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N° 183 – Avril-juin 2013
Les couvreurs
prennent de la hauteur
Le président de la République à Blois
Métiers de la couverture et de l’enveloppe du bâtiment
Les cinq CFA-BTP des Pays de la Loire bâtissent à Haïti
Vie du réseau
Centre
Le président de la République en visite à BTP CFA Loir-et-Cher
Pour la première fois de son histoire, un CFA du réseau de l’ap-
« Nous devons préparer les métiers de demain, ceux qui cor-
prentissage BTP, coordonné et animé par le CCCA-BTP, a eu l’hon-
respondent aux filières émergentes », a-t-il affirmé. Après avoir
neur de recevoir le président de la République. C’est en effet
salué les personnalités venues en nombre (parlementaires,
BTP CFA Loir-et-Cher (Blois) qui a accueilli François Hollande
préfet, élus régionaux et locaux, fédérations professionnelles),
le 4 mars 2013 dans le cadre du Programme d’investissements
le président de la République, guidé par Franck Prêtre, a pen-
d’avenir (PIA). Le président de la République a visité les ateliers
dant plus d’une heure visité
du CFA et a participé à une table ronde avec des professionnels
le CFA, suivi par une nuée de
du BTP et des apprentis du CFA. Il a ensuite assisté à la signa-
caméras, appareils photos
ture des premiers contrats de génération dans deux entreprises
et micros de journalistes.
locales, dont l’entreprise de BTP Lasnier, qui forme également
Toute l’équipe éducative et
des apprentis du CFA.
les apprentis s’étaient forte-
C’est sous un soleil printanier que le président de la République
ment mobilisés pour assurer
est arrivé à BTP CFA Loir-et-Cher en milieu d’après-midi, où il a
le meilleur accueil au pré-
notamment été accueilli par Jean-Luc Sethi, président du CCCA-
sident. Celui-ci s’est arrêté
BTP, Aline Mériau, présidente de l’association régionale BTP CFA
dans chaque atelier pour dis-
Centre et Franck Prêtre, directeur du CFA. François Hollande était
cuter avec des apprentis et
accompagné de Michel Sapin, ministre du Travail, de l’Emploi, de
leurs formateurs. L’affabilité
la Formation professionnelle et du Dialogue social, et de Thierry
et le tutoiement du président
Repentin, alors ministre chargé de la Formation professionnelle
ont tout de suite mis les apprentis à l’aise, qui ont répondu très
et de l’Apprentissage. Il s’agissait pour le chef de l’État de mettre
facilement à ses questions sur leur parcours, leur métier et leur
l’accent sur le PIA et plus globalement sur l’apprentissage. Il a
formation. Enfin, lors de la visite de l’atelier Couverture-zingue-
indiqué que le CFA du BTP de Blois bénéficiait de 7,5 millions
rie, les apprentis ont offert au président de la République un épi
d’euros apportés par l’État pour la construction d’un nouveau
de faitage dodécaèdre (forme d’étoile), ouvrage réalisé par le
CFA en 2016. François Hollande a insisté sur le caractère inno-
jeune Benjamin Didot, qui bénéficie actuellement d’une mobi-
vant du projet (« Nouvelle génération et Filières d’excellence »),
lité européenne de neuf mois dans une entreprise autrichienne.
qui s’inscrit dans une démarche de développement des com-
Pour leur part, les apprentis en couverture-zinguerie lui ont
pétences durables et de la formation en alternance dans les
remis son nom taillé dans des ardoises en souvenir de sa visite.
métiers du BTP en région Centre. BTP CFA Loir-et-Cher propo-
François Hollande a ensuite présidé une table ronde réunissant
sera une nouvelle filière prometteuse, la construction bois.
personnalités, professionnels du BTP et apprentis. n
Haute-Normandie
Changez tout !
