OBSERVATOIRE D`ANTALAHA (VANILLE) Premiers résultats suivis
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OBSERVATOIRE D`ANTALAHA (VANILLE) Premiers résultats suivis
REPOBLIKAN’I MADAGASIKARA Fahafahana - Tanindrazana-Fahamarinana Ministère de l’Economie et du Plan Institut National de la Statistique OBSERVATOIRE D'ANTALAHA (VANILLE) ENQUETE AUPRES DES MENAGES 1995 Premiers résultats suivis d'une étude sur la vanille Décembre 1996 MADIO (MAdagascar-Dial-Instat-Orstom) est un projet chargé d'apporter aux autorités malgaches un appui à la réflexion macro-économique. Une partie de ses travaux s'inscrit dans le cadre de la réhabilitation de l'appareil statistique national. Le projet est cofinancé par l'Union Européenne, l'Orstom et le Ministère français de la Coopération et du Développement, pour une durée initiale de deux ans (1994-1996). Il est basé dans les locaux de la Direction Générale de l'Instat à Antananarivo. Adresse : Projet MADIO, Institut National de la Statistique, Bureau 308 B.P. 485, Anosy - Antananarivo 101, Madagascar Tel : 258-32, Fax : 332-50 1 AVANT-PROPOS Les observatoires ruraux : un outil de suivi de l'impact des réformes économiques sur les ménages ruraux Le projet MADIO a choisi de mettre en place en 1995 des observatoires en milieu rural. L'objectif de cette opération est de suivre l'évolution d'un certain nombre d'indicateurs de l'impact des politiques économiques sur les producteurs ruraux. Ces indicateurs concernent l'évolution des facteurs de production agricole (le foncier, le travail et l'équipement agricole), l'offre productive (par exemple l'évolution de la production agricole commercialisée en fonction de l'évolution des prix ), mais aussi des indicateurs sur le niveau de vie des ménages (scolarisation, sécurité alimentaire, indicateurs de confort de l'habitat...). A Madagascar, la diversité régionale et sous-régionale est très marquée ; ignorer les spécificités locales, même dans une étude visant à répondre à une question macro-économique, peut conduire à de graves erreurs d'interprétation. Comme il ne nous était pas possible de réaliser une étude sur chacune des régions et sous-régions de Madagascar, nous avons choisi de travailler sur des espaces restreints (groupe de villages) représentatifs d'une problématique régionale. Pour l'année 1995, nous avons mené une enquête auprès de 2010 ménages ruraux répartis dans quatre observatoires. Cette enquête ménage fut relativement lourde, car les données existantes étaient pauvres ou trop anciennes. Il a donc fallu collecter des informations de base, de type structurel, indispensables pour la compréhension du fonctionnement et de l'évolution des systèmes de production : situation foncière, équipement agricole, organisation du travail, répartition et destination des cultures, etc. Mais au delà de ces informations de base, nous avons cherché à cerner les dynamiques en oeuvre, dynamiques liées à l'évolution de l'environnement économique des producteurs. Toutes ces questions ont été regroupées dans un questionnaire commun aux ménages des quatre observatoires. Trois modules complémentaires ont été formulées en fonction de certaines spécificités : le module "vanille" pour l'observatoire de la région d'Antalaha, le module "pêche" pour celui de la plaine côtière Mahafaly, et un module destiné aux ménages dont l'activité principale se situe en dehors de l'agriculture ou de la pêche. Une collaboration originale avec les opérateurs du développement Sur les zones d'implantation des observatoires, nous avons travaillé en collaboration avec des opérateurs locaux, généralement engagés dans des actions de développement. Cette association originale nous a permis de bénéficier de leur connaissance fine du terrain avant, pendant et après les enquêtes : préparation du questionnaire et choix des villages, introduction auprès des autorités du village et des ménages, validation des hypothèses et des observations effectuées. De notre côté, nous avons pu répondre à une demande de formation sur les méthodes d'enquête formulée par certains opérateurs qui souhaitent développer des instruments d'analyse et de connaissance des terrains sur lesquels ils interviennent. La collaboration avec ces opérateurs a été formalisée par l'établissement de conventions avec le projet MADIO. Les observatoires sont choisis en fonction des critères suivants : - les grandes zones agro-climatiques et le système de production dominant (culture de rente, culture vivrière, pêche ou élevage), - la densité et la composition ethnique de la population, les mouvements migratoires. - l'accessibilité ou l'enclavement : existence de routes ou de pistes permettant l'évacuation des produits, distance aux marchés et aux centres urbains secondaires, 2 - les structures d'appui ou d'encadrement : l'état des services de l'agriculture de l'élevage ou de la pêche, l'existence (actuelle ou passée ) de projets de développement (ONG, coopérations bi ou multilatérale). Après une première identification des sites, nous avons confronté nos propositions avec un indicateur de développement des Fivondronana établi par la Direction de la Planification Régionale du Ministère du Plan. Cet indicateur synthétique de développement est établi à partir de données intermédiaires sur l'accessibilité physique de la région, sur les équipements socio-collectifs (santé, éducation) disponibles, sur les infrastructures de base (eau, électricité, poste, téléphone) et sur l'accès aux services d'appui économique de l'État ou du secteur privé (services d'encadrement, établissements financiers, sociétés de commercialisation, etc..). Les Fivondronana ont été classés en quatre groupes, des Fivondronana les moins avancés (concentrés dans le Sud et le Sud-Est) aux Fivondronana les plus développés (plutôt regroupés dans le Nord- Nord Est)1. Les sites choisis pour les observatoires se répartissent dans chacun des groupes. Observatoire de la plaine côtière mahafaly (Beheloka Itampolo) La plaine côtière Mahafaly est une zone très enclavée, où la densité de population est faible et dont les villages côtiers sont peuplés par deux ethnies différentes (pêcheurs Vezo, agriculteurséleveurs Tanalana, sous-groupe des Mahafaly). Les produits de la pêche sont en grande partie commercialisés mais dans des conditions défavorables pour les pêcheurs à cause de l'enclavement. Les conditions de vie dans les villages sont très rudes : grandes difficultés d'approvisionnement en eau douce, abandon d'un certain nombre de services publics. La zone d'enquête couvre deux Fivondronana, tous deux étant classés parmi les moins avancés. Une collaboration a été établie avec le principal opérateur du développement de la région qui mène des actions d'appui au développement communautaire intégré de la pêche traditionnelle sur la côte Sud (FAO/PNUD/Direction des Pêches). Sans l'appui de ce programme (logistique, introduction dans les villages) nous n'aurions pu mener à bien les enquêtes dans une zone aussi difficile. Observatoire de la vanille (Antalaha) La région Nord-Est est connue pour l'importance de sa production en grands produits "traditionnels" d'exportation : vanille d'abord, mais aussi café, poivre, et girofle. Avec la baisse relative des prix aux producteurs, les paysans accordent une place de plus en plus importante aux cultures vivrières (riz, tubercules). Quel sera l'impact de la récente libéralisation du commerce de la vanille (mai 1995) sur les choix des producteurs ? Vont-ils: augmenter ou non la production ou bien s'orienter vers une amélioration de la qualité des produits, ou continuer à délaisser les plantations de vanille au profit d'autres spéculations ? Nous avons travaillé dans cette zone avec le projet de conservation et de développement intégré de la presqu'île de Masoala, (PCDI Masoala) qui est basé à Antalaha et intervient dans la presqu'île de Masoala. Bien que les villages enquêtés soient en dehors de sa zone d'action, le projet Masoala nous a fourni une très précieuse aide logistique.2 Observatoire du Vakinankaratra 1 L'indicateur de développement classe les Fivondronana de la manière suivante : moins avancés, faiblement développé, moyennement développé, plus avancés. 2 les liaisons routières entre la capitale et la région d'Antalaha étant impossibles, nous ne disposions pas de véhicule sur place, ce qui handicapait lourdement le travail en milieu rural. Le projet Masoala nous a aidé dans le choix des villages, pour les déplacements dans la zone et nous a prêté un local à Antalaha pour la formation des enquêteurs. 3 Les Hautes Terres sont la région la plus densément peuplée de Madagascar. Afin d'exploiter au mieux les différentes facettes écologiques liées au relief accidenté, les paysans ont développé un système de cultures diversifiées. Une région centrale des Hautes Terres, le Vakinankaratra, a été retenu comme site d'observation, illustrant la problématique des petites exploitations familiales polyculturales à dominante rizicole, mais globalement déficitaires en riz. Deux zones d'enquête ont été choisies, l'une sur la zone orientale du Vakinankaratra (classée parmi les zones les plus développées), lieu de peuplement ancien et l'autre dans le Moyen Ouest, dans une zone classée comme étant faiblement développée, mais au potentiel agricole élevé et qui est une région de colonisation récente. Les opérateurs du développement sont nombreux dans cette région, mais pour la plupart concentrés sur les mêmes micro-régions. Nous avons choisi de travailler avec l'IREDEC3, une ONG qui intervient en dehors de ces sites "surencadrés" et, qui parallèlement à ses actions de développement, mène des actions de recherche. La préparation du questionnaire, le choix des villages, la réalisation des enquêtes et la validation des résultats ont été réalisés en étroite collaboration avec l'IREDEC. Observatoire de la plaine de Marovoay La plaine de la Basse Bestiboka a été mise en valeur sous la colonisation et est devenue un des greniers à riz de Madagascar, dont la production était en partie exportée vers l'Europe. Cette région est peuplée essentiellement de migrants venus de plusieurs régions de Madagascar à la recherche d'un emploi salarié et, par la suite, de terres. Comme les autres grands périmètres irrigués (lac Alaotra, Samangoky), cette zone a été frappée de plein fouet par la crise des années 80 : crise de l'autorité centrale de gestion du périmètre, rupture des approvisionnements en intrants et matériels agricoles. Ces paysans "modernes" très insérés dans l'économie de marché ont dû déployer des stratégies de repli ou de reconversion. A l'heure de la réhabilitation des réseaux hydroagricoles et du transfert de leur gestion aux usagers de l'eau, il est utile de repérer quelles sont les stratégies actuelles des producteurs. La région de Marovoay est classée comme étant moyennement développée. Présentation des résultats La dispersion des sites sur l'ensemble de Madagascar et le travail dans des zones enclavées ont soulevé d'importants problèmes logistiques et nous ont obligé à multiplier un certain nombre d'opérations. La supervision de chaque site était assurée par des cadres du projet MADIO, parfois assistés de nos partenaires sur place, mais nous avons recruté et formé une équipe d'enquêteurs pour chaque observatoire4. Les opérations de collecte ont eu lieu de juillet à septembre 1995 pour les observatoires du Vakinankaratra, de Marovoay et de la plaine côtière Mahafaly, d'octobre à novembre 1995 pour l'observatoire de la vanille. La saisie et l'apurement des fichiers ont été terminés entre décembre 1995 et janvier 1996. Chaque observatoire fait l'objet d'une publication intermédiaire des premiers résultats avant la synthèse qui permettra une étude comparative des différentes zones. Remerciements L'accueil dans les villages fut toujours chaleureux et les ménages ont généreusement donné de leur temps pour répondre de bonne grâce (et surtout consciencieusement) à un questionnaire 3 IREDEC : Institut de Recherche et d'Application des Méthodes sur le Développement Communautaire afin de faciliter le contact avec les ménages enquêtés (et donc de s'assurer une certaine qualité des résultats) , il était nécessaire que les enquêteurs soient issus de la région d'enquête. 4 4 assez long, qui faisait souvent appel à leur mémoire (notamment pour les questions quantitatives sur la production). La relation de confiance avec les ménages ruraux a été en grande partie établie grâce à nos partenaires, qui nous ont introduit, ont expliqué l'intérêt de l'enquête et nous ont aidé pour la logistique dans les villages. Nous sommes très redevables à ces opérateurs du développement, souvent engagés dans de multiples actions concrètes, qui ont consacré du temps et de l'énergie à une opération dont les résultats ne sont pas directement visibles. Nous espérons que les résultats de ces enquêtes pourront aussi les guider dans leurs choix d'intervention. Enfin, il ne faut pas oublier l'équipe des enquêteurs et des superviseurs, qui ont travaillé dans des conditions matérielles difficiles, qui sont certes le lot quotidien des ruraux, mais auxquelles les citadins ne sont pas ou plus habitués. Composition de l’équipe Observatoires ruraux 1995 L'équipe Madio a eu la très grande douleur de perdre Melle Hanitriniala, une de ses collaboratrices, décédée en août 1996. Nous appréciions sa compétence et gardons le souvenir de sa grande gentillesse. Coordination des observatoires: DROY Isabelle Equipe observatoire : PESNEAUD François RASOLOFO-JAONARISON Patrick RATOVOARINONY Raphaël RAZANAMAVO Voahirana HANITRINIALA Enquêtes terrain -observatoire d'Antalaha : RAZANAMAVO Voahirana RASOLOFO-JAONARISON Patrick RATOVOARINONY Raphaël Rédaction - observatoire d'Antalaha: PESNEAUD François (responsable de la rédaction) HANITRINIALA 5 L’OBSERVATOIRE D'ANTALAHA 1995 EN CHIFFRES Situation socio-démographique et activités Taille moyenne du ménage (personnes) Pourcentage de la population de moins de 20 ans Pourcentage des ménages dont l'activité principale est l'agriculture Pourcentage des ménages pratiquant des activités secondaires 5,00 58,1 98,8 41,1 Les facteurs de production agricole Nombre moyen de parcelles exploitées par ménage Pourcentage des parcelles en rizières sur l'ensemble des parcelles Pourcentage des parcelles immatriculées Pourcentage des propriétaires exploitants Investissement moyen par ménage dans l'équipement agricole Pourcentage des ménages ayant fait appel à de la main d'oeuvre salariée 4,9 22,1 20,8 98,6 8 924 Fmg 52,8 La production agricole et l'élevage Production moyenne de tubercules par ménage Pourcentage de la production vendue (cultures hors riz) Production moyenne de riz paddy par ménage Surface moyenne exploitée en rizière par ménage Quantité moyenne de riz-paddy autoconsommée par ménage Quantité moyenne de riz-paddy vendue par ménage Pourcentage de la production rizicole destinée à l’autoconsommation Rendement moyen en riz-paddy Nombre de bovin par ménage 900 kg 65,9 1376 kg 145 ares 1232 kg 431 kg 85,7 0,9 t/ha 0,96 Les indicateurs de niveau de vie Pourcentage des ménages ne dépassant pas 7 mois d’autoconsommation alimentaire Pourcentage des ménages s’approvisionnant en eau à une source ou un cours d'eau Dépense moyenne annuelle par ménage consacrée à la scolarité 6 11,6 84,3 37 766 Fmg OBSERVATOIRE DE LA VANILLE (ANTALAHA) : ENQUETE 1995 RESUME DES PREMIERS RESULTATS DES SITES D'ENQUETE POUR ILLUSTRER UNE PROBLEMATIQUE DE LA REGION COTIERE ORIENTALE L'enquête sur l'observatoire dit de la vanille a touché 514 ménages et 2 565 personnes. Il se décompose en deux sites, regroupant chacun deux villages, dont certains se subdivisent en hameaux. Le premier, dit de Maromandia, comprend le gros village du même nom et Marovany. Ils sont localisés respectivement à 23 et 25 km au sud-ouest de la ville-port de Antalaha, sur la R.N. 5a, qui est, sur ce tronçon, une piste de qualité inégale, mais que peuvent emprunter les camionnettes. L'autre site, dit de Ampohibe, se compose de ce dernier village et de Namohana. Au sud de Antalaha, on le rejoint par la route goudronnée de l'aéroport sur 11 km, puis par une route neuve non goudronnée mais de bonne qualité, sur 8 et 10 km. Ce deuxième site est non seulement plus accessible que le premier, mais bénéficie aussi de plus grands espaces dans les bas-fonds. Le choix de cet observatoire s'explique par l'importance des bouleversements économiques que subissent les paysanneries de la côte orientale, du fait de l'importance des cultures de rente dans ces régions : libéralisation récente de la commercialisation, baisse des cours, inflation. Le choix s'est porté sur une région productrice de vanille - la production peut-être la plus affectée - mais qui ne néglige pas pour autant le café et, dans une moindre mesure, le girofle. Des choix des producteurs dépend l'avenir de filières qui ont longtemps été les plus grandes pourvoyeuses de produits à l'exportation. Un repli sur les cultures vivrières, s'il est envisagé, aurait de sérieuses conséquences macro-économiques. Cette première enquête fournit une base de données par ménages qui, outre son aspect informatif, permettra d'évaluer les changements de comportements les années suivantes. UNE POPULATION HOMOGENE ENRACINEE DANS SES VILLAGES Une très forte majorité de la population est à la fois de la même ethnie régionale et installée depuis fort longtemps dans les villages d'enquête. Les Betsimisaraka représentent 84% du total, les plus nombreux des minorités étant les Tsimihety avec 8%. 4 ménages sur 10 déclarent être installés "depuis toujours" dans les villages. Cette proportion s'abaisse légèrement à Maromandia où16% sont venus en rapprochement familial ou comme salariés agricoles, et parfois d'un autre Fivondronana. Cependant la religion, du moins nominalement, apporte des clivages entre catholiques (46% de la population), protestants (22%) et ceux qui ne pratiquent pas de religion monothéiste (32%). A l'image de la population malgache, la population est jeune, l'âge médian est de 16 ans et 58% de la population a moins de 20 ans. Ce qui caractérise le type de ménages, par rapport aux autres observatoires, est la forte proportion de ménages monoparentaux, nucléaires ou élargis (31%), aux trois quarts dirigés par une femme. De même la pratique de la famille élargie (à un membre autre que celui du noyau familial stricto sensu) est largement répandue (36%). Ces données traduisent à la fois une certaine fragilité des familles nucléaires et une entraide intergénérationnelle. Si le taux de scolarisation est relativement élevé, le niveau d'instruction des populations est faible. En effet, parmi la population de 10 ans et plus, un quart des hommes et un gros tiers des femmes ne savent pas lire du tout ; de fait seule une moitié de cette population peut affirmer savoir 7 vraiment lire et écrire. Cette situation devrait s'améliorer avec le temps si les forts taux de scolarisation se maintiennent : 78% des garçons et 84% des filles de 10-14 ans sont scolarisés. Il est vrai que l'équipement scolaire de l'observatoire est correct ; on ne saurait généraliser cette bonne situation à l'ensemble de la région de Antalaha. L'agriculture est pratiquée par tous les ménages. Cependant des membres de 4 ménages sur 10 exercent une activité secondaire afin de compléter leurs revenus : le petit commerce, l'artisanat agro-alimentaire, le salariat agricole et l'élevage sont les principales d'entre elles. Les migrations saisonnières touchent peu d'actifs, moins de 1 sur 10, et ces derniers ne s'éloignent guère de la région. Le travail agricole est effectué en priorité par les membres de la famille. Cependant un peu plus de la moitié des ménages font appel chacun en moyenne à des salariés pour l'équivalent de 19 hommes-jours, notamment pour le travail sur les rizières aquatiques et secondairement les plantations de vanille et de café. Ce recours au salariat est inférieur à ce qui est observé dans les observatoires de Antsirabe et Marovoay. L'entraide n'a pas pour autant disparu puisque près de la moitié des ménages y recourent pour l'équivalent moyen de 16 hommes-jours, et ce presque exclusivement pour les travaux sur les rizières aquatiques. UNE PAYSANNERIE DE PETITS EXPLOITANTS PROPRIETAIRES MAIS DES PARCELLES AU STATUT MAL DEFINI 3 exploitants sur 4 se considèrent propriétaires de leurs parcelles et 1 sur 5 seulement louent de la terre pour augmenter leur capital foncier d'exploitation. Les grands propriétaires sont en nombre réduit. La répartition de la terre est relativement moins inégalitaire en comparaison des autres observatoires. L'accès à la terre est normalement libre dans ces régions, mais la pression démographique peut limiter ce droit coutumier à occupation, notamment dans les bas-fonds à vocation rizicole et sur les pentes (ou tanety) proches des villages. L'ancienneté de la résidence de la population assure ainsi un minimum foncier à tous les ménages. En revanche le statut foncier n'est fixé par l'immatriculation au cadastre que pour un quart des parcelles, un peu plus pour les rizières de basfonds que pour les parcelles de tanety, un peu plus à Ampohibe qu'à Maromandia. UNE GRANDE VARIETE DANS LES MODES D'UTILISATION DES TERROIRS La variété des terroirs, se décomposant principalement en bas-fonds humides et en pentes souvent fortes, et le grand nombre des productions entraînent une variété de modes d'utilisation des terres. Les parcelles relèvent de 5 types principaux d'exploitation : les plantations où dominent ici les plants de vanille (37% du nombre des parcelles), les champs de culture sèche ou vala (23%), les rizières de bas-fonds (22%), les brûlis ou tavy (13%), les rizières de culture sèche sur tanety (5%). La majorité des ménages exploitent une parcelle de chaque type ou de 4 des 5 types : il y a donc bien un système de production à la fois diversifié et adopté par l'ensemble de la population. UN MATERIEL AGRICOLE RUDIMENTAIRE La quasi-totalité des ménages possèdent au moins un coupe-coupe, 9 sur 10 une bêche (angady) et 8 sur 10 une hache. Ce sont là les seuls outils agricoles généralisés, le travail étant entièrement réalisé manuellement (en dehors du piétinage non généralisé des rizières aquatiques par les zébus). L'équipement tracté est inexistant. Les ménages investissent peu dans l'outillage, ne faisant que les renouveler, pour à peine plus de 3 millions de Fmg au total en une année, soit 6 000 Fmg par ménage. Pour cela, ils s'adressent dans 9 cas sur 10 à de petites entreprises privées et financent ces achats par leur propre épargne, des dons ou des héritages. 