La séance à Roggy_Bilan 2015

Transcription

La séance à Roggy_Bilan 2015
Le film commence néanmoins de manière assez
tendre avec la relation très fusionnelle entre Max
(Taissa Farmiga vue dans Mindscape ou American
Horror Story) et sa mère comédienne Amanda
(Malin Akerman), virant au cauchemar suite au
décès de cette dernière. Une émotion que le
réalisateur tentera d’insuffler en permanence dans
son film au milieu d'un esprit déconnant, même si ce
dernier est ancré dans un fantastique très original.
En effet, Max et sa bande d'amis (dont Alexander
Ludwig connu surtout pour être le fils de Ragnar
Lodbrok dans la série Vikings) sont projetés dans le
film Camp Bloodbath, film d'horreur typique des
années 80 où jouait la mère de Taissa, lors d'une
soirée organisée par des geeks vouant un culte au
film.
C'est certainement la bonne idée du film, faire
cohabiter des acteurs qui ne savent pas qu’ils jouent
dans un long-métrage et des personnages
transposés dans un univers décalé tentant de
survivre au milieu d’un scénario qui avance quoiqu’il
arrive. Ce décalage entre les deux mondes est
source de comédie et de gags certes un peu lourds
mais efficaces. Il faut dire que Camp Bloodbath
est le stéréotype du film d’horreur avec bimbo
décérébrée en quête de dépucelage et gros bras
débile (Adam Levine dans le rôle de Kurt, plus idiot
que toutes les « stars » de la téléréalité réunies).
Scream girl joue donc avec ses clichés où le tueur
est annoncé par une musique stressante, où les
jeunes qui couchent se font dessouder dans une
atmosphère de soap assez naïve.
Todd Strauss-Schulson trouve une bonne harmonie
entre les personnages, condamnés à être des clichés
ambulants tout en utilisant la dérision. Le scénario
télescope ainsi le film dans le film quand nos
voyageurs du temps tentent de combattre le
boogeyman avec l'aide des vrais-faux acteurs. Ce qui
donne des scènes où l'anachronisme (l'utilisation du
téléphone portable) et les bons mots (les références
des 80's) se côtoient avec une réelle énergie
communicative. A noter aussi des séquences
intéressantes avec l'utilisation des ralentis ou des
inserts d'écriture propres au film. Comme ils ont un
temps d'avance et que le geek de service connaît le
film par cœur, ils essaient de détourner les
séquences à l'image de la saga Scream qui jouait
déjà de ce postulat en imaginant les faits et gestes
du tueur.
Un tueur qui manque un peu d'envergure dans un
film qui rend un hommage à un cinéma un peu
disparu sans jamais chercher à se moquer des codes
inhérents au slasher malgré un manque de
transgression évident. Les plus belles scènes sont
d'ailleurs lorsque les flash-back apparaissent et que
les personnages se fondent dans un écran noir et
blanc. En revanche, le parti pris de ne pas montrer
de sang, de gore, ni même de nudités (tout est horschamps) ne permet pas au film de se déployer
totalement. En effet, Scream girl (ou Final girls en
VO qui se comprend mieux puisqu’il n’y a qu’une
vierge qui peut tuer le méchant à la fin) ne va pas
assez loin dans l'exploitation de son idée originale en
ne jouant pas avec ce code le plus prégnant du
genre.
Dommage, car on se demande vraiment si le film
n'est pas voulu ainsi pour être grand public, alors
que quelque part il clame son amour du genre en
utilisant les références qui nous sont chères. Ceci
semble confirmé par le bêtisier post-générique qui
plombe la fin comme dans une banale
JackyChanerie, alors que le climax de Scream girl
est assez réussi et sympathique. Vraiment
dommage.
Note : 4-/ 6
CURTAIN – Rideau maléfique – USA – 2015 –
Jaron Henrie-McCrea
En compétition
Pitch : Fatiguée de son
rythme de vie, une jeune
femme tente de repartir
à zéro et emménage
dans
un
nouvel
appartement dont la
salle de bain recèle un
monstrueux secret : un
rideau de douche qui
ouvre sur une dimension
parallèle…
Faire d'un rideau de
douche un passage temporel, il fallait oser. C'est ce
qu’a fait Jaron Henrie-McCrea pour son 1er longmétrage. Alors que la plupart des festivaliers ont
trouvé le film sans intérêt voire mauvais, j'ai pour
ma part apprécié le film (j'ai peut-être des goûts de
salle de bain...).
En effet, ce tout petit film, financé notamment grâce
à du crowfunding, fonctionne malgré tout sur ce
postulat simple. On y croit dès la 1ère scène voyant
un homme rentré chez lui et se suicider dans sa salle
de bain qui semble être maléfique. Ce qui n'empêche
pas Danni de s'installer dans l’appartement et de
constater rapidement que tous les rideaux de douche
disparaissent quelques instants après avoir été
installés. En filmant la scène et avec l'aide de son
ami Tim, ils parviendront à comprendre où
atterrissement les objets disparus.
On est clairement dans un cinéma minimaliste, très
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indépendant à l'américaine avec seulement quelques
lieux de tournage et peu d'acteurs. Néanmoins, la
relation entre les personnages est crédible, les
dialogues cohérents alors que la situation de départ
peut
interloquer.
Curtain
s'avère
vraiment
énigmatique car aucune explication rationnelle ne
sera dévoilée. D'autant moins avec l'apparition d'un
quatuor d'hommes menaçant Danni si elle continue à
chercher à résoudre l'énigme de ce passage
dimensionnel.
Le film renvoie directement au 1er film de Jim
Mickle, l'excellent Mulberry Street où un immeuble
devenait le théâtre d'une contamination par les rats.
Si Curtain est largement en deçà, du fait d'un script
n'apportant pas de réponses et de son côté cheap, il
ne faut pas non plus le jeter dans l'eau des toilettes
sous prétexte qu’il ne donne pas toutes les clés. Son
côté Quatrième dimension ésotérique sans effet
de manche visuel (hormis les disparitions des
rideaux très réussies) est assez bien retranscrit pour
qu’on s’y intéresse.
Sans jamais tomber dans le ridicule, Curtain est un
1er film intéressant malgré son amateurisme et
quelques défauts évidents. Certes, on pourra lui
reprocher son côté presque Z dans la dernière partie
dans les bois quand on verra vraiment ce que
deviennent les rideaux et la créature qui
l'accompagne (dis comme ça, c'est sûr c'est
bizarre...). Pourtant, votre serviteur a passé un bon
moment devant ses rideaux de douche accrochés
face à une porte maléfique.
Note : 4-/ 6
un peu oublié de Sam Raimi ! Je ne me souvenais
plus de la qualité du film et de sa dimension
émotionnelle qui avaient dû m'échapper à l'époque.
Tourné après Evil dead 2, Darkman est le 1er film
de studios (ici la Universal) réalisé par Sam Raimi.
Ne pouvant obtenir les droits de super-héros comme
Batman, il décida de créer sa propre mythologie
avec cet anti-héros masqué, aux antipodes de
l'iconographie classique.
Ce qui frappe aujourd’hui avec Darkman, c'est qu'il
a finalement assez peu vieilli. Le film fonctionne
encore très bien grâce à une multitude d'éléments à
l'image des acteurs, du script et de la musique. En
effet, si Darkman est souvent identifié comme
matriciel des films de super-héros actuels, il va bien
au-delà et s'impose avant tout comme un grand film
de monstre.
Malgré tous les aléas (Raimi voulait Bruce Campbell
dans le rôle titre) pour la production du film, Sam
Raimi garde sa liberté de ton et sa patine qui l'avait
fait remarquer avec Evil Dead. Personnages
décalés, cadrages en contre-plongée et gros plans
incessants, tout renvoie au cinéma de Raimi qui
parvient à créer un personnage hybride et
référentiel.
Darkman, c'est à la fois le Fantôme de l'opéra,
Batman et la créature de Frankenstein. Peut-être
même que cette dernière est la plus proche de
l'essence même du personnage. Si Peyton Westlake
(excellent Liam Neeson) s'enfante lui-même en
recréant sa propre chair, il devient tout autant un
être combattant le crime qu'une créature traquée
pour sa monstruosité.
DARKMAN – Super-héros monstrueux – USA –
1990 – Sam Raimi
La Séance Culte
Pitch : Brûlé vif et laissé pour mort par des
gangsters à la solde d'un promoteur véreux, un
brillant généticien va se venger de ses agresseurs.
Quel plaisir de revoir sur grand écran ce grand film
C’est ce côté-là qui frappe dans le film. Reclus dans
son être intérieur, Darkman est un monstre à
l'extérieur mais aussi à l'intérieur, tiraillé entre son
humanité perdue et sa colère vengeresse. En ce
sens, il se rapproche de Freaks, notamment dans la
scène de la fête foraine lui explosant au visage sa
condition de monstre de foire, surtout lorsqu'il tente
de reconquérir Julie (Frances McDormand, Fargo)
son amour perdu. Le film prend alors toute sa
dimension tragique et émouvante.
La dernière partie fait plus la part belle à l'action
avec le climax en hélicoptère et sur la tour en
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construction. On y retrouve le côté cartoonesque et
l'humour de Sam Raimi, annonciateur d'une certaine
manière d'un futur Spiderman. Mais là aussi,
Darkman se mue en cousin éloigné de King Kong
sur sa tour funèbre, combattant pour sa survie face
à des hommes le raillant et remettant en cause son
humanité. Sublimé par la musique de Danny Elfman
en grande forme, Darkman s'impose, après une
nouvelle vision, comme un des meilleurs films de
super-héros mais surtout comme un des meilleurs
films de monstres de l'histoire.
Note : 5/6
BLIND SUN – Soleil grec –
Grèce/France – Joyce A. Nashawati
2015
une multinationale ou encore le racisme évident de
la population envers Ashraf. Peut-être par manque
de moyens ou d'ambition, le film se cantonne à la
maison et l'atmosphère brûlante régnant comme si
l'apocalypse n'était pas loin.
Du coup et à l'image du personnage, Blind Sun
tourne en rond en restant coincé dans son postulat
de film d’ambiance chaud et éthéré. C'est d'autant
plus dommage qu’il y avait certainement tous les
éléments à disposition pour développer une histoire
plus ancrée dans le fantastique ou le film sociétal.
Mais, sans un choix précis, le film se perd dans les
Note : 3-/ 6
propres limbes qu’il a crée.
–
Le Complexe de Frankenstein – Documentaire
– France – 2015 – Alexandre Poncet et Gilles
Penso
En compétition
Pitch : La canicule frappe la Grèce. L'eau se fait rare.
La tension est totale. Un immigré taciturne doit
veiller sur la luxueuse villa d'une famille française qui
l'a embauché. Mais le gardiennage va tourner au
cauchemar.
Pour son 1er long-métrage la réalisatrice, présente
sur scène pour répondre à des questions des
spectateurs, s'attache à décrire un monde dans un
futur proche où l'eau devient une denrée rare et
génère des conflits. Citant volontiers Le locataire
de Polanski ou les œuvres de Ballard, Joyce A.
Nashawati a des intentions louables qu'elle aura
néanmoins du mal à mettre en pratique à mon sens.
Visuellement, le film est très beau. Les couleurs
ocres se fondent dans un paysage désertique
méditerranée où la terre et les hommes sont brûlés
en permanence par les rayons du soleil. Aveuglé par
l'astre brillant, Ashraf (Ziad Bakri) l'est aussi par la
réalité qui l'entoure. Venu pour garder la maison
d'un couple de français en Grèce, Ashraf commence
à apercevoir des ombres, des phénomènes bizarres
autour de lui.
Même si la réalisatrice s'en défend, Blind Sun est
un film éminemment politique. Ashraf a des origines
arabes qui lui confèrent un statut d'immigré en
Grèce mais aussi auprès des Français qui le traitent
comme tel alors qu'eux-mêmes le sont aussi de fait.
Apatride, Ashraf semble perdu dans sa solitude et les
événements qui se déroulent au-dehors. Blind Sun
est avant tout un film sur l'isolement physique et
moral et fait écho à des sentiments de n'être chez
soi nulle part.
Une fois ce background posé, Blind Sun a bien du
mal à s’extirper de son script. Le problème est que le
film ne recèle aucun enjeu majeur susceptible d'être
développé. Le fantastique n’est qu’effleuré pour
montrer la descente aux enfers de la folie du
personnage, tout comme la mainmise de l'eau par
Après un premier essai réussi sur un des maîtres et
précurseurs des effets spéciaux (Ray Harryhausen,
le titan des effets spéciaux), Alexandre Poncet et
Gilles Penso remettent le couvert avec un
documentaire sur les concepteurs d'effets spéciaux à
l'ancienne comme Rick Baker ou Phil Tippett. Pour se
faire, ils ont interrogé une dizaine de spécialiste
anciens et plus jeunes.
Très attendu par les amoureux du genre, Le
Complexe de Frankenstein ne déçoit pas.
Construit autour d'interviews des plus grands acteurs
des effets spéciaux organiques et pas numériques, le
film est un plaidoyer pour un cinéma aujourd’hui un
peu dépassé. Il montre surtout la passion de ces
artisans pour la conception de créatures. Comme ils
le disent tous, pour eux c'est un mode de vie.
Au fil des conversations, les différents artistes
remontent le temps des effets visuels. De Willis
O'Brien à Ray Harryhausen en passant par Stan
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Winston, l'histoire de l'origine à l'évolution des
techniques est racontée simplement et avec brio. Le
film s'enchaîne sans temps morts alternant les
dialogues entre un Phil Tippet semblant désespéré
par la fin de son art, un Tom Wooldruf Jr goguenard
ou un Guillermo del Toro croyant en l'avenir des
effets spéciaux. Ce qui ressort surtout du
documentaire c'est l'amour du cinéma lors de la
conception de ces créatures merveilleuses. Tous le
répètent, il faut envisager le monstre comme un
personnage et non l'insérer dans un film comme un
décor. Les réalisateurs parviennent à mettre en
confiance tous ces magiciens, à tel point qu'ils se
lâchent et racontent leur métier, et leur vie, sur un
ton enjoué provoquant les rires. Notamment
lorsqu’ils racontent des anecdotes de tournage ou
cet échange savoureux entre Joe Dante et John
Landis au sujet de Hurlements et Le loup-garou
de Londres. Le document est alors passionnant
parce qu’il met en lumière des gens passés d'un
statut de star à celui de disparus des radars.
Empreint de nostalgie, Le Complexe de
Frankenstein dresse un constat assez triste sur la
disparition de la plupart de ces techniques
mécaniques au profit de CGI certes de plus en plus
beaux. Sans angélisme, le film fait le portrait de la
situation actuelle sans omettre que l'avenir passe par
une fusion de toutes ces techniques (mécaniques et
numériques) pour que le cinéma fantastique ne
perde pas sa magie générée par des films comme
The Thing ou Alien ont contribué à créer. Seul petit
bémol, j'aurai aimé voir plus d'extraits de films pour
illustrer les propos, mais le film aurait duré 2 heures
de plus !
Note : 5/6
SOME KIND OF HATE – Horreur ado – USA –
2015 – Adam Egypt Mortimer
En compétition
Pitch : Un lycéen victime de harcèlement est envoyé
dans un établissement pour jeunes à problèmes. Là,
le fantôme d'une adolescente sème la mutilation et
la mort…
Pour son 1er film, Adam Egypt Mortimer traite du
thème du harcèlement adolescent à l'école par le
biais du slasher surnaturel. Enfin, c'est la note
d'intention du réalisateur qui tente de construire son
histoire autour de la résurrection de Moira Karp,
revenue de l'au-delà pour se venger de tous les
méchants qui persécutent les gentils... Une phrase
un peu caricaturale mais résumant malgré tout le
propos de ce film se cherchant une identité qu’il a
bien du mal à trouver.
Très vite le décor est planté. Lincoln (Ronen
Rubinstein vu dans James Mark is dead) est un
ado rebelle, et pas seulement la mèche. Son père est
alcoolo et des petites frappes viennent lui mettre la
tête dans la purée à la cantine. Et parce qu’il se
venge à coup de fourchette, il finit dans un camp de
redressement à l'américaine. C'est-à-dire à la
campagne avec d'autres écorchés de la vie. Ce début
de film rappelle d’ailleurs le plutôt sympathique Cold
Water qui décrivait déjà la vie et les persécutions
subies par des ados en semi-liberté dans une prison
qui ne disait pas son nom.
Dans Some kind of hate, les ados sont pris en
charge par une équipe d'éducateurs New-age
prônant le dialogue et des méthodes dignes d'une
secte. Ce pan de l'histoire sera très vite éludée
malgré la présence d’une ancienne élève en prof de
gym taillée comme un mannequin sexy (Leni Atkins).
On peut même dire qu’elle est négligée puisque le
réalisateur préfère s'attarder sur le côté slasher de
l'histoire. Alors que Lincoln continue à se faire
harceler, il déclenche un peu artificiellement le retour
de Moira, ancienne pensionnaire ayant subi elle aussi
des avanies, prête à le venger et tuer tous ceux qui
s'en prennent à lui. La 1ère partie du film est
relativement intéressante quand elle se concentre
sur les rapports entre jeunes dans la communauté,
les disputes, les amitiés naissantes ou amoureuses
comme avec la troublante Kaitlin (Grace Phipps vue
récemment dans Tales of Halloween). La seconde
se contentant de s'engouffrer dans le slasher avec
des meurtres sans originalité particulière.
L'idée intéressante du film n'est pas que de faire
d'une jeune fille le boogeyman, mais surtout son
modus operandi. Elle tue ses victimes en se
scarifiant et se mutilant elle-même. Les blessures se
répercutent et apparaissent alors sur les ados ne
comprenant pas la situation. Si la symbolique de la
vengeance par procuration tient la route avec cette
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jeune fille recouverte de sang, portant des lames de
rasoirs autour du cou, l'interprétation de Moira laisse
quelque peu à désirer. Sierra MacCormick peine à
rendre crédible son personnage et surjoue la
détresse de façon un peu gênante. Certes, elle n'est
pas aidée par un script qui lui donne un côté
surnaturel et en même temps organique nuisant à la
crédibilité de l'ensemble. Sans compter les
incohérences du scénario quant à sa découverte
comme s'il manquait certaines scènes, ainsi que sa
difficulté de gestion de lieu et de temps. Mais où
sont les éducateurs alors que les jeunes sont
toujours seuls ?
Au final, Some kind of hate est somme tout
divertissant sans jamais atteindre les hauteurs
émotionnelles envisagées au départ. Ce n'est pas
non plus le côté horrifique qui l'emporte malgré les
débordements sanglants tant les meurtres sont
prévisibles dans une dernière partie finalement très
conventionnelle.
Note : 3 / 6
INCIDENTS DE PARCOURS (MONKEY SHINES)
– Singe méchant – USA - 1988 – George A.
Romero
La Séance Culte
Pitch : Un jeune homme tétraplégique reçoit un
singe capucin en guise d'aide médicale. Mais l'animal
va bientôt révéler une nature pour le moins
dangereuse...
Tourné 3 ans après Day of the dead, Incidents
de parcours constitue la première expérience de
films de studios pour Romero. Malgré une production
difficile, le métrage est très réussi est s'avère bien
différent de son œuvre zombiesque, même si on
retrouve certaines de ses obsessions et sa
dénonciation en filigrane de la société.
Le film commence avec l'accident d'Allan (Jason
Beghe) l'amenant à sa tétraplégie et sa nouvelle vie
dans un fauteuil auprès de sa mère et de son ami
Geoffrey (John Pankow), chercheur dans une unité
expérimentale avec des animaux. C'est ce dernier qui
sera à l'origine des dons du petit singe, Ella, par
l'injection quotidienne d'une décoction à base de
cerveau humain. Si le film est un peu lent à
démarrer, c'est pour mieux nous présenter les
personnages et introduire notamment Mélanie (Kate
McNeil) la jeune éducatrice de singes qui va aider
Allan dans son quotidien. Une empathie peut-être
accentuée par les studios mais nécessaire à la suite.
La montée de la tension du film est remarquable.
Alors qu'on s'attache aux personnages et à ce petit
singe capucin véritablement adorable et capable de
faire des gestes extraordinaires du quotidien,
Incidents de parcours se pare du costume du
thriller
science-fictionnel
avec
une
facilité
déconcertante. Limité à quelques lieux, notamment
la maison d'Allan dans sa dernière partie, le film
grandit à l'image du singe qui devient de plus en
plus intelligent comme dans le remake récent de la
Planète des singes. A la différence de Max mon
amour d'Oshima, le métrage prend des allures
fantastiques lorsque les esprits du singe et d'Allan
commencent à rentrer en symbiose. Même si les
explications scientifiques sont absentes, le film
bascule dans le slasher au travers des yeux du petit
singe en caméra subjective à l'instar du magnifique
Wolfen. La dernière partie est en tout point
maîtrisée en matière de suspens lors de la
confrontation finale entre le singe et les humains.
Sur le fond, Romero dénonce la condition animale et
les expérimentations. Les chercheurs sont présentés
comme des sadiques sans scrupule. Il interroge
également sur le rapport de l'homme à son
animalité. Entre anthropomorphisme et sentiments
amoureux, la frontière est ténue, voire inconciliable
quand Allan, projeté dans l'esprit d'Ella, devient un
être méchant et animé par ses instincts primaires. Il
donne aussi une vision sans angélisme du monde du
handicap et de sa difficile acception par les proches
au travers du personnage de la mère possessive et
de sa femme partie compter fleurette au docteur
réconfortant (Stanley Tucci).
La fin du film fait mal à tous les sens du terme, le
réalisateur n'hésitant pas à montrer les coups et la
folie qui s'emparent de tous les protagonistes.
Incidents de parcours est donc un film important
dans la carrière de Romero même si on retient
surtout aujourd’hui ses films de zombies. Le film est
à redécouvrir pour sa montée de la tension
crescendo, le jeu des acteurs et surtout du petit
singe capucin complètement crédible dans les
moments tendres et dans sa folie meurtrière. A tel
point qu’il en devient un parangon de films
d'agressions animales en terme de rendu visuel
frontal.
Note : 4+/ 6
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EVOLUTION – France/Espagne/Belgique
2015 – Lucile Hadzihalilovic
–
Pitch : Nicolas, onze ans, vit avec sa mère dans un
village isolé au bord de l’océan, peuplé uniquement
de femmes et de garçons de son âge. Dans un
hôpital qui surplombe la mer, tous les enfants
reçoivent un mystérieux traitement. Nicolas est le
seul à se questionner.
En compétition et en présence de la réalisatrice et
de l'actrice Roxane Duran.
amateurs du genre parviendront à utiliser. Le jeu
tout en retenu des acteurs notamment du petit
garçon Max Brebant, de ces mères de substitution
comme Roxane Duran ou Marie-Julie Parmentier,
donnent au film une démarche déroutante et
fascinante. Si on se sentait un peu rejeté par le style
très auteur du début, rappelant par là-même sur le
visuel
et
les
thématiques,
l’adaptation
cinématographique de La possibilité d’une île de
Houellebeck, Evolution gagne ses galons de film
étrange teinté d'un fantastique sobre mais prégnant
et réaliste tout en gardant une pointe de mystère.
A l'image de ses femmes se lovant au bord de la mer
dans une très belle scène sensuelle, Evolution est
un film éminemment sensoriel qui touche par son
esthétique formelle et par son propos très original,
voire déstabilisant quant à l'utilisation qui est faite
des petits garçons. On n'a rarement vu ça au cinéma
et pourtant, le film fonctionne sur cette dualité d'être
interpellé dans sa condition masculine et d'être
fasciné par cette singularité et cette liberté de
pensée.
Note : 4+/ 6
Lucile Hadzihalilovic qui s'est fait connaître par son
moyen métrage La bouche de Jean-Pierre et
surtout par son long-métrage très dérangeant
Innocence, revient avec ce film par le biais du
fantastique au sens large. Genre dont elle est fan et
qu’elle retranscrit avec esthétique et brio dans
Evolution.
Il faudra se laisser porter par le mouvement des flots
du début et une 1ère partie très hiératique où le
rythme lent du récit et des personnages presque
mutiques concourent à installer une atmosphère très
étrange. Bénéficiant des décors de l'île des Canaries,
Evolution baigne dans une ambiance tout à la fois
éthérée et visuellement magnifique, s'opposant au
dénuement du village attenant à la mer ainsi qu’à la
pauvreté des maisons et des pièces. Le spectateur
ne sait pas où il se trouve et ne comprend pas le
ballet incessant de ses jeunes filles d'une étonnante
ressemblance et revêtues de la même robe qui
s'occupent de jeunes garçons avec soucis et autorité.
Entre réalité et fantasme, le film se cherche une
identité basculant du film d’auteur à la française à un
fantastique poétique et perturbant. Parce que ces
femmes infirmières cachent un secret lié à leur
condition humaine proche de l'hybridation. Pas de
Docteur Moreau pour des expériences d'hybridation
mais plutôt un monde semblant peuplé uniquement
de femmes au dos recouvert de ventouses à l'image
des étoiles de mer dont l'iconographie se retrouve
partout.
A la beauté du film, le scénario répond par une
avarice d'explications, laissant le spectateur à sa
propre interprétation grâce à quelques clés que les
THE VIRGIN PSYCHICS – Comédie érotomane
– Japon – 2015 – Sono Sion
Pitch : Un lycéen encore vierge se découvre des
dons télékinésiques. Mais il n'est pas seul et va être
rejoint par d'autres « super-puceaux et pucelles »
prêts à faire exploser leurs pouvoirs et... leur libido !
Sono Sion nous livre un énième opus (le 4e déjà
cette année qui devrait en comporter 5 si les
comptes sont bons) avec cette adaptation live d'un
manga. Enchaînant les tournages à la chaîne, le
réalisateur est capable d'accoucher d’œuvres
intéressantes comme Suicide club ou Love
Exposure, comme de films très irritants à l'image
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du récent Tokyo Tribe. C'est dans cette 2e
catégorie qu'émarge The virgin psychics. Une
pochade bien conne où la masturbation est au
centre de l'histoire. C'est dire...
The virgin psychics donne au spectateur ce qu'il
est venu voir. Des donzelles en sous-vêtements et à
la poitrine opulente. C’est à peu près tout ce que le
film recèle en fait. Le scénario n’est qu’un prétexte à
montrer de jeunes filles presque nues où même
quand elles sont habillées, un coup de vent soulève
leurs jupes pour faire apparaître une culotte blanche.
Certes, le spectacle est visuellement agréable (et un
film culte pour les pervers) mais 2 heures de nichons
engoncés dans des soutiens-gorges trop petits ne
font pas un film. Ce qu’on peut accepter d’un manga
(et encore) ne passe pas vraiment le cap du live.
Déjà entrevu dans l'inégal Tag, les obsessions pour
le corps féminin de Sono Sion sont bien évidentes et
manquent, à la longue, de subtilité. Je ne suis même
pas certain que le film soit une dénonciation de
quoique se soit, du rapport des adolescents et des
adultes japonais au sexe et de l'utilisation des
femmes comme icônes sexuelles ou plus
précisément esclaves sexuelles. Il n'y a aucune
déviance là-dedans, juste une drôle d'approche de la
sexualité qui semble vu comme une addiction, une
tare ou une capacité à obtenir des pouvoirs
psychiques.
C'est un peu faible comme postulat et son traitement
ringard et dénué d'ambitions ne plaide pas en faveur
d'un réalisateur qui pourra toujours se targuer de
son côté punk et je je-m’en-foutiste. Pourquoi
critiquer les American Pie ou autres purges des
frères Wayans, alors que The virgin psychics est
du même acabit. Il n'est pas meilleur parce qu'il est
japonais.
Note : 1 / 6
DER NACHTMAHR – E.T. – Allemagne – 2015 –
Akiz
En compétition
Pitch : Une jeune adolescente fêtarde voit sa vie
changer du jour au lendemain suite à l'apparition
d'une créature à laquelle elle est physiquement liée.
Akiz est un artiste allemand à la fois sculpteur et
peintre qui réalise ici son 1er film. La genèse de son
métrage provient de la créature qu’il a sculpté et a
désiré faire vivre à l'écran. Une idée qui peut
sembler saugrenue mais le rendu s’avère néanmoins
abouti.
Le film commence de manière très classique en
suivant la virée nocturne d’un groupe d'adolescents
dans une soirée techno où la musique et les effets
stroboscopiques se mélangent à l'alcool et aux
drogues. Même le spectateur subit la violence des
images et un son volontairement trop fort pour
l'immerger totalement dans le quotidien de ces
jeunes. Un parti pris qu’on retrouve également dans
sa façon de filmer, caméra à l'épaule, au plus près
des acteurs.