« Atelier, cantine, salle de classe... imaginez les nouveaux
transversale ajoutée, nos apprentis ont pu
espaces de votre établissement », c’est le thème retenu en
expérimenter la co-activité de plus en plus
2013 pour la 19e édition du Challenge du plâtre organisé par
nécessaire aujourd’hui dans nos métiers. En
l’APMP (Association pour la promotion des métiers du plâtre et
effet, les apprentis chauffagistes, électriciens
de l’isolation), en partenariat avec le CCCA-BTP et l’Association
et peintres ainsi que ceux du bac pro Techni-
ouvrière des Compagnons du devoir du tour de France. Il s’agit
cien du bâtiment participent aux travaux »,
de créer un évènement ludique et pédagogique pour valoriser
précise le directeur. Ce chantier, débuté en
les métiers du plâtre. Les apprentis des deux années de CAP
février 2013 est aussi un espace de décou-
Plâtrier-plaquiste de BTP CFA Rouen se sont lancés dans l’aven-
verte de cette filière professionnelle. Tout
ture en adaptant une salle de l’établissement à la pratique du
au long du chantier, les apprentis plâtriers
sport. « Ce challenge a été l’occasion pour nous de transfor-
initient des groupes d’élèves de primaire et
mer notre salle de 350 m2 en sous-sol en complexe sportif », se
de collégiens à leur travail, et plus générale-
réjouit Richard Prades, directeur du CFA. « Un plan d’action pré-
ment leur font découvrir les métiers du BTP.
senté et accepté par l’APMP, a permis d’obtenir la gratuité des
Trois Trophées (Réalisation, Médiatisation et
matériaux pour ces travaux. Une piste de tir à l’arc ainsi qu’un
Mobilisation) et des Prix spéciaux seront attribués. Les lauréats
banc de touche ont été mis en place. Un pan de mur est devenu
sont sélectionnés sur l’originalité du Trophée, l’utilisation des
décoratif : cubes en relief et figurines symbolisant différents
matériaux mais aussi l’intérêt pédagogique de l’événement et
sports. Les apprentis disposeront d’un vestiaire, les formateurs
ses retombées médiatiques. n
d’un bureau et d’un espace de stockage de matériel. Valeur
2
Apprentissage BTP n° 183 Avril-juin 2013
Bretagne
Bruz a enfin retrouvé son clocheton
Bruz était une ville bretonne fière du clocheton qui ornait sa mairie. Mais en 1993, le bâtiment est
démoli et le clocheton entreposé dans les ateliers communaux. Vingt ans plus tard, les habitants
avaient encore la nostalgie de ce patrimoine architectural. En mars 2012, une convention de partenariat entre la commune de Bruz et Bâtiment CFA Ille-et-Vilaine
(Saint-Grégoire) a été conclue pour sa restauration. Les apprentis
en 1re année de BP Couverture-zinguerie se sont enthousiasmés
pour le projet… et ses difficultés : pose des ardoises aux clous
cuivre, gironnement des quatre pans, décoration en écailles, etc.
Le travail s’est terminé en juin et les bruzois pourront bientôt
admirer de nouveau leur clocheton, François Pellerin formateur
au CFA précise : « L’opération a été très enrichissante sur le plan
pédagogique et elle a permis de valoriser le métier de couvreur.
J’espère qu’elle suscitera des vocations ». n
> Photos sur www.refectionclocheton.fr/cfastgregoire.html
Vite
Le relais pour la vie
Deux équipes du CCCA-BTP
sur un parcours pendant
La totalité des fonds collectés
ont participé à la course du
24 heures. La manifestation
à l’occasion de ce relais sera
« Relais pour la vie » à Paris,
« Relais pour la vie » met
consacrée à des séjours de
organisée au profit de la Ligue
également l’art, la culture,
vacances offerts à de jeunes
contre le cancer les 8 et 9 juin.
la musique, le sport, l’hygiène
malades. Cette manifestation
Des équipes de marcheurs
de vie au service de la lutte
se déroule dans une vingtaine
et de coureurs se sont relayés
contre le cancer.
de pays à travers le monde. n
Basse-Normandie
BTP CFA Orne plébiscité par l’INRS
BTP CFA Orne (Alençon), a remporté le concours « Santé et sécurité au travail : de l’école au travail,
à vos vidéos » organisé par l’INRS, avec un film intitulé « Addict ».