8 POLYCULTURE VIVRIERE ET CULTURES DE RENTE : LES DEUX FACES DE L'ECONOMIE AGRICOLE Les ménages assurent au mieux leurs besoins vivriers en pratiquant des cultures variées, dont le riz reste la principale, et recherchent des rentrées monétaires par les cultures de plantation. Ainsi 87% des ménages (et même 99% à Ampohibe) cultivent du riz aquatique, 80% du manioc, 76% des bananes, 60% du riz pluvial (sur champs vala ou sur tavy) et du taro, 29% du maïs, 20% de la patate douce. Il n'est pas possible de ventiler les surfaces correspondantes, faute de déclarations fiables, en dehors du riz de bas-fonds. L'immense majorité des ménages cultivent la vanille (87%), 57% le café et encore 30% le girofle. LA PLACE EMINENTE DES RIZ, DESTINES A L'AUTOCONSOMMATION En moyenne chaque ménage cultive 145 ares de rizières, 75 ares en culture de bas-fonds et 70 ares en culture de tanety. Ces dernières sont plus étendues à Maromandia où la topographie offre moins de surface de bas-fonds. Le premier type de culture suppose une certaine maîtrise de l'eau, plutôt dans le sens du drainage que dans celui de l'irrigation, et la pratique du repiquage. Certaines rizières acceptent une deuxième récolte annuelle avec une variété hâtive. Le riz sur tanety, avec ou sans brûlis préalable, se fait en semis direct et est entièrement pluvial ; plus que le manque d'eau, ce sont les excès pluviométriques qui sont à craindre, notamment quand les pousses sont jeunes. Les rendements en paddy restent très faibles, démontrant le bas niveau technique de cette culture. Si le chiffre de 1 tonne par hectare n'est que le résultat de la répartition locale des surfaces en rizières aquatiques et en rizières pluviales, les rendements pour chacun des deux types sont plus démonstratifs. D'après les déclarations des ménages, le riz pluvial donnerait 0,6 à 0,7 tonne de paddy par hectare, en moyenne. Pour le riz aquatique, ces chiffres sont respectivement de 0,9 t et 1,3 t pour Maromandia et Ampohibe. Ce dernier village dispose en effet de périmètres plus vastes et mieux entretenus. Ces derniers chiffres sont similaires à ceux relevés à Antsirabe en riziculture irriguée des Hautes Terres, mais inférieurs à ceux du grand périmètre de Marovoay. La répartition des surfaces rizicoles sont relativement égalitaires : plus de 6 ménages sur 10 cultivent 100 à 250 ares, et 1 sur 4 seulement moins de 100 ares. Aussi, pour une production par ménage de 1 379 kg, 6 ménages sur 10 dépassent 1 000 kg. Seulement 8% des ménages n'obtiennent pas 500 kg. Des trois observatoires rizicoles, Antalaha est celui qui connaît la situation la moins inégalitaire. Le riz reste une culture vivrière destinée avant tout à l'autoconsommation. Seulement 9% de la production est vendue, et ce pour la plus grande part soit directement à des ménages du voisinage soit à de petits commerçants locaux. Sur 695 tonnes produites, seulement 15 t ont été cédés à des collecteurs : le riz n'a pas une vocation commerciale externe. Cette situation contraste fortement avec les deux autres observatoires rizicoles où, il est vrai, opèrent une plus forte proportion de riziculteurs excédentaires. Le riz est la culture vivrière principale, même si de nombreux agriculteurs cultivent d'autres plantes à vocation alimentaire. Ainsi, à côté des 695 tonnes de riz, l'observatoire produit 47 t de manioc, 5 t de taro et patate douce, 2,5 t de maïs, 88 t de litchis et 41 t de bananes. A l'inverse du riz, ces productions sont assez largement vendues par les ménages : les deux tiers pour les fruits, 42% pour les tubercules et 61% pour le maïs. Il n'en reste pas moins qu'une partie importante de ces quantités vendues restent dans le voisinage, sauf pour les litchis. Au total, l'organisation socioéconomique de ces villages est faite en sorte qu'elle ménage l'autosuffisance locale, les ménages 9 déficitaires trouvant leur complément vivrier auprès des ménages excédentaires, dans une structure relativement égalitaire. Une partie des besoins financiers sont alors couverts par le produit des cultures de rente, et particulièrement la vanille. VANILLE, CAFE, GIROFLE : LE SECTEUR PROCURANT LES BESOINS DE NUMERAIRES La vanille est la culture de rente la plus importante dans l'observatoire. Le lecteur trouvera en annexe de la présente monographie une publication Madio rédigée par Mireille Razafindrakoto : "Quel avenir pour la vanille malgache à l'heure de la libéralisation. Analyse à partir de l'observatoire d'Antalaha". NI ELEVAGE "SENTIMENTAL" NI INTEGRATION A L'AGRICULTURE. LA FAIBLESSE DE L'ELEVAGE BOVIN L'élevage bovin n'est pratiqué que par un tiers des ménages, chacun de ses derniers ne possédant que 2,8 têtes. Il est extensif, profitant d'un climat humide toute l'année, mais semble aussi mal adapté à celui-ci (123 bêtes mortes en un an sur un effectif de 496 au moment de l'enquête). Sa finalité est difficile à comprendre, mais sur 10 ménages, 6 invoquent l'aide apporté par les bêtes au piétinage des rizières, 2 la fonction d'épargne mobilisable et les 2 derniers le signe extérieur de richesse. De fait, les animaux ne servent guère à l'agriculture en dehors du piétinage ; ils apportent peu de fumure en dehors de la vaine-pâture après la récolte et ne tractent ni charrue ni charrette. Le commerce est peu actif (45 bêtes achetées et 40 vendues en un an) et cet élevage n'est pas non plus tourné vers l'engraissement et la revente d'animaux. L'élevage laitier est insignifiant. Le petit élevage concerne la volaille, en dehors de 45 porcs. 8 ménages sur 10 possèdent 16 têtes au moment de l'enquête. De mode extensif, cet élevage est avant tout destiné aux besoins des ménages, sauf pour une petite minorité d'entre eux qui vendent une partie de leur production. Les ménages ont le plus grand mal à garder leur troupeau ; la mortalité fut très forte l'année précédant l'enquête, les disparitions sont nombreuses. Au total, l'élevage bovin et de basse-cour ne retient pas une grande attention de la part des ménages qui ne lui consacrent guère que 8 000 Fmg par ménage éleveur. Il est vrai que cette somme est du même ordre que celle qu'ils consacrent à l'investissement en matériel agricole. LES ACTIVITES SECONDAIRES : UN APPOINT PEU IMPORTANT Les activités secondaires, pratiquées par 41% des ménages, génèrent relativement peu de chiffres d'affaires dans l'observatoire de Antalaha : 164 millions de Fmg, contre 379 à Marovoay et 504 à Antsirabe. Seuls Tuléar connaît un chiffre inférieur (97), mais probablement car les ménages mélangent deux ou trois activités principales (agriculture, pêche, élevage). L'artisanat, l'orpaillage et le petit commerce sont les principales activités. 74% des ménages pratiquant une activité secondaire affectent les revenus de celle-ci à l'achat de nourriture. Aussi si le niveau de ces activités est relativement bas, c'est d'une part parce que la majorité des ménages atteignent ou sont proches de l'autosuffisance alimentaire et d'autre part parce que les cultures de rente peuvent facilement procurer l'argent nécessaire à l'achat de nourriture. UNE SECURITE ALIMENTAIRE RELATIVEMENT ASSUREE En comparaison des autres observatoires, les ménages de Antalaha sont mieux lotis, car bien que la sécurité alimentaire ne soit pas assurée pour tous, deux tiers des ménages sont autosuffisants pendant au moins 10 mois. On a vu ci-dessus que les cultures de rente et quelques activités secondaires permettent de compléter les ressources propres par des achats d'aliment qui peuvent se faire sur place puisque les ménages excédentaires (en riz surtout) ne vendent guère à l'extérieur de leur voisinage. Un indice démontrant que la situation alimentaire est peu tendue est le faible nombre 10 de ménages qui vendent des aliments de base à la récolte sous la nécessité, à l'inverse des autres observatoires. Le régime alimentaire est simple : le riz est consommé au moins deux fois par jour, au déjeuner et au dîner. Au petit déjeuner, la moitié des ménages délaissent cette céréale pour un tubercule, le manioc surtout. En période de soudure, les ménages diminuent les rations de riz pour consommer plutôt des tubercules, voire des fruits à pain ou des bananes. En cas de besoin, les ménages se tournent surtout vers le travail salarié (41%), la pratique d'activités secondaires diverses (37%) ou l'emprunt (16%) plutôt que vers l'aide de la parenté (6%) pour se procurer le numéraire nécessaire à l'achat d'aliments. Mais ces stratégies diffèrent d'un village à l'autre et selon le taux de couverture alimentaire des ménages. LE PALUDISME, PRINCIPAL PROBLEME DE SANTE SELON LES HABITANTS Le paludisme est le principal problème de santé pour les adultes (42% des réponses) comme pour les enfants (61%), suivi des diarrhées et des affections respiratoires. Les deux sites de l'observatoire sont peu représentatifs des conditions rurales habituelles car ils disposent chacun d'un centre de soins et de santé primaire en état de fonctionnement. Les moyens de se procurer les médicaments montrent le rôle capital de l'épicier local. QUELQUES INDICATIONS SUR LA FAIBLESSE DU NIVEAU DE VIE Comme dans les quatre observatoires, les dépenses courantes sont très faibles et portent sur 252 000 Fmg par ménage et par an, en dehors des dépenses alimentaires non recensées. Les postes les plus importants concernent l'habillement, l'équipement du logement, les transports et la santé. On peut cependant supposer que le niveau des dépenses fluctuent fortement d'une année à l'autre en fonction des cours des cultures de rente. L'année d'enquête est à cet égard très médiocre. Les ménages sont peu nombreux à emprunter de l'argent, environ 1 sur 5, et les transactions portent sur de faibles montants, environ 5 000 Fmg. Les ménages s'adressent surtout à d'autres membres de leur famille. L'habitat rural est sommaire, constitué de matériaux végétaux. S'il n'est pas sans mérite, les populations disposent de peu d'éléments de confort (douche, toilette, etc.). La quasi-totalité des ménages possèdent leur logement. L'équipement des ménages est faible en ce qui concerne le mobilier (table, chaise). 1 sur 4 d'entre eux seulement possède une radio, 3 sur 10 une machine à coudre. APERCU SUR LES DYNAMIQUES EN COURS Les mouvements fonciers semblent faibles au cours des 5 dernières années ; ils correspondent surtout au flux normal de renouvellement par héritage et achat en ce qui concerne les acquisitions et par abandon en ce qui concerne les pertes, moins nombreuses. En revanche, plus de 30% des ménages ont signalé des régressions en ce qui concerne les surfaces cultivées en vanille, café et girofle. Ce relatif déclin des cultures de rente ne semble pas compensé par une nette avancée des cultures vivrières où les extensions l'emportent de peu sur les régressions au cours des 5 dernières années. La variété des raisons avancées pour expliquer ces mouvements sont variées et reflètent la diversité des conditions familiales. L'évolution des prix procède du climat de forte inflation de 1994 et 1995. Cependant le prix du paddy n'a augmenté que de 22% en un an, moins que sur les autres observatoires, mais les niveaux restent supérieurs, du fait que les villages soient déconnectés du marché national. Les autres 11 produits agricoles ont connu une hausse plus forte (30% pour le manioc, taro et les bananes). Mais plus que le prix de ces produits, finalement assez peu vendus et achetés, ce sont les cours des cultures de rente qui importent aux villageois. Or, actuellement, ceux-ci ont une tendance à la baisse en dépit de la forte dévaluation de la monnaie nationale. L'OPINION DES MENAGES A PROPOS DES PROBLEMES QU'ILS RENCONTRENT En ce qui concerne les difficultés de la production agricole, le manque d'accès au crédit et de moyens de production en général retiennent 47% des réponses, suivi du problème de manque de temps (14%), puis de l'absence d'encadrement et de conseils techniques (10%). Pour l'élevage, l'insécurité (46%) et les problèmes de santé (38%) sont relevés comme les difficultés principales. En général, les ménages ne se plaignent pas de manque de main-d'oeuvre ni de difficulté d'approvisionnement et de commercialisation. Par contre, dans le domaine de la vie courante, l'approvisionnement défectueux en produits de première nécessité est ressenti par 79% des ménages. A propos du flottement de la monnaie nationale et de l'inflation, la croissance des prix des PPN est plus vivement ressentie que l'amélioration des prix aux producteurs, qui, il est vrai n'a pas touché les cultures de rente. A propos des perspectives, une forte proportion des ménages (42%) affirment qu'ils consacreraient un éventuel surplus de revenu à l'amélioration de leur logement, 28% achèteraient des terres et 25% des boeufs. Ces réactions montrent que les problèmes vivriers n'affectent pas la majorité de la population. Celle-ci est plus sensible aux aléas de la conjoncture des cultures de rente. 12 OBSERVATOIRE D’ANTALAHA : ENQUETE 1995-1996 PREMIERS RESULTATS "L'observatoire de la vanille", dit d'Antalaha, est constitué de deux groupes de villages : - le village de Maromandia et les deux hameaux voisins de Lavatsiraka et Ambolopataka, à une vingtaine de kilomètres à l'ouest d'Antalaha, sur la piste RN4, - les deux villages de Ampohibe et Namohana, à une trentaine de kilomètres au sud-ouest de la même ville, sur la piste récemment réhabilitée. Pour des raisons de commodité, il sera fait usage dans le texte du seul nom des villages principaux de chaque groupe : Maromandia et Ampohibe. Respectivement 263 et 251 ménages y ont été questionnés, soit 514 au total. I SITUATION SOCIO-DEMOGRAPHIQUE ET ACTIVITES I.1 LA SITUATION SOCIO-DEMOGRAPHIQUE A l'image de la population malgache, celle de l'observatoire (2565 personnes) est jeune. Les moins de 20 ans constituent 58% de la population et le groupe « 60 ans et plus », seulement 5%. La base évasée de la pyramide des âges témoigne d’un taux de natalité élevé. 5 La taille moyenne des ménages est de 5 personnes. Le modèle de famille nucléaire strict est le plus fréquent. Il représente 42% des ménages interrogés. Ce taux est plus faible que celui d’Antananarivo (49%) et celui de l’observatoire d’Antsirabe (56%). La différence s’explique essentiellement par une proportion plus élevée de famille de type élargi6, monoparentale ou non. A Maromandia, la proportion de femmes vivant seules est particulièrement élevée. Parmi les 7 ménages unipersonnels de ce village, environ trois sur cinq sont composés de femmes. Tableau 1 Types de ménages Type de ménage Maromandia Ampohibe Observatoire Antananarivo* Unipersonnel 7,0 4,8 5,9 5,8 Couple 7,0 4,4 5,7 6,8 Nucléaire monoparental 13,3 7,2 10,3 9,4 Nucléaire strict 44,5 39,4 42,0 49,1 Elargi monoparental 14,1 17,1 15,6 11,5 Elargi 14,1 27,1 20,5 17,4 Total 100 100 100 100 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. *Source : Projet MADIO, 1995 : L'emploi, le chômage et les conditions d'activité dans l'aglomération d'Antananarivo, p 9, tableau 1 On observe la prédominance des ménages dont le chef est un homme. C’est le cas de 76% des ménages de l’observatoire. Les femmes sont à la tête de 61% de ménages de type nucléaire monoparental et de 83% des ménages de type élargi monoparental. Ces taux élevés s’expliquent surtout par le nombre important de femmes divorcées, séparées et veuves : 10% des femmes sont dans cette situation, contre 3% des hommes. En effet la séparation apparaît très tôt (dès le groupe 15-19 ans) et s'accroît avec l’âge. La proportion des hommes mariés reste pourtant plus ou moins 5 Un ménage de type nucléaire strict est composé des deux parents et de leurs enfants. Un ménage est de type élargi si, au moins un autre membre de la famille (hors-parents et leurs enfants) vient s'ajouter au ménage. 7 Il s'agit des personnes vivant seules. 6 13 constante. Tout ceci laisse présager une précarité de la stabilité des familles et de la situation socioéconomique d’une proportion non négligeable de personnes. Graphique 1 Situation familiale de 100 femmes par groupe quinquennal d’âge. 100% Veuve Séparée Célibataire Union libre Mariée 80% 60% 40% 20% 0% 0-4 15-19 30-34 45-49 60-64 Total Groupes quinquennaux d'âges Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Graphique 2 Situation familiale de 100 hommes par groupe quinquennal d’âge. 100% Veuf Séparé Célibataire Union libre Marié 80% 60% 40% 20% 0% 0-4 15-19 30-34 45-49 60-64 Total Groupes quinquennaux d'âges Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Le village d’Ampohibe semble abriter une organisation familiale plus conservatrice. La proportion des familles de type élargie est beaucoup plus importante. Elle est de 27% à Ampohibe et seulement de 14% dans le village de Maromandia. La taille moyenne des ménages y est d’ailleurs beaucoup plus élevée : 5,3 personnes contre 4,7 personnes à Maromandia. La morphologie sociale des populations La grande majorité de la population des deux villages est originaire de la région. 97% des habitants de l'observatoire et 95% des chefs de ménage sont nés dans le Fivondronana d’Antalaha même. Les flux d’immigration en vue d’une installation sont donc très limités - ou du moins anciens - dans cette zone. 14 Les « Betsimisaraka » constituent 84% de la population. Loin derrière suivent les « Tsimihety » (environ 8%) et les personnes originaires du sud-est de l'île8 (4%). Tableau 2 Répartition ethnique de la population Betsimisaraka Tsimihety Antemoro ou Antesaka Autres Total Maromandia 86,0 8,3 2,3 3,4 100 Ampohibe 82,2 7,3 6,4 4,1 100 Observatoire 84,0 7,8 4,4 3,8 100 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. La proportion des personnes qui ne s'identifient pas à une religion monothéiste est élevée. Elle est de 34% à Ampohibe et 22% à Maromandia. Le reste de la population est en majorité chrétien. Tableau 3 Religion de la population Catholique Protestante Pas de religion monothéiste Autre Total Maromandia 42,1 31,2 22,6 4,1 100,0 Ampohibe 50,2 14,3 34,4 1,1 100,0 Observatoire 46,4 22,4 28,8 2,4 100,0 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Aucune différence sociologique fondamentale n’apparaît entre ces deux villages de l’observatoire d’Antalaha. Aussi bien à Maromandia qu’à Ampohibe, nous avons une population enracinée et assez homogène quant à leur appartenance ethnique et religieuse. Structure de la population par sexe et par âge La pyramide des âges a une base très élargie et effilée au sommet : son aspect est conforme au modèle des populations stables à forte croissance. Un déséquilibre important entre la proportion de garçons et de filles apparaît chez les plus jeunes enfants. Le rapport de masculinité est près de 125%. Est-ce le résultat d’une sous-déclaration du nombre des petites filles ou d’une forte surmortalité? Ce déficit se résorbe dès la classe d’âge suivante (5-9 ans) ce qui confirmerait l’hypothèse de la sous-déclaration. On observe un gonflement de l’effectif moyen du groupe 40-44 ans pour les hommes. Ceci pourrait être le résultat d’un report important sur l'âge 40 ans chez les hommes. Tableau 4 Structure par âge de la population Groupes d'âge 0-4 5-9 10-14 15-19 20-34 35-59 60 et plus TOTAL Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. 8 Pourcentage de la population 15,3 16,5 14,1 12,2 18,9 17,9 5,1 100 Les Antemoro ou Antesaka. 