré (ou peut-être même le huitième…), heureusement. On restera
néanmoins sur notre faim car à force,
la rythmique s’apparente plus à une
sonnerie de portable criarde qu’autre
chose. Dommage, car la folie et le
charisme sont là. M.L.
Macy Gray l’avoue elle-même, elle a voulu faire un album plus commercial,
mais pas dans le mauvais sens du terme. Macy avait soif de legereté, de
simplicité et surtout de naturel. C’est
chose faite avec The Sellout, bande son
idéale pour l’été qui sort enfin le bout
du nez. La chanteuse (l’une des plus
douée de sa génération) n’a rien perdu
de sa voix si suave et singulière. En plat
de résistance : la participation de slash
sur l’une des chansons. G.G
| 21 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
CHRONIQUES AUTRES MUSIQUES
BALOJI ★★★★
TOK TOK TOK ★★★
OQUESTRADA ★★★★
SIXUN ★★
Kinshasa Succursale
Revolution 69
Tasca Beat
Live 2009
EMI
BHM
Jaro / L’Autre Distribution
Futur Acoustic
Baloji nous avait épatés avec un
premier album sorti il y a deux ans,
et qui présentait déjà le sel de ce
nouvel opus. Musique africaine
prégnante,variations instrumentales,
textes profonds… Baloji se place
aisément comme une sorte de Tiken
Jah Fakoli alternatif, le reggae en
moins et l’acidité en plus. Bonne
affaire à suivre de très près. H.G.
Nouvel album très attendu pour le
duo Tokunbo Akinro (chant) et Morten
Klein (saxophone) qui revisite à leur
manière des standards des Beatles
(majoritairement période finale, 6870). Comme à leur habitude, ils
adorent casser les rythmes (les
moules même) et présenter la reprise
comme un épisode propre à leur
existence. Du respect donc, mais
aussi une indépendance de vue qui
fait plaisir à entendre. H.G.
En provenance du Portugal, le groupe
OQueStrada n’a pas oublié, en plus
du traditionnel fado, les formidables
influences musicales que ce pays a
connues,colonisation africaine oblige.
Il en résulte ici un véritable album de
fado gai (ça existe) agrémenté de
funana, semba et même ska ou
flamenco. Une dynamique joyeuse
et dansante qui en fait l’une des
découvertes les plus éclatantes du
mois. H.G.
Dans la chasse aux anciens que se
livrent parfois les amateurs de jazz,
Sixun apparaît comme une pièce de
choix, tant ce groupe a symbolisé le
meilleur de la fusion jazz-funk des
années 80/90. Comme pour se
prouver que l’âge n’atteint pas la
capacité de faire rêver, Sixun a chosi
d’enregistrer le concert produit à
Marciac en 2009. Moment magique
qui nous réserve de magnifiques
moments d’anthologie grâce à Como,
Winsberg, Sery et leurs amis. H.G.
YOUSSOU N’DOUR
Dakar-Kingston
★★★
Universal
LIONEL LOUEKE ★★★
Mwaliko
Blue Note
TANIA MARIA ★★★
Guitariste surdoué qui rappelle dans
son originalité et sa candeur à la
fois Wes Montgomery et Barney
Kessel, Lionel Loueke n’en finit pas
d’étonner son monde avec un nouvel
album qui, une fois de plus, tutoie les
influences et les ouvertures. Loueke
ne fait du jazz pour du jazz, mais
s’offre une passerelle vers d’autres
univers,d’autres musiques.Un album
splendide. H.G.
Live – It’s Only Love
CAB CALLOWAY ★★★
Cabu & Pitet BDMusic
| 22 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
BHM
Bien sûr la diva Tania n’est plus de
prime jeunesse, et on sent que le
poids des ans joue un peu sur son
jeu parfois emprunté. Pourtant, cet
album est réjouissant à plus d’un titre.
C’est le retour d’une « grande » de
la musique brésilienne, le répertoire
est particulièrement bien choisi, et la
dame s’est offert les services d’un
big band aux petits oignons. H.G.
Suite de l’intéressante collection BDMusic
(même si elle est parfois inégale dans ses
talents) avec un recueil destiné à Cabu, le
spécialiste du jazz de papa. Cab Calloway
est en effet la cible fétiche d’un Cabu en
pleine forme, qui nous narre en dessin la
carrière protéiforme du jazzman disparu en
1994. Jean-François Pitet est aux commentaires, pour une biographie impeccable
et passionnante. H.C.
