Colloque "Pour une scolarisation réussie des enfants et
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Colloque "Pour une scolarisation réussie des enfants et
DOSSIER COLLOQUE DU 10 AVRIL 2013 À CRÉTEIL « POUR UNE SCOLARISATION RÉUSSIE DES ENFANTS ET DES ADOLESCENTS HANDICAPÉS MENTAUX OU AVEC TROUBLES AUTISTIQUES » L’objectif de l’Udapei 94 était de faire le point sur la mise en œuvre de la Loi de 2005 et sur ses dispositions qui ont consacré le droit à la scolarisation des enfants handicapés sur la base d’un Projet Personnalisé de Scolarisation (PPS). Par ailleurs le projet de Loi sur la refondation de l’école, alors en cours de débat, méritait aussi un examen particulier sous l’angle de la prise en charge de ces enfants. Deux bonnes raisons pour cette journée d’échanges qui se sont révélés très fructueux ! Cette journée a été organisée conjointement avec l’Urapei Ile de France et sa Présidente, Marie–France EPAGNEUL, nous a fait l’honneur d’y participer et de conclure les travaux. Jean-Pierre BOBILLOT 6 Madame JEANVOINE, Vice-Présidente du Conseil Général et Présidente de la MDPH, a accueilli les 150 participants à ce colloque (enseignants, professionnels du secteur médico-social et familles) dans la salle des fêtes de l’hôtel du département, siège de la Préfecture et du Conseil Général. Mme JEANVOINE a rappelé l’importance du sujet qui allait être traité, bien que le Département ne soit pas en responsabilité directe sur la scolarisation des enfants. Elle a rappelé que l’année 2013 va être consacrée au bilan du dernier Schéma Directeur Départemental des Personnes Handicapées qui se termine et à la préparation du prochain dans lequel la scolarisation sera bien évidemment un chapitre important. Mme TOUATY, Neuro-Pédiatre et ex-formateur à l’Education Nationale, a fait un exposé préliminaire « autour de l’enfant handicapé : éducation et scolarisation » pour commencer cette journée de travail. - en revenant sur l’évolution des différents termes utilisés (éducation, scolarisation, intégration, inclusion, handicap mental, troubles cognitifs, déficience intellectuelle) et en s’interrogeant sur leur impact - en rappelant les modifications structurelles et dynamiques introduites par la loi de février 2005 et en citant les enjeux pour les enfants et leurs familles, les équipes enseignantes, les acteurs médico-sociaux et la MDPH. DOSSIER Les deux tables rondes consacrées aux échanges entre professionnels et familles ont été précédées par des exposés sur les moyens mis en œuvre dans le Val de Marne. Mme BLAIN, Directrice de la Maison Départementale des Personnes Handicapées, a présenté les rôles de la MDPH et les axes d’intervention : Mr VECHARD, Délégué Territorial de l’Agence Régionale de Santé pour le Val de Marne a rappelé le rôle de l’ARS et les enjeux du Schéma Régional d’Organisation du secteur Médico-Social (SROMS) avec des problématiques spécifiques au département (accès au dépistage précoce, ruptures de parcours pour les adolescents, préparation à l’insertion professionnelle, enfants sans solution ….). • les mesures de compensation (AEEH, PCH, cartes invalidité) Il a insisté sur la priorité donnée à l’autisme et aux TED (Troubles Envahissants du Développement) avec des créations de places en SESSAD et en IME, des ajustements d’agréments pour répondre aux besoins, l’amélioration de la qualité de prise en charge, notamment par la formation de formateurs pour diffuser les connaissances. • les évaluations pour déterminer ; - les aménagements à prévoir pour accompagner la scolarité de l’élève par rapport à ses besoins et ses compétences - la structure de scolarisation la mieux adaptée à la problématique de l’enfant Les décisions prises et les avis rendus au sein de la MDPH pour la scolarisation concernent donc l’orientation en établissement (CLIS, UPI, EME, SESSAD), le transport, le matériel adapté, les aménagements d’examen… Mr. SEBILLE, Conseiller Technique Départemental ASH, Inspecteur de l’Education Nationale, a rappelé la diversité