logo de l`association humanitaire Terre d`Espoir

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logo de l`association humanitaire Terre d`Espoir
N° 43
octobre 2003
TERRE D'ESPOIR
l L’Assemblée Générale de Terre d’Espoir
l Landerneau
- Local vêtements
l Morlaix : collecte de papiers
- Morlaix prend son indépendance
(Bénarès)
INDE
l Remerciements de Terre d’Espoir
l Terre d’Espoir à COLVA (GOA - INDE)
- Janine et J. L. GAIDDON
Local
vêtements
Landerneau
Bretagne
(29)
GOA
… Arrivée à Colva le 17/11/2002
- Marion
… 40 kilos de vêtements
- Michel CASSET
… Souvenirs de Colva
Des bénévoles
sur le terrain
Dons
des parrains
- Hilda MOAL
… Un matin à Bénarès
… L’école de couture
l Extraits de vies : photos
TERRE D'ESPOIR - Mairie de BERRIEN - 29690 - Tél / Fax : 02.98.99.02.87
Coordonnées bancaires : Crédit Mutuel de Bretagne Gouesnou
Banque : 15589 - Guichet : 29768 - Compte : 00329181940 CLE RIB : 63
L’Assemblée Générale
de TERRE D’ESPOIR
L'Assemblée Générale de Terre d'Espoir
s'est tenue le 14 juin 2003 à Berrien.
Après le bilan moral et financier, Madame
Hilda Moal, Monsieur Michel Casset et
Monsieur Gaiddon ont fait un compte rendu
de leur action en Inde.
15.360 Euros ont été octroyés cette année
aux différents parrainages en Inde.
Le bureau de l'an passé a été reconduit dans
ses fonctions :
Président : M. J. L. GAIDDON
Vice-Présidente : Mme Christelle ROPARS
Trésorière : Mme Viviane GENTRIC
Secrétaire : Melle Aurélie ALLIARD
M. Gaël LABAT
M. Jean-Pierre Labat
Mme Marie-Thérèse Guiader
Mme Janine Gaiddon
Le mot du Président
Chers parrains et bénévoles de Terre d'Espoir,
Depuis deux saisons notre action à Goa est plus difficile. Le gouvernement de Goa est actuellement
le BJP ( gouvernement Hindouiste intégriste)
La France aidant à l'armement de l'état Pakistanais (construction de sous-marins), état Musulman
ennemi du BJP au pouvoir en Inde, les associations humanitaires Françaises sont plutôt mal
perçues.
Selon les propos d'un officiel du gouvernement de Goa, il serait préférable d'envoyer l'argent à une
association Indienne sur place qui se chargerait de la répartition. La chanson on la connaît !…
Même l'association Jan Ugahi avec laquelle nous collaborons à Goa ne nous a jamais proposé de
nous remplacer. C'est Terre d'Espoir qui leur a ouvert les portes de l'accès aux enfants de Colva.
Cette association connaît les moyens, en autres financiers, que nous déployons sur place. Elle
subirait des pressions de la part des officiels et de la police pour détourner l'argent que nous aurions
attribué aux enfants.
Notre chance, jusqu'à ce jour, a été le soutien de notre action par la population locale.
Pour la prochaine Assemblée Générale
Je comprends que tout le monde ne puisse pas assister à l'Assemblée Générale, mais afin que le
Conseil d'Administration continue à refléter l'ensemble de Terre d'Espoir et prenne des décisions qui
vous ressemblent et nous ressemblent, sans risquer qu'une poignée de gens ayant des vues
différentes ne puisse agir contre notre volonté et nos intérêts, avec la prochaine convocation à notre
Assemblée Générale, un pouvoir vous sera adressé et si vous ne pouvez vous joindre à nous, je
vous demanderai de nous le renvoyer signé.
Je vous remercie d'avance.
