OBSERVATOIRE D`ANTALAHA (VANILLE) Premiers résultats suivis

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OBSERVATOIRE D`ANTALAHA (VANILLE) Premiers résultats suivis
REPOBLIKAN’I MADAGASIKARA
Fahafahana - Tanindrazana-Fahamarinana
Ministère de l’Economie et du Plan
Institut National de la Statistique
OBSERVATOIRE D'ANTALAHA (VANILLE)
ENQUETE AUPRES DES MENAGES 1995
Premiers résultats suivis d'une étude sur la vanille
Décembre 1996
MADIO (MAdagascar-Dial-Instat-Orstom) est un projet chargé d'apporter aux autorités malgaches
un appui à la réflexion macro-économique. Une partie de ses travaux s'inscrit dans le cadre de la
réhabilitation de l'appareil statistique national. Le projet est cofinancé par l'Union Européenne,
l'Orstom et le Ministère français de la Coopération et du Développement, pour une durée initiale de
deux ans (1994-1996). Il est basé dans les locaux de la Direction Générale de l'Instat à
Antananarivo.
Adresse :
Projet MADIO, Institut National de la Statistique, Bureau 308
B.P. 485, Anosy - Antananarivo 101, Madagascar
Tel : 258-32, Fax : 332-50
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AVANT-PROPOS
Les observatoires ruraux : un outil de suivi de l'impact des réformes économiques sur les
ménages ruraux
Le projet MADIO a choisi de mettre en place en 1995 des observatoires en milieu rural.
L'objectif de cette opération est de suivre l'évolution d'un certain nombre d'indicateurs de l'impact
des politiques économiques sur les producteurs ruraux. Ces indicateurs concernent l'évolution des
facteurs de production agricole (le foncier, le travail et l'équipement agricole), l'offre productive
(par exemple l'évolution de la production agricole commercialisée en fonction de l'évolution des
prix ), mais aussi des indicateurs sur le niveau de vie des ménages (scolarisation, sécurité
alimentaire, indicateurs de confort de l'habitat...).
A Madagascar, la diversité régionale et sous-régionale est très marquée ; ignorer les
spécificités locales, même dans une étude visant à répondre à une question macro-économique, peut
conduire à de graves erreurs d'interprétation. Comme il ne nous était pas possible de réaliser une
étude sur chacune des régions et sous-régions de Madagascar, nous avons choisi de travailler sur des
espaces restreints (groupe de villages) représentatifs d'une problématique régionale.
Pour l'année 1995, nous avons mené une enquête auprès de 2010 ménages ruraux répartis
dans quatre observatoires. Cette enquête ménage fut relativement lourde, car les données existantes
étaient pauvres ou trop anciennes. Il a donc fallu collecter des informations de base, de type
structurel, indispensables pour la compréhension du fonctionnement et de l'évolution des systèmes
de production : situation foncière, équipement agricole, organisation du travail, répartition et
destination des cultures, etc. Mais au delà de ces informations de base, nous avons cherché à cerner
les dynamiques en oeuvre, dynamiques liées à l'évolution de l'environnement économique des
producteurs. Toutes ces questions ont été regroupées dans un questionnaire commun aux ménages
des quatre observatoires. Trois modules complémentaires ont été formulées en fonction de certaines
spécificités : le module "vanille" pour l'observatoire de la région d'Antalaha, le module "pêche"
pour celui de la plaine côtière Mahafaly, et un module destiné aux ménages dont l'activité principale
se situe en dehors de l'agriculture ou de la pêche.
Une collaboration originale avec les opérateurs du développement
Sur les zones d'implantation des observatoires, nous avons travaillé en collaboration avec
des opérateurs locaux, généralement engagés dans des actions de développement. Cette association
originale nous a permis de bénéficier de leur connaissance fine du terrain avant, pendant et après les
enquêtes : préparation du questionnaire et choix des villages, introduction auprès des autorités du
village et des ménages, validation des hypothèses et des observations effectuées. De notre côté,
nous avons pu répondre à une demande de formation sur les méthodes d'enquête formulée par
certains opérateurs qui souhaitent développer des instruments d'analyse et de connaissance des
terrains sur lesquels ils interviennent. La collaboration avec ces opérateurs a été formalisée par
l'établissement de conventions avec le projet MADIO.
Les observatoires sont choisis en fonction des critères suivants :
- les grandes zones agro-climatiques et le système de production dominant (culture de rente,
culture vivrière, pêche ou élevage),
- la densité et la composition ethnique de la population, les mouvements migratoires.
- l'accessibilité ou l'enclavement : existence de routes ou de pistes permettant l'évacuation
des produits, distance aux marchés et aux centres urbains secondaires,
2
- les structures d'appui ou d'encadrement : l'état des services de l'agriculture de l'élevage ou
de la pêche, l'existence (actuelle ou passée ) de projets de développement (ONG, coopérations bi ou
multilatérale).
Après une première identification des sites, nous avons confronté nos propositions avec un
indicateur de développement des Fivondronana établi par la Direction de la Planification Régionale
du Ministère du Plan. Cet indicateur synthétique de développement est établi à partir de données
intermédiaires sur l'accessibilité physique de la région, sur les équipements socio-collectifs (santé,
éducation) disponibles, sur les infrastructures de base (eau, électricité, poste, téléphone) et sur
l'accès aux services d'appui économique de l'État ou du secteur privé (services d'encadrement,
établissements financiers, sociétés de commercialisation, etc..). Les Fivondronana ont été classés en
quatre groupes, des Fivondronana les moins avancés (concentrés dans le Sud et le Sud-Est) aux
Fivondronana les plus développés (plutôt regroupés dans le Nord- Nord Est)1. Les sites choisis pour
les observatoires se répartissent dans chacun des groupes.
Observatoire de la plaine côtière mahafaly (Beheloka Itampolo)
La plaine côtière Mahafaly est une zone très enclavée, où la densité de population est faible
et dont les villages côtiers sont peuplés par deux ethnies différentes (pêcheurs Vezo, agriculteurséleveurs Tanalana, sous-groupe des Mahafaly). Les produits de la pêche sont en grande partie
commercialisés mais dans des conditions défavorables pour les pêcheurs à cause de l'enclavement.
Les conditions de vie dans les villages sont très rudes : grandes difficultés d'approvisionnement en
eau douce, abandon d'un certain nombre de services publics. La zone d'enquête couvre deux
Fivondronana, tous deux étant classés parmi les moins avancés.
Une collaboration a été établie avec le principal opérateur du développement de la région qui
mène des actions d'appui au développement communautaire intégré de la pêche traditionnelle sur la
côte Sud (FAO/PNUD/Direction des Pêches). Sans l'appui de ce programme (logistique,
introduction dans les villages) nous n'aurions pu mener à bien les enquêtes dans une zone aussi
difficile.
Observatoire de la vanille (Antalaha)
La région Nord-Est est connue pour l'importance de sa production en grands produits
"traditionnels" d'exportation : vanille d'abord, mais aussi café, poivre, et girofle. Avec la baisse
relative des prix aux producteurs, les paysans accordent une place de plus en plus importante aux
cultures vivrières (riz, tubercules). Quel sera l'impact de la récente libéralisation du commerce de la
vanille (mai 1995) sur les choix des producteurs ? Vont-ils: augmenter ou non la production ou bien
s'orienter vers une amélioration de la qualité des produits, ou continuer à délaisser les plantations de
vanille au profit d'autres spéculations ?
Nous avons travaillé dans cette zone avec le projet de conservation et de développement
intégré de la presqu'île de Masoala, (PCDI Masoala) qui est basé à Antalaha et intervient dans la
presqu'île de Masoala. Bien que les villages enquêtés soient en dehors de sa zone d'action, le projet
Masoala nous a fourni une très précieuse aide logistique.2
Observatoire du Vakinankaratra
1
L'indicateur de développement classe les Fivondronana de la manière suivante : moins avancés, faiblement développé, moyennement développé,
plus avancés.
2
les liaisons routières entre la capitale et la région d'Antalaha étant impossibles, nous ne disposions pas de véhicule sur place, ce qui handicapait
lourdement le travail en milieu rural. Le projet Masoala nous a aidé dans le choix des villages, pour les déplacements dans la zone et nous a prêté
un local à Antalaha pour la formation des enquêteurs.
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Les Hautes Terres sont la région la plus densément peuplée de Madagascar. Afin d'exploiter
au mieux les différentes facettes écologiques liées au relief accidenté, les paysans ont développé un
système de cultures diversifiées. Une région centrale des Hautes Terres, le Vakinankaratra, a été
retenu comme site d'observation, illustrant la problématique des petites exploitations familiales
polyculturales à dominante rizicole, mais globalement déficitaires en riz. Deux zones d'enquête ont
été choisies, l'une sur la zone orientale du Vakinankaratra (classée parmi les zones les plus
développées), lieu de peuplement ancien et l'autre dans le Moyen Ouest, dans une zone classée
comme étant faiblement développée, mais au potentiel agricole élevé et qui est une région de
colonisation récente.
Les opérateurs du développement sont nombreux dans cette région, mais pour la plupart
concentrés sur les mêmes micro-régions. Nous avons choisi de travailler avec l'IREDEC3, une ONG
qui intervient en dehors de ces sites "surencadrés" et, qui parallèlement à ses actions de
développement, mène des actions de recherche. La préparation du questionnaire, le choix des
villages, la réalisation des enquêtes et la validation des résultats ont été réalisés en étroite
collaboration avec l'IREDEC.
Observatoire de la plaine de Marovoay
La plaine de la Basse Bestiboka a été mise en valeur sous la colonisation et est devenue un
des greniers à riz de Madagascar, dont la production était en partie exportée vers l'Europe. Cette
région est peuplée essentiellement de migrants venus de plusieurs régions de Madagascar à la
recherche d'un emploi salarié et, par la suite, de terres. Comme les autres grands périmètres irrigués
(lac Alaotra, Samangoky), cette zone a été frappée de plein fouet par la crise des années 80 : crise de
l'autorité centrale de gestion du périmètre, rupture des approvisionnements en intrants et matériels
agricoles. Ces paysans "modernes" très insérés dans l'économie de marché ont dû déployer des
stratégies de repli ou de reconversion. A l'heure de la réhabilitation des réseaux hydroagricoles et du
transfert de leur gestion aux usagers de l'eau, il est utile de repérer quelles sont les stratégies
actuelles des producteurs. La région de Marovoay est classée comme étant moyennement
développée.
Présentation des résultats
La dispersion des sites sur l'ensemble de Madagascar et le travail dans des zones enclavées
ont soulevé d'importants problèmes logistiques et nous ont obligé à multiplier un certain nombre
d'opérations. La supervision de chaque site était assurée par des cadres du projet MADIO, parfois
assistés de nos partenaires sur place, mais nous avons recruté et formé une équipe d'enquêteurs pour
chaque observatoire4.
Les opérations de collecte ont eu lieu de juillet à septembre 1995 pour les observatoires du
Vakinankaratra, de Marovoay et de la plaine côtière Mahafaly, d'octobre à novembre 1995 pour
l'observatoire de la vanille. La saisie et l'apurement des fichiers ont été terminés entre décembre
1995 et janvier 1996.
Chaque observatoire fait l'objet d'une publication intermédiaire des premiers résultats avant
la synthèse qui permettra une étude comparative des différentes zones.
Remerciements
L'accueil dans les villages fut toujours chaleureux et les ménages ont généreusement donné
de leur temps pour répondre de bonne grâce (et surtout consciencieusement) à un questionnaire
3
IREDEC : Institut de Recherche et d'Application des Méthodes sur le Développement Communautaire
afin de faciliter le contact avec les ménages enquêtés (et donc de s'assurer une certaine qualité des résultats) , il était nécessaire que les enquêteurs
soient issus de la région d'enquête.
4
4
assez long, qui faisait souvent appel à leur mémoire (notamment pour les questions quantitatives sur
la production).
La relation de confiance avec les ménages ruraux a été en grande partie établie grâce à nos
partenaires, qui nous ont introduit, ont expliqué l'intérêt de l'enquête et nous ont aidé pour la
logistique dans les villages. Nous sommes très redevables à ces opérateurs du développement,
souvent engagés dans de multiples actions concrètes, qui ont consacré du temps et de l'énergie à une
opération dont les résultats ne sont pas directement visibles. Nous espérons que les résultats de ces
enquêtes pourront aussi les guider dans leurs choix d'intervention.
Enfin, il ne faut pas oublier l'équipe des enquêteurs et des superviseurs, qui ont travaillé dans
des conditions matérielles difficiles, qui sont certes le lot quotidien des ruraux, mais auxquelles les
citadins ne sont pas ou plus habitués.
Composition de l’équipe Observatoires ruraux 1995
L'équipe Madio a eu la très grande douleur de perdre Melle Hanitriniala, une de ses collaboratrices,
décédée en août 1996. Nous appréciions sa compétence et gardons le souvenir de sa grande
gentillesse.
Coordination des observatoires:
DROY Isabelle
Equipe observatoire :
PESNEAUD François
RASOLOFO-JAONARISON Patrick
RATOVOARINONY Raphaël
RAZANAMAVO Voahirana
HANITRINIALA
Enquêtes terrain -observatoire d'Antalaha :
RAZANAMAVO Voahirana
RASOLOFO-JAONARISON Patrick
RATOVOARINONY Raphaël
Rédaction - observatoire d'Antalaha: PESNEAUD François (responsable de la rédaction)
HANITRINIALA
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L’OBSERVATOIRE D'ANTALAHA 1995 EN CHIFFRES
Situation socio-démographique et activités
Taille moyenne du ménage (personnes)
Pourcentage de la population de moins de 20 ans
Pourcentage des ménages dont l'activité principale est l'agriculture
Pourcentage des ménages pratiquant des activités secondaires
5,00
58,1
98,8
41,1
Les facteurs de production agricole
Nombre moyen de parcelles exploitées par ménage
Pourcentage des parcelles en rizières sur l'ensemble des parcelles
Pourcentage des parcelles immatriculées
Pourcentage des propriétaires exploitants
Investissement moyen par ménage dans l'équipement agricole
Pourcentage des ménages ayant fait appel à de la main d'oeuvre salariée
4,9
22,1
20,8
98,6
8 924 Fmg
52,8
La production agricole et l'élevage
Production moyenne de tubercules par ménage
Pourcentage de la production vendue (cultures hors riz)
Production moyenne de riz paddy par ménage
Surface moyenne exploitée en rizière par ménage
Quantité moyenne de riz-paddy autoconsommée par ménage
Quantité moyenne de riz-paddy vendue par ménage
Pourcentage de la production rizicole destinée à l’autoconsommation
Rendement moyen en riz-paddy
Nombre de bovin par ménage
900 kg
65,9
1376 kg
145 ares
1232 kg
431 kg
85,7
0,9 t/ha
0,96
Les indicateurs de niveau de vie
Pourcentage des ménages ne dépassant pas
7 mois d’autoconsommation alimentaire
Pourcentage des ménages s’approvisionnant en eau à une source
ou un cours d'eau
Dépense moyenne annuelle par ménage consacrée à la scolarité
6
11,6
84,3
37 766 Fmg
OBSERVATOIRE DE LA VANILLE (ANTALAHA) :
ENQUETE 1995
RESUME DES PREMIERS RESULTATS
DES SITES D'ENQUETE POUR ILLUSTRER UNE PROBLEMATIQUE DE LA REGION
COTIERE ORIENTALE
L'enquête sur l'observatoire dit de la vanille a touché 514 ménages et 2 565 personnes. Il se
décompose en deux sites, regroupant chacun deux villages, dont certains se subdivisent en hameaux.
Le premier, dit de Maromandia, comprend le gros village du même nom et Marovany. Ils sont
localisés respectivement à 23 et 25 km au sud-ouest de la ville-port de Antalaha, sur la R.N. 5a, qui
est, sur ce tronçon, une piste de qualité inégale, mais que peuvent emprunter les camionnettes.
L'autre site, dit de Ampohibe, se compose de ce dernier village et de Namohana. Au sud de
Antalaha, on le rejoint par la route goudronnée de l'aéroport sur 11 km, puis par une route neuve
non goudronnée mais de bonne qualité, sur 8 et 10 km. Ce deuxième site est non seulement plus
accessible que le premier, mais bénéficie aussi de plus grands espaces dans les bas-fonds.
Le choix de cet observatoire s'explique par l'importance des bouleversements économiques
que subissent les paysanneries de la côte orientale, du fait de l'importance des cultures de rente dans
ces régions : libéralisation récente de la commercialisation, baisse des cours, inflation. Le choix s'est
porté sur une région productrice de vanille - la production peut-être la plus affectée - mais qui ne
néglige pas pour autant le café et, dans une moindre mesure, le girofle. Des choix des producteurs
dépend l'avenir de filières qui ont longtemps été les plus grandes pourvoyeuses de produits à
l'exportation. Un repli sur les cultures vivrières, s'il est envisagé, aurait de sérieuses conséquences
macro-économiques. Cette première enquête fournit une base de données par ménages qui, outre
son aspect informatif, permettra d'évaluer les changements de comportements les années suivantes.
UNE POPULATION HOMOGENE ENRACINEE DANS SES VILLAGES
Une très forte majorité de la population est à la fois de la même ethnie régionale et installée
depuis fort longtemps dans les villages d'enquête. Les Betsimisaraka représentent 84% du total, les
plus nombreux des minorités étant les Tsimihety avec 8%. 4 ménages sur 10 déclarent être installés
"depuis toujours" dans les villages. Cette proportion s'abaisse légèrement à Maromandia où16%
sont venus en rapprochement familial ou comme salariés agricoles, et parfois d'un autre
Fivondronana. Cependant la religion, du moins nominalement, apporte des clivages entre
catholiques (46% de la population), protestants (22%) et ceux qui ne pratiquent pas de religion
monothéiste (32%).
A l'image de la population malgache, la population est jeune, l'âge médian est de 16 ans et
58% de la population a moins de 20 ans. Ce qui caractérise le type de ménages, par rapport aux
autres observatoires, est la forte proportion de ménages monoparentaux, nucléaires ou élargis
(31%), aux trois quarts dirigés par une femme. De même la pratique de la famille élargie (à un
membre autre que celui du noyau familial stricto sensu) est largement répandue (36%). Ces données
traduisent à la fois une certaine fragilité des familles nucléaires et une entraide intergénérationnelle.
Si le taux de scolarisation est relativement élevé, le niveau d'instruction des populations est
faible. En effet, parmi la population de 10 ans et plus, un quart des hommes et un gros tiers des
femmes ne savent pas lire du tout ; de fait seule une moitié de cette population peut affirmer savoir
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vraiment lire et écrire. Cette situation devrait s'améliorer avec le temps si les forts taux de
scolarisation se maintiennent : 78% des garçons et 84% des filles de 10-14 ans sont scolarisés. Il est
vrai que l'équipement scolaire de l'observatoire est correct ; on ne saurait généraliser cette bonne
situation à l'ensemble de la région de Antalaha.
L'agriculture est pratiquée par tous les ménages. Cependant des membres de 4 ménages sur
10 exercent une activité secondaire afin de compléter leurs revenus : le petit commerce, l'artisanat
agro-alimentaire, le salariat agricole et l'élevage sont les principales d'entre elles. Les migrations
saisonnières touchent peu d'actifs, moins de 1 sur 10, et ces derniers ne s'éloignent guère de la
région.
Le travail agricole est effectué en priorité par les membres de la famille. Cependant un peu
plus de la moitié des ménages font appel chacun en moyenne à des salariés pour l'équivalent de 19
hommes-jours, notamment pour le travail sur les rizières aquatiques et secondairement les
plantations de vanille et de café. Ce recours au salariat est inférieur à ce qui est observé dans les
observatoires de Antsirabe et Marovoay. L'entraide n'a pas pour autant disparu puisque près de la
moitié des ménages y recourent pour l'équivalent moyen de 16 hommes-jours, et ce presque
exclusivement pour les travaux sur les rizières aquatiques.
UNE PAYSANNERIE DE PETITS EXPLOITANTS PROPRIETAIRES MAIS DES
PARCELLES AU STATUT MAL DEFINI
3 exploitants sur 4 se considèrent propriétaires de leurs parcelles et 1 sur 5 seulement louent
de la terre pour augmenter leur capital foncier d'exploitation. Les grands propriétaires sont en
nombre réduit. La répartition de la terre est relativement moins inégalitaire en comparaison des
autres observatoires.
L'accès à la terre est normalement libre dans ces régions, mais la pression démographique
peut limiter ce droit coutumier à occupation, notamment dans les bas-fonds à vocation rizicole et sur
les pentes (ou tanety) proches des villages. L'ancienneté de la résidence de la population assure ainsi
un minimum foncier à tous les ménages. En revanche le statut foncier n'est fixé par
l'immatriculation au cadastre que pour un quart des parcelles, un peu plus pour les rizières de basfonds que pour les parcelles de tanety, un peu plus à Ampohibe qu'à Maromandia.
UNE GRANDE VARIETE DANS LES MODES D'UTILISATION DES TERROIRS
La variété des terroirs, se décomposant principalement en bas-fonds humides et en pentes
souvent fortes, et le grand nombre des productions entraînent une variété de modes d'utilisation des
terres. Les parcelles relèvent de 5 types principaux d'exploitation : les plantations où dominent ici
les plants de vanille (37% du nombre des parcelles), les champs de culture sèche ou vala (23%), les
rizières de bas-fonds (22%), les brûlis ou tavy (13%), les rizières de culture sèche sur tanety (5%).
La majorité des ménages exploitent une parcelle de chaque type ou de 4 des 5 types : il y a donc
bien un système de production à la fois diversifié et adopté par l'ensemble de la population.
UN MATERIEL AGRICOLE RUDIMENTAIRE
La quasi-totalité des ménages possèdent au moins un coupe-coupe, 9 sur 10 une bêche
(angady) et 8 sur 10 une hache. Ce sont là les seuls outils agricoles généralisés, le travail étant
entièrement réalisé manuellement (en dehors du piétinage non généralisé des rizières aquatiques par
les zébus). L'équipement tracté est inexistant. Les ménages investissent peu dans l'outillage, ne
faisant que les renouveler, pour à peine plus de 3 millions de Fmg au total en une année, soit 6 000
Fmg par ménage. Pour cela, ils s'adressent dans 9 cas sur 10 à de petites entreprises privées et
financent ces achats par leur propre épargne, des dons ou des héritages.
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POLYCULTURE VIVRIERE ET CULTURES DE RENTE : LES DEUX FACES DE
L'ECONOMIE AGRICOLE
Les ménages assurent au mieux leurs besoins vivriers en pratiquant des cultures variées, dont
le riz reste la principale, et recherchent des rentrées monétaires par les cultures de plantation.
Ainsi 87% des ménages (et même 99% à Ampohibe) cultivent du riz aquatique, 80% du
manioc, 76% des bananes, 60% du riz pluvial (sur champs vala ou sur tavy) et du taro, 29% du
maïs, 20% de la patate douce. Il n'est pas possible de ventiler les surfaces correspondantes, faute de
déclarations fiables, en dehors du riz de bas-fonds.
L'immense majorité des ménages cultivent la vanille (87%), 57% le café et encore 30% le
girofle.