Youssou N’Dour a travaillé avec des artistes de renommée internationale
comme Peter Gabriel, Paul Frederic Simon, Manu Dibango. Mais ce
n’est pas tout, il a aussi organisé en 1985 un concert pour la libération
de Nelson Mandela au Stade de l'Amitié de Dakar et est également
membre du comité d'honneur de la Fondation Jacques Chirac. Pas
loin d’un vingtaine d’albums plus
loin, Youssou N’Dour est resté
le même homme, et c’est ce que
l’on ressent à l’écoute de DakarKingston, recueil de fables
humaines et pronant la tolérance.
Découverte du reggae par le roi
de la musique africaine.
Inévitable. M.L.
CHRONIQUES FRANÇAIS
SÉBASTIEN TELLIER ★★★★
Sexuality Remix
Phunk / Record Makers / Wagram
Ce n’est pas le fiasco de l’Eurovision qui va
faire baisser les bras à notre Sébastien préféré,
ça non. Lui, il prône l’amour et l’érotisme,
rien de plus, rien de moins. Hippie des temps
moderne, Sébastien Tellier a littéralement
retourné et fait une clé de bras à l’electro française en inventant un nouveau
genre : la musique pour le faire. Sort cet été une nouvelle version de Sexuality
(son album de la consécration), cette fois-ci remixée par les plus talentueux
des branchés : Breakbot, Kavinsky, Midnight Juggernaut, Danger, Boys Noize...
Pour une fois que des morceaux ne sont pas saccagés ! M.L.
DAVID & CATHY*GUETTA
STROMAE ★★★★★
★★★
Cheese
F*** 2010
Universal
EMI
Un look de premier de la classe perdu
dans les couloirs d’un lycée au Texas,
voilà ce que Stromae (Maestro à
l’envers, moins prétentieux dit-il)
inspire lorsqu’on l’aperçoit pour la
première fois. Pour la musique, c’est
autre chose, car ce jeune belge aime
poser des paroles amères et désabusées sur fond d’eurodance. Pour
la promo de son album, Stromae se
filme en pleine phase de composition,
pour montrer au public que sa musique est vraiment simple. Pari réussi,
ce grand dadet est un ovni. Le hit de
l’été : Alors on danse. Le hit de
l’année : Stromae. M.L.
La sortie des compilations F**** Me
I’m Famous est devenue quasi
religieuse, tant elle est attendue par
les assoiffés du dancefloor.Véritable
bande son officielle de l’été,ce volume
2010 ne baisse pas en qualité :
featuring avec Fergie etWill IAm.Que
du lourd.Les deux accolytes nocturnes
ne savent donc pas qu’organiser des
soirées people sur des yachts de trente
mètres de long à Saint-Tropez, ils
peuvent aussi avoir du goût.La preuve.
G.G.
| 23 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
DVD DU MOIS
GHOST WRITER
UN FILM DE ROMAN POLANSKI
ROMAN POLANSKI VIENT TOUT SIMPLEMENT DE RÉALISER SON MEILLEUR FILM À CE JOUR.
GHOST WRITER RÉVÈLE UN EWAN MCGREGOR ÉPOUSTOUFLANT ET UN SCÉNARIO D’UNE INTELLIGENCE RARE.
