Télécharger le rapport
Transcription
Télécharger le rapport
rectorat TABAC, ALCOOL, CANNABIS ET AUTRES SUBSTANCES ILLICITES CHEZ LES COLLEGIENS ET LYCEENS DU LIMOUSIN SYNTHESE DE DIFFERENTES ETUDES CONDUITES PAR l'OBSERVATOIRE REGIONAL DE LA SANTE EN COLLABORATION AVEC LES SERVICES DE SANTE DE L'EDUCATION NATIONALE RAPPORT N°233-A Décembre 2012 ORS Observatoire Régional de la Santé du Limousin 4, av. de la Révolution - 87000 LIMOGES Tél. : 05 55 32 03 01 Fax : 05 55 32 37 37 - Courriel : [email protected] Site : http://www.ors-limousin.org TABAC, ALCOOL, CANNABIS ET AUTRES SUBSTANCES ILLICITES CHEZ LES COLLEGIENS ET LYCEENS DU LIMOUSIN SYNTHESE DE DIFFERENTES ETUDES CONDUITES PAR l'OBSERVATOIRE REGIONAL DE LA SANTE EN COLLABORATION AVEC LES SERVICES DE SANTE DE L'EDUCATION NATIONALE Synthèse réalisée par Audrey ROUCHAUD, Jean-Pierre FERLEY Les différentes enquêtes de l'ORS sur lesquelles s'est appuyée cette synthèse ont été conduites en collaboration avec les services de santé de l'Education Nationale : Dr Martine GROUILLE, Christine GARCIA (Rectorat), Dr Françoise RICHARD, Martine FROIDEFOND (IA19), Dr Françoise LASSEUR, Monique BALLARIN et Céline PIQUET (IA23), Dr Isabelle DOLADILLE, Véronique BRUN (IA87) et l'ensemble des infirmières des services de santé de l’Education Nationale. L'une de ces enquêtes associait également la Direction Régionale de l'Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt et les infirmières des établissements d'enseignement agricole. Contexte Entre 2007 et 2011, l’Observatoire Régional de la Santé du Limousin a conduit 3 études chez les collégiens et lycéens du Limousin décrivant les niveaux d'expérimentation et de consommation de différentes substances psycho-actives, licites ou illicites. Toutes trois ont été réalisées en collaboration avec les services de santé de l'Education Nationale qui ont assuré l'administration des questionnaires aux élèves. La première enquête, réalisée en 2007-2008 à la demande du Groupement Régional de Santé Publique (GRSP), portait sur près de 2 100 élèves de 3 niveaux scolaires (4ème, seconde et terminale) dans la région. Les principaux résultats de cette étude ont été publiés en 2009 dans le rapport de synthèse « Regards sur la santé des collégiens et lycéens du Limousin »1. Les deux autres enquêtes étaient incluses dans le processus d'évaluation du programme ESPACE de promotion de l'estime de soi et de prévention précoce du risque alcool conduit par le Rectorat de Limoges et l'association Entreprise et Prévention. L'une des deux a été conduite juste avant le lancement du programme (automne 2009) et a porté sur près de 2 300 élèves de 6ème, fréquentant soit des établissements ciblés par le programme, soit des établissements témoins, tandis que l'autre, conduite après 2 années de programme (printemps 2011), a porté sur le même effectif scolarisé en classe de 5ème dont ont été extraits pour les besoins de la présente analyse les résultats du groupe témoin (1 100 élèves)2,3. Les données présentées dans ce rapport reposent ainsi sur un total de 5 200 questionnaires remplis par des jeunes de 11 à 19 ans. Objectifs Décrire l’usage de produits addictifs chez les jeunes scolarisés en Limousin. Analyser les réponses selon un certain nombre de critères sociodémographiques : âge, sexe, département, urbanisation... Comparer les résultats du Limousin à ceux relevés dans d'autres enquêtes nationales. Méthode L’enquête scolaire initiale a porté sur un échantillon représentatif d'élèves issus de trois niveaux scolaires : quatrième, seconde et terminale. Elle s’est déroulée de novembre 2007 à février 2008 dans 97 classes réparties au sein de 36 établissements publics, soit 30% des 119 établissements publics de la région (plus du quart des collèges et plus du tiers des lycées). Les réponses apportées par 2095 élèves ont pu être analysées, soit environ 10% de l’ensemble des élèves du Limousin des trois sections étudiées. Les classes enquêtées ont été sélectionnées aléatoirement après stratification sur le département, la taille de la commune, la taille de l’établissement et la filière. Cet échantillon a été complété dans chaque département par une classe de 4ème SEGPA (enseignement adapté) et un lycée agricole (Fig.1). La seconde enquête scolaire effectuée dans le cadre de l’évaluation du projet ESPACE (Education, Sensibilisation, et Prévention Alcool au Collège avec l’appui de l’Environnement) porte sur une cohorte d’environ 2 300 élèves suivis de la 6ème à la 3ème. 15 établissements « action », soit 1/6 des collèges du Limousin, ont été sélectionnés selon plusieurs critères (distribution géographique, urbanisation, taille de l’établissement, statut public/privé, environnement social) ; un établissement privé et un établissement ZEP sont ainsi intégrés dans l’échantillon. 