La séance à Roggy_Bilan 2015
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La séance à Roggy_Bilan 2015
Le film commence néanmoins de manière assez tendre avec la relation très fusionnelle entre Max (Taissa Farmiga vue dans Mindscape ou American Horror Story) et sa mère comédienne Amanda (Malin Akerman), virant au cauchemar suite au décès de cette dernière. Une émotion que le réalisateur tentera d’insuffler en permanence dans son film au milieu d'un esprit déconnant, même si ce dernier est ancré dans un fantastique très original. En effet, Max et sa bande d'amis (dont Alexander Ludwig connu surtout pour être le fils de Ragnar Lodbrok dans la série Vikings) sont projetés dans le film Camp Bloodbath, film d'horreur typique des années 80 où jouait la mère de Taissa, lors d'une soirée organisée par des geeks vouant un culte au film. C'est certainement la bonne idée du film, faire cohabiter des acteurs qui ne savent pas qu’ils jouent dans un long-métrage et des personnages transposés dans un univers décalé tentant de survivre au milieu d’un scénario qui avance quoiqu’il arrive. Ce décalage entre les deux mondes est source de comédie et de gags certes un peu lourds mais efficaces. Il faut dire que Camp Bloodbath est le stéréotype du film d’horreur avec bimbo décérébrée en quête de dépucelage et gros bras débile (Adam Levine dans le rôle de Kurt, plus idiot que toutes les « stars » de la téléréalité réunies). Scream girl joue donc avec ses clichés où le tueur est annoncé par une musique stressante, où les jeunes qui couchent se font dessouder dans une atmosphère de soap assez naïve. Todd Strauss-Schulson trouve une bonne harmonie entre les personnages, condamnés à être des clichés ambulants tout en utilisant la dérision. Le scénario télescope ainsi le film dans le film quand nos voyageurs du temps tentent de combattre le boogeyman avec l'aide des vrais-faux acteurs. Ce qui donne des scènes où l'anachronisme (l'utilisation du téléphone portable) et les bons mots (les références des 80's) se côtoient avec une réelle énergie communicative. A noter aussi des séquences intéressantes avec l'utilisation des ralentis ou des inserts d'écriture propres au film. Comme ils ont un temps d'avance et que le geek de service connaît le film par cœur, ils essaient de détourner les séquences à l'image de la saga Scream qui jouait déjà de ce postulat en imaginant les faits et gestes du tueur. Un tueur qui manque un peu d'envergure dans un film qui rend un hommage à un cinéma un peu disparu sans jamais chercher à se moquer des codes inhérents au slasher malgré un manque de transgression évident. Les plus belles scènes sont d'ailleurs lorsque les flash-back apparaissent et que les personnages se fondent dans un écran noir et blanc. En revanche, le parti pris de ne pas montrer de sang, de gore, ni même de nudités (tout est horschamps) ne permet pas au film de se déployer totalement. En effet, Scream girl (ou Final girls en VO qui se comprend mieux puisqu’il n’y a qu’une vierge qui peut tuer le méchant à la fin) ne va pas assez loin dans l'exploitation de son idée originale en ne jouant pas avec ce code le plus prégnant du genre. Dommage, car on se demande vraiment si le film n'est pas voulu ainsi pour être grand public, alors que quelque part il clame son amour du genre en utilisant les références qui nous sont chères. Ceci semble confirmé par le bêtisier post-générique qui plombe la fin comme dans une banale JackyChanerie, alors que le climax de Scream girl est assez réussi et sympathique. Vraiment dommage. Note : 4-/ 6 CURTAIN – Rideau maléfique – USA – 2015 – Jaron Henrie-McCrea En compétition Pitch : Fatiguée de son rythme de vie, une jeune femme tente de repartir à zéro et emménage dans un nouvel appartement dont la salle de bain recèle un monstrueux secret : un rideau de douche qui ouvre sur une dimension parallèle… Faire d'un rideau de douche un passage temporel, il fallait oser. C'est ce qu’a fait Jaron Henrie-McCrea pour son 1er longmétrage. Alors que la plupart des festivaliers ont trouvé le film sans intérêt voire mauvais, j'ai pour ma part apprécié le film (j'ai peut-être des goûts de salle de bain...). En effet, ce tout petit film, financé notamment grâce à du crowfunding, fonctionne malgré tout sur ce postulat simple. On y croit dès la 1ère scène voyant un homme rentré chez lui et se suicider dans sa salle de bain qui semble être maléfique. Ce qui n'empêche pas Danni de s'installer dans l’appartement et de constater rapidement que tous les rideaux de douche disparaissent quelques instants après avoir été installés. En filmant la scène et avec l'aide de son ami Tim, ils parviendront à comprendre où atterrissement les objets disparus. On est clairement dans un cinéma minimaliste, très 65 indépendant à l'américaine avec seulement quelques lieux de tournage et peu d'acteurs. Néanmoins, la relation entre les personnages est crédible, les dialogues cohérents alors que la situation de départ peut interloquer. Curtain s'avère vraiment énigmatique car aucune explication rationnelle ne sera dévoilée. D'autant moins avec l'apparition d'un quatuor d'hommes menaçant Danni si elle continue à chercher à résoudre l'énigme de ce passage dimensionnel. Le film renvoie directement au 1er film de Jim Mickle, l'excellent Mulberry Street où un immeuble devenait le théâtre d'une contamination par les rats. Si Curtain est largement en deçà, du fait d'un script n'apportant pas de réponses et de son côté cheap, il ne faut pas non plus le jeter dans l'eau des toilettes sous prétexte qu’il ne donne pas toutes les clés. Son côté Quatrième dimension ésotérique sans effet de manche visuel (hormis les disparitions des rideaux très réussies) est assez bien retranscrit pour qu’on s’y intéresse. Sans jamais tomber dans le ridicule, Curtain est un 1er film intéressant malgré son amateurisme et quelques défauts évidents. Certes, on pourra lui reprocher son côté presque Z dans la dernière partie dans les bois quand on verra vraiment ce que deviennent les rideaux et la créature qui l'accompagne (dis comme ça, c'est sûr c'est bizarre...). Pourtant, votre serviteur a passé un bon moment devant ses rideaux de douche accrochés face à une porte maléfique. Note : 4-/ 6 un peu oublié de Sam Raimi ! Je ne me souvenais plus de la qualité du film et de sa dimension émotionnelle qui avaient dû m'échapper à l'époque. Tourné après Evil dead 2, Darkman est le 1er film de studios (ici la Universal) réalisé par Sam Raimi. Ne pouvant obtenir les droits de super-héros comme Batman, il décida de créer sa propre mythologie avec cet anti-héros masqué, aux antipodes de l'iconographie classique. Ce qui frappe aujourd’hui avec Darkman, c'est qu'il a finalement assez peu vieilli. Le film fonctionne encore très bien grâce à une multitude d'éléments à l'image des acteurs, du script et de la musique. En effet, si Darkman est souvent identifié comme matriciel des films de super-héros actuels, il va bien au-delà et s'impose avant tout comme un grand film de monstre. Malgré tous les aléas (Raimi voulait Bruce Campbell dans le rôle titre) pour la production du film, Sam Raimi garde sa liberté de ton et sa patine qui l'avait fait remarquer avec Evil Dead. Personnages décalés, cadrages en contre-plongée et gros plans incessants, tout renvoie au cinéma de Raimi qui parvient à créer un personnage hybride et référentiel. Darkman, c'est à la fois le Fantôme de l'opéra, Batman et la créature de Frankenstein. Peut-être même que cette dernière est la plus proche de l'essence même du personnage. Si Peyton Westlake (excellent Liam Neeson) s'enfante lui-même en recréant sa propre chair, il devient tout autant un être combattant le crime qu'une créature traquée pour sa monstruosité. DARKMAN – Super-héros monstrueux – USA – 1990 – Sam Raimi La Séance Culte Pitch : Brûlé vif et laissé pour mort par des gangsters à la solde d'un promoteur véreux, un brillant généticien va se venger de ses agresseurs. Quel plaisir de revoir sur grand écran ce grand film C’est ce côté-là qui frappe dans le film. Reclus dans son être intérieur, Darkman est un monstre à l'extérieur mais aussi à l'intérieur, tiraillé entre son humanité perdue et sa colère vengeresse. En ce sens, il se rapproche de Freaks, notamment dans la scène de la fête foraine lui explosant au visage sa condition de monstre de foire, surtout lorsqu'il tente de reconquérir Julie (Frances McDormand, Fargo) son amour perdu. Le film prend alors toute sa dimension tragique et émouvante. La dernière partie fait plus la part belle à l'action avec le climax en hélicoptère et sur la tour en 66 construction. On y retrouve le côté cartoonesque et l'humour de Sam Raimi, annonciateur d'une certaine manière d'un futur Spiderman. Mais là aussi, Darkman se mue en cousin éloigné de King Kong sur sa tour funèbre, combattant pour sa survie face à des hommes le raillant et remettant en cause son humanité. Sublimé par la musique de Danny Elfman en grande forme, Darkman s'impose, après une nouvelle vision, comme un des meilleurs films de super-héros mais surtout comme un des meilleurs films de monstres de l'histoire. Note : 5/6 BLIND SUN – Soleil grec – Grèce/France – Joyce A. Nashawati 2015 une multinationale ou encore le racisme évident de la population envers Ashraf. Peut-être par manque de moyens ou d'ambition, le film se cantonne à la maison et l'atmosphère brûlante régnant comme si l'apocalypse n'était pas loin. Du coup et à l'image du personnage, Blind Sun tourne en rond en restant coincé dans son postulat de film d’ambiance chaud et éthéré. C'est d'autant plus dommage qu’il y avait certainement tous les éléments à disposition pour développer une histoire plus ancrée dans le fantastique ou le film sociétal. Mais, sans un choix précis, le film se perd dans les Note : 3-/ 6 propres limbes qu’il a crée. – Le Complexe de Frankenstein – Documentaire – France – 2015 – Alexandre Poncet et Gilles Penso En compétition Pitch : La canicule frappe la Grèce. L'eau se fait rare. La tension est totale. Un immigré taciturne doit veiller sur la luxueuse villa d'une famille française qui l'a embauché. Mais le gardiennage va tourner au cauchemar. Pour son 1er long-métrage la réalisatrice, présente sur scène pour répondre à des questions des spectateurs, s'attache à décrire un monde dans un futur proche où l'eau devient une denrée rare et génère des conflits. Citant volontiers Le locataire de Polanski ou les œuvres de Ballard, Joyce A. Nashawati a des intentions louables qu'elle aura néanmoins du mal à mettre en pratique à mon sens. Visuellement, le film est très beau. Les couleurs ocres se fondent dans un paysage désertique méditerranée où la terre et les hommes sont brûlés en permanence par les rayons du soleil. Aveuglé par l'astre brillant, Ashraf (Ziad Bakri) l'est aussi par la réalité qui l'entoure. Venu pour garder la maison d'un couple de français en Grèce, Ashraf commence à apercevoir des ombres, des phénomènes bizarres autour de lui. Même si la réalisatrice s'en défend, Blind Sun est un film éminemment politique. Ashraf a des origines arabes qui lui confèrent un statut d'immigré en Grèce mais aussi auprès des Français qui le traitent comme tel alors qu'eux-mêmes le sont aussi de fait. Apatride, Ashraf semble perdu dans sa solitude et les événements qui se déroulent au-dehors. Blind Sun est avant tout un film sur l'isolement physique et moral et fait écho à des sentiments de n'être chez soi nulle part. Une fois ce background posé, Blind Sun a bien du mal à s’extirper de son script. Le problème est que le film ne recèle aucun enjeu majeur susceptible d'être développé. Le fantastique n’est qu’effleuré pour montrer la descente aux enfers de la folie du personnage, tout comme la mainmise de l'eau par Après un premier essai réussi sur un des maîtres et précurseurs des effets spéciaux (Ray Harryhausen, le titan des effets spéciaux), Alexandre Poncet et Gilles Penso remettent le couvert avec un documentaire sur les concepteurs d'effets spéciaux à l'ancienne comme Rick Baker ou Phil Tippett. Pour se faire, ils ont interrogé une dizaine de spécialiste anciens et plus jeunes. Très attendu par les amoureux du genre, Le Complexe de Frankenstein ne déçoit pas. Construit autour d'interviews des plus grands acteurs des effets spéciaux organiques et pas numériques, le film est un plaidoyer pour un cinéma aujourd’hui un peu dépassé. Il montre surtout la passion de ces artisans pour la conception de créatures. Comme ils le disent tous, pour eux c'est un mode de vie. Au fil des conversations, les différents artistes remontent le temps des effets visuels. De Willis O'Brien à Ray Harryhausen en passant par Stan 67 Winston, l'histoire de l'origine à l'évolution des techniques est racontée simplement et avec brio. Le film s'enchaîne sans temps morts alternant les dialogues entre un Phil Tippet semblant désespéré par la fin de son art, un Tom Wooldruf Jr goguenard ou un Guillermo del Toro croyant en l'avenir des effets spéciaux. Ce qui ressort surtout du documentaire c'est l'amour du cinéma lors de la conception de ces créatures merveilleuses. Tous le répètent, il faut envisager le monstre comme un personnage et non l'insérer dans un film comme un décor. Les réalisateurs parviennent à mettre en confiance tous ces magiciens, à tel point qu'ils se lâchent et racontent leur métier, et leur vie, sur un ton enjoué provoquant les rires. Notamment lorsqu’ils racontent des anecdotes de tournage ou cet échange savoureux entre Joe Dante et John Landis au sujet de Hurlements et Le loup-garou de Londres. Le document est alors passionnant parce qu’il met en lumière des gens passés d'un statut de star à celui de disparus des radars. Empreint de nostalgie, Le Complexe de Frankenstein dresse un constat assez triste sur la disparition de la plupart de ces techniques mécaniques au profit de CGI certes de plus en plus beaux. Sans angélisme, le film fait le portrait de la situation actuelle sans omettre que l'avenir passe par une fusion de toutes ces techniques (mécaniques et numériques) pour que le cinéma fantastique ne perde pas sa magie générée par des films comme The Thing ou Alien ont contribué à créer. Seul petit bémol, j'aurai aimé voir plus d'extraits de films pour illustrer les propos, mais le film aurait duré 2 heures de plus ! Note : 5/6 SOME KIND OF HATE – Horreur ado – USA – 2015 – Adam Egypt Mortimer En compétition Pitch : Un lycéen victime de harcèlement est envoyé dans un établissement pour jeunes à problèmes. Là, le fantôme d'une adolescente sème la mutilation et la mort… Pour son 1er film, Adam Egypt Mortimer traite du thème du harcèlement adolescent à l'école par le biais du slasher surnaturel. Enfin, c'est la note d'intention du réalisateur qui tente de construire son histoire autour de la résurrection de Moira Karp, revenue de l'au-delà pour se venger de tous les méchants qui persécutent les gentils... Une phrase un peu caricaturale mais résumant malgré tout le propos de ce film se cherchant une identité qu’il a bien du mal à trouver. Très vite le décor est planté. Lincoln (Ronen Rubinstein vu dans James Mark is dead) est un ado rebelle, et pas seulement la mèche. Son père est alcoolo et des petites frappes viennent lui mettre la tête dans la purée à la cantine. Et parce qu’il se venge à coup de fourchette, il finit dans un camp de redressement à l'américaine. C'est-à-dire à la campagne avec d'autres écorchés de la vie. Ce début de film rappelle d’ailleurs le plutôt sympathique Cold Water qui décrivait déjà la vie et les persécutions subies par des ados en semi-liberté dans une prison qui ne disait pas son nom. Dans Some kind of hate, les ados sont pris en charge par une équipe d'éducateurs New-age prônant le dialogue et des méthodes dignes d'une secte. Ce pan de l'histoire sera très vite éludée malgré la présence d’une ancienne élève en prof de gym taillée comme un mannequin sexy (Leni Atkins). On peut même dire qu’elle est négligée puisque le réalisateur préfère s'attarder sur le côté slasher de l'histoire. Alors que Lincoln continue à se faire harceler, il déclenche un peu artificiellement le retour de Moira, ancienne pensionnaire ayant subi elle aussi des avanies, prête à le venger et tuer tous ceux qui s'en prennent à lui. La 1ère partie du film est relativement intéressante quand elle se concentre sur les rapports entre jeunes dans la communauté, les disputes, les amitiés naissantes ou amoureuses comme avec la troublante Kaitlin (Grace Phipps vue récemment dans Tales of Halloween). La seconde se contentant de s'engouffrer dans le slasher avec des meurtres sans originalité particulière. L'idée intéressante du film n'est pas que de faire d'une jeune fille le boogeyman, mais surtout son modus operandi. Elle tue ses victimes en se scarifiant et se mutilant elle-même. Les blessures se répercutent et apparaissent alors sur les ados ne comprenant pas la situation. Si la symbolique de la vengeance par procuration tient la route avec cette 68 jeune fille recouverte de sang, portant des lames de rasoirs autour du cou, l'interprétation de Moira laisse quelque peu à désirer. Sierra MacCormick peine à rendre crédible son personnage et surjoue la détresse de façon un peu gênante. Certes, elle n'est pas aidée par un script qui lui donne un côté surnaturel et en même temps organique nuisant à la crédibilité de l'ensemble. Sans compter les incohérences du scénario quant à sa découverte comme s'il manquait certaines scènes, ainsi que sa difficulté de gestion de lieu et de temps. Mais où sont les éducateurs alors que les jeunes sont toujours seuls ? Au final, Some kind of hate est somme tout divertissant sans jamais atteindre les hauteurs émotionnelles envisagées au départ. Ce n'est pas non plus le côté horrifique qui l'emporte malgré les débordements sanglants tant les meurtres sont prévisibles dans une dernière partie finalement très conventionnelle. Note : 3 / 6 INCIDENTS DE PARCOURS (MONKEY SHINES) – Singe méchant – USA - 1988 – George A. Romero La Séance Culte Pitch : Un jeune homme tétraplégique reçoit un singe capucin en guise d'aide médicale. Mais l'animal va bientôt révéler une nature pour le moins dangereuse... Tourné 3 ans après Day of the dead, Incidents de parcours constitue la première expérience de films de studios pour Romero. Malgré une production difficile, le métrage est très réussi est s'avère bien différent de son œuvre zombiesque, même si on retrouve certaines de ses obsessions et sa dénonciation en filigrane de la société. Le film commence avec l'accident d'Allan (Jason Beghe) l'amenant à sa tétraplégie et sa nouvelle vie dans un fauteuil auprès de sa mère et de son ami Geoffrey (John Pankow), chercheur dans une unité expérimentale avec des animaux. C'est ce dernier qui sera à l'origine des dons du petit singe, Ella, par l'injection quotidienne d'une décoction à base de cerveau humain. Si le film est un peu lent à démarrer, c'est pour mieux nous présenter les personnages et introduire notamment Mélanie (Kate McNeil) la jeune éducatrice de singes qui va aider Allan dans son quotidien. Une empathie peut-être accentuée par les studios mais nécessaire à la suite. La montée de la tension du film est remarquable. Alors qu'on s'attache aux personnages et à ce petit singe capucin véritablement adorable et capable de faire des gestes extraordinaires du quotidien, Incidents de parcours se pare du costume du thriller science-fictionnel avec une facilité déconcertante. Limité à quelques lieux, notamment la maison d'Allan dans sa dernière partie, le film grandit à l'image du singe qui devient de plus en plus intelligent comme dans le remake récent de la Planète des singes. A la différence de Max mon amour d'Oshima, le métrage prend des allures fantastiques lorsque les esprits du singe et d'Allan commencent à rentrer en symbiose. Même si les explications scientifiques sont absentes, le film bascule dans le slasher au travers des yeux du petit singe en caméra subjective à l'instar du magnifique Wolfen. La dernière partie est en tout point maîtrisée en matière de suspens lors de la confrontation finale entre le singe et les humains. Sur le fond, Romero dénonce la condition animale et les expérimentations. Les chercheurs sont présentés comme des sadiques sans scrupule. Il interroge également sur le rapport de l'homme à son animalité. Entre anthropomorphisme et sentiments amoureux, la frontière est ténue, voire inconciliable quand Allan, projeté dans l'esprit d'Ella, devient un être méchant et animé par ses instincts primaires. Il donne aussi une vision sans angélisme du monde du handicap et de sa difficile acception par les proches au travers du personnage de la mère possessive et de sa femme partie compter fleurette au docteur réconfortant (Stanley Tucci). La fin du film fait mal à tous les sens du terme, le réalisateur n'hésitant pas à montrer les coups et la folie qui s'emparent de tous les protagonistes. Incidents de parcours est donc un film important dans la carrière de Romero même si on retient surtout aujourd’hui ses films de zombies. Le film est à redécouvrir pour sa montée de la tension crescendo, le jeu des acteurs et surtout du petit singe capucin complètement crédible dans les moments tendres et dans sa folie meurtrière. A tel point qu’il en devient un parangon de films d'agressions animales en terme de rendu visuel frontal. Note : 4+/ 6 69 EVOLUTION – France/Espagne/Belgique 2015 – Lucile Hadzihalilovic – Pitch : Nicolas, onze ans, vit avec sa mère dans un village isolé au bord de l’océan, peuplé uniquement de femmes et de garçons de son âge. Dans un hôpital qui surplombe la mer, tous les enfants reçoivent un mystérieux traitement. Nicolas est le seul à se questionner. En compétition et en présence de la réalisatrice et de l'actrice Roxane Duran. amateurs du genre parviendront à utiliser. Le jeu tout en retenu des acteurs notamment du petit garçon Max Brebant, de ces mères de substitution comme Roxane Duran ou Marie-Julie Parmentier, donnent au film une démarche déroutante et fascinante. Si on se sentait un peu rejeté par le style très auteur du début, rappelant par là-même sur le visuel et les thématiques, l’adaptation cinématographique de La possibilité d’une île de Houellebeck, Evolution gagne ses galons de film étrange teinté d'un fantastique sobre mais prégnant et réaliste tout en gardant une pointe de mystère. A l'image de ses femmes se lovant au bord de la mer dans une très belle scène sensuelle, Evolution est un film éminemment sensoriel qui touche par son esthétique formelle et par son propos très original, voire déstabilisant quant à l'utilisation qui est faite des petits garçons. On n'a rarement vu ça au cinéma et pourtant, le film fonctionne sur cette dualité d'être interpellé dans sa condition masculine et d'être fasciné par cette singularité et cette liberté de pensée. Note : 4+/ 6 Lucile Hadzihalilovic qui s'est fait connaître par son moyen métrage La bouche de Jean-Pierre et surtout par son long-métrage très dérangeant Innocence, revient avec ce film par le biais du fantastique au sens large. Genre dont elle est fan et qu’elle retranscrit avec esthétique et brio dans Evolution. Il faudra se laisser porter par le mouvement des flots du début et une 1ère partie très hiératique où le rythme lent du récit et des personnages presque mutiques concourent à installer une atmosphère très étrange. Bénéficiant des décors de l'île des Canaries, Evolution baigne dans une ambiance tout à la fois éthérée et visuellement magnifique, s'opposant au dénuement du village attenant à la mer ainsi qu’à la pauvreté des maisons et des pièces. Le spectateur ne sait pas où il se trouve et ne comprend pas le ballet incessant de ses jeunes filles d'une étonnante ressemblance et revêtues de la même robe qui s'occupent de jeunes garçons avec soucis et autorité. Entre réalité et fantasme, le film se cherche une identité basculant du film d’auteur à la française à un fantastique poétique et perturbant. Parce que ces femmes infirmières cachent un secret lié à leur condition humaine proche de l'hybridation. Pas de Docteur Moreau pour des expériences d'hybridation mais plutôt un monde semblant peuplé uniquement de femmes au dos recouvert de ventouses à l'image des étoiles de mer dont l'iconographie se retrouve partout. A la beauté du film, le scénario répond par une avarice d'explications, laissant le spectateur à sa propre interprétation grâce à quelques clés que les THE VIRGIN PSYCHICS – Comédie érotomane – Japon – 2015 – Sono Sion Pitch : Un lycéen encore vierge se découvre des dons télékinésiques. Mais il n'est pas seul et va être rejoint par d'autres « super-puceaux et pucelles » prêts à faire exploser leurs pouvoirs et... leur libido ! Sono Sion nous livre un énième opus (le 4e déjà cette année qui devrait en comporter 5 si les comptes sont bons) avec cette adaptation live d'un manga. Enchaînant les tournages à la chaîne, le réalisateur est capable d'accoucher d’œuvres intéressantes comme Suicide club ou Love Exposure, comme de films très irritants à l'image 70 du récent Tokyo Tribe. C'est dans cette 2e catégorie qu'émarge The virgin psychics. Une pochade bien conne où la masturbation est au centre de l'histoire. C'est dire... The virgin psychics donne au spectateur ce qu'il est venu voir. Des donzelles en sous-vêtements et à la poitrine opulente. C’est à peu près tout ce que le film recèle en fait. Le scénario n’est qu’un prétexte à montrer de jeunes filles presque nues où même quand elles sont habillées, un coup de vent soulève leurs jupes pour faire apparaître une culotte blanche. Certes, le spectacle est visuellement agréable (et un film culte pour les pervers) mais 2 heures de nichons engoncés dans des soutiens-gorges trop petits ne font pas un film. Ce qu’on peut accepter d’un manga (et encore) ne passe pas vraiment le cap du live. Déjà entrevu dans l'inégal Tag, les obsessions pour le corps féminin de Sono Sion sont bien évidentes et manquent, à la longue, de subtilité. Je ne suis même pas certain que le film soit une dénonciation de quoique se soit, du rapport des adolescents et des adultes japonais au sexe et de l'utilisation des femmes comme icônes sexuelles ou plus précisément esclaves sexuelles. Il n'y a aucune déviance là-dedans, juste une drôle d'approche de la sexualité qui semble vu comme une addiction, une tare ou une capacité à obtenir des pouvoirs psychiques. C'est un peu faible comme postulat et son traitement ringard et dénué d'ambitions ne plaide pas en faveur d'un réalisateur qui pourra toujours se targuer de son côté punk et je je-m’en-foutiste. Pourquoi critiquer les American Pie ou autres purges des frères Wayans, alors que The virgin psychics est du même acabit. Il n'est pas meilleur parce qu'il est japonais. Note : 1 / 6 DER NACHTMAHR – E.T. – Allemagne – 2015 – Akiz En compétition Pitch : Une jeune adolescente fêtarde voit sa vie changer du jour au lendemain suite à l'apparition d'une créature à laquelle elle est physiquement liée. Akiz est un artiste allemand à la fois sculpteur et peintre qui réalise ici son 1er film. La genèse de son métrage provient de la créature qu’il a sculpté et a désiré faire vivre à l'écran. Une idée qui peut sembler saugrenue mais le rendu s’avère néanmoins abouti. Le film commence de manière très classique en suivant la virée