C'est dans cette ambiance que Tina (excellente
Carolyn Genzkow) est renversée par une voiture.
Alors qu’on la pensait morte, elle se relève et rentre
chez elle. Un choc frontal dont il est impossible de se
remettre mais qui semble n’être qu’un rêve,
transformé en malaise. Pourtant, sa réalité ne sera
plus la même. En effet, Tina commence à voir une
petite créature, d'abord boulotter devant le frigo puis
dans sa propre chambre. Prise de peur, elle essaie
d'en parler à ses parents qui ne la croient pas.
Der Nachtmahr s'inscrit dans la tradition des films
où des ados se rebellent contre leurs parents. Cette
petite créature ressemblant à un fœtus avec un
visage de vieillard peut être vu comme une
extrapolation du sentiment de mal-être de Tina,
concrétisant de manière organique le difficile
passage à l'âge adulte. Plus prosaïquement, le film
est une version alternative allemande et un peu
trash d'ET de Spielberg. Débarquant de nulle part et
sans aucune violence, la créature s'immisce dans le
quotidien de Tina comme un petit animal de
compagnie passant son temps à chercher de la
nourriture. Pourtant, tout bascule quand les parents
71
de Tina découvrent ce petit être inoffensif et le
confie aux autorités. On retrouve les mêmes scènes
et le même sentiment d'abandon que dans ET,
d'autant plus que les deux sont reliés physiquement.
Chaque coup que reçoit la créature, Tina les ressent.
Considérée comme une folle par ses parents,
multipliant les rendez-vous chez le psy, et par ses
amis qui la rejettent, Tina se replie sur elle-même et
sombre progressivement dans un cauchemar éveillé.
Alors que le film pourrait tendre au ridicule, Der
Nachtmahr fonctionne parfaitement du fait de la
proximité avec les personnages, de la qualité du
scénario et de l'approche très originale du propos.
On ne saura vraiment jamais si c'est une réalité
déformée ou un rêve post-mortem suite à l'accident
de Tina. En effet, certains indices montrent que
l'adolescente fantasme sa réalité à l'image de la fin
du film remettant tout en cause. Pas si mal pour un
film sur la jeunesse au travers des yeux globuleux
d'une créature.
avec la fille, ce survivant (le convaincant Martin
McCann vu dans 71) recrée le simili d'une famille
perdue dont les souvenirs rejaillissent par instants.
Une nouvelle vie faite de suspicions, de regards en
coin où l'attention est multipliée par trois.
Sans effets de manche, le réalisateur crée une réelle
empathie pour ses personnages. On a vraiment peur
pour eux quand des intrus s'approchent ou les
menacent physiquement. Certes, le rythme est assez
lent, laissant une grande part au bruit de la nature
pour faire ressortir l'isolement de ces humains et
mettant en exergue toutes les anomalies possibles.
Visuellement, le film est aussi très beau, proche du
naturalisme
et
d'une
esthétique
rappelant
l'adaptation de La Route de Cormac McCarthy.
Note : 4 / 6
THE SURVIVALIST – Post-apo boisé – UK –
2015 – Stephen Fingleton
En compétition et en présence du réalisateur
Pitch : Dans un monde post-apocalyptique, un
homme s'est établi dans une cabane en pleine forêt.
Mais l'arrivée de deux femmes en quête de
nourriture va bousculer sa discipline de vie.
Le post-apo est un genre ultra-rabaché dont il n'est
pas facile de s'extraire pour proposer des œuvres
originales. The Survivalist en est une. Sur un ton
minimaliste, Stephen Fingleton parvient à instiller
une ambiance oppressante au milieu d'une forêt
accueillante où le danger semble partout présent.
Après une introduction à l'aide de deux courbes
montrant que la vie a basculé dans le chaos et que
la population a chuté en nombre, le film débute par
une vingtaine de minutes sans parole en suivant au
plus près la vie de ce survivant mutique dont chaque
geste est mû par la peur notamment quand il
travaille à son petit jardin.
Chaque jour, son quotidien est rythmé par les
mêmes gestes, la même attention de l'extérieur, des
bruits. Le réalisateur a d'ailleurs tenu à un son mono
pour que le spectateur se concentre sur l'écran et a
réalisé la plupart des sons en post-production. Ainsi,
quand découvre une mère (Olwen Fouéré) et sa fille
(Mia Goth), son quotidien est chamboulé. Pour cet
homme reclus dans une cabane depuis 7 ans,
difficile de ne pas avoir peur de l'étranger et des
menaces liées à la faim.
Après négociations et contre des relations sexuelles
Malgré le manque de moyens et le peu de
personnages, Stephen Fingleton crée une ambiance
réaliste et angoissante notamment lors de l'attaque
de la cabane sans que l'on voit les assaillants comme
dans un film de morts-vivants, ou encore dans cette
scène très réussie où la caméra survole les champs.
Si la fin du film tourne à l'affrontement armé assez
classique dans le genre, The Survivalist atteint son
but malgré une économie de moyens à l'écran mais
avec un esprit jusqu’au-boutiste bienvenu.
Note : 4 / 6
72
DEATHGASM
–
Comédie
métallique
–
Nouvelle-Zélande – 2015 – Jason Lei Howden
Séance interdite
Pitch : Une bande de hardeux réveille un démon en
jouant la partition de trop. À eux de gérer le chaos
ambiant et d'inverser le maléfice.
Le métal et l'horreur vont de pair dans le cinéma.
Jason Lei Howden, expert en effets spéciaux chez
Weta notamment pour The Hobbit, n’y va pas avec
le dos de la guitare électrique pour défoncer des
humains transformés en démons avec la hargne d'un
riff bruyant et l'amour d’une musique qu’il cherche à
mettre en avant.
Deathgasm est avant tout un film de potes à la
bonne humeur contagieuse qui suinte d'une
déférence à l'horreur et au death metal. Le film est
très drôle dès son entame quand on suit Brodie, qui
a le métal dans la peau, dans sa nouvelle vie chez
son oncle et dans son école. Entre brimades et
séduction, il s'accoquine avec un vrai métalleux du
coin Zakk. Un duo bientôt rejoint par les deux geeks
pratiquant les jeux de rôles pendant les pauses. Ce
n'est pas pour rien que ces deux cultures se
rejoignent car elles proviennent du même imaginaire
et font preuve du même rejet.
La qualité de Deathgasm est rendre un hommage
appuyé à un univers, un art de vivre et une musique
rarement mis en lumière, hormis pour se moquer.
Grâce à des dialogues référentiels et des séquences
hilarantes, le réalisateur parvient à créer une
empathie pour ses personnages irrévérencieux mais
au final attachants. La 1ère moitié installant les
personnages est à ce titre très réussie en jouant sur
les codes d’une culture souvent caricaturée et
dénigrée à cause des valeurs défendues. Jason Lei
Howden s'amuse de cette iconographie pour mieux
la détourner et lui rendre un hommage appuyé au
travers de morceaux de musique que les amateurs
reconnaîtront sans doute.
La 2e partie se transforme alors en film gore où on
déboîte du démon à coups de tronçonneuses ou de
sex-toys. Comment ne pas penser à Bad Taste et
Brain dead de Peter Jackson, compatriote du
réalisateur. Sans atteindre la folie gore de Jackson,
Deathgasm se lâche sur la bidoche et le sang lors
de scènes ultra gore où la violence visuelle est
toujours compensé par un humour vachard et
irrésistible. Les têtes et les membres volent avec
bonheur sous les ores d’une musique de death metal
avec une jubilation communicative. Malgré une
baisse de rythme évidente en son milieu,
Deathgasm balance du lourd en terme d'action
débridée et nous renvoie aux plus belles heures d’un
cinéma de divertissement excessif et magnifique.
A l'image d'un Shaun of the dead, les dialogues et
les allusions référentielles sont pléthores et, quand il
peut, le réalisateur se charge de redonner ses lettres
de noblesse à la musique qu’il défend à grand coup
de tronçonneuse dans le fion avec cri de ralliement à
la clé. Une attention particulièrement applaudie et
appréciée par la salle toute acquise à la cause du
réalisateur. Au final, Deathgasm est un vrai
divertissement drôle et gore qui transpire bon les
années 80 et l'atmosphère des salles enflammées,
des cheveux longs et des pentagrammes, chères aux
métalleux, surtout belges qui font voler leurs
cheveux gras dans les cryptes toxiques.
A ce propos, je fais un lien vers le dossier réalisé par
Rigs Mordo dans sa Toxic Crypt intitulé Terreur
métallique!
Dossier
Metal
et
Horreur,
où
Deathgasm aurait forcément sa place.
Note : 4+/ 6
73
DON'T GROW UP – Infection adulte
France/Espagne – 2015 – Thierry Poiraud
–
En compétition et en présence du réalisateur
Pitch : Laissée à l'abandon
par leurs surveillants qui
ont
mystérieusement
disparus, une petite bande
de délinquants juvéniles
fait les 400 coups dans son
centre de redressement.
Un virus frappe alors les
adultes qui deviennent
enragés et attaquent tous
ceux âgés de moins de 18
ans…
Après un Goal of the dead
remarqué, Thierry Poiraud, délaissé de son frère
avec qui il avait réalisé le surprenant Atomik
Circus, revient au cinéma avec ce film fantastique
flirtant avec plusieurs genres pour un résultat assez
moyen. Sans être mauvais, force est de constater
que Don't grow up a bien du mal à se sortir de
l'étau étriqué du film d'infectés dans lequel il s'est
lui-même placé. Formellement, il n’y a pas grandchose à dire. La caméra de Thierry Poiraud est sobre
et les séquences lisibles. Tout comme la
photographie et les grands angles choisis pour
rendre justice aux paysages à la fois désertiques ou
maritimes des îles Canaries. Là où le bas blesse,
c’est que le scénario ne propose pas énormément
d’originalité dans son propos et sa réalisation. Le film
renvoie à d’autres références cinématographiques
sans apporter sa patte personnelle à l’univers
présenté.
Dès le départ, les délinquants abandonnés par les
surveillants dans leur centre font penser à la série
Misfits ou à Wilderness de Michael J. Basset. Une
entame chargée de caractériser les personnages qui
tourne un peu en rond jusqu’à que ces ados rebelles,
dont le héros principal (Fergus Riordan vu dans
Fragile) est encore sous le coup d’un trauma
enfantin, décident de faire une virée en ville. Bien
mal leur en prend puisque la cité n’est plus qu’un
lieu de désolation où les cadavres jonchent le sol
dans un chaos apocalyptique.
La bonne idée du film est d'infecter les adultes tandis
que les enfants sont épargnés. Si on ne saura jamais
l’origine du mal commençant par des saignements
d’oreilles, l’infection se traduit par une extrême
violence irrépressible envers ceux qui ne sont pas
touchés, les enfants. Une sorte de Révoltés de l'an
2000 mais inversé. Le film est plutôt une relecture
de The Crazies de Romero avec en plus la
distinction juvénile. Malheureusement, une fois que
l'on a compris ce postulat, Don't grow up ne
parvient pas à déployer des enjeux autres que la
survie du groupe des six ados présentés au départ.
De la même manière, la 1ère partie n’a pas
suffisamment créée d’empathie pour les enfants et
de fait, leur sort nous importe peu, notamment la
naissance de l'histoire d’amour qui ne provoque pas
l'émotion attendue. En ville, le scénario se permet
quelques embardées sanglantes et des séquences de
violence tout à fait correctes, mais se perd peu à
peu, à l’image des survivants errant dans le désert, à
la recherche d'une porte de secours. La 2e moitié du
film est à ce titre assez pauvre en rebondissements.
Les seuls événements sont très prévisibles comme le
fait que les enfants survivants pourchassent les
adultes ou que certains éléments du groupe initial
basculent vers l'âge adulte de façon impromptue.
Au final, Don't grow up se laisse regarder avec le
sentiment que le cinéma français de genre a de
réelles difficultés à exister. Certes, le résultat n'est
pas infamant au regard du budget certainement
anémique, mais le film manque d'ambitions pour
trouver sa place dans un marché saturé par la
kyrielle de productions du même style.
Note : 3 / 6
BRIDGEND – Ados suicidaires – Danemark –
2015 – Jeppe Rønde
En compétition et en présence du réalisateur
Pitch : Une jeune fille et son père officier de police
emménagent dans le comté de Bridgend, au sud du
Pays de Galles. Dans ce coin pluvieux et morose, les
jeunes habitants sont frappés par une « malédiction
du suicide » polarisant toute l'attention des parents
et des institutions.
Basé sur l'histoire vraie des
suicides
réguliers
et
inexpliqués de 79 enfants
depuis
2007
dans
la
commune de Bridgend au
Pays-de-Galles, le film fait
froid dans le dos. Surtout
quand on sait que le
réalisateur,
documentariste
ayant aussi vécu sur place, a
tourné à Bridgend avec
certains
jeunes
ayant
réchappé au suicide. La très
belle première scène qui suit un chien dans les
bois découvrant un jeune pendu à un arbre
donne le ton du film, âpre et sans rédemption
aucune. Il règne une atmosphère chargée et
sombre dans la ville où ces jeunes adultes à
peine sortis de l'enfance basculent dans le néant
en se donnant la mort sans aucune raison
74
particulière. C'est que vont découvrir Sara (Hanna
Murray, vue dans les séries Skins et Game of
thrones) et son père (Steven Warrington, The
Sweeney) revenus en ville après avoir fait un
séjour à Bristol.
Lorsque Sara intègre un groupe de jeunes fêtards
bruyants, elle pénètre surtout dans une sorte de
sectes dont les membres se suicident les uns après
les autres. Alors que l'omerta s'applique, Sara se
rapproche de Jamie (Josh O'Connor, The Riot Club)
au grand dam de son père policier de son état. Sous
la férule de leur leader Thomas, ils se réunissent
dans les bois pour se saouler et finir par se jeter nus
dans un lac comme pour se laver de leur pêchés.
Leur attitude pour le moins étrange est accentuée
par le fait qu’ils hurlent le nom des disparus devant
les lieux de leurs actes macabres, comme une horde
de loups-garous pleurant leurs amis.
On a le sentiment que le sort de ces jeunes est sans
issue, et même les parents semblent avoir accepté la
fatalité comme s'ils étaient dépassés par les
événements. Jeppe Rønde ne donne pas vraiment
d'explications et ne prend pas partie sur les causes
de ce mal-être. Seul un réseau social, où sont
inscrits des épitaphes, est l'endroit où les membres
du groupe s'expriment et appellent presque au
suicide. Jusqu’au bout l'atmosphère reste pesante
malgré les nuits d'alcool festives et rien ne parvient à
changer le cours d'un destin tracé dans le morbide et
la tragédie.
Au final, Bridgend est un drame social sur le suicide
qui, sans misérabilisme, donne une vision glaçante
de la jeunesse, perdue dans sa folie destructrice. On
pourra reprocher une forme de voyeurisme et de
complaisance de la part du réalisateur, mais son film
est sans concession, à l'image de la très belle
dernière séquence froide et onirique.
Note : 4 / 6
SOUTHBOUND – Anthologie horrifique – USA –
2015 – Roxanne Benjamin, David Bruckner,
Patrick Horvath et Radio Silence
Pitch : Le sud des États-Unis, une route
poussiéreuse, cinq histoires cauchemardesques aux
liens secrets.
Les films à sketchs horrifiques sont de nouveaux à la
mode depuis quelques années à l'image de The
Theatre Bizarre ou la série des VHS, où ont
notamment participé comme réalisateur David
Bruckner et Radio Silence ou producteur en la
personne de Roxanne Benjamin. Patrick Horvath
ayant réalisé The Devil's Pact. C'est dire si les
réalisateurs de Southbound sont rodés à l'exercice.
Et cela se voit à l'écran. La bonne idée du film est de
situer les quatre segments dans un même lieu, en
l'occurrence le sud désertique des Etats-Unis, et de
les relier entre eux par un personnage ou un
événement comme un passage de témoin. Ce qui a
pour conséquence de fluidifier le récit.
Le 1er segment introductif voit la fuite de deux
hommes ensanglantés et poursuivis par des espèces
de créatures ressemblant à de grandes faucheuses
dans une ambiance à la Quatrième dimension où
les boucles temporelles empêchent nos héros de
s'enfuir. Quelques minutes d'angoisse saignantes
dans la tradition de la série de notre enfance. Le
suivant est certainement le morceau le plus faible. Il
voit un groupe de filles passer la nuit chez une
famille à l'allure très bizarre, tout droit sorti des
années 50 et adepte de sciences occultes. Un film
qui n'apporte pas grand-chose au final.
En revanche, « L 'accident » est le meilleur moment
de Southbound. Réalisé par David Bruckner, il
raconte le calvaire d’un homme ayant renversé une
fille. Conduit aux Urgences par une opératrice de la
police, il se retrouve dans un hôpital désaffecté.
Rythmé, bien écrit, le film est un petit bijou d’horreur
et de scènes gores très réussies, notamment une
séquence
d’opération
à
poumon
ouvert
particulièrement impressionnante. Le film fleure bon
le fantastique et s’avère comme la réussite de
l’anthologie.
Le suivant est aussi en dessous du reste du film. Il
voit un homme débarquer dans un bar pour
retrouver sa sœur disparue. Avec l’aide du barman, il
parviendra à la retrouver au prix d'une descente aux
enfers et d’un voyage dans le désert mouvementé. Si
les effets visuels sanglants sont de qualité, cet opus
ne laissera pas un souvenir impérissable. Ce qui n’est
pas le cas du dernier « Jailbreakers » qui s'apparente
à un home invasion où trois personnes revêtus d'un
masque tentent de pénétrer la maison d'un couple et
de leur fille. Evidemment, l'assaut tourne mal et vire
même à l'horreur avec une apparition inopportune
pour les agresseurs. Au-delà de sa qualité, ce dernier
segment fait le lien avec le tout premier et remet en
place les pièces du puzzle.
75
Au final, Southbound est une anthologie horrifique
qui mérite une petite vision notamment pour les
deux segments cités grâce à son ambiance à la
Twilight Zone. Sans compter des séquences
horrifiques violentes qui lui donnent un aspect de
fantastique à l'ancienne (la musique est à l'unisson),
rehausse par des effets gores du plus bel effet.
Note : 4+/ 6
L'ENFANT MIROIR (THE REFLECTING SKIN) –
Poésie macabre – UK – 1990 – Philip Ridley
Séance culte en présence du réalisateur
Pitch : Dans l'Amérique rurale des
années 50, un enfant rêveur et
farceur, élevé par un père violent et
une mère abusive, échafaude des
hypothèses farfelues à propos des
villageois qui l'entourent. Il est ainsi
convaincu que la vieille dame qui vit
seule sur le bord de la route est un vampire...
Philip Ridley a été peu prolixe au cinéma. Malgré
tout, ses trois réalisations sont mémorables à l'image
de The darkly noon en 1996 et Heartless en
2009. L'enfant miroir est son 1er film réalisé en
1990 et recèle toutes les obsessions de son auteur.
Amour, mystère et mort se côtoient dans un ballet
onirique et tragique pour le plus grand bonheur du
spectateur.
Dès sa 1ère scène, magnifique de beauté où les
paysages de champs de blé se confondent avec
l'horizon, le réalisateur donne le ton d'un film qui
oscillera en permanence entre les genres pour créer
une atmosphère tout à fait particulière de l'Amérique
des campagnes des années 50. Au milieu d'un
paysage plat, quelques fermes trônent comme des
châteaux hantés où se terreraient des monstres ou
des vampires. C'est ce que croit le petit Seth (Jérémy
Cooper) obsédé par les créatures de la nuit. Il fait de
sa voisine Dolphin (Lindsay Duncan) un vampire à
cause du livre qui lit son père, de sa peau diaphane
et de ses petites lunettes pour se protéger du soleil.
Mais les rêveries de Seth sont un prétexte à
développer des thématiques bien plus tragiques. Vu
à hauteur d'enfant, la réalité est déformée par des
explications fantastiques comme si Seth ne voulait
pas voir l'indicible. Dans cette Amérique pudibonde
et repliée sur elle-même, L'enfant miroir évoque la
pédophilie au travers de cette voiture noire
traversant les routes sableuses, telle un corbillard où
s'engouffrent les enfants pour ne jamais revenir.
Même le père de Seth est accusé de déviance et
d'homosexualité par une population qui ne cherche
que des bouquémissaires pour se venger. L'enfant
miroir est un film sur le douloureux passage de
l'enfance à l'âge adulte. Au fond, Seth s'invente des
histoires parce qu’il ne veut pas grandir.
Dans cette folie ambiante, le retour du frère de Seth,
Cameron (juvénile Viggo Aragorn Mortensen),
pourrait être vu comme une bouffée d'oxygène. Or,
son destin est aussi scellé par les bombes nucléaires
qu’il a côtoyé de trop près. Avec subtilité, le
réalisateur évoque les désastres de l'atome grâce
aux yeux de Seth qui pense que son frère dépérit à
cause de la femme vampire avec laquelle il
commence une relation. Comme une tragédie
Shakespearienne, il n'y a pas d’échappatoire à
l'instar de ce lieu battu par les vents ressemblant à
un enfer sur Terre.
L'enfant miroir est aussi une merveille visuelle.
Chaque plan est un tableau où les couleurs ocres du
blé s'insèrent à l'écran avec une précision et une
beauté ciselée par son auteur véritable artiste de
l'image. Philip Ridley dira qu’il s’est inspiré des
Moissons du ciel de Terrence Malick pour la
conception des paysages. Il évoquera aussi La Nuit
du chasseur et un David Lynch auquel il emprunte
la façon déformée de parler de sujets graves.
Porté par une musique extraordinaire de Nick Bicât,
L'enfant miroir est un grand film qu'il est impératif
de découvrir ou de revoir pour apprécier la qualité
du travail d'un Philip Ridley peu présent sur les
écrans et qui manque au cinéma.
Note : 5 / 6
GREEN ROOM – USA – 2015 – Jeremy Saulnier
Pitch : En concert dans une salle tenue par des
suprématistes blancs, un groupe de punk rock est
témoin d'un meurtre et va devoir survivre face à une
bande de skinheads sanguinaires décidés à liquider
tous les témoins.
76
Jeremy Saulnier est le réalisateur américain qui métrage qui se veut pourtant un émule d'Assaut de
monte. Remarqué avec son 1er film Murder Party Carpenter, mais qui a du mal à s'extraire de son
en 2007, il passe un cap avec son très bon Blue carcan de film de huis-clos. Entre palabres des
Ruin en 2013. C'est donc avec impatience que tous enfermés et discussions pour savoir qui envoyés
les cinéphiles attendaient son nouvel opus présenté chez les skins, Green Room perd son essence
à Cannes en 2015. Parce qu’installer des punks et malgré le déferlement de violence, de têtes
des skins heads dans un lieu clos, forcément cela fait explosées, de gorges arrachés sous les crocs de
des étincelles.
pitbulls ou de ventre découpé au cutter. Un peu à
Si la mise en place du récit est satisfaisante pour l'image de la fin du film où de manière inconsidérée,
nous présenter un groupe de rockers un peu loosers les survivants pourchassent les skins comme s'ils
mais assez sympathiques, elle n'est que le prélude à étaient dans un parcours de paintball, alors qu'ils
un déferlement de violence lorsque ces derniers vont n'ont aucune compétence pour ça.
se retrouver dans l'antre de la bête. Parce qu'ils se Au final, Green Room est loin d'être le grand film
sont au mauvais endroit au mauvais moment, Green annoncé partout, du fait surtout de son scénario non
Room se transforme rapidement en huis-clos. tenu qui prend des chemins très originaux nuisant à
Enfermés dans les loges avec des skins ayant tué la véracité de la situation. Dommage, car le postulat
une des leurs, le groupe n'a pas d'autres solutions de départ était intéressant et promettait une petite
que de tenir le siège alors que la bande d'enragés au série B bien énervée. Ce qu'elle est sur le plan
crane rasé menace à l'extérieur.
formel et ravira les amateurs de polar hard-boiled.
Formellement, le film est réussi. La photographie et
les effets visuels gores sont au diapason de Note : 3+/ 6
personnages hauts en couleur où on reconnaît
notamment Anton Yelchin (Burying the ex), Palmarès du PIFFF 2015 :
Imogen Poots (A very englishman) et Patrick
Stewart, en autre éternel Capitaine Picard de la série Prix du public :
Star Trek, ici un peu sous-exploité. De la même Oeil d’or Prix du meilleur film: DON’T GROW UP
manière, la caméra du réalisateur est agile se glisser de Thierry Poiraud
dans chaque interstice et pour garder le rythme
Prix Ciné+ Frisson du meilleur film :
malgré l'enferment. En revanche, le film pâtit d'un
scénario où les ellipses et les non-sens ne rendent EVOLUTION de Lucile Hadzihalilovic
pas très crédibles l'action
et sortent le spectateur
du film. Ainsi, la gestion Bilan personnel du PIFFF 2015 :
de la situation par les
skins
est
gonflée
Cette 5e édition s'achève après avoir débuté dans un contexte particulier lié aux
artificiellement.
événements du 13 novembre. Il faut saluer les organisateurs qui malgré tout ont
Pourquoi, alors qu’ils
maintenu le festival s'avérant au final un succès populaire avec plus de 8 000
sont
nombreux
et
entrées.
surarmés, ne prennentJ'ai pour ma part pu visionner au total 18 films dont la totalité de la compétition
ils pas d’assaut la pièce ?
des longs-métrages. Une sélection relativement homogène mais sans éclat d'où
Le personnage de Patrick
n'a pas émergé de révélations fracassantes. Pour l’œil d'or, j'aurai hésité entre
Steward
se
retire
Evolution et Der Nachtmahr avec une mention spéciale à Curtain, tout petit
rapidement et laisse ses
budget réalisé pour 3 cacahuètes et capable de créer un suspens prégnant.
acolytes rentrer un par
Pour les très bons films, il fallait se tourner vers les séances cultes pour se
un pour se faire buter
rendre compte que Darkman, Incidents de Parcours, The Thing et
dans le chaos alors que
L'enfant miroir n'ont pas de soucis à se faire par rapport à la concurrence.
l’organisation d’extrême
Au rayon nouveauté, ce sont dans les sections parallèles que se trouvaient les
droite est très organisée.
meilleurs films comme le documentaire passionnant sur les effets spéciaux Le
La situation est à ce
Complexe de Franckenstein, le bien fendard métalleux goresque
point confuse qu’on ne
Deathgasm et le bon film à sketchs Southbound. Des films hors compétition
comprend pas pourquoi
qui avaient largement leur place dans la sélection et auraient remporté
la police repart si vite ou
l'adhésion des festivaliers. En tout cas plus qu'un Bridgend, certes pas dénué
qu'un des assaillants
de qualité, mais qui n'avait nullement sa place en compétition, ne possédant
choisit de changer de
aucune approche fantastique.
camp trop rapidement
Pour cette première édition dans les murs du grand Rex, le festival est
en cours de film. Des
globalement satisfaisant et je me réjouis déjà d'une 6e édition !
scories qui plombent le
77
Retour du festival du film coréen de Paris pour sa 10e édition (un anniversaire rappelé par une bandeannonce très très... ringarde et applaudie par certains... avant chaque projection). Au menu cette année, de
la comédie musicale, du cinéma romantique, des classiques et les derniers films en vogue au pays du matin
calme. Pour ma part, j’ai pu assister à 4 projections dont voici le compte-rendu.
Alice in Earnestland – 2014 - AHN Gooc-jin
Pitch : Une conseillère sociale voit débarquer dans
son bureau une jeune femme iconoclaste qui va la
retenir prisonnière pour lui raconter son histoire. Elle
s’appelle Su-nam et travaille comme comptable dans
une usine où elle a rencontré son mari sourd.
Pour son 1er long-métrage, AHN Gooc-jin brosse un
portrait acerbe de la société coréenne. Alice in
Earnestland est à la fois un drame social, une
histoire d’amour et une réflexion sur la condition des
citoyens, le tout nimbé d’un humour noir allant de la
parodie au torture porn. Sur le papier, le film est
alléchant mais force est de constater que le
réalisateur a du mal à créer une symbiose entre tous
ces éléments. En effet, les bonnes idées visuelles
sont plombées par un scénario s’éparpillant aux
quatre vents en multipliant les points de vue et les
personnages.