Tout est déjà dans le titre : l’écrivain fantôme, apparaît d’emblée comme l’un de ses meilleurs films. Le grand talent
communément appelé “nègre”, celui qui écrit à de Polanski est, une fois encore, de réussir un film limpide, simple,
la place d’un autre. Cette figure, interprétée et en même temps très complexe. C’est l’apanage des grands
magnifiquement par Ewan McGregor, est au cinéastes. Sa mise en scène est à l’unisson du déroulement de son
centre du dernier film de Roman Polanski. En récit : on ne la remarque pas tellement, elle coule de source, mais elle
face, celui qui apposera sa signature, l’ancien est pourtant d’une remarquable intelligence dès qu’on s’y intéresse un
Premier ministre anglais Adam Lang (Pierce minimum. Le film est moderne tout en étant incroyablement clasBrosnan). Celui-ci
sique. Ghost Writer ressemble à du Alfred
vit reclus avec sa femme dans une
Hitchcock, notamment quand il enferme
“The Ghost Writer apparaît d’emblée
demeure isolée et recherche un
le personnage dans une destinée. Le
comme l’un de ses meilleurs films”
biographe. En commençant à enquêter
cinéaste nous relate l’histoire par le
sur sa vie, le Ghost Writer apprend que
prisme du héros, nous n’en savons jamais
son prédécesseur, l’ancien biographe donc, fut retrouvé assassiné plus que lui. On retrouve aussi l’esprit de Raoul Walsh, qui préalors qu’il tentait de rassembler des éléments sur la vie de l’homme tendait que la mise en scène était au service de l’action, et que chaque
politique. N’écoutant que son courage, il va continuer d’enquêter, nouveau plan devait signifier un nouvel événement. À bientôt 80
s’enfonçant doucement et sûrement dans une spirale de dangers et ans, Roman Polanski est un cinéaste toujours aguerri, capable de
de manipulations en tous genres. Sorti en salles alors que le cinéaste réussir l’un des meilleurs thrillers de ces dernières années. Il se paie
était en plein démêlés judiciaires (difficile d’ailleurs de ne pas voir le luxe de ravir à la fois le grand public et les cinéphiles les plus
une analogie entre le ministre enfermé dans sa prison dorée et le exigeants : la classe totale ! D.B.
cinéaste coincé en Suisse, incroyable coïncidence), Ghost Writer 2010 - Studio Trite
| 24 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
PIERCE BROSNAN,
SI VOUS ÉTIEZ...
Par Géraldine Catalano pour l'Express
Impeccable en ex-Premier ministre cerné par le scandale dans
Ghost Writer de Roman Polanski, l'acteur évoque son enfance,
ses drames, les femmes, et la question qu'il aurait adoré poser à
Picasso.
Un lieu: La forêt amazonienne. Je n'y suis jamais allé mais elle
me fait rêver. Et quand je vois la vitesse à laquelle on la saccage...
Un livre: La Bible. Je ne suis pas irlandais pour rien.
Un plat d'enfance: Les corn-flakes. À l'époque, on n'en trouvait
pas dans tous les foyers, surtout en Irlande, où j'ai vécu jusqu'à l'âge
de 11 ans. J'ai habité chez mes grands-parents puis dans des foyers
du comté de Meath, à Navan, près de la très belle rivière de Boyne.
Le grand plaisir du matin, c'était non pas le porridge - j'ai toujours
détesté ça - mais les corn-flakes arrosés de lait frais.
Une autre nationalité: J'en ai déjà deux: irlandaise et américaine,
car je vis aux Etats-Unis depuis de longues années. Disons,
tibétaine, pour apprendre à vivre en harmonie avec moi-même
et avec les autres. J'ai fait des progrès, cela dit.
Un gros défaut:Je suis d'un tempérament très fort. Le mensonge,
la frustration, les embouteillages, même, peuvent me plonger
dans des colères féroces. Mais ce qui m'énerve le plus, c'est qu'on
emprunte ou déplace mes affaires. Je suis très possessif dès qu'il
s'agit des objets. C'est mon côté enfant unique.
Un juron: J'en dis très peu mais je n'en pense pas moins. Quand
je dis fuck, je voudrais souvent aller plus loin.
Un contemporain du sexe opposé:Tant qu'à faire, que des jolies
femmes : Penélope Cruz, Halle Berry, et Salma Hayek.
Une boisson:Un très bon pinot noir. Je ne suis pas du tout spécialiste, je ne sais même pas quelles bouteilles j'ai dans ma cave,
mais je refuse rarement un verre de bon vin rouge.
Une rencontre:Je ne vais pas dire Obama, c'est déjà fait, pendant
sa campagne. Je n'oublierai jamais non plus la première fois que j'ai
vu Roman [Polanski]: c'était lors d'un déjeuner à Paris. Il venait
de me proposer Ghost Writer. On est resté trois heures à parler
un peu du film, beaucoup de la vie, des drames que nous avons
tous les deux connus: Roman a perdu une épouse et moi aussi.
Je l'ai trouvé d'une intelligence et d'une finesse incroyables.
Il y a un autre monstre sacré que j'aurais aimé connaître: Picasso.
Je peins depuis plusieurs années, des paysages essentiellement.