15 établissements témoins aux caractéristiques similaires ont été choisis (Fig.1). Les données recueillies auprès des élèves de 11-12 ans de 6ème en décembre 2009 - janvier 2010, avant le démarrage du programme ESPACE, ainsi que celles relevées en juin 2011 auprès des seuls élèves témoins de cet âge (ceux des établissements ciblés par le programme ayant potentiellement un comportement modifié) sont intégrées à ce document, soit 1 868 questionnaires d’élèves de 11 ans et 1 215 questionnaires de 12 ans (Tab.2). 1 Fig.1 – Localisation géographique des établissements enquêtés Enquête scolaire 2007-2008 Evaluation projet ESPACE Collèges Collèges « action » Collèges « action » Collèges témoins Collèges témoins Lycées Lycées Agricoles Unités urbaines > 10 000 hbts Communes péri urbaines Unités urbaines < 10 000 hbts Communes rurales Tab.2 - Répartition des élèves enquêtés par sexe et âge 11 ans 12 ans 13-14 ans 15-16 ans 17-18 ans 19 ans et + Total Garçons 897 607 332 378 232 67 2 513 Filles 971 608 346 407 259 69 2 660 Ensemble 1 868 1 215 678 785 491 136 5 173 Le recueil des données a été effectué selon la même méthodologie dans ces deux enquêtes. Des autoquestionnaires anonymes étaient remis par les infirmières de santé scolaire (ou dans certains cas par le médecin) qui assuraient la partie logistique de cette enquête. Si le questionnaire de la première enquête scolaire portait sur une multitude de thématiques (addictions, mal-être, violences, sexualité…), le questionnaire servant à l’évaluation du programme ESPACE se restreignait aux consommations de substances toxiques (alcool, tabac, cannabis), aux représentations et connaissances sur l’alcool et ses effets ainsi que sur l’estime de soi et les rapports aux autres. Pour les deux enquêtes, une information préalable individuelle avait été effectuée en direction des parents, leur offrant la possibilité de refuser l’enquête. Ces refus ont été extrêmement rares. Si les deux premiers chapitres de ce document présentent les données recueillies lors de ces deux enquê tes (expérimentation et consommation régulière), les chapitres suivant résultent des seules analyses de l’enquête scolaire 2007-2008. Les résultats régionaux de l’enquête initiale proposés dans ce document ont été redressés sur le département d’appartenance (surreprésentation volontaire de la Creuse et sous-représentation de la Haute-Vienne dans l’échantillon). Les données étudiées ont été systématiquement croisées avec l’âge et le sexe, parfois avec d’autres variables (département, type d’enseignement). Un modèle logistique est également proposé ; la méthode pas-à-pas descendante a été utilisée avec un risque de 5% (introduction initiale de toutes les variables présentant en analyse bivariée une significativité au seuil de 20%). L’ensemble de ces analyses ont été effectuées sous le logiciel SPSS. Références bibliographiques 1 ORS Limousin. Regards sur la santé des collégiens et lycéens du Limousin. Rapport n°183-A, mai 2009, 18p. 2 ORS Limousin. Evaluation du programme ESPACE (Education, Sensibilisation et Prévention Alcool au Collège avec l’appui de l’Environnement). Enquête initiale. Rapport n°221-A, avril 2011, 45p. 3 ORS Limousin. Evaluation du programme ESPACE (Education, Sensibilisation et Prévention Alcool au Collège avec l’appui de l’Environnement). Evaluation intermédiaire. Rapport n°221-C, avril 2012, 55p. 4 GODEAU E., NAVARRO F., ARNAUD C.: « La santé des collégiens en France / 2010 », données françaises de l’enquête internationale Health Behaviour in School-aged Children, Ed. INPES (coll. Etudes santé), 2012 5 LEGLEYE S., SPILKA S. et al. Les drogues à 17 ans. Résultats de l’enquête ESCAPAD 2008. OFDT, Tendances n°66, juin 2009 6 SPILKA S., LE NEZET O., TOVAR M.