Exérèses pulmonaires majeures

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Exérèses pulmonaires majeures
Exérèses pulmonaires majeures
Les résections pulmonaires majeures, quelles soient indiquées
pour une maladie bénigne, pour un cancer du poumon ou pour une
métastase pulmonaire, sont des interventions importantes
quelle que soit la technique mise en œuvre (chirurgie à thorax
ouvert ou à thorax fermé). Elles doivent être faite en milieu
spécialisé, dans un hôpital rassemblant sur le même site:
Une équipe de chirurgiens thoraciques
Une équipe de pneumologues
Des anesthésistes compétents en chirurgie thoracique
Un service de réanimation
Un service d’imagerie
Définitions
Le
terme
«
Résection
Pulmonaire
Majeure »signifie ablation soit d’une
partie
d’un
lobe
pulmonaire
(segmentectomie)
soit
d’un
lobe
(lobectomie), soit l’ablation d’un poumon
entier (pneumonectomie).
Ces exérèses
sont dites anatomiques et sont des
interventions plus importantes que les
résections dites atypiques (Voir à ce
d’information Nodule pulmonaire).
sujet
la
fiche
Lobectomies
La lobectomie est le traitement « standard » de la majorité
des cancers du poumon. Le poumon droit comporte 3 lobes
(supérieur, moyen et inférieur) et le poumon gauche 2 lobes
(supérieur et inférieur). Après une lobectomie, le ou les
lobes restants occupent progressivement le volume laissé libre
par le lobe enlevé.
Les deux lobes
poumon gauche
du
Les trois lobes
poumon droit
du
Segmentectomies
Chaque lobe du poumon est divisé en segments. Dans certains
cas , seule une partie d’un lobe pulmonaire peut être enlevée.
On parle de segmentectomie anatomique réglée. Ces
interventions sont indiquées dans certains cancers de petite
taille ou d’un type particulier (opacité en verre dépoli),
dans certaines métastases du poumon et chez des malades dont
la fonction respiratoire est altérée.
Le lobe supérieur
du poumon droit
Un des 3 segments
du lobe supérieur
du poumon droit
(segment dorsal)
Pneumonectomies
Lorsqu’un poumon est enlevé en totalité, il reste à sa place
une cavité qui se comble progressivement de sérosités
naturelles. Il est rare, mais possible, qu’une intervention de
lobectomie se termine en pneumonectomie pour les raisons
suivantes : lésion plus importante que prévue, découverte
d’une extension à l’ensemble du poumon, difficulté technique
imprévue… Cette intervention plus importante que celle
envisagée initialement n’est faite que si les Explorations
Fonctionnelles Respiratoires (EFR) préopératoires montrent que
vous pouvez supporter cette opération.
Dans la mesure du possible, les chirurgiens essayent toujours
de ne pas faire de pneumonectomie et donc de conserver au
moins un lobe pulmonaire, pour préserver au maximum la
fonction respiratoire et diminuer le risque de survenue de
complications. Mais certaines tumeurs, de par leur taille ou
leur localisation, peuvent imposer l’ablation complète du
poumon.
Ablation des ganglions
Représentions
schématique
des ganglions
du poumon et
du médiastin
Chez tout individu en bonne santé, des ganglions sont présents
le long des bronches et dans la région située entre les 2
poumon (médiastin). Ces ganglions sont répartis selon une
cartographie précise.
Dans le traitement d’un cancer du poumon il faut, sauf cas
particulier, faire non seulement l’ablation du lobe ou du
segment atteint, mais aussi prélever les ganglions. Ce geste
s’appelle un curage ganglionnaire. Les ganglions enlevés
pendant l’acte chirurgical sont analysés après l’intervention
pour savoir s’ils sont sains ou atteints par la tumeur. Ceci
conditionne les éventuels traitements après l’intervention
(voir fiche Cancer du poumon).
Intervention sans ouverture du thorax (Thoracoscopie)
A l’Institut Mutualiste Montsouris, les lobectomies ou
les segmentectomies pour cancer du poumon de stade précoce,
pour métastase pulmonaire ou pour lésion bénigne sont faites
le plus souvent par thoracoscopie, c’est à dire sans ouverture
du thorax (75% des cas). Cette thoracoscopie peut ou non être
assistée par robot. Voir à ce sujet les fiches
d’information Thoracoscopie, Lobectomies et segmentectomies
par Thoracoscopie et Chirurgie thoracique assistée par robot.
Intervention
avec
ouverture
du thorax (Thoracotomie)
L’intervention doit parfois être réalisée par une ouverture du
thorax appelée thoracotomie. Il existe de nombreux types de
thoracotomie. Les deux plus utilisées sont :
Les thoracotomies postéro-latérales, où l’incision se
situe à la fois sur le côté du thorax et dans le dos, et
mesure selon les cas environ de 10 cm de long.
Thoracotomie
posterolatérale
(D’après
M.
Hendrickx,
Givelet, D.
2016)
A.
SeguinGossot: EMC
Les thoracotomies axillaires, où l’incision se situe sur
le côté du thorax et fait environ 10 cm de long. En
général, le chirurgien ouvre la paroi du thorax entre
deux côtes qui sont écartées.