des parcours scolaires possibles : • l’accueil individuel en milieu scolaire ordinaire avec ou sans AVS (auxiliaire de vie scolaire en soutien des enfants en classe) • l’accueil collectif en milieu ordinaire (68 CLIS et 24 ULIS pour les troubles des fonctions cognitives, dont 2 en lycées professionnels) • l’accueil en unités d’enseignement au sein d’un EMS ou d’un établissement de santé. Les effectifs d’enfants handicapés scolarisés autour des deux premiers dispositifs ont fortement progressé depuis 2005. Par ailleurs les textes du 2 avril 2009 réglementent et renforcent les partenariats existants (temps partagés par exemple) et le développement des coopérations. Ils précisent également le dispositif des Unités d’Enseignement dans les EMS (85 enseignants dans 28 établissements et 26 conventions ARS/DASEN/Etablissement signées. Mr. AUDRAIN, Président de la CDAPH enfants, a mis l’accent sur la nécessité d’un travail d’écoute et de concertation entre les évaluations faites par les équipes pluridisciplinaires et les souhaits des parents, afin d’aboutir à un Projet Personnel de Scolarisation réaliste dont le suivi sera assuré par l’équipe de suivi de scolarisation avec la participation de l’enseignant référent. Table ronde interprofessionnelle sur la scolarisation des enfants de 3 – 14 ans « Comment répondre aux besoins de l’enfant dans son parcours scolaire – la pluralité des solutions et les partenariats possibles » Cette table ronde, présidée par Mme RIPOLLI, Administrateur de l’Apei 94 et Présidente d’Apogei 94, nous a permis de partager des expériences, grâce à l’intervention de professionnels et de parents, qui nous ont éclairés. Intervention de Mr MOUROT, enseignant spécialisé, CLIS de l’école Beuvin à Créteil. En général, les élèves arrivent dans leur huitième année après avoir connu très souvent 2 CP+ 1 CE. Avec leur famille, ils ont été confrontés à beaucoup de difficultés, beaucoup de souffrance. Il s’agit de « poser ses valises » pour l’élève et sa famille : reprendre confiance pour l’enfant au sein d’un dispositif plus individualisé …et bien expliquer aux familles, le fonctionnement de la CLIS, l’importance du projet pédagogique individuel(PPI). Des conditions exceptionnelles, ont été attribuées à cette classe, à savoir, la présence d’une AVS et d’une ATSEM. Le PPI, c’est le programme de l’élève : c’est sa « carte d’identité » qui dresse le profil de l’élève dans ses difficultés, mais aussi ses compétences, et permet d’aborder l’enfant dans sa globalité (aspects relationnels, cognitifs, instrumentaux et scolaires). 7 DOSSIER Et après la CLIS ? « Le brouillard » La majorité des élèves de la CLIS, sont orientés en IME. Logiquement, les élèves de la CLIS (niveau début/mi CE1) sont capables à la fin du cursus scolaire de progresser encore dans les apprentissages scolaires, mais hélas, on constate que cela est insuffisant pour aller en SEGPA (pour 1/3 d’entre eux) Mr MOUROT préconise donc d’anticiper la sortie de la CLIS pour chaque élève (au moins 2 ans avant la sortie), ce qui crée inéluctablement un sentiment d’inquiétude chez les professionnels et au sein des familles, instituant ainsi une « course à la place » en IME ! Il est du devoir de l’école de les accompagner dans ces démarches. même enseignante, enfin, des repères constants… Marc a démarré l’apprentissage de la lecture, de l’écriture… appel à une orthophoniste du privé… La troisième année : 6 jours et demi de prise en charge, Marc va en inclusion dans des classes de l’école. Il a gagné en autonomie, a commencé les mathématiques. En conclusion de ce parcours chaotique qui se termine bien : Marc a eu besoin d’une aide importante, a bénéficié d’une cohérence éducative autour de lui pour avancer, a fait des progrès, son comportement s’est amélioré, il a actuellement un niveau de CE2 et il bénéficiera du même dispositif l’an prochain ». La parole d’une AVS (Assistante de Vie Scolaire) Mme FOURQUEMBERT Comme elle le précise, elle n’est ni enseignante, ni professionnelle