-L. Les drogues à 17 ans : premiers résultats de l’enquête ESCAPAD 2011. OFDT, Tendances n°79, février 2012 7 SPILKA S., LE NEZET O. Premiers résultats du volet français de l’enquête european school survey project on alcohol and other drugs (ESPAD) 2011. OFDT, 31 mai 2012, 17p. 2 I. L’expérimentation L’alcool est le produit addictif le plus expérimenté par les jeunes. A 11 ans, 6 garçons sur 10 et près d'une fille sur deux ont déjà expérimenté l'alcool, le plus souvent dans un cadre festif familial. A 17-18 ans, 92% des élèves ont déjà bu une boisson alcoolisée, dans un sexe comme dans l'autre (Fig.3). Concernant le tabac également, le niveau d’expérimentation est sensiblement le même chez les garçons et chez les filles : à 11 ans, 1 sur 10 environ a déjà fumé une cigarette, à partir de 17 ans, c'est le cas des deux tiers d’entre eux. L'expérimentation de l'ivresse, Fig.3 – Proportion d’expérimentateurs de tabac, d’alcool, d’ivresse et de marginale avant 13 ans, comcannabis en Limousin selon le sexe et l’âge mence à se répandre à 13-14 n=2 071 (enquête 2007-08) + 1 856 (ESPACE 11 ans) + 1 207 (ESPACE 12 ans) ans (20% environ dans les 2 sexes) puis à se généraliser Tabac Alcool Ivresse Cannabis ensuite (1 jeune sur 2 entre 15 89 92 92 et 16 ans, et environ 7 sur 10 à 85 partir de 17 ans, avec, à cet 78 66 67 68 âge, un écart de 12 points en59 59 65 64 61 60 51 tre les deux sexes). 48 48 45 Enfin, l'expérimentation du can43 31 38 27 23 nabis est plus tardive mais à 26 22 22 21 11 15-16 ans, plus d'un jeune sur 6 17 5 4 9 5 en a consommé, dans un 2 6 6 4 1 1 1 sexe comme dans l'autre et 11 ans 12 ans 13-14 ans 15-16 ans 17 ans et + 11 ans 12 ans 13-14 ans 15-16 ans 17 ans et + deux ans plus tard c'est le cas Garçons Filles de la moitié des garçons et de N.B. : le questionnaire pour l’enquête d’évaluation du projet ESPACE ne recueillait pas plus du tiers des filles. On note l’information de l’expérimentation de l’alcool de la même manière que l’enquête scolaire de un réel décollage de cette ex2007-2008. Il détaillait l’expérimentation des différents types d’alcool (champagne, cidre, vin, périmentation avec le passage etc.) et synthétisait les réponses apportées, tandis que le questionnaire de l’enquête scolaire du collège au lycée, décollage initiale ne posait qu’une seule question en suggérant certains alcools (vin, bière, alcools forts et cocktails), ce qui a pu avoir un effet limitatif. Cela pourrait expliquer des proportions accentué sur ces graphiques d’expérimentateurs déjà élevés à 11 ans et 12 ans (recueil de l’enquête ESPACE) par rapport par le rythme des recueils (tous à ceux relevés chez les 13-14 ans (élèves de 4ème de l’enquête initiale). les ans de 11 à 13 ans puis tous les 2 ans). Globalement, les jeunes du Limousin ont les mêmes niveaux d’expérimentation que les autres jeunes vivant en France métropolitaine (Tab.4 et Fig.5). Toutefois, l’expérimentation de l’ivresse semble un peu plus répandue en Limousin qu’ailleurs dès l’âge de 13 ans4,5 : un écart de 6 point est retrouvé entre le niveau régional et national. Ainsi, en 2008, 66% des Limousins de 17 ans ont déjà connu l’ivresse selon l’enquête scolaire contre 60% au niveau national. Au contraire, l’expérimentation relative au cannabis est plus faible dans la région : à 15 ans, 22% des élèves ont testé le cannabis contre 28% au niveau national ; à 17 ans, ces taux sont respectivement de 38% contre 42%. Les résultats 2011 de l’enquête ESCAPAD laisse présager une baisse de l’expérimentation du tabac, de l’alcool et des ivresses et une stabilisation de l’expérimentation du cannabis au niveau national6. Tab.4 - Comparaison des expérimentations du tabac, de l’alcool, de l’ivresse et du cannabis au collège selon l’âge Tabac Alcool Ivresse Cannabis 11 ans Limousin France* 8,6 8,8 52,5 57,7 3,0 5,8 1,0 0,8 13 ans Limousin France* 28,7 25,4 61,9 71,7 19,4 13,6 5,7 6,4 15 ans Limousin France* 55,1 55,5 86,7 85,9 45,4 38,1 22,2 28,0 *Source : HBSC 20104 3 Moins répandues que l’alcool, le tabac et le canFig.5 – Proportion d’expérimentateurs de solvants, d’ecstasy, nabis, d’autres