Éditorial
De toit en toit
D
ans un contexte économique toujours
difficile que connaît notre secteur du
bâtiment et des travaux publics, il demeure
essentiel pour notre profession de
maintenir l’investissement dans la
formation des jeunes par
l’apprentissage. Il est tout aussi
essentiel de poursuivre
l’adaptation des formations
proposées par les CFA de notre
réseau de l’apprentissage BTP aux évolutions technologiques,
réglementaires et organisationnelles. Techniques, matériaux
et produits évoluent en effet sans cesse pour améliorer la
performance énergétique du cadre bâti. Les métiers de la
couverture et de l’enveloppe du bâtiment, fortement
impactés par le Grenelle Environnement, sont emblématiques
de ces évolutions. Nous devons les anticiper et y répondre
pour satisfaire les besoins des entreprises en main-d’œuvre
qualifiée et assurer la réussite des apprentis qui ont choisi
ces métiers. Le nombre de jeunes en formation dans ces
filières a d’ailleurs augmenté et je m’en félicite.
C’est le sens et l’enjeu des journées techniques nationales
« Apprentissage BTP et métiers de la couverture et de
l’enveloppe du bâtiment », que le CCCA-BTP a organisé à
Poitiers. Ces rencontres contribuent à l’actualisation et
l’adaptation des pratiques pédagogiques et professionnelles.
Elles assurent les échanges entre formateurs, équipes de
direction et avec nos partenaires professionnels et
institutionnels. Ces rencontres, dédiées chaque année à un
secteur de la construction sont essentielles dans la vie de
notre réseau. Elles témoignent de notre ambition et de notre
volonté constante de garantir la qualité de la formation. Les
travaux ne s’arrêtent pas à ces journées et se poursuivent en
région, avec la mise en œuvre de plans d’action. C’est tout
l’intérêt et la force du réseau national de l’apprentissage
BTP et de l’organisation régionale des CFA du BTP.
Lors de sa réunion du mois de juin, le conseil d’administration
élira son nouveau président. J’ai été très honoré de présider,
durant ces trois ans de mandat, le CCCA-BTP, acteur majeur
et reconnu dans la formation des jeunes à nos métiers par
l’apprentissage. Je suis fier du travail réalisé par le CCCA-BTP
et son réseau de l’apprentissage BTP, par les nombreux
projets menés et ceux déjà engagés pour l’avenir. Un très
bel été à toutes et à tous !
Jean-Luc SETHI, Président du CCCA-BTP
Les moins de 25 ans représentent 11 % des salariés et 25 % des accidents du travail. Face à
ce constat, l’INRS a fait des jeunes l’une de ses cibles prioritaires et multiplie les actions pour
les sensibiliser à la prévention des accidents du travail et des maladies professionnelles. C’est
à la rentrée 2012 que l’INRS a lancé ce concours, destiné aux apprentis des CFA et aux élèves
des lycées professionnels. L’objectif : réaliser une vidéo collective sur le thème « Au travail,
qu’est-ce que je risque ? ». Le jury, composé de professionnels de la prévention, de l’éducation,
et d’un journaliste a récompensé les trois meilleures équipes. Les 6 jeunes apprentis en CAP
connexe couvreur et plaquiste à BTP CFA Orne ont remporté le premier prix, ils ont été conviés
à la remise des prix qui a eu lieu le 31 mai 2013 à Paris.
