FR806 1 1. L`ARCHITECTURE DU SYSTÈME • l`approche que nous

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FR806 1 1. L`ARCHITECTURE DU SYSTÈME • l`approche que nous
1. L’ARCHITECTURE DU SYSTÈME
• l’approche que nous prenons se base sur les dérivations
• une dérivation est le résultat de l’application réussie des opérations syntaxiques (Merge,
Move, Adjoin)
• nous commençons avec un item lexical et nous le combinons avec un autre
• le résultat est un objet syntaxique
• ce nouvel objet peut être combiné avec un autre et ainsi de suite
• à un moment donné, la dérivation s’arrête
• l’objet syntaxique à la fin de la dérivation est interprété par les systèmes conceptuels et
sémantiques
• si une dérivation arrive à la fin et tous ses traits ininterprétables sont vérifiés, elle converge
• si elle arrive à la fin avec certains traits non vérifiés, elle échoue (« crash »)
• quels sont les éléments dans une dérivation?
• les éléments les plus petits sont les items lexicaux
• ils sont composés de traits phonologiques, sémantiques et syntaxiques
• la dérivation commence avec un ensemble d’items lexicaux
• cet ensemble est une numération
• la première opération est de Sélectionner un élément de la numération
• voici un exemple
numération {voit, v, Kostia, Iryna}
dérivation :
1er étape : sélectionner voit et Kostia, combiner pour vérifier le trait uN de voit
résultat :
SV
ei
voit
Kostia
[V, uN] [N]
2e étape : sélectionner v et le combiner avec le résultat de la première étape, ce qui respecte
l’Hiérarchie des projections
résultat :
v’ [uN]
ei
v
SV
[uN] ei
voit
Kostia
[V, uN] [N]
3e étape : déplacer voit vers v
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résultat :
v’ [uN]
ei
v+voit
SV
[uN] ei
<voit>
Kostia
[V, uN] [N]
•
nous n’avons pas encore donner une motivation pour le déplacement obligatoire du verbe
4e étape : sélectionner Iryna et le combiner avec le résultat de la troisième étape pour vérifier le
trait uN de v’
résultat :
Sv
ei
Iryna
v’ [uN]
[N] ei
v+voit
SV
[uN] ei
<voit>
Kostia
[V, uN] [N]
•
•
•
•
•
•
•
•
•
Merge est très simple – il associe ou bien des items lexicaux ou les résultats d’autres
opérations
Move est plus complexe – il vise une partie de l’arbre (p.ex. voit) et crée une copie de cet
item; cette copie est ensuite associée avec une autre partie de l’arbre (p.ex. v)
l’objet syntaxique créé par les dérivations doit aller à l’interface sémantique – la forme
logique
la forme logique est le niveau d’interface entre la syntaxe et le système qui traite
l’interprétation (« Conceptual-Intentional system »)
il y a aussi un système qui traite la réalisation physique des sons (ou des
gestes) (« Articulatory-Perceptual system »)
le niveau qui sert d’interface avec le système AP n’est pas un objet syntaxique
un objet syntaxique dans la dérivation est une donnée d’entrée (« input ») aux processus de
prononciation, morphologiques, etc.
cet objet s’appelle « Épelle » (« Spell-Out »)
la représentation qui va à l’interface AP est la forme phonétique
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systèmes CI
Numération
Objets syntaxiques
Sélectionner
Merge
Move
Adjoin
systèmes AP
2. LES CATÉGORIES FONCTIONNELLES I : TP
• cette semaine nous allons voir que les phrases ont un noyau composé des projections d’une
catégorie lexicale (p.ex. le verbe)
• cette catégorie lexicale est entourée d’autres catégories qui projettent mais qui n’ont pas de
rôle thêta à assigner
• ces autres catégories sont les catégories fonctionnelles
• la plus importante catégorie fonctionnelle est T – l’hôte des traits de temps pour la phrase
• la phrase est une projection de T
• le sujet est dans le spécificateur de ST
• le Sv est le complément de T
(1)
•
•
•
•
ST
ru
sujet
T’
ru
T
Sv
nous avons déjà parlé de la structure de Sv et de SV
le V monte pour s’attacher au v
le mouvement de tête – nous allons motiver d’autres instances de ce type de mouvement
le sujet reçoit son rôle thêta dans le spécificateur de Sv – nous allons voir que le sujet se
déplace pour aller dans un spécificateur supérieur
2.1 La tête de la phrase
2.1.1 Considérations théoriques
• l’idée traditionnelle de la structure de la phrase :
(2)
Phrase
ru
sujet
prédicat
•
•
•
cette structure est raisonnable, mais la phrase n’a pas de tête
il faudrait avoir une règle spéciale pour la structure de la phrase
si la structure en (1) est correcte, nous n’avons pas besoin de règle supplémentaire
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2.1.2 Considérations empiriques
1. les auxiliaires modaux en anglais
(3)
•
Gilgamesh may seek Ishtar.
le sujet Gilgamesh reçoit son rôle thêta du verbe seek – mais il y a l’auxiliaire may entre les
deux
(4)
(5)
(6)
(7)
•
Gilgamesh must seek Ishtar.