LA PLACE EMINENTE DES RIZ, DESTINES A L'AUTOCONSOMMATION
En moyenne chaque ménage cultive 145 ares de rizières, 75 ares en culture de bas-fonds et
70 ares en culture de tanety. Ces dernières sont plus étendues à Maromandia où la topographie offre
moins de surface de bas-fonds. Le premier type de culture suppose une certaine maîtrise de l'eau,
plutôt dans le sens du drainage que dans celui de l'irrigation, et la pratique du repiquage. Certaines
rizières acceptent une deuxième récolte annuelle avec une variété hâtive. Le riz sur tanety, avec ou
sans brûlis préalable, se fait en semis direct et est entièrement pluvial ; plus que le manque d'eau, ce
sont les excès pluviométriques qui sont à craindre, notamment quand les pousses sont jeunes.
Les rendements en paddy restent très faibles, démontrant le bas niveau technique de cette
culture. Si le chiffre de 1 tonne par hectare n'est que le résultat de la répartition locale des surfaces
en rizières aquatiques et en rizières pluviales, les rendements pour chacun des deux types sont plus
démonstratifs. D'après les déclarations des ménages, le riz pluvial donnerait 0,6 à 0,7 tonne de
paddy par hectare, en moyenne. Pour le riz aquatique, ces chiffres sont respectivement de 0,9 t et
1,3 t pour Maromandia et Ampohibe. Ce dernier village dispose en effet de périmètres plus vastes et
mieux entretenus. Ces derniers chiffres sont similaires à ceux relevés à Antsirabe en riziculture
irriguée des Hautes Terres, mais inférieurs à ceux du grand périmètre de Marovoay.
La répartition des surfaces rizicoles sont relativement égalitaires : plus de 6 ménages sur 10
cultivent 100 à 250 ares, et 1 sur 4 seulement moins de 100 ares. Aussi, pour une production par
ménage de 1 379 kg, 6 ménages sur 10 dépassent 1 000 kg. Seulement 8% des ménages n'obtiennent
pas 500 kg. Des trois observatoires rizicoles, Antalaha est celui qui connaît la situation la moins
inégalitaire.
Le riz reste une culture vivrière destinée avant tout à l'autoconsommation. Seulement 9% de
la production est vendue, et ce pour la plus grande part soit directement à des ménages du voisinage
soit à de petits commerçants locaux. Sur 695 tonnes produites, seulement 15 t ont été cédés à des
collecteurs : le riz n'a pas une vocation commerciale externe. Cette situation contraste fortement
avec les deux autres observatoires rizicoles où, il est vrai, opèrent une plus forte proportion de
riziculteurs excédentaires.
Le riz est la culture vivrière principale, même si de nombreux agriculteurs cultivent d'autres
plantes à vocation alimentaire. Ainsi, à côté des 695 tonnes de riz, l'observatoire produit 47 t de
manioc, 5 t de taro et patate douce, 2,5 t de maïs, 88 t de litchis et 41 t de bananes. A l'inverse du
riz, ces productions sont assez largement vendues par les ménages : les deux tiers pour les fruits,
42% pour les tubercules et 61% pour le maïs. Il n'en reste pas moins qu'une partie importante de ces
quantités vendues restent dans le voisinage, sauf pour les litchis. Au total, l'organisation socioéconomique de ces villages est faite en sorte qu'elle ménage l'autosuffisance locale, les ménages
9
déficitaires trouvant leur complément vivrier auprès des ménages excédentaires, dans une structure
relativement égalitaire. Une partie des besoins financiers sont alors couverts par le produit des
cultures de rente, et particulièrement la vanille.
VANILLE, CAFE, GIROFLE : LE SECTEUR PROCURANT LES BESOINS DE
NUMERAIRES
La vanille est la culture de rente la plus importante dans l'observatoire. Le lecteur trouvera
en annexe de la présente monographie une publication Madio rédigée par Mireille Razafindrakoto :
"Quel avenir pour la vanille malgache à l'heure de la libéralisation. Analyse à partir de l'observatoire
d'Antalaha".
NI ELEVAGE "SENTIMENTAL" NI INTEGRATION A L'AGRICULTURE. LA
FAIBLESSE DE L'ELEVAGE BOVIN
L'élevage bovin n'est pratiqué que par un tiers des ménages, chacun de ses derniers ne
possédant que 2,8 têtes. Il est extensif, profitant d'un climat humide toute l'année, mais semble aussi
mal adapté à celui-ci (123 bêtes mortes en un an sur un effectif de 496 au moment de l'enquête). Sa
finalité est difficile à comprendre, mais sur 10 ménages, 6 invoquent l'aide apporté par les bêtes au
piétinage des rizières, 2 la fonction d'épargne mobilisable et les 2 derniers le signe extérieur de
richesse. De fait, les animaux ne servent guère à l'agriculture en dehors du piétinage ; ils apportent
peu de fumure en dehors de la vaine-pâture après la récolte et ne tractent ni charrue ni charrette. Le
commerce est peu actif (45 bêtes achetées et 40 vendues en un an) et cet élevage n'est pas non plus
tourné vers l'engraissement et la revente d'animaux. L'élevage laitier est insignifiant.
Le petit élevage concerne la volaille, en dehors de 45 porcs. 8 ménages sur 10 possèdent 16
têtes au moment de l'enquête. De mode extensif, cet élevage est avant tout destiné aux besoins des
ménages, sauf pour une petite minorité d'entre eux qui vendent une partie de leur production. Les
ménages ont le plus grand mal à garder leur troupeau ; la mortalité fut très forte l'année précédant
l'enquête, les disparitions sont nombreuses.
Au total, l'élevage bovin et de basse-cour ne retient pas une grande attention de la part des
ménages qui ne lui consacrent guère que 8 000 Fmg par ménage éleveur. Il est vrai que cette somme
est du même ordre que celle qu'ils consacrent à l'investissement en matériel agricole.
LES ACTIVITES SECONDAIRES : UN APPOINT PEU IMPORTANT
Les activités secondaires, pratiquées par 41% des ménages, génèrent relativement peu de
chiffres d'affaires dans l'observatoire de Antalaha : 164 millions de Fmg, contre 379 à Marovoay et
504 à Antsirabe. Seuls Tuléar connaît un chiffre inférieur (97), mais probablement car les ménages
mélangent deux ou trois activités principales (agriculture, pêche, élevage). L'artisanat, l'orpaillage et
le petit commerce sont les principales activités. 74% des ménages pratiquant une activité secondaire
affectent les revenus de celle-ci à l'achat de nourriture. Aussi si le niveau de ces activités est
relativement bas, c'est d'une part parce que la majorité des ménages atteignent ou sont proches de
l'autosuffisance alimentaire et d'autre part parce que les cultures de rente peuvent facilement
procurer l'argent nécessaire à l'achat de nourriture.
UNE SECURITE ALIMENTAIRE RELATIVEMENT ASSUREE
En comparaison des autres observatoires, les ménages de Antalaha sont mieux lotis, car bien
que la sécurité alimentaire ne soit pas assurée pour tous, deux tiers des ménages sont autosuffisants
pendant au moins 10 mois. On a vu ci-dessus que les cultures de rente et quelques activités
secondaires permettent de compléter les ressources propres par des achats d'aliment qui peuvent se
faire sur place puisque les ménages excédentaires (en riz surtout) ne vendent guère à l'extérieur de
leur voisinage. Un indice démontrant que la situation alimentaire est peu tendue est le faible nombre
10
de ménages qui vendent des aliments de base à la récolte sous la nécessité, à l'inverse des autres
observatoires.
Le régime alimentaire est simple : le riz est consommé au moins deux fois par jour, au
déjeuner et au dîner. Au petit déjeuner, la moitié des ménages délaissent cette céréale pour un
tubercule, le manioc surtout. En période de soudure, les ménages diminuent les rations de riz pour
consommer plutôt des tubercules, voire des fruits à pain ou des bananes. En cas de besoin, les
ménages se tournent surtout vers le travail salarié (41%), la pratique d'activités secondaires diverses
(37%) ou l'emprunt (16%) plutôt que vers l'aide de la parenté (6%) pour se procurer le numéraire
nécessaire à l'achat d'aliments. Mais ces stratégies diffèrent d'un village à l'autre et selon le taux de
couverture alimentaire des ménages.
LE PALUDISME, PRINCIPAL PROBLEME DE SANTE SELON LES HABITANTS
Le paludisme est le principal problème de santé pour les adultes (42% des réponses) comme
pour les enfants (61%), suivi des diarrhées et des affections respiratoires. Les deux sites de
l'observatoire sont peu représentatifs des conditions rurales habituelles car ils disposent chacun d'un
centre de soins et de santé primaire en état de fonctionnement. Les moyens de se procurer les
médicaments montrent le rôle capital de l'épicier local.
QUELQUES INDICATIONS SUR LA FAIBLESSE DU NIVEAU DE VIE
Comme dans les quatre observatoires, les dépenses courantes sont très faibles et portent sur
252 000 Fmg par ménage et par an, en dehors des dépenses alimentaires non recensées. Les postes
les plus importants concernent l'habillement, l'équipement du logement, les transports et la santé.
On peut cependant supposer que le niveau des dépenses fluctuent fortement d'une année à l'autre en
fonction des cours des cultures de rente. L'année d'enquête est à cet égard très médiocre.
Les ménages sont peu nombreux à emprunter de l'argent, environ 1 sur 5, et les transactions
portent sur de faibles montants, environ 5 000 Fmg. Les ménages s'adressent surtout à d'autres
membres de leur famille.
L'habitat rural est sommaire, constitué de matériaux végétaux. S'il n'est pas sans mérite, les
populations disposent de peu d'éléments de confort (douche, toilette, etc.). La quasi-totalité des
ménages possèdent leur logement.
L'équipement des ménages est faible en ce qui concerne le mobilier (table, chaise). 1 sur 4
d'entre eux seulement possède une radio, 3 sur 10 une machine à coudre.
APERCU SUR LES DYNAMIQUES EN COURS
Les mouvements fonciers semblent faibles au cours des 5 dernières années ; ils
correspondent surtout au flux normal de renouvellement par héritage et achat en ce qui concerne les
acquisitions et par abandon en ce qui concerne les pertes, moins nombreuses.
En revanche, plus de 30% des ménages ont signalé des régressions en ce qui concerne les
surfaces cultivées en vanille, café et girofle. Ce relatif déclin des cultures de rente ne semble pas
compensé par une nette avancée des cultures vivrières où les extensions l'emportent de peu sur les
régressions au cours des 5 dernières années. La variété des raisons avancées pour expliquer ces
mouvements sont variées et reflètent la diversité des conditions familiales.
L'évolution des prix procède du climat de forte inflation de 1994 et 1995. Cependant le prix
du paddy n'a augmenté que de 22% en un an, moins que sur les autres observatoires, mais les
niveaux restent supérieurs, du fait que les villages soient déconnectés du marché national. Les autres
11
produits agricoles ont connu une hausse plus forte (30% pour le manioc, taro et les bananes). Mais
plus que le prix de ces produits, finalement assez peu vendus et achetés, ce sont les cours des
cultures de rente qui importent aux villageois. Or, actuellement, ceux-ci ont une tendance à la baisse
en dépit de la forte dévaluation de la monnaie nationale.
L'OPINION DES MENAGES A PROPOS DES PROBLEMES QU'ILS RENCONTRENT
En ce qui concerne les difficultés de la production agricole, le manque d'accès au crédit et de
moyens de production en général retiennent 47% des réponses, suivi du problème de manque de
temps (14%), puis de l'absence d'encadrement et de conseils techniques (10%). Pour l'élevage,
l'insécurité (46%) et les problèmes de santé (38%) sont relevés comme les difficultés principales. En
général, les ménages ne se plaignent pas de manque de main-d'oeuvre ni de difficulté
d'approvisionnement et de commercialisation. Par contre, dans le domaine de la vie courante,
l'approvisionnement défectueux en produits de première nécessité est ressenti par 79% des ménages.
A propos du flottement de la monnaie nationale et de l'inflation, la croissance des prix des
PPN est plus vivement ressentie que l'amélioration des prix aux producteurs, qui, il est vrai n'a pas
touché les cultures de rente.
A propos des perspectives, une forte proportion des ménages (42%) affirment qu'ils
consacreraient un éventuel surplus de revenu à l'amélioration de leur logement, 28% achèteraient
des terres et 25% des boeufs. Ces réactions montrent que les problèmes vivriers n'affectent pas la
majorité de la population. Celle-ci est plus sensible aux aléas de la conjoncture des cultures de rente.
12
OBSERVATOIRE D’ANTALAHA : ENQUETE 1995-1996
PREMIERS RESULTATS
"L'observatoire de la vanille", dit d'Antalaha, est constitué de deux groupes de villages :
- le village de Maromandia et les deux hameaux voisins de Lavatsiraka et Ambolopataka, à une
vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Antalaha, sur la piste RN4,
- les deux villages de Ampohibe et Namohana, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de la
même ville, sur la piste récemment réhabilitée.
Pour des raisons de commodité, il sera fait usage dans le texte du seul nom des villages
principaux de chaque groupe : Maromandia et Ampohibe. Respectivement 263 et 251 ménages
y ont été questionnés, soit 514 au total.
I SITUATION SOCIO-DEMOGRAPHIQUE ET ACTIVITES
I.1 LA SITUATION SOCIO-DEMOGRAPHIQUE
A l'image de la population malgache, celle de l'observatoire (2565 personnes) est jeune. Les
moins de 20 ans constituent 58% de la population et le groupe « 60 ans et plus », seulement
5%. La base évasée de la pyramide des âges témoigne d’un taux de natalité élevé.
5
La taille moyenne des ménages est de 5 personnes. Le modèle de famille nucléaire strict
est le plus fréquent. Il représente 42% des ménages interrogés. Ce taux est plus faible que celui
d’Antananarivo (49%) et celui de l’observatoire d’Antsirabe (56%). La différence s’explique
essentiellement par une proportion plus élevée de famille de type élargi6, monoparentale ou non.
A Maromandia, la proportion de femmes vivant seules est particulièrement élevée. Parmi les
7
ménages unipersonnels de ce village, environ trois sur cinq sont composés de femmes.
Tableau 1
Types de ménages
Type de ménage
Maromandia
Ampohibe
Observatoire
Antananarivo*
Unipersonnel
7,0
4,8
5,9
5,8
Couple
7,0
4,4
5,7
6,8
Nucléaire monoparental
13,3
7,2
10,3
9,4
Nucléaire strict
44,5
39,4
42,0
49,1
Elargi monoparental
14,1
17,1
15,6
11,5
Elargi
14,1
27,1
20,5
17,4
Total
100
100
100
100
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
*Source : Projet MADIO, 1995 : L'emploi, le chômage et les conditions d'activité dans l'aglomération d'Antananarivo, p 9, tableau 1
On observe la prédominance des ménages dont le chef est un homme. C’est le cas de 76%
des ménages de l’observatoire. Les femmes sont à la tête de 61% de ménages de type nucléaire
monoparental et de 83% des ménages de type élargi monoparental. Ces taux élevés s’expliquent
surtout par le nombre important de femmes divorcées, séparées et veuves : 10% des femmes sont
dans cette situation, contre 3% des hommes. En effet la séparation apparaît très tôt (dès le groupe
15-19 ans) et s'accroît avec l’âge. La proportion des hommes mariés reste pourtant plus ou moins
5
Un ménage de type nucléaire strict est composé des deux parents et de leurs enfants.
Un ménage est de type élargi si, au moins un autre membre de la famille (hors-parents et leurs enfants) vient s'ajouter au ménage.
7
Il s'agit des personnes vivant seules.
6
13
constante. Tout ceci laisse présager une précarité de la stabilité des familles et de la situation socioéconomique d’une proportion non négligeable de personnes.
Graphique 1
Situation familiale de 100 femmes par groupe quinquennal d’âge.
100%
Veuve
Séparée
Célibataire
Union libre
Mariée
80%
60%
40%
20%
0%
0-4
15-19
30-34
45-49
60-64
Total
Groupes quinquennaux d'âges
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Graphique 2
Situation familiale de 100 hommes par groupe quinquennal d’âge.
100%
Veuf
Séparé
Célibataire
Union libre
Marié
80%
60%
40%
20%
0%
0-4
15-19
30-34
45-49
60-64
Total
Groupes quinquennaux d'âges
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Le village d’Ampohibe semble abriter une organisation familiale plus conservatrice. La
proportion des familles de type élargie est beaucoup plus importante. Elle est de 27% à Ampohibe
et seulement de 14% dans le village de Maromandia. La taille moyenne des ménages y est d’ailleurs
beaucoup plus élevée : 5,3 personnes contre 4,7 personnes à Maromandia.
La morphologie sociale des populations
La grande majorité de la population des deux villages est originaire de la région. 97%
des habitants de l'observatoire et 95% des chefs de ménage sont nés dans le Fivondronana
d’Antalaha même. Les flux d’immigration en vue d’une installation sont donc très limités - ou du
moins anciens - dans cette zone.
14
Les « Betsimisaraka » constituent 84% de la population. Loin derrière suivent les
« Tsimihety » (environ 8%) et les personnes originaires du sud-est de l'île8 (4%).
Tableau 2
Répartition ethnique de la population
Betsimisaraka
Tsimihety
Antemoro ou Antesaka
Autres
Total
Maromandia
86,0
8,3
2,3
3,4
100
Ampohibe
82,2
7,3
6,4
4,1
100
Observatoire
84,0
7,8
4,4
3,8
100
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
La proportion des personnes qui ne s'identifient pas à une religion monothéiste est élevée.
Elle est de 34% à Ampohibe et 22% à Maromandia. Le reste de la population est en majorité
chrétien.
Tableau 3
Religion de la population
Catholique
Protestante
Pas de religion monothéiste
Autre
Total
Maromandia
42,1
31,2
22,6
4,1
100,0
Ampohibe
50,2
14,3
34,4
1,1
100,0
Observatoire
46,4
22,4
28,8
2,4
100,0
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Aucune différence sociologique fondamentale n’apparaît entre ces deux villages de
l’observatoire d’Antalaha. Aussi bien à Maromandia qu’à Ampohibe, nous avons une population
enracinée et assez homogène quant à leur appartenance ethnique et religieuse.
Structure de la population par sexe et par âge
La pyramide des âges a une base très élargie et effilée au sommet : son aspect est conforme
au modèle des populations stables à forte croissance.
Un déséquilibre important entre la proportion de garçons et de filles apparaît chez les plus
jeunes enfants. Le rapport de masculinité est près de 125%. Est-ce le résultat d’une sous-déclaration
du nombre des petites filles ou d’une forte surmortalité? Ce déficit se résorbe dès la classe d’âge
suivante (5-9 ans) ce qui confirmerait l’hypothèse de la sous-déclaration. On observe un gonflement
de l’effectif moyen du groupe 40-44 ans pour les hommes. Ceci pourrait être le résultat d’un report
important sur l'âge 40 ans chez les hommes.
Tableau 4
Structure par âge de la population
Groupes d'âge
0-4
5-9
10-14
15-19
20-34
35-59
60 et plus
TOTAL
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
8
Pourcentage de la population
15,3
16,5
14,1
12,2
18,9
17,9
5,1
100
Les Antemoro ou Antesaka.
15
58,1
45,9
36,8
49,0
5,1
100
5,1
100
I.2 LA SCOLARISATION
Un taux de scolarisation élevé, mais un niveau scolaire faible
Le taux de scolarisation des jeunes est assez élevé si on le compare à celui des autres
observatoires. A partir de 15 ans on observe une baisse sensible de ce taux pour les deux sexes. Si
les filles sont plus scolarisées jusqu’à 15 ans (surtout à Maromandia), cette tendance s’inverse par la
suite.
Tableau 5
Taux de scolarisation* (%)
Groupe d’âge
6-9
10-14
15-19
20-24
Maromandia
Garçons
Filles
62,5
65,9
69,6
83,7
36,5
25,0
4,1
1,8
Ampohibe
Garçons
Filles
61,8
68,8
86,4
84,6
36,3
31,3
6,8
1,8
Observatoire
Garçons
Fille
62,1
67,4
78,4
84,2
36,4
28,1
5,4
1,8
47,5
49,0
54,2
52,5
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
* Effectif par classe d’âge des personnes allant toujours à l’école, rapporté à l’effectif total par classe d’âge
50,9
51,2
Tableau 6
Niveau de lecture et d’écriture et de maîtrise du français pour 100 personnes de 10 ans et plus
%
Maromandia
Hommes
Femmes
Ampohibe
Hommes
Femmes
Observatoire
Hommes Femmes
NIVEAU DE LECTURE
Savent lire
Savent lire un peu
Ne savent pas lire
Total
54,6
19,2
26,2
100
39,1
19,5
41,4
100
60,2
18,3
21,5
100
46,4
21,7
31,9
100
57,6
18,7
23,7
100
42,9
20,6
36,5
100
53,4
18,9
27,7
100
38,7
19,2
42,1
100
58,2
18,3
23,5
100
44,1
23,2
32,7
100
55,9
18,6
25,5
100
41,5
21,3
37,2
100
4,2
15,6
80,2
100
0,9
9,7
89,4
100
0,9
12,5
86,6
100
0,4
7,5
92,1
100
2,4
13,9
83,7
100
0,7
8,5
90,8
100
NIVEAU D'ECRITURE
Savent écrire
Se débrouillent
Ne savent pas écrire
Total
MAITRISE DU FRANCAIS
Savent parler français couramment
Se débrouillent
Ne savent pas parler français
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Le bon taux de scolarisation actuel contraste avec le bas niveau d'instruction de la
population. La quasi-totalité des personnes ayant été scolarisées n’ont suivi que le cycle
primaire. Dans tout l’observatoire, moins de 20% des personnes ayant été scolarisées ont un niveau
secondaire premier cycle et 30 personnes (2,6%) seulement ont dépassé celui-ci, dont une seule
(0,1%) a atteint le cycle supérieur. De plus, environ un quart des hommes et un peu plus d’un tiers
des femmes de plus de dix ans ne savent ni lire ni écrire.
L'arrêt des études ou la non-scolarisation
16
A Ampohibe, la raison principale de l’arrêt des études est l’échec scolaire. C’est par contre
la nécessité de travailler qui est le plus fréquemment évoquée chez les hommes du village de
Maromandia.
Tableau 7
Causes de l'arrêt des études ou de la non scolarisation
Maromandia
Hommes
Femmes
Echec scolaire
26,6
Nécessité de travailler
38,4
Coût trop élevé
6,7
Etude estimée sans intérêt
19,2
Raisons personnelles
3,0
(mariage, grossesse, handicap)
Autres
6,1
TOTAL
100
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
Hommes
Femmes
Observatoire
Hommes Femmes
26,8
21,4
6,2
26,6
11,0
53,5
15,9
7,6
17,1
3,4
50,1
11,4
4,7
26,3
5,3
40,7
26,6
7,2
18,1
3,2
38,9
16,2
5,5
27,4
8,0
6,0
100
2,5
100
2,2
100
4,2
100
4,0
100
I.3 LES DYNAMIQUES MIGRATOIRES
Les dynamiques migratoires ont été observées sous deux angles : les migrations saisonnières
qui sont un indicateur de l’activité des ménages et les migrations longue durée, pouvant aboutir à
une installation définitive, qui illustre le pouvoir d’attraction économique de certaines régions.