L’ablation d’une côte est rare.
Les thoracotomies avec pariétectomie : lorsqu’une lésion
envahit plusieurs côtes, celles-ci doivent alors être
enlevées avec la tumeur. Il faut parfois envisager une
reconstruction de la paroi thoracique au cours de la
même intervention. Vous serez averti de cette
éventualité lors de la consultation.
Les autres voies d’abord du thorax : certaines tumeurs
ou certaines conditions anatomiques peuvent nécessiter
d’autres types d’incision (sternotomie, voie manubriale,
incision de clamshell…). Ces termes vous seront
expliqués en consultation s’ils vous concernent.
Anesthésie
L’intervention a lieu sous anesthésie générale. Ses modalités
vous seront expliquées lors de la consultation d’anesthésie.
L’anesthésiste peut avoir besoin d’examens pré-opératoires
spécialisés (explorations fonctionnelles, scintigraphie de
ventilation-perfusion, échographie cardiaque, etc…) pour
déterminer si vous pouvez être opéré dans de bonnes
conditions. Il est important que vous arrêtiez de fumer avant
l’intervention car continuer de fumer vous expose à des suites
opératoires plus compliquées. Il vous sera parfois prescrit
des séances de kinésithérapie respiratoire avant
l’intervention. Elles visent à vous apprendre les exercices de
drainage bronchique pour vous faciliter les suites de
l’opération et vous aider à récupérer plus facilement.
Durée d’intervention
L’intervention dure de 2 heures à 5 heures, selon la technique
choisie et les difficultés rencontrées. Après l’intervention,
vous aurez une surveillance en salle de réveil pour une durée
variable (2 à 4h) selon votre récupération. Vous pouvez être
hospitalisé en unités de soins continus la première nuit postopératoire pour une surveillance rapprochée en fonction de vos
antécédents et de l’importance de l’intervention réalisée.
Suites opératoires
Douleur post-opératoire
Certaines thoracotomies peuvent être plus douloureuses que
d’autres incisions. Toutefois, de multiples possibilités
analgésiques permettent actuellement de réduire au minimum
l’inconfort post-opératoire : Cathéter péridural, bloc
paravertébral, analgésie auto-contrôlée médicaments
morphiniques… Ces différentes possibilités vous seront
expliquées lors de la consultation d’anesthésie. Au cours de
votre hospitalisation, il vous sera proposé d’évaluer votre
douleur selon une échelle visuelle analogique (EVA) cotée de
1 à 10 afin d’adapter au mieux l’ensemble de ces
médications.
Encombrement bronchique
Si vous fumiez avant l’intervention ou si vous avez un
terrain bronchitique, vous pouvez présenter un «
encombrement » de vos voies aériennes. Vous serez pris en
charge par un(e) kinésithérapeute spécialisé(e) qui vous
montrera les exercices respiratoires à effectuer pour
drainer vos bronches.
Drain pleural
Drains
Après une lobectomie, vous vous réveillerez avec un
drain thoracique (tuyau), relié à un dispositif stérile
(plus rarement deux drains) . Le drain a pour but d’aspirer
l’air et les sécrétions résiduelles. Il permet au poumon de
se ré-expandre et de reprendre sa place dans la cavité
thoracique. Il est enlevé entre le 2ème et le 4ème jour
post-opératoire. Dans certains cas, il est nécessaire de le
laisser plus longtemps, en particulier lorsqu’il existe un
bullage prolongé (fuite d’air lié à un défaut de
cicatrisation du poumon).
Alimentation
Vous aurez la possibilité de boire jusqu’à deux heures avant
l’intervention chirurgicale. Dès le soir de l’intervention, si
l’équipe médicale l’autorise, vous serez autorisé à reprendre
les boissons et une alimentation légère.
Mobilisation
Le soir même de l’intervention, vous serez autorisé à vous
asseoir au bord du lit. le lendemain, vous effectuerez votre
premier lever en présence de l’équipe infirmière. Il est
important de reprendre une mobilisation et une déambulation
précoce afin de diminuer le risque de survenue de
complications en post-opératoire.
Sortie
Elle a lieu le plus souvent le lendemain de l’ablation du
drain soit entre le 3ème et le 10ème jour, selon les cas et la
voie d’abord utilisée (thoracotomie / thoracoscopie). Si une
intervention par thoracoscopie est pratiquée, votre séjour est
souvent court.
Vous regagnez votre domicile, avec comme seuls soins
l’ablation des fils de l’orifice du drain à réaliser une
semaine après son retrait par une infirmière et dans certains
cas une prescription de kinésithérapie respiratoire pendant 2
à 4 semaines.
Plus rarement, il peut être nécessaire que vous séjourniez en
maison de convalescence. Cette possibilité serait alors
évoquée lors de la consultation et organisée pendant votre
hospitalisation.
Vous serez revu par le chirurgien avec une radio pulmonaire de
contrôle au bout d’un mois. Vous devrez également être revu
par le ou les médecins (pneumologues, oncologues ou
généralistes) qui vous ont pris en charge.