Au travers du parcours de Su-nam, Alice in
Earnestland est avant tout un film contestataire
remettant en cause les politiques de logement et de
réaménagement urbain mais aussi une réflexion sur
le sort des handicapés (le mari de Su-nam est sourd
et sa prothèse auditive coûte un œil). Obligée de
travailler jour et nuit, Su-nam est le symbole d’un
peuple esclave du travail pour avoir accès au
logement et aux soins. Si la charge n’est pas
toujours subtile (les élites sont corrompues, les
syndicalistes très virulents), le film est perclus
d’effets de manche visuels et d’une patine le faisant
osciller régulièrement vers les frontières du
fantastique et de l’horreur.
Le réalisateur n’hésite pas à montrer des plans
sanglants même gores (un œil crevé, des gorges
tranchées) quand Su-nam pète une durite ou qu’elle
est séquestrée par un homme lui faisant subir une
torture au fer à repasser. Des explosions de violence
qui tranchent avec le ton d’un film, quelque fois très
sombre voire misérabiliste et une gentille bluette
renvoyant à la coloration d’une Amélie Poulain
asiatique. Des changements de propos décalées
déstabilisant le récit (la baisse de rythme en plein
milieu du métrage) et n’aboutissant pas à une
philosophie et une ligne de conduite très claire.
Si Alice in Earnestland n’est pas désagréable à
suivre grâce à quelques idées intéressantes (on
comprend néanmoins mal qu’il ait gagné le Grand
Prix du meilleur film coréen au dernier Festival du
Film de Jeonju), on peut s’interroger sur la
pertinence de l’alliance de ses différents styles
comme si le film ne savait pas sur quel pied danser.
Au point qu’il détourne le spectateur de son propos
initial
anti-système
et
dénonciateur
des
préoccupations des citoyens coréens.
Island - 2014 - PARK Jin-seong
Pitch : Un homme arrive sur l’île de Jeju pour
prendre possession de la maison de son grand-père
dont il vient d’hériter. Dans la région, des rumeurs
courent autour de cette inquiétante demeure… Selon
certains, un fantôme s’y promènerait la nuit...
Island dégage une atmosphère étrange du fait de
son scénario alambiqué et de son parti pris d'être
tourné en noir et blanc (les organisateurs du festival
se sont battus pour le projeter sous ce format alors
que le film devrait sortir en couleur en Corée en
78
2016). Ce qui renforce encore plus cette sensation
de décalage qui sied bien aux îles et à la météo
changeante qui bat ces bouts de rochers perdus au
milieu de nulle part.
les flots ballottés et se perdant dans les recoins de
ces îles fantomatiques comme Ulysse appelé par les
sirènes.
Socialphobia – 2014 - HONG Seok-jae
Pitch : Deux étudiants qui
Il faudra se laisser porter par un début assez lent au
son d'une musique classique omniprésente où la
caméra suit cet homme débarquant et déambulant
sur une île semblant abandonnée de tous. Seule une
vieille maison délabrée trône au centre d'une nature
à la fois luxuriante et désertique. En pénétrant dans
la demeure, le film bascule alors dans le fantastique.
Island est divisé en deux parties distinctes. La
journée, le héros est pris en charge par une jeune
fille un peu délurée qui va l’entraîner dans ses
errances et découvrir la vraie raison de sa venue sur
l'île. Là, le film est une aventure sentimentale où
deux êtres déboussolés se rencontrent et tentent de
se rapprocher. En revanche, dès que la nuit s'installe,
le fantastique reprend ses marques (la musique se
tend également) avec cette histoire de fantôme dans
une demeure où le personnage revit le passé des
lieux. A l'aide de flashback assez long, le réalisateur
récrée un film dans le film et tisse son récit autour
de la vie d'une famille et d'une jeune fille qui,
disparue sur une île soi-disant hantée, réapparaît un
mois plus tard.
Ce sont certainement les meilleurs passages du
métrage où avec presque rien PARK Jin-seong
parvient à retranscrire une ambiance éthérée et
fantasmagorique entre légende et voyage dans le
temps. Progressivement, le spectateur est pris par le
scénario à chaque fois qu'il retrouve ces
personnages du passé et veut en savoir plus. Peutêtre que les retours au quotidien en journée
affadissent quelque peu le propos. Néanmoins, ils
sont nécessaires pour entrecroiser les histoires se
rejoignant dans un final très poignant.
Au final, Island se révèle une belle surprise. Une
réflexion sur le deuil et l'absence où le fantastique
s'immisce parfaitement grâce à une photographie en
noir et blanc somptueuse et une caméra glissant sur
se préparent à passer
l’examen de police décident
de se joindre à un groupe
de jeunes rencontrés sur un
forum internet proposant
d’aller punir une fille se
moquant en ligne du suicide
d’un soldat, une affaire qui
fait grand bruit sur Internet.
Réussissant à obtenir son
identité et son adresse, le
groupe se rend chez elle
afin de l’humilier et d’obtenir des excuses de sa
part.
La Corée (du Sud hein pas du Nord) est toujours à la
pointe de la technologie. Ce que prouve
Socialphobia en montrant des jeunes ultra
connectés et passant leur vie à tweeter. A longueur
de journée, ils s'insultent, s'affrontent virtuellement
par écran interposé. Une vraie fausse vie où chacun
a un pseudo et se permet de déverser sa haine à
l'encontre de l'autre gratuitement, peut-être par
ennui (ça marche aussi avec FB...).
Toujours est-il que cette bande d'étudiants connectés
n'a pas trouvé mieux que de défoncer virtuellement
une fille qui elle-même pourrissait tout le monde. A
tel point que les internautes lancent des fatwas
contre elle (au passage, elle a insulté un militaire et
les jeunes patriotes lui en veulent car elle est contre
la nation...). Le sourire aux lèvres, un groupe de
jeunes étudiants se rend sur place et la retrouve
pendue. Stupeur et tremblements devant ce
spectacle relayé en direct par une webcam générant
toute une série de conséquences pour ces
découvreurs.
Alors que Socialphobia se présente comme un
"cool movie" sur une génération de geeks (les
tweets apparaissent sur l’écran), le film se
transforme progressivement en enquête car tout
porte à croire que la donzelle du web a été
assassinée. Les deux héros, Ji-woong et Yong-min,
étudiants en école de police et leurs camarades
décident alors de débusquer le coupable en
déployant des trésors d’ingéniosité et de technique
informatique pour arriver à leurs fins. Peut-être un
peu trop car les rebondissements semblent par
instants un peu tirés par les cheveux ainsi que
l’attitude de la police et des médias (on imagine que
dans nos contrées, une telle affaire aurait engendré
79
des remous plus importants).
En soi, l’idée de base est originale, la réalisation
pêchue et les rebondissements s’enchaînent sans
temps morts (le réalisateur utilise les mêmes codes
que le thriller et multiplie les fausses pistes).
Pourtant, Socialphobia laisse un goût bizarre en
bouche comme si on avait à faire à un petit malin
qui, sous couvert de l’utilisation à outrance des
réseaux sociaux et des nouvelles technologies,
cherchait à dresser le portrait d’une génération
débordée par son envie de vie virtuelle. Le problème
est que Hong Seok-jae utilise de gros sabots pour
dénoncer les conséquences virales d’Internet dans
une société qui a tôt fait de pourrir ou d’encenser
n’importe quel quidam.
Au final, Socialphobia se laisse regarder (l’humour
est présent par le biais de personnages caricaturaux
à la limite de la parodie) même si on peut être perdu
par ce déferlement d’images et de surimpression de
caractères pour ce pamphlet qui retombe bien vite
malgré une volonté d’incriminer un système virtuel
autoproclamé. La charge est louable mais sa
réalisation est un peu maladroite comme si le
réalisateur se prenait lui-même les pieds dans la
Toile.
Vétéran – 2015 – Ryoo Seung-Wan
Pitch : Seo Do-cheol est un inspecteur de la vieille
école, qui ne fait preuve d'aucune pitié lorsqu’il s'agit
de traquer les criminels. Un jour, il se retrouve à
enquêter sur un jeune millionnaire, Jo Tae-oh...
6e film le plus vu en Corée-du-Sud avec ses 13
millions d’entrée, Vétéran, réalisé par l’auteur de
The Berlin file (aka The agent), a tout du
blockbuster réussi (la salle était littéralement hilare
comme
rarement)
avec
ses
cascades
Jackychanesque, ses répliques comiques et son
humour de situation burlesque et slapstick.
Pourtant...
La première demi-heure s’apparente à une pure
comédie policière avec ces deux agents infiltrés pour
démanteler un trafic de voitures haut de gamme,
notamment par le héros du film, le détective Seo Docheol. Une 1ère scène finissant en baston
chorégraphié entre art martiaux et serrage de
roubignoles digne d’un Buster Keaton asiatique. Sauf
qu’ici, Vétéran ressemble plus à une production
estampillée « Besson » avec humour gras, effet
facile (les bruits des coups sont accentués) et surjeu
des comédiens grimaçant aussi forts que les
spectateurs hurlaient de bonheur dans une salle
acquise à sa cause.
Sans compter que la scène suivante est encore pire
lorsque la police tente d’empêcher la transaction
entre les Coréens et une bande de Russes
caricaturaux dans un port de commerce. Sous les
gesticulations et les mimiques de Seo Do-cheol, la
course-poursuite entre tout ce petit monde
commence alors, à l’image d’un épisode de Benny
Hill, au milieu de containers et gyrophares policiers.
Entre deux sourires (parce que la connerie fait rire),
le spectateur (enfin, visiblement que moi...) se
demande pourquoi les personnages crient, s’envoient
des tatanes ou se prennent des murs, pour finir dans
un commissariat où les poncifs ont élu domicile.
D’autant plus que le film va tout à coup prendre un
virage plus sérieux voire dramatique. Changement
de décor avec l’entrée en scène du jeune méchant
de l’histoire, Jo Tae-oh, le fils riche d’un mafieux. Un
taré de première sous cocaïne qui aime bien
organiser de petits jeux pervers. Mal lui en prend
puisqu’il va obliger un chauffeur de taxi à se battre
et à finir dans le coma. Un prétexte pour déclencher
la vengeance de Seo Do-cheol. Une 2 epartie très
sombre où les sourires sont mis de côté. De fait,
Vétéran se transforme en une dénonciation de la
situation politique de la Corée-du-Sud gangrenée par
la corruption, la misère sociale avec intervention des
syndicats et l’humiliation physique et psychologique
de la classe laborieuse.
Contrairement à son début, le film se fait plus sobre
dans la gaudriole et l’action jusqu’à presque ennuyer
par instants le spectateur après ce déferlement de
comédie sous cellophane. Cette partie est très
longue à se décanter même si on retrouve les codes
du film policier d’investigation et d’espionnage. Sans
empathie pour les personnages, on se fout
finalement de leur sort malgré quelques séquences
douloureuses. Une modification tonale qui, sans être
totalement déplaisante, ne s’imbrique pas vraiment
avec le début. A l’image de la fin du métrage qui fait
dans la surenchère voyant l’affrontement entre Seo
Do-cheol et Jo Tae-oh. Un final insipide où l’humour
reprend ses droits avec course-poursuite à moto et
flics peureux comme dans n’importe quel
Transporteur ou Taxi.
80
Les sept vampires/As sete vampiras (1986)
Pitch : Après avoir vu son mari
être dévoré par une plante
carnivore, Sylvia, professeur de
danse, s'isole du monde dans sa
maison de campagne.
Le cinéma d'Ivan Cardoso est
un
mélange
de
plusieurs
influences et le bougre n'hésite
pas à embrasser tous les styles
dans ce film de vampires qui
commence plutôt bizarrement.
En effet, le film débute comme
un remake de La petite
boutique des horreurs avec cette plante
carnivore (dont on voit bien qu'elle est animée par
plusieurs mains) qui, en mordant Sylvia, la femme
du professeur, la transforme en une sorte de
vampire. Si le début du film est très drôle,
notamment grâce à la plante, ou à l'apparition
inattendue d'Alfred Hitchcock présentant le film avec
un doublage dans la langue carioca, Les sept
vampires vire de bord au gré des envies de son
réalisateur.
Le film est un hommage à tout un pan des
productions américaines. On passe ainsi du film noir
(le détective s'appelle Philip Marlou !), à la comédie
vaudevillesque, au thriller (tiens, la musique de Sir
Alfred) et à l'épouvante. Une hybridation
sympathique partant dans tous les sens saupoudrée
(enfin, à la manière de Maïté) d'un érotisme plus que
visible. Les sept vampires est avant tout une
grosse comédie qui ne s'embarrasse pas trop de son
scénario et fait la part belle aux donzelles dénudées
lors de séquences gratuites de douches ou
d'effeuillages professionnels. Même Sylvia parcourt la
campagne en nuisette transparente et cape noire
pour assouvir ses instincts comme dans les films de
Jean Rollin.
Pourtant, il n'y a pas que du vampirisme dans le film.
Dans la 2e moitié du film, Sylvia crée un spectacle
avec des femmes vampires dans la boîte de nuit
qu'elle gère. Ce qui nous vaut des scènes de musichall et même un ersatz d'Elvis brésilien au milieu
d’assassinats perpétrés par un tueur (façon Le
Fantôme de l'opéra) possédant une sorte de
masque à la Scream ! Il faut bien avouer que les
séquences très décousues et l'humour très appuyé,
surtout par le jeu des acteurs, alourdissent le film
sur la durée. Les scènes sont un peu redondantes et
il faut l'intervention d'une police assez déjantée pour
dérider l'assistance. Au final, Les sept vampires
est une parodie qui charrie plusieurs genres
(Cardoso utilise aussi des cartons descriptifs comme
dans les films muets) passant aussi bien de
l'épouvante, à l'horreur mais toujours mais sur le ton
de la déconne. On est clairement dans l'esprit des
comédies américaines qui passaient dans les Drivein. Dommage que la plante carnivore ne
réapparaisse plus dans le film, car elle valait son
pesant de Caipirinha...
Le secret de la momie (O Segredo da mumia)
(1982)
Pitch : Le professeur Expedito Vitus ramène à la vie
une momie égyptienne et la transforme en esclave
pour enlever de jeunes femmes qui lui permettront
de mener à bien ses expérimentations...
Le secret de la momie est le 1er film d'Ivan Cardoso.
Il débute comme un serial avec une image sépia très
belle sous un ciel déchiré par les éclairs et les
dernières volontés d'un homme qui n'est autre que
notre Coffin Joe, José Mojica Marins, reconnaissable
à son ongle démesuré. On est en plein film
81
d'aventure avec un flash-back sur la découverte de
la momie dans une des pyramides du Caire. La
reconstitution est faite grâce à des photos et des
extérieurs sûrement plus brésiliens qu'égyptiens. Dès
que le professeur Vitus ramène la momie au Brésil,
le métrage se transforme encore une fois en un
maelstrom de différents styles avec toujours comme
fil rouge la comédie érotique. Tous les moyens sont
bons pour mettre du sein et de la fesse à l'écran (les
origines de la momie, les esclaves égyptiennes, les
douches contemporaines...).
comme l'élection de Miss Brésil ou des intermèdes
musicaux (Igor a une voix de ténor !), sans oublier la
façon de se déplacer discrètement du journaliste à
l'image de Jean Dujardin dans les OSS 117. La
dernière séquence de la disparition de la momie,
croyant avoir retrouvé son amour ancestral, est
assez magnifique et nous renvoie directement aux
plus belles heures des productions fantastiques.
Ivan Cardoso est un cinéaste brésilien à découvrir
pour les amoureux du bis et de la gaudriole. Et, je
sais qu’ils sont nombreux !
Vampires d'Orient et
d'Occident
Hasard de la programmation, quelques jours après la
disparition de Christopher Lee, la Cinémathèque
française proposait la vision de Dracula et les
femmes. Un Hammer film comme un hommage à la
grande figure du vampirisme contemporain. J'en
reparlerai plus tard. Attardons-nous d'abord sur ce
1er film singapourien entre curiosité et rareté.
Comme dans Les sept vampires, Ivan Cardoso ne
se prive pas de montrer des femmes dans un nu
intégral comme celles prisonnières dans la cave du
professeur, revenues à l'état sauvage et se battant
dans le plus simple appareil !?! L'humour est ici
entretenu par le serviteur chauve, Igor, ramené à la
vie par Vitus (qui a des faux airs d'Howard Vernon)
aux penchants sexuels et aux mimiques décalés (il
n'hésite pas à tuer ou à léchouiller une servante).
Malgré tout, Le secret de la momie se laisse suivre
avec plaisir notamment grâce à la créature aux
bandelettes très réussies qui s'enfuit régulièrement
pour aller attraper des femmes peu farouches.
L'ambiance et les cadrages rendent hommage aux
films de la Universal quand la momie porte ses
victimes ou lors de son retour à la vie à la manière
de Frankenstein, le tout filmé en ombre chinoise.
Le secret de la momie possède donc beaucoup de
qualités visuelles malgré quelques inserts décalés
Sumpah Pontianak (La malédiction de la
femme vampire) (1958)
Pitch : Morte très jeune alors
qu'elle accouchait, une mère
revient sur terre pour protéger
sa fille des dangers de la vie
de village. Elle prend tour à
tour l'apparence d'une bossue
défigurée, d'une vampire aux
multiples pouvoirs (Pontianak)
ou encore d'une femme de
grande beauté, pour mieux
séduire ses victimes avant de
les dévorer.
En apéritif, nous voilà plongé
dans cet incunable cinématographique Singapouromalais, mélange de plusieurs genres. En effet, le film
commence comme une comédie burlesque avec
comme figure de proue le serviteur un peu gauche.
Pourtant, on passe assez rapidement au drame avec
le personnage de Maria qui erre dans la forêt à la
recherche de sa mère disparue. Autant le dire tout
de suite, il ne se passe pas grand-chose pendant la
moitié du film, comme si le scénario ne proposait
rien hormis 4 moments musicaux entre chansons et
comédie musicale. Difficile pour le spectateur
occidental de comprendre cette soudaine poussée de
chansonnettes désuètes (et pas traduites). Et on se
dit que la séance va être longue.
82
Christopher Lee n'est pas mort. Il est apparu hier
soir drapé dans sa longue cape noire dans son rôle
titre du Comte Dracula. Dracula et les Femmes
est le 3e film de la série. Il commence directement
après Dracula, Prince des Ténèbres. Terence
Fisher, indisponible, le rôle de réalisateur échoit à
Freddie Francis qui avait réalisé en 1964
L’Empreinte de Frankenstein.
Et puis, magie du cinéma, Sumpah Pontaniak change
de ton et de rythme. De façon assez
incompréhensible, l'action s'accélère et alors que
tout le monde se promène dans la forêt en chantant,
voilà que la mère de Maria se transforme en vampire
(le pontianak, apparemment une figure locale très
célèbre qui aura l'honneur de plusieurs films). Dotée
de pouvoirs, le pontianak peut voler comme
Superman pour aller terrasser les monstres qui
apparaissent à l'écran. Elle se retrouve donc face à
un
homme
sauvage,
mi-singe,
mi-homme
préhistorique, un vampire, un homme-oiseau avec
un long bec de corbeau et des griffes, sans oublier
un homme engoncé dans un costume de BatmanCatwoman venu enlever l'héroïne pendant un
spectacle !
Cette deuxième partie fait donc sourire car les
affrontements entre créatures à l'allure finalement
assez comique s'enchaînent sans queue ni tête au
milieu d'une atmosphère décalée et de personnages
qui surjouent comme dans un film muet. Même si le
scénario semble avoir pris la poudre d'escampette,
cette dernière bobine possède plus d'attrait que la
1ère horriblement longue, ne serait-ce que son
rythme qui s’accélère. Un film pour spectateur averti
et capable de supporter une moitié de film très
singapouro-singapourien. Pour les survivants, la suite
tourne au portnawak plutôt rafraîchissant, surtout en
comparaison avec le début.
Dracula et les femmes (Dracula has risen from
the grave) (1968)
Pitch : Dans un village,
une jeune femme est
retrouvée
morte
et
portant la marque d'un
vampire. L'évêque et le
curé monte au château
de Dracula, l'un deux fait
une chute, et se blesse.
Le sang coulant de sa
blessure réveille le prince
des ténèbres enfoui sous
la glace. L'homme de
Dieu
devient
son
serviteur et l'aide dans
ses terribles méfaits.
Une
salve
d’applaudissements
accompagna
l'apparition sur l'écran du nom du légendaire
Christopher Lee. Ultime hommage à cette figure
tutélaire de tous les amoureux du genre. Quel plaisir
de retrouver notre immense polyglotte dans le rôle
qui l'aura rendu célèbre mondialement. Même si, à
mon sens, ce Dracula et les Femmes n'est pas le
meilleur de la série. Certes, Freddie Francis fait le
boulot. La mise en images et les décors (surtout
ceux tournés en studios) donnent un charme certain
à cet opus, notamment dans cette 1ère scène de
découverte d'une femme pendue à la cloche de
l'église. Les plus belles images se situent donc dans
l'entame avec l'arrivée de Monseigneur Müller
(Rupert Davis) qui, avec l'aide d'un curé peureux, va
grimper jusqu’à l'antre de Dracula. Un château
perché en haut d'une montagne dont Müller barrera
l'entrée d'une grosse croix brillante.
Passé cette scène, le film ne propose pas un
scénario révolutionnaire. Dracula part à la recherche
de Müller pour se venger et séduire Maria (la blonde
Veronica Carlson vue dans Le retour de
Frankenstein) et va s'opposer à son petit ami, Paul
(Barry Andrews) dans une histoire très classique. Le
film est assez agréable à suivre puisqu’on retrouve
toutes les péripéties et les scènes inhérentes à un
bon Dracula, comme quand ce dernier pénètre le
soir dans la chambre de Maria pour la mordre, aidé
par le prêtre désormais sous son joug. Des
péripéties sympathiques mais qui n'apportent pas de
nouveautés à la série. Si les allusions sexuelles sont
évidentes avec Dracula et même Monseigneur, le film
reste très soft, y compris au niveau du sang qui
83
apparaît avec parcimonie. La seule idée un peu
différente étant le rapport à la religion. Au départ,
Paul est athée et le revendique au grand dam de
Müller. La dernière scène où Paul se signe à la mort
de Dracula fait de cet opus un film finalement très
moral.
Finalement peu importe l'intérêt et la qualité du film
car ce qui prédominait était de revoir encore une fois
le mythique interprète de Dracula se déplaçant avec
élégance sur les toits de la ville, les yeux injectés de
sang. Et, encore une fois, Christopher Dracula Lee
meurt à la fin, empalé sur la croix du début. Une très
belle scène néanmoins un peu triste et bizarre
comme si on assistait une dernière fois à la mort
d’une icône dont on sait qu'elle ne renaîtra plus de
ses cendres. Forever Christopher.
Nouvelle soirée Bis à la
cinémathèque avec du
karatéka sans jambes et
des
plantes
qui
communiquent avec les
humains. Soirée curieuse
autour de L'infernale
poursuite (aka Mr No
Legs) de Ricou Browning
et Le pouvoir des plantes de Jonathan Sarno.
Retour sous acide dans les seventies...
Soirée Curiosités
Fort de cette expérience très aquatique, il est encore
plus étonnant de le retrouver comme metteur en
scène de cette série Z qui tient plus de la
pantalonnade que du polar.
Surtout que le pitch du film est un peu racoleur dans
la mesure où il n'est pas vraiment centré sur le
personnage de Mr no legs (et qu’à ma connaissance,
il n’est pas raciste comme le précise la tagline du
film). On suit plutôt l'enquête de deux flics plutôt
minables tentant de découvrir l'assassin de Tina, la
sœur d’un des deux. Et, ce ne sera pas le scénario
qui remontera le niveau du film. Il est juste prétexte
à des scènes de baston ou la poursuite finale. Pour
le reste, les dialogues sont insipides (surtout avec
une VF qui a certainement pris des libertés) et le jeu
d'acteurs carrément à la ramasse. Mention spéciale à
Chuck, le flic à la tête de l'enquête (Richard Jaeckel
petit acteur blond déjà aperçu dans le très fendard
La bataille au-delà des étoiles de 1968).
L'infernale poursuite (Mr no legs) – USA –
1977 – Ricou Browning
Pitch : Mister No Legs est un cul de jatte méchant,
raciste et karatéka qui se déplace avec des fusils de
chasse dans les accoudoirs de son fauteuil roulant.
Deux flics minables tentent de l'arrêter.
Ricou Browning est essentiellement connu parce qu’il
fut le comédien engoncé dans le costume de
L’étrange créature du lac noir et de ses deux
suites. Réalisateur de scènes sous-marines de James
Bond comme Opération tonnerre, on lui doit aussi
des épisodes de la série Flipper le dauphin (!).
Si Mr No Legs (titre original et plus juste) vaut son
pesant d'exploitation c'est surtout pour son
personnage éponyme. Ancien vétéran de la guerre
de Corée où il a perdu ses deux jambes, Ted Vollrath
est réellement devenu ceinture noire de karaté (!). Il
mettra ses compétences à profit dans une scène de
combat où il terrassera ses adversaires près d'une
piscine à coups de tatanes et de culs de jatte
retourné. N'hésitant pas à se jeter au sol, sa maîtrise
des arts martiaux est hallucinante et crédible. Il
84
possède aussi une arme secrète dans son fauteuil
roulant où des fusils de chasse sont planqués dans
les accoudoirs. Et comme il est très méchant et a la
gâchette facile, Mr No Legs sort l'artillerie lourde
(et même des nunchakus) dans des séquences
dignes de Sam Peckinpah filmées au ralenti.
Dommage que son personnage apparaisse si peu à
l'écran, car il est l'attraction du film.
Pour en revenir au film, la majeure partie du
métrage est remplie de scènes mal jouées et
ineptes. Pourtant, le rire n'est jamais loin quand on
s'attarde aux détails, par exemple les circonstances
abracadabrantesques de la mort de Tina, la maison
de la compagne d'un des flics dont le sol est
recouvert d'un tapis de peau de bête ou lors d'une
baston entre deux femmes dans un bar (une des
meilleures scènes du film). Des séquences très Z
déclenchant l'hilarité générale au milieu d'un film
foutraque où la direction d'acteurs est à l'avenant et
les dialogues à côté de la plaque. La course
poursuite de la fin dure 20 bonnes minutes entre la
taupe enfin démasquée et une myriade de voitures
de police. A l'instar du reste du film, cette dernière
bobine est assez longue à suivre malgré les
carambolages et autres tonneaux shootés en
prenant bien soin d’y ajouter des gags à la Buster
Keaton à l'image de cette voiture qui éventre une
maison roulante.
Même si le film ne tient pas toutes les promesses
entrevues sur l'affiche et si le personnage de Mr No
Legs aurait mérité un film en entier, L'infernale
poursuite mérite qu’on s'y attarde quelque peu, ne
serait-ce que pour voir le sieur Ted Vollrath, le regard
bad ass, distribuer les coups de pieds qu’il n'a plus
ou le voir faire des pompes sur son fauteuil.
Le pouvoir des plantes (The Kirlian Witness) USA – 1977 – Jonathan Sarno
Pitch : Une femme qui dit communiquer avec les
plantes par télépathie est retrouvée morte. Sa sœur
Rilla va mener l'enquête pour trouver l'assassin et
essayer d'entrer en communication avec une plante
qui est le seul témoin du meurtre.
Film très étrange sur la capacité des plantes à
communiquer avec le monde extérieur, The Kirlian
Witness, aussi appelé The plants are watching,
est une sorte d'enquête policière pour connaître
l'assassin de Laurie avec pour seul témoin une
plante. Ce qui frappe dans le film est sa capacité a
suscité de l'intérêt pour le sujet, alors que le postulat
de départ est assez étonnant. De plus, le traitement
du film particulièrement sérieux donne une ambiance
tout à fait crédible au concept. En effet, le film
s'appuie sur les théories pseudo-scientifiques de
l'effet de Kirlian qui permettraient de photographier
l'aura des êtres, en l'occurrence ici des plantes. De
beaux clichés bleutés censés expliquer et démontrer
que les plantes ressentent les émotions et ont une
vie propre.