Des migrations saisonnières peu importantes
La saisonnalité des activités agricoles laisse aux agriculteurs des périodes "creuses" durant
lesquelles ils se consacrent à d'autres activités ; parfois, ces activités les amènent à quitter leur
région pour plusieurs semaines. Ces migrations saisonnières sont intéressantes à connaître, non
seulement pour apprécier leur importance dans l'économie locale, mais aussi parce que ces
mouvements de population ont des impacts divers : sur la santé par exemple (notamment dans
l'extension de grandes endémies), mais aussi (plus positivement) sur la diffusion de certaines
innovations.
Dans cette zone, les migrations saisonnières concernent moins de 10% des actifs9 sur
l’ensemble de l’observatoire. Parmi les migrants les proportions des chefs de ménage (45%) et des
conjoints (34%) sont les plus élevés. Les travaux agricoles sont les raisons principales qui
motivent ces déplacements. Ceux-ci restent de courte distance : sur les 134 migrants seuls 2
personnes (un collecteur-préparateur de vanille ou de café et un démarcheur) se rendent hors du
fivondronana d’Antalaha.
Les migrations longue durée : d’où viennent les habitants de l'observatoire?
Si l’analyse des migrations saisonnières nous donne des indications sur les déplacements
temporaires de la population active, l’analyse des migrations de longue durée permet de détecter les
tendances « lourdes » des mouvements de population (notamment la "conquête" de nouveaux
terroirs agricoles). Ces migrations de plusieurs dizaines d’années aboutissent souvent à une
installation définitive. On peut ainsi distinguer des régions de départ, "réservoirs" de population, des
régions d’accueil d’immigrants.
Un des indicateurs d’installation définitive d’une famille dans une région est la construction
d’un tombeau sur le nouveau terroir. Le tombeau signifie à la fois une appropriation, symbolique ou
9
population de plus de 10 ans
17
non, de la terre, qui devient la terre des ancêtres et l’abandon du désir de rentrer dans la région
d’origine. C’est pourquoi nous avons demandé à chaque ménage de localiser le tombeau familial et
de nous indiquer sa date de construction. Le lieu de naissance du chef de ménage est un indicateur
complémentaire.
Fivondronana de naissance et tombeau familial des chefs de ménage
La population de Maromandia est relativement plus diversifiée. D’une part, environ 7%
des chefs de ménage de ce village sont nés hors du Fivondronana d’Antalaha. Cette proportion
tombe à 3% dans le village d’Ampohibe. D’autre part, à Maromandia, 29% des chefs de famille
(contre 7% à Ampohibe) ont leur tombeau dans un autre Fivondronana qu'Antalaha.
Tableau 8
Emplacement du tombeau familial et lieu de naissance du chef de ménage
%
Maromandia
PROXIMITE DU TOMBEAU FAMILIAL
Près du village
77,8
Loin du village
22,2
Total
100,0
LOCALISATION DES TOMBEAUX*
Lieu de naissance
Emplacement du
Fivondronana
du chef de ménage
Antsiranana
Andapa
0,8
Antalaha
93,1
Mandritsara
0,8
Sambava
1,1
Toamasina
Mananara avaratra
0,4
Maroantsetra
1,1
Fianarantsoa
Mananjary
1,5
Vangaindrano
0,8
Antananarivo
Manjakandriana
0,4
Autres
Total
100,0
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
* Pour ceux qui sont déclarés loin du village.
Ampohibe
Observatoire
77,6
22,4
100,0
77,7
22,3
100,0
tombeau familial
Lieu de naissance
du chef de ménage
Emplacement du
tombeau familial
Lieu de naissance
du chef de ménage
Emplacement du
tombeau familial
1,8
70,9
5,5
1,8
0,4
96,8
-
92,8
-
0,5
95,0
0,4
0,5
0,9
81,8
2,7
0,9
3,6
1,6
3,6
0,2
1,4
3,6
5,5
3,6
0,8
0,4
-
1,2
0,6
2,7
1,8
1,8
5,5
100,0
100,0
3,6
100,0
0,2
100,0
0,9
4,7
100,0
Les dates de construction des tombeaux confirment l’ancienneté de l’installation des
villageois de l’observatoire. 98,5% des chefs de ménage ont leur tombeau construit depuis plus
de 50 ans.
Le peuplement des deux villages de l’observatoire d’Antalaha est donc relativement
ancien : 80% des ménages déclarent y être installés depuis toujours. Ce
Tableau 9
Date de construction* et localisation** des tombeaux familiaux des chefs de ménage.
%
Maromandia
Ampohibe
Observatoire
Date
entre 20 et 50 ans
1,5
1,5
1,5
plus de 50 ans
98,5
98,5
98,5
Localisation
Dans le Firaisana
38,2
40,0
39,1
Dans le Fivondronana (autre Firaisana)
32,7
52,8
42,7
Dans un autre "Fivondronana"
29,1
7,2
18,2
100
100
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
* Pour ceux qui ont leurs tombeaux près du village
** Pour ceux qui ont leurs tombeaux loin du village
N.B.: les différences avec la publication de synthèse tiennent à une base de calcul différente
18
taux s'abaisse à 72% à Maromandia où une fraction non négligeable de chefs de famille (16%)
est venue en rapprochement familial. Une autre partie (8%) est venue comme salariée agricole et
s’est ensuite installée définitivement. On enregistre en effet deux vagues d’installation à
Maromandia : la première se situe entre 20 et 50 ans, et la deuxième date de moins de dix ans.
Tableau 10
Raison d'installation dans le village
Maromandia
Ampohibe
Observatoire
69,9
15,7
8,0
5,3
0,4
0,0
0,7
100,0
90,1
2,8
4,0
0,4
0,8
0,8
1,1
100,0
79,8
9,3
6,0
2,9
0,6
0,4
1,0
100,0
72,4
14,6
1,9
4,6
5,4
0,8
0,3
100,0
88,1
4,0
1,6
1,6
2,8
0,8
1,1
100,0
80,1
9,4
1,8
3,1
4,1
0,8
0,7
100,0
Raisons
Ne sait pas, trop ancienne (installation trop ancienne)
Rapprochement familial
Venu comme salarié agricole et installé ensuite
Pour trouver des ressources naturelles disponibles
Retour sur la terre des ancêtres
Problèmes écologiques dans la région d'origine
Autres raisons
Total
Date d'installation
"Depuis toujours"
Moins de 10 ans
Entre 10 et 20 ans
Entre 20 et 30 ans
Entre 30 et 50 ans
50 ans et plus
Ne sait pas
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.I.4 Typologie des activités des ménages
Cette partie nous permet de cerner les comportements des producteurs de l'observatoire et
l'arbitrage qu'ils font entre les activités agricoles et les autres activités économiques.
L'agriculture reste l'activité principale des ménages
Tous les chefs de famille du village d’Ampohibe sont agriculteurs ou ouvriers agricoles.
A Maromandia sur les 262 chefs de famille interrogés, il y a seulement un enseignant de l’école
primaire, un infirmier, un couturier et 3 collecteurs-préparateurs de café ou vanille.
Plus d'un tiers des chefs de ménages et de leurs conjoints ne pratiquent l'activité principale
qu'à mi-temps. Les enfants (46%) ainsi que les autres parents (47%) du chef de famille travaillent
surtout saisonnièrement. Dans 57% des cas, les parents du chef de ménage participent à plein temps
à l'activité principale.
Tableau 11
Niveau de participation des membres des ménages à l'activité principale
Lien de parenté
Plein temps
62,9
Chef de ménage
57,5
Conjoint du chef
37,5
Enfant du chef
57,2*
Père ou mère du chef*
36,1
Autre parent du chef
43,6*
Autre personne nonapparentée
66,6*
Domestique
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO
* Effectif de base inférieur à 20 personnes
Mi-temps
Saisonnièrement
Sans
participation
0,2
0
0
0*
1,4
0*
Total
1,9
2,9
45,6
28,6*
47,1
50,0*
Quelques heures
par semaine
1,6
2,0
2,2
7,1*
0,8
0*
33,4
37,6
14,7
7,1*
14,6
6,3*
16,7*
16,7*
0*
0*
100*
100
100
100
100*
100
100*
Les activités secondaires sont peu importantes
Pour subvenir à leurs besoins monétaires courants de liquidité, 41% des ménages de
l’observatoire exercent au moins une activité secondaire.
19
Tableau 12
Nombre d'activités secondaires par ménages
Maromandia
Nombre de
%
ménages
172
65,6
Pas d'activité
63
24,1
Une activité
18
6,9
Deux activités
9
3,4
Au moins trois activités
262
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO
Ampohibe
Nombre de
ménages
131
77
28
16
252
%
52,0
30,6
11,1
6,3
100
Observatoire
Nombre de
%
ménages
303
58,9
140
27,2
46
9,0
25
4,9
514
100
A Ampohibe, ces activités secondaires concernent l'orpaillage, l'élevage et la transformation
de produits alimentaires. A Maromandia les activités secondaires s'exercent en majorité dans
l'agriculture, souvent sous la forme du salariat. Dans les deux villages, les activités commerciales
comptent pour 15% des activités secondaires, un chiffre non négligeable. Mais ce sont là les seules
activités secondaires exercées dans le secteur tertiaire.
Tableau 13
Répartition par branches des activités secondaires
Maromandia
Ampohibe
Observatoire
44,4
22,6
Secteur primaire
Agriculture
23,0
2,2
10,9
Elevage
4,4
14,5
10,3
Pêche
5,2
0
2,3
Exploitation forestière
11,8
5,9
8,4
28,2
60,2
Secteur secondaire
Tressage
8,2
10,2
9,3
Autres artisanats
20,0
50,0
37,4
27,4
17,2
Secteur tertiaire
Commerce
25,9
15,1
19,6
Services aux ménages
0
1,6
0,9
Administration
1,5
0,5
0,9
100
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Les '"Services aux particuliers" comprennent aussi les services non-classés ailleurs, et les activités libérales non-classées ailleurs.
Les autres artisanats comprennent aussi l’artisanat alimentaire et les BTP
N.B.: les différences avec la publication de synthèse tiennent à une base de calcul différente
31,9
46,7
21,4
100
Les ménages de l'observatoire se tournent donc principalement vers les activités à faible
intensité capitalistique et qui ne requièrent que peu ou pas de qualification ou d'investissement.
20
II LES FACTEURS DE PRODUCTION
L'OBSERVATOIRE D'ANTALAHA
AGRICOLE
DANS
Les principaux facteurs de production dans l’agriculture sont la terre, l’équipement agricole,
la force de travail disponible et les intrants (pour lesquels nous ne disposons pas de données dans
cette étude). Dans une économie rurale faiblement mécanisée, les modalités d’accès à la terre et à la
main d’oeuvre sont les principaux critères discriminants entre les exploitations agricoles.
II 1 LA SITUATION FONCIERE
La question foncière est complexe dans ces régions du nord-est. Si les bas-fonds sont en
général appropriés sinon cadastrés, ce n’est pas le cas d’une grande partie des collines. Là règne un
droit d’usage que s’arroge le premier défricheur. La situation est encore plus compliquée dans les
zones où se pratique encore les cultures sur brûlis (tavy).
Une grande diversité dans la nature des parcelles exploitées
On distingue cinq types de parcelles dans ces terroirs :
- Les plantations comptent pour plus d’un tiers des parcelles. La vanille domine dans cet
observatoire.
- Les rizières de fond de vallon où se pratique la riziculture irriguée avec contrôle hydraulique
représentent 22% des parcelles totales, un peu plus à Ampohibe où la topographie est moins
accusée.
- Les champs "vala" sont aussi nombreux. On y pratique l’agriculture sèche.
- Les brûlis, beaucoup plus nombreux sur les pentes forestières de Maromandia (18% des parcelles)
que sur celles, plus réduites, d'Ampohibe (7%).
- Les champs sur "tanety" (pentes des collines) où l’on pratique également des cultures sèches.
Les ménages de l’observatoire exploitent en moyenne 5 parcelles, dont 2 parcelles de
plantation de culture pérenne, une parcelle de champs vala, et une ou deux parcelles de rizière.
Le morcellement des terres n’est pas aussi saisissant que dans l’observatoire
d’Antsirabe. Près de 80% des ménages ont 1 ou 2 parcelles de rizières. Ceux qui ont 3 parcelles ou
plus représentent moins de 10% des ménages.
Tableau 14
Répartition des parcelles exploitées selon leur nature
Maromandia
nombre
%
238
17,9
en rizières vallon
96
7,2
sur tanety
sur baiboho
284
21,3
champs vala
239
17,9
brûlis
476
35,7
plantations
1333
100
Total des parcelles exploitées
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
nombre
321
39
5
291
82
461
1199
21
%
26,8
3,2
0,4
24,3
6,8
38,5
100
Observatoire
nombre
%
559
22,1
135
5,3
5
0,2
575
22,7
321
12,7
937
37,0
2532
100,0
Graphique 3
Nombre de parcelles exploitées par ménage
nombre de ménages (%)
60,0
50,0
40,0
30,0
20,0
Maromandia
Ampohibe
10,0
0,0
aucune
1-3
4-5
7-9
10 et +
nombre de parcelles
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
C’est également le cas pour les plantations : 69% des ménages (62% à Maromandia et 75% à
Ampohibe) consacrent une ou deux de leurs parcelles à une culture pérenne. Moins d'un quart
seulement cultivent 3 à 4 parcelles de plantation et un ménage sur 20 en exploitent davantage.
nombre de ménages (%)
Graphique 4
Nombre de rizières exploitées par ménage
100,0
90,0
80,0
70,0
60,0
50,0
40,0
30,0
20,0
10,0
0,0
Maromandia
Ampohibe
aucune
1-2
3-4
nombre de parcelles
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
22
5 et +
Graphique 5
Nombre de parcelles de plantation exploitées par ménage
nombre de ménages (%)
40,0
35,0
30,0
25,0
20,0
15,0
10,0
Maromandia
Ampohibe
5,0
0,0
aucune
1
2
3-4
5 et +
nombre de parcelles
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Le statut foncier des terres
Le problème foncier est placé depuis quelques années au centre des réflexions sur la
politique de développement rural et de protection de l'environnement. La sécurisation des
producteurs sur le plan foncier est fondamentale pour amorcer l'intensification de la production
agricole et enrayer des pratiques culturales de type extensif (culture sur brûlis, tavy) qui sont
susceptibles de dégrader l'environnement. La seule réelle assurance que puisse avoir un producteur
de garder sa terre est l'immatriculation. Le taux d'immatriculation des terres est très variable selon
les régions rurales : dans certaines zones, des procédures d'immatriculation systématique ont été
mises en place efficacement il y a quelques décennies. Mais depuis une vingtaine d'années, les
Services des Domaines sont totalement paralysés et les demandes d'immatriculation ne sont plus
satisfaites.
Tableau 15
Statut foncier - ensemble des parcelles et rizières
Maromandia
ensemble
rizières
des parcelles
96,2
96,2
% de parcelles possédées par les ménages
sur le nombre exploitées
Total parcelles possédées
dont parcelles immatriculées
dont parcelles en cours d'immatriculation
dont parcelles non immatriculées
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
100,0
13,9
4,3
81,8
100,0
24,9
4,7
70,4
Ampohibe
ensemble
rizières
des parcelles
94,5
83,2
100,0
28,9
3,4
67,7
100,0
32,5
4,9
62,6
Observatoire
ensemble
rizières
des parcelles
95,4
88,7
100,0
20,8
3,9
75,3
100,0
28,9
4,8
66,3
Les terres non immatriculées appartiennent à l'Etat. Par le défrichement, les paysans essaient
de faire valoir le droit coutumier du premier occupant, mais ce droit coutumier n'est pas
unanimement reconnu et est à la source de nombreux conflits sur les limites ou sur l'antériorité
d'occupation du terrain.
Un quart seulement des terrains possédés sont immatriculés ou en cours
d’immatriculation. Le taux d’immatriculation des rizières est légèrement plus élevé : 29% des
parcelles de rizières sont immatriculées et 5% en cours d’immatriculation. A Ampohibe, le taux
23
d'immatriculation des terres est plus élevé : 29% des parcelles sont immatriculées contre seulement
14% à Maromandia, village d'immigration plus récente.
Typologie des exploitants agricoles en fonction de leur situation foncière
Le plus souvent les ménages exploitent leurs propres terrains : près de trois quart des
ménages exploitent le même nombre de terrains qu’ils en possèdent. Ceux qui ne possèdent
aucune terre, ainsi que les propriétaires non exploitants sont très minoritaires (respectivement 1% et
moins de 0,2% des ménages de l’observatoire). Les propriétaires qui en plus de leurs terres prennent
en location ou en métayage d’autres terres représentent seulement 13% des ménages de
Maromandia et 22% de ceux d'Ampohibe. Les autres types mentionnés sont très peu représentés. Ils
ne réunissent au total que 10% des ménages de l’observatoire.
Tableau 16
Typologie des situations foncières
% de ménages
Maromandia
Ampohibe
Observatoire
0,4
-
0,2
5,8
4,4
5,1
prêtées ou mises en jachère)
1,1
1,2
1,2
Type 4: propriétaire qui exploite exactement le même nombre de terres qu'il en
74,6
70,2
72,4
12,7
21,8
17,2
0,4
-
0,2
rien en location ou en métayage (bénéficie de prêt de terres).
3,9
1,2
2,5
Type 8: exploitant agricole qui ne possède aucune terre
1,1
1,2
1,2
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
100
100
100
Type 1: propriétaire qui n'exploite aucune de ses terres
Type 2: propriétaire qui exploite moins de terres qu'il n'en possède et en met en
location ou en métayage
Type 3: propriétaire qui exploite moins de terres qu'il n'en possède mais qui ne met
pas ses terres non exploitées en location ou en métayage (c'est à dire qu'elles sont
possède
Type 5: propriétaire qui exploite plus de terres qu'il n'en possède et en prend en
location ou en métayage
Type 6: propriétaire qui exploite plus de terres qu'il n'en possède, en prend en
location ou en métayage, mais met aussi certaines de ses terres en location ou en
métayage.
Type 7: propriétaire qui exploite plus de terres qu'il n'en possède, mais ne prend
Pour alléger la présentation, la typologie a été simplifiée et les huit catégories ont été
réduites à trois.:
- les propriétaires "excédentaires" en terres, c'est à dire qui n'exploitent pas tout leur capital foncier
eux mêmes (regroupant les types 1, 2 et 3);
- les propriétaires exploitant le même nombre de terres qu'ils possèdent (qui correspond au type 4);
- les exploitants déficitaires en terres, c'est à dire qui prennent des parcelles en location ou en
métayage pour agrandir leur exploitation ou exceptionnellement bénéficient de prêt, ou encore les
exploitants qui ne possèdent aucune terre (qui correspond aux types 5, 6, 7et 8).
La grande majorité des agriculteurs (73%) est propriétaire de ses terres. Une petite
minorité (18% à Maromandia et 24% à Ampohibe) est déficitaire en terres ; il ne faudrait cependant
pas en déduire qu'il s'agit là d'une classe de paysans sans terre. En effet, dans cette catégorie, la
quasi-totalité des ménages possèdent déjà de la terre et ne recherchent qu'un complément à exploiter
; seulement 1% de tous les ménages sont totalement dépourvus de toute propriété foncière.
24
Tableau 17
Typologie simplifiée des situations foncières
% de ménages
Propriétaires excédentaires en terres
Propriétaires exploitant le même nombre de terres qu'ils en possèdent
Exploitants déficitaires en terres
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Maromandia
7,3
74,6
18,1
100
Ampohibe
5,6
70,2
24,2
100
Observatoire
6,4
72,5
21,1
100
Par ailleurs, la catégorie de propriétaires excédentaires est très minoritaire (6%). Ceux-ci
exploitent une partie de leur patrimoine, à quelques exceptions près, et placent le reste en location
ou métayage (5% du total des ménages), ou en prêt, ou le laissent en jachère.
Au total, la société paysanne ne présente pas de fortes inégalités foncières. C'est là le
propre d'un système agraire d'appropriation par un défrichement qui dépend des forces de travail du
groupe familial. La situation foncière évolue peu avec le temps, du fait de l'absence d'un véritable
marché de la terre. A long terme, il pourrait cependant apparaître une insécurité foncière si la
pression démographique excédait le potentiel foncier, dans le cadre du système de culture pratiqué.
En ce cas, l'absence d'immatriculation pourrait alors exacerber les tensions. Cette situation ne
semble pas être atteinte dans l'observatoire.
II2 - L’EQUIPEMENT AGRICOLE
Une agriculture sous-capitalisée
L’équipement agricole constitue avec la terre et la main-d’oeuvre l’un des grands facteurs
clefs déterminant le processus de production sur l’observatoire (rappelons qu'il n'est pas procédé ici
à une analyse des intrants). Quatre types d’équipement doivent être distingués suivant le montant de
l’investissement requis, qui en conditionne l’accès : l’équipement de base comprend les angady
(c'est à dire une bêche), les haches et les coupe-coupes. Le second type d’équipement nécessite un
investissement déjà plus important. On y trouve les charrues, les sarcleuses et les brouettes. En
troisième lieu, on trouve les équipements lourds : tracteurs et remorques. Enfin, il existe des
équipements spécialisés nécessaires pour des opérations spécifiques du processus de production.
Les matériels utilisés pour la culture et la préparation de la vanille font partie de ce dernier type et
seront traités à part.
Le matériel agricole utilisé par les ménages de l'observatoire est très rudimentaire. Il se
limite à l'équipement de base. Presque tous les ménages possèdent au moins un "angady" (91%), un
coupe-coupe (98% des ménages) et une hache (81%). Les équipements lourds et moyens sont très
rares. Parmi les ménages interrogés un seul ménage à Maromandia possède une brouette, et un autre
possède deux remorques.
Quasiment tous les matériels possédés sont achetés neufs (dans près de 9 cas sur 10, et
ce pour chaque outil). Ces ménages se sont équipés essentiellement auprès des petites entreprises
privées. 8% des ménages de Maromandia se sont tournés vers le secteur public.
Tableau 18
Equipement agricole des ménages et mode d’acquisition
Maromandia
%
EQUIPEMENT DE BASE
Angady
Ampohibe
Observatoire
Ménages
possédant
Taux de
possession*
Neuf à
l’achat
Ménages
possédant
Taux de
possession*
Neuf à
l’achat
Ménages
possédant
Taux de
possession*
Neuf à
l’achat
88,2
2,04
100
94,8
1,94
99,1
91,4
1,99
99,6
25
Coupe-coupe
98,5
2,52
99,4
98,4
2,76
Hache
78,2
1,30
98,9
84,5
1,20
EQUIPEMENT MOYEN
Brouette
0,4
1
100
0
0
EQUIPEMENT LOURD
Remorque
0,4
2
0
0
0
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
*Moyenne sur les ménages possédant.
N.B.: les différences avec la publication de synthèse tiennent à une base de calcul différente
99,7
97,3
98,4
81,3
2,64
1,25
99,5
98,1
0
0,2
1
100
0
0,4
2
0
Les investissements en équipement agricole ont été financés par des épargnes, des dons
ou héritages. Aucun ménage ne s'est adressé à une banque ou un autre organisme de prêts, et
seulement une petite minorité (moins de 5%) a emprunté auprès de leurs familles ou d'un tiers afin
de financer les achats en matériels agricoles. Ceci peut s'expliquer par l'absence d'organisme de
prêts, mais il semble surtout qu'emprunter de l'argent ne soit pas en usage chez ces villageois.