J'ai un atelier, chez moi, et je couvre mes scénarios de petits
croquis. J'aurais adoré lui demander s'il a réellement peint certains
de ses chefs-d'oeuvre nu, comme le veut la légende.
| 25 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
CHRONIQUES DVD
I LOVE YOU PHILLIP MORRIS
Un film de John Requa & Glenn Ficarra - 2010 - FPE
Le héros du film n’est pas Phillip Morris, mais celui qui l’aime :
Steven Russell (Jim Carrey, excellent comme d’habitude). Pourtant,
rien ne prédestinait Russell à mener la vie qui
nous est ici contée. Flic parfait, mari idéal, père
attentionné, il est l’incarnation du rêve américain. Mais, suite à un grave accident, Russell
prend conscience de la brièveté de l’existence, et
décide de tout plaquer pour devenir ce qu’il rêve
vraiment. Il ose enfin s’avouer son homosexualité,
et tombe amoureux de Phillip Morris (Ewan McGregor, excellent
lui aussi), qu’il rencontrera en prison. Et pourquoi la prison? Car
Steven se révèle être un incroyable arnaqueur aux assurances, auteur
de coups tordus sensationnels. Une fois sorti de prison, il n’aura
qu’un but, libérer Phillip Morris, quels qu’en soient les moyens… Sur
une histoire et un rythme assez proches d’Attrape-moi si tu peux, le
génial film de Spielberg, Requa et Ficarra réalisent un film étonnant,
drôle, touchant, plein de vie et d’invention, évitant le cliché et
enfonçant les conventions et les idées reçues avec une jubilation non
feinte. D.B.
OCÉANS
Un film de Jacques Perrin & Jacques Cluzaud - 2010 - FPE
LA RÉVÉLATION
Un film de Hans-Christian Schmid - 2010 - FPE
Au Tribunal international de La Haye, en 2009, Goran Duric, peutêtre le futur président de la Serbie, va être jugé pour crimes contre
l’humanité. La procureure Hannah Maynard détient un témoin
décisif qui fera condamner l’ex-général à coup sûr. Mais le témoin a
menti. Il n’était pas sur les lieux et n’a rien vu. Pourtant il est persuadé de ce qu’il avance. Et il se suicide au sortir du tribunal. La procureure mène alors l’enquête et s’aperçoit que la soeur de son témoin
sait beaucoup de choses et qu’elle a subi les tortures de Duric. Alors
que cette dernière s’apprête à témoigner, Hannah se heurte aux
complications développées par l'intégration de ces nouveaux pays
dans l'Europe. On lui demande de passer son
témoin sous silence… Révélé en France avec
le magnifique Requiem, Schmid signe avec
La Révélation un très beau film, très sobre, qui
dénonce, sans pour autant être un brûlot, et
qui accorde beaucoup d’attention à la mise en
scène, très soignée, et à la magnifique bande
originale, intégralement composée par le
groupe The Notwist. D.B.
| 26 START UP | JUIN 2010 |
Franchement, qui aujourd’hui, parmi tous les
cinéastes de documentaires, est aussi doué que
Jacques Perrin lorsqu’il filme des animaux, genre
ô combien difficile (les théories du grand André
Bazin, dans l’article Montage Interdit, faisaient
déjà écho à cette tâche). Océans ne déroge pas à
la règle : c’est un grand et beau film animalier
qui, après les insectes de Microcosmos et les
oiseaux du Peuple Migrateur, s’intéresse désormais à la faune des fonds marins, peut-être plus riche, et en tout cas
plus secrète, que celle présente sur terre. Avec très peu de commentaires, une narration dramatique et une vraie image de cinéma (c’est
en effet tout sauf de la télé), Perrin dit des choses sur le monde. Il
s’adresse dans le film à son fils, d’une manière peut-être un peu trop
appuyée, mais il met en garde le jeune public contre les risques de
destruction de la planète, si nous n’agissons pas tous et très vite pour
la préserver. Inutile de décrire la myriade d’animaux fabuleux, de
poissons fantastiques que l’on découvre dans ce film, aussi gracieux
que le plus beau des ballets. La beauté de la nature est souvent plus
belle et touchante que celle reconstruite par l’homme. C’est ce que
montre avec majesté le film de Perrin et Cluzaud. D.B.