Grâce à ces expériences de photographies à la limite
du paranormal, Rilla se penche sur la question et
commence à adhérer à ses thèses. Même si le film, à
ma connaissance, n'a pas d'équivalent sur le sujet, il
nous renvoie néanmoins à l'excellent L' esprit de la
mort de Peter Newbrook en 1972, sur la capture
des âmes grâce à un appareil photo (ici Laurie croit
d'ailleurs apercevoir le visage de sa sœur sur un
cliché). Porté par la voix-off de Laurie très didactique
et omniprésente, Le pouvoir des plantes pâtit de
son rythme lent et de longues scènes d'explications
entre elle, son mari et Dusty, homme à tout faire et
proche de sa sœur. Deux suspects en puissance qui
seront poussés dans leurs retranchements par une
Laurie de plus en plus convaincue par ces théories.
On est ici dans un film d'ambiance où les effets
visuels sont quasiment absents (Laurie a bien des
bourdonnements d'oreilles qui pourrait s'apparenter
à un langage ?) et remplacés par des zooms de la
plante, unique témoin du meurtre, et semblant
presque communiquer sous l'effet du vent ou des
rayons de la lune. Un fantastique atmosphérique
proche du cinéma australien des 70's et des 80's
comme Long Weekend (1978). Jusqu’au bout le
réalisateur croit en son sujet (Laurie installe même
un détecteur de mensonge relié à la plante pour voir
les oscillations lorsque un suspect en présence se
présente) et termine son film par une scène
giallesque dans un ascenseur.
Au final, Le pouvoir des plantes ressemble à un
drame familial tournant au film policier et mâtiné
d'un fantastique reposant sur une théorie fumeuse,
mais réaliste à l'écran. Tourné dans un lieu quasi
unique et dans un style télévisuel, le film manque
d'allant et peu ennuyer le spectateur qui ne
communiquerait pas avec les géraniums ou les
cactus.
85
Hommage à
Luciano Ercoli
Hommage à Luciano Ercoli, disparu en mars 2015.
Pas le plus connu des réalisateurs italiens de genre,
il n'a réalisé que 8 films dont trois giallios. Retour sur
son 1er film, Photo interdite d'une bourgeoise
(Le foto prohibite di une signora per bene)
(1970) et son giallo peut-être le plus connu, La
mort caresse à minuit (La morte accarezza a
mezzanotte) de 1972.
humilier, violenter et même attacher par son maîtrechanteur (Simon Andreu vu dans La mariée
sanglante de Vicente Aranda en 1972). Et, il en est
de même avec son ami Dominique, femme libertine,
adepte de l'érotisme permanent et qui semble mener
une double vie entre Minou et son mari Pierre (Pier
Paolo Capponi, Le chat à neuf queues). Elle est
interprétée par Susan Scott (Nieves Navarro)
compagne de Luciano Ercoli à la ville.
Au départ producteur (notamment de Fantomas !),
Luciano Ercoli a peu tourné. Avec seulement 8 films
au compteur dont les deux giallos de ce soir, sans
oublier Nuits d'amour et d'épouvante en 1971.
On lui doit aussi le très bon film policier et politique
(d'après les échos) La police a les mains liées en
1974.
Photo interdite d'une bourgeoise (Le foto
prohibite di une signora per bene) –
Italie/Espagne – 1970
Pitch : Peter, un industriel très pris par son travail est
mariée à Minou, une femme prude et insatisfaite.
Tout l'inverse de sa meilleure amie Dominique, une
jeune femme libérée et sensuelle. Parmi ses activités
favorites, les jeux érotiques aux cours desquels elle
se fait photographier en compagnie de ses amants.
Un jour, Minou est accostée par un étranger qui
accuse Peter de meurtre.
Pour son 1er film, Luciano Ercoli met en scène une
sorte de giallo dont le côté horrifique est plus
suggéré qu'exposé au spectateur. En effet, malgré
une atmosphère érotique, la nudité et le sang ne
sont pas montrés explicitement. On retrouve donc
Minou (Dagmar Lassander vue dans Une hache
pour la lune de miel en 1970 et plus tard chez
Fulci dans La maison près du cimetière) en
femme délaissée par son mari, se faire agresser par
un inconnu sur une plage. Même s'il ne la viole pas,
il lui fera du chantage pour qu'elle accède à tous ses
désirs.
Si le film possède les codes du giallo (l'agresseur
ganté est armé d'une canne-épée, les plans sur les
regards et les jeux d'ombre), Ercoli construit son
intrigue comme un film policier à l'ambiance
vénéneuse et aux accents sado-masochistes. On se
demande si Minou ne prend pas plaisir à se faire
Porté par une partition excellente du grand Ennio
Morricone (le thème du film est reconnaissable de
son style avec ses relents westerniens) et une belle
photographie d'Alejandro Ulloa (on pense par
moment au cinéma d'Hitchcok), Photo interdite
d'une bourgeoise a malgré tout du mal à décoller.
Les personnages passent trop vite d'un état
d'anxiété à un moment plus festif dans un scénario
qui peine à rester tendu. Pour oublier, Minou alterne
les soirées en discothèque (perruques extravagantes
et musique psychédélique à la clé) avec ses amis, les
discussions avec son mari et la police pour prouver
qu’elle n'est pas folle.
Photo interdite d'une bourgeoise s'apparente,
en effet, à un film de manipulation où le personnage
principal est l'objet d'hallucinations supposées
(personne ne la croit et on la prend pour une
aliénée). Une thématique qui annonce déjà le
cinéma manipulateur d'un De Palma aboutissant à
une résolution finale imprévue. Comme ici, où la
dernière bobine permet de comprendre le fin mot de
l'histoire, dans une ultime séquence légèrement plus
mouvementée.
86
La mort caresse à minuit (La morte accarezza
a mezzanotte) - Italie/Espagne – 1972
Pitch : Top model, Valentina essaie une nouvelle
drogue. Sous l'influence de cette drogue, elle a la
vision d'un meurtre d'une grande cruauté. Elle
découvre qu'une femme a réellement été assassinée
de cette manière et se retrouve confrontée à
l'assassin.
Andreu), rédacteur chez "Novella 2000", magazine à
l'origine de son expérience malheureuse. Le film est
aussi à charge contre une certaine idée de la presse
à sensation, prête à tout pour vendre du papier.
Après quelques courses-poursuites, des scènes
sympathiques dans un cimetière et un hôpital
psychiatrique, La mort caresse à minuit prend
tous ses atours de giallo dans la dernière bobine
avec l'arrivée d'un duo de malfrats très violents.
On retiendra le personnage du tueur blond, au rire
strident et lanceurs de couteaux (Luciano Rossi). Les
séquences musclées s'enchaînent et les tatanes
volent, comme un des personnages qui est projeté
du haut d’un immeuble, sous les yeux éberlués du
commissaire (avec cervelle apparente). Un final en
guise de révélation sur les motivations réelles du
tueur dont l'acmé se situe sur le toit d’un immeuble
dans un duel sanglant.
Histoire permanente du
Kung-fu
Ce deuxième film (le 3e de la série de ses giallos)
commence de manière assez étrange avec Valentina
(Susan Scott) qui se fait injecter une drogue lui
permettant de voir l'assassinat d'une femme dans
une espèce de rêve éveillée. Le meurtre est
particulièrement violent parce qu’il est réalisé à l'aide
d’un gant de fer dont les pointes saillantes lacèrent
et pénètrent le visage de sa victime. Des plans gores
pour une première séquence choc. Aidé par son ami
Stefano (Peter Martell, Un doigt sur la gâchette
en 1967), Valentina va tenter de résoudre l'énigme.
On retrouve dans ce film les mêmes thématiques
que dans le précédent. Un travail sur l'image et
notamment
la
photographie
(Valentina
est
mannequin) ainsi qu’une réflexion sur le pouvoir de
l'esprit et de la manipulation. En revanche, l'érotisme
est en berne, mais encore une fois, on ne croira pas
la mésaventure de Valentina. La police incrédule (et
plutôt traitée de façon ridicule) ne la prend pas trop
au sérieux bien que le tueur dont elle a eu la vision
la poursuive pour la faire taire. Un assassin ganté qui
ressemble furieusement à Paul Williams (alias Swan)
dans Phantom of the paradise en 1974.
Malgré son pitch très giallesque, Luciano Ercoli truffe
son film de séquences comiques. On est par instants
dans la "comedia del arte" entre le surjeu de Susan
Scott qui roule les yeux et gesticule et les
représentants de la police limite benêts. De la même
manière, Valentina distribue les mandales aux
hommes, représentés ici comme de doux pervers
sexuels, dès qu’ils sont trop entreprenants, ou
comme ses échanges musclés avec Gio Baldi (Simon
Une soirée spéciale “Kung fu”, placée sous le signe
sino-hong-kongais de la tatane qui fait mal, et qui
résonne encore des doux sons des paluches
s'abattant sur des visages contrits, entre poses
lascives et regards menaçants. Visages moustachus
et pattes d'eph pour Le fauve noir du kung-fu, alors
que Le retour des dix-huit hommes de bronze se
déroule à l'époque de la dynastie Ming. A l'instar de
ce que l'on a pu connaître pour le western ou la SF,
ces deux kung-fu movies sont des films
d'exploitation pour surfer sur le succès des
productions de la Shaw Brothers. Réalisés avec
moins d'argent et à la chaîne, ils reflètent une
tendance du marché de l'époque, et si en plus on y
ajoute une version française...
Le fauve noir du kung-fu – Chine – 1973 – Ho
Chan
Pitch : Un boxeur, champion de
karaté, cherche à se venger de
ceux qui l'ont trahi.
87
Le 1er film de la soirée est une
petite perle du bis. Pas
seulement pour son sujet mais
pour
son
ensemble
d’incohérences et de scènes
abracadabrantesques
qui
parsèment cette œuvre très particulière. Parce qu’il
est accusé à tort de trafic de drogue, notre héros
(Chan Sing, aussi producteur du film) se retrouve
en prison à cause de ses amis qui l'ont piégé à
l'aéroport. Suite à une visite au parloir lui faisant
comprendre que son ex-petite amie est avec un
autre homme, Chang Sing s'évade de prison (le
scénario l'aide bien) pour découvrir le pot aux
roses. Et, c’est là que le bonheur commence...
Portée par une VF prononcée par des comédiens pas
motivés et touts droits sortis de la Comédie
Française, Le fauve noir du kung-fu enchaîne les
scènes rocambolesques pour suivre la vengeance du
héros. Les dialogues très premiers degrés et ridicules
(on peut soupçonner la traduction de liberté
hasardeuse) donnent un décalage complet entre les
images et la situation. Il faut dire aussi que le jeu
des acteurs n’aide pas, tous plus mauvais les uns
que les autres, accentuant les mimiques et les
regards interrogateurs sans retenue. La palme
revient néanmoins à Chan Sing qui frise ses
moustaches et favoris à chaque fois qu’il tente de
jouer la comédie et atteint le panthéon du ratage
intégral. En revanche, il est meilleur pour distribuer
les pains et jouer des coudes face à ses anciens
amis, dont il mettra énormément de temps à
comprendre leur traîtrise.
Avouons aussi que les personnages dépeints dans le
métrage n'ont pas cassé trois pattes à un canard
laquais. De petites frappes assez débiles qui ne
comprennent rien, y compris ce pauvre inspecteur
de police tentant d'aider le héros parce qu'il est
convaincu de son innocence (il est vrai que les
coiffures et vêtements disco donnent un cachet bien
coloré à l'ensemble). Les scènes de comédie,
d'action et de drame se mélangent ainsi dans un bo
bun frelaté, une mixture pas très crédible mais
toujours sympathique, surtout quand les acteurs
adoptent un ton sérieux (les mots décalés choisis par
les doubleurs en accentuent la portée).
Si le film de Ho Chan (auteur quand même d'un
certain On n’attrape pas un petit dragon en lui
mettant du sel sur la queue... ) possède une
atmosphère assez dingue, cela est dû avant tout à
l'écriture de situations improbables et à un montage
assez aléatoire. Toutes les scènes sont découpées
avec de faux raccords comme dans celle où le héros
est poursuivi par une voiture dans un parc. Les deux
se croisent et se recroisent ainsi à l'image d'un film
de Buster Keaton mais sans cohérence. Pire, on a
l'impression que certaines séquences ont été
coupées (à cause de la qualité de la bobine ?). Ce
qui donne au final un alliage assez bizarre et
confinant au rire. Les scènes de cet acabit sont
légions. Une des meilleures étant celle où notre
vengeur à moustache poursuit en courant une
voiture s'enfuyant à toute berzingue, en coupant à
travers champs sous une musique de circonstance.
Et que croyez-vous qu’il arriva ? on le retrouve bel et
bien au même niveau que les malfrats comme s'il
avait possédé les capacités d'un super héros (certes
il a l'air un peu essoufflé...).
Pourtant, dans ses moments purs d'action, Le fauve
noir du kung-fu rappelle qu'il est un kung-fu movie
notamment dans ce combat à quatre sur le haut
d'un immeuble en construction et le long des
escaliers. Ça n’empêche que pour en arriver là, notre
héros a sauvé sa belle en la rattrapant de la fenêtre
d'un étage inférieur alors qu’elle tombait dans le
vide. Invraisemblable mais hilarant. A l'image de la
dernière scène qui verra le héros, tout de noir vêtu,
affronter le boss japonais, tout en blanc (on
remarquera la symbolique) dans une coursepoursuite au milieu d'un port de marchandises.
Pourquoi pas et puis en trois plans, la police arrive,
le boss est maté et le mot “Fin” apparaît sur l'écran.
Une dernière séquence qui résume bien The black
panther (titre anglais) complètement à la ramasse
dans son découpage et possédant des scènes
d'anthologie au niveau du portnawak. A ce point-là,
volontaire ou pas, il faut absolument mater Le
fauve noir du kung-fu dans une VF improbable et
digne d'un boulard français des 70's.
Le retour des dix-huit hommes de bronze –
H/K - 1978 – Joseph Kuo
Pitch: Un seigneur mandchou devient moine pour
s'assurer que les Shaolin ne vont pas mener une
révolte contre les Qing. Il va devoir se confronter à
de nombreuses épreuves.
Changement de décors avec Le retour des dixhuit hommes de bronze qui démarre comme un
film historique en costume avec ce seigneur
mandchou (Carter Wong acteur dans moultes kung-
88
fu movies, qui fera une apparition dans Jack
Burton dans les griffes du mandarin) intégrant
le temple Shaolin. Pour la petite histoire, le film est
tourné par Joseph Kuo (réalisateur attitré d'un grand
nombre de films de kung-fu avec peu de moyens),
s'avère être une vraie fausse suite de Shaolin et les
dix-huit hommes de bronze (1976) au scénario
presque similaire, reprenant les mêmes acteurs et
décors de la production précédente.
Le film donne le ton avec son accroche rappelant
qu'il est en hommage à Bruce Lee tout en
découvrant des images du temple Shaolin. Mais,
avant d'intégrer ce lieu, le seigneur (en fait un vrai
tyran modifiant le testament de son père pour
devenir le chef du Royaume) affronte quelques
péripéties comme le personnage de l'actrice martiale
Polly Shang-Kwan ou un prétendant de la femme
qu’il convoite dans des combats plutôt bien réglés où
les passes d'arme comiques ne sont jamais loin.
Comme dans le film précédent, l'humour provient
aussi de la VF caricaturant les expressions et les
dialogues. Et, à la surprise générale, le seigneur
mandchou décide d'intégrer le temple Shaolin pour
une durée de trois ans sous un prétexte fallacieux.
étalons du genre grâce à une mise en scène mettant
en valeur un scénario un peu linéaire mais
suffisamment prenant et généreux pour l'amateur de
kung-furie. Carter Wong est totalement crédible dans
son rôle d'élève doué dans l'art martial et tarde pas
à vouloir tenter les épreuves après une année
d'études. On suit sa préparation allant du transport
d'eau ou de bois sur une colline à l'étude de
techniques avec un maître shaolin. Des scènes qui
font furieusement penser au Kill Bill Tarantino.
Dans l'antre du labyrinthe où il pénètre, notre héros
doit se mesurer à divers adversaires, dont des
moines aux cranes rasés recouvert d'une peinture de
bronze et disposant d'armes diverses. Il doit aussi
résister au son d'une cloche géante le dos collé
contre elle... Le clou du spectacle restant
l'affrontement face à ces fameux hommes de bronze
dont les coups résonnent à chaque assaut dans une
première séquence où les soldats alignés renvoient à
une iconographie très Chevaliers du Zodiaque (on
a les références qu’on peut). Même si on voit bien
que les armures ne sont en fait que des costumes de
polystyrène colorisés pour donner l'illusion. Le
seigneur enchaîne donc les combats avec réussite
mais bute sur l'ultime défi. Pas grave, il essaiera sans
cesse chaque année pour parvenir à ses fins. Le
réalisateur se montre inventif dans la réalisation, les
chorégraphies et les épreuves différentes à chaque
nouvel essai. Peut-être un peu trop d'ailleurs,
puisque le film est une suite continue de combats et
que l'innovation des duels peut sembler limitée.
Comme cette épreuve où les participants, concentré
au centre d'une estrade, doivent trouver d’où vient le
son d'une pièce jetée au hasard. En fait, on se
croirait chez un oto-rhino-laryngologiste pratiquant
une médecine ancestrale. Comble de l'humour, les
élèves donnant de fausses réponses subissent un
châtiment en recevant un sac de sable sur la tête au
son d’une “punition” assénée par un moine
péremptoire, comme dans une version asiatique des
Sous-doués passent le bac...
Au final, Le retour des dix-huit hommes de
bronze est une réelle surprise pour ce succédané à
peu de frais de films de kung-fu. Alors qu’il
commençait comme une pochade historique, le
métrage prend ses quartiers de film d'art martial
pour tenir en haleine le spectateur jusqu’à un final
qui semble vouloir annoncer une suite.
Le retour des dix-huit hommes de bronze
devient alors un vrai film de kung-fu au travers de
l'apprentissage des techniques de combat par le
seigneur incognito et les moines élèves. Le but
ultime étant de se mesurer aux 18 hommes de
bronze dans de véritables épreuves particulièrement
ardues. Si le film semble être une petite production,
il parvient néanmoins à rivaliser avec les maîtres
89
ABLATIONS
Arnaud de Parscau - 2014 - Belgique/France
RESUME : Un homme se réveille dans un terrain
vague, sans aucun souvenir de la veille, une cicatrice
au bas du dos. Une ancienne maîtresse,
chirurgienne, lui apprend qu’on lui a volé un rein.
Obnubilé par ce vol, il va tout sacrifier pour le
retrouver : sa famille, son travail…
Toutes ces questions ne seront pas réellement
explicitées notamment dans une 1ère partie assez
atone entre scènes de repas et engueulades entre
Pastor et sa femme (Viriginie Ledoyen qui ne sert
pas à grand-chose). Il en est de même pour les
autres personnages secondaires sous-exploités
comme le docteur qui fait du rentre-dedans à Pastor
et lui fournit des éléments confidentiels, ou le
vétérinaire déglingo du zoo. Un humour décalé qui
rappelle forcément l’écriture du trublion de Groland
sans aller au bout des intentions.
La dernière partie tourne au thriller lorsqu’on
comprend la motivation du couple et nous renvoie à
des explications sentant bon le twist facile à la
Christophe Grangé (voir Les rivières pourpres). Au
final, Ablations laisse dans la bouche le goût amer
d’être passé à côté d’une série B détonante, malgré
sa bonne idée de base mais n’atteignant pas toutes
ses ambitions.
NOTE : 3 /6
THE AMAZING SPIDERMAN 2
MON HUMBLE AVIS
Le scénariste, Benoît Delepine (pilier de Groland),
aurait eu l’idée du film suite à une soirée trop
arrosée (récurrente chez les Grolandais) où il se
serait réveillé en croyant qu’on lui avait volé son rein.
Sur ce postulat de départ, Arnaud de Parscau
construit un film qui aura du mal à trouver sa place
au milieu de plusieurs genres.
La trame d’Ablations ressemble sur la forme au Old
boy de Park Chan Wook avec son personnage Pastor
(Denis Ménochet vu dans Inglorious Basterds) qui
se réveille en pleine nature sans réminiscence de la
soirée antérieure. Quand il découvre qu’il lui manque
un rein, il n’aura de cesse de chercher à comprendre
et à se venger. Pourtant la comparaison entre les
deux films s’arrête là parce qu’Ablations veut être à
la fois une étude psychologique de l’explosion de la
cellule familiale et un thriller mâtiné d’horreur. Un
mélange audacieux qui atteint ses limites à cause
d’un scénario trop fouillis qui multiplie les
personnages et dont la véracité peut intriguer.
Pourquoi Pastor ne signale pas à la police son
agression ? Comment ce couple (Philippe Nahon et
Yolande Moreau) arrive-t-il si facilement à ses fins ?
Marc Webb - 2014 - USA
RESUME : Peter Parker trouve son bonheur entre sa
vie de héros, bondissant d’un gratte-ciel à l’autre, et
les doux moments passés aux côtés de Gwen. Mais
être Spider-Man a un prix : il est le seul à pouvoir
protéger
ses
concitoyens
new-yorkais
des
abominables méchants qui menacent la ville.
90
MON HUMBLE AVIS
Agréablement surpris par le reboot de Spiderman,
cette séquelle n’est pas, à mon sens, du même
tonneau que le 1eropus. Le film est loin d’être une
purge ou un mauvais film de super-héros.
Néanmoins, les scénaristes auraient pu s’épargner
un humour permanent au ras du béton et une
romance pour ados trop appuyée. Cette nouvelle
franchise lancée pour récupérer les droits d’un
personnage, censé gonfler les rangs des Avengers
(entre la bonne poire Hulk et le fromage scandinave
Thor), a su s’affranchir de la 1ère trilogie de Sam
Raimi grâce à une fraîcheur sans prétention.
Notamment, avec le personnage d’Andrew Garfield
dans le rôle éponyme qui apportait son insouciance
au rôle. Or, alors que le film se veut plus mature,
comme le démontre la scène d’ouverture en forme
de flash-back, son personnage est toujours aussi
tête en l’air, virant même à la tête-à-claque, la faute
à un humour de cour de récréation déjà obsolète.
Une cool attitude lors des combats proches d’un
esprit dessin-animé en décalage avec les situations
explosives et dramatiques. Comme dans le 1erfilm,
l’action est présente et les affrontements se
multiplient entre Spidey et son nouvel ennemi
Electro, interprété par un Jamie Foxx (Ray,
Collateral) au départ en mode « frères Wayans »
(aïe !) pour finir en pilotage automatique. Un
personnage intéressant sur le papier mais dont les
motivations et la folie auraient pu être mieux
exploitées. A l’image du personnage du bouffon vert,
alias Harry Osborn (Dane Dehaan) qui a du mal à
exister au milieu de ces confrontations manquant
réellement d’enjeux. A quoi sert vraiment Rhino
(Paul Giamatti qu’on préfère plutôt dans Sideways)
hormis à mettre en valeur les aptitudes héroïques de
Spiderman ?
Il n’y a d’ailleurs pas grand-chose à redire sur la
mise en scène et les séquences de combat. Elles
sont lisibles et bien menées (notamment celle dans
Time Square), voire spectaculaires à l’image de la
scène d’ouverture très James Bondienne. Pourtant,
ces combats réglementaires sont rapidement
plombés par les atermoiements sentimentaux entre
Peter/Spidey et Gwen Stacy (Emma Stone qui mérite
qu’on se batte pour elle). Marc Webb tombe alors
dans la facilité en shootant des scènes dignes d’une
série télé pour ados, où Spidey regarde le ciel et
s’interroge sur sa relation, accompagné par une
musique sirupeuse de tubes du moment. Entre deux
rendez-vous manqués, il retourne au charbon pour
protéger la ville alors que se profile déjà à l’horizon
l’arrivée des supers vilains bien connus de l’hommearaignée. Un troisième film en perspective qui aura
intérêt à faire une cure de Biactol et à chasser ce
duvet juvénile pour enfin atteindre l’âge de raison.
NOTE : 3+/ 6
ANNABELLE
John R. Leonetti - 2014 - USA
RESUME : John Form est certain d'avoir déniché le
cadeau de ses rêves pour sa femme Mia, qui attend
un enfant. Il s'agit d'une poupée ancienne, très rare,
habillée dans une robe de mariée d'un blanc
immaculé. Mais Mia, d'abord ravie par son cadeau,
va vite déchanter. Une nuit, les membres d'une secte
satanique s'introduisent dans leur maison et
agressent sauvagement le couple, paniqué.
MON HUMBLE AVIS
Au vu des retombées du film The Conjuring, James
Wan et ses producteurs ont pensé qu’un spin-off sur
le personnage de la poupée Annabelle serait une
bonne idée. En effet, cette dernière, recluse derrière
sa prison de verre dans le sous-sol des Warren, avait
marqué les esprits. Et, il est vrai que les poupées
maléfiques ont un fort potentiel effrayant comme
l’ont prouvé Dolls, Dead Silence (du même Wan)
et surtout la série des Chucky, parangon de
marionnette tueuse.
Toujours ancré dans les années 70, Annabelle se
situe avant les événements contant les aventures
ésotériques de la famille Warren. Pourtant, aucun
lien réel ne sera fait entre les deux films, comme s’ils
étaient dissociés. Si le début du film sert de mise en
place et d’approche des personnages, Annabelle
bascule dans l’action avec l’incursion de tueurs
issues d’une secte satanique chez Mia et son mari
John Form (les exactions des adeptes de la secte de
Charles Manson résonnent comme un écho dès le
départ). Une scène plutôt réussie permettant de
montrer la genèse de la malédiction frappant la
poupée. Une séquence qui rappelle plus que
fortement la transmutation du personnage de Brad
Douriff dans le corps de Chucky.
Dans l’ensemble, Annabelle ne tient pas les
promesses entrevues dans cette entame de film. Ce
91
dernier est assez mou et compile toute une série de
clichés inhérent aux films de possession. Les
meubles et les objets ont l’air d’avoir repris une
certaine autonomie alors que la poupée éponyme ne
bouge toujours pas un cil ! Un peu frustrant d’autant
plus que les deux personnages principaux Mia
(Annabelle Wallis vue dans Les Tudors. Tiens, elle
porte le même prénom que la poupée...) et son mari
John Form (Ward Horton aperçu dans Le Loup de
Wall Street) à la plastique parfaite, ne dégagent
pas énormément de charisme, tant ils sont fades et
sans aspérités (ils ressemblent beaucoup à Ken et
Barbie comme dirait quelqu’un qui m’est proche). Du
coup, on est par moments pas loin du remplissage
avec Mia, seule à la maison, entendant des bruits,
voyant des ombres et se demandant si elle ne
devient pas folle. Des scènes très prévisibles (le popcorn qui fout le feu) contre-balancées par des
moments plus pêchus comme l’apparition de
personnages entre les portes. Des jumps scares par
moment réussis mais qui au final ne viennent pas
enrichir le sujet.
D’autant plus que pendant ce temps-là, Annabelle
est toujours aussi statique et désarticulée, ne
devenant que le faire-valoir de l’entité l’ayant
possédée, notamment lorsqu’elle se retrouve entre
les mains du prêtre. Des passages qui évoquent à la
fois L’exorciste et La malédiction sans ne jamais
faire preuve d’originalité. Un peu comme la
réalisation de John R. Leonetti (Mortal Kombat :
Destruction finale, L’effet papillon 2, ah oui...),
très sobre et passe partout, juste là pour remplir le
cahier des charges. Rien de transcendant donc,
malgré quelques tentatives d’actions débridées sur la
fin avec notamment la sempiternelle scène dans la
cave où l’ascenseur ne fonctionne pas.
Au final, Annabelle n’est pas une bouse mais
n’apporte rien de plus à la mythologie crée par The
Conjuring. On sent un peu trop l’opportunisme du
projet alors que personnellement, je pensais qu’il y
avait quelque chose à creuser avec cette poupée au
faciès vraiment pas très rassurant. A tel point qu’on
ne comprend toujours pas comment ce tout petit
film a pu se retrouver en salles (il aurait fait un DTV
tout à fait convenable) et surtout, comment il a pu
susciter tant d’hystérie collective auprès de jeunes
puçots en mal de frayeurs, poussant les exploitants
de certains cinémas à déprogrammer le film.
Incompréhensible, à moins qu’Annabelle, de
manière subliminale, n’ait envoûté nos chères têtes
acnéides...
Pour plus de détails sur le film, je vous renvoie sur la
très bonne analyse de mon collègue Rigs Mordo
dans sa Toxic Crypt qui, suite à la projection du
film, est devenu un adepte de Charles Manson et a
commandé un bataillon de poupées gonflables pour
créer sa propre secte...