du médico-social, ni parent, mais simplement une femme qui a choisi d’accompagner des enfants en situation de handicap, actuellement en poste au collège Januz-Korczak de Limeil-Brévannes. La plus grosse difficulté réside chaque année scolaire dans la découverte de l’élève, de l’enseignant. Une AVS doit s’adapter à chaque élève et être créative, car ce qui marche avec l’un, ne marche pas avec l’autre ! Nous avons un immense besoin de formation, pour cela nous avons recours à internet, l’occasion m’est donnée de tirer un grand coup de chapeau aux orthophonistes, qui mettent en ligne leurs travaux… sources d’information. Ce qui est difficile : - nous faire accepter par les enfants que nous accompagnons, beaucoup de collègues se cassent les dents ! Le point de vue des parents : interventions de Mr. et Mme VALLAT Ils sont les parents de Marc, âgé de 12 ans, qui fréquente une CLIS à l’école Félix Eboué à Créteil et qui s’interrogent sur l’avenir de leur enfant, sur ce qui viendra après la CLIS. Marc, (adopté à l’âge de 2 ans et demi) présente des troubles envahissants du développement (TED), repérés précocement. Le début de scolarisation fut très difficile (problèmes relationnels, troubles du langage…) sur les trois années passées à la maternelle des buttes à Créteil. Puis… tout s’est déclenché, l’équipe éducative demande l’orientation en CLIS. Fin juin : aucune classe d’accueil pour la rentrée, quelle angoisse ! C’est au moment de partir en vacances, que nous sûmes dans quelle CLIS il irait ! 2008 - Première année en CLIS : 4 ou 5 enseignants ont défilé et aucun résultat ! …heureusement que se mettait en place un accompagnement à l’hôpital de jour des bordières ! 2009 - Passage dans une CLIS à l’école Beuvin 2010 - Marc se retrouve dans une CLIS à Félix Eboué à temps partiel, complété par des soins prodigués aux bordières : enfin Marc est devenu un élève ! 2011 - Cette seconde année dans la même école fut très bénéfique : 5 jours et ½ de prise en charge, la 8 - créer du lien, mais pas de dépendance ! - constater qu’il y a des aspects du handicap qui ne seront jamais compensés (toujours besoin d’une aide humaine, de matériel) - ne pas rentrer en copinage avec la famille, l’AVS doit prendre du recul et ne pas se laisser envahir ! Mme FORQUEMBERT, tient à préciser, que durant ces 6 années de travail, elle a vécu de grands moments de plaisir partagés avec l’élève, l’enseignant… Elle tient à souligner encore une fois la précarité de son emploi et l’espoir quant à une future professionnalisation. Intervention de Mme BEAUDENON, enseignante spécialisée à l’IME Françoise Leloup. Les enseignants font partie intégrante de l’équipe de l’IME : ils travaillent sur le même horaire annuel que les éducateurs, leur permettant ainsi de participer aux différentes réunions. Les regroupements pédagogiques sont constitués en fonction des compétences scolaires des jeunes : cela va, pour les niveaux, entre la moyenne section jusqu’au début du cycle 3. La plupart des élèves accueillis présentent des difficultés cognitives, avec des déficiences marquées, il faut leur redonner confiance, éviter de les mettre en situation d’échec, les aider à surmonter leurs frustrations émotionnelles. DOSSIER Le projet pédagogique de l’unité d’enseignement constitue un volet du projet d’établissement. Il décrit les objectifs, les outils, les démarches et les supports pédagogiques adaptés, qui permettent à chaque élève d’acquérir des compétences, d’aller de la dépendance vers l’autonomie et du repli sur soi vers la relation à autrui et la socialisation. Chaque élève a un projet individuel d’accompagnement qui précise les différentes prises en charge et le nombre de demi-journées scolaires, chaque enseignant définira les objectifs en référence au socle commun des connaissances et des compétences. Un livret de compétences individualisées et adaptées a été mis en place, il accompagne le jeune tout le long de sa scolarité à l’IME. Intervention de Mme DULIEU et de Mme GOUCHAULT – SESSAD