Le président,
Jean-Louis GAIDDON
p. 2
TERRE D’ESPOIR
LANDERNEAU
Les nouvelles du local à
vêtements de Landerneau
Suite à l'incendie qui a ravagé le
lo cal qui était mis à sa
disposition par la ville de
Landerneau, les bénévoles de
Terre d'Espoir ont refusé de
baisser les bras.
Pendant qu'Eliane, la
responsable, et son époux
multipliaient les démarches
auprès de la municipalité pour
tenter de trouver une solution
permettant de maintenir le
“Vestiaire” à Kergréis, les
bénévoles de l'association ne
sont pas restés les bras croisés.
Le linge, qui arrivait de partout,
était stocké pour l'essentiel chez
Eliane, causant un réel
encombrement.
Les bénévoles s'y sont plusieurs
fois retrouvés pour effectuer un
premier tri et tenter de trouver
une solution pour répondre aux
demandes qui leur étaient faites
par les habitués de l'ancien
vestiaire.
La solution a été trouvée grâce à
Monsieur SANQUER, directeur
de l'école Saint Nicolas à
Kergréis, qui a pallié l'absence
de décision de la municipalité en
mettant à la disposition de Terre
d'Espoir l'ancienne cantine de
l'école. A charge pour
l'association d'y effectuer les
travaux permettant l'accueil du
public.
Le coût des travaux s'élève à
1.200 Euros ; la municipalité
vient de nous accorder une
subvention de 1.064,88 Euros,
nous l’en remercions.
Grâce à tous les bénévoles et à
leurs époux, les travaux ont été
vite achevés. Il a fallu abattre les
cloisons, changer une partie du
plancher et du revêtement de
sol, peindre les murs et le
plafond, installer des w.c, bref
tout a été remis à neuf.
Le “vestiaire” de Kergréis est
ouvert depuis le 23 avril 2003 ;
nous l'avons signalé dans la
presse, mais c'est surtout par le
bouche à oreille que la plupart
des personnes l'ont appris.
Nous avons constaté que le
besoin est grand et que de plus
en plus de personnes y viennent.
Le local se trouve en haut du
parking de la galerie
marchande, derrière l'école
Saint Nicolas.
Le vestiaire est ouvert
le mercredi et le vendredi
de 14 heures à 16 heures 30.
Venez nous voir ! Chacun doit se
sentir à l'aise, il n'est pas
nécessaire d'acheter, vous
serez les bienvenus !
Comme avant, nous acceptons
vêtements, chaussures,
vaisselle, linge de maison, dons
etc...
Les gens nous demandent de
tout, en état si possible, par
Terre d'Espoir remercie
Le Collectif Landernéen pour
les droits de l'homme et la
solidarité
q u i a a c co r d é u n e a i d e
exceptionnelle de 800 Euros à
l'association pour son action en
Inde.
L'Association des
Professions de Santé de
Landerneau,
qui, au cours de son Assemblée
Générale, nous a remis un
chèque de 1.000 Euros pour
soutenir nos actions.
Merci pour ces aides
généreuses et bienvenues en
ces temps difficiles.
Nous remercions aussi
très chaleureusement
Pour nous contacter vous
pouvez téléphoner à :
Madame Lemoine et Monsieur
Moign Pharmaciens à
Landerneau
Marie-Thérèse GUIADER
Tél : 02.98.21.49.25
Monsieur Raynaud et Madame
Humbert Pharmaciens à Sizun
Eliane HASCOET
Tél : 02.98.85.07.61
pour le matériel qui nous a
permis encore cette année de
soigner de nombreux enfants et
adultes.
Annick COULOIGNER
Pour toute l'équipe
de bénévoles
du vestiaire de Landerneau
TERRE D’ESPOIR
MORLAIX
Les membres du local à papier de Morlaix ont décidé de
prendre leur indépendance, ceci malgré les réserves
soulevées lors de l'Assemblée Générale de Terre
d'Espoir. Leur nouvelle association est parue au Journal
Officiel sous le nom de Terre d'Espoir Morlaix.