CHRONIQUES DVD
LA REINE DES POMMES
Un film de Valérie Donzelli
2010 - Mk2
Valérie Donzelli, jeune actrice et réalisatrice
qui signe ici son premier long-métrage, se met
dans la peau d’Adèle, une jeune trentenaire
parisienne qui vient de se faire larguer par son
mec. Elle est totalement déprimée et ne
souhaite que mourir. Sa cousine va la prendre
en main et faire en sorte qu’elle retrouve goût à la vie par un
procédé très simple : en rencontrant et en couchant avec un maximum de garçons. Et comme par hasard, ils ont tous, sans exception
la même tête que son ex… Elle n’est pas prête d’être guérie, la pauvre Adèle ! Très belle surprise, La Reine des Pommes est un excellent premier film, très drôle, qui fait partie de cette école qui
s'inspire non plus de la Nouvelle Vague mais des petits-enfants de
la Nouvelle Vague, aux côtés de Judith Cahen ou Emmanuel
Mouret par exemple. La jeune cinéaste assume ses références, et
joue à merveille du statut de réalisatrice-actrice. De Monteiro à
Moretti, de Allen à Mouret, et aujourd’hui avec Valérie Donzelli,
on retrouve chez tous ces réalisateurs une obsession à se filmer et
à mettre en scène leur propre corps. D.B.
ENSEMBLE C’EST TROP
Un film de Léa Fazer
2010 - STUDIO CANAL
Ensemble c’est trop raconte la vie d’une famille
“tuyau-d’poêle” : Arditi et Baye sont mariés
depuis 35 ans, mais Arditi a une maîtresse beaucoup plus jeune, qu’il vient de mettre enceinte et
pour qui il décide de quitter sa femme. Celle-ci déprime et va
s’installer chez son fils (Jocelyn Quivrin), marié à Aissa Maiga (la
seule à tirer son épingle du jeu) et père
de deux enfants. La mère va vite
s’avérer insupportable, en déclenchant
des catastrophes à la chaîne. Mais
cette solitude forcée la libère : elle se
met à faire la fête, fume des pétards et
bientôt rencontre l’amour. A tel point
que son mari en devient jaloux et
aimerait finalement la récupérer…
Bref, vous l’aurez compris, on ne fait
pas dans la finesse, mais plutôt dans la
comédie de boulevard, avec portes
qui claquent et claques qui fusent. D.B.
| 27 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
CHRONIQUES DVD
ANDER
Un film de Roberto Caston - 2010 - BODEGA FILMS
Au pays basque espagnol, un homme autour de la quarantaine vit
avec sa sœur et sa mère dans la ferme familiale. Il est le chef de
famille depuis le décès du père. Célibataire endurci, il ne sort que
pour voir ses potes, boire des bières et coucher avec la prostituée
locale. Mais Ander tombe dans un fossé et se casse une jambe.
Immobilisé, il ne peut plus prendre en charge les travaux de la
ferme et se voit obligé d’engager un jeune ouvrier, José, jeune Péruvien en situation sans doute illégale sur le sol espagnol. Les deux
hommes, très silencieux, finissent pourtant par devenir amis…
puis amants, lors d’une étreinte brève et passionnée qu’Ander va
immédiatement rejeter. Homosexuel, lui ? Non, ce n’est pas pos-
sible, c’est un homme, un vrai. Mais que deviennent les convictions et le regard des autres lorsque le désir se fait plus fort que
tout, et lorsque l’homme semble enfin avoir atteint l’apaisement
intérieur ? Magnifique premier film, Ander est tout sauf un film à
thèse ou un film engagé. Le sujet principal n’est pas non plus
l’homosexualité. Il s’agit d’abord d’une histoire d’amour, abordant
les thèmes de la différence et de la quête d’identité. C’est aussi une
magnifique mise en scène, évoquant aussi bien Renoir que Erice.
Caston prend le temps de filmer le temps qui passe, avec un soin
particulier apporté à l’image. Une excellente découverte, et un
cinéaste à suivre... D.B.