types de drogues sont testées par de crack et de cocaïne en Limousin selon le sexe et l’âge (%) - n= 2 059 les jeunes, surtout les garçons : chez les 17 ans Colle, solvants Ecstasy Crack, cocaïne 15 et plus, 15% ont déjà expérimenté les solvants, 5% l’ecstasy et 4% la cocaïne (Fig.5). Les filles 8 5 7 sont deux fois moins nombreuses à avoir testé 5 5 3 3 2 4 ces produits. En comparaison, les proportions 2 1 2 2 2 0 1 0 d’expérimentateurs en Limousin sont du même 13-14 ans 15-16 ans 17 ans et + 13-14 ans 15-16 ans 17 ans et + ordre qu’au niveau national à 17 ans (Fig.6). Garçons Filles Fig.6 – Comparaison des proportions d’expérimentation de produits addictifs à 17 ans en France et en Limousin (%) - n= 325 ESCAPAD 2008 France* 93 95 90 71 73 ESCAPAD 2008 Limousin* Enquête scolaire Limousin 67 60 62 66 42 38 38 5 5 7 Tabac Alcool Ivresse Cannabis Pdts à inhaler 3 2 3 3 3 4 1 <0,5 0,5 Ecstasy Cocaïne Héroïne *Source : ESCAPAD 2008 II. La consommation régulière Les consommations plus régulières, quel que soit le produit, concernent une minorité des jeunes avant 15 ans. Moins de 3% d’entre eux fument quotidiennement et moins de 2% consomment régulièrement de l’alcool (au moins 10 fois au cours des 30 derniers jours) ou sont régulièrement ivres (au moins 10 fois au cours des 12 derniers mois). A cet âge, on ne note pas d’écart entre les sexes (Fig.7). A 15-16 ans, 17% des jeunes scolarisés en Fig.7 – Proportion de consommateurs réguliers de tabac, d’alcool, Limousin sont des fumeurs quotidiens et cetd’ivresse et de cannabis en Limousin selon le sexe et l’âge (%) - n=2 071 te proportion atteint 27% chez les 17 ans et plus. Les différences entre les sexes sont Tabac Alcool Ivresse Cannabis peu marquées. 29 En revanche, pour les consommations 23 16 d’alcool, les proportions sont très nettement 18 13 10 en défaveur des garçons après 15 ans. Ainsi, 9 7 3 3 3 4 29% des garçons de 17 ans et plus 2 1 0 0 consomment régulièrement de l’alcool ou 13-14 ans 15-16 ans 17 ans et + 13-14 ans 15-16 ans 17 ans et + connaissent des ivresses régulières, contre Garçons Filles seulement 7% des filles. Les consommations de cannabis, bien que moins importantes, sont également en défaveur des garçons : 1 sur 10 fume régulièrement du cannabis chez les 17 ans et plus (au moins 10 fois au cours des 30 derniers jours) alors que cela reste marginal chez les filles de cet âge. Avec l’avancée en âge, la consommation de substances addictives augmente. Si les consommations régulières restent marginales au collège où les élèves sont relativement jeunes, on constate par la suite des différences importantes selon les types d’enseignement suivis. La proportion de fumeurs quotidiens apparaît ainsi plus importante dans l’enseignement professionnel et technologique que dans les filières agricoles et générales. Globalement les élèves des LEP sont de plus gros usagers de produits addictifs (Fig.8). 4 Fig.8 – Proportion de consommateurs réguliers de tabac, d’alcool, d’ivresse et de cannabis en Limousin selon le type d’enseignement et le niveau scolaire (%) - n=2 071 Tabac Alcool Ivresse Cannabis 39 34 28 27 20 4 2 1 2 6ème 5ème 4ème 10 3 4 2 2nde 6 Term Gale Collège 23 18 19 15 13 17 18 6 6 Term Tech 2nde BEP 19 16 Term BEP 12 11 8 4 LEGT Les différences de consommations régulières entre les jeunes du Limousin et le niveau national ne sont pas flagrantes si ce n’est concernant le produit alcool. A 17 ans, les jeunes boivent plus fréquemment de l’alcool que dans le reste du pays : en 2008, 15% des 17 ans consommaient de l’alcool au moins 10 fois par mois en Limousin selon l’enquête scolaire, 11% selon la donnée régionale d’ESCAPAD, contre 9% au niveau national5. La proportion de jeunes fumant régulièrement du cannabis serait en revanche inférieure au niveau national (Fig.9). Les données ESCAPAD de 2011 montre une tendance à l’augmentation des consommations régulières de ces substances en France, excepté pour le cannabis6. Concernant les consommations de boissons alcoolisées, elles se font principalement par le biais des amis et de la famille. Consommer seul est plus rare mais toutefois cité par 17% des garçons de 17 ans et plus (Fig.10). Avec l’avancée en âge, et notamment chez les consommateurs réguliers, la place des amis devient prépondérante. Les consommateurs réguliers sont ainsi 83% à « souvent » boire de l’alcool avec leurs amis contre seulement 38% de ceux qui ne boivent qu’occasionnellement. 