Gilgamesh can seek Ishtar.
Gilgamesh should seek Ishtar.
Gilgamesh will seek Ishtar.
les modaux précèdent et ne suivent pas le verbe lexical
(8) *
•
les tests montrent que l’auxiliaire est externe au constituant formé par le verbe et son objet
(9)
(10)
(11)
•
Gilgamesh seek may Ishtar.
What Gilgamesh may do is [seek Ishtar].
… and [seek Ishtar], Gilgamesh may.
?
ru
may
Sv
#
seek Ishtar
et non pas
(12)
Sv
ru
?
SN
#
!
may seek
Ishtar
•
les modaux sont en distribution complémentaire avec eux-mêmes dans la plupart des
dialectes de l’anglais
(13)* Gilgamesh must should seek Ishtar.
(14)* Gilgamesh might can seek Ishtar.
•
ces données suggèrent qu’il y a une seule position syntaxique pour les modaux et que cette
position est externe au Sv
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(15)
S?
ru
Gilgamesh
?’
ru
may
Sv
#
seek Ishtar
•
les modaux sont fléchis pour le temps
(16)
•
•
PRÉSENT
PASSÉ
may
can
shall
will
must
might
could
should
would
nous pouvons rendre compte de ces propriétés des modaux si nous proposons que les modaux
ont un trait de catégorie T (pour « temps »)
T est associé au Sv
(17)
T’
ru
modal
Sv
[T]
•
notez que s’il y a un auxiliaire modal, le verbe principal n’est pas fléchi pour le temps
(18)
*
Gilgamesh might loved Ishtar.
2. do
• en plus des modaux, il y a d’autres auxiliaires qui portent la flexion temporelle, comme
l’auxiliaire d’emphase do
(19)
(20)
•
•
dans ces phrases, le temps est marqué sur l’auxiliaire
à comparer avec :
(21)
(22)
•
Gretzky did place bets on sports.
Gretzky does place bets on sports.
Gretzky placed bets on sports.
Gretzky places bets on sports.
s’il y a un auxiliaire, le verbe n’est pas fléchi
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(23)
•
•
*
Gretzky do placed bets on sports.
les tests montrent que do est externe au constituant formé par le verbe et son complément
de même, les faits de l’ellipse de SV
(24)
(25)
Gretzky placed bets on sports and his wife did [ ] too.
Gretzky loves hockey and Don Cherry does [ ] as well.
les crochets indiquent le matériel effacé – ce matériel est fourni par le contexte précédent = le
SV sans marque de temps
• en plus, il est possible d’accentuer les mots individuels dans une phrase pour l’emphase
• pour mettre l’emphase sur la phrase complète, on utilise do
3. le to infinitif
• un dernier élément qui nous donne un indice qu’il existe une position à l’extérieur du SV et
qui est associée à la flexion temporelle
•
(26)
(27)
•
le verbe n’est pas fléchi
(28)
(29)
•
*She tried [to may leave].
*We wanted [to can eat the cake].
ces données suggèrent que to remplace les traits du temps
(32)
(33)
•
*She tried [to left].
*We wanted [to ate the cake].
to est en distribution complémentaire avec les modaux
(30)
(31)
•
She tried [to leave].
We wanted [to eat the cake].
Claire wanted to leave and Audrey tried to [ ].
*Claire wanted to leave and Audrey tried to do [ ].
en somme :
1. les modaux sont dans une position qui est associée à la flexion temporelle.
2. l’auxiliaire d’emphase do est dans la même position, et aussi to infinitif
3. cette position est externe au Sv mais suit la position de surface du sujet
4. la flexion morphologique de temps peut paraître dans cette position
(34)
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ST
ru
sujet
T’
ru
T
Sv
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•
•
•
•
•
•
comment rendre compte de la position du sujet?
la semaine dernière, nous avons dit que le sujet est associé au spécificateur de Sv
nous allons dire que le sujet se déplace (dans 2 semaines, nous allons motiver ce
déplacement)
les catégories qui n’assignent pas de rôle thêta sont des catégories fonctionnelles
les catégories qui assignent un rôle thêta sont de catégories lexicales (N, V, A et P)
les catégories fonctionnelles créent un squelette syntaxique au-dessus des catégories
fonctionnelles
(35)
Hiérarchie des projections
T>v>V
2.1.3 Considérations inter linguistiques
• nous avons proposé une structure où le temps n’est pas nécessairement associé au verbe
• nous nous attendons donc à trouver des langues où le temps est marqué à l’extérieur du SV
(et le temps pur, non pas associé à un auxiliaire modal, etc.)