Tableau 19
Origine et mode de financement de l’investissement*
% des achats
Maromandia
SECTEUR D’ACHAT
7,8
Secteur public
0,7
Grande entreprise privée
91,5
Petite entreprise privée
0
Ménage
0
Importation directe
100
Total
MODE DE FINANCEMENT
96,8
Epargne, don, héritage
3,2
Prêt informel (famille, autre)
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
*Achats dans l'année 1993-1994.
Ampohibe
Observatoire
0
0,8
98,8
0
0,4
100
4,1
0,8
94,9
0
0,2
100
100
0
100
98,3
1,7
100
Pendant la campagne 1993-1994, l'investissement des ménages agricoles en équipement
s'élève à environ 1,7 millions de Fmg à Maromandia et 1,4 millions de Fmg à Ampohibe. Cela
équivaut à un investissement moyen, très faible, de 8900 Fmg par ménage investisseur.
II3 - TRAVAIL FAMILIAL ET TRAVAIL SALARIAL SUR L’EXPLOITATION AGRICOLE
Dans les conditions de sous-équipement précédemment analysées, le travail constitue, avec
la terre, le principal facteur de production agricole. Sa mobilisation peut prendre trois formes,
qui dépendent des ressources disponibles des exploitants, aussi bien humaines que financières. En
premier lieu et comme dans toute agriculture de type traditionnel, les ménages comptent sur leurs
propres forces (chef de ménage, main-d’oeuvre familiale) pour effectuer les travaux des champs.
En second lieu, les exploitants peuvent avoir recours au travail salarié, notamment en période
haute du cycle cultural, ou pour réaliser un certain nombre de travaux spécialisés dont la maind’oeuvre familiale ne possède pas la maîtrise. Enfin, l’entraide peut jouer un rôle non négligeable
d’apport en travail. Son importance repose sur des traditions locales encore en vigueur, et, pour
chaque ménage pris individuellement, de sa capacité propre à s’insérer dans des réseaux plus ou
moins denses de solidarité.
L'activité principale dans l'observatoire d'Antalaha est l'agriculture. Pratiquement tous les
chefs de ménages participent à cette activité, et la contribution des autres membres du ménage n'est
pas négligeable. On remarque que les taux de participation des enfants et des autres membres de la
famille hors ménage, est un plus élevé à Ampohibe qu'à Maromandia, peut-être parce que le niveau
des salaires y est plus élevé.
26
Tableau 20
Mobilisation du travail sur l’exploitation agricole
% des ménages
MAIN D’OEUVRE FAMILIALE
Participation du chef de ménage
Participation du conjoint
Participation des enfants
Participation des « autres membres »
Participation du ménage
MAIN-D’OEUVRE SALARIEE
Recours au salariat
Dépenses salariales moyenne par an (1000 Fmg)
Salaire journalier moyen (Fmg)
Nombre d’hommes-jours moyen par an
ENTRAIDE
Recours à l’entraide
Nombre d’hommes-jours moyen par an
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Maromandia
Ampohibe
Observatoire
98,0
64,1
42,6
9,8
100
98,4
69,8
53,6
20,6
100
98,2
66,9
48,0
15,2
100
43,4
68
2293
30
62,3
38
2943
13
52,8
51
2667
19
49,6
19
44,4
14
47,0
16
A Maromandia, l’entraide est un peu plus développée que le salariat; la proportion des
ménages qui les pratiquent est respectivement de 49 et 43%. On y emploie en tant que salariés, 30
hommes-jours par an pour un salaire journalier moyen de 2293 Fmg. Les habitants d’Ampohibe
ont recours plus massivement (62% des ménages) au salariat
Tableau 21
Mobilisation de la main-d’oeuvre suivant les cultures
Maromandia
Ménages
% des ménages
agricultivant qui
culteurs
utilisent
Principales
% de
le
l'encultures
ménages salariat
traide
cultivant
Ménages
agriculteurs
% de
ménages
cultivant
Ampohibe
% des ménages
cultivant qui
utilisent
le
l'ensalariat
traide
Riz irrigué
75,0
55,7
63,0
98,8
61,8
Vanille
84,4
6,9
3,7
89,3
14,2
Manioc
76,9
2,5
1,0
82,5
1,4
Banane
69,1
0,6
0
82,9
0
Riz pluvial
92,2
0,4
0
27,8
Taro
59,8
2,0
0
Café
51,2
6,1
Girofle
34,4
Canne à sucre
25,8
Maïs
Patate douce
43,8
Observatoire
Ménages
% des ménages
agricultivant qui
culteurs
utilisent
% de
le
l'enménages salariat
traide
cultivant
86,8
59,2
52,2
2,2
86,8
10,7
2,9
1,4
79,7
2,0
1,2
0
76,0
0,3
0
0
0
60,2
0,3
0
60,3
0
0
60,0
1,0
0
0,8
62,7
6,3
2,0
56,9
6,2
1,4
3,4
0
25,0
0
0
29,7
2,0
0
1,5
0
39,7
3,0
1,0
32,7
2,4
0,6
42,6
0,9
0
14,7
2,7
0
28,7
1,4
0
28,5
1,4
0
10,3
0
0
19,5
1,0
0
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
C’est la culture de riz irrigué, pour laquelle les opérations sont plus complexes et plus
exigeantes, qui rassemble la majeure partie de la main d'oeuvre supplémentaire. Une forte majorité
des exploitants ont recours au salariat et à l'entraide pour cette culture. Dans une plus faible mesure
les cultures de rentes demandent également le concours de travailleurs extérieurs aux ménages
producteurs. Ici, les exploitants font davantage appel au salariat. En effet, les cultures de vanille et
de café ont plus les caractéristiques d’une opération économique, parce qu'elles sont destinées à la
vente. Ainsi, le travail est davantage considéré comme un intrant. En outre, l’entretien et la
préparation de ces produits nécessitent certaines qualifications du travailleur qui justifient sa
rémunération.
27
Dans cet observatoire, le recours à une main d’oeuvre extérieure est limité. Le ménage
semble être capable de prendre en charge une grande partie des travaux des champs10. Mais de
manière globale, les échanges - de type marchand ou non - sont minimisés entre ces villageois.
10
Voir également p 31 ,premier paragraphe.
28
III - LA PRODUCTION AGRICOLE ET L'ELEVAGE
Le Nord Est de Madagascar est surtout connu pour ses cultures d’exportation notamment la
vanille, le café et le girofle. Cependant, la région connaît une variété de cultures, notamment des
légumes, des tubercules ou d’autres cultures. La culture du riz est également pratiquée, fait lié à
l’habitude alimentaire des habitants de l’île. Les chapitres suivants nous permettront d’étudier de
près, la pratique de ces différentes cultures dans l’observatoire.
III.1 LA DIVERSITE DES CULTURES
Une exploitation des différentes facettes écologiques des terroirs implique une
diversification des cultures en fonction des aptitudes culturales des sols. Cette stratégie de
diversification peut-être accentuée pour des raisons économiques : minimisation des risques
(climatiques, mais aussi commerciaux) ou diversification de l'alimentation.
Nous avons inventorié les différentes cultures pratiquées par les ménages des deux villages
en distinguant leur destination finale selon trois modalités :
- les cultures destinées uniquement à la consommation familiale ;
- les cultures destinées à la consommation familiale et à la vente (sans rentrer à ce niveau d'analyse,
dans le détail de la part autoconsommée et de la part vendue) ;
- les cultures destinées uniquement à la vente.
Un système de polyculture
Les cultures sont assez diversifiées dans l’observatoire. A part les céreales, cette
diversification porte surtout sur les tubercules, et les fruits. Ainsi, les fruits (banane, litchi), les
tubercules (patate douce, manioc, taro), et la canne à sucre sont cultivés par plus de 20% des
ménages dans l’un des deux villages. La situation de ces principales cultures est détaillée dans le
tableau suivant.
La priorité à la consommation familiale
Le système de production des deux villages présente des points communs :
- la polyculture avec des tubercules, des céréales, ainsi que des fruits (banane) et la canne à sucre,
- la priorité donnée à la consommation familiale, sauf évidemment pour les cultures
d'exportation où la vente prédomine.
Les grandes cultures
Le riz et la vanille sont les grandes cultures dans l’observatoire.
le riz: la grande culture vivrière
La culture du riz est pratiquée par la quasi totalité des ménages de l’observatoire. 87%
des ménages de l'observatoire cultivent du riz aquatique (inondé) et 60% du riz pluvial. Il
existe cependant une différence entre les deux villages, du fait que la topographie se prête moins
aux aménagements de bas-fonds à Maromandia qu'à Ampohibe. Dans ce dernier village 99% des
agriculteurs pratiquent une riziculture aquatique, contre trois sur quatre à Maromandia. Par contre,
si 92% des ménages cultivent du riz pluvial dans ce dernier village, cette proportion tombe à 28% à
Ampohibe.
29
la vanille : grande culture de rente. Le café et le girofle
Environ 87% des ménages agricoles de l'observatoire cultivent la vanille. Ils sont légèrement
plus nombreux à Ampohibe (89% contre 84% à Maromandia). Les autres cultures sont moins
communes. Le café n'est travaillé que par 57% des cultivateurs et le girofle par 30%.
Les autres cultures
La destination des autres cultures, riz et vanille exceptés, est assez similaire.
Les tubercules: le manioc, le taro et la patate douce
Les tubercules constituent une culture essentielle dans l’observatoire. Le manioc est cultivé
par 80% des ménages producteurs, le taro par 60% et la patate douce par 20%. Ils servent surtout à
compléter l’aliment de base, aussi plus de neuf dixièmes des ménages producteurs les destinent-ils à
l’autoconsommation. A quelques rares exceptions près, aucun ménage ne consacre ces productions
à seule fin de vendre. Les comportements sont très peu différents d'un village à l'autre, si ce n'est
que la patate douce est cultivée par une proportion un peu plus forte de ménages à Maromandia
(29%) qu'à Ampohibe (10%).
Le maïs
Neuf ménages sur dix déclarent autoconsommer leur production de maïs. C’est également
une culture qui sert à compléter les aliments de base. Il ne connaît pas cependant la même popularité
que le riz et les tubercules puisque seulement 29% des ménages le cultivent : 43% à Maromandia et
15% à Ampohibe.
Les fruits: l’importance de la banane et du litchi dans le système de production d’Antalaha
Le climat humide favorise la culture du bananier dans cette région. En effet, 69% des
ménages à Maromandia et 83% à Ampohibe cultivent ce fruit. Cependant, la destination de cette
culture, cependant ne diffère pas de celle des autres : plus de 80% des ménages producteurs de
bananes consomment entièrement leur production et seulement 1% la destine uniquement à la vente.
Le litchi est presque exclusivement cultivé dans le village d’Ampohibe; 47% des ménages à
Ampohibe cultivent ce fruit. La partie orientale de Madagascar est connue pour sa production de
litchi et demeure la principale région productrice de litchi. Cependant, il est à remarquer que même
à l’échelle de notre observatoire, cette culture n’est pas omniprésente.
La canne à sucre
On trouve cette culture dans les deux villages de l’observatoire. En totalité, 33% des
ménages cultivent la canne à sucre. Comme pour les autres cultures, un fort pourcentage de
ménages producteurs (80%) déclare réserver à la consommation familiale la production tandis que
(6%) seulement la destine à la vente.
Tableau 22
Cultures exploitées par plus de 20 % des ménages d'un des deux villages
30
Maromandia
% de 100
ménages
agriculteurs
cultivant
Ampohibe
% de 100 ménages cultivant la
culture selon la destination de la
production
consomma
-tion
familiale
consomma
-tion
familiale
+vente
Céréales
75,0
93,7
6,3
Riz aquatique
92,2
94,9
4,2
Riz pluvial
42,6
95,4
4,6
Maïs
Tubercules
76,9
90,4
9,6
Manioc
59,8
92,8
5,9
Taro
28,5
93,2
6,8
Patate douce
Fruits
69,1
80,2
17,5
Banane
0,8
100
0
Litchi
Autres
25,8
80,0
12,3
Canne à sucre
Cultures d’exportation
84,4
3,2
0,5
Vanille
51,2
2,3
18,6
Café
34,4
2,3
0
Girofle
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
% de 100
ménages
agriculteurs
cultivant
vente
% de 100 ménages cultivant la
culture selon la destination de la
production
consomma
-tion
familiale
consomma
-tion
familiale
+vente
vente
Observatoire
% de 100
ménages
agriculteurs
cultivant
0
0,9
0
98,8
27,8
14,7
93,2
92,8
91,9
6,8
7,2
5,4
0
0
2,7
86,8
60,2
28,7
0
1,3
0
82,5
60,3
10,3
94,7
99,3
92,3
5,3
0
7,7
0
0,7
0
79,7
60,0
19,5
2,3
0
82,9
46,8
90,9
75,4
9,1
23,7
0
0,9
76,0
23,6
7,7
39,7
78,0
17,0
5,0
32,7
96,3
79,1
97,7
89,3
62,7
25,0
3,3
1,3
0
0,5
25,3
0
96,3
73,4
100
86,8
56,9
29,7
Les autres cultures intéressent peu de ménages, que ce soient des légumes ou des
légumineuses, ou bien des oléagineux, qui s’adaptent mal au climat.
Au total, la très grande majorité des producteurs destinent avant tout leurs cultures à
l’autoconsommation, à l'exception notable des cultures de rente (vanille, café et girofle). Il
existe donc une forte dualité dans l'économie paysanne. Orientée en partie à l'exportation, cette
dernière est affectée par toute modification des cours, celle concernant les marchandises comme
celle concernant les devises. Les stratégies paysannes sont donc en révision constante, pour
pratiquer des substitutions culturales entre le secteur des cultures vivrières et celui des cultures de
rentes. Comme ces dernières sont des plantes pérennes, l'adaptation ne peut pas être immédiate. De
plus, toute désaffection temporaire se traduit par la négligence des plants et obère donc l'avenir :
quand la conjoncture redevient favorable, les arbres, vieillis et mal entretenus, ne rendent plus aussi
bien.
III 2 PRODUCTION ET COMMERCIALISATION DU RIZ
Compte tenu de l'importance de la production rizicole dans l'économie de Madagascar, une
analyse détaillée des conditions techniques de la production de paddy ainsi que la destination des
récoltes paraît utile.
Les conditions techniques de la culture du riz
Une appréciation des surfaces cultivées en riz, des récoltes et donc des rendements, se heurte
à de sérieuses difficultés de mesure. En effet, les paysans n'utilisent pas des unités de mesure
standard (ares, hectares, kilos ou tonnes), mais des mesures locales, qui varient d'un village à l'autre.
En demandant aux paysans d'utiliser ces mesures standard qu'ils ne maîtrisent pas, nous nous
exposions au risque de non-réponse ou pire, à des réponses fantaisistes.
31
Le travail d'enquête a donc d'abord commencé par un recensement des unités paysannes et
par la recherche de l'équivalence la plus précise possible avec une unité standard. Pour les unités de
poids, cela est relativement aisé : il faut peser le contenant (daba, sobika) utilisé avec le produit
concerné (paddy, manioc etc...); pour les unités de surface, la conversion est plus difficile : en effet,
les paysans estiment la surface d'une rizière en nombre de repiqueuses (main-d'oeuvre nécessaire
pour repiquer une rizière) ou la quantité de riz nécessaire pour le semis de la pépinière d'une rizière.
Devant tant de paramètres approximatifs, on mesure ici les difficultés de conversion et les risques
d'erreur.
Le nombre total de rizières recensées est de 881. Rapporté au nombre de ménages dans
chaque village, il est plus élevé à Maromandia qu’à Ampohibe avec une moyenne de 2,1 rizières par
ménage à Maromandia contre 1,3 à Ampohibe. D’autre part, la taille des rizières est également
plus élevée à Maromandia : en effet, la surface moyenne par ménage dans le village de
Maromandia est de 165 ares contre une moyenne de 125 ares à Ampohibe.
La riziculture aquatique est plus répandue à Ampohibe (81% des parcelles) et la riziculture
pluviale à Maromandia (56%). 62% des rizières de l’observatoire sont localisées dans les basfonds ou dans les plaines, ce qui laisse une part de 38 % au riz de tanety. Les rizières sur basfonds sont concentrées dans le village d’Ampohibe , où seulement 19% des parcelles rizicoles sont
sur tanety. A l’inverse, dans le village de Maromandia, un peu moins de la moitié des parcelles sont
inondées (44%). Cette différence de mode de culture est lié à la topographie. La riziculture de basfonds se pratique sur une surface de 129,8 h à Maromandia et de 242,1 ha à Ampohibe. Les surfaces
sur tanety totalisent 281,1 ha à Maromandia et 70,1 ha à Ampohibe
Tableau 23
Les conditions techniques de la culture du riz
Maromandia
nombre de
surface totale
parcelles (%)
(ha)
55,2%
410,9
Ampohibe
nombre de
surface totale
parcelles (%)
(ha)
44,8%
312,2
Parcelles cultivées en riz
Situation des parcelles
45,6
129,8
81,3
242,1
-bas-fond ou plaine
54,4
281,1
18,7
70,1
- tanety
100
100
- total
Alimentation en eau
44,2
127,4
80,6
239,1
-irrigation/inondation
55,8
283,5
19,4
73,1
- sans irrigation
100
100
- total
Mode de culture
47,5
137,4
81,3
242,1
- repiquage
52,5
273,5
18,7
70,1
- semis direct
100
100
- total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
N.B.: les légères différences avec la publication de synthèse tiennent à une base de calcul différente
Observatoire
nombre de
surface totale
parcelles (%)
(ha)
100
723,1
61,6
38,4
100
371,9
351,2
60,5
39,5
100
366,5
356,6
62,7
37,3
100
379,5
343,6
Deux systèmes rizicoles coexistent donc sur l’observatoire. La rizière de bas-fonds bénéficie
d'une inondation contrôlée et, dans la totalité des cas, les agriculteurs repiquent les plants. La rizière
sur tanety, après ou sans brûlis, ne comporte pas d’alimentation en eau et le mode de culture est le
semis direct.
Plus de 6 ménages sur 10 disposent de 100 à 250 ares de rizières, ce qui. permet
généralement à un ménage moyen de s'alimenter Un quart seulement des ménages riziculteurs
cultivent moins d'un hectare, ou plus précisément entre 20 et 100 ares. Cette classe ne peut
normalement pas subvenir à ses besoins en riz.
32
La répartition des exploitants selon les classes de surface de rizière est assez semblable dans
les deux villages, mais elle est cependant un peu plus défavorable à Ampohibe En effet, un peu
moins d’un quart des ménages producteurs (17%) entrent dans la classe de 250 ares et plus à
Maromandia, avec une surface moyenne de 382 ares, contre 7% seulement à Ampohibe, avec une
surface moyenne de 307 ares. Cette différence tient à la plus grande taille moyenne des parcelles sur
tanety, plus nombreuses dans le premier village.
Tableau 24
Surface de rizières par ménage (ares)
Maromandia
surface moyenne
exploitée par ménage
(ares)
moins de 20 ares
0,4
15,0
de 20 à 100 ares
20,8
65,4
de 100 à 250 ares
61,6
138,9
250 ares et plus
17,2
381,8
TOTAL
100
165,1
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
% de
ménages
% de
ménages
0,0
29,2
64,0
6,8
100
Ampohibe
surface moyenne
exploitée par ménage
(ares)
0,0
58,9
135,1
307,3
124,9
% de
ménages
0,2
24,9
62,8
12,1
100
Observatoire
surface moyenne
exploitée par ménage
(ares)
15,0
61,7
137,2
361,1
145,2
40
35
30
25
Maromandia
Ampohibe
20
15
10
5
>=300
<300
<250
<200
<150
<100
0
<50
nombre des ménages (%)
Graphique 6
Surface cultivée en rizières par ménage
surface des rizières (are)
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
La production rizicole et les rendements
La présente analyse nous amène à étudier l’impact du mode de culture et de la superficie sur
le rendement et donc sur la production. Cette étape constitue un des points essentiel de l'analyse
Les quantités produites s'élèvent à 339 tonnes de paddy à Maromandia et 356 tonnes à
Ampohibe. Bien que ce dernier village abrite moins de ménages, sa production est plus élevée car
les ménages y obtiennent de meilleures récoltes qu'à Maromandia : 1 424 kg en moyenne, contre 1
335 kg. En effet les ménages produisant de petites quantités y sont relativement moins nombreux :
64% d'entre eux, contre 73% à Maromandia ont obtenu moins de 1 500 kg. Les chiffres sont
respectivement de 4% et 11% pour la classe de 500 kg et moins. En revanche, Maromandia compte
davantage de très gros producteurs (plus de 3 500 kg), mais leur petit nombre ne suffit pas pour
relever fortement la moyenne de ce village.
33
Le tableau suivant montre les disparités dans les possibilités de couverture des besoins
alimentaires en riz par la production familiale. La partie sur la sécurité alimentaire reviendra sur ces
disparités et notamment sur la durée de la période de soudure selon les catégories de ménages.
Tableau 25
Production rizicole par ménage pour la campagne 94-95
Maromandia
% de
production moyenne
ménages
par ménage
moins de 200 kg
1,2
130 kg
de 200 à 500 kg
10,2
358 kg
de 500 à 1500 kg
61,8
937 kg
plus de 1500 kg
26,8
2679 kg
TOTAL
100
1335 kg
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
% de
ménages
0,4
3,2
60,4
36,0
100
Ampohibe
production moyenne
par ménage
150 kg
353 kg
1023 kg
2204 kg
1424 kg
% de
ménages
0,8
6,7
61,2
31,3
100
Observatoire
production moyenne
par ménage
135 kg
357 kg
980 kg
2409 kg
1379 kg
40
35
30
25
20
15
10
5
0
>=3500
<3500
<3000
<2500
<2000
<1500
<1000
Maromandia
Ampohibe
<500
nombre des ménages (%)
Graphique 7
Production de riz par ménage (1994-1995)
classe de production de riz-paddy (kg)
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Les rendements rizicoles et leurs déterminants
L'avantage donné à Maromandia en ce qui concerne les surfaces ne se retrouve donc pas
pour les productions. Ces écarts de production entre les ménages des deux villages ont donc comme
cause des différences de rendements. Plusieurs variables influent sur le rendement : les conditions
écologiques de la production, la situation des rizières (tanety ou bas-fond, avec ou sans possibilité
d'irrigation) et les techniques de culture (utilisation d'amendements organiques ou chimiques) mais
aussi et principalement du point de vue économique, la motivation des producteurs liée au prix aux
producteurs. En effet, bien que le riz soit destiné principalement à l’autoconsommation, ce dernier
facteur peut constituer une motivation pour les producteurs à augmenter leur production et dégager
des surplus commercialisables. D’autre part les possibilités d’accès au circuit de distribution
constituent également des facteurs déterminants pour l’incitation à augmenter la production.
Le rendement moyen de paddy, calculé d'après les déclarations de surface et de
production, s'élève à 1 tonne par hectare pour l'ensemble de l'observatoire. Rappelons que la
moyenne nationale reste depuis 1970 en dessous de 2 tonnes par hectare. Le rendement est
sensiblement plus faible à Maromandia (0,7 t/ha) qu'à Ampohibe (1,1 t/ha).