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TERRE D’ESPOIR A COLVA- GOA
année 2002 - 2003
Comme chaque année nous
avons retrouvé les enfants et
Muni le 17 novembre 2002.
Le 18 à 7 heures nous avions
une centaine d'enfants au
bhadgi pao (ragoût de légumes
accompagné d'un pain et d'un
thé au lait sucré). Le 19 ils
étaient déjà 132 et le nombre n'a
jamais diminué au cours des
jours et mois suivants.
Dès les premiers jours, comme
d'habitude, nous avions
beaucoup de malades que nous
avons fait soigner par ordre de
priorité, car c'est environ une
dizaine par jour que nous
devons amener chez le
médecin, beaucoup de
problèmes infectieux aggravés
par la malnutrition.
De 7 h à 9 heures le
"dispensaire en plein air "
fonctionne bien. Les bobos de
toutes sortes sont extrêmement
nombreux et le matériel fourni
par les pharmaciens nous est
très précieux.
Terre d'Espoir scolarise une
cinquantaine d'écoliers, mais
seulement 20 à 25 fréquentent
l'école très régulièrement et
bénéficient du repas de midi et
d'uniformes. Mais tous ont reçu
le matériel scolaire (cahiers,
crayons, livres etc...) ainsi q'un
cartable.
Six de nos écoliers ont changé
d'école, ayant terminé les 7
années de scolarité à l'école
gouvernementale. Ils sont donc
passés dans une école privée où
il leur reste 3 ans à faire pour
avoir l'équivalent du BEPC
(Brevet des Collèges) chez
nous. Cela leur permet déjà, s'ils
ne peuvent continuer après,
d'avoir peut-être un poste dans
l'administration.
Ceux ci ont beaucoup progressé
en anglais grâce à Michel
CASSET qui leur donne tous les
jours pendant son séjour à Colva
un soutien scolaire en anglais et
leur a aussi fourni à chacun
dictionnaire et atlas.
L'école en plein air de 15
heures à 17 heures continue.
Les deux institutrices, Rekka et
Ch a b ira , de l' asso cia t io n
indienne Jan Ugahi, prennent en
charge les enfants qui travaillent
et ne sont pas scolarisés, et
donnent un soutien scolaire aux
écoliers. Tout le matériel
nécessaire au fonctionnement
de cette "école en plein air" est
fourni par Terre d'Espoir.
Depuis quelques années les
enfants ont pris l'habitude de
nous confier l'argent gagné par
leurs "petits boulots". Vers 18
heures ils viennent avec leur
petit pécule et nous notons sur
un carnet, une page pour
chacun, les rentrées et les
sorties (comme à la banque). Ils
appellent ça la "becari bank" ce
qui veut dire banque des
mendiants ou des pauvres. Tout
ceci afin d'éviter que dans la nuit
un plus grand ne vienne leur
faire les poches et les délester
d e leu r a rg en t g ag n é si
durement. De plus le seul coffrefort qu'ils puissent trouver dans
la journée est le sable de la hutte
bien souvent visité.
Cet argent ne sert pas à acheter
des bonbons mais à se nourrir
pendant la saison des pluies
quand il n'y a plus de travail.
Marion
Comme chaque année, Marion, notre amie Allemande,
est revenue à Colva, charriant depuis l'Allemagne dans
un énorme sac de golf, 40 kilos de vêtements pour les
enfants. Ceux qui voyagent savent la difficulté qu'il y a à
transporter un bagage de 40 kilos.