15 58,1 45,9 36,8 49,0 5,1 100 5,1 100 I.2 LA SCOLARISATION Un taux de scolarisation élevé, mais un niveau scolaire faible Le taux de scolarisation des jeunes est assez élevé si on le compare à celui des autres observatoires. A partir de 15 ans on observe une baisse sensible de ce taux pour les deux sexes. Si les filles sont plus scolarisées jusqu’à 15 ans (surtout à Maromandia), cette tendance s’inverse par la suite. Tableau 5 Taux de scolarisation* (%) Groupe d’âge 6-9 10-14 15-19 20-24 Maromandia Garçons Filles 62,5 65,9 69,6 83,7 36,5 25,0 4,1 1,8 Ampohibe Garçons Filles 61,8 68,8 86,4 84,6 36,3 31,3 6,8 1,8 Observatoire Garçons Fille 62,1 67,4 78,4 84,2 36,4 28,1 5,4 1,8 47,5 49,0 54,2 52,5 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. * Effectif par classe d’âge des personnes allant toujours à l’école, rapporté à l’effectif total par classe d’âge 50,9 51,2 Tableau 6 Niveau de lecture et d’écriture et de maîtrise du français pour 100 personnes de 10 ans et plus % Maromandia Hommes Femmes Ampohibe Hommes Femmes Observatoire Hommes Femmes NIVEAU DE LECTURE Savent lire Savent lire un peu Ne savent pas lire Total 54,6 19,2 26,2 100 39,1 19,5 41,4 100 60,2 18,3 21,5 100 46,4 21,7 31,9 100 57,6 18,7 23,7 100 42,9 20,6 36,5 100 53,4 18,9 27,7 100 38,7 19,2 42,1 100 58,2 18,3 23,5 100 44,1 23,2 32,7 100 55,9 18,6 25,5 100 41,5 21,3 37,2 100 4,2 15,6 80,2 100 0,9 9,7 89,4 100 0,9 12,5 86,6 100 0,4 7,5 92,1 100 2,4 13,9 83,7 100 0,7 8,5 90,8 100 NIVEAU D'ECRITURE Savent écrire Se débrouillent Ne savent pas écrire Total MAITRISE DU FRANCAIS Savent parler français couramment Se débrouillent Ne savent pas parler français Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Le bon taux de scolarisation actuel contraste avec le bas niveau d'instruction de la population. La quasi-totalité des personnes ayant été scolarisées n’ont suivi que le cycle primaire. Dans tout l’observatoire, moins de 20% des personnes ayant été scolarisées ont un niveau secondaire premier cycle et 30 personnes (2,6%) seulement ont dépassé celui-ci, dont une seule (0,1%) a atteint le cycle supérieur. De plus, environ un quart des hommes et un peu plus d’un tiers des femmes de plus de dix ans ne savent ni lire ni écrire. L'arrêt des études ou la non-scolarisation 16 A Ampohibe, la raison principale de l’arrêt des études est l’échec scolaire. C’est par contre la nécessité de travailler qui est le plus fréquemment évoquée chez les hommes du village de Maromandia. Tableau 7 Causes de l'arrêt des études ou de la non scolarisation Maromandia Hommes Femmes Echec scolaire 26,6 Nécessité de travailler 38,4 Coût trop élevé 6,7 Etude estimée sans intérêt 19,2 Raisons personnelles 3,0 (mariage, grossesse, handicap) Autres 6,1 TOTAL 100 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe Hommes Femmes Observatoire Hommes Femmes 26,8 21,4 6,2 26,6 11,0 53,5 15,9 7,6 17,1 3,4 50,1 11,4 4,7 26,3 5,3 40,7 26,6 7,2 18,1 3,2 38,9 16,2 5,5 27,4 8,0 6,0 100 2,5 100 2,2 100 4,2 100 4,0 100 I.3 LES DYNAMIQUES MIGRATOIRES Les dynamiques migratoires ont été observées sous deux angles : les migrations saisonnières qui sont un indicateur de l’activité des ménages et les migrations longue durée, pouvant aboutir à une installation définitive, qui illustre le pouvoir d’attraction économique de certaines régions. Des migrations saisonnières peu importantes La saisonnalité des activités agricoles laisse aux agriculteurs des périodes "creuses" durant lesquelles ils se consacrent à d'autres activités ; parfois, ces activités les amènent à quitter leur région pour plusieurs semaines. Ces migrations saisonnières sont intéressantes à connaître, non seulement pour apprécier leur importance dans l'économie locale, mais aussi parce que ces mouvements de population ont des impacts divers : sur la santé par exemple (notamment dans l'extension de grandes endémies), mais aussi (plus positivement) sur la diffusion de certaines innovations. Dans cette zone, les migrations saisonnières concernent moins de 10% des actifs9 sur l’ensemble de l’observatoire. Parmi les migrants les proportions des chefs de ménage (45%) et des conjoints (34%) sont les plus élevés. Les travaux agricoles sont les raisons principales qui motivent ces déplacements. Ceux-ci restent de courte distance : sur les 134 migrants seuls 2 personnes (un collecteur-préparateur de vanille ou de café et un démarcheur) se rendent hors du fivondronana d’Antalaha. Les migrations longue durée : d’où viennent les habitants de l'observatoire? Si l’analyse des migrations saisonnières nous donne des indications sur les déplacements temporaires de la population active, l’analyse des migrations de longue durée permet de détecter les tendances « lourdes » des mouvements de population (notamment la "conquête" de nouveaux terroirs agricoles). Ces migrations de plusieurs dizaines d’années aboutissent souvent à une installation définitive. On peut ainsi distinguer des régions de départ, "réservoirs" de population, des régions d’accueil d’immigrants. Un des indicateurs d’installation définitive d’une famille dans une région est la construction d’un tombeau sur le nouveau terroir. Le tombeau signifie à la fois une appropriation, symbolique ou 9 population de plus de 10 ans 17 non, de la terre, qui devient la terre des ancêtres et l’abandon du désir de rentrer dans la région d’origine. C’est pourquoi nous avons demandé à chaque ménage de localiser le tombeau familial et de nous indiquer sa date de construction. Le lieu de naissance du chef de ménage est un indicateur complémentaire. Fivondronana de naissance et tombeau familial des chefs de ménage La population de Maromandia est relativement plus diversifiée. D’une part, environ 7% des chefs de ménage de ce village sont nés hors du Fivondronana d’Antalaha. Cette proportion tombe à 3% dans le village d’Ampohibe. D’autre part, à Maromandia, 29% des chefs de famille (contre 7% à Ampohibe) ont leur tombeau dans un autre Fivondronana qu'Antalaha. Tableau 8 Emplacement du tombeau familial et lieu de naissance du chef de ménage % Maromandia PROXIMITE DU TOMBEAU FAMILIAL Près du village 77,8 Loin du village 22,2 Total 100,0 LOCALISATION DES TOMBEAUX* Lieu de naissance Emplacement du Fivondronana du chef de ménage Antsiranana Andapa 0,8 Antalaha 93,1 Mandritsara 0,8 Sambava 1,1 Toamasina Mananara avaratra 0,4 Maroantsetra 1,1 Fianarantsoa Mananjary 1,5 Vangaindrano 0,8 Antananarivo Manjakandriana 0,4 Autres Total 100,0 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. * Pour ceux qui sont déclarés loin du village. Ampohibe Observatoire 77,6 22,4 100,0 77,7 22,3 100,0 tombeau familial Lieu de naissance du chef de ménage Emplacement du tombeau familial Lieu de naissance du chef de ménage Emplacement du tombeau familial 1,8 70,9 5,5 1,8 0,4 96,8 - 92,8 - 0,5 95,0 0,4 0,5 0,9 81,8 2,7 0,9 3,6 1,6 3,6 0,2 1,4 3,6 5,5 3,6 0,8 0,4 - 1,2 0,6 2,7 1,8 1,8 5,5 100,0 100,0 3,6 100,0 0,2 100,0 0,9 4,7 100,0 Les dates de construction des tombeaux confirment l’ancienneté de l’installation des villageois de l’observatoire. 98,5% des chefs de ménage ont leur tombeau construit depuis plus de 50 ans. Le peuplement des deux villages de l’observatoire d’Antalaha est donc relativement ancien : 80% des ménages déclarent y être installés depuis toujours. Ce Tableau 9 Date de construction* et localisation** des tombeaux familiaux des chefs de ménage. % Maromandia Ampohibe Observatoire Date entre 20 et 50 ans 1,5 1,5 1,5 plus de 50 ans 98,5 98,5 98,5 Localisation Dans le Firaisana 38,2 40,0 39,1 Dans le Fivondronana (autre Firaisana) 32,7 52,8 42,7 Dans un autre "Fivondronana" 29,1 7,2 18,2 100 100 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. * Pour ceux qui ont leurs tombeaux près du village ** Pour ceux qui ont leurs tombeaux loin du village N.B.: les différences avec la publication de synthèse tiennent à une base de calcul différente 18 taux s'abaisse à 72% à Maromandia où une fraction non négligeable de chefs de famille (16%) est venue en rapprochement familial. Une autre partie (8%) est venue comme salariée agricole et s’est ensuite installée définitivement. On enregistre en effet deux vagues d’installation à Maromandia : la première se situe entre 20 et 50 ans, et la deuxième date de moins de dix ans. Tableau 10 Raison d'installation dans le village Maromandia Ampohibe Observatoire 69,9 15,7 8,0 5,3 0,4 0,0 0,7 100,0 90,1 2,8 4,0 0,4 0,8 0,8 1,1 100,0 79,8 9,3 6,0 2,9 0,6 0,4 1,0 100,0 72,4 14,6 1,9 4,6 5,4 0,8 0,3 100,0 88,1 4,0 1,6 1,6 2,8 0,8 1,1 100,0 80,1 9,4 1,8 3,1 4,1 0,8 0,7 100,0 Raisons Ne sait pas, trop ancienne (installation trop ancienne) Rapprochement familial Venu comme salarié agricole et installé ensuite Pour trouver des ressources naturelles disponibles Retour sur la terre des ancêtres Problèmes écologiques dans la région d'origine Autres raisons Total Date d'installation "Depuis toujours" Moins de 10 ans Entre 10 et 20 ans Entre 20 et 30 ans Entre 30 et 50 ans 50 ans et plus Ne sait pas Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO.I.4 Typologie des activités des ménages Cette partie nous permet de cerner les comportements des producteurs de l'observatoire et l'arbitrage qu'ils font entre les activités agricoles et les autres activités économiques. L'agriculture reste l'activité principale des ménages Tous les chefs de famille du village d’Ampohibe sont agriculteurs ou ouvriers agricoles. A Maromandia sur les 262 chefs de famille interrogés, il y a seulement un enseignant de l’école primaire, un infirmier, un couturier et 3 collecteurs-préparateurs de café ou vanille. Plus d'un tiers des chefs de ménages et de leurs conjoints ne pratiquent l'activité principale qu'à mi-temps. Les enfants (46%) ainsi que les autres parents (47%) du chef de famille travaillent surtout saisonnièrement. Dans 57% des cas, les parents du chef de ménage participent à plein temps à l'activité principale. Tableau 11 Niveau de participation des membres des ménages à l'activité principale Lien de parenté Plein temps 62,9 Chef de ménage 57,5 Conjoint du chef 37,5 Enfant du chef 57,2* Père ou mère du chef* 36,1 Autre parent du chef 43,6* Autre personne nonapparentée 66,6* Domestique Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO * Effectif de base inférieur à 20 personnes Mi-temps Saisonnièrement Sans participation 0,2 0 0 0* 1,4 0* Total 1,9 2,9 45,6 28,6* 47,1 50,0* Quelques heures par semaine 1,6 2,0 2,2 7,1* 0,8 0* 33,4 37,6 14,7 7,1* 14,6 6,3* 16,7* 16,7* 0* 0* 100* 100 100 100 100* 100 100* Les activités secondaires sont peu importantes Pour subvenir à leurs besoins monétaires courants de liquidité, 41% des ménages de l’observatoire exercent au moins une activité secondaire. 19 Tableau 12 Nombre d'activités secondaires par ménages Maromandia Nombre de % ménages 172 65,6 Pas d'activité 63 24,1 Une activité 18 6,9 Deux activités 9 3,4 Au moins trois activités 262 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO Ampohibe Nombre de ménages 131 77 28 16 252 % 52,0 30,6 11,1 6,3 100 Observatoire Nombre de % ménages 303 58,9 140 27,2 46 9,0 25 4,9 514 100 A Ampohibe, ces activités secondaires concernent l'orpaillage, l'élevage et la transformation de produits alimentaires. A Maromandia les activités secondaires s'exercent en majorité dans l'agriculture, souvent sous la forme du salariat. Dans les deux villages, les activités commerciales comptent pour 15% des activités secondaires, un chiffre non négligeable. Mais ce sont là les seules activités secondaires exercées dans le secteur tertiaire. Tableau 13 Répartition par branches des activités secondaires Maromandia Ampohibe Observatoire 44,4 22,6 Secteur primaire Agriculture 23,0 2,2 10,9 Elevage 4,4 14,5 10,3 Pêche 5,2 0 2,3 Exploitation forestière 11,8 5,9 8,4 28,2 60,2 Secteur secondaire Tressage 8,2 10,2 9,3 Autres artisanats 20,0 50,0 37,4 27,4 17,2 Secteur tertiaire Commerce 25,9 15,1 19,6 Services aux ménages 0 1,6 0,9 Administration 1,5 0,5 0,9 100 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Les '"Services aux particuliers" comprennent aussi les services non-classés ailleurs, et les activités libérales non-classées ailleurs. Les autres artisanats comprennent aussi l’artisanat alimentaire et les BTP N.B.: les différences avec la publication de synthèse tiennent à une base de calcul différente 31,9 46,7 21,4 100 Les ménages de l'observatoire se tournent donc principalement vers les activités à faible intensité capitalistique et qui ne requièrent que peu ou pas de qualification ou d'investissement. 20 II LES FACTEURS DE PRODUCTION L'OBSERVATOIRE D'ANTALAHA AGRICOLE DANS Les principaux facteurs de production dans l’agriculture sont la terre, l’équipement agricole, la force de travail disponible et les intrants (pour lesquels nous ne disposons pas de données dans cette étude). Dans une économie rurale faiblement mécanisée, les modalités d’accès à la terre et à la main d’oeuvre sont les principaux critères discriminants entre les exploitations agricoles. II 1 LA SITUATION FONCIERE La question foncière est complexe dans ces régions du nord-est. Si les bas-fonds sont en général appropriés sinon cadastrés, ce n’est pas le cas d’une grande partie des collines. Là règne un droit d’usage que s’arroge le premier défricheur. La situation est encore plus compliquée dans les zones où se pratique encore les cultures sur brûlis (tavy). Une grande diversité dans la nature des parcelles exploitées On distingue cinq types de parcelles dans ces terroirs : - Les plantations comptent pour plus d’un tiers des parcelles. La vanille domine dans cet observatoire. - Les rizières de fond de vallon où se pratique la riziculture irriguée avec contrôle hydraulique représentent 22% des parcelles totales, un peu plus à Ampohibe où la topographie est moins accusée. - Les champs "vala" sont aussi nombreux. On y pratique l’agriculture sèche. - Les brûlis, beaucoup plus nombreux sur les pentes forestières de Maromandia (18% des parcelles) que sur celles, plus réduites, d'Ampohibe (7%). - Les champs sur "tanety" (pentes des collines) où l’on pratique également des cultures sèches. Les ménages de l’observatoire exploitent en moyenne 5 parcelles, dont 2 parcelles de plantation de culture pérenne, une parcelle de champs vala, et une ou deux parcelles de rizière. Le morcellement des terres n’est pas aussi saisissant que dans l’observatoire d’Antsirabe. Près de 80% des ménages ont 1 ou 2 parcelles de rizières. Ceux qui ont 3 parcelles ou plus représentent moins de 10% des ménages. Tableau 14 Répartition des parcelles exploitées selon leur nature Maromandia nombre % 238 17,9 en rizières vallon 96 7,2 sur tanety sur baiboho 284 21,3 champs vala 239 17,9 brûlis 476 35,7 plantations 1333 100 Total des parcelles exploitées Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe nombre 321 39 5 291 82 461 1199 21 % 26,8 3,2 0,4 24,3 6,8 38,5 100 Observatoire nombre % 559 22,1 135 5,3 5 0,2 575 22,7 321 12,7 937 37,0 2532 100,0 Graphique 3 Nombre de parcelles exploitées par ménage nombre de ménages (%) 60,0 50,0 40,0 30,0 20,0 Maromandia Ampohibe 10,0 0,0 aucune 1-3 4-5 7-9 10 et + nombre de parcelles Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. C’est également le cas pour les plantations : 69% des ménages (62% à Maromandia et 75% à Ampohibe) consacrent une ou deux de leurs parcelles à une culture pérenne. Moins d'un quart seulement cultivent 3 à 4 parcelles de plantation et un ménage sur 20 en exploitent davantage. nombre de ménages (%) Graphique 4 Nombre de rizières exploitées par ménage 100,0 90,0 80,0 70,0 60,0 50,0 40,0 30,0 20,0 10,0 0,0 Maromandia Ampohibe aucune 1-2 3-4 nombre de parcelles Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. 22 5 et + Graphique 5 Nombre de parcelles de plantation exploitées par ménage nombre de ménages (%) 40,0 35,0 30,0 25,0 20,0 15,0 10,0 Maromandia Ampohibe 5,0 0,0 aucune 1 2 3-4 5 et + nombre de parcelles Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Le statut foncier des terres Le problème foncier est placé depuis quelques années au centre des réflexions sur la politique de développement rural et de protection de l'environnement. La sécurisation des producteurs sur le plan foncier est fondamentale pour amorcer l'intensification de la production agricole et enrayer des pratiques culturales de type extensif (culture sur brûlis, tavy) qui sont susceptibles de dégrader l'environnement. La seule réelle assurance que puisse avoir un producteur de garder sa terre est l'immatriculation. Le taux d'immatriculation des terres est très variable selon les régions rurales : dans certaines zones, des procédures d'immatriculation systématique ont été mises en place efficacement il y a quelques décennies. Mais depuis une vingtaine d'années, les Services des Domaines sont totalement paralysés et les demandes d'immatriculation ne sont plus satisfaites. Tableau 15 Statut foncier - ensemble des parcelles et rizières Maromandia ensemble rizières des parcelles 96,2 96,2 % de parcelles possédées par les ménages sur le nombre exploitées Total parcelles possédées dont parcelles immatriculées dont parcelles en cours d'immatriculation dont parcelles non immatriculées Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. 100,0 13,9 4,3 81,8 100,0 24,9 4,7 70,4 Ampohibe ensemble rizières des parcelles 94,5 83,2 100,0 28,9 3,4 67,7 100,0 32,5 4,9 62,6 Observatoire ensemble rizières des parcelles 95,4 88,7 100,0 20,8 3,9 75,3 100,0 28,9 4,8 66,3 Les terres non immatriculées appartiennent à l'Etat. Par le défrichement, les paysans essaient de faire valoir le droit coutumier du premier occupant, mais ce droit coutumier n'est pas unanimement reconnu et est à la source de nombreux conflits sur les limites ou sur l'antériorité d'occupation du terrain. Un quart seulement des terrains possédés sont immatriculés ou en cours d’immatriculation. Le taux d’immatriculation des rizières est légèrement plus élevé : 29% des parcelles de rizières sont immatriculées et 5% en cours d’immatriculation. A Ampohibe, le taux 23 d'immatriculation des terres est plus élevé : 29% des parcelles sont immatriculées contre seulement 14% à Maromandia, village d'immigration plus récente. Typologie des exploitants agricoles en fonction de leur situation foncière Le plus souvent les ménages exploitent leurs propres terrains : près de trois quart des ménages exploitent le même nombre de terrains qu’ils en possèdent. Ceux qui ne possèdent aucune terre, ainsi que les propriétaires non exploitants sont très minoritaires (respectivement 1% et moins de 0,2% des ménages de l’observatoire). Les propriétaires qui en plus de leurs terres prennent en location ou en métayage d’autres terres représentent seulement 13% des ménages de Maromandia et 22% de ceux d'Ampohibe. Les autres types mentionnés sont très peu représentés. Ils ne réunissent au total que 10% des ménages de l’observatoire. Tableau 16 Typologie des situations foncières % de ménages Maromandia Ampohibe Observatoire 0,4 - 0,2 5,8 4,4 5,1 prêtées ou mises en jachère) 1,1 1,2 1,2 Type 4: propriétaire qui exploite exactement le même nombre de terres qu'il en 74,6 70,2 72,4 12,7 21,8 17,2 0,4 - 0,2 rien en location ou en métayage (bénéficie de prêt de terres). 3,9 1,2 2,5 Type 8: exploitant agricole qui ne possède aucune terre 1,1 1,2 1,2 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. 100 100 100 Type 1: propriétaire qui n'exploite aucune de ses terres Type 2: propriétaire qui exploite moins de terres qu'il n'en possède et en met en location ou en métayage Type 3: propriétaire qui exploite moins de terres qu'il n'en possède mais qui ne met pas ses terres non exploitées en location ou en métayage (c'est à dire qu'elles sont possède Type 5: propriétaire qui exploite plus de terres qu'il n'en possède et en prend en location ou en métayage Type 6: propriétaire qui exploite plus de terres qu'il n'en possède, en prend en location ou en métayage, mais met aussi certaines de ses terres en location ou en métayage. Type 7: propriétaire qui exploite plus de terres qu'il n'en possède, mais ne prend Pour alléger la présentation, la typologie a été simplifiée et les huit catégories ont été réduites à trois.: - les propriétaires "excédentaires" en terres, c'est à dire qui n'exploitent pas tout leur capital foncier eux mêmes (regroupant les types 1, 2 et 3); - les propriétaires exploitant le même nombre de terres qu'ils possèdent (qui correspond au type 4); - les exploitants déficitaires en terres, c'est à dire qui prennent des parcelles en location ou en métayage pour agrandir leur exploitation ou exceptionnellement bénéficient de prêt, ou encore les exploitants qui ne possèdent aucune terre (qui correspond aux types 5, 6, 7et 8). La grande majorité des agriculteurs (73%) est propriétaire de ses terres. Une petite minorité (18% à Maromandia et 24% à Ampohibe) est déficitaire en terres ; il ne faudrait cependant pas en déduire qu'il s'agit là d'une classe de paysans sans terre. En effet, dans cette catégorie, la quasi-totalité des ménages possèdent déjà de la terre et ne recherchent qu'un complément à exploiter ; seulement 1% de tous les ménages sont totalement dépourvus de toute propriété foncière. 24 Tableau 17 Typologie simplifiée des situations foncières % de ménages Propriétaires excédentaires en terres Propriétaires exploitant le même nombre de terres qu'ils en possèdent Exploitants déficitaires en terres Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Maromandia 7,3 74,6 18,1 100 Ampohibe 5,6 70,2 24,2 100 Observatoire 6,4 72,5 21,1 100 Par ailleurs, la catégorie de propriétaires excédentaires est très minoritaire (6%). Ceux-ci exploitent une partie de leur patrimoine, à quelques exceptions près, et placent le reste en location ou métayage (5% du total des ménages), ou en prêt, ou le laissent en jachère. Au total, la société paysanne ne présente pas de fortes inégalités foncières. C'est là le propre d'un système agraire d'appropriation par un défrichement qui dépend des forces de travail du groupe familial. La situation foncière évolue peu avec le temps, du fait de l'absence d'un véritable marché de la terre. A long terme, il pourrait cependant apparaître une insécurité foncière si la pression démographique excédait le potentiel foncier, dans le cadre du système de culture pratiqué. En ce cas, l'absence d'immatriculation pourrait alors exacerber les tensions. Cette situation ne semble pas être atteinte dans l'observatoire. II2 - L’EQUIPEMENT AGRICOLE Une agriculture sous-capitalisée L’équipement agricole constitue avec la terre et la main-d’oeuvre l’un des grands facteurs clefs déterminant le processus de production sur l’observatoire (rappelons qu'il n'est pas procédé ici à une analyse des intrants). Quatre types d’équipement doivent être distingués suivant le montant de l’investissement requis, qui en conditionne l’accès : l’équipement de base comprend les angady (c'est à dire une bêche), les haches et les coupe-coupes. Le second type d’équipement nécessite un investissement déjà plus important. On y trouve les charrues, les sarcleuses et les brouettes. En troisième lieu, on trouve les équipements lourds : tracteurs et remorques. Enfin, il existe des équipements spécialisés nécessaires pour des opérations spécifiques du processus de production. Les matériels utilisés pour la culture et la préparation de la vanille font partie de ce dernier type et seront traités à part. Le matériel agricole utilisé par les ménages de l'observatoire est très rudimentaire. Il se limite à l'équipement de base. Presque tous les ménages possèdent au moins un "angady" (91%), un coupe-coupe (98% des ménages) et une hache (81%). Les équipements lourds et moyens sont très rares. Parmi les ménages interrogés un seul ménage à Maromandia possède une brouette, et un autre possède deux remorques. Quasiment tous les matériels possédés sont achetés neufs (dans près de 9 cas sur 10, et ce pour chaque outil). Ces ménages se sont équipés essentiellement auprès des petites entreprises privées. 