nocturne d’un groupe d'adolescents dans une soirée techno où la musique et les effets stroboscopiques se mélangent à l'alcool et aux drogues. Même le spectateur subit la violence des images et un son volontairement trop fort pour l'immerger totalement dans le quotidien de ces jeunes. Un parti pris qu’on retrouve également dans sa façon de filmer, caméra à l'épaule, au plus près des acteurs. C'est dans cette ambiance que Tina (excellente Carolyn Genzkow) est renversée par une voiture. Alors qu’on la pensait morte, elle se relève et rentre chez elle. Un choc frontal dont il est impossible de se remettre mais qui semble n’être qu’un rêve, transformé en malaise. Pourtant, sa réalité ne sera plus la même. En effet, Tina commence à voir une petite créature, d'abord boulotter devant le frigo puis dans sa propre chambre. Prise de peur, elle essaie d'en parler à ses parents qui ne la croient pas. Der Nachtmahr s'inscrit dans la tradition des films où des ados se rebellent contre leurs parents. Cette petite créature ressemblant à un fœtus avec un visage de vieillard peut être vu comme une extrapolation du sentiment de mal-être de Tina, concrétisant de manière organique le difficile passage à l'âge adulte. Plus prosaïquement, le film est une version alternative allemande et un peu trash d'ET de Spielberg. Débarquant de nulle part et sans aucune violence, la créature s'immisce dans le quotidien de Tina comme un petit animal de compagnie passant son temps à chercher de la nourriture. Pourtant, tout bascule quand les parents 71 de Tina découvrent ce petit être inoffensif et le confie aux autorités. On retrouve les mêmes scènes et le même sentiment d'abandon que dans ET, d'autant plus que les deux sont reliés physiquement. Chaque coup que reçoit la créature, Tina les ressent. Considérée comme une folle par ses parents, multipliant les rendez-vous chez le psy, et par ses amis qui la rejettent, Tina se replie sur elle-même et sombre progressivement dans un cauchemar éveillé. Alors que le film pourrait tendre au ridicule, Der Nachtmahr fonctionne parfaitement du fait de la proximité avec les personnages, de la qualité du scénario et de l'approche très originale du propos. On ne saura vraiment jamais si c'est une réalité déformée ou un rêve post-mortem suite à l'accident de Tina. En effet, certains indices montrent que l'adolescente fantasme sa réalité à l'image de la fin du film remettant tout en cause. Pas si mal pour un film sur la jeunesse au travers des yeux globuleux d'une créature. avec la fille, ce survivant (le convaincant Martin McCann vu dans 71) recrée le simili d'une famille perdue dont les souvenirs rejaillissent par instants. Une nouvelle vie faite de suspicions, de regards en coin où l'attention est multipliée par trois. Sans effets de manche, le réalisateur crée une réelle empathie pour ses personnages. On a vraiment peur pour eux quand des intrus s'approchent ou les menacent physiquement. Certes, le rythme est assez lent, laissant une grande part au bruit de la nature pour faire ressortir l'isolement de ces humains et mettant en exergue toutes les anomalies possibles. Visuellement, le film est aussi très beau, proche du naturalisme et d'une esthétique rappelant l'adaptation de La Route de Cormac McCarthy. Note : 4 / 6 THE SURVIVALIST – Post-apo boisé – UK – 2015 – Stephen Fingleton En compétition et en présence du réalisateur Pitch : Dans un monde post-apocalyptique, un homme s'est établi dans une cabane en pleine forêt. Mais l'arrivée de deux femmes en quête de nourriture va bousculer sa discipline de vie. Le post-apo est un genre ultra-rabaché dont il n'est pas facile de s'extraire pour proposer des œuvres originales. The Survivalist en est une. Sur un ton minimaliste, Stephen Fingleton parvient à instiller une ambiance oppressante au milieu d'une forêt accueillante où le danger semble partout présent. Après une introduction à l'aide de deux courbes montrant que la vie a basculé dans le chaos et que la population a chuté en nombre, le film débute par une vingtaine de minutes sans parole en suivant au plus près la vie de ce survivant mutique dont chaque geste est mû par la peur notamment quand il travaille à son petit jardin. Chaque jour, son quotidien est rythmé par les mêmes gestes, la même attention de l'extérieur, des bruits. Le réalisateur a d'ailleurs tenu à un son mono pour que le spectateur se concentre sur l'écran et a réalisé la plupart des sons en post-production. Ainsi, quand découvre une mère (Olwen Fouéré) et sa fille (Mia Goth), son quotidien est chamboulé. Pour cet homme reclus dans une cabane depuis 7 ans, difficile de ne pas avoir peur de l'étranger et des menaces liées à la faim. Après négociations et contre des relations sexuelles Malgré le manque de moyens et le peu de personnages, Stephen Fingleton crée une ambiance réaliste et angoissante notamment lors de l'attaque de la cabane sans que l'on voit les assaillants comme dans un film de morts-vivants, ou encore dans cette scène très réussie où la caméra survole les champs. Si la fin du film tourne à l'affrontement armé assez classique dans le genre, The Survivalist atteint son but malgré une économie de moyens à l'écran mais avec un esprit jusqu’au-boutiste bienvenu. Note : 4 / 6 72 DEATHGASM – Comédie métallique – Nouvelle-Zélande – 2015 – Jason Lei Howden Séance interdite Pitch : Une bande de hardeux réveille un démon en jouant la partition de trop. À eux de gérer le chaos ambiant et d'inverser le maléfice. Le métal et l'horreur vont de pair dans le cinéma. Jason Lei Howden, expert en effets spéciaux chez Weta notamment pour The Hobbit, n’y va pas avec le dos de la guitare électrique pour défoncer des humains transformés en démons avec la hargne d'un riff bruyant et l'amour d’une musique qu’il cherche à mettre en avant. Deathgasm est avant tout un film de potes à la bonne humeur contagieuse qui suinte d'une déférence à l'horreur et au death metal. Le film est très drôle dès son entame quand on suit Brodie, qui a le métal dans la peau, dans sa nouvelle vie chez son oncle et dans son école. Entre brimades et séduction, il s'accoquine avec un vrai métalleux du coin Zakk. Un duo bientôt rejoint par les deux geeks pratiquant les jeux de rôles pendant les pauses. Ce n'est pas pour rien que ces deux cultures se rejoignent car elles proviennent du même imaginaire et font preuve du même rejet. La qualité de Deathgasm est rendre un hommage appuyé à un univers, un art de vivre et une musique rarement mis en lumière, hormis pour se moquer. Grâce à des dialogues référentiels et des séquences hilarantes, le réalisateur parvient à créer une empathie pour ses personnages irrévérencieux mais au final attachants. La 1ère moitié installant les personnages est à ce titre très réussie en jouant sur les codes d’une culture souvent caricaturée et dénigrée à cause des valeurs défendues. Jason Lei Howden s'amuse de cette iconographie pour mieux la détourner et lui rendre un hommage appuyé au travers de morceaux de musique que les amateurs reconnaîtront sans doute. La 2e partie se transforme alors en film gore où on déboîte du démon à coups de tronçonneuses ou de sex-toys. Comment ne pas penser à Bad Taste et Brain dead de Peter Jackson, compatriote du réalisateur. Sans atteindre la folie gore de Jackson, Deathgasm se lâche sur la bidoche et le sang lors de scènes ultra gore où la violence visuelle est toujours compensé par un humour vachard et irrésistible. Les têtes et les membres volent avec bonheur sous les ores d’une musique de death metal avec une jubilation communicative. Malgré une baisse de rythme évidente en son milieu, Deathgasm balance du lourd en terme d'action débridée et nous renvoie aux plus belles heures d’un cinéma de divertissement excessif et magnifique. A l'image d'un Shaun of the dead, les dialogues et les allusions référentielles sont pléthores et, quand il peut, le réalisateur se charge de redonner ses lettres de noblesse à la musique qu’il défend à grand coup de tronçonneuse dans le fion avec cri de ralliement à la clé. Une attention particulièrement applaudie et appréciée par la salle toute acquise à la cause du réalisateur. Au final, Deathgasm est un vrai divertissement drôle et gore qui transpire bon les années 80 et l'atmosphère des salles enflammées, des cheveux longs et des pentagrammes, chères aux métalleux, surtout belges qui font voler leurs cheveux gras dans les cryptes toxiques. A ce propos, je fais un lien vers le dossier réalisé par Rigs Mordo dans sa Toxic Crypt intitulé Terreur métallique! Dossier Metal et Horreur, où Deathgasm aurait forcément sa place. Note : 4+/ 6 73 DON'T GROW UP – Infection adulte France/Espagne – 2015 – Thierry Poiraud – En compétition et en présence du réalisateur Pitch : Laissée à l'abandon par leurs surveillants qui ont mystérieusement disparus, une petite bande de délinquants juvéniles fait les 400 coups dans son centre de redressement. Un virus frappe alors les adultes qui deviennent enragés et attaquent tous ceux âgés de moins de 18 ans… Après un Goal of the dead remarqué, Thierry Poiraud, délaissé de son frère avec qui il avait réalisé le surprenant Atomik Circus, revient au cinéma avec ce film fantastique flirtant avec plusieurs genres pour un résultat assez moyen. Sans être mauvais, force est de constater que Don't grow up a bien du mal à se sortir de l'étau étriqué du film d'infectés dans lequel il s'est lui-même placé. Formellement, il n’y a pas grandchose à dire. La caméra de Thierry Poiraud est sobre et les séquences lisibles. Tout comme la photographie et les grands angles choisis pour rendre justice aux paysages à la fois désertiques ou maritimes des îles Canaries. Là où le bas blesse, c’est que le scénario ne propose pas énormément d’originalité dans son propos et sa réalisation. Le film renvoie à d’autres références cinématographiques sans apporter sa patte personnelle à l’univers présenté. Dès le départ, les délinquants abandonnés par les surveillants dans leur centre font penser à la série Misfits ou à Wilderness de Michael J. Basset. Une entame chargée de caractériser les personnages qui tourne un peu en rond jusqu’à que ces ados rebelles, dont le héros principal (Fergus Riordan vu dans Fragile) est encore sous le coup d’un trauma enfantin, décident de faire une virée en ville. Bien mal leur en prend puisque la cité n’est plus qu’un lieu de désolation où les cadavres jonchent le sol dans un chaos apocalyptique. La bonne idée du film est d'infecter les adultes tandis que les enfants sont épargnés. Si on ne saura jamais l’origine du mal commençant par des saignements d’oreilles, l’infection se traduit par une extrême violence irrépressible envers ceux qui ne sont pas touchés, les enfants. Une sorte de Révoltés de l'an 2000 mais inversé. Le film est plutôt une relecture de The Crazies de Romero avec en plus la distinction juvénile. Malheureusement, une fois que l'on a compris ce postulat, Don't grow up ne parvient pas à déployer des enjeux autres que la survie du groupe des six ados présentés au départ. De la même manière, la 1ère partie n’a pas suffisamment créée d’empathie pour les enfants et de fait, leur sort nous importe peu, notamment la naissance de l'histoire d’amour qui ne provoque pas l'émotion attendue. En ville, le scénario se permet quelques embardées sanglantes et des séquences de violence tout à fait correctes, mais se perd peu à peu, à l’image des survivants errant dans le désert, à la recherche d'une porte de secours. La 2e moitié du film est à ce titre assez pauvre en rebondissements. Les seuls événements sont très prévisibles comme le fait que les enfants survivants pourchassent les adultes ou que certains éléments du groupe initial basculent vers l'âge adulte de façon impromptue. Au final, Don't grow up se laisse regarder avec le sentiment que le cinéma français de genre a de réelles difficultés à exister. Certes, le résultat n'est pas infamant au regard du budget certainement anémique, mais le film manque d'ambitions pour trouver sa place dans un marché saturé par la kyrielle de productions du même style. Note : 3 / 6 BRIDGEND – Ados suicidaires – Danemark – 2015 – Jeppe Rønde En compétition et en présence du réalisateur Pitch : Une jeune fille et son père officier de police emménagent dans le comté de Bridgend, au sud du Pays de Galles. Dans ce coin pluvieux et morose, les jeunes habitants sont frappés par une « malédiction du suicide » polarisant toute l'attention des parents et des institutions. Basé sur l'histoire vraie des suicides réguliers et inexpliqués de 79 enfants depuis 2007 dans la commune de Bridgend au Pays-de-Galles, le film fait froid dans le dos. Surtout quand on sait que le réalisateur, documentariste ayant aussi vécu sur place, a tourné à Bridgend avec certains jeunes ayant réchappé au suicide. La très belle première scène qui suit un chien dans les bois découvrant un jeune pendu à un arbre donne le ton du film, âpre et sans rédemption aucune. Il règne une atmosphère chargée et sombre dans la ville où ces jeunes adultes à peine sortis de l'enfance basculent dans le néant en se donnant la mort sans aucune raison 74 particulière. C'est que vont découvrir Sara (Hanna Murray, vue dans les séries Skins et Game of thrones) et son père (Steven Warrington, The Sweeney) revenus en ville après avoir fait un séjour à Bristol. Lorsque Sara intègre un groupe de jeunes fêtards bruyants, elle pénètre surtout dans une sorte de sectes dont les membres se suicident les uns après les autres. Alors que l'omerta s'applique, Sara se rapproche de Jamie (Josh O'Connor, The Riot Club) au grand dam de son père policier de son état. Sous la férule de leur leader Thomas, ils se réunissent dans les bois pour se saouler et finir par se jeter nus dans un lac comme pour se laver de leur pêchés. Leur attitude pour le moins étrange est accentuée par le fait qu’ils hurlent le nom des disparus devant les lieux de leurs actes macabres, comme une horde de loups-garous pleurant leurs amis. On a le sentiment que le sort de ces jeunes est sans issue, et même les parents semblent avoir accepté la fatalité comme s'ils étaient dépassés par les événements. Jeppe Rønde ne donne pas vraiment d'explications et ne prend pas partie sur les causes de ce mal-être. Seul un réseau social, où sont inscrits des épitaphes, est l'endroit où les membres du groupe s'expriment et appellent presque au suicide. Jusqu’au bout l'atmosphère reste pesante malgré les nuits d'alcool festives et rien ne parvient à changer le cours d'un destin tracé dans le morbide et la tragédie. Au final, Bridgend est un drame social sur le suicide qui, sans misérabilisme, donne une vision glaçante de la jeunesse, perdue dans sa folie destructrice. On pourra reprocher une forme de voyeurisme et de complaisance de la part du réalisateur, mais son film est sans concession, à l'image de la très belle dernière séquence froide et onirique. Note : 4 / 6 SOUTHBOUND – Anthologie horrifique – USA – 2015 – Roxanne Benjamin, David Bruckner, Patrick Horvath et Radio Silence Pitch : Le sud des États-Unis, une route poussiéreuse, cinq histoires cauchemardesques aux liens secrets. Les films à sketchs horrifiques sont de nouveaux à la mode depuis quelques années à l'image de The Theatre Bizarre ou la série des VHS, où ont notamment participé comme réalisateur David Bruckner et Radio Silence ou producteur en la personne de Roxanne Benjamin. Patrick Horvath ayant réalisé The Devil's Pact. C'est dire si les réalisateurs de Southbound sont rodés à l'exercice. Et cela se voit à l'écran. La bonne idée du film est de situer les quatre segments dans un même lieu, en l'occurrence le sud désertique des Etats-Unis, et de les relier entre eux par un personnage ou un événement comme un passage de témoin. Ce qui a pour conséquence de fluidifier le récit. Le 1er segment introductif voit la fuite de deux hommes ensanglantés et poursuivis par des espèces de créatures ressemblant à de grandes faucheuses dans une ambiance à la Quatrième dimension où les boucles temporelles empêchent nos héros de s'enfuir. Quelques minutes d'angoisse saignantes dans la tradition de la série de notre enfance. Le suivant est certainement le morceau le plus faible. Il voit un groupe de filles passer la nuit chez une famille à l'allure très bizarre, tout droit sorti des années 50 et adepte de sciences occultes. Un film qui n'apporte pas grand-chose au final. En revanche, « L 'accident » est le meilleur moment de Southbound. Réalisé par David Bruckner, il raconte le calvaire d’un homme ayant renversé une fille. Conduit aux Urgences par une opératrice de la police, il se retrouve dans un hôpital désaffecté. Rythmé, bien écrit, le film est un petit bijou d’horreur et de scènes gores très réussies, notamment une séquence d’opération à poumon ouvert particulièrement impressionnante. Le film fleure bon le fantastique et s’avère comme la réussite de l’anthologie. Le suivant est aussi en dessous du reste du film. Il voit un homme débarquer dans un bar pour retrouver sa sœur disparue. Avec l’aide du barman, il parviendra à la retrouver au prix d'une descente aux enfers et d’un voyage dans le désert mouvementé. Si les effets visuels sanglants sont de qualité, cet opus ne laissera pas un souvenir impérissable. Ce qui n’est pas le cas du dernier « Jailbreakers » qui s'apparente à un home invasion où trois personnes revêtus d'un masque tentent de pénétrer la maison d'un couple et de leur fille. Evidemment, l'assaut tourne mal et vire même à l'horreur avec une apparition inopportune pour les agresseurs. Au-delà de sa qualité, ce dernier segment fait le lien avec le tout premier et remet en place les pièces du puzzle. 75 Au final, Southbound est une anthologie horrifique qui mérite une petite vision notamment pour les deux segments cités grâce à son ambiance à la Twilight Zone. Sans compter des séquences horrifiques violentes qui lui donnent un aspect de fantastique à l'ancienne (la musique est à l'unisson), rehausse par des effets gores du plus bel effet. Note : 4+/ 6 L'ENFANT MIROIR (THE REFLECTING SKIN) – Poésie macabre – UK – 1990 – Philip Ridley Séance culte en présence du réalisateur Pitch : Dans l'Amérique rurale des années 50, un enfant rêveur et farceur, élevé par un père violent et une mère abusive, échafaude des hypothèses farfelues à propos des villageois qui l'entourent. Il est ainsi convaincu que la vieille dame qui vit seule sur le bord de la route est un vampire... Philip Ridley a été peu prolixe au cinéma. Malgré tout, ses trois réalisations sont mémorables à l'image de The darkly noon en 1996 et Heartless en 2009. L'enfant miroir est son 1er film réalisé en 1990 et recèle toutes les obsessions de son auteur. Amour, mystère et mort se côtoient dans un ballet onirique et tragique pour le plus grand bonheur du spectateur. Dès sa 1ère scène, magnifique de beauté où les paysages de champs de blé se confondent avec l'horizon, le réalisateur donne le ton d'un film qui oscillera en permanence entre les genres pour créer une atmosphère tout à fait particulière de l'Amérique des campagnes des années 50. Au milieu d'un paysage plat, quelques fermes trônent comme des châteaux hantés où se terreraient des monstres ou des vampires. C'est ce que croit le petit Seth (Jérémy Cooper) obsédé par les créatures de la nuit. Il fait de sa voisine Dolphin (Lindsay Duncan) un vampire à cause du livre qui lit son père, de sa peau diaphane et de ses petites lunettes pour se protéger du soleil. Mais les rêveries de Seth sont un prétexte à développer des thématiques bien plus tragiques. Vu à hauteur d'enfant, la réalité est déformée par des explications fantastiques comme si Seth ne voulait pas voir l'indicible. Dans cette Amérique pudibonde et repliée sur elle-même, L'enfant miroir évoque la pédophilie au travers de cette voiture noire traversant les routes sableuses, telle un corbillard où s'engouffrent les enfants pour ne jamais revenir. Même le père de Seth est accusé de déviance et d'homosexualité par une population qui ne cherche que des bouquémissaires pour se venger. L'enfant miroir est un film sur le douloureux passage de l'enfance à l'âge adulte. Au fond, Seth s'invente des histoires parce qu’il ne veut pas grandir. Dans cette folie ambiante, le retour du frère de Seth, Cameron (juvénile Viggo Aragorn Mortensen), pourrait être vu comme une bouffée d'oxygène. Or, son destin est aussi scellé par les bombes nucléaires qu’il a côtoyé de trop près. Avec subtilité, le réalisateur évoque les désastres de l'atome grâce aux yeux de Seth qui pense que son frère dépérit à cause de la femme vampire avec laquelle il commence une relation. Comme une tragédie Shakespearienne, il n'y a pas d’échappatoire à l'instar de ce lieu battu par les vents ressemblant à un enfer sur Terre. L'enfant miroir est aussi une merveille visuelle. Chaque plan est un tableau où les couleurs ocres du blé s'insèrent à l'écran avec une précision et une beauté ciselée par son auteur véritable artiste de l'image. Philip Ridley dira qu’il s’est inspiré des Moissons du ciel de Terrence Malick pour la conception des paysages. Il évoquera aussi La Nuit du chasseur et un David Lynch auquel il emprunte la façon déformée de parler de sujets graves. Porté par une musique extraordinaire de Nick Bicât, L'enfant miroir est un grand film qu'il est impératif de découvrir ou de revoir pour apprécier la qualité du travail d'un Philip Ridley peu présent sur les écrans et qui manque au cinéma. Note : 5 / 6 GREEN ROOM – USA – 2015 – Jeremy Saulnier Pitch : En concert dans une salle tenue par des suprématistes blancs, un groupe de punk rock est témoin d'un meurtre et va devoir survivre face à une bande de skinheads sanguinaires décidés à liquider tous les témoins. 76 Jeremy Saulnier est le réalisateur américain qui métrage qui se veut pourtant un émule d'Assaut de monte. Remarqué avec son 1er film Murder Party Carpenter, mais qui a du mal à s'extraire de son en 2007, il passe un cap avec son très bon Blue carcan de film de huis-clos. Entre palabres des Ruin en 2013. C'est donc avec impatience que tous enfermés et discussions pour savoir qui envoyés les cinéphiles attendaient son nouvel opus présenté chez les skins, Green Room perd son essence à Cannes en 2015. Parce qu’installer des punks et malgré le déferlement de violence, de têtes des skins heads dans un lieu clos, forcément cela fait explosées, de gorges arrachés sous les crocs de des étincelles. pitbulls ou de ventre découpé au cutter. Un peu à Si la mise en place du récit est satisfaisante pour l'image de la fin du film où de manière inconsidérée, nous présenter un groupe de rockers un peu loosers les survivants pourchassent les skins comme s'ils mais assez sympathiques, elle n'est que le prélude à étaient dans un parcours de paintball, alors qu'ils un déferlement de violence lorsque ces derniers vont n'ont aucune compétence pour ça. se retrouver dans l'antre de la bête. Parce qu'ils se Au final, Green Room est loin d'être le grand film sont au mauvais endroit au mauvais moment, Green annoncé partout, du fait surtout de son scénario non Room se transforme rapidement en huis-clos. tenu qui prend des chemins très originaux nuisant à Enfermés dans les loges avec des skins ayant tué la véracité de la situation. Dommage, car le postulat une des leurs, le groupe n'a pas d'autres solutions de départ était intéressant et promettait une petite que de tenir le siège alors que la bande d'enragés au série B bien énervée. Ce qu'elle est sur le plan crane rasé menace à l'extérieur. formel et ravira les amateurs de polar hard-boiled. Formellement, le film est réussi. La photographie et les effets visuels gores sont au diapason de Note : 3+/ 6 personnages hauts en couleur où on reconnaît notamment Anton Yelchin (Burying the ex), Palmarès du PIFFF 2015 : Imogen Poots (A very englishman) et Patrick Stewart, en autre éternel Capitaine Picard de la série Prix du public : Star Trek, ici un peu sous-exploité. De la même Oeil d’or Prix du meilleur film: DON’T GROW UP manière, la caméra du réalisateur est agile se glisser de Thierry Poiraud dans chaque interstice et pour garder le rythme Prix Ciné+ Frisson du meilleur film : malgré l'enferment. En revanche, le film pâtit d'un scénario où les ellipses et les non-sens ne rendent EVOLUTION de Lucile Hadzihalilovic pas très crédibles l'action et sortent le spectateur du film. Ainsi, la gestion Bilan personnel du PIFFF 2015 : de la situation par les skins est gonflée Cette 5e édition s'achève après avoir débuté dans un contexte particulier lié aux artificiellement. événements du 13 novembre. Il faut saluer les organisateurs qui malgré tout ont Pourquoi, alors qu’ils maintenu le festival s'avérant au final un succès populaire avec plus de 8 000 sont nombreux et entrées. surarmés, ne prennentJ'ai pour ma part pu visionner au total 18 films dont la totalité de la compétition ils pas d’assaut la pièce ? des longs-métrages. Une sélection relativement homogène mais sans éclat d'où Le personnage de Patrick n'a pas émergé de révélations fracassantes. Pour l’œil d'or, j'aurai hésité entre Steward se retire Evolution et Der Nachtmahr avec une mention spéciale à Curtain, tout petit rapidement et laisse ses budget réalisé pour 3 cacahuètes et capable de créer un suspens prégnant. acolytes rentrer un par Pour les très bons films, il fallait se tourner vers les séances cultes pour se un pour se faire buter rendre compte que Darkman, Incidents de Parcours, The Thing et dans le chaos alors que L'enfant miroir n'ont pas de soucis à se faire par rapport à la concurrence. l’organisation d’extrême Au rayon nouveauté, ce sont dans les sections parallèles que se trouvaient les droite est très organisée. meilleurs films comme le documentaire passionnant sur les effets spéciaux Le La situation est à ce Complexe de Franckenstein, le bien fendard métalleux goresque point confuse qu’on ne Deathgasm et le bon film à sketchs Southbound. Des films hors compétition comprend pas pourquoi qui avaient largement leur place dans la sélection et auraient remporté la police repart si vite ou l'adhésion des festivaliers. En tout cas plus qu'un Bridgend, certes pas dénué qu'un des assaillants de qualité, mais qui n'avait nullement sa place en compétition, ne possédant choisit de changer de aucune approche fantastique. camp trop rapidement Pour cette première édition dans les murs du grand Rex, le festival est en cours de film. Des globalement satisfaisant et je me réjouis déjà d'une 6e édition ! scories qui plombent le 77 Retour du festival du film coréen de Paris pour sa 10e édition (un anniversaire rappelé par une bandeannonce très très... ringarde et applaudie par certains... avant chaque projection). Au menu cette année, de la comédie musicale, du cinéma romantique, des classiques et les derniers films en vogue au pays du matin calme. Pour ma part, j’ai pu assister à 4 projections dont voici le compte-rendu. Alice in Earnestland – 2014 - AHN Gooc-jin Pitch : Une conseillère sociale voit débarquer dans son bureau une jeune femme iconoclaste qui va la retenir prisonnière pour lui raconter son histoire. Elle s’appelle Su-nam et travaille comme comptable dans une usine où elle a rencontré son mari sourd. Pour son 1er long-métrage, AHN Gooc-jin brosse un portrait acerbe de la société coréenne. Alice