Dans certains cas particuliers, un traitement complémentaire
(radiothérapie et/ou chimiothérapie) sera effectué dans les
semaines qui suivent votre sortie. La décision de faire ce
traitement est prise de façon collégiale (Réunion de
concertation pluridisciplinaire) au cours d’une réunion entre
le chirurgien et les médecins traitants, après les résultats
définitifs de l’examen de la pièce opératoire et des ganglions
(examen anatomo-pathologique) (voir à ce sujet la fiche Cancer
du poumon).
Complications
indésirables
et
événements
Dans la grande majorité des cas, vous pourrez regagner votre
domicile avant 2 semaines, sans autre soin qu’une éventuelle
prescription de kinésithérapie respiratoire et des soins
infirmiers s’ils restent des fils non résorbables. Mais des
complications, bien que rares, sont toujours possibles.
Après une lobectomie ou une segmentectomie :
La complication la plus banale mais peu grave est le «
bullage persistant », c’est à dire la nécessité de laisser
les drains plus longtemps que prévu, soit en raison d’une
fuite d’air, soit parce que le poumon restant a du mal
occuper tout l’espace de la cavité thoracique.
Une complication infectieuse (pneumopathie, pleurésie,
abcès) est également possible et en général facilement
contrôlée par les traitements médicaux (antibiotiques).
Après une pneumonectomie :
Le drainage de la cavité de pneumonectomie ne dépasse pas en
règle générale 48h. L’adaptation respiratoire et le sevrage
en oxygène peut prendre quelques jours. si nécessaire, une
orientation vers un centre de réhabilitation respiratoire
sera envisagé en post-opératoire immédiat.
Dans de rares cas (5%) peut survenir une infection de la
cavité résiduelle qui nécessite alors une ré intervention et
un traitement prolongé.
Dans tous les cas :
Des événements rares peuvent survenir. Ils ne sont signalés
qu’à titre d’information :
– Hémorragie post-opératoire nécessitant une ré intervention
précoce
– Modification de la voix dans le cas de certaines tumeurs
situées à proximité des nerfs de la voix (nerf récurrent)
– Infection respiratoire ou d’autre origine
– Troubles du rythme cardiaque transitoire : un traitement
médicamenteux
préventif
vous
sera
donné
pendant
l’hospitalisation en fonction de vos facteurs de risque.
– Complications thrombo-emboliques : phlébite, embolie
pulmonaire… Elles sont favorisées par les pathologies
cancéreuses et la position allongée prolongée. Un traitement
anticoagulant préventif vous sera administré et il vous sera
recommandé de vous mobiliser précocement pour éviter la
survenue de ces complications.
– Enfin, certains états favorisent la survenue de
complications : surcharge pondérale, tabagisme, consommation
excessive d’alcool, diabète, immunodépression (post
chimiothérapie)…
Cependant, dans la majorité des cas, les suites opératoires
sont simples et la durée d’hospitalisation moyenne est de
5 jours après thoracoscopie et de 7 jours après thoracotomie.
La durée moyenne d’arrêt de travail est d’environ 1 mois. Vous
pouvez reprendre une activité physique totalement normale dans
les 3 mois qui suivent l’intervention.
Informations
Information sur la base nationale de
données EPITHOR
Nous vous informons que vos données cliniques seront
anonymisées et transmises au registre EPITHOR de la Société
Française de Chirurgie Thoracique et Cardiovasculaire,
registre qui collige toutes les interventions de chirurgie
thoracique pratiquées en France.
Information sur l’utilisation de vos
données cliniques à des fins de recherche
Dans la perspective de réaliser ultérieurement des recherches
portant sur les techniques chirurgicales, certaines données
personnelles et médicales contenues dans votre dossier (telles
que âge, principaux antécédents médicaux, examen clinique,
durée d’intervention, résultats d’examens complémentaires,
techniques utilisées et leurs résultats…) pourront être
collectées dans un fichier informatique et analysées à des
fins de recherche.
Ces données demeurent strictement confidentielles et ne
peuvent être consultées que par les médecins qui vous suivent.
Ces données seront rendues anonymes (elles seront identifiées
par un numéro de code et/ou vos initiales), et aucune donnée
ne permettra votre identification dans des rapports ou
publications scientifiques dont cette recherche ferait
l’objet.
Conformément aux dispositions de la loi relative à
l’informatique, aux fichiers et aux libertés (Loi du 6 janvier
1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés
modifiée par la loi du 6 août 2004), vous disposez d’un droit
d’opposition à la transmission des données couvertes par le
secret professionnel, ainsi que d’un droit d’accès à ces
données et de rectification. Ces droits s’exercent auprès du
médecin qui vous suit à l’IMM ou, à défaut, auprès du Dr
Dominique Gossot, responsable du département Thoracique et de
la confidentialité du traitement informatique de ces données.
Département Thoracique, IMM
D. Gossot, E. Brian, R. Caliandro, P. Girard, M.
Grigoriou, A. Seguin-Givelet et JB. Stern
Fiche d’information d’information mise à jour le 4
avril 2016

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