8% des ménages de Maromandia se sont tournés vers le secteur public. Tableau 18 Equipement agricole des ménages et mode d’acquisition Maromandia % EQUIPEMENT DE BASE Angady Ampohibe Observatoire Ménages possédant Taux de possession* Neuf à l’achat Ménages possédant Taux de possession* Neuf à l’achat Ménages possédant Taux de possession* Neuf à l’achat 88,2 2,04 100 94,8 1,94 99,1 91,4 1,99 99,6 25 Coupe-coupe 98,5 2,52 99,4 98,4 2,76 Hache 78,2 1,30 98,9 84,5 1,20 EQUIPEMENT MOYEN Brouette 0,4 1 100 0 0 EQUIPEMENT LOURD Remorque 0,4 2 0 0 0 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. *Moyenne sur les ménages possédant. N.B.: les différences avec la publication de synthèse tiennent à une base de calcul différente 99,7 97,3 98,4 81,3 2,64 1,25 99,5 98,1 0 0,2 1 100 0 0,4 2 0 Les investissements en équipement agricole ont été financés par des épargnes, des dons ou héritages. Aucun ménage ne s'est adressé à une banque ou un autre organisme de prêts, et seulement une petite minorité (moins de 5%) a emprunté auprès de leurs familles ou d'un tiers afin de financer les achats en matériels agricoles. Ceci peut s'expliquer par l'absence d'organisme de prêts, mais il semble surtout qu'emprunter de l'argent ne soit pas en usage chez ces villageois. Tableau 19 Origine et mode de financement de l’investissement* % des achats Maromandia SECTEUR D’ACHAT 7,8 Secteur public 0,7 Grande entreprise privée 91,5 Petite entreprise privée 0 Ménage 0 Importation directe 100 Total MODE DE FINANCEMENT 96,8 Epargne, don, héritage 3,2 Prêt informel (famille, autre) 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. *Achats dans l'année 1993-1994. Ampohibe Observatoire 0 0,8 98,8 0 0,4 100 4,1 0,8 94,9 0 0,2 100 100 0 100 98,3 1,7 100 Pendant la campagne 1993-1994, l'investissement des ménages agricoles en équipement s'élève à environ 1,7 millions de Fmg à Maromandia et 1,4 millions de Fmg à Ampohibe. Cela équivaut à un investissement moyen, très faible, de 8900 Fmg par ménage investisseur. II3 - TRAVAIL FAMILIAL ET TRAVAIL SALARIAL SUR L’EXPLOITATION AGRICOLE Dans les conditions de sous-équipement précédemment analysées, le travail constitue, avec la terre, le principal facteur de production agricole. Sa mobilisation peut prendre trois formes, qui dépendent des ressources disponibles des exploitants, aussi bien humaines que financières. En premier lieu et comme dans toute agriculture de type traditionnel, les ménages comptent sur leurs propres forces (chef de ménage, main-d’oeuvre familiale) pour effectuer les travaux des champs. En second lieu, les exploitants peuvent avoir recours au travail salarié, notamment en période haute du cycle cultural, ou pour réaliser un certain nombre de travaux spécialisés dont la maind’oeuvre familiale ne possède pas la maîtrise. Enfin, l’entraide peut jouer un rôle non négligeable d’apport en travail. Son importance repose sur des traditions locales encore en vigueur, et, pour chaque ménage pris individuellement, de sa capacité propre à s’insérer dans des réseaux plus ou moins denses de solidarité. L'activité principale dans l'observatoire d'Antalaha est l'agriculture. Pratiquement tous les chefs de ménages participent à cette activité, et la contribution des autres membres du ménage n'est pas négligeable. On remarque que les taux de participation des enfants et des autres membres de la famille hors ménage, est un plus élevé à Ampohibe qu'à Maromandia, peut-être parce que le niveau des salaires y est plus élevé. 26 Tableau 20 Mobilisation du travail sur l’exploitation agricole % des ménages MAIN D’OEUVRE FAMILIALE Participation du chef de ménage Participation du conjoint Participation des enfants Participation des « autres membres » Participation du ménage MAIN-D’OEUVRE SALARIEE Recours au salariat Dépenses salariales moyenne par an (1000 Fmg) Salaire journalier moyen (Fmg) Nombre d’hommes-jours moyen par an ENTRAIDE Recours à l’entraide Nombre d’hommes-jours moyen par an Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Maromandia Ampohibe Observatoire 98,0 64,1 42,6 9,8 100 98,4 69,8 53,6 20,6 100 98,2 66,9 48,0 15,2 100 43,4 68 2293 30 62,3 38 2943 13 52,8 51 2667 19 49,6 19 44,4 14 47,0 16 A Maromandia, l’entraide est un peu plus développée que le salariat; la proportion des ménages qui les pratiquent est respectivement de 49 et 43%. On y emploie en tant que salariés, 30 hommes-jours par an pour un salaire journalier moyen de 2293 Fmg. Les habitants d’Ampohibe ont recours plus massivement (62% des ménages) au salariat Tableau 21 Mobilisation de la main-d’oeuvre suivant les cultures Maromandia Ménages % des ménages agricultivant qui culteurs utilisent Principales % de le l'encultures ménages salariat traide cultivant Ménages agriculteurs % de ménages cultivant Ampohibe % des ménages cultivant qui utilisent le l'ensalariat traide Riz irrigué 75,0 55,7 63,0 98,8 61,8 Vanille 84,4 6,9 3,7 89,3 14,2 Manioc 76,9 2,5 1,0 82,5 1,4 Banane 69,1 0,6 0 82,9 0 Riz pluvial 92,2 0,4 0 27,8 Taro 59,8 2,0 0 Café 51,2 6,1 Girofle 34,4 Canne à sucre 25,8 Maïs Patate douce 43,8 Observatoire Ménages % des ménages agricultivant qui culteurs utilisent % de le l'enménages salariat traide cultivant 86,8 59,2 52,2 2,2 86,8 10,7 2,9 1,4 79,7 2,0 1,2 0 76,0 0,3 0 0 0 60,2 0,3 0 60,3 0 0 60,0 1,0 0 0,8 62,7 6,3 2,0 56,9 6,2 1,4 3,4 0 25,0 0 0 29,7 2,0 0 1,5 0 39,7 3,0 1,0 32,7 2,4 0,6 42,6 0,9 0 14,7 2,7 0 28,7 1,4 0 28,5 1,4 0 10,3 0 0 19,5 1,0 0 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. C’est la culture de riz irrigué, pour laquelle les opérations sont plus complexes et plus exigeantes, qui rassemble la majeure partie de la main d'oeuvre supplémentaire. Une forte majorité des exploitants ont recours au salariat et à l'entraide pour cette culture. Dans une plus faible mesure les cultures de rentes demandent également le concours de travailleurs extérieurs aux ménages producteurs. Ici, les exploitants font davantage appel au salariat. En effet, les cultures de vanille et de café ont plus les caractéristiques d’une opération économique, parce qu'elles sont destinées à la vente. Ainsi, le travail est davantage considéré comme un intrant. En outre, l’entretien et la préparation de ces produits nécessitent certaines qualifications du travailleur qui justifient sa rémunération. 27 Dans cet observatoire, le recours à une main d’oeuvre extérieure est limité. Le ménage semble être capable de prendre en charge une grande partie des travaux des champs10. Mais de manière globale, les échanges - de type marchand ou non - sont minimisés entre ces villageois. 10 Voir également p 31 ,premier paragraphe. 28 III - LA PRODUCTION AGRICOLE ET L'ELEVAGE Le Nord Est de Madagascar est surtout connu pour ses cultures d’exportation notamment la vanille, le café et le girofle. Cependant, la région connaît une variété de cultures, notamment des légumes, des tubercules ou d’autres cultures. La culture du riz est également pratiquée, fait lié à l’habitude alimentaire des habitants de l’île. Les chapitres suivants nous permettront d’étudier de près, la pratique de ces différentes cultures dans l’observatoire. III.1 LA DIVERSITE DES CULTURES Une exploitation des différentes facettes écologiques des terroirs implique une diversification des cultures en fonction des aptitudes culturales des sols. Cette stratégie de diversification peut-être accentuée pour des raisons économiques : minimisation des risques (climatiques, mais aussi commerciaux) ou diversification de l'alimentation. Nous avons inventorié les différentes cultures pratiquées par les ménages des deux villages en distinguant leur destination finale selon trois modalités : - les cultures destinées uniquement à la consommation familiale ; - les cultures destinées à la consommation familiale et à la vente (sans rentrer à ce niveau d'analyse, dans le détail de la part autoconsommée et de la part vendue) ; - les cultures destinées uniquement à la vente. Un système de polyculture Les cultures sont assez diversifiées dans l’observatoire. A part les céreales, cette diversification porte surtout sur les tubercules, et les fruits. Ainsi, les fruits (banane, litchi), les tubercules (patate douce, manioc, taro), et la canne à sucre sont cultivés par plus de 20% des ménages dans l’un des deux villages. La situation de ces principales cultures est détaillée dans le tableau suivant. La priorité à la consommation familiale Le système de production des deux villages présente des points communs : - la polyculture avec des tubercules, des céréales, ainsi que des fruits (banane) et la canne à sucre, - la priorité donnée à la consommation familiale, sauf évidemment pour les cultures d'exportation où la vente prédomine. Les grandes cultures Le riz et la vanille sont les grandes cultures dans l’observatoire. le riz: la grande culture vivrière La culture du riz est pratiquée par la quasi totalité des ménages de l’observatoire. 87% des ménages de l'observatoire cultivent du riz aquatique (inondé) et 60% du riz pluvial. Il existe cependant une différence entre les deux villages, du fait que la topographie se prête moins aux aménagements de bas-fonds à Maromandia qu'à Ampohibe. Dans ce dernier village 99% des agriculteurs pratiquent une riziculture aquatique, contre trois sur quatre à Maromandia. Par contre, si 92% des ménages cultivent du riz pluvial dans ce dernier village, cette proportion tombe à 28% à Ampohibe. 29 la vanille : grande culture de rente. Le café et le girofle Environ 87% des ménages agricoles de l'observatoire cultivent la vanille. Ils sont légèrement plus nombreux à Ampohibe (89% contre 84% à Maromandia). Les autres cultures sont moins communes. Le café n'est travaillé que par 57% des cultivateurs et le girofle par 30%. Les autres cultures La destination des autres cultures, riz et vanille exceptés, est assez similaire. Les tubercules: le manioc, le taro et la patate douce Les tubercules constituent une culture essentielle dans l’observatoire. Le manioc est cultivé par 80% des ménages producteurs, le taro par 60% et la patate douce par 20%. Ils servent surtout à compléter l’aliment de base, aussi plus de neuf dixièmes des ménages producteurs les destinent-ils à l’autoconsommation. A quelques rares exceptions près, aucun ménage ne consacre ces productions à seule fin de vendre. Les comportements sont très peu différents d'un village à l'autre, si ce n'est que la patate douce est cultivée par une proportion un peu plus forte de ménages à Maromandia (29%) qu'à Ampohibe (10%). Le maïs Neuf ménages sur dix déclarent autoconsommer leur production de maïs. C’est également une culture qui sert à compléter les aliments de base. Il ne connaît pas cependant la même popularité que le riz et les tubercules puisque seulement 29% des ménages le cultivent : 43% à Maromandia et 15% à Ampohibe. Les fruits: l’importance de la banane et du litchi dans le système de production d’Antalaha Le climat humide favorise la culture du bananier dans cette région. En effet, 69% des ménages à Maromandia et 83% à Ampohibe cultivent ce fruit. Cependant, la destination de cette culture, cependant ne diffère pas de celle des autres : plus de 80% des ménages producteurs de bananes consomment entièrement leur production et seulement 1% la destine uniquement à la vente. Le litchi est presque exclusivement cultivé dans le village d’Ampohibe; 47% des ménages à Ampohibe cultivent ce fruit. La partie orientale de Madagascar est connue pour sa production de litchi et demeure la principale région productrice de litchi. Cependant, il est à remarquer que même à l’échelle de notre observatoire, cette culture n’est pas omniprésente. La canne à sucre On trouve cette culture dans les deux villages de l’observatoire. En totalité, 33% des ménages cultivent la canne à sucre. Comme pour les autres cultures, un fort pourcentage de ménages producteurs (80%) déclare réserver à la consommation familiale la production tandis que (6%) seulement la destine à la vente. Tableau 22 Cultures exploitées par plus de 20 % des ménages d'un des deux villages 30 Maromandia % de 100 ménages agriculteurs cultivant Ampohibe % de 100 ménages cultivant la culture selon la destination de la production consomma -tion familiale consomma -tion familiale +vente Céréales 75,0 93,7 6,3 Riz aquatique 92,2 94,9 4,2 Riz pluvial 42,6 95,4 4,6 Maïs Tubercules 76,9 90,4 9,6 Manioc 59,8 92,8 5,9 Taro 28,5 93,2 6,8 Patate douce Fruits 69,1 80,2 17,5 Banane 0,8 100 0 Litchi Autres 25,8 80,0 12,3 Canne à sucre Cultures d’exportation 84,4 3,2 0,5 Vanille 51,2 2,3 18,6 Café 34,4 2,3 0 Girofle Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. % de 100 ménages agriculteurs cultivant vente % de 100 ménages cultivant la culture selon la destination de la production consomma -tion familiale consomma -tion familiale +vente vente Observatoire % de 100 ménages agriculteurs cultivant 0 0,9 0 98,8 27,8 14,7 93,2 92,8 91,9 6,8 7,2 5,4 0 0 2,7 86,8 60,2 28,7 0 1,3 0 82,5 60,3 10,3 94,7 99,3 92,3 5,3 0 7,7 0 0,7 0 79,7 60,0 19,5 2,3 0 82,9 46,8 90,9 75,4 9,1 23,7 0 0,9 76,0 23,6 7,7 39,7 78,0 17,0 5,0 32,7 96,3 79,1 97,7 89,3 62,7 25,0 3,3 1,3 0 0,5 25,3 0 96,3 73,4 100 86,8 56,9 29,7 Les autres cultures intéressent peu de ménages, que ce soient des légumes ou des légumineuses, ou bien des oléagineux, qui s’adaptent mal au climat. Au total, la très grande majorité des producteurs destinent avant tout leurs cultures à l’autoconsommation, à l'exception notable des cultures de rente (vanille, café et girofle). Il existe donc une forte dualité dans l'économie paysanne. Orientée en partie à l'exportation, cette dernière est affectée par toute modification des cours, celle concernant les marchandises comme celle concernant les devises. Les stratégies paysannes sont donc en révision constante, pour pratiquer des substitutions culturales entre le secteur des cultures vivrières et celui des cultures de rentes. Comme ces dernières sont des plantes pérennes, l'adaptation ne peut pas être immédiate. De plus, toute désaffection temporaire se traduit par la négligence des plants et obère donc l'avenir : quand la conjoncture redevient favorable, les arbres, vieillis et mal entretenus, ne rendent plus aussi bien. III 2 PRODUCTION ET COMMERCIALISATION DU RIZ Compte tenu de l'importance de la production rizicole dans l'économie de Madagascar, une analyse détaillée des conditions techniques de la production de paddy ainsi que la destination des récoltes paraît utile. Les conditions techniques de la culture du riz Une appréciation des surfaces cultivées en riz, des récoltes et donc des rendements, se heurte à de sérieuses difficultés de mesure. En effet, les paysans n'utilisent pas des unités de mesure standard (ares, hectares, kilos ou tonnes), mais des mesures locales, qui varient d'un village à l'autre. En demandant aux paysans d'utiliser ces mesures standard qu'ils ne maîtrisent pas, nous nous exposions au risque de non-réponse ou pire, à des réponses fantaisistes. 31 Le travail d'enquête a donc d'abord commencé par un recensement des unités paysannes et par la recherche de l'équivalence la plus précise possible avec une unité standard. Pour les unités de poids, cela est relativement aisé : il faut peser le contenant (daba, sobika) utilisé avec le produit concerné (paddy, manioc etc...); pour les unités de surface, la conversion est plus difficile : en effet, les paysans estiment la surface d'une rizière en nombre de repiqueuses (main-d'oeuvre nécessaire pour repiquer une rizière) ou la quantité de riz nécessaire pour le semis de la pépinière d'une rizière. Devant tant de paramètres approximatifs, on mesure ici les difficultés de conversion et les risques d'erreur. Le nombre total de rizières recensées est de 881. Rapporté au nombre de ménages dans chaque village, il est plus élevé à Maromandia qu’à Ampohibe avec une moyenne de 2,1 rizières par ménage à Maromandia contre 1,3 à Ampohibe. D’autre part, la taille des rizières est également plus élevée à Maromandia : en effet, la surface moyenne par ménage dans le village de Maromandia est de 165 ares contre une moyenne de 125 ares à Ampohibe. La riziculture aquatique est plus répandue à Ampohibe (81% des parcelles) et la riziculture pluviale à Maromandia (56%). 62% des rizières de l’observatoire sont localisées dans les basfonds ou dans les plaines, ce qui laisse une part de 38 % au riz de tanety. Les rizières sur basfonds sont concentrées dans le village d’Ampohibe , où seulement 19% des parcelles rizicoles sont sur tanety. A l’inverse, dans le village de Maromandia, un peu moins de la moitié des parcelles sont inondées (44%). Cette différence de mode de culture est lié à la topographie. La riziculture de basfonds se pratique sur une surface de 129,8 h à Maromandia et de 242,1 ha à Ampohibe. Les surfaces sur tanety totalisent 281,1 ha à Maromandia et 70,1 ha à Ampohibe Tableau 23 Les conditions techniques de la culture du riz Maromandia nombre de surface totale parcelles (%) (ha) 55,2% 410,9 Ampohibe nombre de surface totale parcelles (%) (ha) 44,8% 312,2 Parcelles cultivées en riz Situation des parcelles 45,6 129,8 81,3 242,1 -bas-fond ou plaine 54,4 281,1 18,7 70,1 - tanety 100 100 - total Alimentation en eau 44,2 127,4 80,6 239,1 -irrigation/inondation 55,8 283,5 19,4 73,1 - sans irrigation 100 100 - total Mode de culture 47,5 137,4 81,3 242,1 - repiquage 52,5 273,5 18,7 70,1 - semis direct 100 100 - total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. N.B.: les légères différences avec la publication de synthèse tiennent à une base de calcul différente Observatoire nombre de surface totale parcelles (%) (ha) 100 723,1 61,6 38,4 100 371,9 351,2 60,5 39,5 100 366,5 356,6 62,7 37,3 100 379,5 343,6 Deux systèmes rizicoles coexistent donc sur l’observatoire. La rizière de bas-fonds bénéficie d'une inondation contrôlée et, dans la totalité des cas, les agriculteurs repiquent les plants. La rizière sur tanety, après ou sans brûlis, ne comporte pas d’alimentation en eau et le mode de culture est le semis direct. Plus de 6 ménages sur 10 disposent de 100 à 250 ares de rizières, ce qui. permet généralement à un ménage moyen de s'alimenter Un quart seulement des ménages riziculteurs cultivent moins d'un hectare, ou plus précisément entre 20 et 100 ares. Cette classe ne peut normalement pas subvenir à ses besoins en riz. 32 La répartition des exploitants selon les classes de surface de rizière est assez semblable dans les deux villages, mais elle est cependant un peu plus défavorable à Ampohibe En effet, un peu moins d’un quart des ménages producteurs (17%) entrent dans la classe de 250 ares et plus à Maromandia, avec une surface moyenne de 382 ares, contre 7% seulement à Ampohibe, avec une surface moyenne de 307 ares. Cette différence tient à la plus grande taille moyenne des parcelles sur tanety, plus nombreuses dans le premier village. Tableau 24 Surface de rizières par ménage (ares) Maromandia surface moyenne exploitée par ménage (ares) moins de 20 ares 0,4 15,0 de 20 à 100 ares 20,8 65,4 de 100 à 250 ares 61,6 138,9 250 ares et plus 17,2 381,8 TOTAL 100 165,1 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. % de ménages % de ménages 0,0 29,2 64,0 6,8 100 Ampohibe surface moyenne exploitée par ménage (ares) 0,0 58,9 135,1 307,3 124,9 % de ménages 0,2 24,9 62,8 12,1 100 Observatoire surface moyenne exploitée par ménage (ares) 15,0 61,7 137,2 361,1 145,2 40 35 30 25 Maromandia Ampohibe 20 15 10 5 >=300 <300 <250 <200 <150 <100 0 <50 nombre des ménages (%) Graphique 6 Surface cultivée en rizières par ménage surface des rizières (are) Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. La production rizicole et les rendements La présente analyse nous amène à étudier l’impact du mode de culture et de la superficie sur le rendement et donc sur la production. Cette étape constitue un des points essentiel de l'analyse Les quantités produites s'élèvent à 339 tonnes de paddy à Maromandia et 356 tonnes à Ampohibe. Bien que ce dernier village abrite moins de ménages, sa production est plus élevée car les ménages y obtiennent de meilleures récoltes qu'à Maromandia : 1 424 kg en moyenne, contre 1 335 kg. En effet les ménages produisant de petites quantités y sont relativement moins nombreux : 64% d'entre eux, contre 73% à Maromandia ont obtenu moins de 1 500 kg. Les chiffres sont respectivement de 4% et 11% pour la classe de 500 kg et moins. En revanche, Maromandia compte davantage de très gros producteurs (plus de 3 500 kg), mais leur petit nombre ne suffit pas pour relever fortement la moyenne de ce village. 