ATLANTIC RIM
Jared Cohn - 2013 - USA
RESUME : Une gigantesque créature des mers
menace de s'attaquer à la côte Est américaine.
MON HUMBLE AVIS
The Asylum est au cinéma ce que le Canada dry est
à l’alcool. Leurs productions ressemblent à un
blockbuster, l’affiche montre pleins de choses qui ne
sont pas dans le film, mais au final, l’effet est le
même qu’une cuite au Champomy. Atlantic Rim est
en fait un mockbuster, c’est-à-dire un blockbuster
outrageusement copié dans les grandes lignes pour
surfer sur la vague du succès de l’original. En
l’occurrence ici de Pacific Rim de Guillermo del
Toro. Une pratique récurrente chez Asylum qui, en
changeant quelques lettres s’évite certainement des
procès. On se souvient encore des mémorables
Transmorphers, Age of the hobbits ou Les
Visiteuses (peut-être pas celui-là...).
Quand on regarde un Asylum, on sait à quoi
s’attendre mais là, il s’avère qu’il faut beaucoup de
courage pour aller jusqu’au bout tant le film est mal
fagoté dans tous les domaines. Pour résumer
sommairement, c’est mal joué, stupide et chiant.
Même le spectateur amateur de nanardises plutôt
indulgent aura du mal à rester éveillé devant ce DTV
torché à la va-vite. En même temps, je me dis que
condenser tant de tares dans un seul film confine au
génie. Certes, on retrouve les robots géants (ici au
nombre de trois) défendant la Terre contre les
monstres énormes sortis de l’Océan (ou de
l’Atlantique, ça marche aussi) à l’allure de kaijus
lézaroïdes très méchants. Il y a aussi quelques
similitudes avec le film de Del Toro notamment sur la
possibilité des pilotes de contrôler les machines par
impulsions neuronales, sans oublier leurs tenues
pyjama Power rangers.
Pour le reste, c’est à l’avenant. Passons sur la qualité
des effets spéciaux qui font relativement illusions
pour un Asylum. Ils ne sont donc pas plus moches
Note : 3-/ 6
92
que d’habitude. En revanche, arrêtons-nous sur le
casting sans étoile où on retrouve Graham Green (vu
dans Danse avec les loups... si on lui avait dit ça à
l’époque) en amiral blagueur et lourdaud dans son
langage, menant la révolte grâce à une troupe d’élite
avec à sa tête Red (David Chokacki, héros dans
Alerte à Malibu et dans d’autres asylumeries). Il
est accompagné de sa copine blonde (Jackie Moore)
et du black de service, ex-rapper, Anthony Crisse dit
« Treach ». Autant le dire tout de suite, les Oscars,
faut oublier. Ici, tout le monde surjoue son
personnage de pilote et fait semblant de savoir
manier un robot géant dans un faux cockpit derrière
des écrans d’oscilloscopes. Un peu à l’image des
seconds rôles, comme les pseudos scientifiques
féminines qui semblent tout droit sortis d’un centre
commercial ou du méchant militaire borgne affublé
d’un bandeau. Et encore, ce n’est rien comparé aux
figurants censés être effrayés et faire les morts lors
des attaques des monstres. Mention spéciale au père
qui a perdu sa fille et la cherche dans un immeuble
en feu (enfin, c’est surtout l’image qui flambe...).
Question scénario, hormis les attaques des faux
kaijus, il ne se passe pas grand-chose à l’écran. Ah
si, ils picolent pour fêter leur victoire. Et, puis ils
repartent au combat. Et, ils picolent à nouveau...
Faute d’argent, les producteurs ont tout prévu. Ils
multiplient les stock-shots jusqu’à plus soif grâce à
des images de l’armée US de navires, de tanks et
d’avions. Sans oublier les images de reportage des
secours se rendant sur les lieux d’un immense
incendie (du classique). Comble du comble, ils
utilisent même la vidéo d’une vraie fête dans une
espèce de gymnase pour simuler les honneurs
rendus à nos valeureux militaires (respect !). Côté
action, malgré des combinaisons de ralentis et de
scènes qu’on voit en boucle, difficile de nous faire
croire que toute l’armée américaine s’est déplacée
sur le théâtre des opérations. Faut dire qu’il y a
toujours les 5 mêmes militaires qui se battent en
duel face aux monstres. Je veux bien croire que
l’argent manque mais Jareh Cohn aurait pu faire un
effort au niveau de la mise en scène ou faire
attention lors du montage. En effet, retrouver les
mêmes militaires en faction en champs-contrechamps, ça se voit. Bon, en même temps, ça m’a fait
bien rire...
Le clou du spectacle reste néanmoins les dialogues
et l’humour au ras des pâquerettes qui fleurit tout au
long du film. Du « alors tu mouilles » à la blonde
descendant dans les profondeurs de l’Atlantique au
« tu vas tâter de mon gros membre » du pilote du
chasseur se dirigeant vers le monstre, les bons mots
volettent et se répandent dans Atlantic Rim comme
la pollution dans les grandes villes. C’est vrai aussi
que j’ai vu le film en VF sur la chaîne Sci-fi et je me
demande bien si les doubleurs n’étaient pas les
mêmes que ceux qui officiaient dans Hélène et les
garçons, tant les voix étaient (volontairement ?) à
la ramasse.
Avec tous ces atouts, on pourrait imaginer passer un
bon moment devant Atlantic Rim et se fendre la
poire. Pourtant, le film manque de fantaisie, n’est
jamais vraiment drôle ou divertissant tellement il est
mal fait (mais où est le minimum syndicale ?). Dans
le même esprit, je conseille plutôt le très bon (car il
assume son côté Z) Creepies de Jeff Leroy.
NOTE : 1/ 6
THE BABY (THE DEVIL’S
DUE)
Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillet - 2014 USA
RESUME : Suite à une soirée bien arrosée lors de
leur lune de miel, deux jeunes mariés doivent gérer
une grossesse survenue plus tôt que prévu. Alors
que le futur père choisit d’immortaliser les neuf mois
à venir en filmant sa femme, il découvre que celle-ci
adopte un comportement de plus en plus inquiétant,
témoignant...
MON HUMBLE AVIS
The Baby (titre francisé plutôt ridicule de Devil’s
due) est un found footage lambda qui aura fait
néanmoins le buzz sur la toile avant sa sortie grâce à
sa campagne marketing vu des millions de fois où un
bébé animatronique très It’s Alive terrorisait les
passants depuis son landau (le même procédé avait
été engagé pour le remake de Carrie). Et ce n’est
pas forcément un gage de qualité.
Tout le monde connaît les problèmes de cadrage et
de vomi inhérents à ces caméras portées par des
particuliers. En l’occurrence ici, c’est Zach (Zach
93
Gilford vu dans Grey’s anatomy, American
Nightmare 2) qui filme sa femme Samantha
(Allisson Miller, héroïne de plusieurs séries comme
Terra Nova) lors de leur lune de miel en République
Dominicaine. La veille de leur départ, un chauffeur
de taxi les amènera dans une soirée clandestine très
arrosée qui conduira Samantha à se faire
empapaouter par un esprit malin lors d’un rituel pas
très catholique.
C’est après cette nuit de folie et d’ivresse que les
choses se gâtent pour les tourtereaux. Enfin, si on
veut puisque la montée en puissance diabolique va
prendre un certain temps, entrecoupées de
séquences habituelles comme l’image vacillante lors
de l’échographie, du ventre de notre primigeste qui
se déforme ou de sa prédisposition à boulotter de la
viande
crue
alors
qu’elle
est
totalement
végétarienne. Il est vrai que Samantha a l’insigne
honneur de porter l’antéchrist et nous renvoie de fait
au formidable Rosemary’s baby de Polanski. Un
remake d’un classique revêtu des oripeaux du found
footage. Soit.
Le problème du film, hormis sa prédisposition au
tangage, est qu’il veut bouffer à tous les râteliers
des productions à succès. Ainsi, Zach installe des
caméras chez lui pour surveiller sa femme comme
dans Paranormal Activity. Samantha se met à
grignoter les entrailles des animaux (merci Top
Chef) et développe des pouvoirs télékinésiques
propulsant ses congénères dans les airs à l’image
des héros de Chronicle. Pire, dans un élan
d’europhilie exacerbé, la future primipare commence
à graver le symbole de la monnaie européenne sur le
sol de sa chambre comme si elle postulait à la
Présidence de la Commission européenne. Si on
m’avait dit que l’Euro correspondait à la marque du
diable...
The Baby déroule donc son scénario sans surprise,
entre moments prévisibles censés terrifier, humeurs
agressives et changeantes de Samantha et
saignements abondants du Père Thomas lors de la
messe (le vin de messe c’est plus ce que c’était),
jusqu’à l’arrivée du fils cornu attendu par tout un
aréopage de serviteurs qui, visiblement, se
damneraient bien pour notre monnaie unique. Les
cons...
NOTE : 2/ 6
BATTLE OF THE DAMNED
Christopher Hatton - 2013 - USA/Singapour
RESUME : A la suite d’une épidémie mortelle, le
mercenaire Max Gatling mène une poignée de
survivants et un groupe de robots reprogrammés à
l’assaut d’une armée de zombies infectés.
MON HUMBLE AVIS
Il y a toujours une forme de nostalgie lorsque se
profile à l’écran la carrure de bûcheron suédois de
Dolph Lundgren, éternel Drago face à Stallone dans
le manichéen et jouissif Rocky IV. Depuis, le
bonhomme (tout de même diplômé de chimie) a
percé dans le milieu du DTV d’action avec plus ou
moins de réussite comme Blood of Redemption,
ou La Crypte du dragon. Récemment, il fit un
retour remarqué, à l’instar d’autres vieilles badernes,
dans la série de films burnés et friqués Expendable
sous la houlette de l’étalon italien botoxé.
Dans Battle of the damned (Le dernier soldat
en VF), on retrouve donc ce brave Dolph (Max
Gatling) en militaire à la tête d’un petit groupe
chargé de ramener la fille d’un homme fortuné.
Problème, la ville est infestée de zombies suite à la
fuite d’un virus transformant la population en
affamés du ciboulot. Un pitch simple qui n’est pas
sans rappeler New-York 1997 de Carpenter.
D’ailleurs, on rentre très vite dans le vive du sujet,
les scènes d’action se succèdent à un rythme effréné
comme dans un jeu vidéo, multipliant les
affrontements avec les zomblards déchaînés. Alors
qu’on aurait pu penser que l’ensemble allait tourner
au shoot' em up permanent, le film calme le jeu à
partir du moment où Dolph rejoint un groupe de
survivants dans lequel se trouve la fille qu’il doit
ramener. Un choix censé caractériser les
personnages mais qui trahit surtout un manque de
moyens.
Battle of the damned a été tourné par Christopher
Hatton, dont son précédent film Robotropolis,
sorte de film de SF très cheap, se déroulait déjà
dans les rues singapouriennes. Encore une fois, les
rues asiatiques serviront de terrain de jeu aux
figurants grimés (tous asiatiques, alors que le
casting est presque exclusivement occidental) dans
des avenues désertes et dévastées. Le script ne
propose par un concept bien original, on suit un
groupe d’humains tentant de se faire un passage au
milieu d’infectés (un peu comme dans Walking
dead). La réalisation reste basique (voire illisible
94
dans certaines séquences de combat) et les effets
spéciaux sont à la hauteur de l’enveloppe qui leur a
été consacré. Ils sont moches, à la limite de
l’incrustation comme les explosions, les coups de feu
et les giclées de sang. On se croirait presque dans
un Asylum...
Mais, quand on a pas de moyens, on a des idées. Et,
c’est certainement ce qu’a dû se dire le réalisateur
qui, pour pimenter son film, a décidé d’intégrer à son
histoire des robots surarmés et nettoyeurs de
zombies. Et, comme l’aurait fait un Roger Corman à
l’époque, Christopher Hatton recycle ses robots déjà
présents dans Robotropolis ! Du coup, sans trop
savoir pourquoi, on se retrouve dans un nouveau
concept Robots Vs Zombies donnant un caractère
très particulier au film, comme le souligne Dolph
dans une réplique. Ce dernier porte d’ailleurs le film
sur ses épaules, calibré pour lui (il est aussi
producteur) face à un casting de têtes locales et pas
très connues. Si son visage n’a pas trop changé, on
voit bien que le colosse commence à avoir du mal à
trimbaler son double mètre, à sauter et à courir
comme avant (il a 57 ans tout de même !), un peu
comme Danny Trejo ou Steven Seagal (en fait, pour
Steven, ça fait longtemps que le bas de son corps
est vieillissant).
La fin du film vire à la course-poursuite entre les
survivants et les zombies dans des sous-sols
désaffectés de vieux immeubles, à l’image de
productions fauchées des années 80 comme le
mythique Cyborg. Si Battle of the damned est
loin d’être original, il n’est pas non plus infamant et
remplit son rôle de série B d’action horrifique
syndicale (et puis Dolph quoi), malgré sa réalisation
hésitante et quelques scènes de remplissage
nécessaire.
Note : 3+/ 6
BIG BAD WOLVES
Aharon Keshales et Navot Papushado - 2014 Israël
RESUME : Une série de meurtres d’une rare violence
bouleverse la vie de trois hommes, le père de la
dernière victime qui rêve de vengeance, un policier
en quête de justice qui n’hésitera pas à outrepasser
la loi, et le principal suspect – un professeur de
théologie.
MON HUMBLE AVIS
Le cinéma israélien existe et, depuis quelques
années, le genre commence à émerger avec
notamment un film d’horreur qui s’est fait remarquer
dans divers festivals. Le bien méchant Kalevet (ou
Rabies pour l’international). Un 1erfilm du duo de
réalisateurs également à l’origine de ce Big bad
wolves aux relents de soufre.
Ce qui marque énormément avec ce film israélien, ce
sont ses accointances avec le cinéma coréen
(humour noir, thriller sanglant et contexte politique
prégnant). Un mélange détonnant dans un film
provocateur qui justifierait presque la torture et un
« lu et approuvé » de la part de Jack Bauer. Une
ambiguïté qui régnera tout au long du métrage
comme une épée de Damoclès au-dessus du
spectateur. Sur le même sujet, on peut noter les
adaptations au cinéma de deux livres du canadien
Patrick Senécal. Le peu connu mais très bon 51-50
rue des ormes en 2009 et Les 7 jours du talion
l’année suivante. Sans oublier le Prisonners de
Denis Villeneuve (Tabarnak ! mais que se passe-t-il
chez nos cousins québécois !?!)
Dès la scène d’ouverture, le ton est donné avec un
passage à tabac musclé d’un pauvre quidam par la
police. Une scène tragi-comique qui instaure déjà un
climat de tension à la limite de la parodie. Comme
dans les thrillers asiatiques, l’intonation du film est
décalée, presque drôle dans une 1ère partie
pourtant sordide avec des meurtres et des
décapitations de petites filles, sous le regard
d’inspecteurs qui ont l’air de s’en foutre et d’une
hiérarchie plus préoccupée par les résultats. Du
coup, on ne sait pas vraiment s’il faut rire ou pleurer,
d’autant plus que le métrage est bien balancé avec
une très belle photographie.
Même dans la 2nde partie, lorsque le professeur est
kidnappé et enfermé dans une maison reculée à la
campagne, l’ambiance lourde est sans cesse contrebalancée par des séquences comiques, avec par
exemple l’intervention téléphonique de la fameuse
mère juive, à tel point qu’on se croirait presque dans
une comédie italienne tournée par Tarantino. En
revanche, le huis-clos qui s’ensuit renvoie
directement aux torture-porn qui ont fleuri ces
dernières années. Et là, on rigole moins quand la
victime subit des séances de torture (coups de
marteau, ongles arrachés et même chalumeau). Le
95
discours se fait alors plus politique et on sent bien le
poids de la guerre (comme dans certaines
productions coréennes avec son voisin du Nord) avec
la frontière arabe toute proche et les techniques de
torture employées, apprises pendant le service
militaire.
Au final, Big bad wolves se laisse néanmoins suivre
avec un plaisir (coupable ?) indéniable. A la fois
provocant, amusant et méchant, le film est empreint
d’une violence visuelle et mentale comme si les
personnages étaient conditionnés en appliquant la
maxime "œil pour œil, dent pour dent". Sans morale,
balançant entre gore et second degrés (on retrouve
les codes du cinéma coréen à la Memories of
murder ou J’ai rencontré le diable), Big bad
wolves ne laissera pas indifférent.
propos et l’aspect fortement anxiogène qui se
dégage du film, car il ne faut pas être claustrophobe
pour emprunter les couloirs labyrinthiques du soussol de la Capitale.
NOTE : 4- /6
CATACOMBES
John Erick Dowdle - 2014 - USA
RESUME : Un réseau de sous terrains complexe et
inextricable émaille sur des kilomètres le sous-sol de
Paris,
les
catacombes.
Lorsqu’une
équipe
d’explorateurs s’aventure au cœur d’une partie
inconnue de ce labyrinthe d’ossements, ils percent
le secret de la véritable vocation de cette cité des
morts.
MON HUMBLE AVIS
La perspective de mater un found footage n’est pas
toujours des plus réjouissantes (en plus avec le
réalisateur de Devil et En Quarantaine), et la 1ère
scène censée se dérouler en Iran le confirme.
Illisible, vomitive, cette séquence inauguratrice fait
mal aux yeux et augure d’un mauvais spectacle.
Pourtant, alors qu’on n’attendait rien de cette
production, force est de reconnaître que ce
Catacombes (As above, So below en VO) malgré
plusieurs scories, possède d’indéniables qualités.
Tout d’abord, il est à noter que le film n’est pas à
proprement parlé un found footage (les bandes ne
sont pas retrouvées et analysées), mais un film de
caméra portée, notamment sur les casques des
explorateurs. Ce qui permettra aux réalisateurs de
changer artificiellement d’angles de vue en
permanence et atténuera ainsi la sensation de
flottement inhérent à ce type de projet. La 1ère
qualité du film est d’avoir été tourné en décors
naturel dans les dédales et les profondeurs des
catacombes parisiennes. On se demande encore
comment les autorités administratives ont autorisé le
projet (6 millions de cadavres et d’ossements les
entourent !). Ceci renforce encore plus la véracité du
Le début du film est une version teenager du Da
Vinci code et de Benjamin Gates lorsque Scarlet
Marlow (Prowl, Les Tudors) se propose de
retrouver la pierre philosophale (rien que ça) sur les
traces de l’alchimiste Nicolas Flamel. A Paris, elle
retrouve son ami Georges (Ben Feldman, vu dans
Cloverfield et la série Mad men), capable de lire
l’araméen (perso, j’ai pas d’amis comme ça) et part à
la recherche d’indices qui les mèneront au centre de
la Terre. Soyons honnête, la belle parle 4 langues,
résout des énigmes impossibles en 2 minutes et
découvre l’endroit de la cachette trop vite pour ne
pas faire la fine bouche. Mais, là n’est pas le propos,
puisque l’objectif est de descendre dans les
catacombes, aidé en cela par un trio de jeunes
français grapheurs et adeptes des lieux.
Très vite, la tension monte dans les cavités étroites
et insalubres où, obligés de suivre un tracé interdit,
nos aventuriers de la pierre perdue commencent à
être confrontés à des événements étranges, comme
ce vieux téléphone qui se met à sonner de manière
inexplicable. Un peu too much, mais néanmoins
efficace pour faire montrer le trouillomètre. A la
vision de Catacombes, on ne peut s’empêcher de le
rapprocher de l’allemand Urban Explorers pour le
concept et pour The Descent pour les rencontres
fortuites au détour d’un couloir.
Sans vouloir copier ses références, le film n’est
jamais ennuyeux et installe indiciblement une
atmosphère de peur latente à mesure de la
progression sous terre. Certes, on ne saura jamais
pourquoi la caméra est toujours allumée et qu’il y
aura toujours un gus pour la tenir (d’ailleurs, très
mal par moments), mais le film fonctionne dans son
ensemble au fur et à mesure des découvertes et des
pièges laissés par les ancêtres des protecteurs de
ces trésors enfouis. On se croirait presque à
l’intérieur d’une pyramide égyptienne. Catacombes
96
n’est donc pas qu’un simple film de couloir, puisqu’il
s’apparente aussi à un jeu de rôle live, où les
protagonistes découvrent des pièces cachées, des
reliques, prennent des passages sous-marins ou font
des rencontres avec es habitants étranges des lieux.
Il ne faudra pas non plus trop ergoter sur la fin du
film lors des dernières découvertes et des
incohérences qui peuvent se faire jour, comme sur la
gestion des lieux ou, encore une fois, la capacité à
se sortir de situations désespérées par la seule force
de leur intelligence, malgré la flippe ambiante et,
toujours la caméra à la main. Le spectateur pourra,
en revanche, se délecter de séquences réussies
jouant bien sur le côté claustro des lieux, et en
particulier la scène de la voiture en feu grâce à des
effets visuels de toute beauté.
Au final, Catacombes est plutôt une bonne surprise
si on laisse de côté l’aspect “caméra embarquée” et
certaines questions résolues trop rapidement. De
plus, contrairement à d’autres films du genre, on
s’attache aux personnages (peut-être parce qu’ils
semblent moins cons que d’habitude) et on reste
captiver par les énigmes qui s’offrent à eux dans cet
endroit à la fois terrifiant et merveilleux, tellement
cinématographique.
Note : 4-/ 6
LE CONGRES
Ari Folman - 2013 USA/Israël/All/France/Lux/Pologne
RESUME : Robin Wright se voit proposer par la
Miramount d’être scannée. Son alias pourra ainsi être
librement exploité dans tous les films que la major
compagnie hollywoodienne décidera de tourner,
même les plus commerciaux, ceux qu’elle avait
jusque-là refusés. Pendant 20 ans, elle doit
disparaître et reviendra comme invitée d’honneur du
Congrès Miramount-Nagasaki dans un monde
transformé et aux apparences fantastiques…
MON HUMBLE AVIS
Ari Folman, cinéaste et auteur israélien, s’était fait
connaître en 2008 grâce à Valse avec Bachir, film
documentaire d’animation relatant les événements
du massacre de Sabra et Chatila à Beyrouth. Un film
choc et politique finalement pas si éloigné de son
nouvel opus, adapté d’un roman de Stanislas Lem,
Le Congrès de futurologie, datant de 1971.
Il est rare pour les acteurs de jouer leur propre rôle
sur la totalité d’un film. On se souvient de Dans la
peau de John Malkovich ou du récent JCVD avec
un Van Damme tout en retenu. Pourtant ici, Robin
Wright n’hésite pas à jouer de son image en utilisant
sa propre carrière pour développer le film autour
d’elle.
Divisé en deux parties, l’un en prise live et l’autre en
animation, Le Congrès est à la fois une charge
virulente contre le cinéma de divertissement
hollywoodien et une réflexion sur le temps qui passe,
et notamment la place des actrices plus âgées au
sein de cette industrie.
Le 1erplan séquence ouvrant sur le visage de Robin
Wright et la voix-off de son agent (Harvey Keitel) lui
expliquant que sa carrière bat de l’aile, donne le ton
de cette entame de métrage. L’atmosphère est
froide, terne et clinique, à l’image d’une Robin
Wright (Princess Bride), obligée de mettre sa vie
cinématographique entre parenthèse pour élever son
fils, et qui n’arrive plus à trouver de sujets de films
intéressants. Du coup, la proposition de la scanner
pour qu’elle puisse garder sa jeunesse éternelle est
assortie d’une close l’empêchant d’apparaître
physiquement au cinéma, hormis sous la férule des
studios.
Et, le réalisateur ne se gêne pas pour dénoncer le
diktat des studios hollywoodiens (la Miramount, tout
est dit...) utilisant les acteurs comme bon leur
semble pour les faire jouer dans de grosses
productions sans intérêt, juste pour l’argent. Jeff
(Danny Huston), cigare au bec, présenté comme un
rapace, est le symbole de ces producteurs qui, de
plus en plus, cherchent avant tout à rentabiliser leur
investissement, sans forcément aspirer à une
quelconque qualité. Des personnages stéréotypés,
avides de pouvoir et prêts à tout pour arriver à créer
de toutes pièces des films calibrés pour la jeunesse
et pour les placements de produits. C’est aussi cette
facilité-là qui impose les remakes et les franchises de
blockbuster pullulant sur les écrans.
Une dénonciation d’un système qui va de pair avec le
déclin des actrices ayant dépassé la quarantaine.
Comme dans certaines entreprises, où la
représentation féminine juvénile est mise en avant,
le monde du cinéma est gangrené par ce besoin de
figer les corps et les visages dans une beauté de
façade toujours plus jeune (Bonjour Meg, Nicole et
97
toutes les autres n’assumant pas leurs rides). Le
Congrès est donc aussi une réflexion sur la peur de
vieillir et l’hégémonie du paraître, seul ascenseur
pour la gloire. Condamnés à être scannés, les
acteurs ne seront plus sur les plateaux parce que
leurs hologrammes de synthèse auront pris la place.
Un scénario très plausible qui, avec l’évolution
exponentielle des effets spéciaux, s’immisce de plus
en plus au cinéma (Bonjour Jar Jar Binks et autres
Avatar...). Sans parler des acteurs morts que
bientôt, nous retrouverons à l’écran...
Comme pour aller à l’inverse de ces nouvelles
technologies, le réalisateur choisit, dans sa seconde
partie, de tourner le film dans une animation à
l’ancienne. Encore un pied de nez aux dessinsanimés confectionnés par ordinateur, plus laids les
uns que les autres (Bonjour Shreck...). Une
transposition à l’écran qui pourra dérouter par son
dessin particulier et par quelques délires
psychédéliques (à ce titre, on retrouve d’autres
vieilles gloires ou acteurs comme ce bon vieux Tom
Cruise à la dentition parfaite). Il faut dire que les
humains, pour échapper à leur quotidien morne,
prennent des pilules pour errer dans un monde
idyllique cartoonesque où l’imagination a libre cours.
Au final, Le Congrès est une œuvre étrange,
hybride qui retient l’attention grâce à la performance
de son actrice principale. Totalement mise en abyme,
on n’est pas loin de penser que le constat sur sa
carrière n’est pas loin d’être vrai (depuis, elle a
renoué avec le succès grâce à la série House of
cards). Si le film est par instant parsemé de
quelques scories dans sa 1ère partie et s’avère un
peu redondant dans la dernière, il faut bien avouer
qu’il reste attachant, réflexif et donne envie de rester
vigilant
quant
à
l’avenir
de
l’industrie
cinématographique.
NOTE : 4 /6
CURTAINS
Richard Ciupka - 1983 - Canada
RESUME : 6 jeunes actrices sont invitées à venir
passer un week-end d'audition chez un célèbre
producteur, Jonathan Stryker, qui offrira un rôle de
rêve à la meilleure d'entre elles. Celui-ci
s'étant débarrassé de son actrice principale (et
compagne) en la faisant interner, il doit lui trouver
une remplaçante pour son plus grand film.
Cependant, un mystérieux tueur masqué va venir se
joindre à la fête...
MON HUMBLE AVIS
Les années 80 sont un vivier pour les slashers
comme Halloween, Vendredi 13 pour ne citer que
les plus célèbres. Curtains s’inscrit donc dans cette
mouvance horrifique même si le film ne restera pas
dans les annales du genre (qui n’est pas un titre de
film porno) mais à ranger des productions moins
connues comme The Burning ou Final Exam.
Avec son affiche simple mais efficace, on aurait
tendance à penser que le film serait paré d’un
mystère où trônerait l’image d’une poupée
maléfique. Comme souvent, le contenu de ces
affiches est mensonger, la poupée n’est pas animée,
et justifie ses apparitions inopinées (en plein milieu
d’une route, sous la neige...) comme annonciatrice
de tragédie. Dommage que le concept ne soit pas
exploité car son potentiel effrayant aurait pu
rehausser l’intérêt du film. Pourtant, alors que le
métrage commence bien avec une séquence
d’ouverture dans l’asile, l’intérêt général retombe
rapidement.
Parce qu’il faut bien avouer que Curtains manque
de beaucoup de choses, à commencer par un
scénario trop ronronnant pour laisser éveiller le
spectateur et des meurtres aux préliminaires très
longs (la poursuite sur la glace est certes bien
amenée) pour un résultat assez plat et dénué
d’effets sanglants (il faudra se contenter d’une tête
dans la cuvette des toilettes). Ceci est d’autant plus
déroutant que le tueur s’acharne sur les actrices
avec des armes contondantes (couteau, serpe,
hache) et possède un certain charme avec son
masque de femme-sorcière aux cheveux rouxorangés (il ressemble un peu à Michael Myers mais
avec des cheveux roux...).