in Earnestland est à la fois un drame social, une histoire d’amour et une réflexion sur la condition des citoyens, le tout nimbé d’un humour noir allant de la parodie au torture porn. Sur le papier, le film est alléchant mais force est de constater que le réalisateur a du mal à créer une symbiose entre tous ces éléments. En effet, les bonnes idées visuelles sont plombées par un scénario s’éparpillant aux quatre vents en multipliant les points de vue et les personnages. Au travers du parcours de Su-nam, Alice in Earnestland est avant tout un film contestataire remettant en cause les politiques de logement et de réaménagement urbain mais aussi une réflexion sur le sort des handicapés (le mari de Su-nam est sourd et sa prothèse auditive coûte un œil). Obligée de travailler jour et nuit, Su-nam est le symbole d’un peuple esclave du travail pour avoir accès au logement et aux soins. Si la charge n’est pas toujours subtile (les élites sont corrompues, les syndicalistes très virulents), le film est perclus d’effets de manche visuels et d’une patine le faisant osciller régulièrement vers les frontières du fantastique et de l’horreur. Le réalisateur n’hésite pas à montrer des plans sanglants même gores (un œil crevé, des gorges tranchées) quand Su-nam pète une durite ou qu’elle est séquestrée par un homme lui faisant subir une torture au fer à repasser. Des explosions de violence qui tranchent avec le ton d’un film, quelque fois très sombre voire misérabiliste et une gentille bluette renvoyant à la coloration d’une Amélie Poulain asiatique. Des changements de propos décalées déstabilisant le récit (la baisse de rythme en plein milieu du métrage) et n’aboutissant pas à une philosophie et une ligne de conduite très claire. Si Alice in Earnestland n’est pas désagréable à suivre grâce à quelques idées intéressantes (on comprend néanmoins mal qu’il ait gagné le Grand Prix du meilleur film coréen au dernier Festival du Film de Jeonju), on peut s’interroger sur la pertinence de l’alliance de ses différents styles comme si le film ne savait pas sur quel pied danser. Au point qu’il détourne le spectateur de son propos initial anti-système et dénonciateur des préoccupations des citoyens coréens. Island - 2014 - PARK Jin-seong Pitch : Un homme arrive sur l’île de Jeju pour prendre possession de la maison de son grand-père dont il vient d’hériter. Dans la région, des rumeurs courent autour de cette inquiétante demeure… Selon certains, un fantôme s’y promènerait la nuit... Island dégage une atmosphère étrange du fait de son scénario alambiqué et de son parti pris d'être tourné en noir et blanc (les organisateurs du festival se sont battus pour le projeter sous ce format alors que le film devrait sortir en couleur en Corée en 78 2016). Ce qui renforce encore plus cette sensation de décalage qui sied bien aux îles et à la météo changeante qui bat ces bouts de rochers perdus au milieu de nulle part. les flots ballottés et se perdant dans les recoins de ces îles fantomatiques comme Ulysse appelé par les sirènes. Socialphobia – 2014 - HONG Seok-jae Pitch : Deux étudiants qui Il faudra se laisser porter par un début assez lent au son d'une musique classique omniprésente où la caméra suit cet homme débarquant et déambulant sur une île semblant abandonnée de tous. Seule une vieille maison délabrée trône au centre d'une nature à la fois luxuriante et désertique. En pénétrant dans la demeure, le film bascule alors dans le fantastique. Island est divisé en deux parties distinctes. La journée, le héros est pris en charge par une jeune fille un peu délurée qui va l’entraîner dans ses errances et découvrir la vraie raison de sa venue sur l'île. Là, le film est une aventure sentimentale où deux êtres déboussolés se rencontrent et tentent de se rapprocher. En revanche, dès que la nuit s'installe, le fantastique reprend ses marques (la musique se tend également) avec cette histoire de fantôme dans une demeure où le personnage revit le passé des lieux. A l'aide de flashback assez long, le réalisateur récrée un film dans le film et tisse son récit autour de la vie d'une famille et d'une jeune fille qui, disparue sur une île soi-disant hantée, réapparaît un mois plus tard. Ce sont certainement les meilleurs passages du métrage où avec presque rien PARK Jin-seong parvient à retranscrire une ambiance éthérée et fantasmagorique entre légende et voyage dans le temps. Progressivement, le spectateur est pris par le scénario à chaque fois qu'il retrouve ces personnages du passé et veut en savoir plus. Peutêtre que les retours au quotidien en journée affadissent quelque peu le propos. Néanmoins, ils sont nécessaires pour entrecroiser les histoires se rejoignant dans un final très poignant. Au final, Island se révèle une belle surprise. Une réflexion sur le deuil et l'absence où le fantastique s'immisce parfaitement grâce à une photographie en noir et blanc somptueuse et une caméra glissant sur se préparent à passer l’examen de police décident de se joindre à un groupe de jeunes rencontrés sur un forum internet proposant d’aller punir une fille se moquant en ligne du suicide d’un soldat, une affaire qui fait grand bruit sur Internet. Réussissant à obtenir son identité et son adresse, le groupe se rend chez elle afin de l’humilier et d’obtenir des excuses de sa part. La Corée (du Sud hein pas du Nord) est toujours à la pointe de la technologie. Ce que prouve Socialphobia en montrant des jeunes ultra connectés et passant leur vie à tweeter. A longueur de journée, ils s'insultent, s'affrontent virtuellement par écran interposé. Une vraie fausse vie où chacun a un pseudo et se permet de déverser sa haine à l'encontre de l'autre gratuitement, peut-être par ennui (ça marche aussi avec FB...). Toujours est-il que cette bande d'étudiants connectés n'a pas trouvé mieux que de défoncer virtuellement une fille qui elle-même pourrissait tout le monde. A tel point que les internautes lancent des fatwas contre elle (au passage, elle a insulté un militaire et les jeunes patriotes lui en veulent car elle est contre la nation...). Le sourire aux lèvres, un groupe de jeunes étudiants se rend sur place et la retrouve pendue. Stupeur et tremblements devant ce spectacle relayé en direct par une webcam générant toute une série de conséquences pour ces découvreurs. Alors que Socialphobia se présente comme un "cool movie" sur une génération de geeks (les tweets apparaissent sur l’écran), le film se transforme progressivement en enquête car tout porte à croire que la donzelle du web a été assassinée. Les deux héros, Ji-woong et Yong-min, étudiants en école de police et leurs camarades décident alors de débusquer le coupable en déployant des trésors d’ingéniosité et de technique informatique pour arriver à leurs fins. Peut-être un peu trop car les rebondissements semblent par instants un peu tirés par les cheveux ainsi que l’attitude de la police et des médias (on imagine que dans nos contrées, une telle affaire aurait engendré 79 des remous plus importants). En soi, l’idée de base est originale, la réalisation pêchue et les rebondissements s’enchaînent sans temps morts (le réalisateur utilise les mêmes codes que le thriller et multiplie les fausses pistes). Pourtant, Socialphobia laisse un goût bizarre en bouche comme si on avait à faire à un petit malin qui, sous couvert de l’utilisation à outrance des réseaux sociaux et des nouvelles technologies, cherchait à dresser le portrait d’une génération débordée par son envie de vie virtuelle. Le problème est que Hong Seok-jae utilise de gros sabots pour dénoncer les conséquences virales d’Internet dans une société qui a tôt fait de pourrir ou d’encenser n’importe quel quidam. Au final, Socialphobia se laisse regarder (l’humour est présent par le biais de personnages caricaturaux à la limite de la parodie) même si on peut être perdu par ce déferlement d’images et de surimpression de caractères pour ce pamphlet qui retombe bien vite malgré une volonté d’incriminer un système virtuel autoproclamé. La charge est louable mais sa réalisation est un peu maladroite comme si le réalisateur se prenait lui-même les pieds dans la Toile. Vétéran – 2015 – Ryoo Seung-Wan Pitch : Seo Do-cheol est un inspecteur de la vieille école, qui ne fait preuve d'aucune pitié lorsqu’il s'agit de traquer les criminels. Un jour, il se retrouve à enquêter sur un jeune millionnaire, Jo Tae-oh... 6e film le plus vu en Corée-du-Sud avec ses 13 millions d’entrée, Vétéran, réalisé par l’auteur de The Berlin file (aka The agent), a tout du blockbuster réussi (la salle était littéralement hilare comme rarement) avec ses cascades Jackychanesque, ses répliques comiques et son humour de situation burlesque et slapstick. Pourtant... La première demi-heure s’apparente à une pure comédie policière avec ces deux agents infiltrés pour démanteler un trafic de voitures haut de gamme, notamment par le héros du film, le détective Seo Docheol. Une 1ère scène finissant en baston chorégraphié entre art martiaux et serrage de roubignoles digne d’un Buster Keaton asiatique. Sauf qu’ici, Vétéran ressemble plus à une production estampillée « Besson » avec humour gras, effet facile (les bruits des coups sont accentués) et surjeu des comédiens grimaçant aussi forts que les spectateurs hurlaient de bonheur dans une salle acquise à sa cause. Sans compter que la scène suivante est encore pire lorsque la police tente d’empêcher la transaction entre les Coréens et une bande de Russes caricaturaux dans un port de commerce. Sous les gesticulations et les mimiques de Seo Do-cheol, la course-poursuite entre tout ce petit monde commence alors, à l’image d’un épisode de Benny Hill, au milieu de containers et gyrophares policiers. Entre deux sourires (parce que la connerie fait rire), le spectateur (enfin, visiblement que moi...) se demande pourquoi les personnages crient, s’envoient des tatanes ou se prennent des murs, pour finir dans un commissariat où les poncifs ont élu domicile. D’autant plus que le film va tout à coup prendre un virage plus sérieux voire dramatique. Changement de décor avec l’entrée en scène du jeune méchant de l’histoire, Jo Tae-oh, le fils riche d’un mafieux. Un taré de première sous cocaïne qui aime bien organiser de petits jeux pervers. Mal lui en prend puisqu’il va obliger un chauffeur de taxi à se battre et à finir dans le coma. Un prétexte pour déclencher la vengeance de Seo Do-cheol. Une 2 epartie très sombre où les sourires sont mis de côté. De fait, Vétéran se transforme en une dénonciation de la situation politique de la Corée-du-Sud gangrenée par la corruption, la misère sociale avec intervention des syndicats et l’humiliation physique et psychologique de la classe laborieuse. Contrairement à son début, le film se fait plus sobre dans la gaudriole et l’action jusqu’à presque ennuyer par instants le spectateur après ce déferlement de comédie sous cellophane. Cette partie est très longue à se décanter même si on retrouve les codes du film policier d’investigation et d’espionnage. Sans empathie pour les personnages, on se fout finalement de leur sort malgré quelques séquences douloureuses. Une modification tonale qui, sans être totalement déplaisante, ne s’imbrique pas vraiment avec le début. A l’image de la fin du métrage qui fait dans la surenchère voyant l’affrontement entre Seo Do-cheol et Jo Tae-oh. Un final insipide où l’humour reprend ses droits avec course-poursuite à moto et flics peureux comme dans n’importe quel Transporteur ou Taxi. 80 Les sept vampires/As sete vampiras (1986) Pitch : Après avoir vu son mari être dévoré par une plante carnivore, Sylvia, professeur de danse, s'isole du monde dans sa maison de campagne. Le cinéma d'Ivan Cardoso est un mélange de plusieurs influences et le bougre n'hésite pas à embrasser tous les styles dans ce film de vampires qui commence plutôt bizarrement. En effet, le film débute comme un remake de La petite boutique des horreurs avec cette plante carnivore (dont on voit bien qu'elle est animée par plusieurs mains) qui, en mordant Sylvia, la femme du professeur, la transforme en une sorte de vampire. Si le début du film est très drôle, notamment grâce à la plante, ou à l'apparition inattendue d'Alfred Hitchcock présentant le film avec un doublage dans la langue carioca, Les sept vampires vire de bord au gré des envies de son réalisateur. Le film est un hommage à tout un pan des productions américaines. On passe ainsi du film noir (le détective s'appelle Philip Marlou !), à la comédie vaudevillesque, au thriller (tiens, la musique de Sir Alfred) et à l'épouvante. Une hybridation sympathique partant dans tous les sens saupoudrée (enfin, à la manière de Maïté) d'un érotisme plus que visible. Les sept vampires est avant tout une grosse comédie qui ne s'embarrasse pas trop de son scénario et fait la part belle aux donzelles dénudées lors de séquences gratuites de douches ou d'effeuillages professionnels. Même Sylvia parcourt la campagne en nuisette transparente et cape noire pour assouvir ses instincts comme dans les films de Jean Rollin. Pourtant, il n'y a pas que du vampirisme dans le film. Dans la 2e moitié du film, Sylvia crée un spectacle avec des femmes vampires dans la boîte de nuit qu'elle gère. Ce qui nous vaut des scènes de musichall et même un ersatz d'Elvis brésilien au milieu d’assassinats perpétrés par un tueur (façon Le Fantôme de l'opéra) possédant une sorte de masque à la Scream ! Il faut bien avouer que les séquences très décousues et l'humour très appuyé, surtout par le jeu des acteurs, alourdissent le film sur la durée. Les scènes sont un peu redondantes et il faut l'intervention d'une police assez déjantée pour dérider l'assistance. Au final, Les sept vampires est une parodie qui charrie plusieurs genres (Cardoso utilise aussi des cartons descriptifs comme dans les films muets) passant aussi bien de l'épouvante, à l'horreur mais toujours mais sur le ton de la déconne. On est clairement dans l'esprit des comédies américaines qui passaient dans les Drivein. Dommage que la plante carnivore ne réapparaisse plus dans le film, car elle valait son pesant de Caipirinha... Le secret de la momie (O Segredo da mumia) (1982) Pitch : Le professeur Expedito Vitus ramène à la vie une momie égyptienne et la transforme en esclave pour enlever de jeunes femmes qui lui permettront de mener à bien ses expérimentations... Le secret de la momie est le 1er film d'Ivan Cardoso. Il débute comme un serial avec une image sépia très belle sous un ciel déchiré par les éclairs et les dernières volontés d'un homme qui n'est autre que notre Coffin Joe, José Mojica Marins, reconnaissable à son ongle démesuré. On est en plein film 81 d'aventure avec un flash-back sur la découverte de la momie dans une des pyramides du Caire. La reconstitution est faite grâce à des photos et des extérieurs sûrement plus brésiliens qu'égyptiens. Dès que le professeur Vitus ramène la momie au Brésil, le métrage se transforme encore une fois en un maelstrom de différents styles avec toujours comme fil rouge la comédie érotique. Tous les moyens sont bons pour mettre du sein et de la fesse à l'écran (les origines de la momie, les esclaves égyptiennes, les douches contemporaines...). comme l'élection de Miss Brésil ou des intermèdes musicaux (Igor a une voix de ténor !), sans oublier la façon de se déplacer discrètement du journaliste à l'image de Jean Dujardin dans les OSS 117. La dernière séquence de la disparition de la momie, croyant avoir retrouvé son amour ancestral, est assez magnifique et nous renvoie directement aux plus belles heures des productions fantastiques. Ivan Cardoso est un cinéaste brésilien à découvrir pour les amoureux du bis et de la gaudriole. Et, je sais qu’ils sont nombreux ! Vampires d'Orient et d'Occident Hasard de la programmation, quelques jours après la disparition de Christopher Lee, la Cinémathèque française proposait la vision de Dracula et les femmes. Un Hammer film comme un hommage à la grande figure du vampirisme contemporain. J'en reparlerai plus tard. Attardons-nous d'abord sur ce 1er film singapourien entre curiosité et rareté. Comme dans Les sept vampires, Ivan Cardoso ne se prive pas de montrer des femmes dans un nu intégral comme celles prisonnières dans la cave du professeur, revenues à l'état sauvage et se battant dans le plus simple appareil !?! L'humour est ici entretenu par le serviteur chauve, Igor, ramené à la vie par Vitus (qui a des faux airs d'Howard Vernon) aux penchants sexuels et aux mimiques décalés (il n'hésite pas à tuer ou à léchouiller une servante). Malgré tout, Le secret de la momie se laisse suivre avec plaisir notamment grâce à la créature aux bandelettes très réussies qui s'enfuit régulièrement pour aller attraper des femmes peu farouches. L'ambiance et les cadrages rendent hommage aux films de la Universal quand la momie porte ses victimes ou lors de son retour à la vie à la manière de Frankenstein, le tout filmé en ombre chinoise. Le secret de la momie possède donc beaucoup de qualités visuelles malgré quelques inserts décalés Sumpah Pontianak (La malédiction de la femme vampire) (1958) Pitch : Morte très jeune alors qu'elle accouchait, une mère revient sur terre pour protéger sa fille des dangers de la vie de village. Elle prend tour à tour l'apparence d'une bossue défigurée, d'une vampire aux multiples pouvoirs (Pontianak) ou encore d'une femme de grande beauté, pour mieux séduire ses victimes avant de les dévorer. En apéritif, nous voilà plongé dans cet incunable cinématographique Singapouromalais, mélange de plusieurs genres. En effet, le film commence comme une comédie burlesque avec comme figure de proue le serviteur un peu gauche. Pourtant, on passe assez rapidement au drame avec le personnage de Maria qui erre dans la forêt à la recherche de sa mère disparue. Autant le dire tout de suite, il ne se passe pas grand-chose pendant la moitié du film, comme si le scénario ne proposait rien hormis 4 moments musicaux entre chansons et comédie musicale. Difficile pour le spectateur occidental de comprendre cette soudaine poussée de chansonnettes désuètes (et pas traduites). Et on se dit que la séance va être longue. 82 Christopher Lee n'est pas mort. Il est apparu hier soir drapé dans sa longue cape noire dans son rôle titre du Comte Dracula. Dracula et les Femmes est le 3e film de la série. Il commence directement après Dracula, Prince des Ténèbres. Terence Fisher, indisponible, le rôle de réalisateur échoit à Freddie Francis qui avait réalisé en 1964 L’Empreinte de Frankenstein. Et puis, magie du cinéma, Sumpah Pontaniak change de ton et de rythme. De façon assez incompréhensible, l'action s'accélère et alors que tout le monde se promène dans la forêt en chantant, voilà que la mère de Maria se transforme en vampire (le pontianak, apparemment une figure locale très célèbre qui aura l'honneur de plusieurs films). Dotée de pouvoirs, le pontianak peut voler comme Superman pour aller terrasser les monstres qui apparaissent à l'écran. Elle se retrouve donc face à un homme sauvage, mi-singe, mi-homme préhistorique, un vampire, un homme-oiseau avec un long bec de corbeau et des griffes, sans oublier un homme engoncé dans un costume de BatmanCatwoman venu enlever l'héroïne pendant un spectacle ! Cette deuxième partie fait donc sourire car les affrontements entre créatures à l'allure finalement assez comique s'enchaînent sans queue ni tête au milieu d'une atmosphère décalée et de personnages qui surjouent comme dans un film muet. Même si le scénario semble avoir pris la poudre d'escampette, cette dernière bobine possède plus d'attrait que la 1ère horriblement longue, ne serait-ce que son rythme qui s’accélère. Un film pour spectateur averti et capable de supporter une moitié de film très singapouro-singapourien. Pour les survivants, la suite tourne au portnawak plutôt rafraîchissant, surtout en comparaison avec le début. Dracula et les femmes (Dracula has risen from the grave) (1968) Pitch : Dans un village, une jeune femme est retrouvée morte et portant la marque d'un vampire. L'évêque et le curé monte au château de Dracula, l'un deux fait une chute, et se blesse. Le sang coulant de sa blessure réveille le prince des ténèbres enfoui sous la glace. L'homme de Dieu devient son serviteur et l'aide dans ses terribles méfaits. Une salve d’applaudissements accompagna l'apparition sur l'écran du nom du légendaire Christopher Lee. Ultime hommage à cette figure tutélaire de tous les amoureux du genre. Quel plaisir de retrouver notre immense polyglotte dans le rôle qui l'aura rendu célèbre mondialement. Même si, à mon sens, ce Dracula et les Femmes n'est pas le meilleur de la série. Certes, Freddie Francis fait le boulot. La mise en images et les décors (surtout ceux tournés en studios) donnent un charme certain à cet opus, notamment dans cette 1ère scène de découverte d'une femme pendue à la cloche de l'église. Les plus belles images se situent donc dans l'entame avec l'arrivée de Monseigneur Müller (Rupert Davis) qui, avec l'aide d'un curé peureux, va grimper jusqu’à l'antre de Dracula. Un château perché en haut d'une montagne dont Müller barrera l'entrée d'une grosse croix brillante. Passé cette scène, le film ne propose pas un scénario révolutionnaire. Dracula part à la recherche de Müller pour se venger et séduire Maria (la blonde Veronica Carlson vue dans Le retour de Frankenstein) et va s'opposer à son petit ami, Paul (Barry Andrews) dans une histoire très classique. Le film est assez agréable à suivre puisqu’on retrouve toutes les péripéties et les scènes inhérentes à un bon Dracula, comme quand ce dernier pénètre le soir dans la chambre de Maria pour la mordre, aidé par le prêtre désormais sous son joug. Des péripéties sympathiques mais qui n'apportent pas de nouveautés à la série. Si les allusions sexuelles sont évidentes avec Dracula et même Monseigneur, le film reste très soft, y compris au niveau du sang qui 83 apparaît avec parcimonie. La seule idée un peu différente étant le rapport à la religion. Au départ, Paul est athée et le revendique au grand dam de Müller. La dernière scène où Paul se signe à la mort de Dracula fait de cet opus un film finalement très moral. Finalement peu importe l'intérêt et la qualité du film car ce qui prédominait était de revoir encore une fois le mythique interprète de Dracula se déplaçant avec élégance sur les toits de la ville, les yeux injectés de sang. Et, encore une fois, Christopher Dracula Lee meurt à la fin, empalé sur la croix du début. Une très belle scène néanmoins un peu triste et bizarre comme si on assistait une dernière fois à la mort d’une icône dont on sait qu'elle ne renaîtra plus de ses cendres. Forever Christopher. Nouvelle soirée Bis à la cinémathèque avec du karatéka sans jambes et des plantes qui communiquent avec les humains. Soirée curieuse autour de L'infernale poursuite (aka Mr No Legs) de Ricou Browning et Le pouvoir des plantes de Jonathan Sarno. Retour sous acide dans les seventies... Soirée Curiosités Fort de cette expérience très aquatique, il est encore plus étonnant de le retrouver comme metteur en scène de cette série Z qui tient plus de la pantalonnade que du polar. Surtout que le pitch du film est un peu racoleur dans la mesure où il n'est pas vraiment centré sur le personnage de Mr no legs (et qu’à ma connaissance, il n’est pas raciste comme le précise la tagline du film). On suit plutôt l'enquête de deux flics plutôt minables tentant de découvrir l'assassin de Tina, la sœur d’un des deux. Et, ce ne sera pas le scénario qui remontera le niveau du film. Il est juste prétexte à des scènes de baston ou la poursuite finale. Pour le reste, les dialogues sont insipides (surtout avec une VF qui a certainement pris des libertés) et le jeu d'acteurs carrément à la ramasse. Mention spéciale à Chuck, le flic à la tête de l'enquête (Richard Jaeckel petit acteur blond déjà aperçu dans le très fendard La bataille au-delà des étoiles de 1968). L'infernale poursuite (Mr no legs) – USA – 1977 – Ricou Browning Pitch : Mister No Legs est un cul de jatte méchant, raciste et karatéka qui se déplace avec des fusils de chasse dans les accoudoirs de son fauteuil roulant. Deux flics minables tentent de l'arrêter. Ricou Browning est essentiellement connu parce qu’il fut le comédien engoncé dans le costume de L’étrange créature du lac noir et de ses deux suites. Réalisateur de scènes sous-marines de James Bond comme Opération tonnerre, on lui doit aussi des épisodes de la série Flipper le dauphin (!). Si Mr No Legs (titre original et plus juste) vaut son pesant d'exploitation c'est surtout pour son personnage éponyme. Ancien vétéran de la guerre de Corée où il a perdu ses deux jambes, Ted Vollrath est réellement devenu ceinture noire de karaté (!). Il mettra ses compétences à profit dans une scène de combat où il terrassera ses adversaires près d'une piscine à coups de tatanes et de culs de jatte retourné. N'hésitant pas à se jeter au sol, sa maîtrise des arts martiaux est hallucinante et crédible. Il 84 possède aussi une arme secrète dans son fauteuil roulant où des fusils de chasse sont planqués dans les accoudoirs. Et comme il est très méchant et a la gâchette facile, Mr No Legs sort l'artillerie lourde (et même des nunchakus) dans des séquences dignes de Sam Peckinpah filmées au ralenti. Dommage que son personnage apparaisse si peu à l'écran, car il est l'attraction du film. Pour en revenir au film, la majeure partie du métrage est remplie de scènes mal jouées et ineptes. Pourtant, le rire n'est jamais loin quand on s'attarde aux détails, par exemple les circonstances abracadabrantesques de la mort de Tina, la maison de la compagne d'un des flics dont le sol est recouvert d'un tapis de peau de bête ou lors d'une baston entre deux femmes dans un bar (une des meilleures scènes du film). Des séquences très Z déclenchant l'hilarité générale au milieu d'un film foutraque où la direction d'acteurs est à l'avenant et les dialogues à côté de la plaque. La course poursuite de la fin dure 20 bonnes minutes entre la taupe enfin démasquée et une myriade de voitures de police. A l'instar du reste du film, cette dernière bobine est assez longue à suivre malgré les carambolages et autres tonneaux shootés en prenant bien soin d’y ajouter des gags à la Buster Keaton à l'image de cette voiture qui éventre une maison roulante. Même si le film ne tient pas toutes les promesses entrevues sur l'affiche et si le personnage de Mr No Legs aurait mérité un film en entier, L'infernale poursuite mérite qu’on s'y attarde quelque peu, ne serait-ce que pour voir le sieur Ted Vollrath, le regard bad ass, distribuer les coups de pieds qu’il n'a plus ou le voir faire des pompes sur son fauteuil. Le pouvoir des plantes (The Kirlian Witness) USA – 1977 – Jonathan Sarno Pitch : Une femme qui dit communiquer avec les plantes par télépathie est retrouvée morte. Sa sœur Rilla va mener l'enquête pour trouver l'assassin et essayer d'entrer en communication avec une plante qui est le seul témoin du meurtre. Film très étrange sur la capacité des plantes à communiquer avec le monde extérieur, The Kirlian Witness, aussi appelé The plants are watching, est une sorte d'enquête policière pour connaître l'assassin de Laurie avec pour seul témoin une plante. Ce qui frappe dans le film est sa capacité a suscité de l'intérêt pour le sujet, alors que le postulat de départ est assez étonnant. De plus, le traitement du film particulièrement sérieux donne une ambiance tout à fait crédible au concept. En effet, le film s'appuie sur les théories pseudo-scientifiques de l'effet de Kirlian qui permettraient de photographier l'aura des êtres, en l'occurrence ici des plantes. De beaux clichés bleutés censés expliquer et démontrer que les plantes ressentent les émotions et ont une vie propre. Grâce à ces expériences de photographies à la limite du paranormal, Rilla se penche sur la question et commence à adhérer à ses thèses. Même si le film, à ma connaissance, n'a pas d'équivalent sur le sujet, il nous renvoie néanmoins à l'excellent L' esprit de la mort de Peter Newbrook en 1972, sur la capture des âmes grâce à un appareil photo (ici Laurie croit d'ailleurs apercevoir le visage de sa sœur sur un cliché). Porté par la voix-off de Laurie très didactique et omniprésente, Le pouvoir des plantes pâtit de son rythme lent et de longues scènes d'explications entre elle, son mari et Dusty, homme à tout faire et proche de sa sœur. Deux suspects en puissance qui seront poussés dans leurs retranchements par une Laurie de plus en plus convaincue par ces théories. On est ici dans un film d'ambiance où les effets visuels sont quasiment absents (Laurie a bien des bourdonnements d'oreilles qui pourrait s'apparenter à un langage ?) et remplacés par des zooms de la plante, unique témoin du meurtre, et semblant presque communiquer sous l'effet du vent ou des rayons de la lune. Un fantastique atmosphérique proche du cinéma australien des 70's et des 80's comme Long Weekend (1978). Jusqu’au bout le réalisateur croit en son sujet (Laurie installe même un détecteur de mensonge relié à la plante pour voir les oscillations lorsque un suspect en présence se présente) et termine son film par une scène giallesque dans un ascenseur. Au final, Le pouvoir des plantes ressemble à un drame familial tournant au film policier et mâtiné d'un fantastique reposant sur une théorie fumeuse, mais réaliste à l'écran. Tourné dans un lieu quasi unique et dans un style télévisuel, le film manque d'allant et peu ennuyer le spectateur qui ne communiquerait pas avec les géraniums ou les cactus. 