33 Le tableau suivant montre les disparités dans les possibilités de couverture des besoins alimentaires en riz par la production familiale. La partie sur la sécurité alimentaire reviendra sur ces disparités et notamment sur la durée de la période de soudure selon les catégories de ménages. Tableau 25 Production rizicole par ménage pour la campagne 94-95 Maromandia % de production moyenne ménages par ménage moins de 200 kg 1,2 130 kg de 200 à 500 kg 10,2 358 kg de 500 à 1500 kg 61,8 937 kg plus de 1500 kg 26,8 2679 kg TOTAL 100 1335 kg Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. % de ménages 0,4 3,2 60,4 36,0 100 Ampohibe production moyenne par ménage 150 kg 353 kg 1023 kg 2204 kg 1424 kg % de ménages 0,8 6,7 61,2 31,3 100 Observatoire production moyenne par ménage 135 kg 357 kg 980 kg 2409 kg 1379 kg 40 35 30 25 20 15 10 5 0 >=3500 <3500 <3000 <2500 <2000 <1500 <1000 Maromandia Ampohibe <500 nombre des ménages (%) Graphique 7 Production de riz par ménage (1994-1995) classe de production de riz-paddy (kg) Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Les rendements rizicoles et leurs déterminants L'avantage donné à Maromandia en ce qui concerne les surfaces ne se retrouve donc pas pour les productions. Ces écarts de production entre les ménages des deux villages ont donc comme cause des différences de rendements. Plusieurs variables influent sur le rendement : les conditions écologiques de la production, la situation des rizières (tanety ou bas-fond, avec ou sans possibilité d'irrigation) et les techniques de culture (utilisation d'amendements organiques ou chimiques) mais aussi et principalement du point de vue économique, la motivation des producteurs liée au prix aux producteurs. En effet, bien que le riz soit destiné principalement à l’autoconsommation, ce dernier facteur peut constituer une motivation pour les producteurs à augmenter leur production et dégager des surplus commercialisables. D’autre part les possibilités d’accès au circuit de distribution constituent également des facteurs déterminants pour l’incitation à augmenter la production. Le rendement moyen de paddy, calculé d'après les déclarations de surface et de production, s'élève à 1 tonne par hectare pour l'ensemble de l'observatoire. Rappelons que la moyenne nationale reste depuis 1970 en dessous de 2 tonnes par hectare. Le rendement est sensiblement plus faible à Maromandia (0,7 t/ha) qu'à Ampohibe (1,1 t/ha). Ce rendement varie selon le type de riziculture pratiqué (avec ou sans irrigation/inondation, sur terre de tanety ou terre de bas-fond) ; il peut varier aussi selon les conditions d'exploitation. Les 34 petits exploitants ont-ils des rendements différents des grands exploitants? Ont-ils moins de moyens pour intensifier (culture attelée, fumure organique ou minérale) ou, au contraire, l’exiguïté des surfaces disponibles les incitent-elle à pratiquer le "jardinage" en augmentant le facteur travail ? Le rendement par type de riziculture montre que la riziculture de bas-fond est la plus performante (0,9 t/ha à Maromandia et 1,3 t/ha à Ampohibe); rappelons que c'est le principal mode de riziculture d’Ampohibe (78% des surfaces), alors qu'il représente seulement 32% à Maromandia. Les sols des bas-fonds sont connus pour être plus riches que les sols de tanety. Cette potentialité est d'autant mieux exploitée que ces parcelles peuvent bénéficier d'une inondation plus ou moins bien contrôlée, ce qui est davantage le cas à Ampohibe. La riziculture de tanety (68% des surfaces à Maromandia, 22% à Ampohibe) est moins performante : les sols sont plus pauvres, l'alimentation en eau dépend des pluies. L'agriculture itinérante sur brûlis, ou tavy, est la pratique commune. Les rendements moyens ne dépassent pas 0,7 t/ha. Dans chaque village, le rendement diminue avec la taille des rizières exploitées par le ménage (à l'exception des micro-exploitations de Maromandia). Ce résultat ne peut être érigé en règle agro-économique, car il se peut que la proportion des surfaces de riz sec au faible rendement augmente avec les superficies de rizières. Cet aspect n'a pas encore été vérifié dans cette étude. D'autre part, à classe de surface exploitée égale, les rendements à Maromandia sont sensiblement moins élevés qu’à Ampohibe. Là aussi, le plus grand nombre de parcelles en riz sec peut induire cette différence. Tableau 26 Rendements en riz selon la surface exploitée et le type de riziculture pratiquée (campagne 94-95) Maromandia Classe de surface <20a 20-50 50-200 >200 rendement moyen 1 1,2 0,9 0,7 Type de bastanety irrigué non riziculture fond irrigué rendement moyen 0,9 0,7 0,9 0,7 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. <20a basfond 1,3 Ampohibe 20-50 50-200 1,7 1,3 tanety irrigué 0,6 1,3 >200 0,8 non irrigué 0,7 <20a 1 basfond 1,2 Observatoire 20-50 50-200 1,5 1,1 tanety irrigué 0,7 1,1 >200 0,75 non irrigué 0,7 Les ménages producteurs de Maromandia, ont des rendements plus bas que ceux de Ampohibe. Les différences dans les rendements totaux entre les deux villages s’expliquent par la proportion plus importante de rizières de tanety à Maromandia et la plus grande proportion de rizières irriguées à Ampohibe. Les causes de la médiocrité des rendements restent du domaine des hypothèses. La médiocrité des conditions techniques, et particulièrement la mauvaise maîtrise de l'eau dans les basfonds, semblent l'emporter sur les facteurs économiques. Où va la production rizicole ? Nous avons vu dans la partie III-1 que les ménages déclarent consacrer principalement leur production à la consommation familiale et accessoirement à la vente. L'analyse des quantités consommées, vendues ou affectées à d'autres usages confirme ces observations qualitatives. Ainsi pour la campagne 1994-1995, la quantité moyenne autoconsommée dans l’observatoire est de 1232 kg alors que la production moyenne est de 1376 kg. La marge entre production et autoconsommation est donc fort réduite. Tableau 27 Quantité de riz destinée à la consommation familiale (campagne 1994-1995) 35 Maromandia production consommoyenne mation par moyenne ménage par (kg) ménage 4,4 269 168 moins de 250 kg 11,4 896 372 de 250 à 500 kg 43,3 1033 764 de 500 à 1000 kg 40,9 1889 2081 1000 kg et plus 100 1335 1228 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. % de ménages quantités consommées % de ménages 1 6 33 60 100 Ampohibe production moyenne par ménage (kg) 200 810 872 1799 1418 consommation moyenne par ménage 170 362 744 1602 1231 % de ménages 2,8 8,7 38,1 50,5 100 Observatoire production consommoyenne mation par moyenne ménage par (kg) ménage 254 169 866 368 964 756 1836 1797 1376 1229 45 40 35 30 25 20 15 10 5 0 >=3500 <3500 <3000 <2500 <2000 <1500 <1000 Maromandia Ampohibe <500 nombre des ménages (%) Graphique 8 Quantité de riz-paddy destiné à la consommation familiale quantité de riz-paddy consommée (kg) Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. A Ampohibe, 60% des ménages producteurs consomment plus de 1000 kg par an, tandis qu’ils ne sont que 41% à le faire à Maromandia. En effet, la production par ménage est plus élevée dans le premier village, et plus les quantités disponibles sont importantes, plus la consommation est élevée, ce qui confirme la priorité accordée à l’autoconsommation. La différence entre les deux villages s'accentue en ce qui concerne les ventes. La quantité moyenne vendue par ménage est de 431 kg dans l’observatoire, mais de 642 kg à Ampohibe et 276 kg à Ampohibe. Tableau 28 Quantité de riz vendue (campagne 94-95) Maromandia Ampohibe % de quantité moyenne % de quantité moyenne ménages vendue (kg) ménages vendue (kg) 85,5 0 88,9 0 aucune vente 9,2 109 2,8 131 moins de 250 kg 4,6 448 5,9 573 250 à 1000 kg 0,7 1740 2,4 1455 1000 kg et plus 100 276* 100 642* Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. *Moyenne sur les ménages ayant vendu du paddy pendant la campagne 94-95. quantités vendues 36 % de ménages 87,2 6,0 5,3 1,5 100 Observatoire quantité moyenne vendue (kg) 0 114 518 1526 431* 5 4,5 4 3,5 3 2,5 2 1,5 1 0,5 0 >=1000 <1000 <900 <800 <700 <600 <500 <400 <300 <200 Maromandia Ampohibe <100 nombre des ménages (%) Graphique 9 Quantité de riz-paddy vendue par ménage quantité de riz-paddy vendue (kg) Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Tableau 29 Quantité consommée et vendue en fonction de la surface des rizières exploitées Maromandia quantité quantité moyenne moyenne vendue consommée (kg) (kg) 1218 0,0 moins de 50 ares 785 13 de 50 à100 ares 1151 28 de 100 à 200 ares 1723 108 200 ares et plus 1228 45* Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. *Moyenne sur tous les ménages producteurs de riz. classe de surface Ampohibe quantité quantité moyenne moyenne vendue consommée (kg) (kg) 447 0,0 1010 28 1222 75 1711 147 1231 73* Observatoire quantité quantité moyenne moyenne vendue consommée (kg) (kg) 755,0 0,0 1029,5 22 1337,5 51 1992,1 123 1229 59* Le tableau 29 montre le lien entre la surface disponible en rizières et les quantités moyennes consommées et vendues par ménage.Les ménages disposant de rizières dont la surface est inférieure à 50 ares ne vendent pas de riz. En revanche, plus la taille des surfaces est élevée, plus la quantité vendue augmente mais reste faible par rapport à la quantité autoconsommée. D’autre part, à classe de surface identique, la part autoconsommée est sensiblement la même dans les deux villages alors que la part vendue est plus élevée à Ampohibe. L’approvisionnement en semences Une partie de la récolte est conservée pour les semences. En effet, les ménages s'approvisionnent de préférence sur leur propre stock plutôt que d'acheter des semences. Ces pratiques ont des conséquences sur les rendements puisqu'elles excluent le renouvellement du matériel végétal (semences sélectionnées et éventuellement traitées). Pour la dernière campagne, l'exploitant moyen a conservé 45 kg de semences. A peine 9% des ménages agricoles achètent des semences. Le prix d'un kg de semence pour la dernière campagne a été de 694 Fmg/kg en moyenne, il est plus élevé à Ampohibe qu'à Maromandia. Au total 1 143 000 Fmg ont été dépensés par les ménages de l’observatoire pour ces semences. Celles-ci sont achetées auprès d'autres ménages ; ce ne sont donc pas des semences sélectionnées. Aucun des ménages interrogés ne s'est adressé à des organismes spécialisés. 37 Quelques producteurs ont éventuellement recours à l’emprunt de semences et tous les remboursements se font en nature. Les conditions de commercialisation du riz Les producteurs dans cette région vendent directement leur riz aux ménages sur le marché de détail ou aux commerçants du village. Aucune part de la production à Maromandia, et 21% seulement des quantités vendues à Ampohibe sont recueillis par des collecteurs. L'enclavement de cette zone pourrait d'une part expliquer ce fait. Mais d'autre part, les cultures de rente telles que la vanille, le café et le girofle présentent plus d'attrait commercial que le riz. Une enquête auprès des collecteurs devrait amener un peu plus de précisions sur cet élément. Sur les 10,5 tonnes commercialisées à Maromandia, 6,5 tonnes sont vendues directement au détail et une part infime (240 kg) est vendue à des grossistes. A Ampohibe, 41% des quantités vendues vont aux commerçants du village et 38% est consacré à la vente directe aux ménages. La quantité totale vendue dans l’observatoire est de 28 tonnes dont 15 tonnes cédées aux revendeurs et 13 tonnes vendues en détail. Tableau 30 A qui est vendu le riz ? Vente directe aux ménages, marché de détail Commerçant du village Collecteur Marché de gros TOTAL Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Maromandia quantité % vendue (kg) 6495 61,9 3758 35,8 0 0 240 2,3 10493 100 Ampohibe quantité % vendue (kg) 6834 38,0 7416 41,3 3725 20,7 0 0 17975 100 Observatoire quantité % vendue (kg) 13329 46,8 11174 39,3 3725 13,1 240 0,8 28468 100 La destination des ventes ne varie pas beaucoup selon la saison : la vente directe et auprès de commerçants du village sont toujours, et de loin, les principales transactions qui ont lieu dans l’observatoire. Les transactions sont plus faibles à Maromandia, qui compte une plus faible proportion de gros producteurs. Pour la campagne 1994-1995, c’est pendant la période de mai à août que les producteurs de Maromandia ont vendu le plus de riz (5,8 tonnes). A Ampohibe, c’est pendant la période de janvier à avril qu’ont lieu ces principales transactions. Le décalage s'explique probablement par le décalage temporel des récoltes des riz aquatiques et des riz secs. Les prix pratiqués à Maromandia sont plus élevés qu'à Ampohibe. On remarque qu’une grande partie du riz de Maromandia est commercialisée en dehors de la grande saison commerciale du riz irrigué (où la demande est généralement plus élevée que la l’offre) quand les prix remontent, ce qui explique cette différence observée au niveau du prix. Tableau 31 Les quantité de paddy vendues par saison (campagne 94-95) Maromandia quantité vendue (kg) 2610 septembre à décembre 1994 2365 janvier à avril 1995 5518 mai à août 1995 10493 TOTAL Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe quantité vendue (kg) 3720 13345 910 17975 38 quantité vendue (kg) 6330 15710 6428 28468 Observatoire prix moyen /kg prix médian /kg 879 772 909 854 1000 660 673 800 III.3 LA PRODUCTION DES CULTURES AUTRES QUE LE RIZ L'étude des autres cultures n’a pas été aussi détaillée que celle du riz, mais nous avons toutefois recueilli les données sur la production de la campagne 94-95 et sur les quantités commercialisées. Les types de cultures pratiquées et l’échelle d’activité différencient les deux villages. La production de litchi tient une place importante dans l’observatoire ainsi que la canne à sucre, avec respectivement une production totale de 88 tonnes et de 82 tonnes. Le village d’Ampohibe assure la totalité de la production de l’observatoire pour le litchi, et le village de Maromandia, les deux tiers de la production de canne à sucre. La banane fait partie également des principales cultures de la région avec une production de 42 tonnes. Parmi les tubercules cultivées dans l’observatoire, c’est le manioc qui est le plus cultivé notamment dans le village de Maromandia où la production atteint 37 tonnes sur les 47 tonnes produites dans l’observatoire. La production totale des autres tubercules (le taro, la patate douce), et de maïs ne dépassent pas 3 tonnes et est négligeable comparée à celle des cultures citées plus haut. Tableau 32 Production des cultures autres que le riz et la vanille (par plus de 20% des ménages). Cultures Maromandia Production totale moyenne par (kg) ménage (kg) 41080 934 36945 1274 2560 284 1575 263 1615 202 27880 797 27880 797 0 0 Tubercules Manioc Taro Patate douce Céreales (maïs) Fruits Banane Litchi Divers (Canne à sucre) 55290 4253 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe Production totale moyenne par (kg)) ménage (kg) 11115 794 10315 860 0 0 800 400 850 283 102100 2220 14040 739 88060 3261 27000 1421 Observatoire Production totale moyenne par (kg) ménage (kg) 52195 900 47260 1153 2560 284 2375 297 2465 224 129980 1605 41920 776 88060 3261 82290 2572 Compte tenu de l’existence de périodes de soudure et du rendement aléatoire de la culture du riz notamment pour les cultures an-tanety, les producteurs accordent de l'importance à la culture de ces autres produits vivriers. Quelques spécialités différencient les deux villages de l'observatoire. Ainsi, la production de bananes et de canne à sucre est deux fois plus importante à Maromandia qu'à Ampohibe. La culture de litchi est abondante dans ce dernier village, inexistante dans l'autre. La destination des produits agricoles autres que le riz, la vanille, le café et le girofle Selon les cultures, 40% à 83% de la production est vendue. Ces taux sont très élevés pour la canne à sucre (89% à Maromandia, et 70% à Ampohibe), la banane (66% dans les deux villages) et le litchi (65% à Ampohibe). Une grande partie des ménages déclarent cependant consacrer leur production principalement pour la satisfaction de leurs propres besoins (autoconsommation, transferts gratuits, stocks, semences), principalement pour l’autoconsommation afin de compléter le riz dans 39 leur alimentation de base (tableau 22). Les forts taux de commercialisation en volume contrastent en apparence avec la proportion élevée de ménages déclarant conserver leur production pour la satisfaction de leurs propres besoins. De fait, à une multitude de petits producteurs s’opposent une minorité d’agriculteurs mettant en valeur de plus grandes surfaces et donc aptes à dégager des surplus. Il est plus intéressant d'analyser les principales cultures par produit. En ce qui concerne les tubercules, il convient d’étudier particulièrement le manioc qui est le premier complément du riz dans l’observatoire. A Maromandia 60% de la production de manioc est autoconsommé et la consommation annuelle moyenne d’un ménage producteur est de 688 kg par an. Les ménages producteurs du village d’Ampohibe ne consomment en moyenne que 348 kg de manioc dans l’année avec un taux d’autoconsommation de 41%. Pour ce qui est des autres tubercules, environ 60% de la production sont vendus dans l'observatoire. Le manioc joue un rôle essentiel dans l'alimentation, tandis que les autres tubercules constituent d'abord un complément de revenu pour les ménages. La plus forte production de riz assure un meilleur taux de couverture alimentaire aux ménages producteurs du village d’Ampohibe, ce qui explique que ceuxci puissent vendre une plus forte proportion de ces autres aliments de Tableau 33 Destination des produits de l'agriculture autres que le riz Cultures Maromandia AutoconsomPart de la mation par quantité vendue ménage (%) (kg) 589 37,0 Tubercules Manioc 829 34,9 Taro 125 55,9 Patate douce 120 54,3 97 52,0 Céréales (maïs) 292 63,3 Fruits Banane 292 54,3 Litchi 0 0 455 89,3 Divers (Canne à sucre) 455 89,3 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe AutoconsomPart de la mation par quantité vendue ménage (%) (kg) 314 60,4 348 59,5 0 0 110 72,5 60 78,8 751 66,2 211 71,5 1132 65,3 426 70,0 426 70,0 Observatoire AutoconsomPart de la mation par quantité vendue ménage (%) (kg) 522 42,0 688 40,3 125 55,9 118 60,4 87 61,3 522 65,5 263 66,1 1132 65,3 438 83,0 438 83,0 base que les producteurs de Maromandia. Par ailleurs, la part importante des bananes, litchi et cannes à sucre vendues démontre que la situation alimentaire de l'observatoire est relativement bonne. Sous quelle forme est placé le "surplus" des récoltes ? Nous avons demandé aux ménages de préciser ce qu'ils faisaient du surplus de leurs récoltes (avec deux réponses possibles). En première réponse, la quasi-totalité des ménages vendent ce surplus, et ceci davantage à Ampohibe qu'à Maromandia. Quelques rares ménages achètent des bovins ou créent des nouvelles plantations avec le revenu monétaire. En deuxième option, ces dernières formes de placement intéressent encore quelques ménages, mais la plupart de ceux qui ont vendu une partie de leur surplus, déclarent stocker le reste. Les besoins monétaires toujours pressants dans les campagnes n’empêchent pas un grand nombre de ménages excédentaires de constituer des stocks. Ces pratiques peuvent relever de deux finalités : ou bien assurer au ménage producteur une sécurité alimentaire pour l’année suivante, ou bien différer les ventes intravillageoises à la minorité de familles démunies. En ce dernier cas, ce serait une valorisation du stock. 40 Tableau 34 Forme de placements du surplus des récoltes (deux possibilités de réponse) Réponse principale Maromandia Ampohibe 59,1 67,1 Monétaire 39,4 30,1 Stockage d’une partie des récoltes 0,0 0,0 Prêt à d’autres paysans 1,5 0,0 Capitalisation par l’achat de bovins 0,0 1,4 Création de nouvelles plantations 0,0 0,0 Autre 0,0 1,4 N’épargne pas 100 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. % Deuxième réponse Maromandia Ampohibe 12,3 5,1 50,8 72,9 1,5 0,0 0,0 0,0 3,4 1,7 0,0 0,0 0,0 0,0 100 100 Les consommateurs, principaux acheteurs des produits agricoles hors-riz Au niveau de l'observatoire, les principaux demandeurs de produits agricoles (hors riz) sont les consommateurs directs, c'est à dire les ménages du voisinage qui s'approvisionnent directement auprès du producteurs ou au marché local de détail. Durant la campagne 94-95, ils ont absorbé plus de 71% des quantités vendues. 2% sont allées aux grossistes, et moins de 4% aux commerçants des village. L'activité des collecteurs n’est notée que dans le village d’Ampohibe où ils ont acheté un tiers des quantités commercialisées de produits agricoles, hors riz. La situation de ces derniers produits est assez similaire à celle du riz :Comme pour le riz, le village d’Ampohibe commercialise davantage de surplus de ces derniers produits que le village de Maromandia. Les principales destinations des ventes sont les marchés de détail (45% des quantités de produits vendues) et les marchés de gros (54%) à Maromandia, alors qu’à Ampohibe, 62% des quantités vendues sont écoulés sur les marchés de détail, 26% sont acheminés par les collecteurs, 6% vont aux marchés de gros et 6% aux commerçants du village. L’intégralité de la vente de certains produits comme le maïs, le manioc, la banane à Ampohibe et également cette dernière à Maromandia se fait uniquement sur le marché de détail. Seul le litchi (exclusivement produite à Ampohibe) est vendu aux collecteurs pour 43% des ventes. III 4. L'ELEVAGE Nous avons distingué différentes formes d’élevage : l’élevage bovin tout d’abord, compte tenu de l’importance du zébu dans l’économie agricole, mais aussi dans la culture malgache ; le petit élevage ou élevage à cycle court (porcs, volailles, etc...), qui suppose des investissements de départ moins importants que pour l’élevage bovin et qui permet aux petits exploitants de dégager des revenus monétaires et/ou un complément alimentaire en quelques mois. L'élevage bovin L'élevage bovin, complément étroit de l'agriculture L'élevage bovin est une activité assez répandue sur l'observatoire d’Antalaha puisque 176 ménages la pratiquent. L'effectif total du cheptel s'élève à 496 têtes :. 346 à Ampohibe et 150 à Maromandia. Chaque ménage éleveur possède en moyenne, 3 boeufs. L'élevage bovin constitue dans les deux villages de l'observatoire un complément à l'agriculture. Les boeufs de trait, qui sont utilisés principalement pour les travaux des champs (labours, transport des récoltes, etc...), constituent 5% du cheptel : 15% à Maromandia et seulement 1% à Ampohibe. 