Nuit des Musées 2013 (pdf, 203 Ko)
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Nuit des Musées 2013 (pdf, 203 Ko)
Nuit des Musées de la Riviera 11 mai 2013 Snapshot, Instagram de Hans Ulrich Obrist Dessin de Pedro Reyes, mai 2013 --------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Le musée comme plateforme d’expérimentation Le Musée Jenisch Vevey souhaite donner une visibilité aux artistes récemment diplômés de la région. La Nuit des Musées de la Riviera sera donc l’occasion annuelle de créer cette passerelle entre l’école d’art et le public en invitant un artiste émergent à faire une proposition. Pour cette première année après la réouverture, Vianney Fivel (*1984) et Thomas Koenig (*1983) ont accepté de collaborer à cette première édition. Bien que leurs travaux plastiques soient opposés, leur recherche s’oriente vers l’idée de collage par réappropriation, tant d’idées et de textes pour Fivel, que d’images pour Koenig. Travaillant ensemble pour la première fois, les artistes investiront la salle de gym faisant face au musée, créant le temps d’une soirée, un espace éphémère où matériel sportif et peintures d’amateurs (collection Vermeulen) deviendront la matière d’une installation commune intitulée Jenisch-feu. « Art should not be an object but an excuse for dialogue. » Douglas Gordon Au dernier étage du musée, les fenêtres sud du bâtiment s’ouvrent sur le lac, vers les montagnes. Plus près, on découvre une vitrine étonnante, une salle de spectacle plutôt originale. Les acteurs peuvent choisir d’y jouer en équipe ou de suivre une chorégraphie dissonante. Que se passe-t-il donc à l’extérieur du musée ? « Nous sommes un peu comme sur une île ici» : parallèle aux rives du lac et à la voie de chemin de fer mais aussi affrontant, au nord, l’église orthodoxe et au sud la caserne des pompiers, surplombée par la fameuse salle de gym. Première visite de la salle de gym. Mélodie d’enfance. Lieu de l’imaginaire collectif. Architecture monumentale mais authentique. Jeu. Objets colorés, drôles. Doucement, s’éloigner de l’institution et s’ouvrir à un nouvel espace. Un espace temporaire, une extension ? N’ayant encore jamais réalisé de projet ensemble, Vianney Fivel et Thomas Koenig ont dû s’adonner à l’exercice difficile de la confrontation entre deux univers : face à face ou collaboration ? La volonté commune et immédiate a été celle de l’échange. Pourtant un face à face apparait entre le musée et la salle de gym : voir ce qu’il se passe de l’autre côté, au-delà des œuvres, donner accès aux fenêtres. Puis finalement renoncer pour laisser la salle de gym accessible, ouverte au publique. La proposition Jenisch-feu s’est ensuite développée en quatre temps, quatre souffles pour un aboutissement. Le temps du regard a été cet instant de première amorce, d’appropriation de l’espace du musée. Pourquoi ne pas permettre aux visiteurs de monter sur une scène inanimée, au premier étage, afin d’y observer « un bal des objets », qui aurait lieu en face, sorte de pièce de théâtre où les « habitants » de la salle de sport s’animeraient ? Le temps de l’échange a été celui d’une réflexion plus profonde sur le musée et ses collections, avec une volonté que cette salle externe devienne une réelle extension du musée. Le questionnement s’orienta vers le statut des œuvres, des objets ainsi que sur les codes et règles qui rythment la vie de l’institution. Un Projet utopique fut développé, celui d’une possibilité d’inversement entre les collections du musée et matériel sportif de la salle. Ne pouvant pas sortir les œuvres de l’étage noble du musée pour les exposer dans la salle de sport, l’échange était incomplet, le projet, irréalisable. Arrive alors le troisième temps, celui de la synthèse, plus radical, plus honnête, peutêtre : une création à quatre mains, un collage d’images et d’objets, fruit d’un montage d’idées, synthèse du processus. La salle de gym devient donc, le temps d’une soirée, un lieu imaginaire, additionnel, qui permettra à cette installation d’exister. Un espace utopique d’appropriation et de recomposition, un décor dans lequel l’architecture de la salle ainsi que les objets qui l’habitent dictent le cadre. Le dernier temps sera celui de l’archivage ou de la réflexion sur ce processus de création, et prendra la forme d’une publication. Dans