ENQUÊTE SUR UN CITOYEN
AU-DESSUS DE TOUT SOUPCON
Un film de Elio Petri - 1970 - CARLOTTA
THE DEVIL & DANIEL WEBSTER
Un film de William Dieterle - 1941 - CARLOTTA
Film jouissant d’une belle aura, sorti aux USA en 1941 et après la
guerre en France, The Devil & Daniel Webster est l’œuvre d’un
cinéaste hollywoodien dont on ne parle pas assez : William
Dieterle. Il situe son intrigue dans le New Hampshire du XIXème
siècle où un paysan, Jabez Stone, accablé de dettes et vivant dans la
pauvreté, accepte de sceller un pacte avec le Diable en lui vendant
son âme. En échange, il jouira de la fortune pendant sept années.
Mais, une fois arrivé à échéance, il va tout faire pour échapper aux
griffes du Malin. En cela, il sera aidé par Daniel Webster, charismatique sénateur qui œuvre beaucoup pour les droits des agriculteurs,
et plus généralement des travailleurs. On le dit si intelligent et futé
qu’il serait à même de rivaliser avec le Diable… Vous aurez reconnu
l’éternel mythe de Faust, traité par Dieterle avec
beaucoup de finesse et un sens de la narration
épatant. Sorti à la RKO la même année que
Citizen Kane, The Devil & Daniel Webster fut un
film tout aussi ambitieux, dont la musique est
signée Bernard Herrmann et le montage Robert
Wise. Un classique, à redécouvrir, dans d’idéales
conditions. D.B.
| 28 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
Difficile d’imaginer film plus mythique que celui-ci. Le pitch : au
début des années 70, à Rome, le chef de la Police Criminelle
enquête sur un serial killer qui assassine des femmes après leur avoir
fait l’amour. Sauf que l’assassin, c’est lui. Et comme si cela ne suffisait pas, il se débrouille pour laisser traîner sur les lieux du crime des
indices le condamnant à coup sûr. Mais bien évidemment,
personne ne pense que le commissaire puisse être l’assassin.
L’analyse politique ensuite : Elio Petri, cinéaste engagé, livre ici son
film le plus fort avec La Classe ouvrière va au Paradis. Sans
concession, il appuie là où l’Italie a mal, et ça dérange autant que
ça démange. La corruption du pouvoir, le mal que cela engendre
dans la société, Petri n’épargne rien. La mise en
scène, est d’une classe folle, aussi élégante que
radicale. Enfin, la musique : Ennio Morricone,
au top de sa forme, réalise ici la plus belle de
ses 500 musiques de films, et sans doute l’une
des meilleures bandes originales de tous les
temps. Ajoutez à cela un double dvd
regorgeant de bonus tous plus passionnants les
uns que les autres, dont un entretien avec
Il Maestro lui-même. D.B
CHRONIQUES DVD
FROM PARIS WITH LOVE
Un film de Pierre Morel - 2010 - FPE
Ce film a incroyablement marché aux USA
(l’un des plus gros succès français outre-atlantique). Morel a tourné à Paris avec des stars du
box-office, notamment John Travolta et
Jonathan Rhys-Meyer. Rythmé tel un jeu
vidéo à succès, From Paris with Love enchaîne
les scènes d’action et les retournements de situation. C’est quasiment une ode aux films du genre, avec le légendaire méchant très
méchant et le gentil très gentil. Mais cela fonctionne. Avec certes
un peu de déjà-vu, From Paris with Love tient le coup grâce à un
Travolta au top. Politiquement incorrect. G.G.
PERCY JACKSON,
LE VOLEUR DE FOUDRE
Un film de Chris Columbus - 2010 - FPE
Percy Jackson est un adolescent d’aujourd’hui,
apprenant un beau jour qu’il est le descendant
du Dieu grec Poséidon. Lorsqu’il comprend
que son meilleur pote est en fait un satyre,
qu’on l’accuse à tort d’être un voleur de foudre
et que le royaume des Enfers veut sa peau, il se
dit qu’il doit faire quelque chose… Il est
recueilli dans un centre d’entraînement pour
demi dieux (oui, il y en a plein des comme lui)
et, en plus d’y rencontrer la belle et sauvage fille d’Athéna, va apprendre à utiliser tous ses pouvoirs merveilleux, avant de partir dans une
véritable quête initiatique. À travers cette charmante mythologie
grecque revisitée, Chris Columbus, habitué des films pour enfants,
invente ici un cousin d’Harry Potter, ayant la Grèce antique plutôt
que l’Angleterre victorienne comme références. Pour public ciblé,
mais divertissant. D.B
| 29 START UP | JUIL/AOÛT 2010 |
CHRONIQUES DVD
CARLOS
Un film de Olivier Assayas - 2010 - STUDIO CANAL
Quand Jean-François Richet affronte le mythe
Mesrine, on pressent la richesse du matériel
romanesque apportée par un personnage diablement ambigu. Quand Olivier Assayas annonce
Carlos, on ne voit pas trop comment il va s'en
tirer. Pourtant, à l'arrivée, la réussite est éclatante.