Entre les meurtres, le réalisateur tente de montrer
les rivalités des actrices par des dialogues et des
séquences quelque peu soporifiques, d’où émerge
Samantha Sherwood alias Samantha Egger (héroïne
de Chromosome 3) qui s’oppose physiquement et
avec son regard étrange à son compagnon Jonathan
Stryker (John Vernon, vu dans Les rues de
l’enfer). Des scènes assez molles jusqu’à un final un
peu plus pêchu dans les coulisses d’un théâtre. Le
réalisateur va ainsi utiliser les accessoires et les
98
mannequins conférant une atmosphère morbide et
giallesque à l’action. Au final, Curtains est une
petite déception du fait d’un manque de
rebondissements dans le scénario et de meurtres
mal exploités, et ce malgré la révélation finale sur
l’identité du tueur.
NOTE : 3-/6
THE DAY
Douglas Aarniokoski - 2011 - Canada
RESUME : Dans un futur post-apocalyptique, un
groupe de 5 personnes erre sur la route. Affamés, ils
luttent pour survivre.
boulotter sans se défendre. Reclus dans une maison
abandonnée, ils décident de faire face à leurs
assaillants. Cette fois-ci, on est clairement, dans
cette 2e partie, chez un cousin de La nuit des
morts-vivants de George Romero. Portés par leur
désir de chair fraîche, ces êtres ressemblent à des
zombies comme dans la séquence de leur arrivée
nocturne derrière un brouillard menaçant.
Si certains passages sont assez insipides dans la
1ère partie (dialogues relativement creux en champs
contre-champs), The Day se fait plus méchant
lorsqu’il
s’agit
des
affrontements
entre
anthropophages et mangeurs de boîtes de conserve.
Une violence sanglante, voire gore à chaque assaut
contre la maison qui ne se trahira pas lors des
ultimes scènes, et notamment la toute dernière. Au
final, The Day est un film plutôt recommandable
pour ceux qui sont friands des hommes qui aiment
les hommes comme pour ceux qui préfèrent la
bouffe déshydratée. C’est un choix...
NOTE : 4 / 6
ELEVEN (11:11:11)
Darren Lynn Bouseman - 2011 - USA/Espagne
RESUME : Une organisation focalisée sur la
récurrence des nombres 11:11 autour de nous prédit
que la dernière des 11 portes du paradis s'ouvrira
pour 49 minutes le 11 novembre 2011.
MON HUMBLE AVIS
MON HUMBLE AVIS
Le film post-apocalyptique est au genre, ce que la
comédie romantique est aux ados en fleurs, un
bonbon suave et émouvant. Une douceur aux terres
dévastées et à la mode cuir vintage qui fleure bon
parfois la zéderie transalpine, la sueur ricaine ou
encore la madmaxerie philippine. La production de
The Day émarge pour sa part dans le haut du
panier avec cette petite troupe de survivants armés
cherchant à survivre dans un monde hostile.
On ne saura rien de la catastrophe ayant engendré
cet état de fait. Filmé dans une photographie terne à
la limite du noir et blanc (seuls quelques éléments
sont en couleur), le film de Douglas Aarniokoski
(Highlander : Engame, The Nurse 3D) ne brille
pas par son scénario basique et linéaire d’où émerge
le Lostien et Tolkien Dominic Monaghan dans le rôle
du chef de cette alliance de circonstance. Dans sa
1ère partie, le film est une relecture de La Route de
Cormac McCarthy avec ses hordes d’humains
devenus cannibales fabricants moults pièges pour
satisfaire leur estomac.
L’homme est un anthropophage pour l’homme. Sauf
qu’ici, nos héros n’ont pas l’intention de se laisser
Un peu avant que Roland Emmerich ne déverse son
apocalypse américano-inca dans son désormais
mémorable 2012, Darren Lynn Bouseman avait
coché le mois de novembre 2011 en recevant le
calendrier des PTT (ou des pompiers). Non pas que
l’auteur de quelques Saw, de Repo, the genetic
opera et de Mother’s day ait décidé de
commémorer le 11 novembre devant le monument
aux morts de sa ville, en faisant surgir de terre les
poilus de la grande guerre à l’image des zombies du
clip de Thriller (en même temps, ça pourrait être
une bonne idée de script...), mais en réalisant un
film sur la date fatidique du 11 novembre 2011.
Aurait-il reçu un appel d’Elisabeth Tessier ou de notre
Paco Rabanne national ayant prédit la chute de la
station Mir en plein Gers (!?!) Nul ne le sait. En
revanche, on imagine bien que l’homme-caca (je
sais, c’est pas génial comme traduction) a vu
l’opportunité de faire flipper son monde en décrétant
que ce jour-là, la conjonction des nombres et des
planètes entrouvriraient la porte des enfers.
99
LA GALAXIE DE LA TERREUR
Bruce D. Clark - 1981 - USA
RESUME : Sur la planète Morganthus, l'équipage
d'une unité spatiale disparaît subitement. Un
vaisseau de sauvetage y est envoyé mais ne trouve
aucun survivant sur place. Dans le but d'en savoir
plus, les sauveteurs explorent les environs sur
Morganthus et s'introduisent dans une gigantesque
et terrifiante pyramide.
Après tout, pourquoi pas, on a vu pire comme point
de départ. Le problème principal de Eleven est qu’il
ne se passe quasiment rien pendant les trois-quart
du métrage. Le scénario ne développe jamais la
moindre idée intéressante et reste cantonné à des
poncifs comme dans un téléfilm allemand de fin
d’après-midi dominicale.
Certes, on voyage en Espagne avec Joseph (Timothy
Gibbs, aperçu dans Witchboard 2 avec ses faux
airs de George Clooney) qui retrouve son frère
religieux reclus dans son fauteuil roulant (Michael
Landes vu dans Destination finale 2) et son père
paralytique mais pas avare en paroles énigmatiques.
Pour gonfler son récit et donner un aspect inquiétant
comme dans La Malédiction, Darren Lynn
Bouseman parsème son film d’images sporadiques
de démons apparaissant sur des caméras de
surveillance. Ce qui a le mérite de sortir le
spectateur de sa torpeur noctambule, mais l’effet
escompté ne dure qu’un instant. Autre point négatif
de Eleven, il est très bavard, comme un mec bourré
qui déblatère des considérations religieuses à un
lampadaire à 4 heures du matin. On ne comprend
rien et on a envie de s’éloigner pour éviter qu’il nous
vomisse sur les chaussures. Le scénario enfonce
donc les portes ouvertes de l’enfer à coups de
regards perplexes, de jumps scares faciles et de
discussions redondantes.
Il faut vraiment attendre la dernière séquence pour
que l’action démarre enfin. Les meubles bougent, les
objets volent et l’armée démoniaque pointe le bout
de sa queue lors d’une ultime scène pluvieuse et
sanglante très proche d’une série B des 80’s. Mais,
c’est trop tard et malgré les twists qui s’enchaînent,
le carnet de bal reste vide et la danse s’achève sans
que Darren ait pu conclure.
NOTE : 2/ 6
MON HUMBLE AVIS
C’est avec un retard de plus de 30 ans que j’ai
visionné cette petite production qui aurait sans
aucun doute pu intégrer mon dossier 1981 si je
l’avais vu à l’époque. La galaxie de la terreur est
vraiment une bonne surprise pour les amateurs de
vieilles bandes de SF rétro des 80’s avec toit ouvrant
sur les étoiles et option nanar sans supplément. En
route vers l’infini en carton-pâte !
Avec le succès d’Alien à la fin des 70’s, Roger
Corman (en homme averti et toujours prêt à faire
tomber les dollars) décida d’exploiter le filon de la SF
à l’instar de ses collègues transalpins. Bien lui en a
pris puisque son film vole bien au-dessus de toutes
les œuvrettes du genre qui ont pullulé à cette
époque. Avec un casting où on reconnaît Erin Moran,
(Happy days), ou encore un Zalman King énervé et
cabotineur (futur scénariste et réalisateur de
L’orchidée sauvage). Sans oublier une des futures
stars du cinéma de genre en la personne de Robert
Englund (à la fois gentil alien dans la série V et
éminent croquemitaine dans la franchise Freddy),
ou ce brave Sid Haig qui a longtemps traîné sa barbe
sur les tournages de série B avant de bénéficier
d’une seconde jeunesse grâce à Rob Zombie (The
Devil’s rejects).
Après une scène d’introduction où le Maître (à la tête
lumineuse !) décide d’envoyer une mission de
secours pour récupérer l’équipage du vaisseau
spatial "Rebus", le film démarre très vite. Un postulat
de départ assez simple qui aura le mérite de nous
100
propulser immédiatement dans l’espace en direction
d’une mystérieuse planète inhospitalière, où trône
une magnifique et gigantesque pyramide. Malgré son
budget peu important, force est de constater la
bonne tenue des effets spéciaux (rouge sang et
bricolés pour certains plans très gores) et des mattepainting. D’autant plus qu’ils sont notamment
l’œuvre de Tony Randel (futur réalisateur de
Hellraiser 2), Alec Gillis (Starship Troopers),
aidés par un certain James Cameron aussi
réalisateur de seconde équipe. Tous trois en
provenance de l’écurie Corman au même titre que
l’ensemble des techniciens présents sur le plateau
pour les décors et costumes parsemant ce film aux
influences multiples en plus d’Alien. Comment ne
pas penser à La planète des vampires ou
Inseminoïd, et même The Thing plus tard.
Des références plus ou moins voulues au sein d’un
métrage qui, soyons honnête, pêche un peu au
milieu de son récit, une fois les astronautes
débarqués. La galaxie de la terreur devient alors
un film de couloirs, certes sympathique, mais au
rythme assez lent, qui vaudra surtout pour ses
quelques scènes d’attaques. Comme celle qui voit la
pauvre Dameia (Taaffe O’Connell) se faire
littéralement violer par un gros ver, une gloumoute
de tube et de latex (la très belle affiche du film pas
aussi réussie dans la réalité...). Le monstre aura
quand même la bonne idée de dévêtir la donzelle
pour faire partager aux spectateurs ses charmes
pulmonaires. Quuhod (Sid Haig) aura aussi la
malchance de croiser une créature qui lui
sectionnera le bras (et plus sans affinité), malgré sa
dextérité pour manier des sortes de shurikens géants
en cristal qui renvoient directement au fabuleux, et
maintenant un peu kitsch, Krull de Peter Yates en
1983.
Au-delà de ses qualités techniques et visuelles (pour
les nostalgiques comme moi), La galaxie de la
terreur n’en reste pas moins une série B où certains
acteurs surjouent (Erin Moran a les yeux exorbités
en permanence...) et où les dialogues en VF restent
irrésistibles. Cela va d’un « Non d’un Martien
borgne ! » au commandant qui, escaladant une
montagne, déclare de manière péremptoire « Je suis
vieux et fatigué, je préfère mes pantoufles ». Des
répliques nanardesques disséminés tout au long du
film entretenant un climat comique entre séquences
de combats, plans gores et massacre de l’équipage.
Le film se permettant même de finir sur une scène
pseudo
philosophico-mystique
assez
incompréhensible, sortie de l’esprit d’un trip sous
acide. Des ambitions étranges pour une véritable
série B, flirtant constamment entre le portnawak, le
film de SF d’horreur de qualité et une réflexion
métaphysique sur la vie ! Définitivement un must du
genre.
NOTE : 4/ 6
LA GUERRE DES CERVEAUX
(THE POWER)
Byron Haskin - 1968 - USA
RESUME : Un homme réalise qu'il a le pouvoir de
bouger les choses par la seule force de son cerveau,
et aussi de dominer les hommes. Malheureusement,
un autre homme a ce pouvoir et veut le tuer.
MON HUMBLE AVIS
Byron Haskin est bien connu des fantasticophiles
avec des œuvres telles que Quand la Marambuta
gronde, mais surtout pour ses penchants
concernant la science-fiction (La conquête de
l’espace, De la Terre à la Lune, Robinson
Crusoë sur Mars). Pour son dernier film, dans
lequel on retrouve George Pal à la production (on
leur doit aussi le formidable La guerre des
mondes), Byron Haskin s’attaque aux pouvoirs de
l’esprit et de la télékinésie.
La guerre des cerveaux est à la fois un film
d’anticipation fantastique et une enquête policière
pour découvrir l’identité du tueur qui décime l’un
après l’autre les membres du groupe de scientifiques
à l’origine de recherches sur les pouvoirs de l’esprit.
Le début du film est à ce titre assez réussi, puisqu’on
se retrouve dans une ambiance de centres de
recherches scientifiques à l’image du Voyage
fantastique. Une atmosphère très sixties qui sied
bien à ces films au charme suranné d’une SF encore
naïve et innovatrice. De la même manière, la scène
de télékinésie prouvant qu’un personnage autour de
la table est supérieurement doué, est vu comme une
séance de spiritisme faisant définitivement basculer
le film vers le fantastique.
Progressivement, le métrage se transforme en
thriller. Jim Tanner décide de partir à la recherche du
mystérieux Adam Hart, personnage clé et
énigmatique semblant manipuler son entourage. En
chemin, il se sentira observé, attaqué par une force
101
indicible lui donnant des hallucinations, notamment
dans une fête foraine. Toute la partie manipulation
mentale, troubles visuels et hallucinations de l’esprit
est très intéressante parce qu’elle joue sur les sens,
et on pense à des films comme Scanners de
Cronenberg ou Furie de De Palma. En revanche,
toute la partie policière au milieu du film est un peu
en dessous en comparaison avec le sujet initial, et se
perd en intensité lors de scènes de dialogues qui
cassent un peu le rythme du film.
Côté casting, on retrouve le jeune premier au
brushing pimpant George Hamilton (Le vampire de
ces dames) dans le rôle de Jim Tanner associé à sa
plus que collègue Margery Lansing, Suzanne
Pleshette (Les oiseaux). On remarquera aussi la
présence
d’Yvonne
de
Carlo
(Les
dix
commandements) mais surtout de Michael Rennie,
le célèbre Klaatu de Le jour où la Terra s’arrêta,
qui apporte ici sa carrure longiligne.
Au final, La guerre des cerveaux est un film
agréable à suivre, auquel il manque un souffle
totalement fantastique pour lui accorder le rang de
culte, en développant encore plus tout le pan de la
science-fiction comme dans La grande menace de
Jack Gold. Néanmoins, ce film peu connu est
hautement recommandable et mérite d’être vu
comme un exemple d’une SF intelligente et réflexive.
NOTE : 4 /6
HOUSE OF THE DEVIL
Ti West - 2009 - USA
RESUME : Samantha tombe par hasard sur une offre
pour du babysitting. Samantha découvre alors une
maison étrangement calme et se retrouve
embarrassée quand le propriétaire des lieux lui
avoue que les tâches qu’elle doit accomplir sortent
un peu de la norme du gardiennage.
MON HUMBLE AVIS
Ti West s’est fait une place de choix dans le monde
des productions horrifiques à petit budget. Après son
1eressai plutôt convaincant The Roost, il subit une
mauvaise expérience avec la suite de Cabin fever,
pour laquelle il s’accoquina à un studio pour un
résultat pas des plus mémorables.
Retour à l’indépendant avec ce House of the devil
qui sent bon les années 70 et le début des 80’s alors
qu’il date de 2005. A l’instar de la reconstitution de
cette époque faite par James Wan pour The
Conjuring, le film se pare des oripeaux d’un cinéma
d’une autre époque. Décors, coiffure, vêtements et
même la musique sont au diapason d’un métrage
tourné avec les techniques d’antan. Cet ensemble
réussi donne une ambiance bien particulière au film
comme s’il était le rejeton assumé d’un Amityville
et de Rosemary’s baby.
Plongé dès le très beau générique d’ouverture dans
un film old-school, le spectateur ne peut être
qu’ébloui par le cachet et la patine du métrage qui
semblent tout droit sortis du passé. Une 1ère partie
certes un peu lente (c’est aussi une caractéristique
du cinéma de Ti West) qui a le mérite de caractériser
les personnages et de mettre en place une histoire
totalement crédible (le film est annoncé basé sur une
histoire vraie, pratique courante des années 70).
La 2epartie démarre plus fort avec l’arrivée de
Samantha devant la maison où elle est censée faire
son babysitting. Le ton se fait plus sérieux, entre ses
rencontres avec des personnages énigmatiques et
les propriétaires de la maison, les Ulmans, couple à
l’allure très étrange, presque lynchéenne. Une
tension feutrée, palpable, perclus d’accès de violence
qui font voler en éclat l’apparente harmonie des
lieux. Une maison grande et ancienne, comme
hantée par de terribles secrets et qui ajoute à
l’atmosphère lugubre de l’ensemble.
Quand Samantha découvre les réelles intentions de
ses hôtes, le mal est déjà fait. Le métrage enchaîne
alors les confrontations brutales et sanglantes. Car
House of the devil est avant tout un film
d’épouvante à l’ancienne, qui prend son temps, mais
n’hésite pas à taper fort quand il le faut. Entre secte
sataniste et slasher, le film est un condensé de
plusieurs influences qui pourront rebuter certains,
mais qui pour d’autres, les renverront 30 ou 40 ans
en arrière.
NOTE : 4 /6
102
HUIS-CLOS
Jacqueline Audry - 1954 - France
RESUME : Un groupe de damnés arrive aux portes
de l'Enfer : un hôtel désuet. Trois d'entre eux sont
enfermés dans un même salon. Chacun évoque sa
vie, mais de brèves apparitions de leur existence,
démentent leurs propos.
MON HUMBLE AVIS
Huis-clos est la transposition au cinéma de la pièce
de théâtre éponyme de Jean-Paul Sartre. Ce dernier
ayant participé à l’adaptation et aux dialogues avec
Pierre Laroche qui n’est autre que le mari de la
réalisatrice Jacqueline Audry. Une des rares femmes
cinéastes de cette époque à qui l’on doit entre Les
malheurs de Sophie ou Le secret du chevalier
d’Eon.
Comme son nom l’indique, Huis-clos de déroule
quasi exclusivement dans une seule pièce, même si
la première scène montre l’arrivée des nouveaux
"élus" en enfer par une réception d’hôtel faisant
office d’antichambre de l’au-delà, avec groom à
l’entrée et garçons d’étage. Comme si les vacanciers
prenaient possession de leur chambre, les damnés
sont répartis dans une pièce. Alors que les
personnages s’attendent à trouver des objets de
torture et les flammes de l’enfer, les voilà au milieu
d’une chambre plutôt cossue avec comme seuls
mobiliers trois canapés. Si le postulat de départ est
fantastique, les seuls effets visuels du film se
limiteront à des miroirs qui ne réfléchissent plus les
images et à une fenêtre se transformant
régulièrement en écran de cinéma. De petits films
illustrant l’après mort des trois personnages et les
conséquences sur les vivants et permettant surtout à
la réalisatrice des respirations salvatrices pour sortir
de l’ornière du théâtre filmé où apparaissent les
juvéniles Nicole Courcel et Danielle Delorme.
En tête d’affiche de Huis-clos, on reconnaît Arletty,
éternelle Garance des Enfants du paradis, dans le
rôle d’Inès en employée des Postes qui ne cache pas
son attirance pour les femmes, et notamment pour
Estelle (Gaby Sylvia, vue dans Nous irons tous au
paradis). Une mondaine au manteau de fourrure
clinquant qui cherche quant à elle à se rapprocher de
Garcin révolutionnaire fusillé (Franck Villard,
apparaissant dans de nombreux seconds rôles tels
que Le cave se rebiffe). Un trio qui a bien du mal
à cohabiter du fait d’extractions sociales différentes
et de caractères opposés. Comme la pièce de
théâtre, le film se résume alors à des joutes verbales
tentant d’analyser la situation et de s’échapper.
Huis-clos vaut ainsi surtout pour ses dialogues bien
troussés où la voix gouailleuse et parigote d’Arletty
(elle se permettra même de pousser la
chansonnette), en lesbienne assumée, vient fissurer
les certitudes des deux autres convives.
Autre
élément
sympathique,
les
entrées
intempestives du majordome débonnaire (Yves
Deniaud, qui donna la réplique à Louis Jouvet dans
Knock) à la langue bien pendue, comme tout droit
sorti d’un film d’Audiard. Entrecoupées de séquences
extérieures, le film ne sombre pas pour autant dans
la redite et constitue une alternative acceptable à la
pièce de théâtre (même si la puissance théâtrale doit
exacerber le texte de Sartre). Sans atteindre les
sommets du cinématographe, Huis-clos est assez
représentatif d’un cinéma fantastique à la française
de cette moitié de XXe siècle, à la fois social et
poétique. Une histoire où Sartre nous explique qu’il
n’y a pas besoin du feu de l’enfer pour damner ses
personnages. Les rassembler dans une pièce pour
l’éternité suffit pour engendrer une torture mentale
commune. Quand la promiscuité et le regard de
l’autre deviennent un enfer. Si c’est ça l’enfer, vaut
mieux encore aller au paradis...
NOTE : 3+/6
ICEMAN 3D
Law Wing-Cheong - 2014 - Hong-Kong
RESUME : Un garde impérial et ses trois amis
d'enfance ayant comme mission de le traquer sont
accidentellement enterrés et enfermés dans la glace
à l'abri du temps. 400 ans passent et alors qu'ils sont
enfin décongelés, la bataille peut reprendre.
103
MON HUMBLE AVIS
Comment une des plus grosses productions
cinématographiques Hong-kongaise peut engendrer
un tel fatras de connerie ? La réponse se trouve dans
ce remake d’un film de 1989 (Iceman cometh avec
Maggie Cheung et réalisé par Clarence Fok) où le
budget a explosé pour aboutir à un ratage sur toute
la ligne (sachant qu’il doit y avoir une suite...). Il faut
dire que le réalisateur Law Wing-Cheong, passé chez
Johnnie To en tant qu’assistant tout de même, n’est
pas aidé par un scénario perdu entre non-sens et
ridicule.
Parce qu’il a été emprisonné dans les glaces,
Iceman 3D commence par le réveil et l’arrivée de
He Ying (Donnie Yen) dans notre monde
contemporain à grand renfort d’éclairs très années
80 comme dans un vrai faux plagiat de Terminator.
Petite différence, mais de taille, notre Hibernatus
va uriner comme s’il possédait une lance à incendie.
Une séquence au bon goût revendiqué et qui
préfigure bien ce que sera la suite du métrage.
Soulagé, notre héros saute sur un bus pour se
déplacer à travers la ville (il utilisera ce moyen de
locomotion dès qu’il pourra). Et c’est parti pour un
festival d’action boursouflée, de dialogues insipides
et de scènes grotesques. Le tout noyé dans un
humour au ras de la bouche d’égout voire plongeant
littéralement dedans quand He Ying, poursuivi par la
police, lâche ses plus beaux excréments dans les
toilettes pour les faire exploser comme une bombe
puante se déversant avec bonheur sur les
personnages ahuris (400 ans de merde concentrée,
faut comprendre aussi...).
Même les reconstitutions historiques sont grotesques
à l’image de celle qui voit He Ying se battre avec
deux ennemis et s’échapper en faisant du bouclier
des neiges comme dans une parodie de James
Bond. Et encore, il y a bien pire quand ce pauvre
Donnie Yen (loin de ses rôles dans Ip man ou SPL)
cabotinant comme un âne enragé, découvre les
nouvelles technologies, entre la nana hystérique qui
s’est prise d’affection pour lui et son collègue homo
maniéré. Jouant sur les anachronismes de la
rencontre avec une télévision ou une tablette
numérique, le film tombe dans la comédie de
boulevard niaise comme un vulgaire ersatz des
Visiteurs qui aurait bu l’eau des toilettes et de L’île
aux enfants... Pour le reste, le scénario se résume
à une course-poursuite entre He Ying et ses deux
adversaires eux aussi revenus du passé, de gags
gênants et de situations improbables (Donnie Yen
n’a jamais vu une tablette de sa vie mais est
néanmoins capable de surfer sur le net comme un
geek).
Si les scènes d’action sont assez efficaces (la baston
dans la boîte de nuit), la dernière bobine envoie du
lourd en confrontant nos trois soldats de la garde
impériale sur le pont Tsing Ma Bridge. Enfin, sur une
reproduction qui aurait coûté 50 Millions faute
d’autorisations des autorités locales (syndrome Les
amants du pont neuf). Affublées de leurs armes
respectives (mais comment sont-elles arrivées là ?),
les trois assaillants s’en donnent à cœur joie dans un
déluge d’effets visuels outranciers (3D oblige), de
ralentis, au milieu d’un amas de voitures accidentées
sous les yeux médusés des conducteurs et du
spectateur qui se demande encore pourquoi Donnie
la menace chevauche ce cheval blanc en parant les
balles avec une chaîne...
Au final, Iceman 3D est vraiment à prendre au
15edegré pour apprécier ce spectacle oscillant entre
La cage aux folles, Austin Powers et Les
Visiteurs. Après tout pourquoi pas, mais ce
blockbuster botoxé aux dollars Hong-kongais n’est
même pas vraiment divertissant mais plutôt
consternant. A moins d’adhérer à l’humour
scatologique et à l’épandage de matière fécale.
NOTE : 2 / 6
LEFT BEHIND (LE CHAOS)
Vic Amstrong - 2014 - USA
RESUME : Un petit groupe de personnes tente de
survivre après la disparition de millions de gens dans
le monde.
MON HUMBLE AVIS
Depuis plusieurs années, Nicolas Cage est enfermé
dans une centrifugeuse à mauvais films (Ghost
Rider, Hell Driver...) où il semble condamné à
104
tourner des DTV entre la Bulgarie, la Moldavie, la
Roumanie... enfin dans tous les pays de l’Est
finissant en « i ». De temps en temps, il s’en extirpe
et montre qu’il peut être un bon acteur (Leaving
Las Vegas, A tombeau ouvert ou récemment
Joe).
C’est certainement l’appât du gain qui explique la
participation de ce bon Nicolas à ce nanar, qui en
plus d’être mauvais, distille un discours religieux
nauséabond. Adapté d’une série de livres écrite par
Jerry B. Jenkins et Tim LaHaye, proches d’une
mouvance évangélique apparemment sectaire, le film
n’est qu’un prêchi-prêcha annonçant la fin du monde
où seuls quelques élus seraient sauvés. Ca ne nous
rappellerait pas le très mauvais, à tous les sens du
terme, Battlefield Earth, issu des livres de Ron
Hubbard ? Comme son illustre aîné, au vu de son
manque de qualité, Left behind ne risque pas de
faire basculer le spectateur dans le radicalisme.
Formellement, le film fait peur du fait d’une
photographie terne de téléfilm, d’acteurs de seconde
zone et d’une musique d’ascenseur. Les ingrédients
sont donc réunis pour passer un dimanche aprèsmidi sur une chaîne de la TNT. Et encore, eut-il fallu
qu’il se passât quelque chose dans les 40 premières
minutes. L’encéphalogramme reste définitivement
plat entre atermoiements amoureux, dialogues sans
intérêt et relents de réflexions religieuses. Le seul
moment intéressant intervient donc quand presque
tous les enfants disparaissent d’un coup comme
volatilisés, laissant leurs vêtements sur place (on se
souvient que la récente série The Leftovers est
basé sur le même concept).
Comme le scénario n’a rien prévu (c’est ballot), tout
le monde court partout en criant à la recherche des
disparus. La mise en scène (façon de parler) oscillera
par la suite entre le huis-clos à l’intérieur de l’avion
piloté par Nico (qui a un peu l’air de s’ennuyer) et sa
fille restée au sol au milieu du chaos. Alors que la
Terre part en sucette, les rescapés de l’avion se
perdent en conjecture sur les origines divines du
phénomène pour en conclure que c’est le début de
l’Apocalypse, et de se rendre compte que les
religieux avaient raison. En attendant, Nico la
Menace essaie de calmer tout le monde et évite
même un avion de justesse arrivant face à lui dans
une scène que n’auraient pas renié les scénaristes de
Fast and Furious.
Au final, Left behind s’apparente à une épreuve
biblique sur l’Apocalypse, prosélyte mais qui rate sa
cible à cause d’un traitement ridicule, d’un script
paresseux et d’une réalisation télévisuelle. J’imagine
que notre Nico pas national a encore des dettes à
éponger, mais s’il pouvait s’abstenir d’apparaître
dans le prochain Ghost Rider ou Dernier
templier, nous lui en serions tous reconnaissants.