son travail de recherche, Vianney Fivel saisit des fragments d’idées ou de texte qu’il cherche à relier comme des combinaisons infinies : montage, recompositions, organisation d’informations, le format varie, le but reste. Trouver de nouvelles formes en partant de la matière brute (archives, histoires, parcelles de mémoire, atlas, récits) pour obtenir des collages étranges. Plus instinctif dans le geste, Thomas Koenig s’intéresse au changement de statuts des œuvres, se réapproprie des images ou objets du quotidien pour les faire naître sous d’autres formes. Deux types de collage par réappropriation. Le collage est un exercice qui nécessite de la matière et un espace fini, les artistes se sont donc imposés des règles : le lieu et la matière brute comme données fixes. La salle de gym qui surplombe la caserne fut inaugurée en 1967. Depuis, les enfants qui doivent aller suivre des cours de sport se rendent « au feu », comme ils disent. Dans cet « anti-white cube », l’architecture et les possibilités d’accrochage prennent le dessus sur le vide. L’œuvre ne sera donc plus au centre de l’attention, seule, immuable, mais sera englobée par le lieu pour former un tout. La matière du collage est un mélange entre le matériel sportif appartenant à la salle et une collection d’art amateur empruntée à Patrick Vermeulen* qui deviennent de la matière pure, disponible, fruit de la culture populaire, un ensemble cohérent. C’est la rencontre entre deux univers qui ont trouvé comme point de dialogue le collage par réappropriation et qui, en ayant refusé d’exposer leurs propres œuvres, en crée une nouvelle, fruit de leur collaboration et surface d’un processus plus complexe. ------------------------------------------------------------------------------------------------* Note sur la collection de Patrick Vermeulen (collectionneur amateur, Vevey) : sa collection comprend plus de 100 pièces datant des années 60 à aujourd’hui et regroupe des œuvres amateurs d’art populaire, d’art naïf et d’art brut de peintres anonymes. Elles ont été achetées durant ces10 dernières années dans différentes brocantes de la région. Pour Jenisch-feu, les artistes ont procédé à une sélection formelle des œuvres afin que le bâtiment et les collections exposées deviennent un mélange, non pas d’images, mais de formes, sans aucun jugement esthétique. Vianney Fivel (*1984) vit et travaille à Genève. Après un Bachelor en architecture du paysage, il suit le WORK.MASTER de la HEAD à Genève (diplômé en 2012). Artiste, mais aussi curateur, il co-signe en 2012 l’exposition inaugurale du nouvel espace de Piano Nobile, Genève (Places we Dwell, 2012). Depuis 2012, il est assistant à Live in your Head, Institut Curatorial de la HEAD et sera, en septembre, l’invité du Palais de Tokyo, dans le cadre de l’exposition Nouvelle Vague, ainsi que résident à la Fondation Judd de Marfa, Texas. Publication : After Jeff, monospace press, Amsterdam, 2012 Thomas Koenig (*1983) vit et travaille à Vevey. Diplômé de 2008 du Bachelor Arts Visuels de l’ECAL à Lausanne et en 2012 du WORK.MASTER de la HEAD. Thomas Koenig est l’un des membres fondateurs du Collectif RATS de Vevey. En parallèle à son travail de projectionniste, il participe à de nombreuses collaborations, en Suisse et à l’étranger. En 2012, il expose à la galerie Skopia de Genève dans le cadre du prix HEAD Galerie et participe à Plattform13 à Zurich. Publications : Editions TSAR, 2012-2013 Commissariat Stéphanie Serra -------------------------------------------------------------------------------------------------Au premier étage du musée, les visiteurs pourront accéder par un escalier aux fenêtres de la salle d'exposition centrale, et découvrir ce qui se passe de l'autre côté de la rue, dans la salle "feu". -------------------------------------------------------------------------------------------------- Remerciements Patrick Vermeulen pour le prêt de sa collection, la Ville de Vevey et en particulier Marina Rochat pour son aide précieuse, Julien Fischer pour le graphisme des flyers, le bar Bout du Monde, les bénévoles sans qui cette Nuit n’aurait pas été possible, ainsi que l’équipe du Musée Jenisch Vevey pour son enthousiasme et son énergie. Musée Jenisch Vevey Avenue de la gare 2 CH-1800 Vevey www.museejenisch.ch mjv-nuitdesmusees.tumblr.com