85 Hommage à Luciano Ercoli Hommage à Luciano Ercoli, disparu en mars 2015. Pas le plus connu des réalisateurs italiens de genre, il n'a réalisé que 8 films dont trois giallios. Retour sur son 1er film, Photo interdite d'une bourgeoise (Le foto prohibite di une signora per bene) (1970) et son giallo peut-être le plus connu, La mort caresse à minuit (La morte accarezza a mezzanotte) de 1972. humilier, violenter et même attacher par son maîtrechanteur (Simon Andreu vu dans La mariée sanglante de Vicente Aranda en 1972). Et, il en est de même avec son ami Dominique, femme libertine, adepte de l'érotisme permanent et qui semble mener une double vie entre Minou et son mari Pierre (Pier Paolo Capponi, Le chat à neuf queues). Elle est interprétée par Susan Scott (Nieves Navarro) compagne de Luciano Ercoli à la ville. Au départ producteur (notamment de Fantomas !), Luciano Ercoli a peu tourné. Avec seulement 8 films au compteur dont les deux giallos de ce soir, sans oublier Nuits d'amour et d'épouvante en 1971. On lui doit aussi le très bon film policier et politique (d'après les échos) La police a les mains liées en 1974. Photo interdite d'une bourgeoise (Le foto prohibite di une signora per bene) – Italie/Espagne – 1970 Pitch : Peter, un industriel très pris par son travail est mariée à Minou, une femme prude et insatisfaite. Tout l'inverse de sa meilleure amie Dominique, une jeune femme libérée et sensuelle. Parmi ses activités favorites, les jeux érotiques aux cours desquels elle se fait photographier en compagnie de ses amants. Un jour, Minou est accostée par un étranger qui accuse Peter de meurtre. Pour son 1er film, Luciano Ercoli met en scène une sorte de giallo dont le côté horrifique est plus suggéré qu'exposé au spectateur. En effet, malgré une atmosphère érotique, la nudité et le sang ne sont pas montrés explicitement. On retrouve donc Minou (Dagmar Lassander vue dans Une hache pour la lune de miel en 1970 et plus tard chez Fulci dans La maison près du cimetière) en femme délaissée par son mari, se faire agresser par un inconnu sur une plage. Même s'il ne la viole pas, il lui fera du chantage pour qu'elle accède à tous ses désirs. Si le film possède les codes du giallo (l'agresseur ganté est armé d'une canne-épée, les plans sur les regards et les jeux d'ombre), Ercoli construit son intrigue comme un film policier à l'ambiance vénéneuse et aux accents sado-masochistes. On se demande si Minou ne prend pas plaisir à se faire Porté par une partition excellente du grand Ennio Morricone (le thème du film est reconnaissable de son style avec ses relents westerniens) et une belle photographie d'Alejandro Ulloa (on pense par moment au cinéma d'Hitchcok), Photo interdite d'une bourgeoise a malgré tout du mal à décoller. Les personnages passent trop vite d'un état d'anxiété à un moment plus festif dans un scénario qui peine à rester tendu. Pour oublier, Minou alterne les soirées en discothèque (perruques extravagantes et musique psychédélique à la clé) avec ses amis, les discussions avec son mari et la police pour prouver qu’elle n'est pas folle. Photo interdite d'une bourgeoise s'apparente, en effet, à un film de manipulation où le personnage principal est l'objet d'hallucinations supposées (personne ne la croit et on la prend pour une aliénée). Une thématique qui annonce déjà le cinéma manipulateur d'un De Palma aboutissant à une résolution finale imprévue. Comme ici, où la dernière bobine permet de comprendre le fin mot de l'histoire, dans une ultime séquence légèrement plus mouvementée. 86 La mort caresse à minuit (La morte accarezza a mezzanotte) - Italie/Espagne – 1972 Pitch : Top model, Valentina essaie une nouvelle drogue. Sous l'influence de cette drogue, elle a la vision d'un meurtre d'une grande cruauté. Elle découvre qu'une femme a réellement été assassinée de cette manière et se retrouve confrontée à l'assassin. Andreu), rédacteur chez "Novella 2000", magazine à l'origine de son expérience malheureuse. Le film est aussi à charge contre une certaine idée de la presse à sensation, prête à tout pour vendre du papier. Après quelques courses-poursuites, des scènes sympathiques dans un cimetière et un hôpital psychiatrique, La mort caresse à minuit prend tous ses atours de giallo dans la dernière bobine avec l'arrivée d'un duo de malfrats très violents. On retiendra le personnage du tueur blond, au rire strident et lanceurs de couteaux (Luciano Rossi). Les séquences musclées s'enchaînent et les tatanes volent, comme un des personnages qui est projeté du haut d’un immeuble, sous les yeux éberlués du commissaire (avec cervelle apparente). Un final en guise de révélation sur les motivations réelles du tueur dont l'acmé se situe sur le toit d’un immeuble dans un duel sanglant. Histoire permanente du Kung-fu Ce deuxième film (le 3e de la série de ses giallos) commence de manière assez étrange avec Valentina (Susan Scott) qui se fait injecter une drogue lui permettant de voir l'assassinat d'une femme dans une espèce de rêve éveillée. Le meurtre est particulièrement violent parce qu’il est réalisé à l'aide d’un gant de fer dont les pointes saillantes lacèrent et pénètrent le visage de sa victime. Des plans gores pour une première séquence choc. Aidé par son ami Stefano (Peter Martell, Un doigt sur la gâchette en 1967), Valentina va tenter de résoudre l'énigme. On retrouve dans ce film les mêmes thématiques que dans le précédent. Un travail sur l'image et notamment la photographie (Valentina est mannequin) ainsi qu’une réflexion sur le pouvoir de l'esprit et de la manipulation. En revanche, l'érotisme est en berne, mais encore une fois, on ne croira pas la mésaventure de Valentina. La police incrédule (et plutôt traitée de façon ridicule) ne la prend pas trop au sérieux bien que le tueur dont elle a eu la vision la poursuive pour la faire taire. Un assassin ganté qui ressemble furieusement à Paul Williams (alias Swan) dans Phantom of the paradise en 1974. Malgré son pitch très giallesque, Luciano Ercoli truffe son film de séquences comiques. On est par instants dans la "comedia del arte" entre le surjeu de Susan Scott qui roule les yeux et gesticule et les représentants de la police limite benêts. De la même manière, Valentina distribue les mandales aux hommes, représentés ici comme de doux pervers sexuels, dès qu’ils sont trop entreprenants, ou comme ses échanges musclés avec Gio Baldi (Simon Une soirée spéciale “Kung fu”, placée sous le signe sino-hong-kongais de la tatane qui fait mal, et qui résonne encore des doux sons des paluches s'abattant sur des visages contrits, entre poses lascives et regards menaçants. Visages moustachus et pattes d'eph pour Le fauve noir du kung-fu, alors que Le retour des dix-huit hommes de bronze se déroule à l'époque de la dynastie Ming. A l'instar de ce que l'on a pu connaître pour le western ou la SF, ces deux kung-fu movies sont des films d'exploitation pour surfer sur le succès des productions de la Shaw Brothers. Réalisés avec moins d'argent et à la chaîne, ils reflètent une tendance du marché de l'époque, et si en plus on y ajoute une version française... Le fauve noir du kung-fu – Chine – 1973 – Ho Chan Pitch : Un boxeur, champion de karaté, cherche à se venger de ceux qui l'ont trahi. 87 Le 1er film de la soirée est une petite perle du bis. Pas seulement pour son sujet mais pour son ensemble d’incohérences et de scènes abracadabrantesques qui parsèment cette œuvre très particulière. Parce qu’il est accusé à tort de trafic de drogue, notre héros (Chan Sing, aussi producteur du film) se retrouve en prison à cause de ses amis qui l'ont piégé à l'aéroport. Suite à une visite au parloir lui faisant comprendre que son ex-petite amie est avec un autre homme, Chang Sing s'évade de prison (le scénario l'aide bien) pour découvrir le pot aux roses. Et, c’est là que le bonheur commence... Portée par une VF prononcée par des comédiens pas motivés et touts droits sortis de la Comédie Française, Le fauve noir du kung-fu enchaîne les scènes rocambolesques pour suivre la vengeance du héros. Les dialogues très premiers degrés et ridicules (on peut soupçonner la traduction de liberté hasardeuse) donnent un décalage complet entre les images et la situation. Il faut dire aussi que le jeu des acteurs n’aide pas, tous plus mauvais les uns que les autres, accentuant les mimiques et les regards interrogateurs sans retenue. La palme revient néanmoins à Chan Sing qui frise ses moustaches et favoris à chaque fois qu’il tente de jouer la comédie et atteint le panthéon du ratage intégral. En revanche, il est meilleur pour distribuer les pains et jouer des coudes face à ses anciens amis, dont il mettra énormément de temps à comprendre leur traîtrise. Avouons aussi que les personnages dépeints dans le métrage n'ont pas cassé trois pattes à un canard laquais. De petites frappes assez débiles qui ne comprennent rien, y compris ce pauvre inspecteur de police tentant d'aider le héros parce qu'il est convaincu de son innocence (il est vrai que les coiffures et vêtements disco donnent un cachet bien coloré à l'ensemble). Les scènes de comédie, d'action et de drame se mélangent ainsi dans un bo bun frelaté, une mixture pas très crédible mais toujours sympathique, surtout quand les acteurs adoptent un ton sérieux (les mots décalés choisis par les doubleurs en accentuent la portée). Si le film de Ho Chan (auteur quand même d'un certain On n’attrape pas un petit dragon en lui mettant du sel sur la queue... ) possède une atmosphère assez dingue, cela est dû avant tout à l'écriture de situations improbables et à un montage assez aléatoire. Toutes les scènes sont découpées avec de faux raccords comme dans celle où le héros est poursuivi par une voiture dans un parc. Les deux se croisent et se recroisent ainsi à l'image d'un film de Buster Keaton mais sans cohérence. Pire, on a l'impression que certaines séquences ont été coupées (à cause de la qualité de la bobine ?). Ce qui donne au final un alliage assez bizarre et confinant au rire. Les scènes de cet acabit sont légions. Une des meilleures étant celle où notre vengeur à moustache poursuit en courant une voiture s'enfuyant à toute berzingue, en coupant à travers champs sous une musique de circonstance. Et que croyez-vous qu’il arriva ? on le retrouve bel et bien au même niveau que les malfrats comme s'il avait possédé les capacités d'un super héros (certes il a l'air un peu essoufflé...). Pourtant, dans ses moments purs d'action, Le fauve noir du kung-fu rappelle qu'il est un kung-fu movie notamment dans ce combat à quatre sur le haut d'un immeuble en construction et le long des escaliers. Ça n’empêche que pour en arriver là, notre héros a sauvé sa belle en la rattrapant de la fenêtre d'un étage inférieur alors qu’elle tombait dans le vide. Invraisemblable mais hilarant. A l'image de la dernière scène qui verra le héros, tout de noir vêtu, affronter le boss japonais, tout en blanc (on remarquera la symbolique) dans une coursepoursuite au milieu d'un port de marchandises. Pourquoi pas et puis en trois plans, la police arrive, le boss est maté et le mot “Fin” apparaît sur l'écran. Une dernière séquence qui résume bien The black panther (titre anglais) complètement à la ramasse dans son découpage et possédant des scènes d'anthologie au niveau du portnawak. A ce point-là, volontaire ou pas, il faut absolument mater Le fauve noir du kung-fu dans une VF improbable et digne d'un boulard français des 70's. Le retour des dix-huit hommes de bronze – H/K - 1978 – Joseph Kuo Pitch: Un seigneur mandchou devient moine pour s'assurer que les Shaolin ne vont pas mener une révolte contre les Qing. Il va devoir se confronter à de nombreuses épreuves. Changement de décors avec Le retour des dixhuit hommes de bronze qui démarre comme un film historique en costume avec ce seigneur mandchou (Carter Wong acteur dans moultes kung- 88 fu movies, qui fera une apparition dans Jack Burton dans les griffes du mandarin) intégrant le temple Shaolin. Pour la petite histoire, le film est tourné par Joseph Kuo (réalisateur attitré d'un grand nombre de films de kung-fu avec peu de moyens), s'avère être une vraie fausse suite de Shaolin et les dix-huit hommes de bronze (1976) au scénario presque similaire, reprenant les mêmes acteurs et décors de la production précédente. Le film donne le ton avec son accroche rappelant qu'il est en hommage à Bruce Lee tout en découvrant des images du temple Shaolin. Mais, avant d'intégrer ce lieu, le seigneur (en fait un vrai tyran modifiant le testament de son père pour devenir le chef du Royaume) affronte quelques péripéties comme le personnage de l'actrice martiale Polly Shang-Kwan ou un prétendant de la femme qu’il convoite dans des combats plutôt bien réglés où les passes d'arme comiques ne sont jamais loin. Comme dans le film précédent, l'humour provient aussi de la VF caricaturant les expressions et les dialogues. Et, à la surprise générale, le seigneur mandchou décide d'intégrer le temple Shaolin pour une durée de trois ans sous un prétexte fallacieux. étalons du genre grâce à une mise en scène mettant en valeur un scénario un peu linéaire mais suffisamment prenant et généreux pour l'amateur de kung-furie. Carter Wong est totalement crédible dans son rôle d'élève doué dans l'art martial et tarde pas à vouloir tenter les épreuves après une année d'études. On suit sa préparation allant du transport d'eau ou de bois sur une colline à l'étude de techniques avec un maître shaolin. Des scènes qui font furieusement penser au Kill Bill Tarantino. Dans l'antre du labyrinthe où il pénètre, notre héros doit se mesurer à divers adversaires, dont des moines aux cranes rasés recouvert d'une peinture de bronze et disposant d'armes diverses. Il doit aussi résister au son d'une cloche géante le dos collé contre elle... Le clou du spectacle restant l'affrontement face à ces fameux hommes de bronze dont les coups résonnent à chaque assaut dans une première séquence où les soldats alignés renvoient à une iconographie très Chevaliers du Zodiaque (on a les références qu’on peut). Même si on voit bien que les armures ne sont en fait que des costumes de polystyrène colorisés pour donner l'illusion. Le seigneur enchaîne donc les combats avec réussite mais bute sur l'ultime défi. Pas grave, il essaiera sans cesse chaque année pour parvenir à ses fins. Le réalisateur se montre inventif dans la réalisation, les chorégraphies et les épreuves différentes à chaque nouvel essai. Peut-être un peu trop d'ailleurs, puisque le film est une suite continue de combats et que l'innovation des duels peut sembler limitée. Comme cette épreuve où les participants, concentré au centre d'une estrade, doivent trouver d’où vient le son d'une pièce jetée au hasard. En fait, on se croirait chez un oto-rhino-laryngologiste pratiquant une médecine ancestrale. Comble de l'humour, les élèves donnant de fausses réponses subissent un châtiment en recevant un sac de sable sur la tête au son d’une “punition” assénée par un moine péremptoire, comme dans une version asiatique des Sous-doués passent le bac... Au final, Le retour des dix-huit hommes de bronze est une réelle surprise pour ce succédané à peu de frais de films de kung-fu. Alors qu’il commençait comme une pochade historique, le métrage prend ses quartiers de film d'art martial pour tenir en haleine le spectateur jusqu’à un final qui semble vouloir annoncer une suite. Le retour des dix-huit hommes de bronze devient alors un vrai film de kung-fu au travers de l'apprentissage des techniques de combat par le seigneur incognito et les moines élèves. Le but ultime étant de se mesurer aux 18 hommes de bronze dans de véritables épreuves particulièrement ardues. Si le film semble être une petite production, il parvient néanmoins à rivaliser avec les maîtres 89 ABLATIONS Arnaud de Parscau - 2014 - Belgique/France RESUME : Un homme se réveille dans un terrain vague, sans aucun souvenir de la veille, une cicatrice au bas du dos. Une ancienne maîtresse, chirurgienne, lui apprend qu’on lui a volé un rein. Obnubilé par ce vol, il va tout sacrifier pour le retrouver : sa famille, son travail… Toutes ces questions ne seront pas réellement explicitées notamment dans une 1ère partie assez atone entre scènes de repas et engueulades entre Pastor et sa femme (Viriginie Ledoyen qui ne sert pas à grand-chose). Il en est de même pour les autres personnages secondaires sous-exploités comme le docteur qui fait du rentre-dedans à Pastor et lui fournit des éléments confidentiels, ou le vétérinaire déglingo du zoo. Un humour décalé qui rappelle forcément l’écriture du trublion de Groland sans aller au bout des intentions. La dernière partie tourne au thriller lorsqu’on comprend la motivation du couple et nous renvoie à des explications sentant bon le twist facile à la Christophe Grangé (voir Les rivières pourpres). Au final, Ablations laisse dans la bouche le goût amer d’être passé à côté d’une série B détonante, malgré sa bonne idée de base mais n’atteignant pas toutes ses ambitions. NOTE : 3 /6 THE AMAZING SPIDERMAN 2 MON HUMBLE AVIS Le scénariste, Benoît Delepine (pilier de Groland), aurait eu l’idée du film suite à une soirée trop arrosée (récurrente chez les Grolandais) où il se serait réveillé en croyant qu’on lui avait volé son rein. Sur ce postulat de départ, Arnaud de Parscau construit un film qui aura du mal à trouver sa place au milieu de plusieurs genres. La trame d’Ablations ressemble sur la forme au Old boy de Park Chan Wook avec son personnage Pastor (Denis Ménochet vu dans Inglorious Basterds) qui se réveille en pleine nature sans réminiscence de la soirée antérieure. Quand il découvre qu’il lui manque un rein, il n’aura de cesse de chercher à comprendre et à se venger. Pourtant la comparaison entre les deux films s’arrête là parce qu’Ablations veut être à la fois une étude psychologique de l’explosion de la cellule familiale et un thriller mâtiné d’horreur. Un mélange audacieux qui atteint ses limites à cause d’un scénario trop fouillis qui multiplie les personnages et dont la véracité peut intriguer. Pourquoi Pastor ne signale pas à la police son agression ? Comment ce couple (Philippe Nahon et Yolande Moreau) arrive-t-il si facilement à ses fins ? Marc Webb - 2014 - USA RESUME : Peter Parker trouve son bonheur entre sa vie de héros, bondissant d’un gratte-ciel à l’autre, et les doux moments passés aux côtés de Gwen. Mais être Spider-Man a un prix : il est le seul à pouvoir protéger ses concitoyens new-yorkais des abominables méchants qui menacent la ville. 90 MON HUMBLE AVIS Agréablement surpris par le reboot de Spiderman, cette séquelle n’est pas, à mon sens, du même tonneau que le 1eropus. Le film est loin d’être une purge ou un mauvais film de super-héros. Néanmoins, les scénaristes auraient pu s’épargner un humour permanent au ras du béton et une romance pour ados trop appuyée. Cette nouvelle franchise lancée pour récupérer les droits d’un personnage, censé gonfler les rangs des Avengers (entre la bonne poire Hulk et le fromage scandinave Thor), a su s’affranchir de la 1ère trilogie de Sam Raimi grâce à une fraîcheur sans prétention. Notamment, avec le personnage d’Andrew Garfield dans le rôle éponyme qui apportait son insouciance au rôle. Or, alors que le film se veut plus mature, comme le démontre la scène d’ouverture en forme de flash-back, son personnage est toujours aussi tête en l’air, virant même à la tête-à-claque, la faute à un humour de cour de récréation déjà obsolète. Une cool attitude lors des combats proches d’un esprit dessin-animé en décalage avec les situations explosives et dramatiques. Comme dans le 1erfilm, l’action est présente et les affrontements se multiplient entre Spidey et son nouvel ennemi Electro, interprété par un Jamie Foxx (Ray, Collateral) au départ en mode « frères Wayans » (aïe !) pour finir en pilotage automatique. Un personnage intéressant sur le papier mais dont les motivations et la folie auraient pu être mieux exploitées. A l’image du personnage du bouffon vert, alias Harry Osborn (Dane Dehaan) qui a du mal à exister au milieu de ces confrontations manquant réellement d’enjeux. A quoi sert vraiment Rhino (Paul Giamatti qu’on préfère plutôt dans Sideways) hormis à mettre en valeur les aptitudes héroïques de Spiderman ? Il n’y a d’ailleurs pas grand-chose à redire sur la mise en scène et les séquences de combat. Elles sont lisibles et bien menées (notamment celle dans Time Square), voire spectaculaires à l’image de la scène d’ouverture très James Bondienne. Pourtant, ces combats réglementaires sont rapidement plombés par les atermoiements sentimentaux entre Peter/Spidey et Gwen Stacy (Emma Stone qui mérite qu’on se batte pour elle). Marc Webb tombe alors dans la facilité en shootant des scènes dignes d’une série télé pour ados, où Spidey regarde le ciel et s’interroge sur sa relation, accompagné par une musique sirupeuse de tubes du moment. Entre deux rendez-vous manqués, il retourne au charbon pour protéger la ville alors que se profile déjà à l’horizon l’arrivée des supers vilains bien connus de l’hommearaignée. Un troisième film en perspective qui aura intérêt à faire une cure de Biactol et à chasser ce duvet juvénile pour enfin atteindre l’âge de raison. NOTE : 3+/ 6 ANNABELLE John R. Leonetti - 2014 - USA RESUME : John Form est certain d'avoir déniché le cadeau de ses rêves pour sa femme Mia, qui attend un enfant. Il s'agit d'une poupée ancienne, très rare, habillée dans une robe de mariée d'un blanc immaculé. Mais Mia, d'abord ravie par son cadeau, va vite déchanter. Une nuit, les membres d'une secte satanique s'introduisent dans leur maison et agressent sauvagement le couple, paniqué. MON HUMBLE AVIS Au vu des retombées du film The Conjuring, James Wan et ses producteurs ont pensé qu’un spin-off sur le personnage de la poupée Annabelle serait une bonne idée. En effet, cette dernière, recluse derrière sa prison de verre dans le sous-sol des Warren, avait marqué les esprits. Et, il est vrai que les poupées maléfiques ont un fort potentiel effrayant comme l’ont prouvé Dolls, Dead Silence (du même Wan) et surtout la série des Chucky, parangon de marionnette tueuse. Toujours ancré dans les années 70, Annabelle se situe avant les événements contant les aventures ésotériques de la famille Warren. Pourtant, aucun lien réel ne sera fait entre les deux films, comme s’ils étaient dissociés. Si le début du film sert de mise en place et d’approche des personnages, Annabelle bascule dans l’action avec l’incursion de tueurs issues d’une secte satanique chez Mia et son mari John Form (les exactions des adeptes de la secte de Charles Manson résonnent comme un écho dès le départ). Une scène plutôt réussie permettant de montrer la genèse de la malédiction frappant la poupée. Une séquence qui rappelle plus que fortement la transmutation du personnage de Brad Douriff dans le corps de Chucky. Dans l’ensemble, Annabelle ne tient pas les promesses entrevues dans cette entame de film. Ce 91 dernier est assez mou et compile toute une série de clichés inhérent aux films de possession. Les meubles et les objets ont l’air d’avoir repris une certaine autonomie alors que la poupée éponyme ne bouge toujours pas un cil ! Un peu frustrant d’autant plus que les deux personnages principaux Mia (Annabelle Wallis vue dans Les Tudors. Tiens, elle porte le même prénom que la poupée...) et son mari John Form (Ward Horton aperçu dans Le Loup de Wall Street) à la plastique parfaite, ne dégagent pas énormément de charisme, tant ils sont fades et sans aspérités (ils ressemblent beaucoup à Ken et Barbie comme dirait quelqu’un qui m’est proche). Du coup, on est par moments pas loin du remplissage avec Mia, seule à la maison, entendant des bruits, voyant des ombres et se demandant si elle ne devient pas folle. Des scènes très prévisibles (le popcorn qui fout le feu) contre-balancées par des moments plus pêchus comme l’apparition de personnages entre les portes. Des jumps scares par moment réussis mais qui au final ne viennent pas enrichir le sujet. D’autant plus que pendant ce temps-là, Annabelle est toujours aussi statique et désarticulée, ne devenant que le faire-valoir de l’entité l’ayant possédée, notamment lorsqu’elle se retrouve entre les mains du prêtre. Des passages qui évoquent à la fois L’exorciste et La malédiction sans ne jamais faire preuve d’originalité. Un peu comme la réalisation de John R. Leonetti (Mortal Kombat : Destruction finale, L’effet papillon 2, ah oui...), très sobre et passe partout, juste là pour remplir le cahier des charges. Rien de transcendant donc, malgré quelques tentatives d’actions débridées sur la fin avec notamment la sempiternelle scène dans la cave où l’ascenseur ne fonctionne pas. Au final, Annabelle n’est pas une bouse mais n’apporte rien de plus à la mythologie crée par The Conjuring. On sent un peu trop l’opportunisme du projet alors que personnellement, je pensais qu’il y avait quelque chose à creuser avec cette poupée au faciès vraiment pas très