NOTE : 1 /6
LUCY
Luc Besson - 2014 - USA/France
RESUME : A la suite de circonstances indépendantes
de sa volonté, une jeune étudiante voit ses capacités
intellectuelles se développer à l’infini. Elle "colonise"
son cerveau, et acquiert des pouvoirs illimités.
MON HUMBLE AVIS
Plus gros succès du cinéma français dans le monde
avec plus de 450 M de recettes, dont 126 M aux
States et 5 millions d’entrées dans l’hexagone, Lucy
a reçu des monceaux de haine par les critiques à la
mesure de ce qu’il avait rapporté. Le film valait-il ce
torrent de merde déversé sur le réalisateur du
Dernier combat et d’Angel A ?
Soyons honnête, dans sa première partie, le film de
Luc Besson est loin d’être une purge. Délaissé de
son humour de calbut usagé et de sur-découpages
intempestifs, Lucy se laisse suivre dans une entame
voyant Scarlett Her Johansson se faire empapaouter
par un parrain de la mafia Taïwanaise, Choi Old boy
Min-sik. Devenue une mule, son paquet de drogue
(la CPH4) se désintégrera en elle pour la transformer
en X-Woman aux capacités cérébrales hyper
développées. Confuse, Scarlett/Lucy est plutôt
crédible dans son rôle de paumée devenue géniale
(un peu comme dans Le cobaye). Son objectif
devenant de contacter le Professeur Norman
(Morgan Freeman en pilotage automatique, la faute
à un personnage pas très travaillé) spécialiste du
cerveau.
Certes, Besson ne fait pas dans la subtilité comme
avec la comparaison des prédateurs et l’accentuation
du côté caricatural des méchants. Pourtant, sans
être transcendante, sa caméra souple et son histoire,
simple mais efficace, donnent le change pendant une
première partie dynamique et bien retranscrite à
l’écran, à tel point que l’on se demande ce qui est
arrivé au papa des Minimoys. Alors que le film tient
105
à peu près la ligne de flottaison d’un actionner
fantastique aux effets visuels réussis, Lucy plonge
tout à coup dans les abysses du nanaouette
(contraction de "nanar" et « cacahuète ») avec la
course-poursuite dans les rues de Paris. Une
séquence aux relents de Taxi et du Transporteur
où les bagnoles volent et l’image s’accélère faisant
voler en éclats toute la construction du début. Le
scénario fait alors une embardée définitive et vient
s’écraser sur le mur de l’Université où le film se
terminera.
Retrouvant ses instincts primaires, le mogul du
cinéma français n’y va pas avec le dos de la cuillère
dans une Sorbonne transformée en champs de
bataille où une vingtaine d’asiatiques sur-armés
(jusqu’au bazooka présent dans tous ses films) y
pénètrent pour dégommer de la flicaille française. Et
encore ce ne serait rien si la pauvre Scarlett,
devenue une sorte de Dieu incarnée, ne remontait le
temps dans un déluge d’effets spéciaux pour aller
effrayer quelques dinosaures (!) et toucher le doigt
de Lucy, notre ancêtre simiesque, dans une pose
rappelant le plafond de la chapelle Sixtine (!!!). Une
séquence confinant au ridicule alors que le film
traitait du développement et des possibilités
d’utilisation du cerveau. Omnisciente, Lucy finit en
clé USB. On se dit alors que le réalisateur est passé
à côté de son sujet en privilégiant une approche de
film d’action spectaculaire au détriment d’une
réflexion plus pointue sur les mystères de l’esprit.
NOTE : 3-/6
MACISTE CONTRE ZORRO
Umberto Lenzi - 1963 - Italie
RESUME : Après la mort d'un roi, deux héritières se
disputent le trône et sont à la recherche du
testament. L'une d'elles décide de faire appel à Zorro
pour l'aider et l'autre à Maciste.
MON HUMBLE AVIS
Créer un cross-over entre le péplum et le film de
cape et d’épée était la gageure que nous promettait
cet improbable Maciste contre Zorro. Et pourtant,
Umberto Lenzi transforme l’essai avec cette bande
certes fantaisiste mais 0 combien réjouissante.
Même si ce dernier n’a réalisé qu’une dizaine de
films à cette époque, Umberto Lenzi se fera
connaître dans plusieurs genres comme le
fantastique avec Au pays de l’exorcisme, le film
de cannibale avec Cannibal Ferox ou de zombie
avec L’avion de l’apocalypse. Des titres de
références dont les prémisses apparaissaient peutêtre déjà dans ce film d’aventures de 1963.
Malgré son postulat de départ totalement
anachronique faisant cohabiter l’hispanisant Zorro au
"péplonien" Maciste, le film reste cohérent et
bénéficie d’un traitement suffisamment sérieux pour
fonctionner. En effet, Maciste contre Zorro est une
vraie bande d’aventures old school où fusionne des
genres différents de manière amusante et réussie.
Une bonne humeur générale enserrée dans un
scénario plutôt simple mais non dénué d’intérêt
permettant aux personnages de déployer une
énergie communicative. La mise en scène de Lenzi
et son Technicolor magnifique embellissent les
d’affrontements décalés entre un Maciste torse poil,
les soldats façon mousquetaire de la malfaisante
Malva et l’acrobatique Zorro.
Le film bénéficie aussi des formes généreuses d’Alan
Steel (alias Sergio Ciani vu dans Sanson contre
Hercule) dans le rôle de Maciste, perpétuant ainsi la
tradition des bodybuildeurs musculeux évoluant dans
les péplums européens. Il est plus là pour sa carrure
que pour son jeu et on se demande encore comment
il passe inaperçu dans les rues de la ville (il revêtira
néanmoins un marcel en cuir pour faire plus
habiller). Sans oublier la prestation tout en subtilité
de Pierre Brice, éternel héros indien dans la série de
western germaniques des Winnetou. Chacun des
deux héros aura son moment de gloire à l’écran lors
de scènes d’action bien menées jusqu’à un duel
fratricide et drôle en pleine campagne où Zorro
sortira son épée et Maciste sa grosse poutre (une
vraie poutre hein...).
Parce qu’au départ, les deux comparses sont
opposés. Maciste est envoyé par Malva pour
récupérer et détruire le testament prouvant que sa
rivale Isabella doit accéder au trône de Nogara.
Cette dernière a sollicité Zorro pour l’aider dans sa
quête. Une confrontation basée sur un mensonge
(Maciste est manipulé) qui engendrera une multitude
d’affrontements, de trahisons et de scènes fort
106
sympathiques convoquant tous les ingrédients
inhérents à ce genre de films. Ainsi, Zorro virevolte
comme un beau diable au milieu d’assaillants où son
épée fait mouche tandis que Maciste utilise sa force
herculéenne pour se dépêtrer de situations
périlleuses. Il est enchaîné dans une prison avec un
crocodile censé être vivant (ou il est en carton) qu’il
enverra ad patres d’un coup de pierre en
polystyrène. La bonne idée du film est de ne pas
cantonner Maciste à un rôle d’idiot du village
uniquement mû par sa force. Il est intelligent, rusé
et utilise même son charme auprès d’une servante
pour pénétrer le château à la fin du film. Un final qui
verra enfin nos deux héros s’associer et se battre
ensemble pour découper pour l’un et désosser pour
l’autre du soldat.
Au final, Maciste contre Zorro est un spectacle
divertissant qui parvient à faire exister deux
personnalités qui n’auraient jamais dû se rencontrer.
Umberto Lenzi prend au sérieux ses personnages,
même si l’humour est toujours très présent, et rend
crédible un projet qui, sur le papier, ne semblait pas
envisageable. Bien rythmé, jamais ennuyeux,
Maciste contre Zorro est un bon film de cape et
d’épée où se serait perdu un héros antique glabre et
barbu pour notre plus grand plaisir.
NOTE : 4/ 6
MALEFIQUE (MALEFICENT)
Robert Stromberg - 2014 - USA
RESUME : Maléfique est une belle jeune femme au
cœur pur qui mène une vie idyllique au sein d’une
paisible forêt dans un royaume où règnent le
bonheur et l’harmonie. Un jour, une armée
d’envahisseurs menace les frontières du pays...
MON HUMBLE AVIS
Depuis ses premières œuvres innocentes et destinés
aux enfants, Disney a bien évolué en devenant plus
adulte. Sa filiale cinéma lui servant désormais à
promouvoir des productions, certes toujours à
destination de la famille, mais aux relents sombres,
modernes dans son approche de la vie. Ainsi, la
firme aux grandes oreilles se réapproprie les mythes
et les contes qui ont fait d’elle ce qu’elle est. Grâce
aux succès de films tels que le sympathique
Blanche Neige et le chasseur, relecture guerrière
du conte pour enfants, les studios se lancent ici un
peu le même défi avec cette adaptation de la belle
aux bois dormants.
Il faut dire que le revival de l’heroïc-fantasy initié par
Le seigneur des anneaux, est à l’origine
aujourd’hui d’une foultitude de titres transportés de
facto
dans
un
univers
fantastico-médiéval.
Maléfique ne réchappe pas à l’avalanche en
transposant le monde du conte bien connu pour
enfants sur les terres balisées par ses prestigieux
prédécesseurs. Le film est à la fois peuplé de
créatures merveilleuses ainsi que de belliqueux
chevaliers (le visuel et les enjeux sont proches du
Monde de Narnia), rehaussé par une violence
visuelle cherchant à ancrer le métrage dans une
réalité quotidienne (on pourrait ajouter la version
ratée de La Belle et la bête de Christophe Gans).
Si la voix-off renvoie directement aux contes de fées,
Maléfique bascule rapidement dans un fantastique
graphique post-moderne avec comme figure de
proue une Angelina Jolie (Tomb Raider) en vraie
fée du hobby, batifolant au milieu d’un monde
féerique peuplé de monstres gentils (tiens, j’ai pas
vu Casimir). Une composition toute en retenue pour
la petite fée ailée aux grosses lèvres et au visage
émacié, basculant vers le côté obscur de la baguette
suite à une trahison sentimentale, faisant apparaître
son âme noir de sorcière. On retrouve dans le rôle
d’Aurore, la narcoleptique, Elle Fanning, vue dans
Super 8 (et sœur du bien connu IL). Elle apporte
son visage poupin et son sourire niais à ce
personnage de conte ici placé au second plan. Face
aux deux rôles féminins, Sharlto Copley donne toute
la mesure de son cabotinage entrepris depuis sa
découverte dans District 9.
La première partie du film est visuellement
magnifique du fait d’effets spéciaux particulièrement
réussis et décrivant parfaitement un monde cohérent
et enchanteur. On est proche de toutes les
productions fantastiques récentes aux allures
héroïques notamment lors de l’affrontement violent
de l’armée du Roi (dont on notera les très belles
armures. Excalibur forever !) avec les troupes de la
forêt composée de toutes sortes de créatures,
comme ces hybrides centaures-arbres lorgnant
fortement du côté des Ents. Si par la suite, le récit
107
plus classique reprend ses droits (les costumes de
Maléfique ressemblent à ceux du dessin-animé de
Disney), force est de constater que le film est assez
agréable à suivre malgré l’abattage intempestif et
neuneuisant des trois petites fées, où on reconnaît la
vénéneuse Juno Temple (Killer Joe).
On se prend même à penser à une œuvre subversive
quand le Prince charmant ne parvient pas à réveiller
Aurore de son sommeil éternel, au détriment de la
sorcière qui, d’un baiser lesbien, lui permettra de
revenir du pays des songes. Une ambivalence des
genres entretenue tout au long du film, à l’instar
d’une vision très moderne des contes, comme si
l’imaginaire disparaissait peu à peu pour laisser la
place à une réalité finalement très terre à terre (on
me dit d’ailleurs qu’on aurait vu le Prince charmant
nu et à califourchon sur l’âne de Shrek).
Maléfique tient donc la route, toujours pavée de
bonnes intentions pour ceux qui ont gardé leur âme
d’enfant, mais dévie par instant son chemin vers les
sentiers de la fantaisie et de l’aventure pour le
bonheur du spectateur adulte (certes déviant dans
mon cas, puisque j’attends toujours une version hard
de Le prince charmant, Casimir et son âne…).
Note : 4 / 6
MERCY
Peter Cornwell - 2014 - USA
RESUME : Peu de temps après s'être installés chez
elle avec leur mère, deux garçons découvrent que
leur grand-mère est en réalité une sorcière ayant
passé un pacte avec un démon.
possession démoniaque et de la sorcellerie en
provenance
directe
de
l’écurie
Blumhouse,
pourvoyeuse de pouliches de concours comme
Sinister ou de canassons proches de l’abattoir à
l’image de Paranormal activity, et drivé par le
jockey ayant déjà œuvré sur Le dernier rite.
Bien loin des envolées fumeuses et sataniques de
The Lords of Salem, le film s’attache à décrire la
vie d’une famille et notamment de la relation entre
Georges (Chandler Riggs, le fils belliqueux de Rick
dans The Walking dead) et sa grand-mère, Mercy
(Shirley Knight, vue dans Elevator), sous
tranquillisants dans un hôpital psychiatrique. Une
fois cette dernière revenue chez elle sous la
surveillance de sa fille et de ses deux enfants dont le
petit Georges, les manifestations étranges se font
plus prégnantes, d’autant plus avec la découverte du
livre des pleurs, ferment des malheurs familiaux.
Passée une première scène tranchante et efficace,
Mercy se fera plus sobre dans sa trame et sa mise
en place des protagonistes dans laquelle on
reconnaît Dylan McDermott (Les Messagers) ou
encore Mark Duplass (The Lazarus effect) dans
des seconds relativement anecdotiques. Un peu à
l’image de ce film qui a du mal à trouver son rythme
de croisière entre l’étude psychologique sur les
rapports familiaux et l’épouvante pur jus, symbolisée
par cette grand-mère qui, lorsqu’elle ne se pique
pas, se prend pour une Tatie Danielle sous acide.
Le film prend donc son temps pour créer un climat
anxiogène dans cette vieille demeure, trônant seule
en haut d’une colline où le malin a pris possession
de Mercy.
Le problème du film est qu’on a toujours un coup
d’avance sur les personnages au fur et à mesure où
Georges et sa famille découvrent l’origine de cette
malédiction démoniaque. Les scénaristes multiplient
alors les figures imposées avec morts mystérieuses
et intervention d’un prêtre au courant de l’affaire, au
milieu d’une réalisation correcte mais sans génie,
n’abusant pas néanmoins de jumps scares
inopportuns. Des enjeux esquissés sans être
réellement aboutis jusqu’à un climax survolté et un
peu grand-guignolesque à la Insidious, où Mercy
se transforme en super mamie de l’enfer, vociférant
et gesticulant pour occire le pauvre George.
Au final, même si le film ne casse pas trois bras à un
cadavre, Mercy peut satisfaire le chaland aimant les
mémés sataniques, les pentagrammes sur le sol et
les livres démoniaques dans une ambiance bucolique
de campagne américaine.
NOTE : 3 /6
MON HUMBLE AVIS
Adapté d’une nouvelle de Stephen King, Mercy est
un petit film d’épouvante autour du thème de la
108
ONLY LOVERS LEFT ALIVE
Jim Jarmush - 2014 UK/Allemagne/France/Chypre
RESUME : A Détroit et Tanger, Adam, un musicien
underground, profondément déprimé par la tournure
qu’ont prise les activités humaines, retrouve Eve, son
amante, une femme endurante et énigmatique. Leur
histoire d’amour dure depuis plusieurs siècles, mais
leur idylle débauchée est bientôt perturbée par
l’arrivée de la petite sœur d’Eve, aussi extravagante
qu’incontrôlable.
MON HUMBLE AVIS
Jim Jarmush est un réalisateur à la carrière atypique
et étrange. Filmant peu, on lui doit une œuvre
éclectique nourrie par des influences (et des
substances ?) diverses et variées comme le montrent
des titres comme Dead man, Ghost dog, Broken
Flowers ou The limits of control. Alors, est-ce si
bizarre de le voir écrire et réaliser une histoire de
vampires ? Pas vraiment, puisqu’il excelle quand il
détaille la vie de personnages différents, de
marginaux, même si le résultat n’est sans doute pas
à la hauteur de ses précédents essais.
Certes, on retrouve bien le style éthéré de Jarmush,
ses longs plans comme l’ouverture en plongée sur
les deux vampires. Une photographie magnifique et
stylisée qui a du mal à relever un scénario trop
enclin à se regarder lui-même. Parce qu’ici l’aspect
vampirique n’est qu’un prétexte, un contexte social
servant à présenter deux êtres en marge de la
société. Deux parias vivant chacun de leur côté entre
Détroit et Tanger et obligés de se nourrir grâce à la
complicité
de
quelques
humains
(appelés
paradoxalement « zombies ») comme de simples
drogués allant quémander leur dose quotidienne, à
tel point que le réalisateur utilise très peu d’effets
visuels.
Les deux vampires sont bien éloignés des suceurs de
sang modernes qu’on nous présente habituellement.
Frêles et maladifs, ils trimbalent maladroitement leur
carcasse diaphane tout en discutant de musique, de
littérature et de physique quantique. Des vampires
au dandysme exacerbé qui confinent parfois au
snobisme et à un élitisme qui peut éloigner le
spectateur de leur sort. Dans le rôle d’Eve, Tilda
Swinton
(Snowpiercer)
apporte
son
aura
blanchâtre et son physique très particulier à son
personnage de vampire amoureuse d’Adam (pas très
subtil tout ça), un Tom Hilddeston (Thor) en mode
grundge, sorte de Curt Cobain maudit passant son
temps à composer de la musique et à disserter sur la
forme et l’origine d’instruments de musique.
Quand il se fait lent et poétique, Only lovers left
alive est une histoire d’amour entre deux êtres à la
condition éternelle, mais quand il se fait plus
prosaïque, les seuls enjeux du film renvoient à la
quête de nourriture. Du coup, par moments, le film
flotte un peu au gré des errances des personnages,
malgré tout chamboulé par l’arrivée de l’horripilante
sœur d’Eve, Ava (Mia Wasikowska vue dans Maps
to the stars) dont les faits et gestes très prévisibles
ne parviennent pas vraiment à dérider nos deux
noctambules (ils craignent forcément le jour). Des
seconds rôles qui n’amènent pas beaucoup plus de
profondeur au film comme le personnage de John
Hurt (Harry Potter), vieux vampire fatigué ayant
rédigé les œuvres de Shakespeare.
Au final, Only lovers left alive laisse un goût
étrange en bouche. A la fois esthète, voire arrogant
dans certaines scènes, il peut se faire plus doux, et
dégager une fragrance cotonneuse notamment sur la
fin du film se passant à Tanger. Perdus dans les
ruelles de la ville, les deux amants s’offrent à la ville
au milieu d’un dédale poétique à l’image de la
séquence de la chanteuse dans le bar. Dommage,
que tout le métrage n’ait pas eu les mêmes contours
aériens, la même ambiance décalée au détriment de
passages trop bavards car, visuellement, Jim
Jarmush montre qu’il est un sacré réalisateur.
Note : 3/ 6
OUTPOST 37
Jabbar Raisani - 2014 - UK/Afrique-du-Sud
RESUME : 2021. Première invasion extra-terrestre.
La plupart des grandes villes du monde ont été
détruites. Les survivants ripostent à travers le
monde. 2031. Une équipe de tournage suit le 37e
régiment, une troupe de soldats d’élite, jusqu’à l’un
des plus dangereux avant-postes de la résistance.
109
budget, certainement peu conséquent, et s’avère
généreux sur l’action et les effets visuels, en
particulier des vaisseaux spatiaux au design très
réussi (ils sont proches de ceux de Skyline). Le
scénario reste ainsi basique mais prend une tournure
plus science-fictionnelle et horrifique sur la fin
lorsque la troupe pénètre le vaisseau-mère relançant
le suspens et l’intérêt du spectateur.
Au final, Outpost 37 est plus divertissant et réflexif
que ne laissait présager le sujet et son traitement.
Le film reste néanmoins bien bourrin et ouvre
certaines pistes plus ou moins bien développées. A
voir quelques images post-générique annonçant une
suite possible au film.
MON HUMBLE AVIS
Outpost 37 (aussi titré Alien Outpost) est
construit comme un faux-documentaire, basé sur le
reportage d’un avant-poste de l’armée protégeant
l’humanité des aliens abandonnés par leurs
congénères partis en catastrophe 10 ans plus tôt. A
l’instar d’un documentaire dans une unité militaire,
on a droit à des images d’immersion lors de sorties
terrains, entrecoupées d’entretiens individuels des
soldats pour apporter des explications et donner un
côté véridique à l’entreprise, voire empathique.
Ce procédé n’est pas sans rappeler World invasion
battle Los Angeles de Jonathan Liebesman en
2011 qui suivait déjà une troupe au cœur des
combats contre des aliens, mais on pense surtout à
District 9 avec lequel il entretient des liens étroits
sur l’aspect documentaire et le fond social. Une des
différences vient du fait que Jabbar Raisani utilise le
found footage (deux journalistes sont présents)
même si la véracité du filmage est biaisée par
l’assemblage de plusieurs angles trop bien placés
pour nous faire croire au concept (pour une fois que
les images ne sont pas épileptiques !), notamment
lors des fusillades.
Pendant la 1ere demi-heure, on ne voit pas grandchose, surtout ces fameux aliens entre-aperçus par
le biais de flashbacks discrets et on se dit que le
budget doit contraindre le film au strict minimum.
Pourtant, progressivement, Outpost 37 prend un
peu plus de consistance suite aux attaques de la
population locale et du réveil d’aliens toujours aussi
belliqueux. Certes, on n’est pas dans Terminator,
mais le film se laisse suivre sans déplaisir car,
indiciblement, on s’attache à ces militaires perdus
dans la campagne d’un pays du Moyen-Orient.
D’autant plus que le film développe des thématiques
intéressantes à l’image de la population autochtone
semblant être contrôlée par les aliens plus ingénieux
que leur physique ne le laisse transparaître. Et
comment ne pas voir dans le métrage une résonance
particulière avec les conflits mondiaux actuels
(l’action se situe au Moyen-Orient), un peu comme le
sous-texte de District 9. Si les scènes de fusillades
ne sont pas très réalistes (peu de blessés malgré la
technologie alien), Outpost 37 utilise au mieux son
NOTE : 4-/ 6
La prison du viol (Jackson
county jail)
RESUME : Injustement emprisonnée dans une petite
ville du sud des Etats-Unis et violée par un policier,
une jeune femme parvient à s'enfuir avec son
compagnon de cellule.
MON HUMBLE AVIS
Il ne fait décidément pas bon se perdre dans les
campagnes ricaines car, si on résiste aux crocodiles
et aux moustiques, il faut encore échapper aux
locaux dégénérés qui hantent les lieux. Parce que le
redneck, malgré son intelligence réduite, noyaute
tous les étages de la société. Toute la population
semble ainsi atteinte de débilité congénitale. Ils sont
soûlards, violeurs et souvent armés. Pire encore, ils
composent aussi la police du coin…
110
C’est ce que la jeune Dinah Hunter, interprétée par
Yvette Mimieux (La machine à explorer le temps,
Le trou noir) va découvrir à ses dépens. Sous la
houlette du producteur Roger Corman et la caméra
de Michael Miller, qui réalisera aussi Silent Rage
(un film d’horreur datant de 1983), La prison du
viol est un film d’exploitation de 1976 assez
classique sur la forme où on retrouve la figure de la
femme persécutée, aidée par un allié de
circonstance, Coley Blake (le jeune et déjà
formidable Tommy Lee Jones bien avant ses
collaborations au Fugitif et à Men in Black).
Le film commence comme un remake des films de
Herschell Gordon Lewis comme 2000 maniaques,
où la population entière semble complice (ici, c’est le
barman qui tente de violer Dinah) avec la police pour
amener cette pauvre citadine dans les griffes des
plus dépravés des rednecks (pléonasme !). C’est ce
qui arrivera avec Dinah qui, emprisonnée par erreur,
sera violée par un représentant de la police, sous le
joug de ses instincts primales. Un tableau pas très
idyllique du coin.
La prison du viol est donc un film hybride, proche
du rape and vengeance, au milieu de fusillade et de
courses-poursuites entre des policiers tout de noir
vêtu et ce couple improbable ayant tendance aux
rapprochements. Si le film se perd un peu en
discussion en son milieu, la fin du métrage est plus
tendue avec une ultime course-poursuite se
terminant dans un défilé pour fêter les 200 ans de
l’indépendance des Etats-Unis. A noter, la dernière
image magnifique qui clôt le film avec un
personnage allongé sur le sol et recouvert du
drapeau américain.
PRISONERS OF THE SUN
Roger Christian - 2013 - USA/Allemagne
RESUME : Une équipe, regroupant des chercheurs
du monde entier, se rend en Egypte afin de faire des
fouilles autour des pyramides. Sur place, ils
découvrent une cité perdue, ensevelie sous les
pierres. Ils réveillent alors par mégarde des dieux
anciens qui déclenchent alors un processus menant
la monde à sa fin...
MON HUMBLE AVIS
Ah ! l’Egypte, le Nil, le sable chaud, ses attentats, et
surtout ses pyramides. Les mythiques constructions
ont toujours été sources de fantasmes et d’aventures
rocambolesques. Des momies de la Universal ou de
la Hammer aux aventures d’Indiana Jones. On se
souvient aussi du revival récent avec la franchise aux
allures de blockbuster La Momie, initié par Stephen
Sommers. En revanche, Prisoners of the sun (ou
La malédiction de la pyramide en VF)
s’apparente plus à une série B sans trop de moyens
(18 M$ tout de même). Peut-être que l’argent est
parti dans les caisses de la Scientologie puisque le
réalisateur n’est autre que Roger Christian, auteur de
l’inénarrable Battlefield Earth...
Après un générique expliquant l’origine extraterrestre des pyramides, le film commence comme
un vieux serial ou même comme le sympathique
Stargate, la porte des étoiles. Si tout cela
annonce un film alléchant, il faudra attendre une
quarantaine de minutes pour que l’action se décante.
En effet, ce sera le temps nécessaire à monter une
expédition pour entrer dans la pyramide découverte
suite à la tempête de sable (depuis le réchauffement
climatique, les tempêtes font même apparaître des
pyramides !), auquel il faudra aussi se farder de
longues scènes de dialogues filmées de façon
télévisuelles et servies par un casting assez
hétéroclite.
Avec à sa tête, l’éternel John Rhys-Davis (Les
aventuriers de l’arche perdue) qui, semble-t-il, à
cause de son visage buriné, est toujours associé à
des productions traitant de malédiction égyptienne.
On retrouve à ses côtés, "la star" (et
occasionnellement
chanteur)
franco-américaine
David Charvet (Alerte à Malibu), surtout connu
pour son idylle avec Pamela Anderson, dans le rôle
d’un archéologue (comme quoi sauveteur sur une
plage, ça mène à tout). Il s’éprendra de la très
charmante Sarah Masterson (Carmen Chaplin).
Encore une parente du génie comique qui contribue
à venir faire de la concurrence à la famille Baldwin ?
Passé ce premier acte quelque peu insignifiant, le
film devient plus intéressant à partir du moment où
la petite troupe pénètre la pyramide. Enfin un peu
d’action me direz-vous, à mesure où ces aventuriers
du dimanche descendent dans les dédales de la
construction égyptienne, emplie de pièges et de
secrets. On se croirait presque dans un succédané
d’Indiana Jones qui combinerait toute la saga.
Pourtant, Prisoners of the sun vire ici au film de
111
couloirs horrifiques, puisque la pyramide est gardée
par une armée de momies qui rappellera celle de
l’armée de terre cuite dans le mausolée de
l’Empereur Qin en Chine. Le film se fait alors plus
violent, voire sanglant et du coup plus spectaculaire.
Un rythme soutenu de série B sans prétention
malgré l’atmosphère téléfilm du début.
Au final, Prisoners of the sun est un petit DTV
relativement acceptable (qui fait penser au très
mauvais Indiana Jones et le crâne de cristal à
cause des extraterrestres), si on parvient à passer le
premier tiers sans se laisser prendre par la torpeur
quelque peu anémique du début. A noter, que dans
le même genre, on attend encore un peu plus le
1eressai en solo de Grégory Levasseur, The
Pyramid, sans son complice Alexandre Aja.