> ADDICT : c’est le titre du film primé par l’INRS. Il montre un jeune à son réveil dont
Ils bougent
BTP CFA Orne : Frédéric Macé, directeur
BTP CFA Antibes : Sandrine Hourticot, directrice
BTP CFA Eure : Yannick Leporc, directeur
BTP CFA Cantal : Jean-Daniel Fontange, directeur
Sommaire
Vie du réseau
la première activité est de se préparer un « joint » de cannabis. À moitié endormi, il se « traîne »
François Hollande à Blois
jusqu’à un chantier de couverture. Juché sur une échelle, il attrape des tuiles au vol puis les
Les Pays de la Loire bâtissent à Haïti
p 5
relance à un collègue. Les gestes sont maladroits et il rate un mouvement, sans conséquence
Convention avec la BnF et la Fondation BTP PLUS
p 6
grave. Il va ensuite fumer un nouveau joint. Il échappe de peu à un accident avec un engin qu’il
n’avait pas vu arriver. Très « endormi », il remonte ensuite sur le toit avec une bouteille de gaz pour
faire des soudures, sans aucune mesure de sécurité. La bouteille, mal arrimée, tombe alors du toit,
l’entraînant dans sa chute. Moralité du film : le cannabis te met en danger mais aussi les autres. n
Vidéo visible sur : http://www.dailymotion.com/video/xz5akk_addict_webcam#.UZ4kH5wZPk8
Apprentissage BTP n° 183 Avril-juin 2013
p 2
En chantier
JTN couverture et enveloppe du bâtiment
p 8
Points d’appui
Entretien avec Frédéric Henry, AQC
p 12
3
Vie du réseau
Basse-Normandie
Périple transalpin
D
irection Vicenza, à 60 km
aux deux autres CFA-BTP de la
au vocabulaire italien de base.
des entreprises artisanales et la
à l’ouest de Venise. Deux
région, ce sera leur première
Tous les apprentis sont en pre-
deuxième sera consacrée à la
groupes d’apprentis des CFA
expérience de mobilité avec les
mière année de leur formation,
restauration du patrimoine his-
du BTP de Basse-Normandie
apprentis maçons. L’objectif à
car les acquis professionnels de
torique, avec travail de la pierre
effectuent dans le cadre du
terme est que chaque établis-
la mobilité seront capitalisés
et de la brique, plus fréquent en
programme Leonardo une
sement soit pilote d’une opéra-
et mutualisés au plan pédago-
Italie qu’en France. Les peintres
mobilité de trois semaines en
tion de mobilité européenne.
gique l’année suivante.
s’initieront à la peinture décora-
Italie. Celle-ci est réalisée avec
Le premier groupe, constitué de
Chaque semaine a son propre
tive et aux trompe-l’œil. Enfin,
le réseau national de forma-
26 apprentis en formation (BP
objectif pédagogique. La pre-
tous les apprentis passeront la
tion italien Formedil, membre
Maçonnerie et bac pro Étude et
mière permettra aux jeunes
troisième semaine avec leurs
de REFORME (Réseau pour la
économie de la construction),
maçons de découvrir un très
homologues italiens au centre
formation professionnelle dans
est parti du 8 au 26 avril 2013.
gros chantier, alors qu’ils tra-
de formation. n
le secteur de la construction
Le second groupe a réuni du 10
vaillent essentiellement dans
en Europe), présidé depuis
au 28 juin des apprentis issus
juin 2012 par le CCCA-BTP. Pour
des trois CFA-BTP bas-nor-
concrétiser sa volonté de déve-
mands : des peintres de Caen
lopper la mobilité, l’association
et des maçons d’Alençon et de
BTP CFA Basse-Normandie a
Coutances.
organisé un partage d’expé-
Une visite préparatoire en
rience entre le CFA-BTP de Caen
juin 2012 a permis d’organiser
et les deux autres CFA-BTP de la
tous les détails des échanges
région, Alençon et Coutances.
et, en particulier, la découverte
En effet, le premier a déjà orga-
par les apprentis de techniques
nisé en 2012 une mobilité à
et de pratiques spécifiquement
Lecce en Italie pour les appren-
italiennes. Le projet a mobi-
tis en maçonnerie. Cette année,
lisé entreprises, formateurs
il veut diversifier les métiers
et apprentis dès la rentrée de
concernés et élargir la mobilité
septembre 2012. Les jeunes
aux apprentis peintres. Quant
ont bénéficié d’une initiation
Centre
Vos papiers, s’il vous plaît. BTP CFA Loiret (Orléans) innove à nouveau en matière de gestion
des déchets ! Il a signé en mai 2013 un contrat avec l’association Recyclage Ecocitoyen Label
Solidaire pour la récupération du papier.