80% du cheptel est composé "d'autres bœufs", élevés de façon plus extensive et 41 participant accessoirement aux travaux des rizières aquatiques. Les autres composantes du cheptel bovin sont : les veaux (12% du cheptel bovin au niveau de l’observatoire mais plus nombreux à Ampohibe), les vaches laitières (1%) et les boeufs de fosse (2%). Tableau 35 Composition du cheptel bovin Type de boeufs Maromandia Effectif % 22 14,7 Boeufs de trait 8 5,3 Boeufs de fosse 116 77,3 Autres boeufs 0 0 Vaches laitières 4 2,7 Veaux 150 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe Effectif 4 1 283 4 54 346 % 1,1 0,3 81,9 1,1 15,6 100 Observatoire Effectif % 26 5,3 9 1,8 399 80,4 4 0,8 58 11,7 496 100 Un renouvellement continu du cheptel bovin Durant la campagne agricole 94-95, le cheptel a diminué de 161 têtes. C'est la catégorie des autres boeufs qui a connu la plus forte baisse avec 157 têtes de moins, dont 121 morts. Les problèmes de santé animale sont les obstacles majeurs qui limitent l'extension de l'élevage bovin. En effet, près d’un quart du cheptel est mort au cours de la période d’observation, ce qui est très élevé. La catégorie la plus touchée est celle des autres boeufs avec un taux de 30%. Ceci reflète les lacunes de l’encadrement technique et vétérinaire en milieu rural. Par contre, le problème de l'insécurité ne semble pas affecter les éleveurs d’Antalaha dans la mesure où seulement 3 têtes ont été volées. Tableau 36 Evolution du cheptel bovin hors naissance Type de boeufs Achetés Vendus 2 2 Boeufs de trait 1 0 Boeufs de fosse 38 35 Autres boeufs 0 0 Vaches laitières 4 3 Veaux 45 40 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Volés Morts 0 0 3 0 0 3 1 0 121 1 0 123 Cérémonies et autoconsommés 4 0 36 0 0 40 Accroissement des effectifs -5 1 -157 -1 1 -161 En ce qui concerne l’achat et la vente du cheptel bovin, 9% ont été achetés et près de 8% ont été vendus au cours de l'année écoulée. L’utilisation du troupeau comme moyen de spéculation apparaît ici car, malgré un flux très proche d’achat et de vente, les recettes sont largement plus importantes que les dépenses d’achat de boeufs. En effet, durant la campagne 94-95, l'investissement net moyen pour les ménages éleveurs ayant investi est de -125 000 Fmg. Ces investissements ont surtout eu lieu à Maromandia, et ont porté sur les veaux et les boeufs de fosse. Quant au mode de tenure, les deux tiers des boeufs sont gardés par leurs propriétaires. Pour le reste, le salariat est le mode de tenure le plus fréquent. Le métayage ne concerne qu’une petite partie du cheptel. La transhumance est très rare, seulement 6 ménages la pratiquent dans l’observatoire. 42 Tableau 37 Les investissements nets moyens en cheptel bovin par ménage ayant investi Type de bovin Maromandia Ampohibe en milliers de Fmg en milliers de Fmg -125 0 Boeufs de trait 455 0 Boeufs de fosse -205 -119 Autres boeufs 105 0 Veaux -125 -124 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. investissement net moyen=((dépense - recette)/nombre de ménages ayant acheté ou vendu des boeufs) Observatoire en milliers de Fmg -125 455 -150 105 -125 Enfin en ce qui concerne les perspectives pour les prochaines campagnes, plus des trois quarts des ménages souhaiteraient acquérir des boeufs ou augmenter la taille de leur troupeau. Les raisons avancées pour justifier cet intérêt sont d'ordre économique : 61% d'entre eux invoquent l'aide que les bovins apportent à l'agriculture, 21% voient dans les boeufs une épargne utilisable à tout moment, et seulement 18% pensent que le troupeau est un signe extérieur de richesse. Les autres types d'élevage Tableau 38 Effectifs des animaux Type d'animaux Maromandia Effectif 7 Porcs 3813 Volailles 3 lapins 0 Autres Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe Effectif 38 2741 0 3 Observatoire Effectif 45 6554 3 3 Sur l'ensemble de l'observatoire, 8 ménages sur 10 pratiquent au moins un autre type d’élevage. La répartition de ces ménages est assez équilibrée dans les deux villages. l’élevage extensif de volaille est de loin le plus répandu : 79% des ménages de l'observatoire le pratiquent, un peu plus à Maromandia qu'à Ampohibe. L’élevage de porcs ne comptent que 45 têtes dans l’observatoire. Le tableau 39 montre les mouvements des effectifs animaux et permet de faire ressortir la proportion vendue, autoconsommée ou perdue par maladie. Les vols ou les pertes sont importants. Par contre les problèmes sanitaires sont responsables d’une mortalité élevée. La volaille est essentiellement destinée à l’autoconsommation ; en revanche l’élevage de porc permet l’amélioration du revenu de quelques rares ménages. En effet, 1e nombre de têtes vendues représentent 64% de l’effectif au moment de l’enquête, alors que la consommation ne représentent que 16%. Tableau 39 Mouvements des effectifs (hors naissance) durant l’année 94-95 Type Achetés Vendus d'animaux 7 29 Porcs 173 254 Volailles 2 0 Lapins Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Volés ou perdus 7 2857 0 Morts (maladies) 6 3309 0 43 Consommation familiale 7 2384 1 Accroissement des effectifs -42 -8631 1 Les dépenses consacrées aux animaux Près de 9 ménages sur 10 pratiquent l'élevage (à petite échelle ou à grande échelle) dans l'observatoire (453 ménages en tout). Parmi ces ménages, seulement 163 ont réalisé des dépenses pour la bonne marche de leurs activités. Les dépenses pour la nourriture et les médicaments des animaux sont les plus importants. Ils constituent 87% des dépenses totales consacrées aux animaux, et 20% des ménages éleveurs ont eu de tels frais. Les autres types de dépenses sont minimes : ristournes liés aux ventes (5%), dédommagement des dégâts causés par les animaux (2%), entretien (5%) ainsi que les salaires (1%) Tableau 40 Structure des dépenses consacrées aux animaux Type de dépenses Maromandia Nombre de ménages ayant effectué des dépenses Structure des dépenses totales % 21 13,2 Médicaments 1 2,4 Salaires 10 5,3 Entretiens 58 79,0 Nourriture 1 0,1 Ventes 0 0 Dédommagement 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe Observatoire Nombre de ménages ayant effectué des dépenses Structure des dépenses totales % Nombre de ménages ayant effectué des dépenses Structure des dépenses totales % 46 0 11 32 3 2 40,7 0 5,1 38,8 10,7 4,7 100 67 1 21 90 4 2 25,2 1,4 5,2 61,5 4,7 2,0 100 L’importance des dépenses consacrées aux médicaments soulignent le paradoxe de la situation actuelle : les réseaux d’approvisionnement existent et semble-t-il, fonctionnent plus ou moins bien, les ménages dépensent des sommes non négligeables dans l’achat de médicaments pour les animaux, mais l’efficacité en semble limitée. Reste à savoir si les médicaments sont très coûteux et donc sous utilisés ou mal utilisées, ou si l’absence de conseils techniques en limitent l’impact thérapeutique. La situation est d'ailleurs différente d'un village à l'autre, les achats en médicaments représentent une part des dépenses plus importantes à Ampohibe qu'à Maromandia Ceci s’explique par la présence dans la première localité d'un vétérinaire et de diverses activités commerciales, notamment pharmaceutiques. Ses habitants recourent donc plus aisément aux services et produits vétérinaires. 44 IV.LES ACTIVITES EN DEHORS DE L’AGRICULTURE ET DE L’ELEVAGE L’agriculture est l’activité principale des ménages, mais 41% des ménages pratiquent des activités secondaires, souvent saisonnières. Cette proportion est plus élevée à Ampohibe (48%) qu’à Maromandia (33%). Ces activités fournissent des revenus supplémentaires aux ménages. IV.1 LES ACTIVITES DE PETIT COMMERCE, D’ARTISANAT OU DE SERVICE Les différents membres des ménages (chef de ménage, conjoint, enfant, etc.) participent aux activités de petit commerce, artisanat et service, mais de façon saisonnière. 48% de leur temps de travail est utilisé pour se procurer de la matière première, 28% est consacré à la fabrication ou transformation et 24% à la vente. La durée d’exercice des activités marchandes varie en fonction de la nature du travail. Le commerce, les activités forestières et le tressage sont les activités pratiquées régulièrement tout au long de l’année. Les activités artisanales (couturier, tailleur, maçon bijoutier orpailleur) sont des activités qui ne durent que quelques mois dans l’année et qui fonctionnent irrégulièrement sauf celles relatives à l’or. Cette dernière profession regroupe 68% des ménages pratiquant des activités artisanales autres que le tressage. Le chiffre d’affaires annuel de ces activités de petit commerce d'artisanat et de service a atteint 23 millions de Fmg pour les deux villages de l’observatoire au cours de la campagne 94-95. Plus de la moitié de ce montant (55%) proviennent des activités commerciales et 40% des artisanats autres que le tressage. L’apport de revenu issu des exploitations forestières est minime. Compte tenu du poids du commerce, il est plus pertinent de raisonner en terme de production ou de valeur ajoutée. L'ensemble de ces activités ont dégagé une production annuelle de 16 millions de Fmg et ont crée une valeur ajoutée de 14 millions de Fmg. En moyenne, la production et la valeur ajoutée par activité exercé s’élèvent respectivement à 100 000 Fmg et 86 000 Fmg. Pour souligner l’importance du commerce, il faut noter que la production et la valeur ajoutée moyennes des activités commerciales sont plus élevées et atteignent 134 000 Fmg. Ces chiffres montrent la contribution importante de ces activités au budget familial des ménages. En moyenne, les activités sont plus rémunératrices à Maromandia qu’à Ampohibe. Dans le cas du commerce, la valeur ajoutée moyenne est de 180 000 Fmg à Maromandia et seulement 84 000 Fmg à Ampohibe. En terme de revenu annuel brut, ces types d'activités rapportent aux ménages qui les pratiquent, un revenu de 15 939 000 Fmg mais ce chiffre cache des disparités importantes entre les ménages dont le revenu moyen se situe à 181 000 Fmg. Le taux de la valeur ajoutée est très élevé atteignant plus de 86% pour l’ensemble des activités (95% pour le secteur primaire et 99% pour le secteur tertiaire). Ceci est lié à l’utilisation massive des produits de la nature comme consommations intermédiaires, ce qui suppose un des investissements minimes. Environ 74% des ménages affectent ces types de revenu à l’achat de nourriture. La part réservée à l’investissement dans l’agriculture ou dans l’élevage est relativement faible (11%). Les dépenses sociales et scolaires sont très faibles et ne dépassent même pas 1%. Il n’y a pas de différence majeure entre les deux villages sauf en ce qui concerne les autres dépenses pour lesquelles les ménages de Maromandia consacrent 22% de leur revenu, contre 5% de ceux d'Ampohibe. 45 Une bonne performance du commerce et des autres artisanats . Les principaux indicateurs tels que le chiffre d’affaires, la production, et la valeur ajoutée montrent la bonne performance économique du secteur tertiaire et celle relativement faible du secteur primaire (ne comprenant que l’exploitation forestière). Une activité dans le commerce (secteur tertiaire) dégage une production annuelle moyenne de 134 000 Fmg alors que pour l'exploitation forestière la production moyenne n’est que de 56 000 Fmg. Le secteur secondaire se comporte bien par rapport au secteur primaire mais n’égale pas la performance du secteur tertiaire puisque la production est en moyenne est de 90 000 Fmg. Sur un chiffre d’affaires total de 10 038 000 Fmg, du secteur secondaire, les autres artisanats réalisent 9 094 000 Fmg. Tableau 41 Indicateurs du niveau d'activité par branches d'activités marchandes Secteur Chiffre d'affaires total 225 Secteur primaire 225 Exploitation forestière 10038 Secteur secondaire 944 Tressage 9094 Autres artisanats 12449 Secteur tertiaire 12408 Commerce 41 Services aux particuliers 22712 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. * Moyenne par activité Valeur en 1000 Fmg par an pour l'ensemble de l'observatoire Chiffre Production Production Valeur d'affaires totale moyenne* ajoutée totale moyen* 56 225 56 213 56 225 56 213 90 10038 90 7790 41 944 41 752 103 9094 103 7038 283 5676 129 5662 295 5635 134 5635 21 41 21 27 174 15939 100 13665 Valeur ajoutée moyenne* 53 53 70 33 80 129 134 14 86 La cueillette, la chasse Ces actions de prélèvement direct de produits de la nature sont assez fréquentes dans l’observatoire puisque un peu plus de la moitié des ménages pratiquent la chasse, la cueillette, ou la pêche. La moitié des ménages à Maromandia ont recours à ce genre d’activité tandis qu’à Ampohibe, ils sont seulement un peu plus d’un tiers. La pêche est l’activité la plus exercée puisque deux tiers des ménages la pratiquent au moins une fois par semaine. Les autres activités sont plutôt saisonnières notamment la chasse. Dans 224 ménages de l'observatoire, au moins un membre de la famille pratique l'élevage alors que seulement 3% de ménages font de la chasse, et 7% de la cueillette. La participation des membres du ménage à ces prélèvements directs de produit de la nature varie selon l’activité. Les épouses et les enfants sont ceux qui prennent le plus part à la pêche puisque, dans les ménages pratiquant cette activité, 40% des épouses et 51% des enfants y prennent part, contre seulement 30% des chefs de ménages. Le produit des pêches est surtout destiné à l’autoconsommation. Les produits de la cueillette servent surtout à apporter un complément de revenu aux ménages qui l’exercent puisqu’un peu moins de deux tiers des familles destinent leurs produits à la vente. En général, les produits subissent une transformation avant d’être mis sur le marché. 46 Tableau 42 Destination des produits pour 100 activités Autoconsommation 39,6 Plantes sauvages 39,6 Espèces végétales 33,3 Miel 58,6 Poissons de mer 43,7 Poissons d'eau douce Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO Transformés et vendus 57,6 57,6 50,0 41,4 40,1 Vendus en l'état Total 2,8 2,8 16,7 0,0 16,2 100 100 100 100 100 Le salariat. Près de 57% de la population à Maromandia exercent au moins une activité salariale et 43% à Ampohibe. Ces activités salariales sont dans neuf cas sur dix exercées dans le secteur primaire, et plus précisément, 81% des activités de ce secteur se rapportent au salariat agricole. Le secteur secondaire et le secteur tertiaire sont insignifiants, avec respectivement, 2% (artisanats autres que le tressage) et 7% (commerce 3% et administration 3%) des activités salariales. Plus de neuf dixièmes des individus exerçant une activité salariée sont des ouvriers non qualifiés et les contrats passés entre les employeurs et les salariés sont presque toujours verbaux (93% des cas). Plus de 90% des entreprises locales sont de petites entreprises privées et on trouve quelques associations et des entreprises publiques. Le travail des salariés est surtout irrégulier (94%), il s'exerce à 97% à l’intérieur du Firaisana. Les ménages à Maromandia exercent un peu plus d’activités salariales dans les secteurs secondaires et tertiaires que ceux d’Ampohibe. Tableau 43 Structure par branches des activités salariales Secteurs Maromandia 88,7 Secteur primaire Agriculture, agro-alimentaire Elevage Exploitation forestière Chasse et pêche 2,0 Secteur secondaire Autres artisanats 9,3 Secteur tertiaire Commerce Services aux particuliers Administration 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs Madio Ampohibe 95,6 80,1 0,7 7,2 0,7 Observatoire 91,4 82,7 0 12,9 0 2,2 2,0 81,2 0,4 9,4 0,4 2,0 2,2 2,2 4,6 0,7 4,0 2,0 6,6 1,1 0 1,1 100 3,3 0,4 2,9 100 En 1994, ces activités salariales ont rapporté en moyenne 36 237 Fmg par mois à Maromandia et 32 129 Fmg à Ampohibe et respectivement 34 524 Fmg et 39 893 Fmg en 1995. Elles constituent un apport de revenu supplémentaire pour ceux qui ont une activité principale dans l’agriculture ou dans l’élevage et une source de revenu principal pour d’autres. Elles sont la plupart du temps localisées dans le secteur informel. 47 V LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LA SANTE V.1 UNE SECURITE ALIMENTAIRE RELATIVEMENT ASSUREE Bien que productrices de biens alimentaires, la plupart des populations rurales connaissent des difficultés d’approvisionnement, notamment pendant la période de soudure quand les réserves s’amenuisent. Certains ménages sont plus vulnérables que d’autres, selon les facteurs de production à leur disposition, les choix culturaux, la composition de la famille, les charges financières et les destinations des produits. En comparaison des autres observatoires, les habitants d’Antalaha sont mieux lotis, car bien que la sécurité alimentaire n’est pas assurée pour tous, deux tiers des ménages sont autosuffisants pendant au moins 10 mois . Les pratiques alimentaires, le niveau de sécurité alimentaire et les stratégies des familles pour améliorer celui-ci sont examinés cidessous. Le régime alimentaire des populations dépend évidemment des systèmes de production, euxmêmes guidés par les conditions éco-géographiques. Les villages sont représentatifs de la polyculture vivrière peu variée et de petites plantations à vocation commerciale de la partie Nord Est du pays. Si le riz est la denrée prépondérante, il est cependant complété par d’autres produits pour la moitié des ménages. Du riz au moins deux fois par jour.... Le riz compose l’aliment de base de l’observatoire. Si le déjeuner et le dîner comportent presque exclusivement des plats de riz, la composition du petit déjeuner est plus diversifiée, même si la moitié des ménages consomment du riz trois fois par jour. Une proportion importante de la population (35 %) consomme du manioc et une partie non négligeable (10 %) du taro ou d’autres tubercules (8%). Comparé aux autres observatoires, la situation alimentaire est relativement satisfaisante, surtout à Ampohibe. Tableau 44 Aliment principal de 100 ménages selon les repas Petit déjeuner % Maromandia Ampohibe 47,9 49,2 Riz 0,8 0,4 Maïs 1,1 0,0 Patate douce 32,2 38,1 Manioc 0,4 0,4 Pain 9,9 11,5 Taro (saonjo) 7,7 0,4 Autres tubercules 100 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Déjeuner Maromandia Ampohibe 96,9 96,6 0,4 0,0 2,3 0,4 0,4 2,3 0,0 0,0 0,0 0,4 0,0 0,0 100 100 Dîner Maromandia Ampohibe 100 100 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 0,0 100 100 En effet, deux tiers de la population arrivent à subvenir à ses besoins avec leur propre production pendant presque toute l’année, et 9 ménages sur 10 le font pour au moins 7 mois. Cependant, 1 sur 11 est démuni pendant la moitié de l'année ou plus. On remarquera que le village d'Ampohibe, mieux doté, connaît une situation meilleure que Maromandia. 48 Tableau 45 Durée de la couverture alimentaire par an Nombre mois Maromandia autosuffisance % % cumulé alimentaire 57,8 57,8 10 et plus 25,0 82,8 7-9 14,8 97,6 4-6 2,4 100 1-3 0 100 0 100 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. % Ampohibe % cumulé 73,4 20,6 5,2 0,8 0 100 73,4 94,0 99,2 100 100 100 % Observatoire % cumulé 65,6 22,8 10,0 1,6 0 100 65,6 88,4 98,4 100 100 100 La soudure, période de restriction pour la majorité des ménages Comment réagissent les familles face à ces déficits vivriers en période de "soudure"? L'immense majorité diminue les rations des aliments de base ordinaires (73%). A Maromandia, 80% des ménages se trouvent dans cette catégorie, et 64% à Ampohibe, Un ménage sur deux de l’observatoire consomme des aliments de substitution. Dans les deux villages, le manioc est l’aliment le plus consommé en période de soudure, suivi de loin par le taro, les fruits à pain et la banane. Il faut noter que, les ménages dans le village de Maromandia disposent d’aliments plus variés que ceux d’Ampohibe. En revanche le bilan quantitatif montre que la situation alimentaire est plus tendue à Maromandia qu’à Ampohibe. C’est peut-être, la raison pour laquelle une forte proportion de la population de Maromandia déclarant un surplus garde celui-ci en stock , le destinant peut-être à la vente au détail dans le village même pendant la période de soudure. Cette proportion est moins élevée pour le village d’Ampohibe. La vente d'aliments de base à la récolte concerne peu de ménages Les comportements de détresse économique sont marginaux dans l’observatoire. Les ménages ont une situation alimentaire relativement aisée surtout à Ampohibe où 73% des ménages ont une couverture alimentaire de plus de dix mois. Vendre des aliments de base (riz et tubercules) à la récolte n'est pas courant ; seuls 13% des ménages le font. Cette proportion n'atteint que 17% dans la classe de couverture alimentaire la plus élevée (10 mois et plus). Elle est plus faible pour les classes inférieures (avec cependant un chiffre surprenant pour la plus basse). Tableau 46 Vente d'aliments de base à la récolte selon la couverture alimentaire Taux de couverture alimentaire (en mois) % ménages Ayant un surplus d'aliments de base Vendant des aliments de base à la récolte 0,0 12,5 1-3 0,0 5,9 4-6 0,0 3,5 7-9 66,8 17,1 10 et plus 12,8 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Raisons des ventes total Dépenses domestiques Dépenses sociales Remboursement d'emprunt Investissement productif 0 66,7 100 92,7 90,5 0 0 0 5,5 4,7 100 0 0 0 1,6 0 33,3 0 1,8 3,2 100 100 100 100 100 La principale raison qui incite quelques ménages à vendre est la nécessité de s’acquitter de dépenses domestiques. Les dépenses sociales ne concernent que ceux qui ont une couverture 49 alimentaire supérieure à dix mois, et les remboursements d'emprunts que ceux de la classe la plus basse. Que mange-t-on pendant la période de soudure? Les stratégies des ménages face aux pénuries de la période de soudure varient selon le taux de couverture alimentaire. En effet, la quasi-totalité des ménages qui n'assurent leur alimentation que moins de 10 mois par an diminue les rations des aliments de base, alors que ceux de la classe supérieure ne sont plus que 66% à le faire à Maromandia et 52% à Ampohibe. De façon semblable, la consommation d'aliments de substitution est plus faible pour la classe supérieure que pour les autres. Les ménages qui diminuent leur ration d’aliments de base, ainsi que ceux qui consomment des aliments de substitution pendant la soudure, sont plus nombreux à Maromandia qu’à Ampohibe, ce qui confirme que la sécurité alimentaire est plus assurée dans ce dernier village. Tableau 47 Stratégie alimentaire en période de soudure selon la couverture alimentaire Taux de couverture alimentaire (en mois) Maromandia Ampohibe % des ménages Diminuant les rations des aliments de base % des ménages Consommant des aliments de substitution Diminuant les rations des aliments de base Consommant des aliments de substitution 83,3* 76,3 73,3 46,3 58,4 100* 92,3 100 51,6 64,1 50,0* 84,6 80,8 43,8 53,6 100* 1-3 100 4-6 98,4 7-9 66,2 10 et plus 80,1 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ne concerne que 1,6% des ménages de l’observatoire. L'acquisition des aliments faisant défaut aux ménages s'opère aussi selon des stratégies différentes d'une classe à l'autre (tableaux 47, 48, 49). Pour en rester au plan qualitatif, on voit que les activités salariales, sont les plus pratiquées par les ménages des classes inférieures de couverture alimentaire. Les autres activités (artisanats commerces) nécessitant souvent un fonds de démarrage ou un crédit trouvent au contraire, plus d’adeptes chez les ménages de Tableau 48 Moyens d'obtention des aliments pendant la période de soudure selon la couverture alimentaire (Maromandia) Taux de couverture alimentaire (en mois) 1-3 4-6 7-9 10 et plus Travail salarié 50 55,3 47,6 37,3 Emprunt en nature 16,7 5,3 7,9 6,8 45,2 7,2 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. en argent 16,7 23,7 19,3 16,9 19,3 Aide de la parenté Autres (activités artisanales, commerciales ou de services, et réponses mal définies) Total en nature en argent 0,0 7,8 6,5 8,5 0,0 0,0 1,2 1,7 16,6 7,9 17,5 28,8 100 100 100 100 7,2 1,2 19,3 100 classe de couverture alimentaire supérieure. Le recours à l'emprunt est minime à Ampohibe et réservé à quelques ménages de classe supérieure. Il est plus important à Maromandia (27% des ménages) et décroît avec le taux de couverture alimentaire. La faiblesse du recours à la parenté est globalement très faible, ce qui révèle probablement la faiblesse de la solidarité familiale, quelle que soit la classe. 