Ce rendement varie selon le type de riziculture pratiqué (avec ou sans irrigation/inondation,
sur terre de tanety ou terre de bas-fond) ; il peut varier aussi selon les conditions d'exploitation. Les
34
petits exploitants ont-ils des rendements différents des grands exploitants? Ont-ils moins de moyens
pour intensifier (culture attelée, fumure organique ou minérale) ou, au contraire, l’exiguïté des
surfaces disponibles les incitent-elle à pratiquer le "jardinage" en augmentant le facteur travail ?
Le rendement par type de riziculture montre que la riziculture de bas-fond est la plus
performante (0,9 t/ha à Maromandia et 1,3 t/ha à Ampohibe); rappelons que c'est le principal mode
de riziculture d’Ampohibe (78% des surfaces), alors qu'il représente seulement 32% à Maromandia.
Les sols des bas-fonds sont connus pour être plus riches que les sols de tanety. Cette potentialité est
d'autant mieux exploitée que ces parcelles peuvent bénéficier d'une inondation plus ou moins bien
contrôlée, ce qui est davantage le cas à Ampohibe.
La riziculture de tanety (68% des surfaces à Maromandia, 22% à Ampohibe) est moins
performante : les sols sont plus pauvres, l'alimentation en eau dépend des pluies. L'agriculture
itinérante sur brûlis, ou tavy, est la pratique commune. Les rendements moyens ne dépassent pas 0,7
t/ha.
Dans chaque village, le rendement diminue avec la taille des rizières exploitées par le
ménage (à l'exception des micro-exploitations de Maromandia). Ce résultat ne peut être érigé en
règle agro-économique, car il se peut que la proportion des surfaces de riz sec au faible rendement
augmente avec les superficies de rizières. Cet aspect n'a pas encore été vérifié dans cette étude.
D'autre part, à classe de surface exploitée égale, les rendements à Maromandia sont sensiblement
moins élevés qu’à Ampohibe. Là aussi, le plus grand nombre de parcelles en riz sec peut induire
cette différence.
Tableau 26
Rendements en riz selon la surface exploitée et le type de riziculture pratiquée (campagne 94-95)
Maromandia
Classe de surface
<20a
20-50 50-200 >200
rendement moyen
1
1,2
0,9
0,7
Type de
bastanety irrigué
non
riziculture
fond
irrigué
rendement moyen
0,9
0,7
0,9
0,7
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
<20a
basfond
1,3
Ampohibe
20-50 50-200
1,7
1,3
tanety irrigué
0,6
1,3
>200
0,8
non
irrigué
0,7
<20a
1
basfond
1,2
Observatoire
20-50 50-200
1,5
1,1
tanety irrigué
0,7
1,1
>200
0,75
non
irrigué
0,7
Les ménages producteurs de Maromandia, ont des rendements plus bas que ceux de
Ampohibe. Les différences dans les rendements totaux entre les deux villages s’expliquent par la
proportion plus importante de rizières de tanety à Maromandia et la plus grande proportion de
rizières irriguées à Ampohibe.
Les causes de la médiocrité des rendements restent du domaine des hypothèses. La
médiocrité des conditions techniques, et particulièrement la mauvaise maîtrise de l'eau dans les basfonds, semblent l'emporter sur les facteurs économiques.
Où va la production rizicole ?
Nous avons vu dans la partie III-1 que les ménages déclarent consacrer principalement leur
production à la consommation familiale et accessoirement à la vente. L'analyse des quantités
consommées, vendues ou affectées à d'autres usages confirme ces observations qualitatives. Ainsi
pour la campagne 1994-1995, la quantité moyenne autoconsommée dans l’observatoire est de 1232
kg alors que la production moyenne est de 1376 kg. La marge entre production et
autoconsommation est donc fort réduite.
Tableau 27
Quantité de riz destinée à la consommation familiale (campagne 1994-1995)
35
Maromandia
production consommoyenne
mation
par
moyenne
ménage
par
(kg)
ménage
4,4
269
168
moins de 250 kg
11,4
896
372
de 250 à 500 kg
43,3
1033
764
de 500 à 1000 kg
40,9
1889
2081
1000 kg et plus
100
1335
1228
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
% de
ménages
quantités
consommées
% de
ménages
1
6
33
60
100
Ampohibe
production
moyenne
par
ménage
(kg)
200
810
872
1799
1418
consommation
moyenne
par
ménage
170
362
744
1602
1231
% de
ménages
2,8
8,7
38,1
50,5
100
Observatoire
production consommoyenne
mation
par
moyenne
ménage
par
(kg)
ménage
254
169
866
368
964
756
1836
1797
1376
1229
45
40
35
30
25
20
15
10
5
0
>=3500
<3500
<3000
<2500
<2000
<1500
<1000
Maromandia
Ampohibe
<500
nombre des ménages (%)
Graphique 8
Quantité de riz-paddy destiné à la consommation familiale
quantité de riz-paddy consommée (kg)
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
A Ampohibe, 60% des ménages producteurs consomment plus de 1000 kg par an, tandis
qu’ils ne sont que 41% à le faire à Maromandia. En effet, la production par ménage est plus élevée
dans le premier village, et plus les quantités disponibles sont importantes, plus la consommation est
élevée, ce qui confirme la priorité accordée à l’autoconsommation.
La différence entre les deux villages s'accentue en ce qui concerne les ventes. La quantité
moyenne vendue par ménage est de 431 kg dans l’observatoire, mais de 642 kg à Ampohibe et 276
kg à Ampohibe.
Tableau 28
Quantité de riz vendue (campagne 94-95)
Maromandia
Ampohibe
% de
quantité moyenne
% de
quantité moyenne
ménages
vendue (kg)
ménages
vendue (kg)
85,5
0
88,9
0
aucune vente
9,2
109
2,8
131
moins de 250 kg
4,6
448
5,9
573
250 à 1000 kg
0,7
1740
2,4
1455
1000 kg et plus
100
276*
100
642*
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
*Moyenne sur les ménages ayant vendu du paddy pendant la campagne 94-95.
quantités vendues
36
% de
ménages
87,2
6,0
5,3
1,5
100
Observatoire
quantité moyenne
vendue (kg)
0
114
518
1526
431*
5
4,5
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
>=1000
<1000
<900
<800
<700
<600
<500
<400
<300
<200
Maromandia
Ampohibe
<100
nombre des ménages (%)
Graphique 9
Quantité de riz-paddy vendue par ménage
quantité de riz-paddy vendue (kg)
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Tableau 29
Quantité consommée et vendue en fonction de la surface des rizières exploitées
Maromandia
quantité
quantité
moyenne
moyenne vendue
consommée
(kg)
(kg)
1218
0,0
moins de 50 ares
785
13
de 50 à100 ares
1151
28
de 100 à 200 ares
1723
108
200 ares et plus
1228
45*
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
*Moyenne sur tous les ménages producteurs de riz.
classe de surface
Ampohibe
quantité
quantité
moyenne
moyenne vendue
consommée
(kg)
(kg)
447
0,0
1010
28
1222
75
1711
147
1231
73*
Observatoire
quantité
quantité
moyenne
moyenne vendue
consommée
(kg)
(kg)
755,0
0,0
1029,5
22
1337,5
51
1992,1
123
1229
59*
Le tableau 29 montre le lien entre la surface disponible en rizières et les quantités moyennes
consommées et vendues par ménage.Les ménages disposant de rizières dont la surface est inférieure
à 50 ares ne vendent pas de riz. En revanche, plus la taille des surfaces est élevée, plus la quantité
vendue augmente mais reste faible par rapport à la quantité autoconsommée. D’autre part, à classe
de surface identique, la part autoconsommée est sensiblement la même dans les deux villages alors
que la part vendue est plus élevée à Ampohibe.
L’approvisionnement en semences
Une partie de la récolte est conservée pour les semences. En effet, les ménages
s'approvisionnent de préférence sur leur propre stock plutôt que d'acheter des semences. Ces
pratiques ont des conséquences sur les rendements puisqu'elles excluent le renouvellement du
matériel végétal (semences sélectionnées et éventuellement traitées). Pour la dernière campagne,
l'exploitant moyen a conservé 45 kg de semences.
A peine 9% des ménages agricoles achètent des semences. Le prix d'un kg de semence
pour la dernière campagne a été de 694 Fmg/kg en moyenne, il est plus élevé à Ampohibe qu'à
Maromandia. Au total 1 143 000 Fmg ont été dépensés par les ménages de l’observatoire pour ces
semences. Celles-ci sont achetées auprès d'autres ménages ; ce ne sont donc pas des semences
sélectionnées. Aucun des ménages interrogés ne s'est adressé à des organismes spécialisés.
37
Quelques producteurs ont éventuellement recours à l’emprunt de semences et tous les
remboursements se font en nature.
Les conditions de commercialisation du riz
Les producteurs dans cette région vendent directement leur riz aux ménages sur le
marché de détail ou aux commerçants du village. Aucune part de la production à Maromandia, et
21% seulement des quantités vendues à Ampohibe sont recueillis par des collecteurs. L'enclavement
de cette zone pourrait d'une part expliquer ce fait. Mais d'autre part, les cultures de rente telles que
la vanille, le café et le girofle présentent plus d'attrait commercial que le riz. Une enquête auprès des
collecteurs devrait amener un peu plus de précisions sur cet élément. Sur les 10,5 tonnes
commercialisées à Maromandia, 6,5 tonnes sont vendues directement au détail et une part infime
(240 kg) est vendue à des grossistes. A Ampohibe, 41% des quantités vendues vont aux
commerçants du village et 38% est consacré à la vente directe aux ménages. La quantité totale
vendue dans l’observatoire est de 28 tonnes dont 15 tonnes cédées aux revendeurs et 13 tonnes
vendues en détail.
Tableau 30
A qui est vendu le riz ?
Vente directe aux ménages, marché de détail
Commerçant du village
Collecteur
Marché de gros
TOTAL
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Maromandia
quantité
%
vendue
(kg)
6495
61,9
3758
35,8
0
0
240
2,3
10493
100
Ampohibe
quantité
%
vendue
(kg)
6834
38,0
7416
41,3
3725
20,7
0
0
17975
100
Observatoire
quantité
%
vendue
(kg)
13329
46,8
11174
39,3
3725
13,1
240
0,8
28468
100
La destination des ventes ne varie pas beaucoup selon la saison : la vente directe et auprès de
commerçants du village sont toujours, et de loin, les principales transactions qui ont lieu dans
l’observatoire. Les transactions sont plus faibles à Maromandia, qui compte une plus faible
proportion de gros producteurs. Pour la campagne 1994-1995, c’est pendant la période de mai à
août que les producteurs de Maromandia ont vendu le plus de riz (5,8 tonnes). A Ampohibe, c’est
pendant la période de janvier à avril qu’ont lieu ces principales transactions. Le décalage s'explique
probablement par le décalage temporel des récoltes des riz aquatiques et des riz secs.
Les prix pratiqués à Maromandia sont plus élevés qu'à Ampohibe. On remarque qu’une
grande partie du riz de Maromandia est commercialisée en dehors de la grande saison commerciale
du riz irrigué (où la demande est généralement plus élevée que la l’offre) quand les prix remontent,
ce qui explique cette différence observée au niveau du prix.
Tableau 31
Les quantité de paddy vendues par saison (campagne 94-95)
Maromandia
quantité vendue
(kg)
2610
septembre à décembre 1994
2365
janvier à avril 1995
5518
mai à août 1995
10493
TOTAL
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
quantité vendue
(kg)
3720
13345
910
17975
38
quantité vendue
(kg)
6330
15710
6428
28468
Observatoire
prix moyen /kg
prix médian /kg
879
772
909
854
1000
660
673
800
III.3 LA PRODUCTION DES CULTURES AUTRES QUE LE RIZ
L'étude des autres cultures n’a pas été aussi détaillée que celle du riz, mais nous avons
toutefois recueilli les données sur la production de la campagne 94-95 et sur les quantités
commercialisées. Les types de cultures pratiquées et l’échelle d’activité différencient les deux
villages.
La production de litchi tient une place importante dans l’observatoire ainsi que la canne à
sucre, avec respectivement une production totale de 88 tonnes et de 82 tonnes. Le village
d’Ampohibe assure la totalité de la production de l’observatoire pour le litchi, et le village de
Maromandia, les deux tiers de la production de canne à sucre. La banane fait partie également des
principales cultures de la région avec une production de 42 tonnes.
Parmi les tubercules cultivées dans l’observatoire, c’est le manioc qui est le plus cultivé
notamment dans le village de Maromandia où la production atteint 37 tonnes sur les 47 tonnes
produites dans l’observatoire.
La production totale des autres tubercules (le taro, la patate douce), et de maïs ne dépassent
pas 3 tonnes et est négligeable comparée à celle des cultures citées plus haut.
Tableau 32
Production des cultures autres que le riz et la vanille (par plus de 20% des ménages).
Cultures
Maromandia
Production totale
moyenne par
(kg)
ménage
(kg)
41080
934
36945
1274
2560
284
1575
263
1615
202
27880
797
27880
797
0
0
Tubercules
Manioc
Taro
Patate douce
Céreales (maïs)
Fruits
Banane
Litchi
Divers
(Canne à sucre)
55290
4253
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
Production totale
moyenne par
(kg))
ménage
(kg)
11115
794
10315
860
0
0
800
400
850
283
102100
2220
14040
739
88060
3261
27000
1421
Observatoire
Production totale
moyenne par
(kg)
ménage
(kg)
52195
900
47260
1153
2560
284
2375
297
2465
224
129980
1605
41920
776
88060
3261
82290
2572
Compte tenu de l’existence de périodes de soudure et du rendement aléatoire de la culture du
riz notamment pour les cultures an-tanety, les producteurs accordent de l'importance à la culture de
ces autres produits vivriers.
Quelques spécialités différencient les deux villages de l'observatoire. Ainsi, la production de
bananes et de canne à sucre est deux fois plus importante à Maromandia qu'à Ampohibe. La culture
de litchi est abondante dans ce dernier village, inexistante dans l'autre.
La destination des produits agricoles autres que le riz, la vanille, le café et le girofle
Selon les cultures, 40% à 83% de la production est vendue. Ces taux sont très élevés
pour la canne à sucre (89% à Maromandia, et 70% à Ampohibe), la banane (66% dans les deux
villages) et le litchi (65% à Ampohibe).
Une grande partie des ménages déclarent cependant consacrer leur production
principalement pour la satisfaction de leurs propres besoins (autoconsommation, transferts
gratuits, stocks, semences), principalement pour l’autoconsommation afin de compléter le riz dans
39
leur alimentation de base (tableau 22). Les forts taux de commercialisation en volume contrastent en
apparence avec la proportion élevée de ménages déclarant conserver leur production pour la
satisfaction de leurs propres besoins. De fait, à une multitude de petits producteurs s’opposent une
minorité d’agriculteurs mettant en valeur de plus grandes surfaces et donc aptes à dégager des
surplus.
Il est plus intéressant d'analyser les principales cultures par produit. En ce qui concerne les
tubercules, il convient d’étudier particulièrement le manioc qui est le premier complément du riz
dans l’observatoire. A Maromandia 60% de la production de manioc est autoconsommé et la
consommation
annuelle
moyenne
d’un
ménage
producteur
est
de
688 kg par an. Les ménages producteurs du village d’Ampohibe ne consomment en moyenne que
348 kg de manioc dans l’année avec un taux d’autoconsommation de 41%. Pour ce qui est des
autres tubercules, environ 60% de la production sont vendus dans l'observatoire. Le manioc joue un
rôle essentiel dans l'alimentation, tandis que les autres tubercules constituent d'abord un
complément de revenu pour les ménages. La plus forte production de riz assure un meilleur taux de
couverture alimentaire aux ménages producteurs du village d’Ampohibe, ce qui explique que ceuxci puissent vendre une plus forte proportion de ces autres aliments de
Tableau 33
Destination des produits de l'agriculture autres que le riz
Cultures
Maromandia
AutoconsomPart de la
mation par
quantité vendue
ménage
(%)
(kg)
589
37,0
Tubercules
Manioc
829
34,9
Taro
125
55,9
Patate douce
120
54,3
97
52,0
Céréales (maïs)
292
63,3
Fruits
Banane
292
54,3
Litchi
0
0
455
89,3
Divers
(Canne à sucre)
455
89,3
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
AutoconsomPart de la
mation par
quantité vendue
ménage
(%)
(kg)
314
60,4
348
59,5
0
0
110
72,5
60
78,8
751
66,2
211
71,5
1132
65,3
426
70,0
426
70,0
Observatoire
AutoconsomPart de la
mation par
quantité vendue
ménage
(%)
(kg)
522
42,0
688
40,3
125
55,9
118
60,4
87
61,3
522
65,5
263
66,1
1132
65,3
438
83,0
438
83,0
base que les producteurs de Maromandia. Par ailleurs, la part importante des bananes, litchi et
cannes à sucre vendues démontre que la situation alimentaire de l'observatoire est relativement
bonne.
Sous quelle forme est placé le "surplus" des récoltes ?
Nous avons demandé aux ménages de préciser ce qu'ils faisaient du surplus de leurs récoltes
(avec deux réponses possibles). En première réponse, la quasi-totalité des ménages vendent ce
surplus, et ceci davantage à Ampohibe qu'à Maromandia. Quelques rares ménages achètent des
bovins ou créent des nouvelles plantations avec le revenu monétaire. En deuxième option, ces
dernières formes de placement intéressent encore quelques ménages, mais la plupart de ceux qui ont
vendu une partie de leur surplus, déclarent stocker le reste.
Les besoins monétaires toujours pressants dans les campagnes n’empêchent pas un grand
nombre de ménages excédentaires de constituer des stocks. Ces pratiques peuvent relever de deux
finalités : ou bien assurer au ménage producteur une sécurité alimentaire pour l’année suivante, ou
bien différer les ventes intravillageoises à la minorité de familles démunies. En ce dernier cas, ce
serait une valorisation du stock.
40
Tableau 34
Forme de placements du surplus des récoltes (deux possibilités de réponse)
Réponse principale
Maromandia
Ampohibe
59,1
67,1
Monétaire
39,4
30,1
Stockage d’une partie des récoltes
0,0
0,0
Prêt à d’autres paysans
1,5
0,0
Capitalisation par l’achat de bovins
0,0
1,4
Création de nouvelles plantations
0,0
0,0
Autre
0,0
1,4
N’épargne pas
100
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
%
Deuxième réponse
Maromandia
Ampohibe
12,3
5,1
50,8
72,9
1,5
0,0
0,0
0,0
3,4
1,7
0,0
0,0
0,0
0,0
100
100
Les consommateurs, principaux acheteurs des produits agricoles hors-riz
Au niveau de l'observatoire, les principaux demandeurs de produits agricoles (hors riz) sont
les consommateurs directs, c'est à dire les ménages du voisinage qui s'approvisionnent directement
auprès du producteurs ou au marché local de détail. Durant la campagne 94-95, ils ont absorbé plus
de 71% des quantités vendues. 2% sont allées aux grossistes, et moins de 4% aux commerçants des
village. L'activité des collecteurs n’est notée que dans le village d’Ampohibe où ils ont acheté un
tiers des quantités commercialisées de produits agricoles, hors riz. La situation de ces derniers
produits est assez similaire à celle du riz :Comme pour le riz, le village d’Ampohibe commercialise
davantage de surplus de ces derniers produits que le village de Maromandia. Les principales
destinations des ventes sont les marchés de détail (45% des quantités de produits vendues) et les
marchés de gros (54%) à Maromandia, alors qu’à Ampohibe, 62% des quantités vendues sont
écoulés sur les marchés de détail, 26% sont acheminés par les collecteurs, 6% vont aux marchés de
gros et 6% aux commerçants du village. L’intégralité de la vente de certains produits comme le
maïs, le manioc, la banane à Ampohibe et également cette dernière à Maromandia se fait
uniquement sur le marché de détail. Seul le litchi (exclusivement produite à Ampohibe) est vendu
aux collecteurs pour 43% des ventes.
III 4. L'ELEVAGE
Nous avons distingué différentes formes d’élevage : l’élevage bovin tout d’abord, compte
tenu de l’importance du zébu dans l’économie agricole, mais aussi dans la culture malgache ; le
petit élevage ou élevage à cycle court (porcs, volailles, etc...), qui suppose des investissements de
départ moins importants que pour l’élevage bovin et qui permet aux petits exploitants de dégager
des revenus monétaires et/ou un complément alimentaire en quelques mois.
L'élevage bovin
L'élevage bovin, complément étroit de l'agriculture
L'élevage bovin est une activité assez répandue sur l'observatoire d’Antalaha puisque 176
ménages la pratiquent. L'effectif total du cheptel s'élève à 496 têtes :. 346 à Ampohibe et 150 à
Maromandia. Chaque ménage éleveur possède en moyenne, 3 boeufs.
L'élevage bovin constitue dans les deux villages de l'observatoire un complément à
l'agriculture. Les boeufs de trait, qui sont utilisés principalement pour les travaux des champs
(labours, transport des récoltes, etc...), constituent 5% du cheptel : 15% à Maromandia et seulement
1% à Ampohibe. 80% du cheptel est composé "d'autres bœufs", élevés de façon plus extensive et
41
participant accessoirement aux travaux des rizières aquatiques. Les autres composantes du cheptel
bovin sont : les veaux (12% du cheptel bovin au niveau de l’observatoire mais plus nombreux à
Ampohibe), les vaches laitières (1%) et les boeufs de fosse (2%).
Tableau 35
Composition du cheptel bovin
Type de boeufs
Maromandia
Effectif
%
22
14,7
Boeufs de trait
8
5,3
Boeufs de fosse
116
77,3
Autres boeufs
0
0
Vaches laitières
4
2,7
Veaux
150
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
Effectif
4
1
283
4
54
346
%
1,1
0,3
81,9
1,1
15,6
100
Observatoire
Effectif
%
26
5,3
9
1,8
399
80,4
4
0,8
58
11,7
496
100
Un renouvellement continu du cheptel bovin
Durant la campagne agricole 94-95, le cheptel a diminué de 161 têtes. C'est la catégorie
des autres boeufs qui a connu la plus forte baisse avec 157 têtes de moins, dont 121 morts.
Les problèmes de santé animale sont les obstacles majeurs qui limitent l'extension de
l'élevage bovin. En effet, près d’un quart du cheptel est mort au cours de la période d’observation,
ce qui est très élevé. La catégorie la plus touchée est celle des autres boeufs avec un taux de 30%.
Ceci reflète les lacunes de l’encadrement technique et vétérinaire en milieu rural. Par contre, le
problème de l'insécurité ne semble pas affecter les éleveurs d’Antalaha dans la mesure où seulement
3 têtes ont été volées.
Tableau 36
Evolution du cheptel bovin hors naissance
Type de boeufs
Achetés
Vendus
2
2
Boeufs de trait
1
0
Boeufs de fosse
38
35
Autres boeufs
0
0
Vaches laitières
4
3
Veaux
45
40
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Volés
Morts
0
0
3
0
0
3
1
0
121
1
0
123
Cérémonies et
autoconsommés
4
0
36
0
0
40
Accroissement des effectifs
-5
1
-157
-1
1
-161
En ce qui concerne l’achat et la vente du cheptel bovin, 9% ont été achetés et près de 8% ont
été vendus au cours de l'année écoulée. L’utilisation du troupeau comme moyen de spéculation
apparaît ici car, malgré un flux très proche d’achat et de vente, les recettes sont largement plus
importantes que les dépenses d’achat de boeufs. En effet, durant la campagne 94-95,
l'investissement net moyen pour les ménages éleveurs ayant investi est de -125 000 Fmg. Ces
investissements ont surtout eu lieu à Maromandia, et ont porté sur les veaux et les boeufs de fosse.