24 21 15 13 Term Pro 7 4 1 2nde BEP LEP Term Lycée agricole Fig.9 – Comparaison des proportions de consommation régulière de tabac, alcool, ivresse et cannabis à 17 ans en France et en Limousin (%) - n= 325 ESCAPAD 2008 France ESCAPAD 2008 Limousin Enquête scolaire Limousin 29 28 23 15 13 9 11 Tabac 9 Alcool 8 7 Ivresse 5 5 Cannabis Source : ESCAPAD 20085 Fig.10 – Contexte de l’alcoolisation chez les jeunes Limousins selon le sexe et l’âge (% rarement, parfois ou souvent) - n=1 630 Seul Avec des amis Avec les parents 87 86 77 72 68 61 43 69 58 43 37 34 17 8 9 5 6 13-14 ans 15-16 ans 17 ans et + 4 13-14 ans 15-16 ans 17 ans et + Garçons Filles III.Les facilités d’accès Tabac et alcool apparaissent comme des produits facilement accessibles pour les jeunes. C’est également le cas, dans une moindre mesure, du cannabis que la moitié des 17 ans et plus jugent facile à obtenir. De plus, dans cette même tranche d’âge, plus d’un jeune sur 10 estime également facile l’accès à l'ecstasy, au crack et à la cocaïne (Fig.11). On ne constate pas de différence entre les départements (si ce n’est concernant le cannabis et l’ecstasy qui semblent plus difficiles à obtenir en Corrèze), pas plus que selon le degré d’urbanisation (en fait les différences retrouvées s’expliquent entièrement par l’effet âge). Fig.11 – Accès aux produits addictifs selon le sexe et l’âge (% jugeant l’accès au produit facile) - n=1 947 37 Cigarettes 47 Bière/vin 26 "Alcools forts" 7 Cannabis 14 5 Produits dopants Crack/cocaïne 3 3 10 7 7 17 21 88 77 60 29 Tranquillisants/somnifères Ecstasy 72 88 80 49 31 13-14 ans 15-16 ans 12 17 ans et + 11 * expérimentation de l’alcool 5 Fig.12 – Pourcentages d’expérimentateurs et de ceux qui jugent facile l’accès aux produits chez les 17 ans et plus (%) - n=1 923 100 Bière/vin * "Alcools forts" * 90 80 Cigarettes % expérimentateurs 70 60 Cannabis 50 40 30 20 0 Tranquillisants/somn ifères Produits dopants 10 Crack/cocaïne Ecstasy 0 10 20 30 40 50 60 70 80 90 100 % jugent facile d'accès Fig.13 – Expérimentation selon la facilité d’accès aux produits addictifs (%) - n=1 923 24 Tabac 67 59 Alcool* Ivresse* 91 2 11 11 Cannabis 61 5 Médicaments 15 4 Dopants Ecstasy Crack, cocaïne 27 Difficile d'accès 1 Il s’avère que la corrélation entre la facilité d’accès à un produit et sa consommation est très forte (coefficient de corrélation supérieur à 0,9 ; Fig.12). L’expérimentation des produits addictifs est considérablement plus répandue chez ceux qui jugent son accès facile. Ainsi, si on ne trouve presqu'aucun expérimentateur d’ecstasy parmi ceux qui pensent qu’il leur serait compliqué de s’en procurer (1%), en revanche près du quart de ceux qui estiment facile son accès ont déjà testé cette substance (Fig.13). Il en est de même pour le cannabis : seuls 11% de ceux qui pensent qu’il leur serait difficile d’en obtenir l'ont déjà testé contre 61% chez ceux qui trouvent son accès facile. Or, avec l’avancée en âge, l'accès à ces produits devient de moins en moins difficile et les propositions se multiplient : 10% des 13-14 ans ont déjà été sollicités pour consommer du cannabis, proportion atteignant 59% à 17 ans et plus (Fig.14). L'expérimentation est clairement associée à la fréquence des sollicitations : en l'absence de proposition, l'expérimentation est exceptionnelle (3%) alors que c'est le cas de 4 élèves sur 10 chez ceux qui ont été sollicités une ou deux fois et de 8 sur 10 chez ceux qui ont déjà reçu plusieurs propositions (Fig.15). Facile d'accès 24 1 20 * accès bière/vin Fig.14 – Propositions reçues de consommer du cannabis selon l’âge (%) - n=2 080 Jamais 1 ou 2 fois 17 ans et + IV. 7 3 67 15-16 ans 41 Abstinents Plusieurs fois 90 13-14 ans Fig.15 – Usage du cannabis selon les propositions reçues pour en prendre (%) - n=2 033 17 24 16 35 Exp ou occasionel 97 Jamais 3 61 1 ou 2 fois Plusieurs fois Réguliers 19 38 67 1 14 Les facteurs de risque Afin de mieux appréhender les éléments significativement associés à l'expérimentation et à la