les Comètes Nous terminerons cette matinée, par la présentation d’un SESSAD, celui des Comètes à Créteil, abordant ainsi des modèles de scolarisation et d’accompagnements spécifiques et adaptés à des enfants présentant des troubles envahissants du développement(TED). Chaque jeune a un accompagnement dispensé par le SESSAD d’environ 10h/semaine pour 210 jours de fonctionnement. Son fonctionnement permet une approche souple, adaptée et individualisée, interface de la famille, de l’école, de la cité. Le service applique les recommandations de la HAS et préconise une éducation individualisée et structurée, et utilise pour cela tout ce qui est préconisé ( Teach, Pecs, Makaton…). Pour construire le PPA et en définir les prio- rités, il y a un éducateur coordinateur par projet (plusieurs personnes du service gravitant autour de l’enfant,) et pour l’élaborer, l’équipe tient compte de ses observations et des demandes des familles. Le service se rend toutes les semaines à l’école : pour proposer des techniques à l’enseignant et à l’AVS. De même, le service met en place une guidance parentale (par exemple, un éducateur accompagne un jeune pendant le repas, après une matinée à l’école). Afin d’éviter des sentiments de frustration et d’augmenter les troubles du comportement des enfants, le service, pour augmenter leur motivation, met en place des contrats de comportement et un système de récompenses (ainsi chaque point de couleur attribué peut correspondre à un câlin, un moment devant l’ordinateur…) Hélène Ripolli Présidente d’APOGEI 94 - Animatrice de la table ronde. Table ronde : Scolarisation et parcours de professionnalisation et d’insertion des adolescents en milieu ordinaire et en milieu protégé Sur bien des points, la table ronde de l’après-midi du 10 avril a fait écho à celle du matin : les parcours cahoteux, les blessures qu’il importe de réparer pour restaurer le statut d’élève, le droit à un enseignement aussi exigeant qu’adapté. Similaires, ces tendances prennent des accents nouveaux à la faveur de cette période sensible et transitoire que constitue l’adolescence. « Se construire » voire « se reconstruire », « être acteur de son parcours ». En corollaire s’est exprimée la nécessité de « donner du temps » à cette (auto)construction, de tabler sur « l’évolutivité » des intéressés et des formules qui leur sont proposées. A ces deux fils directeurs est venu s’ajouter naturellement un troisième : la diversité et la complémentarité des réponses au besoin de scolarisation des adolescents. D’entrée, Mme L’ALLINEC - Coordinatrice du dispositif ULIS au Lycée d’enseignement professionnel du Val de Bièvre à Gentilly - a insisté sur le double impératif d’anticiper le plus tôt possible le parcours du jeune et de « donner du temps » au jeune lui-même surtout, à sa famille, aux institutions partenaires. C’est le temps qui permet à l’adolescent inscrit dans le dispositif ULIS (Unité Locale d’Inclusion Scolaire) de prendre conscience de la problématique qui lui est propre. Cette prise de conscience passe par une étape douloureuse généralement vers 17 ou 18 ans. La durée étant campée comme toile de fond, il importe de situer le jeune comme acteur, comme protagoniste de son projet « et ce jeune, ainsi que ses parents, a droit à une réflexion, à des changements ». 9 DOSSIER Dans le cas de l’ULIS de Gentilly, les scènes de ce cheminement sont non seulement les enseignements scolaires et les apprentissages professionnels mais aussi les stages. C’est au détour de ces stages que le jeune découvre ses compétences et ses appétences, qu’il profile la forme de parcours professionnel qui lui conviendra. Beaucoup parmi les élèves de l’ULIS ont réalisé, chemin faisant, que le milieu protégé leur procurerait le métier qui leur plaît et le cadre de travail qui convient à leurs besoins. Le témoignage de Mr Isaac DA VEGA, élève de Mme L’ALLINEC, a conféré une illustration vivante à cet exposé. Passé par un collège avec l’aide d’un SESSAD, il a rejoint l’ULIS de Gentilly