rassurant. A tel point qu’on ne comprend toujours pas comment ce tout petit film a pu se retrouver en salles (il aurait fait un DTV tout à fait convenable) et surtout, comment il a pu susciter tant d’hystérie collective auprès de jeunes puçots en mal de frayeurs, poussant les exploitants de certains cinémas à déprogrammer le film. Incompréhensible, à moins qu’Annabelle, de manière subliminale, n’ait envoûté nos chères têtes acnéides... Pour plus de détails sur le film, je vous renvoie sur la très bonne analyse de mon collègue Rigs Mordo dans sa Toxic Crypt qui, suite à la projection du film, est devenu un adepte de Charles Manson et a commandé un bataillon de poupées gonflables pour créer sa propre secte... ATLANTIC RIM Jared Cohn - 2013 - USA RESUME : Une gigantesque créature des mers menace de s'attaquer à la côte Est américaine. MON HUMBLE AVIS The Asylum est au cinéma ce que le Canada dry est à l’alcool. Leurs productions ressemblent à un blockbuster, l’affiche montre pleins de choses qui ne sont pas dans le film, mais au final, l’effet est le même qu’une cuite au Champomy. Atlantic Rim est en fait un mockbuster, c’est-à-dire un blockbuster outrageusement copié dans les grandes lignes pour surfer sur la vague du succès de l’original. En l’occurrence ici de Pacific Rim de Guillermo del Toro. Une pratique récurrente chez Asylum qui, en changeant quelques lettres s’évite certainement des procès. On se souvient encore des mémorables Transmorphers, Age of the hobbits ou Les Visiteuses (peut-être pas celui-là...). Quand on regarde un Asylum, on sait à quoi s’attendre mais là, il s’avère qu’il faut beaucoup de courage pour aller jusqu’au bout tant le film est mal fagoté dans tous les domaines. Pour résumer sommairement, c’est mal joué, stupide et chiant. Même le spectateur amateur de nanardises plutôt indulgent aura du mal à rester éveillé devant ce DTV torché à la va-vite. En même temps, je me dis que condenser tant de tares dans un seul film confine au génie. Certes, on retrouve les robots géants (ici au nombre de trois) défendant la Terre contre les monstres énormes sortis de l’Océan (ou de l’Atlantique, ça marche aussi) à l’allure de kaijus lézaroïdes très méchants. Il y a aussi quelques similitudes avec le film de Del Toro notamment sur la possibilité des pilotes de contrôler les machines par impulsions neuronales, sans oublier leurs tenues pyjama Power rangers. Pour le reste, c’est à l’avenant. Passons sur la qualité des effets spéciaux qui font relativement illusions pour un Asylum. Ils ne sont donc pas plus moches Note : 3-/ 6 92 que d’habitude. En revanche, arrêtons-nous sur le casting sans étoile où on retrouve Graham Green (vu dans Danse avec les loups... si on lui avait dit ça à l’époque) en amiral blagueur et lourdaud dans son langage, menant la révolte grâce à une troupe d’élite avec à sa tête Red (David Chokacki, héros dans Alerte à Malibu et dans d’autres asylumeries). Il est accompagné de sa copine blonde (Jackie Moore) et du black de service, ex-rapper, Anthony Crisse dit « Treach ». Autant le dire tout de suite, les Oscars, faut oublier. Ici, tout le monde surjoue son personnage de pilote et fait semblant de savoir manier un robot géant dans un faux cockpit derrière des écrans d’oscilloscopes. Un peu à l’image des seconds rôles, comme les pseudos scientifiques féminines qui semblent tout droit sortis d’un centre commercial ou du méchant militaire borgne affublé d’un bandeau. Et encore, ce n’est rien comparé aux figurants censés être effrayés et faire les morts lors des attaques des monstres. Mention spéciale au père qui a perdu sa fille et la cherche dans un immeuble en feu (enfin, c’est surtout l’image qui flambe...). Question scénario, hormis les attaques des faux kaijus, il ne se passe pas grand-chose à l’écran. Ah si, ils picolent pour fêter leur victoire. Et, puis ils repartent au combat. Et, ils picolent à nouveau... Faute d’argent, les producteurs ont tout prévu. Ils multiplient les stock-shots jusqu’à plus soif grâce à des images de l’armée US de navires, de tanks et d’avions. Sans oublier les images de reportage des secours se rendant sur les lieux d’un immense incendie (du classique). Comble du comble, ils utilisent même la vidéo d’une vraie fête dans une espèce de gymnase pour simuler les honneurs rendus à nos valeureux militaires (respect !). Côté action, malgré des combinaisons de ralentis et de scènes qu’on voit en boucle, difficile de nous faire croire que toute l’armée américaine s’est déplacée sur le théâtre des opérations. Faut dire qu’il y a toujours les 5 mêmes militaires qui se battent en duel face aux monstres. Je veux bien croire que l’argent manque mais Jareh Cohn aurait pu faire un effort au niveau de la mise en scène ou faire attention lors du montage. En effet, retrouver les mêmes militaires en faction en champs-contrechamps, ça se voit. Bon, en même temps, ça m’a fait bien rire... Le clou du spectacle reste néanmoins les dialogues et l’humour au ras des pâquerettes qui fleurit tout au long du film. Du « alors tu mouilles » à la blonde descendant dans les profondeurs de l’Atlantique au « tu vas tâter de mon gros membre » du pilote du chasseur se dirigeant vers le monstre, les bons mots volettent et se répandent dans Atlantic Rim comme la pollution dans les grandes villes. C’est vrai aussi que j’ai vu le film en VF sur la chaîne Sci-fi et je me demande bien si les doubleurs n’étaient pas les mêmes que ceux qui officiaient dans Hélène et les garçons, tant les voix étaient (volontairement ?) à la ramasse. Avec tous ces atouts, on pourrait imaginer passer un bon moment devant Atlantic Rim et se fendre la poire. Pourtant, le film manque de fantaisie, n’est jamais vraiment drôle ou divertissant tellement il est mal fait (mais où est le minimum syndicale ?). Dans le même esprit, je conseille plutôt le très bon (car il assume son côté Z) Creepies de Jeff Leroy. NOTE : 1/ 6 THE BABY (THE DEVIL’S DUE) Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillet - 2014 USA RESUME : Suite à une soirée bien arrosée lors de leur lune de miel, deux jeunes mariés doivent gérer une grossesse survenue plus tôt que prévu. Alors que le futur père choisit d’immortaliser les neuf mois à venir en filmant sa femme, il découvre que celle-ci adopte un comportement de plus en plus inquiétant, témoignant... MON HUMBLE AVIS The Baby (titre francisé plutôt ridicule de Devil’s due) est un found footage lambda qui aura fait néanmoins le buzz sur la toile avant sa sortie grâce à sa campagne marketing vu des millions de fois où un bébé animatronique très It’s Alive terrorisait les passants depuis son landau (le même procédé avait été engagé pour le remake de Carrie). Et ce n’est pas forcément un gage de qualité. Tout le monde connaît les problèmes de cadrage et de vomi inhérents à ces caméras portées par des particuliers. En l’occurrence ici, c’est Zach (Zach 93 Gilford vu dans Grey’s anatomy, American Nightmare 2) qui filme sa femme Samantha (Allisson Miller, héroïne de plusieurs séries comme Terra Nova) lors de leur lune de miel en République Dominicaine. La veille de leur départ, un chauffeur de taxi les amènera dans une soirée clandestine très arrosée qui conduira Samantha à se faire empapaouter par un esprit malin lors d’un rituel pas très catholique. C’est après cette nuit de folie et d’ivresse que les choses se gâtent pour les tourtereaux. Enfin, si on veut puisque la montée en puissance diabolique va prendre un certain temps, entrecoupées de séquences habituelles comme l’image vacillante lors de l’échographie, du ventre de notre primigeste qui se déforme ou de sa prédisposition à boulotter de la viande crue alors qu’elle est totalement végétarienne. Il est vrai que Samantha a l’insigne honneur de porter l’antéchrist et nous renvoie de fait au formidable Rosemary’s baby de Polanski. Un remake d’un classique revêtu des oripeaux du found footage. Soit. Le problème du film, hormis sa prédisposition au tangage, est qu’il veut bouffer à tous les râteliers des productions à succès. Ainsi, Zach installe des caméras chez lui pour surveiller sa femme comme dans Paranormal Activity. Samantha se met à grignoter les entrailles des animaux (merci Top Chef) et développe des pouvoirs télékinésiques propulsant ses congénères dans les airs à l’image des héros de Chronicle. Pire, dans un élan d’europhilie exacerbé, la future primipare commence à graver le symbole de la monnaie européenne sur le sol de sa chambre comme si elle postulait à la Présidence de la Commission européenne. Si on m’avait dit que l’Euro correspondait à la marque du diable... The Baby déroule donc son scénario sans surprise, entre moments prévisibles censés terrifier, humeurs agressives et changeantes de Samantha et saignements abondants du Père Thomas lors de la messe (le vin de messe c’est plus ce que c’était), jusqu’à l’arrivée du fils cornu attendu par tout un aréopage de serviteurs qui, visiblement, se damneraient bien pour notre monnaie unique. Les cons... NOTE : 2/ 6 BATTLE OF THE DAMNED Christopher Hatton - 2013 - USA/Singapour RESUME : A la suite d’une épidémie mortelle, le mercenaire Max Gatling mène une poignée de survivants et un groupe de robots reprogrammés à l’assaut d’une armée de zombies infectés. MON HUMBLE AVIS Il y a toujours une forme de nostalgie lorsque se profile à l’écran la carrure de bûcheron suédois de Dolph Lundgren, éternel Drago face à Stallone dans le manichéen et jouissif Rocky IV. Depuis, le bonhomme (tout de même diplômé de chimie) a percé dans le milieu du DTV d’action avec plus ou moins de réussite comme Blood of Redemption, ou La Crypte du dragon. Récemment, il fit un retour remarqué, à l’instar d’autres vieilles badernes, dans la série de films burnés et friqués Expendable sous la houlette de l’étalon italien botoxé. Dans Battle of the damned (Le dernier soldat en VF), on retrouve donc ce brave Dolph (Max Gatling) en militaire à la tête d’un petit groupe chargé de ramener la fille d’un homme fortuné. Problème, la ville est infestée de zombies suite à la fuite d’un virus transformant la population en affamés du ciboulot. Un pitch simple qui n’est pas sans rappeler New-York 1997 de Carpenter. D’ailleurs, on rentre très vite dans le vive du sujet, les scènes d’action se succèdent à un rythme effréné comme dans un jeu vidéo, multipliant les affrontements avec les zomblards déchaînés. Alors qu’on aurait pu penser que l’ensemble allait tourner au shoot' em up permanent, le film calme le jeu à partir du moment où Dolph rejoint un groupe de survivants dans lequel se trouve la fille qu’il doit ramener. Un choix censé caractériser les personnages mais qui trahit surtout un manque de moyens. Battle of the damned a été tourné par Christopher Hatton, dont son précédent film Robotropolis, sorte de film de SF très cheap, se déroulait déjà dans les rues singapouriennes. Encore une fois, les rues asiatiques serviront de terrain de jeu aux figurants grimés (tous asiatiques, alors que le casting est presque exclusivement occidental) dans des avenues désertes et dévastées. Le script ne propose par un concept bien original, on suit un groupe d’humains tentant de se faire un passage au milieu d’infectés (un peu comme dans Walking dead). La réalisation reste basique (voire illisible 94 dans certaines séquences de combat) et les effets spéciaux sont à la hauteur de l’enveloppe qui leur a été consacré. Ils sont moches, à la limite de l’incrustation comme les explosions, les coups de feu et les giclées de sang. On se croirait presque dans un Asylum... Mais, quand on a pas de moyens, on a des idées. Et, c’est certainement ce qu’a dû se dire le réalisateur qui, pour pimenter son film, a décidé d’intégrer à son histoire des robots surarmés et nettoyeurs de zombies. Et, comme l’aurait fait un Roger Corman à l’époque, Christopher Hatton recycle ses robots déjà présents dans Robotropolis ! Du coup, sans trop savoir pourquoi, on se retrouve dans un nouveau concept Robots Vs Zombies donnant un caractère très particulier au film, comme le souligne Dolph dans une réplique. Ce dernier porte d’ailleurs le film sur ses épaules, calibré pour lui (il est aussi producteur) face à un casting de têtes locales et pas très connues. Si son visage n’a pas trop changé, on voit bien que le colosse commence à avoir du mal à trimbaler son double mètre, à sauter et à courir comme avant (il a 57 ans tout de même !), un peu comme Danny Trejo ou Steven Seagal (en fait, pour Steven, ça fait longtemps que le bas de son corps est vieillissant). La fin du film vire à la course-poursuite entre les survivants et les zombies dans des sous-sols désaffectés de vieux immeubles, à l’image de productions fauchées des années 80 comme le mythique Cyborg. Si Battle of the damned est loin d’être original, il n’est pas non plus infamant et remplit son rôle de série B d’action horrifique syndicale (et puis Dolph quoi), malgré sa réalisation hésitante et quelques scènes de remplissage nécessaire. Note : 3+/ 6 BIG BAD WOLVES Aharon Keshales et Navot Papushado - 2014 Israël RESUME : Une série de meurtres d’une rare violence bouleverse la vie de trois hommes, le père de la dernière victime qui rêve de vengeance, un policier en quête de justice qui n’hésitera pas à outrepasser la loi, et le principal suspect – un professeur de théologie. MON HUMBLE AVIS Le cinéma israélien existe et, depuis quelques années, le genre commence à émerger avec notamment un film d’horreur qui s’est fait remarquer dans divers festivals. Le bien méchant Kalevet (ou Rabies pour l’international). Un 1erfilm du duo de réalisateurs également à l’origine de ce Big bad wolves aux relents de soufre. Ce qui marque énormément avec ce film israélien, ce sont ses accointances avec le cinéma coréen (humour noir, thriller sanglant et contexte politique prégnant). Un mélange détonnant dans un film provocateur qui justifierait presque la torture et un « lu et approuvé » de la part de Jack Bauer. Une ambiguïté qui régnera tout au long du métrage comme une épée de Damoclès au-dessus du spectateur. Sur le même sujet, on peut noter les adaptations au cinéma de deux livres du canadien Patrick Senécal. Le peu connu mais très bon 51-50 rue des ormes en 2009 et Les 7 jours du talion l’année suivante. Sans oublier le Prisonners de Denis Villeneuve (Tabarnak ! mais que se passe-t-il chez nos cousins québécois !?!) Dès la scène d’ouverture, le ton est donné avec un passage à tabac musclé d’un pauvre quidam par la police. Une scène tragi-comique qui instaure déjà un climat de tension à la limite de la parodie. Comme dans les thrillers asiatiques, l’intonation du film est décalée, presque drôle dans une 1ère partie pourtant sordide avec des meurtres et des décapitations de petites filles, sous le regard d’inspecteurs qui ont l’air de s’en foutre et d’une hiérarchie plus préoccupée par les résultats. Du coup, on ne sait pas vraiment s’il faut rire ou pleurer, d’autant plus que le métrage est bien balancé avec une très belle photographie. Même dans la 2nde partie, lorsque le professeur est kidnappé et enfermé dans une maison reculée à la campagne, l’ambiance lourde est sans cesse contrebalancée par des séquences comiques, avec par exemple l’intervention téléphonique de la fameuse mère juive, à tel point qu’on se croirait presque dans une comédie italienne tournée par Tarantino. En revanche, le huis-clos qui s’ensuit renvoie directement aux torture-porn qui ont fleuri ces dernières années. Et là, on rigole moins quand la victime subit des séances de torture (coups de marteau, ongles arrachés et même chalumeau). Le 95 discours se fait alors plus politique et on sent bien le poids de la guerre (comme dans certaines productions coréennes avec son voisin du Nord) avec la frontière arabe toute proche et les techniques de torture employées, apprises pendant le service militaire. Au final, Big bad wolves se laisse néanmoins suivre avec un plaisir (coupable ?) indéniable. A la fois provocant, amusant et méchant, le film est empreint d’une violence visuelle et mentale comme si les personnages étaient conditionnés en appliquant la maxime "œil pour œil, dent pour dent". Sans morale, balançant entre gore et second degrés (on retrouve les codes du cinéma coréen à la Memories of murder ou J’ai rencontré le diable), Big bad wolves ne laissera pas indifférent. propos et l’aspect fortement anxiogène qui se dégage du film, car il ne faut pas être claustrophobe pour emprunter les couloirs labyrinthiques du soussol de la Capitale. NOTE : 4- /6 CATACOMBES John Erick Dowdle - 2014 - USA RESUME : Un réseau de sous terrains complexe et inextricable émaille sur des kilomètres le sous-sol de Paris, les catacombes. Lorsqu’une équipe d’explorateurs s’aventure au cœur d’une partie inconnue de ce labyrinthe d’ossements, ils percent le secret de la véritable vocation de cette cité des morts. MON HUMBLE AVIS La perspective de mater un found footage n’est pas toujours des plus réjouissantes (en plus avec le réalisateur de Devil et En Quarantaine), et la 1ère scène censée se dérouler en Iran le confirme. Illisible, vomitive, cette séquence inauguratrice fait mal aux yeux et augure d’un mauvais spectacle. Pourtant, alors qu’on n’attendait rien de cette production, force est de reconnaître que ce Catacombes (As above, So below en VO) malgré plusieurs scories, possède d’indéniables qualités. Tout d’abord, il est à noter que le film n’est pas à proprement parlé un found footage (les bandes ne sont pas retrouvées et analysées), mais un film de caméra portée, notamment sur les casques des explorateurs. Ce qui permettra aux réalisateurs de changer artificiellement d’angles de vue en permanence et atténuera ainsi la sensation de flottement inhérent à ce type de projet. La 1ère qualité du film est d’avoir été tourné en décors naturel dans les dédales et les profondeurs des catacombes parisiennes. On se demande encore comment les autorités administratives ont autorisé le projet (6 millions de cadavres et d’ossements les entourent !). Ceci renforce encore plus la véracité du Le début du film est une version teenager du Da Vinci code et de Benjamin Gates lorsque Scarlet Marlow (Prowl, Les Tudors) se propose de retrouver la pierre philosophale (rien que ça) sur les traces de l’alchimiste Nicolas Flamel. A Paris, elle retrouve son ami Georges (Ben Feldman, vu dans Cloverfield et la série Mad men), capable de lire l’araméen (perso, j’ai pas d’amis comme ça) et part à la recherche d’indices qui les mèneront au centre de la Terre. Soyons honnête, la belle parle 4 langues, résout des énigmes impossibles en 2 minutes et découvre l’endroit de la cachette trop vite pour ne pas faire la fine bouche. Mais, là n’est pas le propos, puisque l’objectif est de descendre dans les catacombes, aidé en cela par un trio de jeunes français grapheurs et adeptes des lieux. Très vite, la tension monte dans les cavités étroites et insalubres où, obligés de suivre un tracé interdit, nos aventuriers de la pierre perdue commencent à être confrontés à des événements étranges, comme ce vieux téléphone qui se met à sonner de manière inexplicable. Un peu too much, mais néanmoins efficace pour faire montrer le trouillomètre. A la vision de Catacombes, on ne peut s’empêcher de le rapprocher de l’allemand Urban Explorers pour le concept et pour The Descent pour les rencontres fortuites au détour d’un couloir. Sans vouloir copier ses références, le film n’est jamais ennuyeux et installe indiciblement une atmosphère de peur latente à mesure de la progression sous terre. Certes, on ne saura jamais pourquoi la caméra est toujours allumée et qu’il y aura toujours un gus pour la tenir (d’ailleurs, très mal par moments), mais le film fonctionne dans son ensemble au fur et à mesure des découvertes et des pièges laissés par les ancêtres des protecteurs de ces trésors enfouis. On se croirait presque à l’intérieur d’une pyramide égyptienne. Catacombes 96 n’est donc pas qu’un simple film de couloir, puisqu’il s’apparente aussi à un jeu de rôle live, où les protagonistes découvrent des pièces cachées, des reliques, prennent des passages sous-marins ou font des rencontres avec es habitants étranges des lieux. Il ne faudra pas non plus trop ergoter sur la fin du film lors des dernières découvertes et des incohérences qui peuvent se faire jour, comme sur la gestion des lieux ou, encore une fois, la capacité à se sortir de situations désespérées par la seule force de leur intelligence, malgré la flippe ambiante et, toujours la caméra à la main. Le spectateur pourra, en revanche, se délecter de séquences réussies jouant bien sur le côté claustro des lieux, et en particulier la scène de la voiture en feu grâce à des effets visuels de toute beauté. Au final, Catacombes est plutôt une bonne surprise si on laisse de côté l’aspect “caméra embarquée” et certaines questions résolues trop rapidement. De plus, contrairement à d’autres films du genre, on s’attache aux personnages (peut-être parce qu’ils semblent moins cons que d’habitude) et on reste captiver par les énigmes qui s’offrent à eux dans cet endroit à la fois terrifiant et merveilleux, tellement cinématographique. Note : 4-/ 6 LE CONGRES Ari Folman - 2013 USA/Israël/All/France/Lux/Pologne RESUME : Robin Wright se voit proposer par la Miramount d’être scannée. Son alias pourra ainsi être librement exploité dans tous les films que la major compagnie hollywoodienne décidera de tourner, même les plus commerciaux, ceux qu’elle avait jusque-là refusés. Pendant 20 ans, elle doit disparaître et reviendra comme invitée d’honneur du Congrès Miramount-Nagasaki dans un monde transformé et aux apparences fantastiques… MON HUMBLE AVIS Ari Folman, cinéaste et auteur israélien, s’était fait connaître en 2008 grâce à Valse avec Bachir, film documentaire d’animation relatant les événements du massacre de Sabra et Chatila à Beyrouth. Un film choc et politique finalement pas si éloigné de son nouvel opus, adapté d’un roman de Stanislas Lem, Le Congrès de futurologie, datant de 1971. Il est rare pour les acteurs de jouer leur propre rôle sur la totalité d’un film. On se souvient de Dans la peau de John Malkovich ou du récent JCVD avec un Van Damme tout en retenu. Pourtant ici, Robin Wright n’hésite pas à jouer de son image en utilisant sa propre carrière pour développer le film autour d’elle. Divisé en deux parties, l’un en prise live et l’autre en animation, Le Congrès est à la fois une charge virulente contre le cinéma de divertissement hollywoodien et une réflexion sur le temps qui passe, et notamment la place des actrices plus âgées au sein de cette industrie. Le 1erplan séquence ouvrant sur le visage de Robin Wright et la voix-off de son agent (Harvey Keitel) lui expliquant que sa carrière bat de l’aile, donne le ton de cette entame de métrage. L’atmosphère est froide, terne et clinique, à l’image d’une Robin Wright (Princess Bride), obligée de mettre sa vie cinématographique entre parenthèse pour élever son fils, et qui n’arrive plus à trouver de sujets de films intéressants. Du coup, la proposition de la scanner pour qu’elle puisse garder sa jeunesse éternelle est assortie d’une close l’empêchant d’apparaître physiquement au cinéma, hormis sous la férule des studios. Et, le réalisateur ne se gêne pas pour dénoncer le diktat des studios hollywoodiens (la Miramount, tout est dit...) utilisant les acteurs comme bon leur semble pour les faire jouer dans de grosses productions sans intérêt, juste pour l’argent. Jeff (Danny Huston), cigare au bec, présenté comme un rapace, est le symbole de ces producteurs qui, de plus en plus, cherchent avant tout à rentabiliser leur investissement, sans forcément aspirer à une quelconque qualité. Des personnages stéréotypés, avides de pouvoir et prêts à tout pour arriver à créer de toutes pièces des films calibrés pour la jeunesse et pour les placements de produits. C’est aussi cette facilité-là qui impose les remakes et les franchises de blockbuster pullulant sur les écrans. Une dénonciation d’un système qui va de pair avec le déclin des actrices ayant dépassé la quarantaine. Comme dans certaines entreprises, où la représentation féminine juvénile est mise en avant, le monde du cinéma est gangrené par ce besoin de figer les corps et les visages dans une beauté de façade toujours plus jeune (Bonjour Meg, Nicole et 97 toutes les autres n’assumant pas leurs rides). Le Congrès est donc aussi une réflexion sur la peur de vieillir et l’hégémonie du paraître, seul ascenseur pour la gloire. Condamnés à être scannés, les acteurs ne seront plus sur les plateaux parce que leurs hologrammes de synthèse auront pris la place. Un scénario très plausible qui, avec l’évolution exponentielle des effets spéciaux, s’immisce de plus en plus au cinéma (Bonjour Jar Jar Binks et autres Avatar...). Sans parler des acteurs morts que bientôt, nous retrouverons à l’écran... Comme pour aller à l’inverse de ces nouvelles technologies, le réalisateur choisit, dans sa seconde partie, de tourner le film dans une animation à l’ancienne. Encore un pied de nez aux dessinsanimés confectionnés par ordinateur, plus laids les uns que les autres (Bonjour Shreck...). Une transposition à l’écran qui pourra dérouter par son dessin particulier et par quelques délires psychédéliques (à ce titre, on retrouve d’autres vieilles gloires ou acteurs comme ce bon vieux Tom Cruise à la dentition parfaite). Il faut dire que les humains, pour échapper à leur quotidien morne, prennent des pilules pour errer dans un monde idyllique cartoonesque où l’imagination a libre cours. Au final, Le Congrès est une œuvre étrange, hybride qui retient l’attention grâce à la performance de son actrice principale. Totalement mise en abyme, on n’est pas loin de penser que le constat sur sa carrière n’est pas loin d’être vrai (depuis, elle a renoué avec le succès grâce à la série House of cards). Si le film est par instant parsemé de quelques scories dans sa 1ère partie et s’avère un peu redondant dans la dernière, il faut bien avouer qu’il reste attachant, réflexif et donne envie de rester vigilant quant à l’avenir de l’industrie cinématographique. NOTE : 4 /6 CURTAINS Richard Ciupka - 1983 - Canada RESUME : 6 jeunes actrices sont invitées à venir passer un week-end d'audition chez un célèbre producteur, Jonathan Stryker, qui offrira un rôle de rêve à la meilleure d'entre elles. Celui-ci s'étant débarrassé de son actrice principale (et compagne) en la faisant interner, il doit lui trouver une remplaçante pour son plus grand film. Cependant, un mystérieux tueur masqué va venir se joindre à la fête... MON HUMBLE AVIS Les années 80 sont un vivier pour les slashers comme Halloween, Vendredi 13 pour ne citer que les plus célèbres. Curtains s’inscrit donc dans cette mouvance horrifique même si le film ne restera pas dans les annales du genre (qui n’est pas un titre de film porno) mais à ranger des productions moins connues comme The Burning ou Final Exam. Avec son affiche simple mais efficace, on aurait tendance à penser que le film serait paré d’un mystère où trônerait l’image d’une poupée maléfique. Comme souvent, le contenu de ces affiches est mensonger, la poupée n’est pas animée, et justifie ses apparitions inopinées (en plein milieu d’une route, sous la neige...) comme annonciatrice de tragédie. Dommage que le