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--------------------------- Christina : le retour --------------------------Après le déjeuner des écoliers, nous rentrions à
notre appartement. Christina nous attendait, un
bébé d'une semaine dans les bras. Elle venait
de mettre au monde son quatrième enfant et
elle vivait dans la rue avec le bébé, Natacha,
Valerio et Benzi. Elle venait nous demander de
la reloger. Avec un si petit bébé il était difficile de
la laisser dans la rue. Terre d'Espoir a donc loué
une petite maison (9 m2) pour loger toute la
famille, au moins jusqu'à ce que le bébé
grandisse un peu et qu'elle puisse retrouver du
travail. Natacha, 8 ans, que nous avions réussi
à envoyer à l'école les années passées,
travaillait à cette période dans les rizières et
était la seule à faire rentrer un peu d'argent à la
maison. Seule force possible de travail, elle
portait à 8 ans la charge complète de la famille.
--------------------------------------------Francisco
Environ un mois après notre arrivée à Colva,
Michael est rentré de l'école complètement
catastrophé. Il était accompagné de son frère
Francisco qui venait de lui annoncer qu'il était
gravement malade. Le médecin venait, au vu
des résultats de laboratoire, de lui confirmer
qu'il avait une hépatite B aiguë très grave et que
s'il ne se soignait pas il ne lui restait environ que
quatre mois à vivre. Pour lui c'était un arrêt
définitif, car si les visites en milieu hospitalier
sont gratuites, tous les traitements sont payants
et avec 700 roupies (14 Euros) de salaire par
mois, il était pour lui impossible et inimaginable
de se soigner. Nous lui avons immédiatement
fait arrêter son travail (il est apprenti boulanger)
et pris rendez-vous à l'hôpital. Après quatre
visites à l'hôpital il n'y avait toujours aucun
traitement de mis en route. Il s'est soudain mis à
vomir du sang. Par l'intermédiaire du docteur
Umesh qui soigne nos enfants, nous l'avons fait
hospitaliser d'urgence dans une clinique privée.
Michael devait rester près de lui pour pouvoir
aller chercher les médicaments à l'extérieur de
la clinique dans les pharmacies de la ville ; il
devait aussi lui porter ses repas. Dans les
cliniques privées vous devez payer les visites
du médecin, les soins infirmiers, les analyses
de laboratoire, les médicaments, la chambre et
la nourriture. Francisco est resté quinze jours à
la clinique. Il a pu sortir quand les analyses se
sont améliorées. Sa convalescence s'est
passée à la maison. Quinze jours avant notre
départ, les résultats des analyses étaient
négatifs et le médecin lui permettait de
reprendre progressivement son travail.
Le coût total du traitement et de l'entretien des
deux frères a été de 40.000 roupies (800
Euros), mais qu'est-ce en comparaison de la vie
d'un garçon de 15 ans !
Au moment de l'hospitalisation de Francisco,
c'était la période des examens de fin d'année à
l'école. Michael devait rester à la clinique avec
son frère et n'a donc pas eu la possibilité de les
passer. Nous avions réussi à négocier avec les
institutrices son passage en 8ème classe bien
q'il n'ait pas passé ses examens. Mais quand il
a compris que son frère était tiré d'affaire, il a
soudain réalisé que si nous n'avions pas été là,
Francisco serait certainement mort et il a décidé
de quitter l'école et de chercher du travail. Nous
avons essayé, ainsi que les institutrices, de l'en
dissuader, mais il a persisté dans sa décision.
Basu
Basu est un petit garçon de 8 ans qui travaille
déjà dans un restaurant. Il vit sur le toit d'un
hôtel désaffecté avec ses deux petites sœurs
Deama et Durgama et ses parents. Il est venu
un matin nous montrer une vilaine plaie qu'il
avait à la fesse. Après une visite chez le
dermatologue et une biopsie, il s'est avéré qu il
s'agissait d'un “lupus” nécessitant un traitement
de longue durée. Terre d'Espoir a fourni les
médicaments qu'il doit prendre matin et soir
sans interruption. Nous espérons qu'il les aura
bien pris pendant toute notre absence, car en
février la plaie était guérie et il se portait déjà
beaucoup mieux.