Quant au mode de tenure, les deux tiers des boeufs sont gardés par leurs propriétaires.
Pour le reste, le salariat est le mode de tenure le plus fréquent. Le métayage ne concerne qu’une
petite partie du cheptel. La transhumance est très rare, seulement 6 ménages la pratiquent dans
l’observatoire.
42
Tableau 37
Les investissements nets moyens en cheptel bovin par ménage ayant investi
Type de bovin
Maromandia
Ampohibe
en milliers de Fmg
en milliers de Fmg
-125
0
Boeufs de trait
455
0
Boeufs de fosse
-205
-119
Autres boeufs
105
0
Veaux
-125
-124
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
investissement net moyen=((dépense - recette)/nombre de ménages ayant acheté ou vendu des boeufs)
Observatoire
en milliers de Fmg
-125
455
-150
105
-125
Enfin en ce qui concerne les perspectives pour les prochaines campagnes, plus des trois
quarts des ménages souhaiteraient acquérir des boeufs ou augmenter la taille de leur
troupeau. Les raisons avancées pour justifier cet intérêt sont d'ordre économique : 61% d'entre eux
invoquent l'aide que les bovins apportent à l'agriculture, 21% voient dans les boeufs une épargne
utilisable à tout moment, et seulement 18% pensent que le troupeau est un signe extérieur de
richesse.
Les autres types d'élevage
Tableau 38
Effectifs des animaux
Type d'animaux
Maromandia
Effectif
7
Porcs
3813
Volailles
3
lapins
0
Autres
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
Effectif
38
2741
0
3
Observatoire
Effectif
45
6554
3
3
Sur l'ensemble de l'observatoire, 8 ménages sur 10 pratiquent au moins un autre type
d’élevage. La répartition de ces ménages est assez équilibrée dans les deux villages. l’élevage
extensif de volaille est de loin le plus répandu : 79% des ménages de l'observatoire le pratiquent, un
peu plus à Maromandia qu'à Ampohibe. L’élevage de porcs ne comptent que 45 têtes dans
l’observatoire.
Le tableau 39 montre les mouvements des effectifs animaux et permet de faire ressortir la
proportion vendue, autoconsommée ou perdue par maladie. Les vols ou les pertes sont importants.
Par contre les problèmes sanitaires sont responsables d’une mortalité élevée. La volaille est
essentiellement destinée à l’autoconsommation ; en revanche l’élevage de porc permet
l’amélioration du revenu de quelques rares ménages. En effet, 1e nombre de têtes vendues
représentent 64% de l’effectif au moment de l’enquête, alors que la consommation ne représentent
que 16%.
Tableau 39
Mouvements des effectifs (hors naissance) durant l’année 94-95
Type
Achetés
Vendus
d'animaux
7
29
Porcs
173
254
Volailles
2
0
Lapins
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Volés ou
perdus
7
2857
0
Morts
(maladies)
6
3309
0
43
Consommation
familiale
7
2384
1
Accroissement des
effectifs
-42
-8631
1
Les dépenses consacrées aux animaux
Près de 9 ménages sur 10 pratiquent l'élevage (à petite échelle ou à grande échelle) dans
l'observatoire (453 ménages en tout). Parmi ces ménages, seulement 163 ont réalisé des dépenses
pour la bonne marche de leurs activités. Les dépenses pour la nourriture et les médicaments des
animaux sont les plus importants. Ils constituent 87% des dépenses totales consacrées aux animaux,
et 20% des ménages éleveurs ont eu de tels frais. Les autres types de dépenses sont minimes :
ristournes liés aux ventes (5%), dédommagement des dégâts causés par les animaux (2%), entretien
(5%) ainsi que les salaires (1%)
Tableau 40
Structure des dépenses consacrées aux animaux
Type de dépenses
Maromandia
Nombre de ménages
ayant effectué des
dépenses
Structure des dépenses
totales
%
21
13,2
Médicaments
1
2,4
Salaires
10
5,3
Entretiens
58
79,0
Nourriture
1
0,1
Ventes
0
0
Dédommagement
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
Observatoire
Nombre de ménages
ayant effectué des
dépenses
Structure des dépenses
totales
%
Nombre de ménages
ayant effectué des
dépenses
Structure des dépenses
totales
%
46
0
11
32
3
2
40,7
0
5,1
38,8
10,7
4,7
100
67
1
21
90
4
2
25,2
1,4
5,2
61,5
4,7
2,0
100
L’importance des dépenses consacrées aux médicaments soulignent le paradoxe de la
situation actuelle : les réseaux d’approvisionnement existent et semble-t-il, fonctionnent plus ou
moins bien, les ménages dépensent des sommes non négligeables dans l’achat de médicaments pour
les animaux, mais l’efficacité en semble limitée. Reste à savoir si les médicaments sont très coûteux
et donc sous utilisés ou mal utilisées, ou si l’absence de conseils techniques en limitent l’impact
thérapeutique. La situation est d'ailleurs différente d'un village à l'autre, les achats en médicaments
représentent une part des dépenses plus importantes à Ampohibe qu'à Maromandia Ceci s’explique
par la présence dans la première localité d'un vétérinaire et de diverses activités commerciales,
notamment pharmaceutiques. Ses habitants recourent donc plus aisément aux services et produits
vétérinaires.
44
IV.LES ACTIVITES EN DEHORS DE L’AGRICULTURE ET DE
L’ELEVAGE
L’agriculture est l’activité principale des ménages, mais 41% des ménages pratiquent des activités
secondaires, souvent saisonnières. Cette proportion est plus élevée à Ampohibe (48%) qu’à
Maromandia (33%). Ces activités fournissent des revenus supplémentaires aux ménages.
IV.1 LES ACTIVITES DE PETIT COMMERCE, D’ARTISANAT OU DE SERVICE
Les différents membres des ménages (chef de ménage, conjoint, enfant, etc.) participent aux
activités de petit commerce, artisanat et service, mais de façon saisonnière. 48% de leur temps de
travail est utilisé pour se procurer de la matière première, 28% est consacré à la fabrication ou
transformation et 24% à la vente.
La durée d’exercice des activités marchandes varie en fonction de la nature du travail. Le
commerce, les activités forestières et le tressage sont les activités pratiquées régulièrement tout au
long de l’année. Les activités artisanales (couturier, tailleur, maçon bijoutier orpailleur) sont des
activités qui ne durent que quelques mois dans l’année et qui fonctionnent irrégulièrement sauf
celles relatives à l’or. Cette dernière profession regroupe 68% des ménages pratiquant des activités
artisanales autres que le tressage.
Le chiffre d’affaires annuel de ces activités de petit commerce d'artisanat et de service a
atteint 23 millions de Fmg pour les deux villages de l’observatoire au cours de la campagne 94-95.
Plus de la moitié de ce montant (55%) proviennent des activités commerciales et 40% des artisanats
autres que le tressage. L’apport de revenu issu des exploitations forestières est minime.
Compte tenu du poids du commerce, il est plus pertinent de raisonner en terme de
production ou de valeur ajoutée. L'ensemble de ces activités ont dégagé une production annuelle de
16 millions de Fmg et ont crée une valeur ajoutée de 14 millions de Fmg. En moyenne, la
production et la valeur ajoutée par activité exercé s’élèvent respectivement à 100 000 Fmg et 86 000
Fmg. Pour souligner l’importance du commerce, il faut noter que la production et la valeur ajoutée
moyennes des activités commerciales sont plus élevées et atteignent 134 000 Fmg. Ces chiffres
montrent la contribution importante de ces activités au budget familial des ménages. En moyenne,
les activités sont plus rémunératrices à Maromandia qu’à Ampohibe. Dans le cas du commerce, la
valeur ajoutée moyenne est de 180 000 Fmg à Maromandia et seulement 84 000 Fmg à Ampohibe.
En terme de revenu annuel brut, ces types d'activités rapportent aux ménages qui les pratiquent, un
revenu de 15 939 000 Fmg mais ce chiffre cache des disparités importantes entre les ménages dont
le revenu moyen se situe à 181 000 Fmg.
Le taux de la valeur ajoutée est très élevé atteignant plus de 86% pour l’ensemble des
activités (95% pour le secteur primaire et 99% pour le secteur tertiaire). Ceci est lié à l’utilisation
massive des produits de la nature comme consommations intermédiaires, ce qui suppose un des
investissements minimes.
Environ 74% des ménages affectent ces types de revenu à l’achat de nourriture. La part
réservée à l’investissement dans l’agriculture ou dans l’élevage est relativement faible (11%). Les
dépenses sociales et scolaires sont très faibles et ne dépassent même pas 1%. Il n’y a pas de
différence majeure entre les deux villages sauf en ce qui concerne les autres dépenses pour
lesquelles les ménages de Maromandia consacrent 22% de leur revenu, contre 5% de ceux
d'Ampohibe.
45
Une bonne performance du commerce et des autres artisanats .
Les principaux indicateurs tels que le chiffre d’affaires, la production, et la valeur ajoutée
montrent la bonne performance économique du secteur tertiaire et celle relativement faible du
secteur primaire (ne comprenant que l’exploitation forestière). Une activité dans le commerce
(secteur tertiaire) dégage une production annuelle moyenne de 134 000 Fmg alors que pour
l'exploitation forestière la production moyenne n’est que de 56 000 Fmg. Le secteur secondaire se
comporte bien par rapport au secteur primaire mais n’égale pas la performance du secteur tertiaire
puisque la production est en moyenne est de 90 000 Fmg. Sur un chiffre d’affaires total de 10 038
000
Fmg,
du
secteur
secondaire,
les
autres
artisanats
réalisent
9 094 000 Fmg.
Tableau 41
Indicateurs du niveau d'activité par branches d'activités marchandes
Secteur
Chiffre
d'affaires
total
225
Secteur primaire
225
Exploitation forestière
10038
Secteur secondaire
944
Tressage
9094
Autres artisanats
12449
Secteur tertiaire
12408
Commerce
41
Services aux particuliers
22712
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
* Moyenne par activité
Valeur en 1000 Fmg par an pour l'ensemble de l'observatoire
Chiffre
Production
Production
Valeur
d'affaires
totale
moyenne*
ajoutée totale
moyen*
56
225
56
213
56
225
56
213
90
10038
90
7790
41
944
41
752
103
9094
103
7038
283
5676
129
5662
295
5635
134
5635
21
41
21
27
174
15939
100
13665
Valeur
ajoutée
moyenne*
53
53
70
33
80
129
134
14
86
La cueillette, la chasse
Ces actions de prélèvement direct de produits de la nature sont assez fréquentes dans
l’observatoire puisque un peu plus de la moitié des ménages pratiquent la chasse, la cueillette, ou la
pêche. La moitié des ménages à Maromandia ont recours à ce genre d’activité tandis qu’à
Ampohibe, ils sont seulement un peu plus d’un tiers.
La pêche est l’activité la plus exercée puisque deux tiers des ménages la pratiquent au moins
une fois par semaine. Les autres activités sont plutôt saisonnières notamment la chasse.
Dans 224 ménages de l'observatoire, au moins un membre de la famille pratique l'élevage alors que
seulement 3% de ménages font de la chasse, et 7% de la cueillette. La participation des membres du
ménage à ces prélèvements directs de produit de la nature varie selon l’activité. Les épouses et les
enfants sont ceux qui prennent le plus part à la pêche puisque, dans les ménages pratiquant cette
activité, 40% des épouses et 51% des enfants y prennent part, contre seulement 30% des chefs de
ménages.
Le produit des pêches est surtout destiné à l’autoconsommation. Les produits de la cueillette
servent surtout à apporter un complément de revenu aux ménages qui l’exercent puisqu’un peu
moins de deux tiers des familles destinent leurs produits à la vente. En général, les produits
subissent une transformation avant d’être mis sur le marché.
46
Tableau 42
Destination des produits pour 100 activités
Autoconsommation
39,6
Plantes sauvages
39,6
Espèces végétales
33,3
Miel
58,6
Poissons de mer
43,7
Poissons d'eau douce
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO
Transformés et
vendus
57,6
57,6
50,0
41,4
40,1
Vendus en l'état
Total
2,8
2,8
16,7
0,0
16,2
100
100
100
100
100
Le salariat.
Près de 57% de la population à Maromandia exercent au moins une activité salariale et 43%
à Ampohibe. Ces activités salariales sont dans neuf cas sur dix exercées dans le secteur primaire, et
plus précisément, 81% des activités de ce secteur se rapportent au salariat agricole. Le secteur
secondaire et le secteur tertiaire sont insignifiants, avec respectivement, 2% (artisanats autres que le
tressage) et 7% (commerce 3% et administration 3%) des activités salariales. Plus de neuf dixièmes
des individus exerçant une activité salariée sont des ouvriers non qualifiés et les contrats passés
entre les employeurs et les salariés sont presque toujours verbaux (93% des cas).
Plus de 90% des entreprises locales sont de petites entreprises privées et on trouve quelques
associations et des entreprises publiques. Le travail des salariés est surtout irrégulier (94%), il
s'exerce à 97% à l’intérieur du Firaisana. Les ménages à Maromandia exercent un peu plus
d’activités salariales dans les secteurs secondaires et tertiaires que ceux d’Ampohibe.
Tableau 43
Structure par branches des activités salariales
Secteurs
Maromandia
88,7
Secteur primaire
Agriculture, agro-alimentaire
Elevage
Exploitation forestière
Chasse et pêche
2,0
Secteur secondaire
Autres artisanats
9,3
Secteur tertiaire
Commerce
Services aux particuliers
Administration
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs Madio
Ampohibe
95,6
80,1
0,7
7,2
0,7
Observatoire
91,4
82,7
0
12,9
0
2,2
2,0
81,2
0,4
9,4
0,4
2,0
2,2
2,2
4,6
0,7
4,0
2,0
6,6
1,1
0
1,1
100
3,3
0,4
2,9
100
En 1994, ces activités salariales ont rapporté en moyenne 36 237 Fmg par mois à
Maromandia et 32 129 Fmg à Ampohibe et respectivement 34 524 Fmg et 39 893 Fmg en 1995.
Elles constituent un apport de revenu supplémentaire pour ceux qui ont une activité principale dans
l’agriculture ou dans l’élevage et une source de revenu principal pour d’autres. Elles sont la plupart
du temps localisées dans le secteur informel.
47
V LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LA SANTE
V.1 UNE SECURITE ALIMENTAIRE RELATIVEMENT ASSUREE
Bien que productrices de biens alimentaires, la plupart des populations rurales connaissent
des difficultés d’approvisionnement, notamment pendant la période de soudure quand les réserves
s’amenuisent. Certains ménages sont plus vulnérables que d’autres, selon les facteurs de production
à leur disposition, les choix culturaux, la composition de la famille, les charges financières et les
destinations des produits. En comparaison des autres observatoires, les habitants d’Antalaha
sont mieux lotis, car bien que la sécurité alimentaire n’est pas assurée pour tous, deux tiers
des ménages sont autosuffisants pendant au moins 10 mois . Les pratiques alimentaires, le
niveau de sécurité alimentaire et les stratégies des familles pour améliorer celui-ci sont examinés cidessous.
Le régime alimentaire des populations dépend évidemment des systèmes de production, euxmêmes guidés par les conditions éco-géographiques. Les villages sont représentatifs de la
polyculture vivrière peu variée et de petites plantations à vocation commerciale de la partie Nord
Est du pays. Si le riz est la denrée prépondérante, il est cependant complété par d’autres produits
pour la moitié des ménages.
Du riz au moins deux fois par jour....
Le riz compose l’aliment de base de l’observatoire. Si le déjeuner et le dîner comportent
presque exclusivement des plats de riz, la composition du petit déjeuner est plus diversifiée, même
si la moitié des ménages consomment du riz trois fois par jour. Une proportion importante de la
population (35 %) consomme du manioc et une partie non négligeable (10 %) du taro ou d’autres
tubercules (8%). Comparé aux autres observatoires, la situation alimentaire est relativement
satisfaisante, surtout à Ampohibe.
Tableau 44
Aliment principal de 100 ménages selon les repas
Petit déjeuner
%
Maromandia
Ampohibe
47,9
49,2
Riz
0,8
0,4
Maïs
1,1
0,0
Patate douce
32,2
38,1
Manioc
0,4
0,4
Pain
9,9
11,5
Taro (saonjo)
7,7
0,4
Autres tubercules
100
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Déjeuner
Maromandia
Ampohibe
96,9
96,6
0,4
0,0
2,3
0,4
0,4
2,3
0,0
0,0
0,0
0,4
0,0
0,0
100
100
Dîner
Maromandia
Ampohibe
100
100
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
0,0
100
100
En effet, deux tiers de la population arrivent à subvenir à ses besoins avec leur propre
production pendant presque toute l’année, et 9 ménages sur 10 le font pour au moins 7 mois.
Cependant, 1 sur 11 est démuni pendant la moitié de l'année ou plus. On remarquera que le village
d'Ampohibe, mieux doté, connaît une situation meilleure que Maromandia.
48
Tableau 45
Durée de la couverture alimentaire par an
Nombre mois
Maromandia
autosuffisance
%
% cumulé
alimentaire
57,8
57,8
10 et plus
25,0
82,8
7-9
14,8
97,6
4-6
2,4
100
1-3
0
100
0
100
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
%
Ampohibe
% cumulé
73,4
20,6
5,2
0,8
0
100
73,4
94,0
99,2
100
100
100
%
Observatoire
% cumulé
65,6
22,8
10,0
1,6
0
100
65,6
88,4
98,4
100
100
100
La soudure, période de restriction pour la majorité des ménages
Comment réagissent les familles face à ces déficits vivriers en période de "soudure"?
L'immense majorité diminue les rations des aliments de base ordinaires (73%). A Maromandia,
80% des ménages se trouvent dans cette catégorie, et 64% à Ampohibe, Un ménage sur deux de
l’observatoire consomme des aliments de substitution.
Dans les deux villages, le manioc est l’aliment le plus consommé en période de soudure,
suivi de loin par le taro, les fruits à pain et la banane. Il faut noter que, les ménages dans le village
de Maromandia disposent d’aliments plus variés que ceux d’Ampohibe.
En revanche le bilan quantitatif montre que la situation alimentaire est plus tendue à
Maromandia qu’à Ampohibe. C’est peut-être, la raison pour laquelle une forte proportion de la
population de Maromandia déclarant un surplus garde celui-ci en stock , le destinant peut-être à la
vente au détail dans le village même pendant la période de soudure. Cette proportion est moins
élevée pour le village d’Ampohibe.
La vente d'aliments de base à la récolte concerne peu de ménages
Les comportements de détresse économique sont marginaux dans l’observatoire. Les
ménages ont une situation alimentaire relativement aisée surtout à Ampohibe où 73% des ménages
ont une couverture alimentaire de plus de dix mois. Vendre des aliments de base (riz et tubercules) à
la récolte n'est pas courant ; seuls 13% des ménages le font. Cette proportion n'atteint que 17% dans
la classe de couverture alimentaire la plus élevée (10 mois et plus). Elle est plus faible pour les
classes inférieures (avec cependant un chiffre surprenant pour la plus basse).
Tableau 46
Vente d'aliments de base à la récolte selon la couverture alimentaire
Taux de
couverture
alimentaire
(en mois)
% ménages
Ayant un surplus
d'aliments de base
Vendant des
aliments de base à
la récolte
0,0
12,5
1-3
0,0
5,9
4-6
0,0
3,5
7-9
66,8
17,1
10 et plus
12,8
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Raisons des ventes
total
Dépenses
domestiques
Dépenses sociales
Remboursement
d'emprunt
Investissement
productif
0
66,7
100
92,7
90,5
0
0
0
5,5
4,7
100
0
0
0
1,6
0
33,3
0
1,8
3,2
100
100
100
100
100
La principale raison qui incite quelques ménages à vendre est la nécessité de s’acquitter de
dépenses domestiques. Les dépenses sociales ne concernent que ceux qui ont une couverture
49
alimentaire supérieure à dix mois, et les remboursements d'emprunts que ceux de la classe la plus
basse.
Que mange-t-on pendant la période de soudure?
Les stratégies des ménages face aux pénuries de la période de soudure varient selon le taux
de couverture alimentaire. En effet, la quasi-totalité des ménages qui n'assurent leur alimentation
que moins de 10 mois par an diminue les rations des aliments de base, alors que ceux de la classe
supérieure ne sont plus que 66% à le faire à Maromandia et 52% à Ampohibe. De façon semblable,
la consommation d'aliments de substitution est plus faible pour la classe supérieure que pour les
autres. Les ménages qui diminuent leur ration d’aliments de base, ainsi que ceux qui consomment
des aliments de substitution pendant la soudure, sont plus nombreux à Maromandia qu’à Ampohibe,
ce qui confirme que la sécurité alimentaire est plus assurée dans ce dernier village.
Tableau 47
Stratégie alimentaire en période de soudure selon la couverture alimentaire
Taux de
couverture
alimentaire
(en mois)
Maromandia
Ampohibe
% des ménages
Diminuant les rations des
aliments de base
% des ménages
Consommant des aliments de
substitution
Diminuant les rations des
aliments de base
Consommant des aliments
de substitution
83,3*
76,3
73,3
46,3
58,4
100*
92,3
100
51,6
64,1
50,0*
84,6
80,8
43,8
53,6
100*
1-3
100
4-6
98,4
7-9
66,2
10 et plus
80,1
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ne concerne que 1,6% des ménages de l’observatoire.
L'acquisition des aliments faisant défaut aux ménages s'opère aussi selon des stratégies
différentes d'une classe à l'autre (tableaux 47, 48, 49). Pour en rester au plan qualitatif, on voit que
les activités salariales, sont les plus pratiquées par les ménages des classes inférieures de couverture
alimentaire. Les autres activités (artisanats commerces) nécessitant souvent un fonds de démarrage
ou un crédit trouvent au contraire, plus d’adeptes chez les ménages de
Tableau 48
Moyens d'obtention des aliments pendant la période de soudure selon la couverture alimentaire
(Maromandia)
Taux de
couverture
alimentaire
(en mois)
1-3
4-6
7-9
10 et plus
Travail
salarié
50
55,3
47,6
37,3
Emprunt
en
nature
16,7
5,3
7,9
6,8
45,2
7,2
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
en
argent
16,7
23,7
19,3
16,9
19,3
Aide de la parenté
Autres
(activités artisanales, commerciales ou
de services, et réponses mal définies)
Total
en nature
en argent
0,0
7,8
6,5
8,5
0,0
0,0
1,2
1,7
16,6
7,9
17,5
28,8
100
100
100
100
7,2
1,2
19,3
100
classe de couverture alimentaire supérieure. Le recours à l'emprunt est minime à Ampohibe et
réservé à quelques ménages de classe supérieure. Il est plus important à Maromandia (27% des
ménages) et décroît avec le taux de couverture alimentaire. La faiblesse du recours à la parenté
est globalement très faible, ce qui révèle probablement la faiblesse de la solidarité familiale,
quelle que soit la classe.
50
La situation sociale révélée par la sécurité alimentaire est relativement égalitaire, comparée à
celle de l’observatoire de Vakinankaratra. De plus, une grande majorité de la population est pour le
moins assurée de couvrir ses besoins alimentaires.