• la créole de l’Île Maurice
(36) mo mahze
je mange
‘Je mange.’
(37) mo ti mahze
je [passé] mange
‘J’ai mangé.’
•
le sranan, une créole basée sur l’anglais parlée au Surinam
(38)
mi waka
je marche
‘Je marche (habituellement).’
(39)
mi ben waka
je [passé] marche
‘J’ai marché.’
•
il est aussi possible de séparer le marque de temps et le verbe par des têtes aspectuelles
(40)
mi ben e waka
je [passé] [prog] marche
‘Je marchais.’
(41)
mi ben o waka
je [passé] [fut] marche
‘J’étais sur le point de marcher.’
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•
ces deux derniers exemples suggèrent qu’il existe d’autres têtes entre Sv et T…
2.2 La flexion temporelle
• nous avons proposé que les auxiliaires modaux, do et to sont tous des têtes T et qu’une
phrase est une projection de T
• comment le temps est-il marqué sur les éléments qui ne sont pas des têtes T : les verbes
• les verbes ne sont pas des têtes T (ils ne sont pas en distribution complémentaire avec les
autres T)
• mais les verbes peuvent être fléchis pour le temps
• nous allons utiliser une relation d’accord
• il y a trait de temps sur le verbe et ce trait doit être identique au trait de temps sur T
(42)
•
•
•
•
T[passé] … V + v[passé]
T[présent] … V + v[présent]
T[passé] … V + v[passé]
T[présent] … V + v[passé]
un rappel :
(43)
•
a.
b.
c. *
b. *
vérification : les traits ininterprétables doivent être vérifiés; une fois vérifiés, ils sont
effacés
nous avons dit qu’un trait de catégorie ininterprétable peut être vérifié par un trait de
catégorie identique
cette vérification exige la relation de sœur
nous allons maintenant distinguer entre les traits de catégories et les autres traits
les traits non catégoriels sont vérifiés dans une relation de c-commande : Accord
(44) Accord : un trait ininterprétable F sur un objet syntaxique Y est vérifié lorsque Y est dans
une relation de c-commande avec un autre objet syntaxique Z qui a un trait F identique.
•
•
revenons aux configurations schématisées plus haut
les traits de temps sur T sont interprétables
(45)
•
•
•
•
a.
b.
c. *
b. *
T[passé] … V + v[upassé]
T[présent] … V + v[uprésent]
T[passé] … V + v[upassé]
T[présent] … V + v[upassé]
les deux derniers exemples sont exclus parce que les traits ininterprétables sur le complexe
verbal ne sont pas vérifiés
nous allons poursuivre une approche un peu différente
v est simplement spécifié pour un trait ininterprétable de temps
lorsque ce trait est vérifié, il reçoit sa valeur du trait de temps de T
(46)
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T[temps : passé] … v[utemps : ] → T[temps : passé] … v[utemps : passé]
8
•
les exemples (45c,d) sont impossibles parce que la valeur du trait de temps sur v est
déterminée par le trait de temps de T
(47)
Accord
dans une configuration
X[F : val] … Y[uF : ]
où … représente la c-commande, F vérifie uF et lui donne une valeur, ce qui donne :
X[F : val] … Y[uF : val]
•
•
•
l’avantage de cette approche est qu’au lieu de générer une structure mal formée pour ensuite
l’exclure, nous ne générerons jamais ces structures mal formées de premier lieu
pour être vérifié, un trait sans valeur doit recevoir une valeur
si un trait est privatif (et n’a pas besoin de valeur), la vérification procède comme nous avons
déjà vu
APPLIQUER LE SYSTÈME
•
•
•
v a un trait ininterprétable qui peut prendre un trait de temps comme valeur
ce trait est [Fl] (pour flexion)
pour commencer, un Sv, où V monte pour s’adjoindre au v
(48) Sv
wo
Aléna
v’
wo
v
SV
ru
wo
chercher v[uFl : ] <chercher>
Darcie
•
cette structure est ensuite associée au T, une tête nulle qui ne contient qu’un trait de catégorie
T et le trait interprétable [passé]
(49)
ST
wo
T[passé]
Sv
wo
Aléna
v’
qp
v
SV
ru
wo
chercher v[uFl : passé] <chercher>
Darcie
•
lorsque cette structure est prononcée, v et le verbe sont prononcés ensemble comme le passé
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