Basha
Début 2001, Basha, dont nous avons déjà parlé
dans l'avant-dernier bulletin, a commencé des
soins chez un orthodontiste, pour une
malformation importante de la mâchoire. Après
deux ans de traitement tout va parfaitement
bien et comme vous allez le constater sur la
photo, il est devenu un magnifique garçon.
Quand nous avons quitté l'Inde en mars 2003 il
lui restait environ six mois de traitement.
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Shamon
Shamon a 9 ans et est déjà un garçon très
sérieux. Malheureusement, il ne va pas à
l'école car il travaille beaucoup. Il a une
multitude d'employeurs (qui ne paient pas
toujours !) dont le cuisinier qui prépare le
bhadgi pao des enfants. Tous les matins, dès
6 h 30, il est au travail, mettant en place les
tables. De 7 h à 9 h il sert le thé, le pain et le
ragoût de légumes aux enfants. Ensuite il
débarrasse tout et fait le balayage devant et
dans les boutiques avant leur ouverture puis
il charrie l'eau pour les restaurants, fait de
nombreuses courses et porte les paquets
pour divers magasins. Malgré cela, quand il
n'est pas trop fatigué, il va quelquefois à
l'école en plein air et à la couture avec Hilda !
Sa journée se termine vers 20 ou 21 h.
Sumita
Sumita, 8 ans, a trois sœurs et un frère. Ils
sont tous scolarisés car les deux parents
travaillent. La mère est femme de ménage
dans un hôtel, le père est tailleur de pierres, et
tous deux sont très soucieux de l'éducation de
leurs cinq enfants. Quand elle était petite, elle
est tombée dans le feu qui sert à faire la
cuisine, elle a eu la tête et la main brûlée. La
cicatrice de la brûlure à la tête peut être
cachée par les cheveux mais il ne lui reste
plus que le pouce à la main brûlée.
Michel CASSET
Souvenirs de Colva
Dans le dernier bulletin, j'ai essayé de vous raconter la vie à Colva avec Janine et Jean-Louis, les
130 enfants et les amis. Dans ce petit port de pêche ou s'est développé un certain tourisme, c'est
une ambiance familiale où les enfants sont omniprésents où que vous alliez, à la plage ou faire des
courses, et même lorsqu'ils effectuent des petits travaux, ils se déplacent pour venir vous dire
bonjour.
J'ai omis de vous décrire une scène qui se passe le soir quand nous nous retrouvons, résidents et
amis de passage, pour l'apéritif chez Mama qui tient un restaurant sur la place de Colva et est
devenu notre point de rencontre.
Pendant que nous bavardons, des jeunes comme des vieux, s'approchent discrètement de Janine,
tenant à la main des roupies. Sans un mot Janine sort de son sac un calepin, trouve le nom de
l'intéressé, annonce le montant des sommes déjà versées et le nouveau solde avec les gains de la
journée. Les dépôts sont très variables, 10, 20, 50 roupies, quelquefois plus ( 50 roupies = 1 Euro ).
Ces pauvres gens n'ont pas de domicile et dorment pour la plupart sur la plage où les vols sont
monnaie courante.
Grâce à ce système, de novembre à mars, ils ont la possibilité de mettre leurs économies en
sécurité et de retirer les quelques roupies dont ils ont besoin dans l'immédiat.
N'oublions pas que la banquière prend la responsabilité de dizaines de milliers de roupies pendant
des mois. Si Janine sait soigner les enfants, elle sait aussi se transformer en caisse d'épargne,
comme quoi l'aide aux pauvres n'a pas de limites.
Je ne cesserai pas de répéter à tous ceux qui nous aident, dont les amis du Rotary Club de
Landerneau, qu'une partie de l'argent que nous obtenons de la vente de vêtements et de papiers,
est consacrée aux enfants de Colva.
Grâce au dévouement de Janine et Jean-Louis, toutes ces sommes, sans exception, vont aux
pauvres.
J'ai appris pour mon bonheur ce qu'est le bénévolat.