prise régulière de substances addictives (facteurs de risque potentiels) des modèles logistiques ont été utilisés. Ils permettent de tester la force d’association entre la variable expliquée (expérimentation du tabac par exemple) et divers indicateurs (le sexe, la structure familiale…) dont on teste le rôle propre (le rôle de chaque indicateur est testé à niveau constant des autres variables du modèle). Le sexe s’avère fortement corrélé aux consommations régulières d’alcool et de cannabis (au moins 10 fois au cours des 30 derniers jours) et aux ivresses régulières (au moins 10 fois au cours des 12 derniers mois), les garçons étant plus à risque que les filles. Par ailleurs, en toute logique, l'âge intervient : les plus âgés ont plus sou- 6 vent expérimenté ou consomment plus régulièrement que les plus jeunes. De plus, à âge égal, l’usage du tabac, l’expérimentation du cannabis et les ivresses régulières s’avèrent plus répandues chez ceux qui sont en retard scolaire (par exemple entre des jeunes de 15 ans en 4ème et d’autres jeunes du même âge en 2nde). On note également des différences selon le type d'établissement (plus fortes proportions de jeunes fumant quotidiennement ou buvant régulièrement de l’alcool dans les lycées professionnels). Les autres éléments associés à l’usage de substances addictives sont la famille (expérimentation plus fréquente dans les modèles non traditionnels et consommations régulières plus fréquentes chez les enfants vivant en fratrie) et, dans une moindre mesure, la localisation géographique (usage régulier de cannabis plus fréquent en Haute-Vienne qu'en Corrèze), l’état de santé (relation avec la consommation d'alcool) et la pratique d’une activité sportive régulière (relation paradoxale avec la consommation d'alcool, peut-être à rapprocher des pratiques de "3ème mi-temps"). Tab.16 – Modèles logistiques étudiant les facteurs de risque associés à l’expérimentation et à la consommation régulière du tabac, de l’alcool, des ivresses et du cannabis (OR ajustés) Tabac Expérimen- Tabac quotation tidien OR p OR p Exp alcool OR Alcool Exp ivresAlcool régulier(1) ses OR p OR p Ivresses régulières(2) OR p Cannabis Exp canCannabis nabis régulier(3) OR p OR p p Sexe Fille 1 1 1 1 1 1 1 1 Garçon 0,79 * 0,96 1,36 * 3,95 *** 1,14 3,57 *** 1,13 4,35 *** Age 13-14 ans 1 1 1 1 1 1 1 1 15-16 ans 3,11 *** 2,74 * 1,19 2,51 1,37 0,44 0,66 16,54 ** 17 ans ou plus 4,72 *** 3,81 * 1,75 6,57 * 3,96 *** 1,07 1,38 43,35 *** Retard scolaire Non 1 1 1 1 Oui 1,42 ** 1,83 *** 2,05 *** 1,84 *** Type d’établissement Collège 0,44 0,21 *** 0,84 0,41 ** 0,09 * 0,13 *** LEGT 1 1 1 1 1 1 LEP 1,54 ** 0,83 2,32 *** 1,54 ** 1,22 0,97 Lycée agricole 0,65 1,12 2,86 *** 1,53 * 0,72 0,65 * Département Corrèze 1 1 Creuse 0,95 1,85 Haute-Vienne 0,72 * 2,12 * Urbanisation Zone urbaine 1 Zone rurale 1,48 ** Structure familiale «Traditionnelle » 1 1 1 1 1 Monoparentale 1,91 *** 1,84 ** 2,10 *** 1,91 *** 1,86 *** Recomposée 2,12 *** 1,49 2,27 *** 2,03 *** 1,50 * Résidences alternées 1,80 * 1,93 * 1,14 2,01 ** 1,87 * Autre 0,91 1,57 1,24 0,95 1,53 Fratrie Enfant unique 1 1 1 1 1 1 ou 2 frères et sœurs 1,78 * 0,94 2,41 * 1,50 * 1,91 3 frères et sœurs ou + 2,24 ** 0,58 * 2,16 1,58 * 3,67 * Situation économique Dans la moy ou à l’aise Pas ou peu à l’aise Problèmes de santé(4) Non 1 1 Oui 1,53 * 1,46 * Pratique sportive(5) Oui 1 1 Non 0,64 * 0,76 * (1) Consommation d’alcool au moins 10 fois au cours des 30 derniers jours (2) Au moins 10 ivresses au cours des 12 derniers mois (3) Consommation de cannabis au moins 10 fois au cours des 30 derniers jours (4) Consulte ou prend régulièrement un médicament en raison d’un problème de santé physique (5) Pratique d’au moins une heure de sport hebdomadaire en dehors des heures d’enseignement Lecture : A niveau constant des autres variables du modèle, l’OR d’une consommation régulière d’alcool de 3,9 chez les garçons représente un risque accru pour eux comparativement aux filles qui sont la valeur de référence (OR = 1). A l’inverse, avec un OR de 0,64, ceux qui n’ont pas une pratique sportive régulière sont moins à risque que ceux qui pratiquent régulièrement un sport (valeur de référence avec un OR à 1). 