concept ne soit pas exploité car son potentiel effrayant aurait pu rehausser l’intérêt du film. Pourtant, alors que le métrage commence bien avec une séquence d’ouverture dans l’asile, l’intérêt général retombe rapidement. Parce qu’il faut bien avouer que Curtains manque de beaucoup de choses, à commencer par un scénario trop ronronnant pour laisser éveiller le spectateur et des meurtres aux préliminaires très longs (la poursuite sur la glace est certes bien amenée) pour un résultat assez plat et dénué d’effets sanglants (il faudra se contenter d’une tête dans la cuvette des toilettes). Ceci est d’autant plus déroutant que le tueur s’acharne sur les actrices avec des armes contondantes (couteau, serpe, hache) et possède un certain charme avec son masque de femme-sorcière aux cheveux rouxorangés (il ressemble un peu à Michael Myers mais avec des cheveux roux...). Entre les meurtres, le réalisateur tente de montrer les rivalités des actrices par des dialogues et des séquences quelque peu soporifiques, d’où émerge Samantha Sherwood alias Samantha Egger (héroïne de Chromosome 3) qui s’oppose physiquement et avec son regard étrange à son compagnon Jonathan Stryker (John Vernon, vu dans Les rues de l’enfer). Des scènes assez molles jusqu’à un final un peu plus pêchu dans les coulisses d’un théâtre. Le réalisateur va ainsi utiliser les accessoires et les 98 mannequins conférant une atmosphère morbide et giallesque à l’action. Au final, Curtains est une petite déception du fait d’un manque de rebondissements dans le scénario et de meurtres mal exploités, et ce malgré la révélation finale sur l’identité du tueur. NOTE : 3-/6 THE DAY Douglas Aarniokoski - 2011 - Canada RESUME : Dans un futur post-apocalyptique, un groupe de 5 personnes erre sur la route. Affamés, ils luttent pour survivre. boulotter sans se défendre. Reclus dans une maison abandonnée, ils décident de faire face à leurs assaillants. Cette fois-ci, on est clairement, dans cette 2e partie, chez un cousin de La nuit des morts-vivants de George Romero. Portés par leur désir de chair fraîche, ces êtres ressemblent à des zombies comme dans la séquence de leur arrivée nocturne derrière un brouillard menaçant. Si certains passages sont assez insipides dans la 1ère partie (dialogues relativement creux en champs contre-champs), The Day se fait plus méchant lorsqu’il s’agit des affrontements entre anthropophages et mangeurs de boîtes de conserve. Une violence sanglante, voire gore à chaque assaut contre la maison qui ne se trahira pas lors des ultimes scènes, et notamment la toute dernière. Au final, The Day est un film plutôt recommandable pour ceux qui sont friands des hommes qui aiment les hommes comme pour ceux qui préfèrent la bouffe déshydratée. C’est un choix... NOTE : 4 / 6 ELEVEN (11:11:11) Darren Lynn Bouseman - 2011 - USA/Espagne RESUME : Une organisation focalisée sur la récurrence des nombres 11:11 autour de nous prédit que la dernière des 11 portes du paradis s'ouvrira pour 49 minutes le 11 novembre 2011. MON HUMBLE AVIS MON HUMBLE AVIS Le film post-apocalyptique est au genre, ce que la comédie romantique est aux ados en fleurs, un bonbon suave et émouvant. Une douceur aux terres dévastées et à la mode cuir vintage qui fleure bon parfois la zéderie transalpine, la sueur ricaine ou encore la madmaxerie philippine. La production de The Day émarge pour sa part dans le haut du panier avec cette petite troupe de survivants armés cherchant à survivre dans un monde hostile. On ne saura rien de la catastrophe ayant engendré cet état de fait. Filmé dans une photographie terne à la limite du noir et blanc (seuls quelques éléments sont en couleur), le film de Douglas Aarniokoski (Highlander : Engame, The Nurse 3D) ne brille pas par son scénario basique et linéaire d’où émerge le Lostien et Tolkien Dominic Monaghan dans le rôle du chef de cette alliance de circonstance. Dans sa 1ère partie, le film est une relecture de La Route de Cormac McCarthy avec ses hordes d’humains devenus cannibales fabricants moults pièges pour satisfaire leur estomac. L’homme est un anthropophage pour l’homme. Sauf qu’ici, nos héros n’ont pas l’intention de se laisser Un peu avant que Roland Emmerich ne déverse son apocalypse américano-inca dans son désormais mémorable 2012, Darren Lynn Bouseman avait coché le mois de novembre 2011 en recevant le calendrier des PTT (ou des pompiers). Non pas que l’auteur de quelques Saw, de Repo, the genetic opera et de Mother’s day ait décidé de commémorer le 11 novembre devant le monument aux morts de sa ville, en faisant surgir de terre les poilus de la grande guerre à l’image des zombies du clip de Thriller (en même temps, ça pourrait être une bonne idée de script...), mais en réalisant un film sur la date fatidique du 11 novembre 2011. Aurait-il reçu un appel d’Elisabeth Tessier ou de notre Paco Rabanne national ayant prédit la chute de la station Mir en plein Gers (!?!) Nul ne le sait. En revanche, on imagine bien que l’homme-caca (je sais, c’est pas génial comme traduction) a vu l’opportunité de faire flipper son monde en décrétant que ce jour-là, la conjonction des nombres et des planètes entrouvriraient la porte des enfers. 99 LA GALAXIE DE LA TERREUR Bruce D. Clark - 1981 - USA RESUME : Sur la planète Morganthus, l'équipage d'une unité spatiale disparaît subitement. Un vaisseau de sauvetage y est envoyé mais ne trouve aucun survivant sur place. Dans le but d'en savoir plus, les sauveteurs explorent les environs sur Morganthus et s'introduisent dans une gigantesque et terrifiante pyramide. Après tout, pourquoi pas, on a vu pire comme point de départ. Le problème principal de Eleven est qu’il ne se passe quasiment rien pendant les trois-quart du métrage. Le scénario ne développe jamais la moindre idée intéressante et reste cantonné à des poncifs comme dans un téléfilm allemand de fin d’après-midi dominicale. Certes, on voyage en Espagne avec Joseph (Timothy Gibbs, aperçu dans Witchboard 2 avec ses faux airs de George Clooney) qui retrouve son frère religieux reclus dans son fauteuil roulant (Michael Landes vu dans Destination finale 2) et son père paralytique mais pas avare en paroles énigmatiques. Pour gonfler son récit et donner un aspect inquiétant comme dans La Malédiction, Darren Lynn Bouseman parsème son film d’images sporadiques de démons apparaissant sur des caméras de surveillance. Ce qui a le mérite de sortir le spectateur de sa torpeur noctambule, mais l’effet escompté ne dure qu’un instant. Autre point négatif de Eleven, il est très bavard, comme un mec bourré qui déblatère des considérations religieuses à un lampadaire à 4 heures du matin. On ne comprend rien et on a envie de s’éloigner pour éviter qu’il nous vomisse sur les chaussures. Le scénario enfonce donc les portes ouvertes de l’enfer à coups de regards perplexes, de jumps scares faciles et de discussions redondantes. Il faut vraiment attendre la dernière séquence pour que l’action démarre enfin. Les meubles bougent, les objets volent et l’armée démoniaque pointe le bout de sa queue lors d’une ultime scène pluvieuse et sanglante très proche d’une série B des 80’s. Mais, c’est trop tard et malgré les twists qui s’enchaînent, le carnet de bal reste vide et la danse s’achève sans que Darren ait pu conclure. NOTE : 2/ 6 MON HUMBLE AVIS C’est avec un retard de plus de 30 ans que j’ai visionné cette petite production qui aurait sans aucun doute pu intégrer mon dossier 1981 si je l’avais vu à l’époque. La galaxie de la terreur est vraiment une bonne surprise pour les amateurs de vieilles bandes de SF rétro des 80’s avec toit ouvrant sur les étoiles et option nanar sans supplément. En route vers l’infini en carton-pâte ! Avec le succès d’Alien à la fin des 70’s, Roger Corman (en homme averti et toujours prêt à faire tomber les dollars) décida d’exploiter le filon de la SF à l’instar de ses collègues transalpins. Bien lui en a pris puisque son film vole bien au-dessus de toutes les œuvrettes du genre qui ont pullulé à cette époque. Avec un casting où on reconnaît Erin Moran, (Happy days), ou encore un Zalman King énervé et cabotineur (futur scénariste et réalisateur de L’orchidée sauvage). Sans oublier une des futures stars du cinéma de genre en la personne de Robert Englund (à la fois gentil alien dans la série V et éminent croquemitaine dans la franchise Freddy), ou ce brave Sid Haig qui a longtemps traîné sa barbe sur les tournages de série B avant de bénéficier d’une seconde jeunesse grâce à Rob Zombie (The Devil’s rejects). Après une scène d’introduction où le Maître (à la tête lumineuse !) décide d’envoyer une mission de secours pour récupérer l’équipage du vaisseau spatial "Rebus", le film démarre très vite. Un postulat de départ assez simple qui aura le mérite de nous 100 propulser immédiatement dans l’espace en direction d’une mystérieuse planète inhospitalière, où trône une magnifique et gigantesque pyramide. Malgré son budget peu important, force est de constater la bonne tenue des effets spéciaux (rouge sang et bricolés pour certains plans très gores) et des mattepainting. D’autant plus qu’ils sont notamment l’œuvre de Tony Randel (futur réalisateur de Hellraiser 2), Alec Gillis (Starship Troopers), aidés par un certain James Cameron aussi réalisateur de seconde équipe. Tous trois en provenance de l’écurie Corman au même titre que l’ensemble des techniciens présents sur le plateau pour les décors et costumes parsemant ce film aux influences multiples en plus d’Alien. Comment ne pas penser à La planète des vampires ou Inseminoïd, et même The Thing plus tard. Des références plus ou moins voulues au sein d’un métrage qui, soyons honnête, pêche un peu au milieu de son récit, une fois les astronautes débarqués. La galaxie de la terreur devient alors un film de couloirs, certes sympathique, mais au rythme assez lent, qui vaudra surtout pour ses quelques scènes d’attaques. Comme celle qui voit la pauvre Dameia (Taaffe O’Connell) se faire littéralement violer par un gros ver, une gloumoute de tube et de latex (la très belle affiche du film pas aussi réussie dans la réalité...). Le monstre aura quand même la bonne idée de dévêtir la donzelle pour faire partager aux spectateurs ses charmes pulmonaires. Quuhod (Sid Haig) aura aussi la malchance de croiser une créature qui lui sectionnera le bras (et plus sans affinité), malgré sa dextérité pour manier des sortes de shurikens géants en cristal qui renvoient directement au fabuleux, et maintenant un peu kitsch, Krull de Peter Yates en 1983. Au-delà de ses qualités techniques et visuelles (pour les nostalgiques comme moi), La galaxie de la terreur n’en reste pas moins une série B où certains acteurs surjouent (Erin Moran a les yeux exorbités en permanence...) et où les dialogues en VF restent irrésistibles. Cela va d’un « Non d’un Martien borgne ! » au commandant qui, escaladant une montagne, déclare de manière péremptoire « Je suis vieux et fatigué, je préfère mes pantoufles ». Des répliques nanardesques disséminés tout au long du film entretenant un climat comique entre séquences de combats, plans gores et massacre de l’équipage. Le film se permettant même de finir sur une scène pseudo philosophico-mystique assez incompréhensible, sortie de l’esprit d’un trip sous acide. Des ambitions étranges pour une véritable série B, flirtant constamment entre le portnawak, le film de SF d’horreur de qualité et une réflexion métaphysique sur la vie ! Définitivement un must du genre. NOTE : 4/ 6 LA GUERRE DES CERVEAUX (THE POWER) Byron Haskin - 1968 - USA RESUME : Un homme réalise qu'il a le pouvoir de bouger les choses par la seule force de son cerveau, et aussi de dominer les hommes. Malheureusement, un autre homme a ce pouvoir et veut le tuer. MON HUMBLE AVIS Byron Haskin est bien connu des fantasticophiles avec des œuvres telles que Quand la Marambuta gronde, mais surtout pour ses penchants concernant la science-fiction (La conquête de l’espace, De la Terre à la Lune, Robinson Crusoë sur Mars). Pour son dernier film, dans lequel on retrouve George Pal à la production (on leur doit aussi le formidable La guerre des mondes), Byron Haskin s’attaque aux pouvoirs de l’esprit et de la télékinésie. La guerre des cerveaux est à la fois un film d’anticipation fantastique et une enquête policière pour découvrir l’identité du tueur qui décime l’un après l’autre les membres du groupe de scientifiques à l’origine de recherches sur les pouvoirs de l’esprit. Le début du film est à ce titre assez réussi, puisqu’on se retrouve dans une ambiance de centres de recherches scientifiques à l’image du Voyage fantastique. Une atmosphère très sixties qui sied bien à ces films au charme suranné d’une SF encore naïve et innovatrice. De la même manière, la scène de télékinésie prouvant qu’un personnage autour de la table est supérieurement doué, est vu comme une séance de spiritisme faisant définitivement basculer le film vers le fantastique. Progressivement, le métrage se transforme en thriller. Jim Tanner décide de partir à la recherche du mystérieux Adam Hart, personnage clé et énigmatique semblant manipuler son entourage. En chemin, il se sentira observé, attaqué par une force 101 indicible lui donnant des hallucinations, notamment dans une fête foraine. Toute la partie manipulation mentale, troubles visuels et hallucinations de l’esprit est très intéressante parce qu’elle joue sur les sens, et on pense à des films comme Scanners de Cronenberg ou Furie de De Palma. En revanche, toute la partie policière au milieu du film est un peu en dessous en comparaison avec le sujet initial, et se perd en intensité lors de scènes de dialogues qui cassent un peu le rythme du film. Côté casting, on retrouve le jeune premier au brushing pimpant George Hamilton (Le vampire de ces dames) dans le rôle de Jim Tanner associé à sa plus que collègue Margery Lansing, Suzanne Pleshette (Les oiseaux). On remarquera aussi la présence d’Yvonne de Carlo (Les dix commandements) mais surtout de Michael Rennie, le célèbre Klaatu de Le jour où la Terra s’arrêta, qui apporte ici sa carrure longiligne. Au final, La guerre des cerveaux est un film agréable à suivre, auquel il manque un souffle totalement fantastique pour lui accorder le rang de culte, en développant encore plus tout le pan de la science-fiction comme dans La grande menace de Jack Gold. Néanmoins, ce film peu connu est hautement recommandable et mérite d’être vu comme un exemple d’une SF intelligente et réflexive. NOTE : 4 /6 HOUSE OF THE DEVIL Ti West - 2009 - USA RESUME : Samantha tombe par hasard sur une offre pour du babysitting. Samantha découvre alors une maison étrangement calme et se retrouve embarrassée quand le propriétaire des lieux lui avoue que les tâches qu’elle doit accomplir sortent un peu de la norme du gardiennage. MON HUMBLE AVIS Ti West s’est fait une place de choix dans le monde des productions horrifiques à petit budget. Après son 1eressai plutôt convaincant The Roost, il subit une mauvaise expérience avec la suite de Cabin fever, pour laquelle il s’accoquina à un studio pour un résultat pas des plus mémorables. Retour à l’indépendant avec ce House of the devil qui sent bon les années 70 et le début des 80’s alors qu’il date de 2005. A l’instar de la reconstitution de cette époque faite par James Wan pour The Conjuring, le film se pare des oripeaux d’un cinéma d’une autre époque. Décors, coiffure, vêtements et même la musique sont au diapason d’un métrage tourné avec les techniques d’antan. Cet ensemble réussi donne une ambiance bien particulière au film comme s’il était le rejeton assumé d’un Amityville et de Rosemary’s baby. Plongé dès le très beau générique d’ouverture dans un film old-school, le spectateur ne peut être qu’ébloui par le cachet et la patine du métrage qui semblent tout droit sortis du passé. Une 1ère partie certes un peu lente (c’est aussi une caractéristique du cinéma de Ti West) qui a le mérite de caractériser les personnages et de mettre en place une histoire totalement crédible (le film est annoncé basé sur une histoire vraie, pratique courante des années 70). La 2epartie démarre plus fort avec l’arrivée de Samantha devant la maison où elle est censée faire son babysitting. Le ton se fait plus sérieux, entre ses rencontres avec des personnages énigmatiques et les propriétaires de la maison, les Ulmans, couple à l’allure très étrange, presque lynchéenne. Une tension feutrée, palpable, perclus d’accès de violence qui font voler en éclat l’apparente harmonie des lieux. Une maison grande et ancienne, comme hantée par de terribles secrets et qui ajoute à l’atmosphère lugubre de l’ensemble. Quand Samantha découvre les réelles intentions de ses hôtes, le mal est déjà fait. Le métrage enchaîne alors les confrontations brutales et sanglantes. Car House of the devil est avant tout un film d’épouvante à l’ancienne, qui prend son temps, mais n’hésite pas à taper fort quand il le faut. Entre secte sataniste et slasher, le film est un condensé de plusieurs influences qui pourront rebuter certains, mais qui pour d’autres, les renverront 30 ou 40 ans en arrière. NOTE : 4 /6 102 HUIS-CLOS Jacqueline Audry - 1954 - France RESUME : Un groupe de damnés arrive aux portes de l'Enfer : un hôtel désuet. Trois d'entre eux sont enfermés dans un même salon. Chacun évoque sa vie, mais de brèves apparitions de leur existence, démentent leurs propos. MON HUMBLE AVIS Huis-clos est la transposition au cinéma de la pièce de théâtre éponyme de Jean-Paul Sartre. Ce dernier ayant participé à l’adaptation et aux dialogues avec Pierre Laroche qui n’est autre que le mari de la réalisatrice Jacqueline Audry. Une des rares femmes cinéastes de cette époque à qui l’on doit entre Les malheurs de Sophie ou Le secret du chevalier d’Eon. Comme son nom l’indique, Huis-clos de déroule quasi exclusivement dans une seule pièce, même si la première scène montre l’arrivée des nouveaux "élus" en enfer par une réception d’hôtel faisant office d’antichambre de l’au-delà, avec groom à l’entrée et garçons d’étage. Comme si les vacanciers prenaient possession de leur chambre, les damnés sont répartis dans une pièce. Alors que les personnages s’attendent à trouver des objets de torture et les flammes de l’enfer, les voilà au milieu d’une chambre plutôt cossue avec comme seuls mobiliers trois canapés. Si le postulat de départ est fantastique, les seuls effets visuels du film se limiteront à des miroirs qui ne réfléchissent plus les images et à une fenêtre se transformant régulièrement en écran de cinéma. De petits films illustrant l’après mort des trois personnages et les conséquences sur les vivants et permettant surtout à la réalisatrice des respirations salvatrices pour sortir de l’ornière du théâtre filmé où apparaissent les juvéniles Nicole Courcel et Danielle Delorme. En tête d’affiche de Huis-clos, on reconnaît Arletty, éternelle Garance des Enfants du paradis, dans le rôle d’Inès en employée des Postes qui ne cache pas son attirance pour les femmes, et notamment pour Estelle (Gaby Sylvia, vue dans Nous irons tous au paradis). Une mondaine au manteau de fourrure clinquant qui cherche quant à elle à se rapprocher de Garcin révolutionnaire fusillé (Franck Villard, apparaissant dans de nombreux seconds rôles tels que Le cave se rebiffe). Un trio qui a bien du mal à cohabiter du fait d’extractions sociales différentes et de caractères opposés. Comme la pièce de théâtre, le film se résume alors à des joutes verbales tentant d’analyser la situation et de s’échapper. Huis-clos vaut ainsi surtout pour ses dialogues bien troussés où la voix gouailleuse et parigote d’Arletty (elle se permettra même de pousser la chansonnette), en lesbienne assumée, vient fissurer les certitudes des deux autres convives. Autre élément sympathique, les entrées intempestives du majordome débonnaire (Yves Deniaud, qui donna la réplique à Louis Jouvet dans Knock) à la langue bien pendue, comme tout droit sorti d’un film d’Audiard. Entrecoupées de séquences extérieures, le film ne sombre pas pour autant dans la redite et constitue une alternative acceptable à la pièce de théâtre (même si la puissance théâtrale doit exacerber le texte de Sartre). Sans atteindre les sommets du cinématographe, Huis-clos est assez représentatif d’un cinéma fantastique à la française de cette moitié de XXe siècle, à la fois social et poétique. Une histoire où Sartre nous explique qu’il n’y a pas besoin du feu de l’enfer pour damner ses personnages. Les rassembler dans une pièce pour l’éternité suffit pour engendrer une torture mentale commune. Quand la promiscuité et le regard de l’autre deviennent un enfer. Si c’est ça l’enfer, vaut mieux encore aller au paradis... NOTE : 3+/6 ICEMAN 3D Law Wing-Cheong - 2014 - Hong-Kong RESUME : Un garde impérial et ses trois amis d'enfance ayant comme mission de le traquer sont accidentellement enterrés et enfermés dans la glace à l'abri du temps. 400 ans passent et alors qu'ils sont enfin décongelés, la bataille peut reprendre. 103 MON HUMBLE AVIS Comment une des plus grosses productions cinématographiques Hong-kongaise peut engendrer un tel fatras de connerie ? La réponse se trouve dans ce remake d’un film de 1989 (Iceman cometh avec Maggie Cheung et réalisé par Clarence Fok) où le budget a explosé pour aboutir à un ratage sur toute la ligne (sachant qu’il doit y avoir une suite...). Il faut dire que le réalisateur Law Wing-Cheong, passé chez Johnnie To en tant qu’assistant tout de même, n’est pas aidé par un scénario perdu entre non-sens et ridicule. Parce qu’il a été emprisonné dans les glaces, Iceman 3D commence par le réveil et l’arrivée de He Ying (Donnie Yen) dans notre monde contemporain à grand renfort d’éclairs très années 80 comme dans un vrai faux plagiat de Terminator. Petite différence, mais de taille, notre Hibernatus va uriner comme s’il possédait une lance à incendie. Une séquence au bon goût revendiqué et qui préfigure bien ce que sera la suite du métrage. Soulagé, notre héros saute sur un bus pour se déplacer à travers la ville (il utilisera ce moyen de locomotion dès qu’il pourra). Et c’est parti pour un festival d’action boursouflée, de dialogues insipides et de scènes grotesques. Le tout noyé dans un humour au ras de la bouche d’égout voire plongeant littéralement dedans quand He Ying, poursuivi par la police, lâche ses plus beaux excréments dans les toilettes pour les faire exploser comme une bombe puante se déversant avec bonheur sur les personnages ahuris (400 ans de merde concentrée, faut comprendre aussi...). Même les reconstitutions historiques sont grotesques à l’image de celle qui voit He Ying se battre avec deux ennemis et s’échapper en faisant du bouclier des neiges comme dans une parodie de James Bond. Et encore, il y a bien pire quand ce pauvre Donnie Yen (loin de ses rôles dans Ip man ou SPL) cabotinant comme un âne enragé, découvre les nouvelles technologies, entre la nana hystérique qui s’est prise d’affection pour lui et son collègue homo maniéré. Jouant sur les anachronismes de la rencontre avec une télévision ou une tablette numérique, le film tombe dans la comédie de boulevard niaise comme un vulgaire ersatz des Visiteurs qui aurait bu l’eau des toilettes et de L’île aux enfants... Pour le reste, le scénario se résume à une course-poursuite entre He Ying et ses deux adversaires eux aussi revenus du passé, de gags gênants et de situations improbables (Donnie Yen n’a jamais vu une tablette de sa vie mais est néanmoins capable de surfer sur le net comme un geek). Si les scènes d’action sont assez efficaces (la baston dans la boîte de nuit), la dernière bobine envoie du lourd en confrontant nos trois soldats de la garde impériale sur le pont Tsing Ma Bridge. Enfin, sur une reproduction qui aurait coûté 50 Millions faute d’autorisations des autorités locales (syndrome Les amants du pont neuf). Affublées de leurs armes respectives (mais comment sont-elles arrivées là ?), les trois assaillants s’en donnent à cœur joie dans un déluge d’effets visuels outranciers (3D oblige), de ralentis, au milieu d’un amas de voitures accidentées sous les yeux médusés des conducteurs et du spectateur qui se demande encore pourquoi Donnie la menace chevauche ce cheval blanc en parant les balles avec une chaîne... Au final, Iceman 3D est vraiment à prendre au 15edegré pour apprécier ce spectacle oscillant entre La cage aux folles, Austin Powers et Les Visiteurs. Après tout pourquoi pas, mais ce blockbuster botoxé aux dollars Hong-kongais n’est même pas vraiment divertissant mais plutôt consternant. A moins d’adhérer à l’humour scatologique et à l’épandage de matière fécale. NOTE : 2 / 6 LEFT BEHIND (LE CHAOS) Vic Amstrong - 2014 - USA RESUME : Un petit groupe de personnes tente de survivre après la disparition de millions de gens dans le monde. MON HUMBLE AVIS Depuis plusieurs années, Nicolas Cage est enfermé dans une centrifugeuse à mauvais films (Ghost Rider, Hell Driver...) où il semble condamné à 104 tourner des DTV entre la Bulgarie, la Moldavie, la Roumanie... enfin dans tous les pays de l’Est finissant en « i ». De temps en temps, il s’en extirpe et montre qu’il peut être un bon acteur (Leaving Las Vegas, A tombeau ouvert ou récemment Joe). C’est certainement l’appât du gain qui explique la participation de ce bon Nicolas à ce nanar, qui en plus d’être mauvais, distille un discours religieux nauséabond. Adapté d’une série de livres écrite par Jerry B. Jenkins et Tim LaHaye, proches d’une mouvance évangélique apparemment sectaire, le film n’est qu’un prêchi-prêcha annonçant la fin du monde où seuls quelques élus seraient sauvés. Ca ne nous rappellerait pas le très mauvais, à tous les sens du terme, Battlefield Earth, issu des livres de Ron Hubbard ? Comme son illustre aîné, au vu de son manque de qualité, Left behind ne risque pas de faire basculer le spectateur dans le radicalisme. Formellement, le film fait peur du fait d’une photographie terne de téléfilm, d’acteurs de seconde zone et d’une musique d’ascenseur. Les ingrédients sont donc réunis pour passer un dimanche aprèsmidi sur une chaîne de la TNT. Et encore, eut-il fallu qu’il se passât quelque chose dans les 40 premières minutes. L’encéphalogramme reste définitivement plat entre atermoiements amoureux, dialogues sans intérêt et relents de réflexions religieuses. Le seul moment intéressant intervient donc quand presque tous les enfants disparaissent d’un coup comme volatilisés, laissant leurs vêtements sur place (on se souvient que la récente série The Leftovers est basé sur le même concept). Comme le scénario n’a rien prévu (c’est ballot), tout le monde court partout en criant à la recherche des disparus. La mise en scène (façon de parler) oscillera par la suite entre le huis-clos à l’intérieur de l’avion piloté par Nico (qui a un peu l’air de s’ennuyer) et sa fille restée au sol au milieu du chaos. Alors que la Terre part en sucette, les rescapés de l’avion se perdent en conjecture sur les origines divines du phénomène pour en conclure que c’est le début de l’Apocalypse, et de se rendre compte que les religieux avaient raison. En attendant, Nico la Menace essaie de calmer tout le monde et évite même un avion de justesse arrivant face à lui dans une scène que n’auraient pas renié les scénaristes de Fast and Furious. Au final, Left behind s’apparente à une