50 La situation sociale révélée par la sécurité alimentaire est relativement égalitaire, comparée à celle de l’observatoire de Vakinankaratra. De plus, une grande majorité de la population est pour le moins assurée de couvrir ses besoins alimentaires. Tableau 49 Moyens d'obtention des aliments pendant la période de soudure selon la couverture alimentaire (Ampohibe) Taux de couverture alimentaire (en mois) 0 1-3 4-6 7-9 10 et plus Total Travail salarié 50,0 69,2 46,2 25,2 35,8 Emprunt Aide de la parenté en nature en argent en nature en argent 0,0 0,0 0,0 3,1 1,8 0,0 0,0 3,8 5,3 4,3 0,0 0,0 5,8 1,1 2,5 0,0 0,0 1,9 0,0 0,6 Autres (activités artisanales, commerciales ou de services, et réponses mal définies) Total 50,0 30,8 42,3 65,3 55,0 100 100 100 100 100 100 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. V.2 PROBLEMES DE SANTE : ENVIRONNEMENT ET PROXIMITE DES CENTRES DE SOINS Interrogés sur l’affection la plus répandue et la plus sérieuse que rencontrent adultes et enfants, un peu moins de la moitié des villageois ont déclaré que le paludisme est la maladie la plus courante dans l’observatoire, suivi de la diarrhée et des affections respiratoires. Le climat tropical et l’humidité qu’on voit dans ces régions à proximité de la mer, favorise le foisonnement des anophèles, ce qui explique que le paludisme est parmi les maladies dont souffre le plus la population de l’observatoire. Le taux est cependant plus élevé chez les enfants (61% des réponses), ce qui s’explique peut-être par une immunisation plus faible que celle des adultes (42% des réponses). Les diarrhées occupent une place assez importante également, dans la mesure où plus de 15% des réponses les mentionnent, aussi bien pour les adultes que pour les enfants. Le manque d’hygiène dans l’alimentation peut être à l’origine de cette infection. Les affections respiratoires sont citées dans plus de 10% des cas, pour les adultes comme pour les enfants. Tableau 50 Principaux problèmes de santé Maromandia Adultes Enfants Diarrhées 13,7 21,5 Paludisme 45,8 55,2 Infection respiratoire 12,6 15,9 Tuberculose 0,0 0,0 Infection de plaies 0,0 0,0 Traumatisme osseux 3,4 0,5 Autres 24,2 6,7 Total 100 100 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe Adultes 15,1 38,9 15,1 0,0 3,6 5,56 21,8 100 Enfants 12,9 66,7 12,4 0,0 0,5 0,0 7,0 100 Observatoire Adultes Enfants 14,4 17,2 42,4 61,1 13,8 14,2 0,0 0,0 1,7 0,3 4,5 0,3 23,2 6,8 100 100 Chaque village bénéficie de l’existence d’un centre de soins et de santé primaire en état de fonctionnement, supervisé par un infirmier et pourvu de quelques médicaments. Cette situation privilégiée n’est malheureusement pas représentative des zones rurales environnantes. Aussi, ne sera-t-on pas surpris que près des trois quarts des habitants fassent une visite à ces dispensaires en cas de maladie et qu’en cas d’aggravation de la maladie, plus des neuf dixièmes en font autant. 51 Enfin, dans un premier temps, certains malades adoptent d’autres attitudes, particulièrement l’automédication en pharmacopée traditionnelle ou en achetant des médicaments allopathiques. Quelques rares ménages vont consulter un médecin, probablement en ville, ou le guérisseur. Tableau 51 Réactions des ménages en cas de maladie Attente Visite chez le médecin Visite au dispensaire/hôpital Visite chez le guérisseur Auto-médication (pharmacopée traditionnelle) Achat à la pharmacie communautaire Achat de médicaments Total Maromandia 5,7 1,5 77,9 0,8 11,5 0,4 2,3 100 Maladie Ampohibe 0,8 2,4 68,7 1,9 12,7 0,0 13,5 100 Aggravation de la maladie Observatoire Maromandia Ampohibe Observatoire 3,3 0,4 0,0 0,2 1,9 3 1,2 2,1 73,4 90,1 96,8 93,4 1,4 3,4 0,8 2,1 12,0 3,1 0,0 1,6 0,2 0,0 0,0 0,0 7,8 0,0 1,2 0,6 100 100 100 100 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Les deux villages présentent des grandes tendances identiques. Tout au plus peut-on constater que les malades d’Ampohibe sont très peu nombreux à négliger tout soin, alors que 6% de ceux de Maromandia ont cette attitude peu rationnelle. De même, ceux d’Ampohibe sont relativement plus nombreux à acheter des médicaments. Ces quelques divergences reflètent peutêtre une plus grande pauvreté à Maromandia. Tableau 52 Fournisseurs des médicaments aux ménages Maromandia 66,8 Epicier 0,0 Marchand ambulant 33,2 Pharmacie 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe 85,3 2,9 11,8 100 Observatoire 82,5 2,5 15 100 Les moyens de se procurer les médicaments montrent le rôle capital de l'épicier local : 83% des ménages de l’observatoire s'approvisionnent chez lui et son importance est plus marquée à Ampohibe où le taux de fréquentation atteint 85% contre 67% à Maromandia. Les autres ménages s'adressent plutôt au dépôt de médicaments situé dans chaque village. Comme celui d’Ampohibe est moins performant, les habitants de ce village fréquentent davantage l’épicier. 52 VI.- LES INDICATEURS DE NIVEAU DE VIE VI 1 - LES DEPENSES COURANTES Mesurer les dépenses des ménages en milieu rural est une opération lourde et hasardeuse, compte tenu de la forte saisonnalité de la consommation et l’absence de comptabilité écrite des budgets familiaux. Aussi, plutôt que chercher à quantifier de manière exhaustive la consommation des ménages, nous avons retenu un certain nombre de poste de dépenses, parmi les plus importants, et pour lesquels les ménages sont susceptibles de garder la mémoire. Nous nous sommes penchés sur l’équipement du logement, l’habillement, les déplacements, la santé et l’éducation, les dépenses administratives et enfin les dépenses « sociales » (tombeau, cérémonie, église, fokontany). Pour chaque poste nous avons calculé le pourcentage des ménages n'ayant rien dépensé. Ceci nous permet de repérer les types de dépenses les plus répandues et ainsi d’avoir une indication sur les habitudes de consommation des ménages. Tableau 53 Dépenses annuelles moyennes des ménages en milliers de Fmg (année 94-95) Maromandia Ampohibe Moyenne % sans Moyenne % sans dépenses dépenses Santé 43 8,0 38 6,3 Ecolage 39 46,6 36 35,3 Habillement 86 9,2 68 4,4 Transport 118 56,9 34 22,6 Equipement du logement 90 23,7 37 21,4 Frais administratifs 45 77,1 14 66 Dépenses sociales 22 3,4 27 2,8 - liées aux tombeaux 17 88,9 119 96,0 - liées aux cérémonies 15 21,8 21 17,1 - liées aux églises 8 34,4 6 43,3 - liées au Fokontany 5 37,0 3 59,5 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. N.B.: les différences avec la publication de synthèse tiennent à une base de calcul différente Observatoire Moyenne % sans dépenses 40 7,2 37 41,1 77 6,8 65 40,1 64 22,6 27 71,6 25 3,1 44 92,4 18 19,5 7 38,7 4 48,1 Les dépenses les plus usuelles des ménages de l'observatoire sont celles de la santé et de l'habillement. Pour chacun de ces deux postes seuls 7% des ménages déclarent ne rien avoir dépensé. L’équipement du logement vient en seconde position. Environ deux ménages sur dix n'ont rien alloué à ce poste. Viennent ensuite le transport (40% de sans dépenses) et l'écolage (41%). En effet les contraintes budgétaires poussent les familles à ne donner qu’une scolarisation de base aux jeunes enfants. Les frais administratifs sont les plus négligés par les ménages (72% sans dépense), ce qui traduit la faible emprise de l’Etat sur le monde rural, aggravé par le désengagement récent. Une grande inégalité règne entre les ménages de l'observatoire en ce qui concerne les dépenses. Si on considère les dépenses d’habillement - les plus courantes chez les ménages de cet observatoire - un ménage consacre en moyenne 77 000 Fmg dans l’année pour s’habiller, et la moitié des ménages dépensent au plus 50 000 Fmg. Cette inégalité entre les ménages est plus atténuée dans le village d’Ampohibe, la proportion des "sans dépenses" pour chaque poste étant moins élevée. Deux types de dépenses "sociales" peuvent être distinguées : 53 - d’une part les frais de construction et d’entretien des tombeaux sont comparables à des dépenses immobilières. Elles peuvent être relativement élevées. 4% des ménages d’Ampohibe ont alloué en moyenne 119 000 Fmg pour les tombeaux. Or à Maromandia 11% des ménages n’ont déboursé en moyenne que 17 000 Fmg en un an. - D'autre part, les dépenses liées aux cérémonies, aux églises et au "Fokontany" sont plus légères mais plus fréquentes dans l'année. Les activités du Fokontany sont les plus délaissées par les habitants des deux villages. Ils ont affecté à ce poste 4 000 Fmg en moyenne et environ un ménage sur deux n'y ont pas participé. Dans les dépenses "sociales", celles liées aux cérémonies sont les plus importantes. Elles s'élèvent à 18 000 Fmg par an en moyenne et seulement un ménage sur cinq sont sans dépenses. VI 2 - DES ACTIVITES DE CREDIT LIMITEES Les villageois tirent principalement leurs ressources des activités agricoles. Il est certain que la saisonnalité de tels revenus renforce leurs contraintes budgétaires et contribue à affaiblir encore plus leur pouvoir d'achat. Le recours au crédit pourrait assouplir une telle contrainte, et aider les agriculteurs à donner plus d'essor à leurs activités. On observe pourtant que, d'une part seule une minorité de ménages emprunte (27% à Maromandia et 12% à Ampohibe) et que, d'autre part, les montants des sommes empruntées sont très faibles. Pendant la campagne 94-95, la somme moyenne empruntée était d'environ 5000 Fmg par ménage emprunteur. Tableau 54 Montant des sommes empruntées (en milliers de Fmg) 1994-95 Ménages Maromandia 63,0 Pas d’emprunt 6,9 ]0;1500 21,7 ]1500;5000] 6,1 ]5000-10000] 2,3 >10000 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. * par ménage emprunteur Somme moyenne Maromandia Ampohibe 0 0 1000 1000 3386 3077 8188 7714 18667 185000 4680* 16241* Ampohibe 88,4 2,8 5,2 2,8 0,8 100 Les ménages s'adressent surtout à d'autres membres de leur famille. 13% seulement des ménages emprunteurs (18 ménages) font appel à l'usure. Aucun crédit n'est contracté auprès d'un organisme officiel. Tableau 55 Répartition des ménages emprunteurs selon la source principale des emprunts (1994-95) Maromandia 89,0 A la famille hors ménage 10,1 Usure (remboursement en nature) 0,9 Crédit informel (en argent) 0 Crédit auprès d’une association 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe 76,7 23,3 0 0 100 Observatoire 86,4 12,9 0,7 0 100 VI 3 - L’HABITAT Les principales caractéristiques de l’habitat constituent des indicateurs importants du niveau de vie des ménages, qui vont au-delà des mesures basées sur le seul niveau des revenus. En effet, les revenus ne traduisent que des flux. En période de crise, cela ne reflète pas de façon satisfaisante le niveau de vie de la population qui dépend aussi du patrimoine accumulé dans le passé, et qui a pu être investi dans le logement. 54 Le logement Le type d'habitat est pratiquement le même dans les deux villages de l'observatoire. Huit à neuf ménages sur dix vivent dans des maisons individuelles, avec en moyenne deux pièces par ménage. Les murs sont surtout construits avec des végétaux (84%) et le sol en bois ou écorce de "ravinala" (98%). A Maromandia, les toits en tôle sont plus fréquents (dans près de 2/3 des cas), alors que les habitants d'Ampohibe utilisent le plus souvent des feuilles de palmier (58%) pour couvrir leurs maisons. Généralement, les ménages (99%) ont aménagé un coin cuisine à l’intérieur de leur lieu d'habitation. Par contre seuls 11% des ménages possèdent un coin douche. Tableau 56 Type de logement Maromandia 90,5 8,4 2,2 98,1 9,3 82,4 15,7 1,9 98,1 1,5 66,4 31,7 % Maison individuelle case Nombre moyen de pièce par ménage Possède un coin cuisine Possède un coin douche Nature des murs : végétaux Nature des murs : planche Nature des murs : tôle Revêtement du sol : bois Revêtement du sol : ciment béton Nature du toit : tôle Nature du toit : autre végétal Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe 79,4 19,0 2,1 99,2 12,4 85,7 11,1 3,2 98,4 0,8 40,9 58,3 observatoire 85,0 13,6 2,2 98,6 10,8 84,1 13,4 2,5 98,2 1,2 53,9 44,7 L’accès aux principaux services publics d’aménagement Comme dans toutes les campagnes malgaches, les aménagements publics sont quasiinexistants. Les hameaux ne bénéficient d'aucune installation électrique ou d’adduction d'eau. Ainsi pour s'éclairer, tous les ménages d'Ampohibe et 99% des ménages de Maromandia utilisent des lampes à pétrole. Le bois, disponible en grande quantité, reste le principal combustible (96% des ménages). Pour l'eau, 84% des ménages utilisent les sources et les cours d'eau avoisinants. A Ampohibe, 30% des ménages ont creusé des trous d'eau qui une fois sur deux ont été aménagés en puits. Ces difficultés d’accès à l’eau conditionnent le type d’aisance disponible. Près de 7% des ménages utilisent des fosses communes perdues, et 8% des fosses perdues individuelles. La grande majorité (85%) est contrainte d’aller dans la nature. Tableau 57 Equipement des ménages % Mode d’éclairage : pétrole Combustible utilisé : bois Approvisionnement en eau : cours d’eau et source Type d’aisance : fosse perdue individuelle Type d’aisance : fosse perdue en commun Type d’aisance : dans la nature Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Maromandia 99,2 95,0 98,1 9,2 9,9 80,9 Ampohibe 100 97,6 69,3 7,5 3,2 89,3 Total 99,6 96,3 84,3 8,4 6,6 85,0 Le statut d’occupation de la maison Les villageois ont souvent construit leurs maisons par leurs propres moyens en utilisant les matériaux qu'ils ont pu tirer de leur environnement naturel. Il n'est donc pas surprenant que la 55 majorité (90%) soit propriétaire. Rares sont ceux qui ont leur titre de propriété étant donné l'enclavement des villages et la quasi absence des infrastructures administratives. A Maromandia 7% des ménages n'ont pas leur propre foyer et sont logés par d'autres ménages propriétaires. Moins de 2% des ménages de l'observatoire ont une ou plusieurs maisons à louer. Tableau 58 Mode d’occupation des logements % Propriétaire avec titre Propriétaire sans titre Logé par le propriétaire Autre Total Possède une ou plusieurs maisons à louer Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Maromandia 6,5 85,1 6,9 1,5 100 1,9 Ampohibe 19,4 75,8 3,2 1,6 100 0,8 Observatoire 12,8 80,5 5,1 1,6 100 1,4 VI 4 - L’EQUIPEMENT DE LA MAISON ET SES ELEMENTS DE CONFORT Dans les foyers, le mobilier est souvent réduit au minimum indispensable. Le lit est le meuble le plus fréquent. Seuls 7% des ménages n'en ont pas. Un peu plus de trois quarts des ménages ont au moins une table, et environ la moitié ont au moins une chaise. L'absence d'installation électrique dans les villages explique l’absence des appareils électriques dans les foyers. Parmi les ménages interrogés un seul à Maromandia possède un groupe électrogène et peut jouir de tels équipements. Quoi qu'il en soit les équipements tels que la machine à coudre ou la radio n'exigent pas obligatoirement de l’électricité, et pourtant seulement un ménage sur 4 a une radio et 3 ménages sur 10, une machine à coudre. Tableau 59 Equipement des ménages % MOBILIER Pas de table Pas de chaise Pas de lit Pas de fauteuil Aucun mobilier EQUIPEMENT DOMESTIQUE Pas de radio Pas de radio cassette Pas de chaîne Hi-fi Pas de télévision Pas de réfrigérateur Pas de cuisinière (électrique ou à gaz) Pas de machine à coudre Aucun équipement Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Maromandia Ampohibe Observatoire 22,4 46,8 7,2 90,1 4,9 24,2 43,3 7,1 94,1 6,0 23,3 45,1 7,2 92,0 5,4 70,7 76,8 98,9 100 99,2 99,6 68,4 43,7 77,4 86,1 99,6 100 100 100 70,6 55,6 74,0 81,4 99,2 100 99,6 99,8 69,5 49,5 Globalement, près de la moitié des ménages de l'observatoire d'Antalaha n'ont aucun équipement. La rareté des meubles et des équipements domestiques traduisent bien la médiocrité des conditions de vie des villageois. Cette pauvreté est fortement ressentie par les ménages. En effet, ceux-ci déclarent que s'ils venaient à dégager un surplus supplémentaire ils le consacreraient en premier lieu à l'amélioration de leur logement. VI.5 SORTIR DU VILLAGE : L'ACCES AU MARCHE ET A LA VILLE La fréquentation du marché est un moyen pour les paysans de mieux maîtriser les circuits de commercialisation, mais aussi d'avoir accès à l'information (sur les prix, sur les nouvelles 56 techniques, etc...). Nous avons demandé à chaque ménage si au moins un de ses membres se rend, plus ou moins régulièrement au marché. C'est le cas pour seulement 42% des ménages de Maromandia et 67% de ceux d'Ampohibe. En moyenne, ces personnes font le trajet une à deux fois par mois. Une partie des habitants d'Ampohibe se rendent aux marchés de la ville d'Antalaha. Les taxibrousse effectuent assez régulièrement le trajet ; c'est pourquoi 36% des ménages choisissent ce moyen de locomotion. Près de trois ménages sur cinq se rendent à pied au marché d'Ampohibe. Le trajet dure en moyenne une demi-heure. A Maromandia, la proportion de ceux qui ont choisi la marche à pied est beaucoup plus élevée (83%) : les chemins qui relient les trois hameaux de Maromandia au marché sont en très mauvais état et aucun transport en commun ne dessert ces trajets. Les fréquences de déplacement vers la ville d'Antalaha sont encore plus faibles, mais touchent un plus grand nombre de ménages. Environ deux tiers des ménages de l'observatoire se rendent régulièrement à Antalaha ville. Ces voyages ont lieu en moyenne huit fois par an. Les villageois d'Ampohibe utilisent essentiellement le taxi-brousse (79%) tandis qu'à Maromandia environ la moitié se rend en ville à pied, et l'autre moitié en taxi-brousse. Les autres moyens de locomotion comme l'automobile, la bicyclette et la moto sont très rarement utilisés. 57 VII.- DYNAMIQUES, EXPLOITANTS PROBLEMES ET PERSPECTIVES DES Pour clore cette étude, nous nous pencherons sur les dynamiques en cours depuis le début des années 90, les principaux facteurs de blocage au développement des activités agricoles et les perspectives entrevues ou souhaitées par les paysans de l’observatoire. VII 1 - LES DYNAMIQUES EN COURS Les mouvements fonciers récents : une dynamique positive, mais limitée, pour les exploitations Pour les ménages questionnés, le solde des mouvements fonciers est positif, c'est-à-dire que le nombre de parcelles acquises depuis 5 ans (110 parcelles) dépassent très largement le nombre de parcelles perdues (16 parcelles vendues, mises en gage, abandonnées ...). Néanmoins cette tendance n'est pas déterminante, vu la faiblesse de ces flux (le nombre total des parcelles cultivées dans cet observatoire est de 2532). C'est dans le village de Maromandia que les mouvements fonciers sont les plus développés. 78 des 110 parcelles supplémentaires et 11 parcelles sur les 16 perdues sont localisées dans ce village. Tableau 60 Mouvements fonciers depuis 1990 Maromandia Nombre % 78 70,9 Parcelles en plus depuis 5 ans dont plantations 38 dont rizières 13 100 Modalité d'acquisition (%) dont achat 27 34,6 dont héritage 44 56,4 dont défrichement 3 3,9 dont location ou métayage 4 5,1 11 68,8 Parcelles en moins depuis 5 ans dont plantations 6 75 dont rizières 3 50 100 Modalités de perte (%) dont vente 0 0 dont mise en gage 3 27,3 dont abandon 5 45,4 dont ensablement, privation d'eau 3 27,3 +67 Solde Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe Nombre 32 27 4 10 16 4 2 5 2 3 1 0 4 0 +27 % 29,1 41,5 23,5 100 31,3 50 12,5 6,2 31,2 25 50 100 20 0 80 0 Observatoire Nombre % 110 100 37 60 7 6 16 8 6 1 3 9 3 +94 100 33,6 54,5 6,9 5,5 100 100 100 100 6,3 18,7 56,3 18,7 Environ la moitié des terres nouvellement acquises proviennent d'héritages, et le tiers a été acheté. L'extension par défrichement est relativement importante dans le village d'Ampohibe. Une parcelle sur huit acquises depuis cinq ans, correspond à une terre récemment mise en culture par les villageois. Sur tout l'observatoire, les pertes de terres s'élèvent au total à 16 parcelles : huit plantations et six rizières. Ces terres sont le plus souvent abandonnées (9 parcelles). Trois sont devenues incultivables à cause d'un nouvelle contrainte environnementale. Trois autres ont été mises en gage et une seule a été vendue. 