M. C
p. 6
Hilda MOAL
Un matin à Bénarès...
Etirée le long du Gange à la courbe
- majestueuse, Bénarès, ou Varanasi
- - la “Lumière”)
(également nommée Kashi,
est la capitale religieuse du pays, selon les
croyances hindoues, la plus ancienne et
l’une des sept villes sacrées de l’Inde.
“Aimer l’Inde”... Larousse
Peu à peu la nuit laisse sa place au jour. De loin, on entend le
son de cloche et de trompette du temple hindou. Je me
promène vers Dasashwamedh Ghat. Le soleil se lève et
jette sa bande dorée sur le Gange. Le Brahmane fait sa
puja face au fleuve pour honorer ses dieux. Des barques
avec des pèlerins et des touristes glissent silencieusement
sur l'eau, entourées des couronnes de fleurs et des
chandelles. Les premiers pèlerins prennent déjà leur bain de
purification. Ils s'immergent tout le corps dans l'eau, ensuite
ils frottent leurs dents avec un bâtonnet de neem. Les
Sadhous, qui ont dormi sur les marches du Ghat, se
réveillent et se prosternent face au fleuve saint.
Les dohbis ont déjà mis une partie de leur linge à sécher au
soleil. Debout, dans l'eau jusqu'aux genoux, ils frappent
inlassablement le linge sur une pierre, dix fois, vingt fois...
Les petites filles ont préparé les coupelles de fleurs pour les
touristes. Un Brahmane, sous son parasol, prêche la bonne
nouvelle à des femmes et des hommes très recueillis.
Les vaches ont repris leur éternel va-et-vient d'un Ghat à
l'autre.
Ma promenade m'amène au Lati Ghat, au Ghat crématorium
où sont brûlés tous les jours 200 - 300 corps. Des hommes
ramassent les dernières cendres de la veille. Les premiers
corps arrivent. La famille - c'est-à-dire les hommes, car les
femmes n'ont pas le droit d'assister aux funérailles emmènent le défunt sur une civière en bambou et le
trempent dans le Gange. Le corps est couvert d'une
couverture rouge et dorée pour les femmes et blanche pour
les hommes et les enfants. Ensuite, les hommes vont se
raser les cheveux et se couper les moustaches. En
revenant, ils achètent le bois et préparent le bûcher auquel
on ajoute la poudre d'encens. Plus la famille est riche, plus le
bûcher est grand et en général en bois de santal. Pour les
moins riches, le bois est plus ordinaire, et pour les pauvres,
c'est une crémation au fuel.
Tout est prêt pour mettre la civière sur le bois. Le fils aîné, ou
quelqu'un proche de la famille, va allumer des brindilles au
feu éternel et fait cinq fois le tour du bûcher qui s'embrase.
Lexique
Brahmane
Membre de la première des
castes, la caste sacerdotale. Sa
mission est l'étude des écritures
sacrées, la transmission de la
connaissance
Ghat
Escaliers sur les rives d'une
rivière, qui permettent d'accéder à
l'eau
Sadhou
Ascète, moine errant
Puja
Adoration
Dobhis
Laveurs de linge professionnels
Neemtree
Arbre médicinal
Il est 7 heures. Toutes les activités de la journée ont repris.
Le soleil est de plus en plus haut, et le Gange enveloppé d'un
voile bleu transparent suit son cours comme depuis des
milliers d'années.
Bénarès est vraiment la plus étrange et fascinante ville de
l'Inde.
H. M.
p. 7
L’école de couture d’HILDA
03/01
Nous sommes arrivés à Bombay
samedi matin. Ma valise manque
! Attendre les derniers bagages,
faire la déclaration de perte,
chercher un tampon (très
important en Inde) et l'avion pour
GOA est parti. Nous en avons un
autre à midi.
