1959 : le Canada, Cuba et la révolution cubaine

Transcription

1959 : le Canada, Cuba et la révolution cubaine
1959 : le Canada, Cuba et la révolution cubaine
En 2009, la République de Cuba a célébré le 50e anniversaire de sa révolution. La prise
du pouvoir par Fidel Castro a posé un défi de taille à l’hégémonie américaine dans cette
région du monde. Le gouvernement du Canada de l’époque a préféré établir sa propre
politique à l’égard de Cuba, plutôt que de suivre celle des États-Unis. Le développement
de cette politique ainsi que les éléments qui l’ont influencé ont fait l’objet d’un article
récent rédigé par Raul Rodriguez Rodriguez, professeur adjoint au Centre des études de
l’hémisphère et des États-Unis à l’Université de La Havane. Intitulé « Canada and the
Cuban Revolution : Defining the Rules of Engagement 1959-1962 », cet article aborde le
développement des relations entre le Canada et Cuba, à partir de la correspondance
intervenue entre les différents acteurs canadiens et cubains de l’époque et des décisions
prises par le Canada à l’égard du gouvernement cubain.
Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, le Canada souhaitait, selon le professeur
Rodriguez, définir sa propre politique extérieure. Cuba, pour sa part, cherchait des
partenaires économiques qui pourraient fournir les biens et services en provenance
jusque-là des États-Unis et atténuer ainsi les effets des sanctions du gouvernement
américain à l’encontre de Cuba. Leur choix s’est porté d’entrée de jeu vers le Canada en
raison de la proximité géographique du pays, de la similarité des technologies utilisées et
surtout parce que les deux pays entretenaient des relations économiques depuis une
cinquantaine d’années déjà. De fait, deux banques canadiennes — la Banque Royale et la
Banque de Nouvelle-Écosse — étaient solidement établies à Cuba.
Pour le Canada, si le gouvernement canadien souhaitait définir sa propre politique
extérieure à l’égard de Cuba, il devait également composer avec l’attitude intransigeante
des États-Unis envers ce pays et avec les obligations que lui imposait sa participation à
l’OTAN et à NORAD. C’est dans ce cadre que le gouvernement canadien a reconnu le
nouveau gouvernement cubain un jour après les États-Unis, qu’il a pris fait et cause pour
le gouvernement américain dans l’affaire de la Baie des cochons et qu’il a accepté de
participer, sous l’égide de l’OTAN et après certains atermoiements, au blocus naval de
Cuba lors de la crise des missiles de 1961. Le Canada s’est cependant toujours montré
réticent à approuver les sanctions décrétées par les États-Unis, soutenant que celles-ci ne
feraient que pousser le pays vers le bloc soviétique. Par ailleurs, le 23 décembre 1960, le
premier ministre Diefenbaker a clairement défini la position du Canada à l’égard des
relations commerciales avec Cuba, laquelle permettait les échanges commerciaux à
moins que les biens visés ne présentent une valeur militaire ou stratégique.
Du côté du gouvernement cubain, on a tenté, dès le départ, de rassurer le gouvernement
canadien et de promouvoir de meilleures relations entre les deux pays. Ainsi, les décrets
gouvernementaux du 13 novembre 1960 — des mesures prises dans le cadre du
programme Moncada selon lesquelles la quasi-totalité des entreprises installées à Cuba
devenaient la propriété du gouvernement — eurent peu d’effet sur les banques
canadiennes installées à Cuba. Celles-ci sont d’ailleurs demeurées les seules banques
étrangères à continuer à disposer d’installations sur l’île. Les représentants du
gouvernement cubain ont par contre été attristés par la réticence du Canada à développer
davantage ses relations avec Cuba en raison des tensions que celles-ci auraient pu
engendrer avec les États-Unis.
L’article du professeur Rodriguez est paru dans la revue scientifique Canadian Foreign
Policy/La politique étrangère du Canada, publiée par The Norman Patterson School of
International Affairs de l’Université Carleton. Pour obtenir le texte intégral de cet article,
veuillez consulter le site Web de la revue.