à 16 ans. Il y a préparé durant les 2 premières années un CAP en blanchisserie, qu’il n’a pu intégralement valider mais qui lui a valu une « attestation de compétence » (homologuée par l’Education nationale). A ce jour, il est inscrit en 1ère de bac pro à l’ULIS et il sait qu’il ne passera pas ce bac. Après avoir réalisé des stages de 3 à 4 semaines chacun dans 5 ESAT, il a fait le choix de demander dans sa 20ème année (cette année) sa RQTH et son orientation ESAT à la MDPH. L’EMPRO SEGUIN de Kremlin-Bicêtre quant à lui, accueille des jeunes gens âgés de 14 à 20/21 ans et qui, majoritairement, ont épuisé toutes formes d’inclusion : en CLIS, en ULIS, en SEGPA. « Nous recueillons comme des oiseaux blessés des adolescents pour certains en très grande souffrance, surtout ceux qui ont eu un parcours en milieu ordinaire » explique Mme CHERBAL, professeur des écoles. Depuis 1989, cet EMPRO est doté de 2 Professeures (pour 35 élèves aujourd’hui) détachées par l’Education nationale afin de prodiguer un enseignement en petits groupes, ajusté aux singularités et besoins de chacun. Avec foi Mme CHERBAL s’adresse aux parents qui émaillent l’assistance : « Je resterai toujours frappée par cet adolescent arrivé à 16 ans à SEGUIN et qui avait passé 4 ans en SEGPA, qui ne savait ni lire ni écrire, qui n’avait aucune notion de quantité, et qui est parti de SEGUIN à 20 ans avec Harry Potter sous le bras ». A l’EMPRO, poursuit Mr AUDOUIN, Educateur technique spécialisé, les élèves ont du temps « pour poser leurs valises et pour émerger ». L’un des atouts d’un EMPRO est « d’avoir tout sur place, une articulation entre les apprentissages pro- 10 fessionnels et artistiques, les interventions cliniques (2 Psychomotriciennes, 1 Psychologue, 1 Psychiatre), des Professeurs spécialisés, le tout complété par les stages en ESAT ». C’est à la complémentarité et à la coopération des dispositifs que s’est attaché Mr LAPIE, Directeur de l’IME Bernadette COURSOL et de 2 SESSAD (1 en CLIS, 1 en ULIS-LEP). Loin d’opposer EMPRO et ULIS, l’IME B. COURSOL s’applique ainsi depuis 13 ans à entretenir des complémentarités entre ces deux formules, en s’appuyant sur deux idées : pour les élèves d’ULIS, une prise en charge strictement scolaire ne suffit pas, il y a nécessité de la soutenir par une prise en charge de type médico-éducatif dont l’IME dispose (orthophonie, psychomotricité etc.); réciproquement, pour les jeunes de l’IME, ce partenariat leur procure l’opportunité de temps de classe dans l’ULIS (1 ou 2 jours par semaine) sur un mode progressif et tout en poursuivant leur rééducation à l’IME. Le SESSAD a également mis en place un groupe de parole qui s’adresse à tous les jeunes de l’ULIS, animé par une Psychologue et un Educateur hors la présence des Enseignantes de l’ULIS, pour traiter de la vie au collège. Avec 10 ans d’avance, B. COURSOL aura exploré la richesse et la souplesse des réponses que les temps partagés entre IME, ULIS et SESSAD peuvent proposer à chaque élève en fonction de son projet et de son évolution propre. Au cours de ces trois interventions, la formation professionnelle est apparue plus ou moins en filigrane. Cette formation se déploie surtout dans les ESAT, voie de réalisation professionnelle de la grande majorité des jeunes handicapés intellectuels quels qu’aient été leurs modes de scolarisation. Mr PERROQUIN, Directeur du pôle des ESAT à APOGEI 94, a illustré cette mission de formation notamment par le dispositif « Différents et compétents » qui permet de reconnaître les compétences des personnes en situation de travail en s’appuyant sur les potentialités, les compétences et les motivations (versus les inaptitudes) ; à l’issue de ce processus, le Travailleur a la faculté d’obtenir un Certificat de compétences délivré par un jury de l’Education nationale (ou du Ministère de l’agriculture pour les espaces verts). Par ailleurs, des ESAT s’appliquent à accompagner des Travailleurs vers l’acquisition de diplômes professionnels par la VAE (validation