58 Les dynamiques culturales L'évolution de ces 5 dernières années montre que la tendance générale est à la stabilité. Nous avons étudié l'évolution des variétés cultivées par plus de 20% des ménages d'un des deux villages. Pour chacune d'elles, au moins 40% des ménages ont déclaré une stagnation. La régression est toutefois sensible pour les cultures de rente telles que la vanille, le café ou le girofle. Plus de 30% des ménages ont en effet déclaré une régression pour chacune de ces cultures. On pourrait penser qu'il s'agit d'une stratégie de repli des paysans vers l'agriculture de subsistance, en réponse à la détérioration des conditions de commercialisation de ces cultures. Si c'est le cas on devrait observer parallèlement une extension appréciable des cultures vivrières. Or on constate d'une part que la proportion de ménages qui déclarent une extension des cultures de riz (environ 30%) est plus élevée que celle des ménages qui en déclarent la régression (moins d'un quart). D'autre part, pour les autres cultures (maïs, tubercules, fruits), au moins 70% des ménages déclarent une stagnation. Toutefois, les cas d’extension sont le plus souvent supérieurs au cas de régression pour ces cultures. Les agriculteurs d’Ampohibe se montrent en général plus dynamiques que ceux de Maromandia, particulièrement en ce qui concerne le manioc, le taro et la canne à sucre. Tableau 61 Evolution des cultures depuis 5 ans pour les variétés cultivées par plus de 20 % des ménages d'un des deux villages % de ménages cultivant Maromandia exten- stabision lité (%) (%) régression (%) % de ménages cultivant Ampohibe exten- stabision lité (%) (%) régression (%) % de ménages cultivant Observatoire exten- stabision lité (%) (%) régression (%) Céréales riz irrigué 73,3 14,4 61,9 23,7 98,8 31,3 32,1 36,6 85,8 23,9 45,2 30,9 riz pluvial 90,1 17,0 59,2 23,8 27,8 21,7 40,6 37,7 59,5 18,1 54,9 27,0 maïs 41,6 10,7 80,4 8,9 14,7 10,8 83,8 5,4 28,4 10,7 81,2 8,1 Tubercules manioc 75,2 16,2 76,7 7,1 82,5 29,5 64,3 6,3 78,8 23,0 70,3 6,7 taro 58,4 7,2 81,7 11,1 60,3 20,4 73,0 6,6 59,3 13,8 77,4 8,9 patate douce 27,9 8,9 74,7 16,5 10,3 11,5 84,6 3,9 19,3 9,5 77,1 13,3 Fruits Banane 67,6 15,8 82,5 1,7 82,9 28,4 66,8 4,8 75,1 22,6 74,0 3,4 Autres Vanille 82,4 16,5 49,5 34,0 89,3 12,5 37,5 50,0 85,8 14,5 43,4 42,2 Café 50,0 17,7 59,2 23,1 62,7 7,0 50,3 42,7 56,2 11,9 54,4 33,8 Girofle 33,6 2,3 70,5 27,3 25,0 4,8 61,3 33,9 29,4 3,3 66,7 30,0 Canne à sucre 25,2 5,9 85,3 8,8 39,7 26,5 68,4 5,1 32,3 18,1 75,3 6,6 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. La première colonne donne, pour chaque culture le nombre de ménages qui la pratique (%) ; les colonnes suivantes donnent le pourcentage de ménages pratiquant ayant déclaré l'extension , la stagnation ou l'abandon de cette culture. Pour la minorité des ménages qui a vu progresser sa production de riz, les deux principales raisons d'extension avancées sont : les conditions climatiques favorables (40% des ménages des deux villages) et l'augmentation des surfaces cultivées (20% environ des ménages à Maromandia). 59 Tableau 62 Raisons d'extension des cultures (céréales et tubercules) Pourcentage sur l'ensemble des ménages ayant déclaré une extension Riz irrigué 0 Plus de débouchés 0 Prix plus attractif 25,0 Augmentation des terres cultivées 10,7 Plus de main d'oeuvre 0 Augmentation des moyens 3,6 Amélioration de la sécurité 10,7 Pour faire face à la soudure 46,4 Climat favorable 3,6 Autre 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Maromandia Riz Manioc pluvial 0 3,2 2,5 3,2 22,5 19,4 10,0 0 2,5 3,2 2,5 3,2 15 41,9 40 22,6 5 3,2 100 100 Taro Riz irrigué 0 0 36,4 0 0 0 36,4 18,2 9,1 100 1,3 0 5,1 16,7 1,3 0 33,3 41,0 1,3 100 Ampohibe Riz Manioc pluvial 0 5,0 0 8,3 0 13,3 6,7 1,7 0 1,7 0 5,0 26,7 28,3 66,7 35,0 0 1,7 100 100 Taro 0 3,2 16,1 0 0 0 38,7 41,9 0 100 Selon les villageois, l'extension des cultures vivrières s'explique également par le besoin de nourriture complémentaire pendant la soudure : 42% des ménages de Maromandia ayant déclaré une extension de la culture de Manioc pour faire face à la soudure Tableau 63 Raisons d'extension des cultures (autres cultures) Maromandia Vanille Plus de débouchés Prix plus attractif Augmentation des terres cultivées Augmentation des moyens Amélioration de la sécurité Pour faire face à la soudure Augmentation du prix à la consommation suite au flottement du FMG Baisse du prix aux producteurs Climat favorable Autre Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Café Ampohibe Canne à sucre Banane Vanille Café canne à sucre Banane 6,3 25,0 50,0 0 0 0 4,5 22,7 50 0 0 4,5 33,3 33,3 0 0 0 0 28,6 7,1 17,9 0 3,6 35,7 3,8 11,5 38,5 7,7 3,8 7,7 0 9,1 27,3 9,1 9,1 9,1 30,8 3,9 23,1 0 3,9 11,5 10,2 6,8 8,5 0 13,6 23,7 3,1 3,1 3,1 9,4 100 - 0 0 33,3 0 100 0 0 3,6 3,6 100 15,4 0 11,5 0 100 - 0 0 26,9 0 100 0 0 37,3 0 100 4,5 13,6 100 36,4 0 100 La raison de diminution la plus invoquée est par contre la diminution des rendements, que ce soit pour le riz ou pour les cultures de rente. Le vol semble également décourager les planteurs de café et de vanille. Tableau 64 Raisons de diminution des cultures Pourcentage sur l'ensemble des ménages ayant déclaré une diminution Maromandia Riz irrigué 0 Problème de débouché 0 Baisse de prix 4,3 Diminution des terres disponibles 4,3 Manque de main d'oeuvre 6,5 Manque de moyens 52,2 Diminution des rendements 0 Problème de sécurité 0 Problème d'irrigation 28,3 Climat défavorable 4,4 Autres 100 Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Ampohibe Riz pluvial Vanille Café Girofle Riz irrigué Riz pluvial Vanille Café Girofle 1,8 0 3,6 3,6 12,7 40,1 0 0 36,5 1,8 100 2,9 5,7 2,9 4,3 11,4 51,4 17,1 0 4,3 0 100 0 3,6 0 10,7 3,6 64,3 7,1 0 10,7 0 100 8,3 4,2 4,2 0 0 66,6 0 0 12,5 4,2 100 0 0 2,2 7,7 4,4 59,3 1,1 3,3 17,6 4,4 100 0 0 0 0 0 61,5 0 0 30,8 7,7 100 0 0,9 0,9 1,8 2,7 42,3 11,4 0 36,4 3,6 100 0 1,5 1,5 1,5 4,5 46,2 31,3 0 3,0 10,5 100 0 0 0 0 0 95,2 0 0 4,8 0 100 L'évolution positive des mouvements fonciers ne se transmet pas sur celle des cultures, pour la simple raison que les flux fonciers sont trop limités. 60 Les dynamiques de prix Les prix agricoles participent à la forte et récente inflation, que ce soit pour le riz ou pour les autres cultures. L'inflation est pourtant moins forte dans cet observatoire d'Antalaha que dans les observatoires d'Antsirabe et de Marovoay. Le prix du riz Seulement un huitième des ménages de l'observatoire commercialisent du riz (soit 63 ménages). Il s'agit surtout de vente en détail ou auprès des commerçants du village. C’est pourquoi, l’inflation est plus faible ici, par rapport aux autres observatoires où les collecteurs jouent un rôle décisif dans la détermination du prix du riz. Le climat de cette région du Nord-est est très favorable à la culture de riz : 86% des ménages de l'observatoire cultivent le riz irrigué et 60%, le riz pluvial. La période de soudure est très courte. Seulement 17% des ménages de l'observatoire ne dépassent pas 7 mois d'autoconsommation alimentaire. La récolte de riz pluvial est réalisée vers le mois de mars. Elle intervient peu avant celle du riz irrigué qui peut s'étendre jusqu'au mois d'août. La présence de ces deux récoltes perturbe quelque peu l’évolution du prix du riz au cours des saisons. Cependant, il apparaît clairement que c’est de mai en août que le prix du riz est le plus faible. En effet, c'est pendant cette période que le stock de riz des ménages est le plus élevé. La demande de riz auprès du marché local est alors au plus faible. Tableau 65 Evolution du prix du riz (paddy) entre la saison 1993-94 et la saison 1994-95 Maromandia Ampohibe Observatoire 1993-94 1994-95 variation 1993-94 1994-95 variation 1993-94 1994-95 Fmg/Kg Fmg/Kg % Fmg/Kg Fmg/Kg % Fmg/Kg Fmg/Kg % 333 1150 686 650 650 1000 763 688 95,2 -13,0 11,2 5,8 333 1315 670 650 500 1800 821 750 50,1 36,9 22,5 15,4 400 500 25 Prix minimum 1315 1800 36,9 Prix maximum 658 861 30,9 prix moyen 600 800 33,3 Prix médian Répartition des ménages qui commercialisent % 14,6 Evolution du prix moyen du paddy par quadrimestre (Fmg/Kg) * 1993-94 1994-95 Nombre Ménages 9,5 1993-94 1994-95 variation 12,1 Nombre Ménages 1993-94 1994-95 Nombre Ménages 1er quadrimestre (septembre 694,7 856,3 16 699,0 856,3 10 696,3 856,3 26 décembre) 750,7 1050,0 7 700,7 708,0 15 716,6 816,8 22 2ème quadrimestre(janvier -avril) 570,7 772,1 14 333,0 667,0 1 554,9 765,1 15 3ème quadrimestre (mai-août) Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. * Une campagne est à cheval entre deux années (septembre de la 1ère année à septembre de la 2ème année). Exemple (répartition des quadrimestres pour la campagne 1993-94): 1er quadrimestre 1993-94: septembre 1993 à décembre 1993 2ème quadrimestre 1993-94: janvier 1994 à avril 1994 3ème quadrimestre 1993-94: mai 1994 à août 1994 Le prix des autres produis agricoles En général, les prix d'achat aux producteurs des autres cultures des deux villages de l'observatoire ont augmenté entre les deux campagnes 93-94 et 94-95. 61 Tableau 66 Evolution des prix moyens des principales cultures entre la saison 93-94 et la saison 94-95 Maromandia Ampohibe Observatoire 1993-94 1994-95 variation 1993-94 1994-95 variation 1993-94 1994-95 variation Fmg/Kg Fmg/Kg % Fmg/Kg Fmg/Kg % Fmg/Kg Fmg/Kg % 677 350 172 320 37,7 49,5 29,7 32,1 236 403 385 269 431 385 14,1 6,9 0 360 276 132 280 467 370 172 337 29,8 34,0 29,7 20,4 896 762 37,4 33,1 383 505 443 578 15,5 14,3 505 531 648 649 28,4 22,2 Les aliments de base (céréales et tubercules) Manioc 492 Maïs 234 Taro 132 Patate douce 242 Les Fruits et autres cultures Banane 652 Canne à sucre 573 Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Les céréales (en dehors du riz) et les tubercules sont essentiels dans l'alimentation des ménages. C'est une des raisons pour lesquelles la tendance des prix de ces produits suit celle du prix du riz. D'une manière générale, l'augmentation des prix est nettement plus forte à Maromandia où les variations se situent entre 30% et 50%. A Ampohibe nous avons une fourchette de variation de 0 à 16%. De plus, les prix sont très différents d’un village à l’autre : A Maromandia les prix moyen du manioc et de la banane sont environ le double de celui d’Ampohibe où le maïs et la patate douce sont par contre plus cher. Les produits fruitiers commercialisés sont la banane et la canne à sucre. La canne à sucre est 11 surtout vendue aux ménages pour la fabrication du "betsa" . VII2 - LES PRINCIPAUX PROBLEMES RENCONTRES PAR LES EXPLOITANTS Les habitants de l’observatoire rencontrent de sérieuses difficultés où se mêlent à la fois des facteurs de type structurel, liés au relatif abandon des campagnes malgaches par les pouvoirs publics, et d’autres plus conjoncturels, où l’accélération du processus inflationniste, suite à la mise en place du flottement du franc malgache, joue un rôle déterminant. Ces difficultés qui affectent les conditions de production agricole se répercutent inéluctablement sur les conditions de vie de la population. Les goulots d’étranglement de la production agricole Le problème principal de l’agriculture résident en amont du processus de production. L’offre agricole est contrainte par l’insuffisance d’accès au crédit et le manque de moyens. A elle seule, cette modalité rassemble 47% des problèmes rencontrés par les agriculteurs. C’est donc surtout l’accès aux financements qui entravent le développement de la production. Tableau 67 Principales difficultés rencontrées dans l’agriculture (par ordre d’importance décroissant) % Pas d’accès au crédit, manque de moyens Pas assez de temps disponible Manque d’encadrement et de conseils techniques Difficulté de commercialisation Problèmes de maladie des plantes Problème d’approvisionnement en matériel agricole, semences ou produits phytosanitaires Manque de main-d’oeuvre Autres Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. 11 Boisson alcoolisée artisanale fabriquée à base de canne à sucre. 62 Maromandia 43,6 17,7 8,5 5,0 6,2 3,9 3,9 11,2 100 Ampohibe 51,0 10,8 11,9 6,8 5,2 3,2 3,2 8,0 100 Observatoire 47,3 14,3 10,2 5,9 5,7 3,5 3,5 9,6 100 Environ 14% des ménages se plaignent également du manque de temps disponible afin de mener à bien toutes les activités qu'ils entreprennent. Enfin, un ménage sur 10 évoque le manque d'encadrement et de conseil techniques. Les difficultés rencontrées dans l’élevage sont d'un tout autre type. Massivement, ce sont l'insécurité et la santé des animaux qui pose le problème le plus sérieux. On enregistre 46% des plaintes pour l'insécurité. Il s'agit essentiellement d'un problème de garde des animaux, causant des conflits de voisinage. En effet les bêtes errantes détruisent souvent les cultures des autres villageois. La santé des animaux est aussi un obstacle important. qui touche 38% des ménages. Selon les éleveurs, ni la commercialisation, ni l’encadrement, ni l’accès à la terre et aux pâturages ne sont des phénomènes qui nuisent à leurs activités. Tableau 68 Principales difficultés rencontrées dans l’élevage (par ordre d’importance décroissant) % Problèmes de sécurité Problèmes de santé des animaux Pas assez de pâturage Manque d’encadrement et de conseils techniques Difficultés d’approvisionnement en provende ou en médicaments Difficultés de commercialisation Autres Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Maromandia 50,8 34,7 3,4 2,7 2,3 0,4 5,7 100 Ampohibe 40,6 40,6 6,4 1,6 2,0 0,4 8,4 100 Observatoire 45,8 37,6 4,9 2,2 2,2 0,4 6,9 100 Le problème de main-d'oeuvre salariée ne semble pas être un problème décisif dans cette zone. Seuls 52 ménages sur 514 (soit environ 10%) déclarent avoir un problème de recrutement de main-d'oeuvre salariée. Près de la moitiée des ménages agricoles de l’observatoire (247 ménages) ont pourtant recours au salariat. En effet, parmi les principales difficultés que les ménages rencontrent dans leurs activités agricoles, le manque de main d’oeuvre est le moins mentionné (4% des ménages agricoles). Ceci confirme le fait que les ménages sont peu dépendants de la maind’oeuvre extérieure et semblent être capables d’assurer eux-mêmes une grande partie des travaux agricoles. Les problèmes rencontrés dans la vie quotidienne En premier lieu, les habitants de l’observatoire se plaignent des difficultés d’approvisionnement en produits de première nécessité (PPN). Ils sont près de 79% dans ce cas. Environ 11% des ménages de Maromandia déclarent que leurs problèmes résultent de l’isolement du village à cause du mauvais état des routes. Ils ne sont que 2% dans ce cas à Ampohibe. Encore une fois l’absence d’infrastructures économiques apparaît comme le principal facteur contraignant pour les habitants de l’observatoire. Tableau 69 Principales difficultés des conditions de vie (par ordre d’importance décroissant) % Mauvais approvisionnement en PPN Isolement du village à cause du mauvais état des route Difficulté d’approvisionnement en eau et en bois Difficultés pour la scolarisation Pas de dispensaire ou de médecins près du village Autres Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Maromandia 69,0 11,1 6,5 5,8 2,3 5,4 100 63 Ampohibe 88,5 2,4 6,8 0,8 1,2 0,4 100 Observatoire 78,5 6,8 6,6 3,3 1,8 2,9 100 Le flottement du Fmg affecte les campagnes à travers la dynamique des prix. Le flottement du franc malgache se répercute dans les campagnes à travers le processus inflationniste qu’il a engendré. Evidemment, cette dérive des prix est différemment perçue suivant qu’elle touche les prix à la production ou les prix à la consommation. La résultante entre ces deux effets opposés dépend du différentiel entre les deux prix. L’augmentation des prix aux producteurs est de loin la première conséquence bénéfique du flottement pour les paysans. Près des deux tiers d’entre eux y ont été sensibles. Cependant, trois paysans sur dix affirment que le flottement n’a eu aucun impact positif sur leur activité. Ceci concerne surtout les habitants d’Ampohibe (43% des ménages d’Ampohibe contre seulement 18% des ménages de Maromandia); ce qui n’est d’ailleurs pas étonnant car comme nous l'avons vu, les prix aux producteurs ont relativement peu augmenté dans ce village. C’est aussi d’ailleurs le cas de la vanille (beaucoup plus cultivé à Ampohibe), du moins pour cette dernière campagne. Tableau 70 Les bénéfices du flottement du Fmg (par ordre d’importance décroissant) % Augmentation des prix aux producteurs Augmentation des débouchés Plus de possibilité de spéculation (stockage) AUCUNE CONSEQUENCE POSITIVE Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Maromandia 75,9 4,2 1,9 18,0 100 Ampohibe 55,6 2,0 0 42,5 100 Observatoire 65,9 3,1 1,0 30,0 100 Mais, l’augmentation des prix aux producteurs a été concomitante de l’augmentation des prix à la consommation. Si nous manquons d’éléments quantitatifs pour apprécier l’impact final du différentiel de prix sur le pouvoir d’achat des paysans, il semble que la croissance des prix des PPN ait été plus vivement ressentie que l’amélioration des prix aux producteurs. Près de 85% des ménages le déplore. Si l’on ajoute ceux qui se plaignent de l’impossibilité de dégager une épargne à cause de la croissance des prix, environ 94% des ménages voient dans le flottement une mesure récessive. Seuls 3% disent ne pas en avoir souffert. Tableau 71 Les inconvénients du flottement du Fmg (par ordre d’importance décroissant) % Augmentation du prix des PPN Pas de possibilité d’épargne monétaire à cause de l’inflation Augmentation du prix des intrants et du matériel Diminution des débouchés Autres AUCUNE CONSEQUENCE NEGATIVE Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Maromandia 85,1 8,4 3,1 0 0 3,4 100 64 Ampohibe 84,5 10,3 3,2 0,4 0 1,6 100 Observatoire 84,8 9,3 3,1 0,2 0 2,5 100 VII3 - LES PERSPECTIVES DANS L’AGRICULTURE Les stratégies d’accumulation des paysans. Pour clore ce chapitre, nous nous pencherons sur les stratégies d’accumulation des paysans. Interrogés sur le type de dépenses qu’ils engageraient en priorité s’ils venaient à dégager un surplus supplémentaire, plus de 40% le consacreraient à l’amélioration de leurs logements. Ceci se comprend aisément étant donné l’état de dénuement de l’habitat des paysans. En dehors de ces dépenses, les ménages achèteraient des terres (28% dans les deux villages et 32% à Maromandia) ou des boeufs (25% dans les deux villages et 32% à Ampohibe). Donc en premier lieu, les ménages accordent la priorité à des dépenses domestiques visant à l’amélioration immédiate de leurs conditions de vie ; les dépenses productives n’arrivent qu’en seconde position. Tableau 72 Les modalités de placement de l’épargne (par ordre d’importance décroissant) % 4- Amélioration du logement 1- Achat de terres 2- Achat de boeufs 6- Placement en banque ou dans un organisme de crédit 7- Achat de matériel pour les loisirs 3- Achat d’autres animaux d’élevage 5- Thésaurisation 8- Réserve d’argent pour les cérémonies 9- Prêt à d’autres personnes 10- Autres Total Source : Observatoires ruraux 1995, calculs MADIO. Maromandia 44,7 32,1 17,9 0,8 1,2 0 0,4 0 0,4 2,7 100 Ampohibe 38,9 24,6 32,1 1,6 0,4 0,8 0 0,4 0 1,2 100 Observatoire 41,8 28,4 24,9 1,2 0,8 0,4 0,2 0,2 0,2 2,0 100 Les autres modalités de placement ne retiennent pas l’attention des paysans. Elles réunissent chacune au plus 2% des ménages interrogés sur tout l’observatoire. On n’enregistre aucune volonté de s’engager plus en avant dans des dépenses sociales (pour les cérémonies : famadihana, savatsy, etc...). Enfin, ni les comportements de thésaurisation ou de placement bancaire, ni l’utilisation du surplus à des fins de prêt n’intéressent vraiment les paysans. Ces réactions sont celles d’une population pour qui les problèmes vivriers ne sont pas ressentis comme une contrainte par la majorité. Ces villageois semblent être plutôt touchés par les aléas de la conjoncture des cultures de rente. Ils ressentent fortement leur enclavement et aspirent à un certain bien-être domestique. 65 TABLE DES MATIERES AVANT-PROPOS 1 L’OBSERVATOIRE D'ANTALAHA 1995 EN CHIFFRES 6 RESUME DES PREMIERS RESULTATS 7 I SITUATION SOCIO-DEMOGRAPHIQUE ET ACTIVITES 13 I.1 La situation socio-demographique 13 I.2 La scolarisation 16 I.3 Les dynamiques migratoires 17 I.4 Typologie des activités des ménages 19 II LES FACTEURS DE PRODUCTION AGRICOLE DANS L'OBSERVATOIRE D'ANTALAHA 21 II 1 La situation foncière 21 II2 - L’equipement agricole 25 II3 - Travail familial et travail salarial sur l’exploitation agricole 26 III - LA PRODUCTION AGRICOLE ET L'ELEVAGE 29 III.1 La diversité des cultures 29 iii 2 Production et commercialisation du riz 31 III.3 La Production des cultures autres que le riz 39 III 4. L'ELEVAGE 41 IV.LES ACTIVITES EN DEHORS DE L’AGRICULTURE ET DE L’ELEVAGE IV.1 LES ACTIVITES DE PETIT COMMERCE, D’ARTISANAT OU DE SERVICE 45 45 V LA SECURITE ALIMENTAIRE ET LA SANTE 48 V.1 Une sécurité alimentaire relativement assurée 48 V.2 Problèmes de santé : environnement et PROXIMITE DES CENTRES DE SOINS 51 VI.- LES INDICATEURS DE NIVEAU DE VIE 53 VI 1 - Les dépenses courantes 53 VI 2 - Des activités de crédit limitées 54 VI 3 - L’habitat 54 VI 4 - L’équipement de la maison et ses éléments de confort 56 VI.5 Sortir du village : l'accès au marché et à la ville 56 VII.- DYNAMIQUES, PROBLEMES ET PERSPECTIVES DES EXPLOITANTS 58 VII 1 - Les dynamiques en cours 58 VII2 - Les principaux problèmes rencontrés par les exploitants 62 VII3 - Les perspectives dans l’agriculture 65 66