04/01
Les enfants veulent tout de suite
commencer la couture. Nous
partons donc l'après-midi à
Margao chercher le nécessaire :
3 ou 4 différents tissus pour qu'ils
puissent choisir, du fil et des
a i g u il l e s . Ch e z C a r o , l e
marchand de tissus, 1 m de
coton coûte 25 à 30 roupies, soit
environ 60 cents d'Euros.
Comme d'habitude nous faisons
des cours un après-midi à Colva,
le jour suivant à Betalbatim et
ainsi de suite.
10/01
Tout est sur les "rails". Les filles
sont très appliquées. Cette
année il y a seulement 2
garçons, Moka, le sourd-muet,
et Shamon. Ce garçon est
toujours actif ; il balaie devant les
magasins, aide à servir le
"bhadgj pao", met les chaises et
les tables dans les restaurants,
transporte des cruches d'eau, et
trouve encore le temps pour
venir à la couture, et toujours de
bonne humeur. Il est vraiment
admirable.
20/01
Halima a eu l'idée de faire une
robe. J'essaie de la dissuader
mais en vain. Si Halima a
quelque chose dans la tête, elle
le fait ! Et sa copine Fatima veut
bien sûr faire la même chose. Je
ne suis pas satisfaite du résultat,
mais elles sont très fières avec
leurs robes et sont félicitées par
tout le monde pour leur travail.
26/01
Deux petites nouvelles se sont
jointes à nous, deux soeurs :
Dearma et Dugarma.
Avec leur famille, elles habitent
tout près, sur le toit d'un hôtel
désaffecté. Elles sont très
mignonnes, mais la petite a
besoin de beaucoup d'aide.
Quelle joie quand elle a fini son
petit sac !
En principe, nous ne refusons
personne. Mais quand elles sont
trop petites, nous leur
conseillons de venir l'année
prochaine.
01/02
Retour à Betalbatim. Quelle
différence entre les deux
groupes ! A Colva, ça crie, ça
tape, ça pleure... A Betalbatim,
les enfants sont beaucoup plus
calmes. Le contexte familial est
différent.
Sumita, la plus jeune de l'année
passée, est revenue avec sa
soeur Laxmi et avec 4 autres
petits frères et soeurs. A l'âge où
n o s e n f an t s com m en ce n t
l'école, elle doit s'occuper de la
famille comme une mère. Sa
mère travaille dans un
restaurant sur la plage.
Souvent, l'aînée des filles est la
bonne de la mère, et plus tard,
de la belle-mère. Pour nous, la
condition de la fille et de la
femme Indiennes est dure à
accepter et souvent
démoralisante.
Heureusement, il y a des cas
plus encourageants. Shabana,
qui vendait des fruits sur la
plage, a pu commencer l'école
cette année. Je suis très
contente pour cette fille si
travailleuse. Avec les autres
écoliers, elle va au soutien
scolaire l'après-midi pour faire
ses devoirs, et après, elle vient à
la couture avec sa cousine. Sa
soeur aînée suit aussi des cours
d'alphabétisation. L'autre jour,
nous avons rencontré leur mère ;
elle nous a dit qu'elle était très
heureuse que ses enfants
puissent aller à l'école.
15/02
Jodi et Laxmi n'ont pas cette
chance. Tôt le matin, avec un
sac sur l'épaule, elles
accompagnent leur mère pour
fouiller les poubelles et trouver
des bouteilles en plastique, des
boîtes de conserve et d'autres
matériels recyclables à vendre
pour quelques roupies. On peut
facilement imaginer l'effet
désastreux sur leur santé.
27/02
La dernière semaine. Le groupe
diminue. Plusieurs filles ont
terminé leur travail. Selima a
commencé sa quatrième jupe.
Comme elle travaille très vite,
elle va finir avec les autres.
02/03
J'ai du mal à quitter les enfants.
Ils so nt si att ach ants et
souriants, on peut leur faire
plaisir avec très peu de chose.
Au revoir, à l'année prochaine !
Hilda MOAL
p. 8