L'auteur d'Irma Vep évite les chausse-trappes du
biopic et notamment le travers de rendre sympathique un personnage contestable que l’on suit pendant six heures.
À l'inverse, il montre parfaitement ce que représente cette "star" du
terrorisme seventies. Un enfant de la décolonisation, du gauchisme,
de la bipolarisation. Un chien perdu de la cause palestinienne et
tiers-mondiste. Aidé par une équipe artistique de premier ordre et
une distribution impeccable, Assayas décrypte subtilement cette
époque trouble, où les états se livraient une guerre souterraine, en
s'appuyant sur des groupuscules armés plus ou moins contrôlables...
et contrôlés. Il est ainsi passionnant de voir Illitch Ramirez Sanchez
(son vrai nom) passer du statut d'enfant chéri à celui de "patate
chaude", que ses anciens protecteurs se refilent jusqu'à sa chute
finale. Edgar Ramirez, l’interprète principal, est beaucoup trop
beau pour le rôle, mais impressionne en restituant la mégalomanie
de ce terrifiant séducteur. B.R.
4 FILMS DE MAURO BOLOGNINI
LES GARÇONS - 1959
BUBU DE MONTPARNASSE - 1971
LIBERTÉ, MON AMOUR ! - 1975
VERTIGES - 1975
CARL0TTA
Mauro Bolognini est l’un des grands maîtres du cinéma
italien, dont la filmographie est encore peu exploitée sur le
marché français. C’est, une fois de plus, Carlotta qui vient
combler ce vide cinéphilique. Et pourtant, il en a signé des
chefs-d’œuvre! du Bel Antonio à Ce Merveilleux Automne, en passant frappe qui la met sur le trottoir. Elle, par amour, encaisse et s’enfonce
par le splendide Les Garçons, le plus ancien des films présents dans petit à petit dans une détresse sans rémission possible. Liberté, mon
cette collection. Réalisé en 1959, encore empreint de néo- amour !, réalisé lui aussi en 1975, brille également par son actrice
réalisme rossellinien, sur un scénario de Pier Paolo Pasolini qui, à principale, Claudia Cardinale. Elle y interprète en effet une femme
l’époque, n’a pas encore tourné son premier film (Accatone), qui refuse le fascisme italien pendant la Seconde Guerre mondiale, et
Bolognini réalise une sombre chronique sociale mettant en scène qui s’engage avec rage pour le combattre. Enfin, Vertiges est l’un des
deux jeunes hommes qui transportent des
films les plus particuliers du maître. Avec un
“Réjouissons-nous surtout de voir enfin casting improbable (Marcello Mastroianni,
armes dans une voiture volée. Mais l’enjeu
du film dépasse son synopsis ; c’est en effet
édités des films aussi rares qu’excellents.” la formidable Marthe Keller et Françoise
dans les rapports humains, dans la justesse
Fabian), il raconte la montée du
des dialogues et des comportements, ainsi
fascisme dans les années 30, par le prisme
que dans une esthétique post-classique splendide, que le film se dis- d’un hôpital psychiatrique où un docteur tyrannique se partage les
tingue. Il est assurément le plus beau film des quatre proposés ici. faveurs de toutes les femmes qui l’intéressent. L’ambiance est noire,
Mais, ne boudons pas notre plaisir, les trois autres sont aussi de oppressante, et les plus fous ne sont pas toujours ceux que l’on croit.
grands films. Bubu de Montparnasse, par exemple, met en scène la Espérons que ces quatre films sont les prémices d’une prochaine intésuperbe Ottavia Piccolo qui, au début du XXème siècle, quitte le grale Bolognini, et réjouissons-nous de voir enfin édités des films
domicile familial pour rejoindre son amant. Ce dernier est une petite aussi rares qu’excellents. D.B.
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