7 V. L’évaluation des risques par les jeunes Fig.19 – Estimation du risque associé à l’usage de l’alcool selon la consommation des jeunes (%) - n=1 991 8 21 Exp. ou occasionnel 19 Buveur régulier 48 44 13 76 Exp. ou occasionnel Buveur régulier Buveur régulier 34 86 11 80 57 70 Boire 1 ou 2 verres d'alcool tous les jours 19 25 44 Boire 3 ou 4 verres d'alcool tous les jours 68 Etre ivre tous les weekends 25 80 Fumer occasionnellement du cannabis 15 36 40 Fumer régulièrement du cannabis 80 15 43 Essayer de l'ecstasy 37 Prendre régulièrement de l'ecstasy 90 6 Fig.18 – Estimation du risque associé à l’usage de cigarettes selon le statut tabagique des jeunes (%) - n=2 015 Risque modéré Fumer des cigarettes occasionnellement Grand risque Exp. ou occasionnel Abstinent 70 24 Exp. ou occasionnel 71 24 Abstinent Fumeur régulier 13 38 10 8 32 27 Fumeur régulier 66 28 L’effet est plus fragrant encore concernant le risque associé à la consommation de cannabis : 84% des abstinents estiment que fumer régulièrement du cannabis représente un grand risque contre 69% de ceux qui ont déjà expérimenté le produit et seulement 40% des consommateurs réguliers (au moins 30 fois au cours des 30 derniers jours, Fig.20). Grand risque 26 47 Exp. ou occasionnel 35 Fumer au moins un paquet par jour 19 69 Abstinent 11 Risque modéré Fig.20 – Estimation du risque associé à l’usage de cannabis selon la consommation des jeunes (%) - n=1 918 31 Abstinent Fumer des cigarettes occasionnellement 15 24 Fumer occasionnellement du cannabis Abstinent Risque modéré Grand risque Fumer régulièrement du cannabis Etre ivre tous les week-ends Boire 3 ou 4 verres d'alcool tous les jours Boire 1 ou 2 verres d'alcool tous les jours Grand risque Fig.17 – Estimation du risque de consommation de produits addictifs (%) - n=2 034 Fumer au moins un paquet par jour Globalement, les jeunes ont conscience des dangers que représente la consommation de substances addictives. Quasiment tous (environ 95%) estiment qu'il y a un certain risque à fumer un paquet de cigarettes ou à boire 3 ou 4 verres d’alcool par jour, à être ivre tous les week-ends, à régulièrement fumer du cannabis ou à prendre de l’ecstasy. Pour 70% à 80%, le risque est important (Fig.17). On notera la nuance assez nette qu’apportent les jeunes entre une consommation faible ou occasionnelle et une consommation régulière. Par exemple, si 90% des élèves interrogés estiment que prendre régulièrement de l’ecstasy fait courir un grand danger, ce ne sont que 43% d’entre eux qui pensent de même pour une expérimentation de ce produit. Les dangers sont perçus différemment selon les rapports que les jeunes entretiennent avec les produits concernés. Ainsi, si tous reconnaissent les dangers d’une consommation quotidienne d’un paquet de cigarettes, les fumeurs sont moins nombreux à considérer comme risqué l’usage occasionnel de cigarettes (Fig.18). De même, les buveurs réguliers, c’est-à-dire ceux qui ont consommé de l’alcool au moins 10 fois au cours des 30 derniers jours, ont une perception plus modérée du danger de ce produit par rapport aux abstinents, aux expérimentateurs et aux consommateurs occasionnels : 86% des abstinents et 80% des expérimentateurs ou consommateurs occasionnels considèrent qu’être ivre tous les week-ends expose à un grand risque contre seulement 57% des consommateurs réguliers (Fig.19). Abstinent 42 Exp. ou occasionnel Fumeur régulier Risque modéré 16 9 40 41 26 84 Abstinent Exp. ou occasionnel Fumeur régulier 12 69 40 24 38 Synthèse et conclusion L’enquête scolaire qui s’est déroulée en 2007-2008 auprès de 2 095 élèves de quatrième, seconde et terminale du Limousin avait permis la rédaction d’une synthèse parue en 2009. Le présent document complète la partie de cette synthèse consacrée aux conduites addictives et l'enrichit par les résultats des enquêtes conduites en 6ème et 5ème dans le cadre de l'évaluation du programme de prévention ESPACE (près de 2 300 élèves de 6ème interrogés en 2009 et 1 100 élèves de 5ème interrogés en 2011) permettant ainsi une étude sur un effectif total de 5 200 élèves, de la 6ème à la terminale. S'agissant de l'expérimentation du tabac et de l'alcool, l'analyse montre des comportements très voisins chez les garçons et les