Note : 3-/ 6
SEXY KILLER
Miguel Marti – 2008 - Espagne
RESUME : Sur le campus d’une école de médecine,
les cadavres des étudiants et des professeurs
commencent à s’accumuler dangereusement. Un
tueur en série semble s’être approprié les lieux pour
en faire son terrain de chasse.
actrice vue dans pas mal de productions de genres
espagnoles comme Dagon en 2001 ou plus
récemment dans Les Sorcières de Zugarramurdi
d’Alex de la Iglesia en 2013 et Musarenas (PIFFF
2014). Elle apporte son dynamisme et son physique
particulier au personnage. Un peu trop d’ailleurs car
son jeu outrancier peut paraître lassant au final.
La bonne idée du film est de se concentrer sur le
personnage de Barbara, en serial killeuse folle
dingue, cependant contre-balancée par un humour
très gras (et pas souvent drôle) ou à des apartés
ennuyeux transformant le film en parodie voire en
comédie musicale. Certes, le film est sans temps
morts, mais cette agitation est surtout là pour
masquer le manque de moyens et le jeu limite de
certains acteurs. Les références seraient trop
longues à citer mais l’ambiance générale rappelle la
série des Scream et les meurtres sont estampillés
"slashers".
Le problème de Sexy Killer est qu’il est un agrégat
de
plusieurs
genres
et
de
références
cinématographiques tellement peu subtiles que
l’ensemble se noie continuellement dans son script
qui se révèle sans enjeux. Jouant sur la mise en
abyme permanente (Barbara s’adresse frontalement
à la caméra), le film se construit à coups de
flashback où les scènes s’enchaînent sans réels liens.
On peut être surpris car le scénariste n’est autre que
Paco Cabezas, réalisateur du sombre Les Disparus.
On l’est moins quand on sait que c’est le scénariste
du film parodique Spanish Movie. Ceci explique
peut-être cela.
La dernière partie vire encore de bord et c’est peutêtre là le meilleur moment du film, lorsque les
cadavres sont ressuscités comme dans Réanimotor grâce à une machine futuriste. L’humour
teinté de scènes gentiment gores se rapproche alors
timidement de Shaun of the dead pour un final
assez délirant. Malheureusement, ces ultimes saillies
ne viendront pas sauver un film qui mixe tous les
genres comme un mauvais gaspacho huileux et trop
gras.
NOTE : 2 /6
MON HUMBLE AVIS
On aurait pu croire qu’une production ibérique
fantastique décalée est forcément gage de qualité.
La preuve que les a priori positifs peuvent vite se
retourner à la vision de ce Sexy Killer peinant à
convaincre et qui se vautre même dans le style
American Pie, c’est dire...
Pourtant, la 1ère séquence est assez réussie en
rassemblant un peu tous les poncifs inhérents au
genre, et notamment aux slasher. Un tueur masqué
et armé dans un vestiaire au milieu de donzelles peu
farouches et dévêtues. Une entame intéressante
mais qui n’est faite que pour présenter le
personnage de Barbara (Macarena Gomez). Une
SX TAPE
Bernard Rose - 2012 - UK
RESUME : Afin de pimenter leur vie amoureuse,
Adam et sa petite amie Jill, décident de tourner une
"sex-tape" dans un hôpital désaffecté. En visionnant
la vidéo, le jeune homme s'aperçoit que sa petite
amie change progressivement de comportement et
qu'ils n'étaient apparemment pas seuls dans
l'établissement médical...
112
accompagnés d’un couple d’amis. Et, nous voilà
repartis dans les couloirs à la recherche du Graal (ou
de l’ennui). Même si les événements s’accélèrent
quelque peu dans la foulée, on a du mal à adhérer
au concept. Le film s’étire en longueur et part en
cacahuètes sur la fin (certes utile pour l’apéro),
surtout parce que courir avec une caméra numérique
c’est difficile pour le cadrage (tiens, je viens de
vomir) et qu’à un moment, faut bien conclure le
bousin, même si les auteurs n’ont pas plus d’idées
qu’au début (c’est pire qu’au début !). Alors, toi aussi
le jeune, prends ta caméra, emmène ta copine dans
un lieu sombre et délabré, filme là à poil, et tu feras
Note : 2 / 6
du cinéma.
MON HUMBLE AVIS
S’aventurer dans un hôpital désaffecté, c’est très con
comme attitude. Déjà, parce qu’on peut choper des
bactéries, voire pire (une MST ?) et qu’il y a toujours
un esprit malintentionné ou un gros déguelasse qui
traîne dans les couloirs. Et comme il n’y a que de
jeunes cons capables de s’y risquer, les producteurs
bien intentionnés avaient déjà prévu le concept avec
des titres tels que Asylum ou Kingdom come. La
différence ici est qu’on a affaire à un found footage.
Sx Tape ment un peu sur la marchandise. En effet,
point de Paris Hilton ou de Pamela Anderson nues,
mais à la place un found footage lambda, c’est-à-dire
nauséeux, bavard et souvent ennuyeux. Il faut dire
que depuis le lancement du genre il y a maintenant
une paire d’années, rare sont les productions qui ont
su tirer leur épingle du jeu. Le pitch est très simple.
Filmer sa copine dans toutes les positions et même
dans des tenues que la Manif pour tous réprouve.
On notera néanmoins à la tête du projet, la présence
de Bernard Rose, réalisateur du fameux Candyman
(merci de ne lire cette phrase qu’une seule fois).
On comprend néanmoins qu'Adam (Ian Duncan) ait
envie de s’amuser avec Jill (Caker Foley), très jolie
rousse délurée, et artiste peintre peu farouche. De là
à la filmer comme dans une télé-réalité jusqu’à
l’accompagner dans cet hôpital abandonné, il n’y a
qu’un pas que les deux tourtereaux franchissent avec
allégresse (remarquez, sans cela, le réalisateur aurait
été un peu emmerdé). Malheureusement, la suite est
des plus classiques, les couloirs se suivent et se
ressemblent tous. Du coup, il ne se passe pas grandchose à part l’arrivée d’un policier et l’apparition
furtive de ce qui semble être une ancienne patiente
des lieux. Pourtant, la donzelle cherche bien à exciter
son copain et semble toujours prête à se lover dans
des draps sales sur une table d’opération (!?!), allant
jusqu’à se faire attacher et même pénétrer (et non,
bande de petits pervers !) par notre entité locale.
Si le film ressemble à REC, on est loin des envolées
flippantes et sanglantes de la saga espagnole car, de
manière assez incompréhensible, nos deux amis
s’étant échappés, retourneront dans l’hôpital,
LE VAMPIRE DE CES DAMES
(Love at first bite)
Stan Dragoti - 1979 - USA
RESUME : Après avoir été chassé de son château en
Transylvanie, le comte Dracula part s'installer à New
York...
MON HUMBLE AVIS
La comédie vampirique a généré quelque fleuron du
genre au cinéma. On pense évidemment au Bal des
Vampires de Polanski ou au plus récent Dracula,
mort et heureux de l’être de Mel Brooks. Le
vampire de ces dames (ou Love at first bite,
rien à voir avec un Dorcel...) est un peu un mélange
de ces deux films sans atteindre néanmoins le
niveau comique et parodique de ses illustres
modèles. Si le film commence comme un bon vieux
Hammer dans le château de Dracula en Transylvanie,
on sent bien que le propos est à la rigolade et au
décalage que provoquera la transposition de cet être
d’un autre temps dans le New-York bigarré de la fin
des années 70. Ainsi, déambulant dans les rues, il
côtoiera toute une faune de loulous urbains aux
113
coiffures improbables et de prostitués, au rythme
d’une musique disco endiablé, à l’image du très kitch
Dracula 73 avec un Christopher Lee qui se
demande encore ce qu’il foutait là. D’ailleurs, notre
ami aux dents pointus pénétrera dans une boîte de
nuit de type pattes d’eph’ où il rencontrera la
charmante Cindy Sondheim (Susan Saint-James qui
fit surtout sa carrière sur le petit écran) et dont il
s’éprendra en s’engageant avec elle dans une danse
effrénée.
Dracula est ici interprété par George Hamilton (La
guerre des cerveaux) en bellâtre obligé de fuir
son pays natal pour immigrer aux Etats-Unis. Ce qui
nous vaut d’ailleurs une des meilleures scènes à
l’arrivée à l’aéroport et deux cercueils échangés.
Avec sa coiffure fin des années 70, George Hamilton
rassemble plus à Franck Langella dans le Dracula
de John Badham en 1979 qu’à Christopher Lee. Pour
l’aider, il peut compter sur son fidèle Renchaw (Arte
Johnson) sorte de comique troupier adepte de la
brochette d’insectes. Face au Comte, le Docteur
Rosenberg (Richard Benjamin, vu dans L’homme
au masque de cire d’André de Toth), en bon
descendant de Van Helsing, n’aura de cesse de
démontrer l’existence de vampires à New-York sous
le regard ahuri des passants et de la police.
Le vampire de ces dames se révèle poussif sur la
durée
malgré
quelques
scènes
réussies
(l’affrontement dans le restaurant) et des effets
visuels volontairement dépassés (les vols des
chauves-souris très Ed Wood), mais possède un
certain charme si on le prend comme une petite
comédie ludique limitée et sans ambition.
NOTE : 3 /6
VERY BAD SANTA / SANTA’S
SLAY
David Steiman - 2005 - Canada/USA
RESUME : Le fils du Diable a perdu un pari contre un
Ange et se voit contraint de passer les mille
prochaines années à jouer au Père-Noël. A la fin de
son gage, le "gentil" Père-Noël voit le Diable en lui
prendre le dessus et commence à semer la mort sur
son passage.
MON HUMBLE AVIS
Les films de noël relatifs au gentil grand-père à la
barbe blanche dysnéienne ont toujours existé lors
des fêtes de fin d’année. Hors, ces derniers temps,
des films avec des Pères noël plus véners voire très
méchants ont commencé à garnir les branches du
sapin. Que ce soit le Silent night de Steven C.
Miller en 2012, traité chez l’ami Rigs Mordo du fin
fond de sa crypte, ou avec Rare Exports de Jalmari
Helander en 2010.
Des Papas noëls qui tranchent (et pas que la bûche)
dans le vif aux antipodes de leurs illustres anciens.
La 1ère scène de Very bad santa (les opportunistes
de la traduction française...) est à ce titre la plus
réussie du film avec l’irruption par la cheminée du
vieux ventru lors d’un repas de famille dont le chef
de famille n’est autre que James Caan ! En guise de
cadeaux, les têtes volent et le sang gicle. Une entrée
en matière bien déjantée pour ce film qui s’avère
une comédie potache (mais qui tâche) au 2edegré.
La bonne idée du film est d’avoir glissé sous le
manteau rouge le colosse Bill Goldberg acteurcatcheur, ancien joueur de football américain qu’on a
pu apercevoir dans quelques films très fins comme
Universal soldier ou Mi-temps au mitard.
Engoncé dans son costume rouge, Bill Goldberg s’en
donne à cœur joie pour massacrer tout ce qui bouge
autour de lui et souvent de manière hilarante. Sans
compter un mauvais esprit permanent notamment
autour de la communauté juive qui en prend pour
son grade et parodie ses propres travers. A noter
d’ailleurs, une scène où le Père noël empale le
commerçant (Saul Rubinek) sur son chandelier à 5
branches, qui fait penser à la scène de Douce nuit,
sanglante nuit avec la nana accrochée à des bois
de cerf.
Si l’ambiance de cette comédie horrifique est réussie,
tout n’est pas parfait dans le film. Les scènes
s’enchaînent quelquefois sans réel lien et les effets
spéciaux laissent parfois à désirer (comme le
traîneau de Santa). Pour le reste, il faut bien avouer
que le film est divertissant avec les meurtres qui se
succèdent (personne n’y réchappe, pas même les
personnes âgées), courses-poursuite avec traîneau
satanique (ça m’a fait penser au mythique Howard
the duke !), jusqu’à une fin dans une patinoire
assez drôle à l’atmosphère très eighties.
Alors vous reprendrez bien avec moi un coup de
bûche dans les gencives en regardant ce Very bad
Santa à l’humour noir et sanglant.
114
NOTE : 4-/6
WOLVES
David Hayter - 2014 - Canada/France
RESUME : Contraint de prendre la route après le
meurtre de ses parents, Cayden erre, perdu, sans
but... Jusqu'à ce qu'il rencontre un fou nommé Wild
Joe, qui le met sur la route de la sinistre ville de
Lupine Ridge, où il traquera les vérités de son
histoire.
MON HUMBLE AVIS
David Hayter, scénariste des deux premiers X-Men
passe pour la 1ère fois à la réalisation avec ce petit
film de loups-garous mettant en vedette un jeune
quaterbake de lycée aux prises avec une horde de
lycanthropes velus et belliqueux menés par un
Connor encore plus chtarbé que ses disciples. Honni
de partout comme un chien errant pouilleux,
Wolves mérite, à mon sens, qu’on s’y arrête un
instant.
Le film commence avec le jeune Cayden Richards qui
découvre fortuitement lors d’un match de football
ses capacités surhumaines et son appétence à faire
venir le poil comme d’autres l’acné. Après une soirée
passée sous l’apparence de feu Demis Roussos,
Cayden se réveille chez lui, ses parents massacrés.
Poursuivi par la police, il est donc obligé de fuir et
commence à errer sur les routes en espérant un jour
être capable de maîtriser sa malédiction lupine. Rien
d’exceptionnel dans le traitement du sujet, mais sa
mise en image sobre et efficace incite le spectateur à
continuer le visionnage. D’autant plus que cette
entame nous renvoie à l’excellente série des années
80, La malédiction du loup-garou où le jeune
Eric Cord fuyait sans cesse pour mettre fin à sa
malédiction tout en étant poursuivi par un chasseur
de primes.
De manière un peu trop facile, Cayden (Lucas Till,
notamment Havok dans X-Men) découvre sa ville
d’origine Lupine Ridge (Ok, pas très original),
berceau de son enfance et surtout tenue par
plusieurs castes de loups-garous avec en premier
lieu, les originaux, les purs, ceux qui n’ont pas été
transformés. Les autres sont moins puissants, juste
là pour servir et se battre pour leur chef
autoproclamé Connor, le puissant et musculeux
Jason Momoa. Il apporte ici toute sa carrure et son
regard viril à l’instar du personnage de Khal Drogo
dans Game of Thrones (alors qu’il perdait son
temps dans le remake de Conan).
Une fois sur place, Cayden se fait engager par un
fermier John Tollerman (Steven McHattie, parfait en
animateur radio dans le peu connu mais réussi
Pontypool), lui aussi lycanthrope mais faisant partie
d’un clan plus modéré ne voulant plus se
transformer. A ce moment-là, le film ressemble
beaucoup à la série Smallville où l’apprenti
Superman essayait de cacher ses pouvoirs au milieu
d’une population qui ignorait tout. Or, ici tout le
monde est au courant puisque l’ensemble de la ville
est métissée. Wolves développe ainsi un thème
récurrent des western où plusieurs clans cherchent à
contrôler une ville. Parce que Jason Connor Momoa
tient les habitants sous sa poigne griffue face aux
anciens qui profitent de la venue de Cayden pour
tenter de se révolter. Après quelques scènes dans le
bar de la ville où la testostérone et les effluves de
loups se mélangent, le scénario tourne autour de la
rivalité naissante entre Cayden et Connor.
D’autant que les deux loups ont la langue qui traîne
pour la gironde et sensuelle Angelina (Merrit
Patterson) à laquelle le petit blondinet a déjà goûté,
tandis que notre colosse hawaïen y planterait bien
ses papattes pour perpétuer la race. Du coup, cet
antagonisme exacerbé les conduira à de nombreux
combats dans la forêt voisine, jusqu’à un
affrontement final entre le néo-garou et la meute de
rednecks du coin pas toujours très finaude envoyée
par Connor. La bonne idée du film est de ne pas
utiliser de CGI (contrairement à Twilight) mais au
contraire des maquillages et des prothèses de qualité
pour mettre en lumière les transformations
lycanthropiques. Des SFX sanglants réussis dans
l’ensemble qui rendent assez crédibles les situations.
Wolves est donc un film agréable à suivre malgré
quelques facilités de scénario. Pas révolutionnaire
dans son traitement et son propos, la mise en scène
de David Hayter donne le change même si elle se
rapproche beaucoup d’un produit télévisuel. On a vu
largement pire.
NOTE : 3+ / 6
115
YOUNG ONES
Jack Paltrow - 2014 - UK/Afrique-duSud/Irlande
RESUME : Dans un futur proche, l'eau est devenue
rare, suscitant convoitise et violence. Dans ce climat
hostile, Ernest Holm veille sur sa ferme, son fils
Jerome et sa fille Mary, et nourrit l'espoir de rendre
ses terres à nouveau fertiles.
MON HUMBLE AVIS
Young ones est un film étrange comme sorti de
nulle part et passé presque inaperçu au milieu des
DTV zombiesques, des requins volants et des superhéros botoxés aux millions de dollars. Pourtant, le
film de Jack Paltrow (accessoirement le frère de
Gwyneth) mérite vraiment qu’on s’y attarde quelque
peu, ne serait-ce pour son histoire très originale et
son casting de qualité.
Construit en trois chapitres différents, chacun
permettant de mettre en avant un personnage en
particulier (on retrouve ce même principe dans The
place beyond the pines avec Ryan Gosling),
Young ones est une sorte de western futuriste qui
aurait conservé une esthétique de l’Amérique de la
conquête de l’Ouest. Il faut dire que dans ce lieu
désertique, l’eau est une denrée précieuse,
constituant une source de conflits comme en
témoigne la première scène. Une introduction en
forme de duel autour du personnage de Ernest Holm
interprété par le toujours plus charismatique Michael
Shannon (Take Shelter, Man of Steel)
démontrant au passage qu’il est l’acteur à suivre de
ces prochaines années.
L’originalité du métrage, et donc sa force, est qu’il
parvient à faire cohabiter naturellement plusieurs
genres au même niveau sans anachronisme ou
fausse note. On a l’impression d’être dans un monde
post-apocalyptique (Michael Shannon se déplace
avec un âne pour transporter les provisions qu’il
vend aux mineurs, la vaisselle est faite avec du
sable) mais en même temps des technologies de
pointe sont à disposition, à l’image de ces robots
transporteurs automatisés semblable à des animaux
de somme et tout droit sorti de L’Empire contreattaque. En fait, le contexte futuriste n’est que la
trame de fond d’une histoire beaucoup simple où
l’humain est au centre de la dramaturgie. A l’image
de la première apparition émouvante de la mère,
handicapée et vivant dans un hôpital. Reliée à un
appareillage constitué de tuyaux et de câbles, elle se
déplace sur des rails telle une marionnette
désarticulée comme dans un "cyber-manga".
Le métrage est aussi rehaussé par la performance
des acteurs, à l’instar du personnage ambigu de
Flem Lever, Nicholas Hoult (Mad Max : Fury road)
en homme ambitieux et prêt à tout pour arriver à
ses fins, comme séduire Mary, la fille d’Ernest (la
troublante Elle Fanning) surveillé par son frère
Jerome
(excellent
Kodi
Smit-McPhee).
Des
personnages hétéroclites tentant de survivre, perdus
au milieu dans ces zones incultes remarquablement
filmées, où l’immensité des lieux se confond avec ses
habitants. Une cour des miracles capable de vendre
un enfant pour de l’eau tandis que des bandes à
l'allure mad-maxiennes semblent errer sans but.
Young ones est donc un film multiple traitant de la
transmission de la terre, mais constitue aussi une
réflexion sur la filiation. Ernest a le désir de
s’amender aux yeux de son fils, alors que Flem
combat son père pour son héritage et cherche même
à le spolier. En extrapolant, on pourrait même
imaginer que c’est aussi une charge politique et
sociale, entre la ville, riche et bien hydratée, et les
campagnes abandonnées à leur sort et sans eau (un
peu le propos d'Elysium mais en moins lourdingue).
Si le dispositif narratif peut sembler aride et
hermétique, Young ones est au final un drame
intimiste où les hommes et les femmes se déchirent
par amour et pour la richesse suprême, l’eau. La
grande réussite du film est de nous faire oublier ce
contexte hybride, à la fois futuriste et archaïque,
pour nous intéresser à son histoire simple et
universelle, grâce à un scénario malin proposant des
changements de tons, faisant rebondir l’histoire et
plusieurs niveaux de lecture.
NOTE : 4 / 6
116
L’armoire à dossier
L’année 1981
En me penchant récemment sur
mon Top 100, je me suis aperçu
que figurait au milieu de ce
maelstrom de films différents, 8
longs-métrages sortis en 1981.
Coïncidence, manipulation d’une
secte de numérologie ou vrai
berceau de ma cinéphilie ? Et si
cette date apparaissait comme le
symbole syncrétique du cinéphage
amateur que je suis devenu ?
Alors 1981, année millésime du
cinéma fantastique ? Tentative
personnelle d’explication et retour
au pays de la nostalgie.
Si je n’ai pas vu tous les films à
leur sortie en 1981, je me
rattrapais bien plus tard grâce aux
VHS et aux passages télévisuels.
Sans le savoir sur le moment, tout
un pan de ma cinéphilie (la plus
importante) se forgea l’année de
mes 9 ans. Petit retour en arrière
au travers de mes yeux de môme.
Quand je pénétrais dans la salle
de cinéma, alors âgé de 9 ans, je
ne me doutais pas du choc
apocalyptique qui allait irradier
mes jeunes mirettes. Installé dans
les premiers rangs, j’assistais à la
projection
d’Excalibur
(aujourd’hui, sûrement interdit aux
moins de 12 ans). La version
hollywoodienne des Chevaliers
de la table ronde volait alors en
éclat
face
à
la
beauté
shakespearienne et picturale de
cette version de la Morte d’Arthur
de John Boorman. Porté par une
musique opératique, le film est
entré en moi comme une épée
incandescente qui m’aurait brûlé le
cœur. C’était décidé, je serai
chevalier et je revêtirai la même
armure immaculé que le Roi Arthur
avec lequel je chevaucherai à la
quête du Graal. Emerveillé, et
même choqué par la scène des
corbeaux gobant les yeux des
chevaliers pendus (je me souviens
avoir regardé les deux personnes
autour de moi comme si mes yeux
leur lançaient un appel au
secours), je quittai la table des
illuminations, changé à jamais par
ce film grandiose.
Cette année-là, j’ai dû aller voir
d’autres films au cinéma, mais je
n’en garde que peu de souvenirs
hormis le huis-clos Garde à vue
de Claude Miller (étais-je le seul
117
enfant dans la salle ?) et le
1erépisode de la saga Les
aventuriers de l’Arche perdu
de Steven Spielberg. Je me
souviens surtout de la fin du film
et de la scène particulièrement
gore des
soldats
allemands
fondant suite à l’ouverture de
l’Arche d’alliance. Quand grand
spectacle rimait avec intelligence
et effets visuels encore à
l’ancienne.
Quelques années plus tard, je
succombais
aux
charmes
lycantropiques par le biais de deux
films de loups-garous, sortis eux
aussi en 1981 et fleurons du
genre. Hurlements, tout d’abord,
qui longtemps fut pour moi le
maître-étalon du genre (j’ai depuis
changé d’avis, après un autre
visionnage. Le film m’a semblé
bien plus lent) avec ces grandes
marionnettes animées (une autre
époque) au charme suranné. De la
même manière, j’avais beaucoup
aimé
Le
loup-garou
de
Londres, pas pour son côté
comique,
mais
pour
la
transformation en direct. Une
prouesse technique qui m’avait
impressionné à l’époque. Dans une
veine similaire, comment ne pas
citer le fabuleux Wolfen de
Michael Wadleigh, avec ses loups
errant dans Central Park comme
des fantômes. La bonne idée du
réalisateur étant de nous placer en
caméra subjective dans les yeux
des canidés et leur vision très
particulière et déformée, à l’instar
du futur Predator.
chouette mécanique. Un film qui
marque la fin d’une époque et qui
fera que je verrai tous les films où
le génie de l’image est intervenu,
provoquant un amour invétéré
pour tous les monstres crées par
Monsieur Harryhausen. Toujours
dans la catégorie monstres et
merveilles, j’ajouterai le dragon du
méconnu Dragon du lac de feu,
production Disney réalisée par
Matthew Robbins. Petit film
d’heroïc-fantasy qui vaut surtout
pour les apparitions mémorables
de la divine créature, visuellement
très réussie.
1981 voit aussi la dernière
participation de l’immense Ray
Harryhausen aux effets spéciaux
du Choc des titans. Aventures
fantastico-grecques où se côtoient
Persée, Zeus autour de créatures
mythiques comme la Gorgone ou
le Kraken, sans oublier la petite
118
Autre monument que je porte aux
pinacles, John Carpenter. En 1981,
il nous envoie en pleine face un
brûlot politique et contestataire
avec New-York 1997 et l’île de
Manhattan transformée en prison
ouverte où règne le chaos et la
violence.
Kurt
Russell,
charismatique en la personne de
Snake Plissken, un des plus
célèbres borgnes du cinéma, est
chargé de récupérer le Président
des Etats-Unis (Donald Pleasance)
au milieu de toute une faune de
tarés. Au rayon "dérangés du
ciboulot", les Antipodes sont aussi
bien achalandés en cette même
année avec les déglingos de Mad
Max 2 de Georges Miller. Post-apo
hallucinant dans ses moments de
bravoure, avec des coursespoursuites d’anthologie sur de
machines qu’on a tous rêvé de
piloter. En France, la vision du
monde dévasté est plus soft et se
déroule à la campagne. Malevil
de Christian de Chalonge est
néanmoins
tout
à
fait
recommandable.
Dans un genre plus horrifique, je me souviens avoir
loué au vidéo-club avec des amis Inseminoïd de
Norman J. Warren. Série B de SF de ce début des
années 80 où, au cours d’une expédition sur une
planète inconnue, l’équipage était attaqué par une
entité extra-terrestre (un peu comme dans le
merveilleux Lifeforce de Tobe Hooper). Je me
rappelle surtout de la scène gore où un astronaute
se coupait volontairement le pied pour ne pas être
boulotté par l’alien. Autres films datant de 1981 que
j’ai appréciés, Réincarnations (alias Dead and
buried) de Gary Sherman, avec James Farentino
aux prises avec les morts qui reviennent à la vie
dans une petite ville côtière.
J’ajouterai les séquences traumatisantes et
magnifiques de Scanners de David Cronenberg
avec ses têtes explosées sous l’effet du mental d’un
Michael Ironside en transe. Côté slasher, il faut noter
la 1èresuite d’Halloween de Rick Rosenthal,
Carnage (The burning) de Tony Maylan et son
tueur défiguré par le feu, le sympathoche Massacre
dans le train fantôme de Tobe Hooper, et une
autre séquelle avec Piranha 2 du débutant James
Cameron. Evidemment, je n’omets pas de
mentionner la toute petite production d’un jeune
réalisateur qui deviendra grand, Evid dead de Sam
Raimi, mais j’avoue que je ne suis pas un fan du
film. Cette liste n’est volontairement pas exhaustive
et reflète uniquement mes préférences d’une
certaine forme de cinéma.
J’aurai pu continuer comme ça bien longtemps et
citer des titres qui parleront plus à d’autres qu’à moi.
Je pense au thriller de SF Outland de Peter Hyams,
Condorman tentative de film de super-héros de
Charles Jarrott, La malédiction finale de Graham
Baker (3efilm de la franchise qui m’avait bien fait
flipper en son temps), L’équipée du Cannonball
avec Burt Reynold et sa course à la Death race ou
encore le foutraque et long Knightriders de George
A. Romero avec Tom Savini en cuir sur une moto.
Sans oublier en France, La guerre du feu de JeanJacques Annaud (vu au collège devant une
assistance médusée lors des scènes de sexe...) et le
mythique La soupe aux choux, fleuron de notre SF
nationale.
Quand je vous disais que 1981 était une année
fantastique pour un enfant qui avait la chance de se
déplacer au cinéma. Aujourd’hui encore, en faisant
ce petit panel d’une année riche en un cinéma de
genre comme je l’aime (du Carpenter, du Ray
Harryhausen, des chevaliers, des loups-garous, des
monstres...), je pense que cette année-là marquera
une date importante dans l’histoire du 7e art, et
dans la mienne (oui, Claude François, tu aurais pu
faire une chanson à la gloire de 81, cette annéelà...). Alors que j’affirmais d’une manière
péremptoire que 1981 était presque l’année
christique, je me rends compte que 1982 me fait de
l’œil... mais ceci est une autre histoire...
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