Tableau 49
Moyens d'obtention des aliments pendant la période de soudure selon la couverture alimentaire
(Ampohibe)
Taux de couverture
alimentaire (en mois)
0
1-3
4-6
7-9
10 et plus
Total
Travail
salarié
50,0
69,2
46,2
25,2
35,8
Emprunt
Aide de la parenté
en
nature
en
argent
en nature
en argent
0,0
0,0
0,0
3,1
1,8
0,0
0,0
3,8
5,3
4,3
0,0
0,0
5,8
1,1
2,5
0,0
0,0
1,9
0,0
0,6
Autres
(activités artisanales, commerciales ou
de services, et réponses mal définies)
Total
50,0
30,8
42,3
65,3
55,0
100
100
100
100
100
100
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
V.2 PROBLEMES DE SANTE : ENVIRONNEMENT ET PROXIMITE DES CENTRES DE SOINS
Interrogés sur l’affection la plus répandue et la plus sérieuse que rencontrent adultes et
enfants, un peu moins de la moitié des villageois ont déclaré que le paludisme est la maladie la plus
courante dans l’observatoire, suivi de la diarrhée et des affections respiratoires. Le climat tropical et
l’humidité qu’on voit dans ces régions à proximité de la mer, favorise le foisonnement des
anophèles, ce qui explique que le paludisme est parmi les maladies dont souffre le plus la
population de l’observatoire. Le taux est cependant plus élevé chez les enfants (61% des réponses),
ce qui s’explique peut-être par une immunisation plus faible que celle des adultes (42% des
réponses).
Les diarrhées occupent une place assez importante également, dans la mesure où plus de
15% des réponses les mentionnent, aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Le manque
d’hygiène dans l’alimentation peut être à l’origine de cette infection.
Les affections respiratoires sont citées dans plus de 10% des cas, pour les adultes comme
pour les enfants.
Tableau 50
Principaux problèmes de santé
Maromandia
Adultes
Enfants
Diarrhées
13,7
21,5
Paludisme
45,8
55,2
Infection respiratoire
12,6
15,9
Tuberculose
0,0
0,0
Infection de plaies
0,0
0,0
Traumatisme osseux
3,4
0,5
Autres
24,2
6,7
Total
100
100
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
Adultes
15,1
38,9
15,1
0,0
3,6
5,56
21,8
100
Enfants
12,9
66,7
12,4
0,0
0,5
0,0
7,0
100
Observatoire
Adultes
Enfants
14,4
17,2
42,4
61,1
13,8
14,2
0,0
0,0
1,7
0,3
4,5
0,3
23,2
6,8
100
100
Chaque village bénéficie de l’existence d’un centre de soins et de santé primaire en état de
fonctionnement, supervisé par un infirmier et pourvu de quelques médicaments. Cette situation
privilégiée n’est malheureusement pas représentative des zones rurales environnantes. Aussi, ne
sera-t-on pas surpris que près des trois quarts des habitants fassent une visite à ces dispensaires en
cas de maladie et qu’en cas d’aggravation de la maladie, plus des neuf dixièmes en font autant.
51
Enfin, dans un premier temps, certains malades adoptent d’autres attitudes, particulièrement
l’automédication en pharmacopée traditionnelle ou en achetant des médicaments allopathiques.
Quelques rares ménages vont consulter un médecin, probablement en ville, ou le guérisseur.
Tableau 51
Réactions des ménages en cas de maladie
Attente
Visite chez le médecin
Visite au dispensaire/hôpital
Visite chez le guérisseur
Auto-médication (pharmacopée traditionnelle)
Achat à la pharmacie communautaire
Achat de médicaments
Total
Maromandia
5,7
1,5
77,9
0,8
11,5
0,4
2,3
100
Maladie
Ampohibe
0,8
2,4
68,7
1,9
12,7
0,0
13,5
100
Aggravation de la maladie
Observatoire Maromandia Ampohibe Observatoire
3,3
0,4
0,0
0,2
1,9
3
1,2
2,1
73,4
90,1
96,8
93,4
1,4
3,4
0,8
2,1
12,0
3,1
0,0
1,6
0,2
0,0
0,0
0,0
7,8
0,0
1,2
0,6
100
100
100
100
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Les deux villages présentent des grandes tendances identiques. Tout au plus peut-on
constater que les malades d’Ampohibe sont très peu nombreux à négliger tout soin, alors que 6% de
ceux de Maromandia ont cette attitude peu rationnelle. De même, ceux d’Ampohibe sont
relativement plus nombreux à acheter des médicaments. Ces quelques divergences reflètent peutêtre une plus grande pauvreté à Maromandia.
Tableau 52
Fournisseurs des médicaments aux ménages
Maromandia
66,8
Epicier
0,0
Marchand ambulant
33,2
Pharmacie
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
85,3
2,9
11,8
100
Observatoire
82,5
2,5
15
100
Les moyens de se procurer les médicaments montrent le rôle capital de l'épicier local :
83% des ménages de l’observatoire s'approvisionnent chez lui et son importance est plus marquée à
Ampohibe où le taux de fréquentation atteint 85% contre 67% à Maromandia. Les autres ménages
s'adressent plutôt au dépôt de médicaments situé dans chaque village. Comme celui d’Ampohibe est
moins performant, les habitants de ce village fréquentent davantage l’épicier.
52
VI.- LES INDICATEURS DE NIVEAU DE VIE
VI 1 - LES DEPENSES COURANTES
Mesurer les dépenses des ménages en milieu rural est une opération lourde et hasardeuse,
compte tenu de la forte saisonnalité de la consommation et l’absence de comptabilité écrite des
budgets familiaux. Aussi, plutôt que chercher à quantifier de manière exhaustive la consommation
des ménages, nous avons retenu un certain nombre de poste de dépenses, parmi les plus importants,
et pour lesquels les ménages sont susceptibles de garder la mémoire. Nous nous sommes penchés
sur l’équipement du logement, l’habillement, les déplacements, la santé et l’éducation, les dépenses
administratives et enfin les dépenses « sociales » (tombeau, cérémonie, église, fokontany). Pour
chaque poste nous avons calculé le pourcentage des ménages n'ayant rien dépensé. Ceci nous
permet de repérer les types de dépenses les plus répandues et ainsi d’avoir une indication sur les
habitudes de consommation des ménages.
Tableau 53
Dépenses annuelles moyennes des ménages en milliers de Fmg (année 94-95)
Maromandia
Ampohibe
Moyenne
% sans
Moyenne
% sans
dépenses
dépenses
Santé
43
8,0
38
6,3
Ecolage
39
46,6
36
35,3
Habillement
86
9,2
68
4,4
Transport
118
56,9
34
22,6
Equipement du logement
90
23,7
37
21,4
Frais administratifs
45
77,1
14
66
Dépenses sociales
22
3,4
27
2,8
- liées aux tombeaux
17
88,9
119
96,0
- liées aux cérémonies
15
21,8
21
17,1
- liées aux églises
8
34,4
6
43,3
- liées au Fokontany
5
37,0
3
59,5
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
N.B.: les différences avec la publication de synthèse tiennent à une base de calcul différente
Observatoire
Moyenne
% sans
dépenses
40
7,2
37
41,1
77
6,8
65
40,1
64
22,6
27
71,6
25
3,1
44
92,4
18
19,5
7
38,7
4
48,1
Les dépenses les plus usuelles des ménages de l'observatoire sont celles de la santé et de
l'habillement. Pour chacun de ces deux postes seuls 7% des ménages déclarent ne rien avoir
dépensé. L’équipement du logement vient en seconde position. Environ deux ménages sur dix n'ont
rien alloué à ce poste. Viennent ensuite le transport (40% de sans dépenses) et l'écolage (41%). En
effet les contraintes budgétaires poussent les familles à ne donner qu’une scolarisation de base aux
jeunes enfants. Les frais administratifs sont les plus négligés par les ménages (72% sans dépense),
ce qui traduit la faible emprise de l’Etat sur le monde rural, aggravé par le désengagement récent.
Une grande inégalité règne entre les ménages de l'observatoire en ce qui concerne les
dépenses. Si on considère les dépenses d’habillement - les plus courantes chez les ménages de cet
observatoire - un ménage consacre en moyenne 77 000 Fmg dans l’année pour s’habiller, et la
moitié des ménages dépensent au plus 50 000 Fmg. Cette inégalité entre les ménages est plus
atténuée dans le village d’Ampohibe, la proportion des "sans dépenses" pour chaque poste étant
moins élevée.
Deux types de dépenses "sociales" peuvent être distinguées :
53
- d’une part les frais de construction et d’entretien des tombeaux sont comparables à des dépenses
immobilières. Elles peuvent être relativement élevées. 4% des ménages d’Ampohibe ont alloué en
moyenne 119 000 Fmg pour les tombeaux. Or à Maromandia 11% des ménages n’ont déboursé en
moyenne que 17 000 Fmg en un an.
- D'autre part, les dépenses liées aux cérémonies, aux églises et au "Fokontany" sont plus légères
mais plus fréquentes dans l'année. Les activités du Fokontany sont les plus délaissées par les
habitants des deux villages. Ils ont affecté à ce poste 4 000 Fmg en moyenne et environ un ménage
sur deux n'y ont pas participé. Dans les dépenses "sociales", celles liées aux cérémonies sont les
plus importantes. Elles s'élèvent à 18 000 Fmg par an en moyenne et seulement un ménage sur cinq
sont sans dépenses.
VI 2 - DES ACTIVITES DE CREDIT LIMITEES
Les villageois tirent principalement leurs ressources des activités agricoles. Il est certain que
la saisonnalité de tels revenus renforce leurs contraintes budgétaires et contribue à affaiblir encore
plus leur pouvoir d'achat. Le recours au crédit pourrait assouplir une telle contrainte, et aider les
agriculteurs à donner plus d'essor à leurs activités. On observe pourtant que, d'une part seule une
minorité de ménages emprunte (27% à Maromandia et 12% à Ampohibe) et que, d'autre part, les
montants des sommes empruntées sont très faibles. Pendant la campagne 94-95, la somme moyenne
empruntée était d'environ 5000 Fmg par ménage emprunteur.
Tableau 54
Montant des sommes empruntées (en milliers de Fmg) 1994-95
Ménages
Maromandia
63,0
Pas d’emprunt
6,9
]0;1500
21,7
]1500;5000]
6,1
]5000-10000]
2,3
>10000
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
* par ménage emprunteur
Somme moyenne
Maromandia
Ampohibe
0
0
1000
1000
3386
3077
8188
7714
18667
185000
4680*
16241*
Ampohibe
88,4
2,8
5,2
2,8
0,8
100
Les ménages s'adressent surtout à d'autres membres de leur famille. 13% seulement des
ménages emprunteurs (18 ménages) font appel à l'usure. Aucun crédit n'est contracté auprès d'un
organisme officiel.
Tableau 55
Répartition des ménages emprunteurs selon la source principale des emprunts (1994-95)
Maromandia
89,0
A la famille hors ménage
10,1
Usure (remboursement en nature)
0,9
Crédit informel (en argent)
0
Crédit auprès d’une association
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
76,7
23,3
0
0
100
Observatoire
86,4
12,9
0,7
0
100
VI 3 - L’HABITAT
Les principales caractéristiques de l’habitat constituent des indicateurs importants du niveau
de vie des ménages, qui vont au-delà des mesures basées sur le seul niveau des revenus. En effet, les
revenus ne traduisent que des flux. En période de crise, cela ne reflète pas de façon satisfaisante le
niveau de vie de la population qui dépend aussi du patrimoine accumulé dans le passé, et qui a pu
être investi dans le logement.
54
Le logement
Le type d'habitat est pratiquement le même dans les deux villages de l'observatoire. Huit à
neuf ménages sur dix vivent dans des maisons individuelles, avec en moyenne deux pièces par
ménage. Les murs sont surtout construits avec des végétaux (84%) et le sol en bois ou écorce de
"ravinala" (98%). A Maromandia, les toits en tôle sont plus fréquents (dans près de 2/3 des cas),
alors que les habitants d'Ampohibe utilisent le plus souvent des feuilles de palmier (58%) pour
couvrir leurs maisons. Généralement, les ménages (99%) ont aménagé un coin cuisine à l’intérieur
de leur lieu d'habitation. Par contre seuls 11% des ménages possèdent un coin douche.
Tableau 56
Type de logement
Maromandia
90,5
8,4
2,2
98,1
9,3
82,4
15,7
1,9
98,1
1,5
66,4
31,7
%
Maison individuelle
case
Nombre moyen de pièce par ménage
Possède un coin cuisine
Possède un coin douche
Nature des murs : végétaux
Nature des murs : planche
Nature des murs : tôle
Revêtement du sol : bois
Revêtement du sol : ciment béton
Nature du toit : tôle
Nature du toit : autre végétal
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
79,4
19,0
2,1
99,2
12,4
85,7
11,1
3,2
98,4
0,8
40,9
58,3
observatoire
85,0
13,6
2,2
98,6
10,8
84,1
13,4
2,5
98,2
1,2
53,9
44,7
L’accès aux principaux services publics d’aménagement
Comme dans toutes les campagnes malgaches, les aménagements publics sont quasiinexistants. Les hameaux ne bénéficient d'aucune installation électrique ou d’adduction d'eau. Ainsi
pour s'éclairer, tous les ménages d'Ampohibe et 99% des ménages de Maromandia utilisent des
lampes à pétrole. Le bois, disponible en grande quantité, reste le principal combustible (96% des
ménages). Pour l'eau, 84% des ménages utilisent les sources et les cours d'eau avoisinants. A
Ampohibe, 30% des ménages ont creusé des trous d'eau qui une fois sur deux ont été aménagés en
puits.
Ces difficultés d’accès à l’eau conditionnent le type d’aisance disponible. Près de 7% des
ménages utilisent des fosses communes perdues, et 8% des fosses perdues individuelles. La grande
majorité (85%) est contrainte d’aller dans la nature.
Tableau 57
Equipement des ménages
%
Mode d’éclairage : pétrole
Combustible utilisé : bois
Approvisionnement en eau : cours d’eau et source
Type d’aisance : fosse perdue individuelle
Type d’aisance : fosse perdue en commun
Type d’aisance : dans la nature
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Maromandia
99,2
95,0
98,1
9,2
9,9
80,9
Ampohibe
100
97,6
69,3
7,5
3,2
89,3
Total
99,6
96,3
84,3
8,4
6,6
85,0
Le statut d’occupation de la maison
Les villageois ont souvent construit leurs maisons par leurs propres moyens en utilisant les
matériaux qu'ils ont pu tirer de leur environnement naturel. Il n'est donc pas surprenant que la
55
majorité (90%) soit propriétaire. Rares sont ceux qui ont leur titre de propriété étant donné
l'enclavement des villages et la quasi absence des infrastructures administratives. A Maromandia
7% des ménages n'ont pas leur propre foyer et sont logés par d'autres ménages propriétaires. Moins
de 2% des ménages de l'observatoire ont une ou plusieurs maisons à louer.
Tableau 58
Mode d’occupation des logements
%
Propriétaire avec titre
Propriétaire sans titre
Logé par le propriétaire
Autre
Total
Possède une ou plusieurs maisons à louer
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Maromandia
6,5
85,1
6,9
1,5
100
1,9
Ampohibe
19,4
75,8
3,2
1,6
100
0,8
Observatoire
12,8
80,5
5,1
1,6
100
1,4
VI 4 - L’EQUIPEMENT DE LA MAISON ET SES ELEMENTS DE CONFORT
Dans les foyers, le mobilier est souvent réduit au minimum indispensable. Le lit est le
meuble le plus fréquent. Seuls 7% des ménages n'en ont pas. Un peu plus de trois quarts des
ménages ont au moins une table, et environ la moitié ont au moins une chaise.
L'absence d'installation électrique dans les villages explique l’absence des appareils
électriques dans les foyers. Parmi les ménages interrogés un seul à Maromandia possède un groupe
électrogène et peut jouir de tels équipements. Quoi qu'il en soit les équipements tels que la machine
à coudre ou la radio n'exigent pas obligatoirement de l’électricité, et pourtant seulement un ménage
sur 4 a une radio et 3 ménages sur 10, une machine à coudre.
Tableau 59
Equipement des ménages
%
MOBILIER
Pas de table
Pas de chaise
Pas de lit
Pas de fauteuil
Aucun mobilier
EQUIPEMENT DOMESTIQUE
Pas de radio
Pas de radio cassette
Pas de chaîne Hi-fi
Pas de télévision
Pas de réfrigérateur
Pas de cuisinière (électrique ou à gaz)
Pas de machine à coudre
Aucun équipement
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Maromandia
Ampohibe
Observatoire
22,4
46,8
7,2
90,1
4,9
24,2
43,3
7,1
94,1
6,0
23,3
45,1
7,2
92,0
5,4
70,7
76,8
98,9
100
99,2
99,6
68,4
43,7
77,4
86,1
99,6
100
100
100
70,6
55,6
74,0
81,4
99,2
100
99,6
99,8
69,5
49,5
Globalement, près de la moitié des ménages de l'observatoire d'Antalaha n'ont aucun
équipement. La rareté des meubles et des équipements domestiques traduisent bien la médiocrité
des conditions de vie des villageois. Cette pauvreté est fortement ressentie par les ménages. En
effet, ceux-ci déclarent que s'ils venaient à dégager un surplus supplémentaire ils le consacreraient
en premier lieu à l'amélioration de leur logement.
VI.5 SORTIR DU VILLAGE : L'ACCES AU MARCHE ET A LA VILLE
La fréquentation du marché est un moyen pour les paysans de mieux maîtriser les circuits de
commercialisation, mais aussi d'avoir accès à l'information (sur les prix, sur les nouvelles
56
techniques, etc...). Nous avons demandé à chaque ménage si au moins un de ses membres se rend,
plus ou moins régulièrement au marché. C'est le cas pour seulement 42% des ménages de
Maromandia et 67% de ceux d'Ampohibe. En moyenne, ces personnes font le trajet une à deux fois
par mois.
Une partie des habitants d'Ampohibe se rendent aux marchés de la ville d'Antalaha. Les taxibrousse effectuent assez régulièrement le trajet ; c'est pourquoi 36% des ménages choisissent ce
moyen de locomotion. Près de trois ménages sur cinq se rendent à pied au marché d'Ampohibe. Le
trajet dure en moyenne une demi-heure. A Maromandia, la proportion de ceux qui ont choisi la
marche à pied est beaucoup plus élevée (83%) : les chemins qui relient les trois hameaux de
Maromandia au marché sont en très mauvais état et aucun transport en commun ne dessert ces
trajets.
Les fréquences de déplacement vers la ville d'Antalaha sont encore plus faibles, mais
touchent un plus grand nombre de ménages. Environ deux tiers des ménages de l'observatoire se
rendent régulièrement à Antalaha ville. Ces voyages ont lieu en moyenne huit fois par an. Les
villageois d'Ampohibe utilisent essentiellement le taxi-brousse (79%) tandis qu'à Maromandia
environ la moitié se rend en ville à pied, et l'autre moitié en taxi-brousse. Les autres moyens de
locomotion comme l'automobile, la bicyclette et la moto sont très rarement utilisés.
57
VII.- DYNAMIQUES,
EXPLOITANTS
PROBLEMES
ET
PERSPECTIVES
DES
Pour clore cette étude, nous nous pencherons sur les dynamiques en cours depuis le début
des années 90, les principaux facteurs de blocage au développement des activités agricoles et les
perspectives entrevues ou souhaitées par les paysans de l’observatoire.
VII 1 - LES
DYNAMIQUES EN COURS
Les mouvements fonciers récents : une dynamique positive, mais limitée, pour les
exploitations
Pour les ménages questionnés, le solde des mouvements fonciers est positif, c'est-à-dire
que le nombre de parcelles acquises depuis 5 ans (110 parcelles) dépassent très largement le nombre
de parcelles perdues (16 parcelles vendues, mises en gage, abandonnées ...). Néanmoins cette
tendance n'est pas déterminante, vu la faiblesse de ces flux (le nombre total des parcelles cultivées
dans cet observatoire est de 2532). C'est dans le village de Maromandia que les mouvements
fonciers sont les plus développés. 78 des 110 parcelles supplémentaires et 11 parcelles sur les 16
perdues sont localisées dans ce village.
Tableau 60
Mouvements fonciers depuis 1990
Maromandia
Nombre
%
78
70,9
Parcelles en plus depuis 5 ans
dont plantations
38
dont rizières
13
100
Modalité d'acquisition (%)
dont achat
27
34,6
dont héritage
44
56,4
dont défrichement
3
3,9
dont location ou métayage
4
5,1
11
68,8
Parcelles en moins depuis 5 ans
dont plantations
6
75
dont rizières
3
50
100
Modalités de perte (%)
dont vente
0
0
dont mise en gage
3
27,3
dont abandon
5
45,4
dont ensablement, privation d'eau
3
27,3
+67
Solde
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
Nombre
32
27
4
10
16
4
2
5
2
3
1
0
4
0
+27
%
29,1
41,5
23,5
100
31,3
50
12,5
6,2
31,2
25
50
100
20
0
80
0
Observatoire
Nombre
%
110
100
37
60
7
6
16
8
6
1
3
9
3
+94
100
33,6
54,5
6,9
5,5
100
100
100
100
6,3
18,7
56,3
18,7
Environ la moitié des terres nouvellement acquises proviennent d'héritages, et le tiers a été
acheté. L'extension par défrichement est relativement importante dans le village d'Ampohibe. Une
parcelle sur huit acquises depuis cinq ans, correspond à une terre récemment mise en culture par les
villageois.
Sur tout l'observatoire, les pertes de terres s'élèvent au total à 16 parcelles : huit plantations
et six rizières. Ces terres sont le plus souvent abandonnées (9 parcelles). Trois sont devenues
incultivables à cause d'un nouvelle contrainte environnementale. Trois autres ont été mises en gage
et une seule a été vendue.
58
Les dynamiques culturales
L'évolution de ces 5 dernières années montre que la tendance générale est à la stabilité. Nous
avons étudié l'évolution des variétés cultivées par plus de 20% des ménages d'un des deux villages.
Pour chacune d'elles, au moins 40% des ménages ont déclaré une stagnation.
La régression est toutefois sensible pour les cultures de rente telles que la vanille, le
café ou le girofle. Plus de 30% des ménages ont en effet déclaré une régression pour chacune
de ces cultures. On pourrait penser qu'il s'agit d'une stratégie de repli des paysans vers l'agriculture
de subsistance, en réponse à la détérioration des conditions de commercialisation de ces cultures. Si
c'est le cas on devrait observer parallèlement une extension appréciable des cultures vivrières. Or on
constate d'une part que la proportion de ménages qui déclarent une extension des cultures de riz
(environ 30%) est plus élevée que celle des ménages qui en déclarent la régression (moins d'un
quart). D'autre part, pour les autres cultures (maïs, tubercules, fruits), au moins 70% des ménages
déclarent une stagnation. Toutefois, les cas d’extension sont le plus souvent supérieurs au cas de
régression pour ces cultures. Les agriculteurs d’Ampohibe se montrent en général plus dynamiques
que ceux de Maromandia, particulièrement en ce qui concerne le manioc, le taro et la canne à sucre.