épreuve biblique sur l’Apocalypse, prosélyte mais qui rate sa cible à cause d’un traitement ridicule, d’un script paresseux et d’une réalisation télévisuelle. J’imagine que notre Nico pas national a encore des dettes à éponger, mais s’il pouvait s’abstenir d’apparaître dans le prochain Ghost Rider ou Dernier templier, nous lui en serions tous reconnaissants. NOTE : 1 /6 LUCY Luc Besson - 2014 - USA/France RESUME : A la suite de circonstances indépendantes de sa volonté, une jeune étudiante voit ses capacités intellectuelles se développer à l’infini. Elle "colonise" son cerveau, et acquiert des pouvoirs illimités. MON HUMBLE AVIS Plus gros succès du cinéma français dans le monde avec plus de 450 M de recettes, dont 126 M aux States et 5 millions d’entrées dans l’hexagone, Lucy a reçu des monceaux de haine par les critiques à la mesure de ce qu’il avait rapporté. Le film valait-il ce torrent de merde déversé sur le réalisateur du Dernier combat et d’Angel A ? Soyons honnête, dans sa première partie, le film de Luc Besson est loin d’être une purge. Délaissé de son humour de calbut usagé et de sur-découpages intempestifs, Lucy se laisse suivre dans une entame voyant Scarlett Her Johansson se faire empapaouter par un parrain de la mafia Taïwanaise, Choi Old boy Min-sik. Devenue une mule, son paquet de drogue (la CPH4) se désintégrera en elle pour la transformer en X-Woman aux capacités cérébrales hyper développées. Confuse, Scarlett/Lucy est plutôt crédible dans son rôle de paumée devenue géniale (un peu comme dans Le cobaye). Son objectif devenant de contacter le Professeur Norman (Morgan Freeman en pilotage automatique, la faute à un personnage pas très travaillé) spécialiste du cerveau. Certes, Besson ne fait pas dans la subtilité comme avec la comparaison des prédateurs et l’accentuation du côté caricatural des méchants. Pourtant, sans être transcendante, sa caméra souple et son histoire, simple mais efficace, donnent le change pendant une première partie dynamique et bien retranscrite à l’écran, à tel point que l’on se demande ce qui est arrivé au papa des Minimoys. Alors que le film tient 105 à peu près la ligne de flottaison d’un actionner fantastique aux effets visuels réussis, Lucy plonge tout à coup dans les abysses du nanaouette (contraction de "nanar" et « cacahuète ») avec la course-poursuite dans les rues de Paris. Une séquence aux relents de Taxi et du Transporteur où les bagnoles volent et l’image s’accélère faisant voler en éclats toute la construction du début. Le scénario fait alors une embardée définitive et vient s’écraser sur le mur de l’Université où le film se terminera. Retrouvant ses instincts primaires, le mogul du cinéma français n’y va pas avec le dos de la cuillère dans une Sorbonne transformée en champs de bataille où une vingtaine d’asiatiques sur-armés (jusqu’au bazooka présent dans tous ses films) y pénètrent pour dégommer de la flicaille française. Et encore ce ne serait rien si la pauvre Scarlett, devenue une sorte de Dieu incarnée, ne remontait le temps dans un déluge d’effets spéciaux pour aller effrayer quelques dinosaures (!) et toucher le doigt de Lucy, notre ancêtre simiesque, dans une pose rappelant le plafond de la chapelle Sixtine (!!!). Une séquence confinant au ridicule alors que le film traitait du développement et des possibilités d’utilisation du cerveau. Omnisciente, Lucy finit en clé USB. On se dit alors que le réalisateur est passé à côté de son sujet en privilégiant une approche de film d’action spectaculaire au détriment d’une réflexion plus pointue sur les mystères de l’esprit. NOTE : 3-/6 MACISTE CONTRE ZORRO Umberto Lenzi - 1963 - Italie RESUME : Après la mort d'un roi, deux héritières se disputent le trône et sont à la recherche du testament. L'une d'elles décide de faire appel à Zorro pour l'aider et l'autre à Maciste. MON HUMBLE AVIS Créer un cross-over entre le péplum et le film de cape et d’épée était la gageure que nous promettait cet improbable Maciste contre Zorro. Et pourtant, Umberto Lenzi transforme l’essai avec cette bande certes fantaisiste mais 0 combien réjouissante. Même si ce dernier n’a réalisé qu’une dizaine de films à cette époque, Umberto Lenzi se fera connaître dans plusieurs genres comme le fantastique avec Au pays de l’exorcisme, le film de cannibale avec Cannibal Ferox ou de zombie avec L’avion de l’apocalypse. Des titres de références dont les prémisses apparaissaient peutêtre déjà dans ce film d’aventures de 1963. Malgré son postulat de départ totalement anachronique faisant cohabiter l’hispanisant Zorro au "péplonien" Maciste, le film reste cohérent et bénéficie d’un traitement suffisamment sérieux pour fonctionner. En effet, Maciste contre Zorro est une vraie bande d’aventures old school où fusionne des genres différents de manière amusante et réussie. Une bonne humeur générale enserrée dans un scénario plutôt simple mais non dénué d’intérêt permettant aux personnages de déployer une énergie communicative. La mise en scène de Lenzi et son Technicolor magnifique embellissent les d’affrontements décalés entre un Maciste torse poil, les soldats façon mousquetaire de la malfaisante Malva et l’acrobatique Zorro. Le film bénéficie aussi des formes généreuses d’Alan Steel (alias Sergio Ciani vu dans Sanson contre Hercule) dans le rôle de Maciste, perpétuant ainsi la tradition des bodybuildeurs musculeux évoluant dans les péplums européens. Il est plus là pour sa carrure que pour son jeu et on se demande encore comment il passe inaperçu dans les rues de la ville (il revêtira néanmoins un marcel en cuir pour faire plus habiller). Sans oublier la prestation tout en subtilité de Pierre Brice, éternel héros indien dans la série de western germaniques des Winnetou. Chacun des deux héros aura son moment de gloire à l’écran lors de scènes d’action bien menées jusqu’à un duel fratricide et drôle en pleine campagne où Zorro sortira son épée et Maciste sa grosse poutre (une vraie poutre hein...). Parce qu’au départ, les deux comparses sont opposés. Maciste est envoyé par Malva pour récupérer et détruire le testament prouvant que sa rivale Isabella doit accéder au trône de Nogara. Cette dernière a sollicité Zorro pour l’aider dans sa quête. Une confrontation basée sur un mensonge (Maciste est manipulé) qui engendrera une multitude d’affrontements, de trahisons et de scènes fort 106 sympathiques convoquant tous les ingrédients inhérents à ce genre de films. Ainsi, Zorro virevolte comme un beau diable au milieu d’assaillants où son épée fait mouche tandis que Maciste utilise sa force herculéenne pour se dépêtrer de situations périlleuses. Il est enchaîné dans une prison avec un crocodile censé être vivant (ou il est en carton) qu’il enverra ad patres d’un coup de pierre en polystyrène. La bonne idée du film est de ne pas cantonner Maciste à un rôle d’idiot du village uniquement mû par sa force. Il est intelligent, rusé et utilise même son charme auprès d’une servante pour pénétrer le château à la fin du film. Un final qui verra enfin nos deux héros s’associer et se battre ensemble pour découper pour l’un et désosser pour l’autre du soldat. Au final, Maciste contre Zorro est un spectacle divertissant qui parvient à faire exister deux personnalités qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Umberto Lenzi prend au sérieux ses personnages, même si l’humour est toujours très présent, et rend crédible un projet qui, sur le papier, ne semblait pas envisageable. Bien rythmé, jamais ennuyeux, Maciste contre Zorro est un bon film de cape et d’épée où se serait perdu un héros antique glabre et barbu pour notre plus grand plaisir. NOTE : 4/ 6 MALEFIQUE (MALEFICENT) Robert Stromberg - 2014 - USA RESUME : Maléfique est une belle jeune femme au cœur pur qui mène une vie idyllique au sein d’une paisible forêt dans un royaume où règnent le bonheur et l’harmonie. Un jour, une armée d’envahisseurs menace les frontières du pays... MON HUMBLE AVIS Depuis ses premières œuvres innocentes et destinés aux enfants, Disney a bien évolué en devenant plus adulte. Sa filiale cinéma lui servant désormais à promouvoir des productions, certes toujours à destination de la famille, mais aux relents sombres, modernes dans son approche de la vie. Ainsi, la firme aux grandes oreilles se réapproprie les mythes et les contes qui ont fait d’elle ce qu’elle est. Grâce aux succès de films tels que le sympathique Blanche Neige et le chasseur, relecture guerrière du conte pour enfants, les studios se lancent ici un peu le même défi avec cette adaptation de la belle aux bois dormants. Il faut dire que le revival de l’heroïc-fantasy initié par Le seigneur des anneaux, est à l’origine aujourd’hui d’une foultitude de titres transportés de facto dans un univers fantastico-médiéval. Maléfique ne réchappe pas à l’avalanche en transposant le monde du conte bien connu pour enfants sur les terres balisées par ses prestigieux prédécesseurs. Le film est à la fois peuplé de créatures merveilleuses ainsi que de belliqueux chevaliers (le visuel et les enjeux sont proches du Monde de Narnia), rehaussé par une violence visuelle cherchant à ancrer le métrage dans une réalité quotidienne (on pourrait ajouter la version ratée de La Belle et la bête de Christophe Gans). Si la voix-off renvoie directement aux contes de fées, Maléfique bascule rapidement dans un fantastique graphique post-moderne avec comme figure de proue une Angelina Jolie (Tomb Raider) en vraie fée du hobby, batifolant au milieu d’un monde féerique peuplé de monstres gentils (tiens, j’ai pas vu Casimir). Une composition toute en retenue pour la petite fée ailée aux grosses lèvres et au visage émacié, basculant vers le côté obscur de la baguette suite à une trahison sentimentale, faisant apparaître son âme noir de sorcière. On retrouve dans le rôle d’Aurore, la narcoleptique, Elle Fanning, vue dans Super 8 (et sœur du bien connu IL). Elle apporte son visage poupin et son sourire niais à ce personnage de conte ici placé au second plan. Face aux deux rôles féminins, Sharlto Copley donne toute la mesure de son cabotinage entrepris depuis sa découverte dans District 9. La première partie du film est visuellement magnifique du fait d’effets spéciaux particulièrement réussis et décrivant parfaitement un monde cohérent et enchanteur. On est proche de toutes les productions fantastiques récentes aux allures héroïques notamment lors de l’affrontement violent de l’armée du Roi (dont on notera les très belles armures. Excalibur forever !) avec les troupes de la forêt composée de toutes sortes de créatures, comme ces hybrides centaures-arbres lorgnant fortement du côté des Ents. Si par la suite, le récit 107 plus classique reprend ses droits (les costumes de Maléfique ressemblent à ceux du dessin-animé de Disney), force est de constater que le film est assez agréable à suivre malgré l’abattage intempestif et neuneuisant des trois petites fées, où on reconnaît la vénéneuse Juno Temple (Killer Joe). On se prend même à penser à une œuvre subversive quand le Prince charmant ne parvient pas à réveiller Aurore de son sommeil éternel, au détriment de la sorcière qui, d’un baiser lesbien, lui permettra de revenir du pays des songes. Une ambivalence des genres entretenue tout au long du film, à l’instar d’une vision très moderne des contes, comme si l’imaginaire disparaissait peu à peu pour laisser la place à une réalité finalement très terre à terre (on me dit d’ailleurs qu’on aurait vu le Prince charmant nu et à califourchon sur l’âne de Shrek). Maléfique tient donc la route, toujours pavée de bonnes intentions pour ceux qui ont gardé leur âme d’enfant, mais dévie par instant son chemin vers les sentiers de la fantaisie et de l’aventure pour le bonheur du spectateur adulte (certes déviant dans mon cas, puisque j’attends toujours une version hard de Le prince charmant, Casimir et son âne…). Note : 4 / 6 MERCY Peter Cornwell - 2014 - USA RESUME : Peu de temps après s'être installés chez elle avec leur mère, deux garçons découvrent que leur grand-mère est en réalité une sorcière ayant passé un pacte avec un démon. possession démoniaque et de la sorcellerie en provenance directe de l’écurie Blumhouse, pourvoyeuse de pouliches de concours comme Sinister ou de canassons proches de l’abattoir à l’image de Paranormal activity, et drivé par le jockey ayant déjà œuvré sur Le dernier rite. Bien loin des envolées fumeuses et sataniques de The Lords of Salem, le film s’attache à décrire la vie d’une famille et notamment de la relation entre Georges (Chandler Riggs, le fils belliqueux de Rick dans The Walking dead) et sa grand-mère, Mercy (Shirley Knight, vue dans Elevator), sous tranquillisants dans un hôpital psychiatrique. Une fois cette dernière revenue chez elle sous la surveillance de sa fille et de ses deux enfants dont le petit Georges, les manifestations étranges se font plus prégnantes, d’autant plus avec la découverte du livre des pleurs, ferment des malheurs familiaux. Passée une première scène tranchante et efficace, Mercy se fera plus sobre dans sa trame et sa mise en place des protagonistes dans laquelle on reconnaît Dylan McDermott (Les Messagers) ou encore Mark Duplass (The Lazarus effect) dans des seconds relativement anecdotiques. Un peu à l’image de ce film qui a du mal à trouver son rythme de croisière entre l’étude psychologique sur les rapports familiaux et l’épouvante pur jus, symbolisée par cette grand-mère qui, lorsqu’elle ne se pique pas, se prend pour une Tatie Danielle sous acide. Le film prend donc son temps pour créer un climat anxiogène dans cette vieille demeure, trônant seule en haut d’une colline où le malin a pris possession de Mercy. Le problème du film est qu’on a toujours un coup d’avance sur les personnages au fur et à mesure où Georges et sa famille découvrent l’origine de cette malédiction démoniaque. Les scénaristes multiplient alors les figures imposées avec morts mystérieuses et intervention d’un prêtre au courant de l’affaire, au milieu d’une réalisation correcte mais sans génie, n’abusant pas néanmoins de jumps scares inopportuns. Des enjeux esquissés sans être réellement aboutis jusqu’à un climax survolté et un peu grand-guignolesque à la Insidious, où Mercy se transforme en super mamie de l’enfer, vociférant et gesticulant pour occire le pauvre George. Au final, même si le film ne casse pas trois bras à un cadavre, Mercy peut satisfaire le chaland aimant les mémés sataniques, les pentagrammes sur le sol et les livres démoniaques dans une ambiance bucolique de campagne américaine. NOTE : 3 /6 MON HUMBLE AVIS Adapté d’une nouvelle de Stephen King, Mercy est un petit film d’épouvante autour du thème de la 108 ONLY LOVERS LEFT ALIVE Jim Jarmush - 2014 UK/Allemagne/France/Chypre RESUME : A Détroit et Tanger, Adam, un musicien underground, profondément déprimé par la tournure qu’ont prise les activités humaines, retrouve Eve, son amante, une femme endurante et énigmatique. Leur histoire d’amour dure depuis plusieurs siècles, mais leur idylle débauchée est bientôt perturbée par l’arrivée de la petite sœur d’Eve, aussi extravagante qu’incontrôlable. MON HUMBLE AVIS Jim Jarmush est un réalisateur à la carrière atypique et étrange. Filmant peu, on lui doit une œuvre éclectique nourrie par des influences (et des substances ?) diverses et variées comme le montrent des titres comme Dead man, Ghost dog, Broken Flowers ou The limits of control. Alors, est-ce si bizarre de le voir écrire et réaliser une histoire de vampires ? Pas vraiment, puisqu’il excelle quand il détaille la vie de personnages différents, de marginaux, même si le résultat n’est sans doute pas à la hauteur de ses précédents essais. Certes, on retrouve bien le style éthéré de Jarmush, ses longs plans comme l’ouverture en plongée sur les deux vampires. Une photographie magnifique et stylisée qui a du mal à relever un scénario trop enclin à se regarder lui-même. Parce qu’ici l’aspect vampirique n’est qu’un prétexte, un contexte social servant à présenter deux êtres en marge de la société. Deux parias vivant chacun de leur côté entre Détroit et Tanger et obligés de se nourrir grâce à la complicité de quelques humains (appelés paradoxalement « zombies ») comme de simples drogués allant quémander leur dose quotidienne, à tel point que le réalisateur utilise très peu d’effets visuels. Les deux vampires sont bien éloignés des suceurs de sang modernes qu’on nous présente habituellement. Frêles et maladifs, ils trimbalent maladroitement leur carcasse diaphane tout en discutant de musique, de littérature et de physique quantique. Des vampires au dandysme exacerbé qui confinent parfois au snobisme et à un élitisme qui peut éloigner le spectateur de leur sort. Dans le rôle d’Eve, Tilda Swinton (Snowpiercer) apporte son aura blanchâtre et son physique très particulier à son personnage de vampire amoureuse d’Adam (pas très subtil tout ça), un Tom Hilddeston (Thor) en mode grundge, sorte de Curt Cobain maudit passant son temps à composer de la musique et à disserter sur la forme et l’origine d’instruments de musique. Quand il se fait lent et poétique, Only lovers left alive est une histoire d’amour entre deux êtres à la condition éternelle, mais quand il se fait plus prosaïque, les seuls enjeux du film renvoient à la quête de nourriture. Du coup, par moments, le film flotte un peu au gré des errances des personnages, malgré tout chamboulé par l’arrivée de l’horripilante sœur d’Eve, Ava (Mia Wasikowska vue dans Maps to the stars) dont les faits et gestes très prévisibles ne parviennent pas vraiment à dérider nos deux noctambules (ils craignent forcément le jour). Des seconds rôles qui n’amènent pas beaucoup plus de profondeur au film comme le personnage de John Hurt (Harry Potter), vieux vampire fatigué ayant rédigé les œuvres de Shakespeare. Au final, Only lovers left alive laisse un goût étrange en bouche. A la fois esthète, voire arrogant dans certaines scènes, il peut se faire plus doux, et dégager une fragrance cotonneuse notamment sur la fin du film se passant à Tanger. Perdus dans les ruelles de la ville, les deux amants s’offrent à la ville au milieu d’un dédale poétique à l’image de la séquence de la chanteuse dans le bar. Dommage, que tout le métrage n’ait pas eu les mêmes contours aériens, la même ambiance décalée au détriment de passages trop bavards car, visuellement, Jim Jarmush montre qu’il est un sacré réalisateur. Note : 3/ 6 OUTPOST 37 Jabbar Raisani - 2014 - UK/Afrique-du-Sud RESUME : 2021. Première invasion extra-terrestre. La plupart des grandes villes du monde ont été détruites. Les survivants ripostent à travers le monde. 2031. Une équipe de tournage suit le 37e régiment, une troupe de soldats d’élite, jusqu’à l’un des plus dangereux avant-postes de la résistance. 109 budget, certainement peu conséquent, et s’avère généreux sur l’action et les effets visuels, en particulier des vaisseaux spatiaux au design très réussi (ils sont proches de ceux de Skyline). Le scénario reste ainsi basique mais prend une tournure plus science-fictionnelle et horrifique sur la fin lorsque la troupe pénètre le vaisseau-mère relançant le suspens et l’intérêt du spectateur. Au final, Outpost 37 est plus divertissant et réflexif que ne laissait présager le sujet et son traitement. Le film reste néanmoins bien bourrin et ouvre certaines pistes plus ou moins bien développées. A voir quelques images post-générique annonçant une suite possible au film. MON HUMBLE AVIS Outpost 37 (aussi titré Alien Outpost) est construit comme un faux-documentaire, basé sur le reportage d’un avant-poste de l’armée protégeant l’humanité des aliens abandonnés par leurs congénères partis en catastrophe 10 ans plus tôt. A l’instar d’un documentaire dans une unité militaire, on a droit à des images d’immersion lors de sorties terrains, entrecoupées d’entretiens individuels des soldats pour apporter des explications et donner un côté véridique à l’entreprise, voire empathique. Ce procédé n’est pas sans rappeler World invasion battle Los Angeles de Jonathan Liebesman en 2011 qui suivait déjà une troupe au cœur des combats contre des aliens, mais on pense surtout à District 9 avec lequel il entretient des liens étroits sur l’aspect documentaire et le fond social. Une des différences vient du fait que Jabbar Raisani utilise le found footage (deux journalistes sont présents) même si la véracité du filmage est biaisée par l’assemblage de plusieurs angles trop bien placés pour nous faire croire au concept (pour une fois que les images ne sont pas épileptiques !), notamment lors des fusillades. Pendant la 1ere demi-heure, on ne voit pas grandchose, surtout ces fameux aliens entre-aperçus par le biais de flashbacks discrets et on se dit que le budget doit contraindre le film au strict minimum. Pourtant, progressivement, Outpost 37 prend un peu plus de consistance suite aux attaques de la population locale et du réveil d’aliens toujours aussi belliqueux. Certes, on n’est pas dans Terminator, mais le film se laisse suivre sans déplaisir car, indiciblement, on s’attache à ces militaires perdus dans la campagne d’un pays du Moyen-Orient. D’autant plus que le film développe des thématiques intéressantes à l’image de la population autochtone semblant être contrôlée par les aliens plus ingénieux que leur physique ne le laisse transparaître. Et comment ne pas voir dans le métrage une résonance particulière avec les conflits mondiaux actuels (l’action se situe au Moyen-Orient), un peu comme le sous-texte de District 9. Si les scènes de fusillades ne sont pas très réalistes (peu de blessés malgré la technologie alien), Outpost 37 utilise au mieux son NOTE : 4-/ 6 La prison du viol (Jackson county jail) RESUME : Injustement emprisonnée dans une petite ville du sud des Etats-Unis et violée par un policier, une jeune femme parvient à s'enfuir avec son compagnon de cellule. MON HUMBLE AVIS Il ne fait décidément pas bon se perdre dans les campagnes ricaines car, si on résiste aux crocodiles et aux moustiques, il faut encore échapper aux locaux dégénérés qui hantent les lieux. Parce que le redneck, malgré son intelligence réduite, noyaute tous les étages de la société. Toute la population semble ainsi atteinte de débilité congénitale. Ils sont soûlards, violeurs et souvent armés. Pire encore, ils composent aussi la police du coin… 110 C’est ce que la jeune Dinah Hunter, interprétée par Yvette Mimieux (La machine à explorer le temps, Le trou noir) va découvrir à ses dépens. Sous la houlette du producteur Roger Corman et la caméra de Michael Miller, qui réalisera aussi Silent Rage (un film d’horreur datant de 1983), La prison du viol est un film d’exploitation de 1976 assez classique sur la forme où on retrouve la figure de la femme persécutée, aidée par un allié de circonstance, Coley Blake (le jeune et déjà formidable Tommy Lee Jones bien avant ses collaborations au Fugitif et à Men in Black). Le film commence comme un remake des films de Herschell Gordon Lewis comme 2000 maniaques, où la population entière semble complice (ici, c’est le barman qui tente de violer Dinah) avec la police pour amener cette pauvre citadine dans les griffes des plus dépravés des rednecks (pléonasme !). C’est ce qui arrivera avec Dinah qui, emprisonnée par erreur, sera violée par un représentant de la police, sous le joug de ses instincts primales. Un tableau pas très idyllique du coin. La prison du viol est donc un film hybride, proche du rape and vengeance, au milieu de fusillade et de courses-poursuites entre des policiers tout de noir vêtu et ce couple improbable ayant tendance aux rapprochements. Si le film se perd un peu en discussion en son milieu, la fin du métrage est plus tendue avec une ultime course-poursuite se terminant dans un défilé pour fêter les 200 ans de l’indépendance des Etats-Unis. A noter, la dernière image magnifique qui clôt le film avec un personnage allongé sur le sol et recouvert du drapeau américain. PRISONERS OF THE SUN Roger Christian - 2013 - USA/Allemagne RESUME : Une équipe, regroupant des chercheurs du monde entier, se rend en Egypte afin de faire des fouilles autour des pyramides. Sur place, ils découvrent une cité perdue, ensevelie sous les pierres. Ils réveillent alors par mégarde des dieux anciens qui déclenchent alors un processus menant la monde à sa fin... MON HUMBLE AVIS Ah ! l’Egypte, le Nil, le sable chaud, ses attentats, et surtout ses pyramides. Les mythiques constructions ont toujours été sources de fantasmes et d’aventures rocambolesques. Des momies de la Universal ou de la Hammer aux aventures d’Indiana Jones. On se souvient aussi du revival récent avec la franchise aux allures de blockbuster La Momie, initié par Stephen Sommers. En revanche, Prisoners of the sun (ou La malédiction de la pyramide en VF) s’apparente plus à une série B sans trop de moyens (18 M$ tout de même). Peut-être que l’argent est parti dans les caisses de la Scientologie puisque le réalisateur n’est autre que Roger Christian, auteur de l’inénarrable Battlefield Earth... Après un générique expliquant l’origine extraterrestre des pyramides, le film commence comme un vieux serial ou même comme le sympathique Stargate, la porte des étoiles. Si tout cela annonce un film alléchant, il faudra attendre une quarantaine de minutes pour que l’action se décante. En effet, ce sera le temps nécessaire à monter une expédition pour entrer dans la pyramide découverte suite à la tempête de sable (depuis le réchauffement climatique, les tempêtes font même apparaître des pyramides !), auquel il faudra aussi se farder de longues scènes de dialogues filmées de façon télévisuelles et servies par un casting assez hétéroclite. Avec à sa tête, l’éternel John Rhys-Davis (Les aventuriers de l’arche perdue) qui, semble-t-il, à cause de son visage buriné, est toujours associé à des productions traitant de malédiction égyptienne. On retrouve à ses côtés, "la star" (et occasionnellement chanteur) franco-américaine David Charvet (Alerte à Malibu), surtout connu pour son idylle avec Pamela Anderson, dans le rôle d’un archéologue (comme quoi sauveteur sur une plage, ça mène à tout). Il s’éprendra de la très charmante Sarah Masterson (Carmen Chaplin). Encore une parente du génie comique qui contribue à venir faire de la concurrence à la famille Baldwin ? Passé ce premier acte quelque peu insignifiant, le film devient plus intéressant à partir du moment où la petite troupe pénètre la pyramide. Enfin un peu d’action me direz-vous, à mesure où ces aventuriers du dimanche descendent dans les dédales de la construction égyptienne, emplie de pièges et de secrets. On se croirait presque dans un succédané d’Indiana Jones qui combinerait toute la saga. Pourtant, Prisoners of the sun vire ici au film de 111 couloirs horrifiques, puisque la pyramide est gardée par une armée de momies qui rappellera celle de l’armée de terre cuite dans le mausolée de l’Empereur Qin en Chine. Le film se fait alors plus violent, voire sanglant et du coup plus spectaculaire. Un rythme soutenu de série B sans prétention malgré l’atmosphère téléfilm du début. Au final, Prisoners of the sun est un petit DTV relativement acceptable (qui fait penser au très mauvais Indiana Jones et le crâne de cristal à cause des extraterrestres), si on parvient à passer le premier tiers sans se laisser prendre par la torpeur quelque peu anémique du début. A noter, que dans le même genre, on attend encore un peu plus le 1eressai en solo de Grégory Levasseur, The Pyramid, sans son complice Alexandre Aja. Note : 3-/ 6 SEXY KILLER Miguel Marti – 2008 - Espagne RESUME : Sur le campus d’une école de médecine, les cadavres des étudiants et des professeurs commencent à s’accumuler dangereusement. Un tueur en série semble s’être approprié les lieux pour en faire son terrain de chasse. actrice vue dans pas mal de productions de genres espagnoles comme Dagon en 2001 ou plus récemment dans Les Sorcières de Zugarramurdi d’Alex de la Iglesia en 2013 et Musarenas (PIFFF 2014). Elle apporte son dynamisme et son physique particulier au personnage. Un peu trop d’ailleurs car son jeu outrancier peut paraître lassant au final. La bonne idée du film est de se concentrer sur le personnage de Barbara, en serial killeuse folle dingue, cependant contre-balancée par un humour très gras (et pas souvent drôle) ou à des apartés ennuyeux transformant le film en parodie voire en comédie musicale. Certes, le film est sans temps morts, mais cette agitation est surtout là pour masquer le manque de moyens et le jeu limite de certains acteurs. Les références seraient trop longues à citer mais l’ambiance générale rappelle la série des Scream et les meurtres sont estampillés "slashers". Le problème de Sexy Killer est qu’il est un agrégat de plusieurs genres et de références cinématographiques tellement peu subtiles que l’ensemble se noie continuellement dans son script qui se révèle sans enjeux. Jouant sur la mise en abyme permanente (Barbara s’adresse frontalement à la caméra), le film se construit à coups de flashback où les scènes s’enchaînent sans réels liens. On peut être surpris car le scénariste n’est autre que Paco Cabezas, réalisateur du sombre Les Disparus. On l’est moins quand on sait que c’est le scénariste du film parodique Spanish Movie. Ceci explique peut-être cela. La dernière partie vire encore de bord et c’est peutêtre là le meilleur moment du film, lorsque les cadavres sont ressuscités comme dans Réanimotor grâce à une machine futuriste. L’humour teinté de scènes gentiment gores se rapproche alors timidement de Shaun of the dead pour un final assez délirant. Malheureusement, ces ultimes saillies ne viendront pas sauver un film qui mixe tous les genres comme un mauvais gaspacho huileux et trop gras. NOTE : 2 /6 MON HUMBLE AVIS On aurait pu croire qu’une production ibérique fantastique décalée est forcément gage de qualité. La preuve que les a priori positifs peuvent vite se retourner à la vision de ce Sexy Killer peinant à convaincre et qui se vautre même dans le style American Pie, c’est dire... Pourtant, la 1ère séquence est assez réussie en rassemblant un peu tous les poncifs inhérents au genre, et notamment aux slasher. Un tueur masqué et armé dans un vestiaire au milieu de donzelles peu farouches et dévêtues. Une entame intéressante mais qui n’est faite que pour présenter le personnage de Barbara (Macarena Gomez). Une SX TAPE Bernard Rose - 2012 - UK RESUME : Afin de pimenter leur vie amoureuse, Adam et sa petite amie Jill, décident de tourner une "sex-tape" dans un hôpital désaffecté. En visionnant la vidéo, le jeune homme s'aperçoit que sa petite amie change progressivement de comportement et qu'ils n'étaient apparemment pas seuls dans l'établissement médical... 