des acquis de l’expérience) qui suppose passage d’épreuves théoriques et pratiques devant un jury également homologué. Ce droit est ouvert à tout salarié et il n’y a pas de VAE spécifique pour les ESAT. Plus rare et moins connue est la possibilité de formation en lycée technique ; ces dernières années, une trentaine de Travailleurs d’ESAT franciliens ont passé les épreuves du CAP au lycée technique de Vitry-sur-Seine avec, en amont, le soutien pratique et théorique des personnels des ESAT. Suivant une expression reprise en leitmotiv durant cette après-midi : « Rien n’est figé ». Même l’acquisition de diplômes peut advenir après l’école, en situation de travail : pour tout citoyen d’ailleurs, qu’il soit ou non handicapé. Daniel PICHOT Pôle des IME d’APOGEI 94 Animateur de la table ronde Exposé de l’Unapei - les résultats des enquêtes nationales et les perspectives ouvertes par la Loi de 2005 – Les demandes actuelles aux Pouvoirs Publics 1 - Mme LENZEELE (chargée de l’enfance et de la scolarisation à l’Unapei ) a tout d’abord présenté les résultats d’une enquête conduite au plan national dans les IMP-IMPRO du mouvement Unapei en 2012 : 2 - Elle a ensuite évoqué les mutations que les IME sont appelés à connaître dans les années à venir. Le fonctionnement des IME a évolué. Ces derniers sont appelés à s’externaliser, à prendre une place d’experts et de ressources dans les écoles et à assouplir leur modalité d’accompagnement des jeunes en situation de handicap : plus de temps partagés, de classe externalisées dans les établissements scolaires ordinaires. Les familles de jeunes enfants en situation de handicap attendent d’avantage d’inclusion des enfants en situation de handicap que nous accueillons dans nos établissements, ce qui implique plus de partenariat avec l’Education Nationale. Ainsi, l’’IME tend à devenir une plate-forme technique au service du parcours individuel de l’enfant. Même si le milieu ordinaire ne répondra pas à toutes les problématiques des enfants, les ESMS continueront à diversifier nos modes d’intervention « hors les murs » en structurant des partenariats d’inclusion scolaire à temps complet, partagé, accompagné. Les ESMS du mouvement ayant répondu à l’enquête ont indi- qué qu’ils « pourront poursuivre les échanges existants déjà, mais également imaginer de faire entrer le monde de l’école dans l’établissement : activités communes, rencontres sportives ou « extraordinaires » afin de changer le regard entre élèves et jeunes en situation de handicap. » En prenant de plus en plus en compte la vision globale du parcours de l’enfant, les ESMS devront développer les relations avec l’ensemble des partenaires afin de susciter la solidarité citoyenne par l’échange et la découverte. 3 - Au plan législatif et réglementaire Mme LENZEELE nous a fait part des travaux de refonte des annexes 24 (rédigée en 1989) qu’il faut réécrire en tenant compte de la Loi de 2005, de la Loi HPST et des textes réglementaires d’avril 2009 sur la collaboration entre l’Education Nationale et les Etablissements Médico-sociaux ; Enfin, elle a commenté les travaux parlementaires qui étaient alors en cours sur la refondation de l’école avec la nécessité de tenir compte des besoins des enfants handicapés. Quelques résultats de l’enquête : - les missions des SESSAD (accompagnement scolaire 90 %, interventions à domicile 92 %, accompagnement professionnel 37 %) - la présence d’unités d’enseignement dans les IMP (70 % plus 23 % externalisées), dans les IMPRO (respectivement 71 % et 15 %) - la pratique du temps partagé (62 % en IMP, 55 % en IMPRO) - mais 30 % environ des jeunes accueillis en IMP et en IMPRO ne sont pas scolarisés - en moyenne les IMP sont dotées d’un peu moins de 2 enseignants (1,5 poste dans les IMPRO) et la moitié des établissements n’ont pas suffisamment d’heures d’enseignement - une absence fréquente de PPS pour les enfants malgré l’obligation inscrite dans les textes. Absence également de suivi des enfants par les enseignants référents 11