Tableau 61
Evolution des cultures depuis 5 ans
pour les variétés cultivées par plus de 20 % des ménages d'un des deux villages
% de
ménages
cultivant
Maromandia
exten- stabision
lité
(%)
(%)
régression
(%)
% de
ménages
cultivant
Ampohibe
exten- stabision
lité
(%)
(%)
régression
(%)
% de
ménages
cultivant
Observatoire
exten- stabision
lité
(%)
(%)
régression
(%)
Céréales
riz irrigué
73,3
14,4
61,9
23,7
98,8
31,3
32,1
36,6
85,8
23,9
45,2
30,9
riz pluvial
90,1
17,0
59,2
23,8
27,8
21,7
40,6
37,7
59,5
18,1
54,9
27,0
maïs
41,6
10,7
80,4
8,9
14,7
10,8
83,8
5,4
28,4
10,7
81,2
8,1
Tubercules
manioc
75,2
16,2
76,7
7,1
82,5
29,5
64,3
6,3
78,8
23,0
70,3
6,7
taro
58,4
7,2
81,7
11,1
60,3
20,4
73,0
6,6
59,3
13,8
77,4
8,9
patate douce
27,9
8,9
74,7
16,5
10,3
11,5
84,6
3,9
19,3
9,5
77,1
13,3
Fruits
Banane
67,6
15,8
82,5
1,7
82,9
28,4
66,8
4,8
75,1
22,6
74,0
3,4
Autres
Vanille
82,4
16,5
49,5
34,0
89,3
12,5
37,5
50,0
85,8
14,5
43,4
42,2
Café
50,0
17,7
59,2
23,1
62,7
7,0
50,3
42,7
56,2
11,9
54,4
33,8
Girofle
33,6
2,3
70,5
27,3
25,0
4,8
61,3
33,9
29,4
3,3
66,7
30,0
Canne à sucre
25,2
5,9
85,3
8,8
39,7
26,5
68,4
5,1
32,3
18,1
75,3
6,6
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. La première colonne donne, pour chaque culture le nombre de ménages qui la pratique (%) ;
les colonnes suivantes donnent le pourcentage de ménages pratiquant ayant déclaré l'extension , la stagnation ou l'abandon de cette culture.
Pour la minorité des ménages qui a vu progresser sa production de riz, les deux principales
raisons d'extension avancées sont : les conditions climatiques favorables (40% des ménages des
deux villages) et l'augmentation des surfaces cultivées (20% environ des ménages à Maromandia).
59
Tableau 62
Raisons d'extension des cultures (céréales et tubercules)
Pourcentage sur l'ensemble des ménages ayant déclaré une extension
Riz irrigué
0
Plus de débouchés
0
Prix plus attractif
25,0
Augmentation des terres cultivées
10,7
Plus de main d'oeuvre
0
Augmentation des moyens
3,6
Amélioration de la sécurité
10,7
Pour faire face à la soudure
46,4
Climat favorable
3,6
Autre
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Maromandia
Riz
Manioc
pluvial
0
3,2
2,5
3,2
22,5
19,4
10,0
0
2,5
3,2
2,5
3,2
15
41,9
40
22,6
5
3,2
100
100
Taro
Riz irrigué
0
0
36,4
0
0
0
36,4
18,2
9,1
100
1,3
0
5,1
16,7
1,3
0
33,3
41,0
1,3
100
Ampohibe
Riz
Manioc
pluvial
0
5,0
0
8,3
0
13,3
6,7
1,7
0
1,7
0
5,0
26,7
28,3
66,7
35,0
0
1,7
100
100
Taro
0
3,2
16,1
0
0
0
38,7
41,9
0
100
Selon les villageois, l'extension des cultures vivrières s'explique également par le besoin de
nourriture complémentaire pendant la soudure : 42% des ménages de Maromandia ayant déclaré une
extension de la culture de Manioc pour faire face à la soudure
Tableau 63
Raisons d'extension des cultures (autres cultures)
Maromandia
Vanille
Plus de débouchés
Prix plus attractif
Augmentation des terres cultivées
Augmentation des moyens
Amélioration de la sécurité
Pour faire face à la soudure
Augmentation du prix à la consommation suite
au flottement du FMG
Baisse du prix aux producteurs
Climat favorable
Autre
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Café
Ampohibe
Canne à sucre
Banane
Vanille
Café
canne à sucre
Banane
6,3
25,0
50,0
0
0
0
4,5
22,7
50
0
0
4,5
33,3
33,3
0
0
0
0
28,6
7,1
17,9
0
3,6
35,7
3,8
11,5
38,5
7,7
3,8
7,7
0
9,1
27,3
9,1
9,1
9,1
30,8
3,9
23,1
0
3,9
11,5
10,2
6,8
8,5
0
13,6
23,7
3,1
3,1
3,1
9,4
100
-
0
0
33,3
0
100
0
0
3,6
3,6
100
15,4
0
11,5
0
100
-
0
0
26,9
0
100
0
0
37,3
0
100
4,5
13,6
100
36,4
0
100
La raison de diminution la plus invoquée est par contre la diminution des rendements, que ce
soit pour le riz ou pour les cultures de rente. Le vol semble également décourager les planteurs de
café et de vanille.
Tableau 64
Raisons de diminution des cultures
Pourcentage sur l'ensemble des ménages ayant déclaré une diminution
Maromandia
Riz irrigué
0
Problème de débouché
0
Baisse de prix
4,3
Diminution des terres disponibles
4,3
Manque de main d'oeuvre
6,5
Manque de moyens
52,2
Diminution des rendements
0
Problème de sécurité
0
Problème d'irrigation
28,3
Climat défavorable
4,4
Autres
100
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Ampohibe
Riz pluvial
Vanille
Café
Girofle
Riz irrigué
Riz pluvial
Vanille
Café
Girofle
1,8
0
3,6
3,6
12,7
40,1
0
0
36,5
1,8
100
2,9
5,7
2,9
4,3
11,4
51,4
17,1
0
4,3
0
100
0
3,6
0
10,7
3,6
64,3
7,1
0
10,7
0
100
8,3
4,2
4,2
0
0
66,6
0
0
12,5
4,2
100
0
0
2,2
7,7
4,4
59,3
1,1
3,3
17,6
4,4
100
0
0
0
0
0
61,5
0
0
30,8
7,7
100
0
0,9
0,9
1,8
2,7
42,3
11,4
0
36,4
3,6
100
0
1,5
1,5
1,5
4,5
46,2
31,3
0
3,0
10,5
100
0
0
0
0
0
95,2
0
0
4,8
0
100
L'évolution positive des mouvements fonciers ne se transmet pas sur celle des cultures, pour
la simple raison que les flux fonciers sont trop limités.
60
Les dynamiques de prix
Les prix agricoles participent à la forte et récente inflation, que ce soit pour le riz ou pour les
autres cultures. L'inflation est pourtant moins forte dans cet observatoire d'Antalaha que dans les
observatoires d'Antsirabe et de Marovoay.
Le prix du riz
Seulement un huitième des ménages de l'observatoire commercialisent du riz (soit 63
ménages). Il s'agit surtout de vente en détail ou auprès des commerçants du village. C’est pourquoi,
l’inflation est plus faible ici, par rapport aux autres observatoires où les collecteurs jouent un rôle
décisif dans la détermination du prix du riz. Le climat de cette région du Nord-est est très favorable
à la culture de riz : 86% des ménages de l'observatoire cultivent le riz irrigué et 60%, le riz pluvial.
La période de soudure est très courte. Seulement 17% des ménages de l'observatoire ne dépassent
pas 7 mois d'autoconsommation alimentaire.
La récolte de riz pluvial est réalisée vers le mois de mars. Elle intervient peu avant celle du
riz irrigué qui peut s'étendre jusqu'au mois d'août. La présence de ces deux récoltes perturbe quelque
peu l’évolution du prix du riz au cours des saisons. Cependant, il apparaît clairement que c’est de
mai en août que le prix du riz est le plus faible. En effet, c'est pendant cette période que le stock de
riz des ménages est le plus élevé. La demande de riz auprès du marché local est alors au plus faible.
Tableau 65
Evolution du prix du riz (paddy) entre la saison 1993-94 et la saison 1994-95
Maromandia
Ampohibe
Observatoire
1993-94
1994-95
variation
1993-94
1994-95
variation
1993-94
1994-95
Fmg/Kg
Fmg/Kg
%
Fmg/Kg
Fmg/Kg
%
Fmg/Kg
Fmg/Kg
%
333
1150
686
650
650
1000
763
688
95,2
-13,0
11,2
5,8
333
1315
670
650
500
1800
821
750
50,1
36,9
22,5
15,4
400
500
25
Prix minimum
1315
1800
36,9
Prix maximum
658
861
30,9
prix moyen
600
800
33,3
Prix médian
Répartition des ménages qui commercialisent
%
14,6
Evolution du prix moyen du paddy par quadrimestre (Fmg/Kg) *
1993-94
1994-95
Nombre
Ménages
9,5
1993-94
1994-95
variation
12,1
Nombre
Ménages
1993-94
1994-95
Nombre
Ménages
1er quadrimestre (septembre 694,7
856,3
16
699,0
856,3
10
696,3
856,3
26
décembre)
750,7
1050,0
7
700,7
708,0
15
716,6
816,8
22
2ème quadrimestre(janvier -avril)
570,7
772,1
14
333,0
667,0
1
554,9
765,1
15
3ème quadrimestre (mai-août)
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
* Une campagne est à cheval entre deux années (septembre de la 1ère année à septembre de la 2ème année). Exemple (répartition des
quadrimestres pour la campagne 1993-94):
1er quadrimestre 1993-94: septembre 1993 à décembre 1993
2ème quadrimestre 1993-94: janvier 1994 à avril 1994
3ème quadrimestre 1993-94: mai 1994 à août 1994
Le prix des autres produis agricoles
En général, les prix d'achat aux producteurs des autres cultures des deux villages de
l'observatoire ont augmenté entre les deux campagnes 93-94 et 94-95.
61
Tableau 66
Evolution des prix moyens des principales cultures entre la saison 93-94 et la saison 94-95
Maromandia
Ampohibe
Observatoire
1993-94
1994-95
variation
1993-94
1994-95
variation
1993-94
1994-95
variation
Fmg/Kg
Fmg/Kg
%
Fmg/Kg
Fmg/Kg
%
Fmg/Kg
Fmg/Kg
%
677
350
172
320
37,7
49,5
29,7
32,1
236
403
385
269
431
385
14,1
6,9
0
360
276
132
280
467
370
172
337
29,8
34,0
29,7
20,4
896
762
37,4
33,1
383
505
443
578
15,5
14,3
505
531
648
649
28,4
22,2
Les aliments de base (céréales et tubercules)
Manioc
492
Maïs
234
Taro
132
Patate douce
242
Les Fruits et autres cultures
Banane
652
Canne à sucre
573
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Les céréales (en dehors du riz) et les tubercules sont essentiels dans l'alimentation des
ménages. C'est une des raisons pour lesquelles la tendance des prix de ces produits suit celle du prix
du riz. D'une manière générale, l'augmentation des prix est nettement plus forte à Maromandia où
les variations se situent entre 30% et 50%. A Ampohibe nous avons une fourchette de variation de 0
à 16%. De plus, les prix sont très différents d’un village à l’autre : A Maromandia les prix moyen du
manioc et de la banane sont environ le double de celui d’Ampohibe où le maïs et la patate douce
sont par contre plus cher.
Les produits fruitiers commercialisés sont la banane et la canne à sucre. La canne à sucre est
11
surtout vendue aux ménages pour la fabrication du "betsa" .
VII2 - LES PRINCIPAUX PROBLEMES RENCONTRES PAR LES EXPLOITANTS
Les habitants de l’observatoire rencontrent de sérieuses difficultés où se mêlent à la fois des
facteurs de type structurel, liés au relatif abandon des campagnes malgaches par les pouvoirs
publics, et d’autres plus conjoncturels, où l’accélération du processus inflationniste, suite à la mise
en place du flottement du franc malgache, joue un rôle déterminant. Ces difficultés qui affectent les
conditions de production agricole se répercutent inéluctablement sur les conditions de vie de la
population.
Les goulots d’étranglement de la production agricole
Le problème principal de l’agriculture résident en amont du processus de production. L’offre
agricole est contrainte par l’insuffisance d’accès au crédit et le manque de moyens. A elle seule,
cette modalité rassemble 47% des problèmes rencontrés par les agriculteurs. C’est donc surtout
l’accès aux financements qui entravent le développement de la production.
Tableau 67
Principales difficultés rencontrées dans l’agriculture (par ordre d’importance décroissant)
%
Pas d’accès au crédit, manque de moyens
Pas assez de temps disponible
Manque d’encadrement et de conseils techniques
Difficulté de commercialisation
Problèmes de maladie des plantes
Problème d’approvisionnement en matériel agricole, semences ou produits phytosanitaires
Manque de main-d’oeuvre
Autres
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
11
Boisson alcoolisée artisanale fabriquée à base de canne à sucre.
62
Maromandia
43,6
17,7
8,5
5,0
6,2
3,9
3,9
11,2
100
Ampohibe
51,0
10,8
11,9
6,8
5,2
3,2
3,2
8,0
100
Observatoire
47,3
14,3
10,2
5,9
5,7
3,5
3,5
9,6
100
Environ 14% des ménages se plaignent également du manque de temps disponible afin de
mener à bien toutes les activités qu'ils entreprennent. Enfin, un ménage sur 10 évoque le manque
d'encadrement et de conseil techniques.
Les difficultés rencontrées dans l’élevage sont d'un tout autre type. Massivement, ce sont
l'insécurité et la santé des animaux qui pose le problème le plus sérieux. On enregistre 46% des
plaintes pour l'insécurité. Il s'agit essentiellement d'un problème de garde des animaux, causant des
conflits de voisinage. En effet les bêtes errantes détruisent souvent les cultures des autres villageois.
La santé des animaux est aussi un obstacle important. qui touche 38% des ménages.
Selon les éleveurs, ni la commercialisation, ni l’encadrement, ni l’accès à la terre et aux
pâturages ne sont des phénomènes qui nuisent à leurs activités.
Tableau 68
Principales difficultés rencontrées dans l’élevage (par ordre d’importance décroissant)
%
Problèmes de sécurité
Problèmes de santé des animaux
Pas assez de pâturage
Manque d’encadrement et de conseils techniques
Difficultés d’approvisionnement en provende ou en médicaments
Difficultés de commercialisation
Autres
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Maromandia
50,8
34,7
3,4
2,7
2,3
0,4
5,7
100
Ampohibe
40,6
40,6
6,4
1,6
2,0
0,4
8,4
100
Observatoire
45,8
37,6
4,9
2,2
2,2
0,4
6,9
100
Le problème de main-d'oeuvre salariée ne semble pas être un problème décisif dans cette
zone. Seuls 52 ménages sur 514 (soit environ 10%) déclarent avoir un problème de recrutement de
main-d'oeuvre salariée. Près de la moitiée des ménages agricoles de l’observatoire (247 ménages)
ont pourtant recours au salariat. En effet, parmi les principales difficultés que les ménages
rencontrent dans leurs activités agricoles, le manque de main d’oeuvre est le moins mentionné (4%
des ménages agricoles). Ceci confirme le fait que les ménages sont peu dépendants de la maind’oeuvre extérieure et semblent être capables d’assurer eux-mêmes une grande partie des travaux
agricoles.
Les problèmes rencontrés dans la vie quotidienne
En premier lieu, les habitants de l’observatoire se plaignent des difficultés
d’approvisionnement en produits de première nécessité (PPN). Ils sont près de 79% dans ce cas.
Environ 11% des ménages de Maromandia déclarent que leurs problèmes résultent de l’isolement
du village à cause du mauvais état des routes. Ils ne sont que 2% dans ce cas à Ampohibe. Encore
une fois l’absence d’infrastructures économiques apparaît comme le principal facteur contraignant
pour les habitants de l’observatoire.
Tableau 69
Principales difficultés des conditions de vie (par ordre d’importance décroissant)
%
Mauvais approvisionnement en PPN
Isolement du village à cause du mauvais état des route
Difficulté d’approvisionnement en eau et en bois
Difficultés pour la scolarisation
Pas de dispensaire ou de médecins près du village
Autres
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Maromandia
69,0
11,1
6,5
5,8
2,3
5,4
100
63
Ampohibe
88,5
2,4
6,8
0,8
1,2
0,4
100
Observatoire
78,5
6,8
6,6
3,3
1,8
2,9
100
Le flottement du Fmg affecte les campagnes à travers la dynamique des prix.
Le flottement du franc malgache se répercute dans les campagnes à travers le processus
inflationniste qu’il a engendré. Evidemment, cette dérive des prix est différemment perçue suivant
qu’elle touche les prix à la production ou les prix à la consommation. La résultante entre ces deux
effets opposés dépend du différentiel entre les deux prix.
L’augmentation des prix aux producteurs est de loin la première conséquence bénéfique du
flottement pour les paysans. Près des deux tiers d’entre eux y ont été sensibles. Cependant, trois
paysans sur dix affirment que le flottement n’a eu aucun impact positif sur leur activité. Ceci
concerne surtout les habitants d’Ampohibe (43% des ménages d’Ampohibe contre seulement 18%
des ménages de Maromandia); ce qui n’est d’ailleurs pas étonnant car comme nous l'avons vu, les
prix aux producteurs ont relativement peu augmenté dans ce village. C’est aussi d’ailleurs le cas de
la vanille (beaucoup plus cultivé à Ampohibe), du moins pour cette dernière campagne.
Tableau 70
Les bénéfices du flottement du Fmg (par ordre d’importance décroissant)
%
Augmentation des prix aux producteurs
Augmentation des débouchés
Plus de possibilité de spéculation (stockage)
AUCUNE CONSEQUENCE POSITIVE
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Maromandia
75,9
4,2
1,9
18,0
100
Ampohibe
55,6
2,0
0
42,5
100
Observatoire
65,9
3,1
1,0
30,0
100
Mais, l’augmentation des prix aux producteurs a été concomitante de l’augmentation des
prix à la consommation. Si nous manquons d’éléments quantitatifs pour apprécier l’impact final du
différentiel de prix sur le pouvoir d’achat des paysans, il semble que la croissance des prix des PPN
ait été plus vivement ressentie que l’amélioration des prix aux producteurs. Près de 85% des
ménages le déplore. Si l’on ajoute ceux qui se plaignent de l’impossibilité de dégager une épargne à
cause de la croissance des prix, environ 94% des ménages voient dans le flottement une mesure
récessive. Seuls 3% disent ne pas en avoir souffert.
Tableau 71
Les inconvénients du flottement du Fmg (par ordre d’importance décroissant)
%
Augmentation du prix des PPN
Pas de possibilité d’épargne monétaire à cause de l’inflation
Augmentation du prix des intrants et du matériel
Diminution des débouchés
Autres
AUCUNE CONSEQUENCE NEGATIVE
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Maromandia
85,1
8,4
3,1
0
0
3,4
100
64
Ampohibe
84,5
10,3
3,2
0,4
0
1,6
100
Observatoire
84,8
9,3
3,1
0,2
0
2,5
100
VII3 - LES PERSPECTIVES DANS L’AGRICULTURE
Les stratégies d’accumulation des paysans.
Pour clore ce chapitre, nous nous pencherons sur les stratégies d’accumulation des paysans.
Interrogés sur le type de dépenses qu’ils engageraient en priorité s’ils venaient à dégager un surplus
supplémentaire, plus de 40% le consacreraient à l’amélioration de leurs logements. Ceci se
comprend aisément étant donné l’état de dénuement de l’habitat des paysans.
En dehors de ces dépenses, les ménages achèteraient des terres (28% dans les deux
villages et 32% à Maromandia) ou des boeufs (25% dans les deux villages et 32% à Ampohibe).
Donc en premier lieu, les ménages accordent la priorité à des dépenses domestiques visant à
l’amélioration immédiate de leurs conditions de vie ; les dépenses productives n’arrivent qu’en
seconde position.
Tableau 72
Les modalités de placement de l’épargne (par ordre d’importance décroissant)
%
4- Amélioration du logement
1- Achat de terres
2- Achat de boeufs
6- Placement en banque ou dans un organisme de crédit
7- Achat de matériel pour les loisirs
3- Achat d’autres animaux d’élevage
5- Thésaurisation
8- Réserve d’argent pour les cérémonies
9- Prêt à d’autres personnes
10- Autres
Total
Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.
Maromandia
44,7
32,1
17,9
0,8
1,2
0
0,4
0
0,4
2,7
100
Ampohibe
38,9
24,6
32,1
1,6
0,4
0,8
0
0,4
0
1,2
100
Observatoire
41,8
28,4
24,9
1,2
0,8
0,4
0,2
0,2
0,2
2,0
100
Les autres modalités de placement ne retiennent pas l’attention des paysans. Elles réunissent
chacune au plus 2% des ménages interrogés sur tout l’observatoire. On n’enregistre aucune volonté
de s’engager plus en avant dans des dépenses sociales (pour les cérémonies : famadihana, savatsy,
etc...). Enfin, ni les comportements de thésaurisation ou de placement bancaire, ni l’utilisation du
surplus à des fins de prêt n’intéressent vraiment les paysans.
Ces réactions sont celles d’une population pour qui les problèmes vivriers ne sont pas
ressentis comme une contrainte par la majorité. Ces villageois semblent être plutôt touchés par les
aléas de la conjoncture des cultures de rente. Ils ressentent fortement leur enclavement et aspirent à
un certain bien-être domestique.
65
TABLE DES MATIERES
AVANT-PROPOS
1
L’OBSERVATOIRE D'ANTALAHA 1995 EN CHIFFRES
6
RESUME DES PREMIERS RESULTATS
7
I SITUATION SOCIO-DEMOGRAPHIQUE ET ACTIVITES
13
I.1 La situation socio-demographique
13
I.2 La scolarisation
16
I.3 Les dynamiques migratoires
17
I.4 Typologie des activités des ménages
19
II LES FACTEURS DE PRODUCTION AGRICOLE DANS L'OBSERVATOIRE D'ANTALAHA
21
II 1 La situation foncière
21
II2 - L’equipement agricole
25
II3 - Travail familial et travail salarial sur l’exploitation agricole
26
III - LA PRODUCTION AGRICOLE ET L'ELEVAGE
29
III.1 La diversité des cultures
29
iii 2 Production et commercialisation du riz
31
III.3 La Production des cultures autres que le riz
39
III 4. L'ELEVAGE
41
IV.LES ACTIVITES EN DEHORS DE L’AGRICULTURE ET DE L’ELEVAGE
IV.1 LES ACTIVITES DE PETIT COMMERCE, D’ARTISANAT OU DE SERVICE
45
45
V LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LA SANTE
48
V.1 Une sécurité alimentaire relativement assurée
48
V.2 Problèmes de santé : environnement et PROXIMITE DES CENTRES DE SOINS
51
VI.- LES INDICATEURS DE NIVEAU DE VIE
53
VI 1 - Les dépenses courantes
53
VI 2 - Des activités de crédit limitées
54
VI 3 - L’habitat
54
VI 4 - L’équipement de la maison et ses éléments de confort
56
VI.5 Sortir du village : l'accès au marché et à la ville
56
VII.- DYNAMIQUES, PROBLEMES ET PERSPECTIVES DES EXPLOITANTS
58
VII 1 - Les dynamiques en cours
58
VII2 - Les principaux problèmes rencontrés par les exploitants
62
VII3 - Les perspectives dans l’agriculture
65
66

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