112 accompagnés d’un couple d’amis. Et, nous voilà repartis dans les couloirs à la recherche du Graal (ou de l’ennui). Même si les événements s’accélèrent quelque peu dans la foulée, on a du mal à adhérer au concept. Le film s’étire en longueur et part en cacahuètes sur la fin (certes utile pour l’apéro), surtout parce que courir avec une caméra numérique c’est difficile pour le cadrage (tiens, je viens de vomir) et qu’à un moment, faut bien conclure le bousin, même si les auteurs n’ont pas plus d’idées qu’au début (c’est pire qu’au début !). Alors, toi aussi le jeune, prends ta caméra, emmène ta copine dans un lieu sombre et délabré, filme là à poil, et tu feras Note : 2 / 6 du cinéma. MON HUMBLE AVIS S’aventurer dans un hôpital désaffecté, c’est très con comme attitude. Déjà, parce qu’on peut choper des bactéries, voire pire (une MST ?) et qu’il y a toujours un esprit malintentionné ou un gros déguelasse qui traîne dans les couloirs. Et comme il n’y a que de jeunes cons capables de s’y risquer, les producteurs bien intentionnés avaient déjà prévu le concept avec des titres tels que Asylum ou Kingdom come. La différence ici est qu’on a affaire à un found footage. Sx Tape ment un peu sur la marchandise. En effet, point de Paris Hilton ou de Pamela Anderson nues, mais à la place un found footage lambda, c’est-à-dire nauséeux, bavard et souvent ennuyeux. Il faut dire que depuis le lancement du genre il y a maintenant une paire d’années, rare sont les productions qui ont su tirer leur épingle du jeu. Le pitch est très simple. Filmer sa copine dans toutes les positions et même dans des tenues que la Manif pour tous réprouve. On notera néanmoins à la tête du projet, la présence de Bernard Rose, réalisateur du fameux Candyman (merci de ne lire cette phrase qu’une seule fois). On comprend néanmoins qu'Adam (Ian Duncan) ait envie de s’amuser avec Jill (Caker Foley), très jolie rousse délurée, et artiste peintre peu farouche. De là à la filmer comme dans une télé-réalité jusqu’à l’accompagner dans cet hôpital abandonné, il n’y a qu’un pas que les deux tourtereaux franchissent avec allégresse (remarquez, sans cela, le réalisateur aurait été un peu emmerdé). Malheureusement, la suite est des plus classiques, les couloirs se suivent et se ressemblent tous. Du coup, il ne se passe pas grandchose à part l’arrivée d’un policier et l’apparition furtive de ce qui semble être une ancienne patiente des lieux. Pourtant, la donzelle cherche bien à exciter son copain et semble toujours prête à se lover dans des draps sales sur une table d’opération (!?!), allant jusqu’à se faire attacher et même pénétrer (et non, bande de petits pervers !) par notre entité locale. Si le film ressemble à REC, on est loin des envolées flippantes et sanglantes de la saga espagnole car, de manière assez incompréhensible, nos deux amis s’étant échappés, retourneront dans l’hôpital, LE VAMPIRE DE CES DAMES (Love at first bite) Stan Dragoti - 1979 - USA RESUME : Après avoir été chassé de son château en Transylvanie, le comte Dracula part s'installer à New York... MON HUMBLE AVIS La comédie vampirique a généré quelque fleuron du genre au cinéma. On pense évidemment au Bal des Vampires de Polanski ou au plus récent Dracula, mort et heureux de l’être de Mel Brooks. Le vampire de ces dames (ou Love at first bite, rien à voir avec un Dorcel...) est un peu un mélange de ces deux films sans atteindre néanmoins le niveau comique et parodique de ses illustres modèles. Si le film commence comme un bon vieux Hammer dans le château de Dracula en Transylvanie, on sent bien que le propos est à la rigolade et au décalage que provoquera la transposition de cet être d’un autre temps dans le New-York bigarré de la fin des années 70. Ainsi, déambulant dans les rues, il côtoiera toute une faune de loulous urbains aux 113 coiffures improbables et de prostitués, au rythme d’une musique disco endiablé, à l’image du très kitch Dracula 73 avec un Christopher Lee qui se demande encore ce qu’il foutait là. D’ailleurs, notre ami aux dents pointus pénétrera dans une boîte de nuit de type pattes d’eph’ où il rencontrera la charmante Cindy Sondheim (Susan Saint-James qui fit surtout sa carrière sur le petit écran) et dont il s’éprendra en s’engageant avec elle dans une danse effrénée. Dracula est ici interprété par George Hamilton (La guerre des cerveaux) en bellâtre obligé de fuir son pays natal pour immigrer aux Etats-Unis. Ce qui nous vaut d’ailleurs une des meilleures scènes à l’arrivée à l’aéroport et deux cercueils échangés. Avec sa coiffure fin des années 70, George Hamilton rassemble plus à Franck Langella dans le Dracula de John Badham en 1979 qu’à Christopher Lee. Pour l’aider, il peut compter sur son fidèle Renchaw (Arte Johnson) sorte de comique troupier adepte de la brochette d’insectes. Face au Comte, le Docteur Rosenberg (Richard Benjamin, vu dans L’homme au masque de cire d’André de Toth), en bon descendant de Van Helsing, n’aura de cesse de démontrer l’existence de vampires à New-York sous le regard ahuri des passants et de la police. Le vampire de ces dames se révèle poussif sur la durée malgré quelques scènes réussies (l’affrontement dans le restaurant) et des effets visuels volontairement dépassés (les vols des chauves-souris très Ed Wood), mais possède un certain charme si on le prend comme une petite comédie ludique limitée et sans ambition. NOTE : 3 /6 VERY BAD SANTA / SANTA’S SLAY David Steiman - 2005 - Canada/USA RESUME : Le fils du Diable a perdu un pari contre un Ange et se voit contraint de passer les mille prochaines années à jouer au Père-Noël. A la fin de son gage, le "gentil" Père-Noël voit le Diable en lui prendre le dessus et commence à semer la mort sur son passage. MON HUMBLE AVIS Les films de noël relatifs au gentil grand-père à la barbe blanche dysnéienne ont toujours existé lors des fêtes de fin d’année. Hors, ces derniers temps, des films avec des Pères noël plus véners voire très méchants ont commencé à garnir les branches du sapin. Que ce soit le Silent night de Steven C. Miller en 2012, traité chez l’ami Rigs Mordo du fin fond de sa crypte, ou avec Rare Exports de Jalmari Helander en 2010. Des Papas noëls qui tranchent (et pas que la bûche) dans le vif aux antipodes de leurs illustres anciens. La 1ère scène de Very bad santa (les opportunistes de la traduction française...) est à ce titre la plus réussie du film avec l’irruption par la cheminée du vieux ventru lors d’un repas de famille dont le chef de famille n’est autre que James Caan ! En guise de cadeaux, les têtes volent et le sang gicle. Une entrée en matière bien déjantée pour ce film qui s’avère une comédie potache (mais qui tâche) au 2edegré. La bonne idée du film est d’avoir glissé sous le manteau rouge le colosse Bill Goldberg acteurcatcheur, ancien joueur de football américain qu’on a pu apercevoir dans quelques films très fins comme Universal soldier ou Mi-temps au mitard. Engoncé dans son costume rouge, Bill Goldberg s’en donne à cœur joie pour massacrer tout ce qui bouge autour de lui et souvent de manière hilarante. Sans compter un mauvais esprit permanent notamment autour de la communauté juive qui en prend pour son grade et parodie ses propres travers. A noter d’ailleurs, une scène où le Père noël empale le commerçant (Saul Rubinek) sur son chandelier à 5 branches, qui fait penser à la scène de Douce nuit, sanglante nuit avec la nana accrochée à des bois de cerf. Si l’ambiance de cette comédie horrifique est réussie, tout n’est pas parfait dans le film. Les scènes s’enchaînent quelquefois sans réel lien et les effets spéciaux laissent parfois à désirer (comme le traîneau de Santa). Pour le reste, il faut bien avouer que le film est divertissant avec les meurtres qui se succèdent (personne n’y réchappe, pas même les personnes âgées), courses-poursuite avec traîneau satanique (ça m’a fait penser au mythique Howard the duke !), jusqu’à une fin dans une patinoire assez drôle à l’atmosphère très eighties. Alors vous reprendrez bien avec moi un coup de bûche dans les gencives en regardant ce Very bad Santa à l’humour noir et sanglant. 114 NOTE : 4-/6 WOLVES David Hayter - 2014 - Canada/France RESUME : Contraint de prendre la route après le meurtre de ses parents, Cayden erre, perdu, sans but... Jusqu'à ce qu'il rencontre un fou nommé Wild Joe, qui le met sur la route de la sinistre ville de Lupine Ridge, où il traquera les vérités de son histoire. MON HUMBLE AVIS David Hayter, scénariste des deux premiers X-Men passe pour la 1ère fois à la réalisation avec ce petit film de loups-garous mettant en vedette un jeune quaterbake de lycée aux prises avec une horde de lycanthropes velus et belliqueux menés par un Connor encore plus chtarbé que ses disciples. Honni de partout comme un chien errant pouilleux, Wolves mérite, à mon sens, qu’on s’y arrête un instant. Le film commence avec le jeune Cayden Richards qui découvre fortuitement lors d’un match de football ses capacités surhumaines et son appétence à faire venir le poil comme d’autres l’acné. Après une soirée passée sous l’apparence de feu Demis Roussos, Cayden se réveille chez lui, ses parents massacrés. Poursuivi par la police, il est donc obligé de fuir et commence à errer sur les routes en espérant un jour être capable de maîtriser sa malédiction lupine. Rien d’exceptionnel dans le traitement du sujet, mais sa mise en image sobre et efficace incite le spectateur à continuer le visionnage. D’autant plus que cette entame nous renvoie à l’excellente série des années 80, La malédiction du loup-garou où le jeune Eric Cord fuyait sans cesse pour mettre fin à sa malédiction tout en étant poursuivi par un chasseur de primes. De manière un peu trop facile, Cayden (Lucas Till, notamment Havok dans X-Men) découvre sa ville d’origine Lupine Ridge (Ok, pas très original), berceau de son enfance et surtout tenue par plusieurs castes de loups-garous avec en premier lieu, les originaux, les purs, ceux qui n’ont pas été transformés. Les autres sont moins puissants, juste là pour servir et se battre pour leur chef autoproclamé Connor, le puissant et musculeux Jason Momoa. Il apporte ici toute sa carrure et son regard viril à l’instar du personnage de Khal Drogo dans Game of Thrones (alors qu’il perdait son temps dans le remake de Conan). Une fois sur place, Cayden se fait engager par un fermier John Tollerman (Steven McHattie, parfait en animateur radio dans le peu connu mais réussi Pontypool), lui aussi lycanthrope mais faisant partie d’un clan plus modéré ne voulant plus se transformer. A ce moment-là, le film ressemble beaucoup à la série Smallville où l’apprenti Superman essayait de cacher ses pouvoirs au milieu d’une population qui ignorait tout. Or, ici tout le monde est au courant puisque l’ensemble de la ville est métissée. Wolves développe ainsi un thème récurrent des western où plusieurs clans cherchent à contrôler une ville. Parce que Jason Connor Momoa tient les habitants sous sa poigne griffue face aux anciens qui profitent de la venue de Cayden pour tenter de se révolter. Après quelques scènes dans le bar de la ville où la testostérone et les effluves de loups se mélangent, le scénario tourne autour de la rivalité naissante entre Cayden et Connor. D’autant que les deux loups ont la langue qui traîne pour la gironde et sensuelle Angelina (Merrit Patterson) à laquelle le petit blondinet a déjà goûté, tandis que notre colosse hawaïen y planterait bien ses papattes pour perpétuer la race. Du coup, cet antagonisme exacerbé les conduira à de nombreux combats dans la forêt voisine, jusqu’à un affrontement final entre le néo-garou et la meute de rednecks du coin pas toujours très finaude envoyée par Connor. La bonne idée du film est de ne pas utiliser de CGI (contrairement à Twilight) mais au contraire des maquillages et des prothèses de qualité pour mettre en lumière les transformations lycanthropiques. Des SFX sanglants réussis dans l’ensemble qui rendent assez crédibles les situations. Wolves est donc un film agréable à suivre malgré quelques facilités de scénario. Pas révolutionnaire dans son traitement et son propos, la mise en scène de David Hayter donne le change même si elle se rapproche beaucoup d’un produit télévisuel. On a vu largement pire. NOTE : 3+ / 6 115 YOUNG ONES Jack Paltrow - 2014 - UK/Afrique-duSud/Irlande RESUME : Dans un futur proche, l'eau est devenue rare, suscitant convoitise et violence. Dans ce climat hostile, Ernest Holm veille sur sa ferme, son fils Jerome et sa fille Mary, et nourrit l'espoir de rendre ses terres à nouveau fertiles. MON HUMBLE AVIS Young ones est un film étrange comme sorti de nulle part et passé presque inaperçu au milieu des DTV zombiesques, des requins volants et des superhéros botoxés aux millions de dollars. Pourtant, le film de Jack Paltrow (accessoirement le frère de Gwyneth) mérite vraiment qu’on s’y attarde quelque peu, ne serait-ce pour son histoire très originale et son casting de qualité. Construit en trois chapitres différents, chacun permettant de mettre en avant un personnage en particulier (on retrouve ce même principe dans The place beyond the pines avec Ryan Gosling), Young ones est une sorte de western futuriste qui aurait conservé une esthétique de l’Amérique de la conquête de l’Ouest. Il faut dire que dans ce lieu désertique, l’eau est une denrée précieuse, constituant une source de conflits comme en témoigne la première scène. Une introduction en forme de duel autour du personnage de Ernest Holm interprété par le toujours plus charismatique Michael Shannon (Take Shelter, Man of Steel) démontrant au passage qu’il est l’acteur à suivre de ces prochaines années. L’originalité du métrage, et donc sa force, est qu’il parvient à faire cohabiter naturellement plusieurs genres au même niveau sans anachronisme ou fausse note. On a l’impression d’être dans un monde post-apocalyptique (Michael Shannon se déplace avec un âne pour transporter les provisions qu’il vend aux mineurs, la vaisselle est faite avec du sable) mais en même temps des technologies de pointe sont à disposition, à l’image de ces robots transporteurs automatisés semblable à des animaux de somme et tout droit sorti de L’Empire contreattaque. En fait, le contexte futuriste n’est que la trame de fond d’une histoire beaucoup simple où l’humain est au centre de la dramaturgie. A l’image de la première apparition émouvante de la mère, handicapée et vivant dans un hôpital. Reliée à un appareillage constitué de tuyaux et de câbles, elle se déplace sur des rails telle une marionnette désarticulée comme dans un "cyber-manga". Le métrage est aussi rehaussé par la performance des acteurs, à l’instar du personnage ambigu de Flem Lever, Nicholas Hoult (Mad Max : Fury road) en homme ambitieux et prêt à tout pour arriver à ses fins, comme séduire Mary, la fille d’Ernest (la troublante Elle Fanning) surveillé par son frère Jerome (excellent Kodi Smit-McPhee). Des personnages hétéroclites tentant de survivre, perdus au milieu dans ces zones incultes remarquablement filmées, où l’immensité des lieux se confond avec ses habitants. Une cour des miracles capable de vendre un enfant pour de l’eau tandis que des bandes à l'allure mad-maxiennes semblent errer sans but. Young ones est donc un film multiple traitant de la transmission de la terre, mais constitue aussi une réflexion sur la filiation. Ernest a le désir de s’amender aux yeux de son fils, alors que Flem combat son père pour son héritage et cherche même à le spolier. En extrapolant, on pourrait même imaginer que c’est aussi une charge politique et sociale, entre la ville, riche et bien hydratée, et les campagnes abandonnées à leur sort et sans eau (un peu le propos d'Elysium mais en moins lourdingue). Si le dispositif narratif peut sembler aride et hermétique, Young ones est au final un drame intimiste où les hommes et les femmes se déchirent par amour et pour la richesse suprême, l’eau. La grande réussite du film est de nous faire oublier ce contexte hybride, à la fois futuriste et archaïque, pour nous intéresser à son histoire simple et universelle, grâce à un scénario malin proposant des changements de tons, faisant rebondir l’histoire et plusieurs niveaux de lecture. NOTE : 4 / 6 116 L’armoire à dossier L’année 1981 En me penchant récemment sur mon Top 100, je me suis aperçu que figurait au milieu de ce maelstrom de films différents, 8 longs-métrages sortis en 1981. Coïncidence, manipulation d’une secte de numérologie ou vrai berceau de ma cinéphilie ? Et si cette date apparaissait comme le symbole syncrétique du cinéphage amateur que je suis devenu ? Alors 1981, année millésime du cinéma fantastique ? Tentative personnelle d’explication et retour au pays de la nostalgie. Si je n’ai pas vu tous les films à leur sortie en 1981, je me rattrapais bien plus tard grâce aux VHS et aux passages télévisuels. Sans le savoir sur le moment, tout un pan de ma cinéphilie (la plus importante) se forgea l’année de mes 9 ans. Petit retour en arrière au travers de mes yeux de môme. Quand je pénétrais dans la salle de cinéma, alors âgé de 9 ans, je ne me doutais pas du choc apocalyptique qui allait irradier mes jeunes mirettes. Installé dans les premiers rangs, j’assistais à la projection d’Excalibur (aujourd’hui, sûrement interdit aux moins de 12 ans). La version hollywoodienne des Chevaliers de la table ronde volait alors en éclat face à la beauté shakespearienne et picturale de cette version de la Morte d’Arthur de John Boorman. Porté par une musique opératique, le film est entré en moi comme une épée incandescente qui m’aurait brûlé le cœur. C’était décidé, je serai chevalier et je revêtirai la même armure immaculé que le Roi Arthur avec lequel je chevaucherai à la quête du Graal. Emerveillé, et même choqué par la scène des corbeaux gobant les yeux des chevaliers pendus (je me souviens avoir regardé les deux personnes autour de moi comme si mes yeux leur lançaient un appel au secours), je quittai la table des illuminations, changé à jamais par ce film grandiose. Cette année-là, j’ai dû aller voir d’autres films au cinéma, mais je n’en garde que peu de souvenirs hormis le huis-clos Garde à vue de Claude Miller (étais-je le seul 117 enfant dans la salle ?) et le 1erépisode de la saga Les aventuriers de l’Arche perdu de Steven Spielberg. Je me souviens surtout de la fin du film et de la scène particulièrement gore des soldats allemands fondant suite à l’ouverture de l’Arche d’alliance. Quand grand spectacle rimait avec intelligence et effets visuels encore à l’ancienne. Quelques années plus tard, je succombais aux charmes lycantropiques par le biais de deux films de loups-garous, sortis eux aussi en 1981 et fleurons du genre. Hurlements, tout d’abord, qui longtemps fut pour moi le maître-étalon du genre (j’ai depuis changé d’avis, après un autre visionnage. Le film m’a semblé bien plus lent) avec ces grandes marionnettes animées (une autre époque) au charme suranné. De la même manière, j’avais beaucoup aimé Le loup-garou de Londres, pas pour son côté comique, mais pour la transformation en direct. Une prouesse technique qui m’avait impressionné à l’époque. Dans une veine similaire, comment ne pas citer le fabuleux Wolfen de Michael Wadleigh, avec ses loups errant dans Central Park comme des fantômes. La bonne idée du réalisateur étant de nous placer en caméra subjective dans les yeux des canidés et leur vision très particulière et déformée, à l’instar du futur Predator. chouette mécanique. Un film qui marque la fin d’une époque et qui fera que je verrai tous les films où le génie de l’image est intervenu, provoquant un amour invétéré pour tous les monstres crées par Monsieur Harryhausen. Toujours dans la catégorie monstres et merveilles, j’ajouterai le dragon du méconnu Dragon du lac de feu, production Disney réalisée par Matthew Robbins. Petit film d’heroïc-fantasy qui vaut surtout pour les apparitions mémorables de la divine créature, visuellement très réussie. 1981 voit aussi la dernière participation de l’immense Ray Harryhausen aux effets spéciaux du Choc des titans. Aventures fantastico-grecques où se côtoient Persée, Zeus autour de créatures mythiques comme la Gorgone ou le Kraken, sans oublier la petite 118 Autre monument que je porte aux pinacles, John Carpenter. En 1981, il nous envoie en pleine face un brûlot politique et contestataire avec New-York 1997 et l’île de Manhattan transformée en prison ouverte où règne le chaos et la violence. Kurt Russell, charismatique en la personne de Snake Plissken, un des plus célèbres borgnes du cinéma, est chargé de récupérer le Président des Etats-Unis (Donald Pleasance) au milieu de toute une faune de tarés. Au rayon "dérangés du ciboulot", les Antipodes sont aussi bien achalandés en cette même année avec les déglingos de Mad Max 2 de Georges Miller. Post-apo hallucinant dans ses moments de bravoure, avec des coursespoursuites d’anthologie sur de machines qu’on a tous rêvé de piloter. En France, la vision du monde dévasté est plus soft et se déroule à la campagne. Malevil de Christian de Chalonge est néanmoins tout à fait recommandable. Dans un genre plus horrifique, je me souviens avoir loué au vidéo-club avec des amis Inseminoïd de Norman J. Warren. Série B de SF de ce début des années 80 où, au cours d’une expédition sur une planète inconnue, l’équipage était attaqué par une entité extra-terrestre (un peu comme dans le merveilleux Lifeforce de Tobe Hooper). Je me rappelle surtout de la scène gore où un astronaute se coupait volontairement le pied pour ne pas être boulotté par l’alien. Autres films datant de 1981 que j’ai appréciés, Réincarnations (alias Dead and buried) de Gary Sherman, avec James Farentino aux prises avec les morts qui reviennent à la vie dans une petite ville côtière. J’ajouterai les séquences traumatisantes et magnifiques de Scanners de David Cronenberg avec ses têtes explosées sous l’effet du mental d’un Michael Ironside en transe. Côté slasher, il faut noter la 1èresuite d’Halloween de Rick Rosenthal, Carnage (The burning) de Tony Maylan et son tueur défiguré par le feu, le sympathoche Massacre dans le train fantôme de Tobe Hooper, et une autre séquelle avec Piranha 2 du débutant James Cameron. Evidemment, je n’omets pas de mentionner la toute petite production d’un jeune réalisateur qui deviendra grand, Evid dead de Sam Raimi, mais j’avoue que je ne suis pas un fan du film. Cette liste n’est volontairement pas exhaustive et reflète uniquement mes préférences d’une certaine forme de cinéma. J’aurai pu continuer comme ça bien longtemps et citer des titres qui parleront plus à d’autres qu’à moi. Je pense au thriller de SF Outland de Peter Hyams, Condorman tentative de film de super-héros de Charles Jarrott, La malédiction finale de Graham Baker (3efilm de la franchise qui m’avait bien fait flipper en son temps), L’équipée du Cannonball avec Burt Reynold et sa course à la Death race ou encore le foutraque et long Knightriders de George A. Romero avec Tom Savini en cuir sur une moto. Sans oublier en France, La guerre du feu de JeanJacques Annaud (vu au collège devant une assistance médusée lors des scènes de sexe...) et le mythique La soupe aux choux, fleuron de notre SF nationale. Quand je vous disais que 1981 était une année fantastique pour un enfant qui avait la chance de se déplacer au cinéma. Aujourd’hui encore, en faisant ce petit panel d’une année riche en un cinéma de genre comme je l’aime (du Carpenter, du Ray Harryhausen, des chevaliers, des loups-garous, des monstres...), je pense que cette année-là marquera une date importante dans l’histoire du 7e art, et dans la mienne (oui, Claude François, tu aurais pu faire une chanson à la gloire de 81, cette annéelà...). Alors que j’affirmais d’une manière péremptoire que 1981 était presque l’année christique, je me rends compte que 1982 me fait de l’œil... mais ceci est une autre histoire... 119