filles. Dès 11 ans, près de 6 élèves sur 10 ont expérimenté l'alcool et un sur dix a expérimenté le tabac, à 12 ans un sur quatre. A 15-16 ans, ces proportions atteignent 85% à 90% pour l'alcool et 50% à 60 % pour le tabac. Les niveaux d’expérimentation dans la région sont a priori du même ordre que dans le reste de la France (67% pour le tabac et 90% pour l’alcool à 17 ans). En revanche, l’ivresse est plus expérimentée en Limousin (66% à 17 ans contre 60% au niveau national) au contraire du cannabis (38% à 17 ans contre 42% au niveau national). Les consommations régulières sont par contre nettement plus répandues chez les garçons que chez les filles : 29% d'entre eux consomment régulièrement de l’alcool ou connaissent des ivresses régulières à 17 ans ou plus contre seulement 7% des filles. La forte association entre l’expérimentation et les facilités d’accès aux produits addictifs est soulignée dans cette étude (coefficient de corrélation proche de 1). Concernant le cannabis, les jeunes à qui l’on a plusieurs fois proposé d’en prendre adoptent ainsi fréquemment (14%) une consommation régulière de ce produit (au moins 10 fois au cours des 30 derniers jours). Les risques associés aux consommations sont relativement bien perçus par les jeunes qui graduent le risque entre une expérimentation ou consommation occasionnelle et une consommation plus régulière. On notera également que ceux qui font usage d’un produit ont tendance à moins en percevoir les risques que les autres. Parmi les facteurs de risque associés aux consommations de substances addictives, ce rapport permet d’identifier, outre l’âge et le sexe, la structure familiale (les enfants issus de familles dites « traditionnelles » expérimentent moins que les autres et sont moins souvent fumeurs ; ceux vivant en fratrie ont un usage du cannabis et des ivresses régulières plus répandu que les enfants uniques), la localisation géographique (moindre expérimentation de l’alcool pour les élèves des établissements urbains et en Haute-Vienne où l'on relève en revanche une plus forte proportion de jeunes consommant régulièrement du cannabis), le type d’établissement (au lycée, les consommations régulières d’alcool et de tabac sont moins fréquentes en enseignement général que dans l’enseignement professionnel), le retard scolaire (avec, indépendamment de l'âge, une consommation de tabac plus importante, des ivresses régulières plus fréquentes et une expérimentation du cannabis plus répandue chez les élèves en retard scolaire), les problèmes de santé (moindre expérimentation de l’alcool et de l’ivresse) et la pratique d'un sport (plus fortes consommations d’alcool et plus fréquente expérimentation de l’ivresse chez les pratiquants). Les données portant sur les lycéens limousins datent de l’enquête scolaire menée en 2007-2008. Or les premiers résultats de l’enquête ESPAD 2011 font le constat d’une augmentation du tabagisme chez les jeunes après une constante diminution de 1999 à 20077. Cet élément est confirmé par les récentes données fournies par l’enquête ESCAPAD de 20116. Les enquêtes ESCAPAD chez les jeunes de 17 ans montrent également que les consommations régulières d’alcool ainsi que les ivresses répétées et régulières sont à la hausse. Pour le cannabis, produit pour lequel le Limousin semble bénéficier d’une situation moins critique qu’ailleurs, les deux enquêtes nationales apportent des informations contradictoires sur son évolution récente. En effet, selon les données ESPAD, la France se place dorénavant en tête des pays européens consommateurs de cannabis chez les jeunes et également dans le peloton de tête des pays européens pour l'expérimentation de produits illicites autres que le cannabis avec des chiffres plutôt stables alors que l’enquête ESCAPAD établit une tendance à la baisse dans les consommations de produits illicites hors cannabis. Les évolutions relevées au niveau national dans les consommations des jeunes en produits addictifs font clairement apparaître l’intérêt d’une réactualisation des données régionales par la reconduite d'une enquête en milieu scolaire telle que celle conduite par l'ORS en 2007-2008 en collaboration avec les services de santé de l'Education nationale. 9