Les papiers s’envolent, le papier reste
R
ecyclage Ecocitoyen anime un collectif d’établissements
prospectus (publicitaires), et papiers glacés. Lorsque le « Recypap »
adaptés aux travailleurs handicapés (ESAT/EA) et d’asso-
est plein, les salariés et les apprentis se rendent à une mini-déchette-
ciations de l’économie solidaire, spécialisé dans le recyclage
rie mise en place sur le site, pour les vider dans un réceptacle prévu à
des déchets professionnels. L’association propose aux profession-
cet effet. Un ESAT local les récupère et les papiers sont ensuite triés
nels de faire de la gestion des déchets papiers une opération de soli-
par les personnes accueillies dans cet établissement. Transportés
darité en associant un grand nombre d’acteurs sur un même terri-
chez le papetier partenaire, ils sont alors transformés en cahiers qui
toire au profit de l'éducation au développement durable.
seront offerts gratuitement aux écoles de villes soutenant l’Unicef
Concrètement, 70 collecteurs en carton, des « Recypap », ont été
ou engagées dans le recyclage des déchets.
installés dans tous les locaux (bureaux, salles de cours, salles de
Cette action s’inscrit dans le cadre de la norme ISO 14001 sur le
préparation, ateliers, foyer…) de BTP CFA Loiret afin d’y placer les
management environnemental. n
papiers usagés : feuilles A3, A4, couleurs ou non, imprimés ou non,
4
Apprentissage BTP n° 183 Avril-juin 2013
Pays de la Loire
Un projet fort dans un pays pauvre
C’
est la dynamique de l’association régionale Pays de la Loire qui
a permis de mobiliser les cinq CFA du BTP de la région pour la
construction d’un bâtiment destiné aux bénévoles d’un orphelinat
à Haïti et à initier des jeunes locaux à la maçonnerie. L’orphelinat,
installé depuis 1981 sur l’Île-à-Vache, au sud-est d’Haïti, accueille
aujourd’hui 60 enfants de 6 mois à 20 ans.
« Nous avons piloté le projet dont la préparation a débuté il y a un an
et demi. Un jeune formé dans un CFA-BTP de Bretagne qui passe la
moitié de l’année à Haïti a été notre interlocuteur principal », indique
Philippe Dreyfus, directeur de BTP CFA Loire-Atlantique (SaintHerblain et Saint-Brevin). Chaque équipe était encadrée par deux
accompagnateurs de son CFA : un formateur et une autre personne
chargée de la logistique. Un salarié de BTP CFA Maine-et-Loire
(Angers) est resté sur place les dix semaines pour assurer le management et le suivi du projet.
La construction est composée de quatre blocs qui forment un carré
et qui comprennent six logements individuels et des espaces communs. Le bâtiment répond aux normes antisismiques et des panneaux solaires fournissent l’électricité. Les eaux de pluie, récupérées
dans une cuve de 40 000 litres, serviront d'eau potable après traitement. Les eaux usées, grâce à des filtres en palmes et des fibres de
noix de coco (procédé local), pourront être réutilisées en agriculture.
découvert l’environnement haïtien avec des concerts de musique,
Climat oblige, les apprentis commençaient dès cinq heures du
des randonnées, des baignades et des pique-niques sur des plages
matin. Le terrassement avait déjà été réalisé par la population
paradisiaques. La communication sur l’opération a été permanente,
locale et à leur arrivée, les jeunes ont coulé le béton des fondations
notamment via facebook qui a permis à tous les CFA-BTP impliqués
et de la dalle. Ils ont dû s’adapter aux conditions locales et les deux
de suivre, photos à l’appui, toutes les phases du chantier.
tiers du béton (10 m³ en tout) ont dû être gâchés à la main. Après la
Ce projet a vu le jour grâce à une rencontre entre le Rotary Club de
valse des brouettes, les parpaings ont été montés, puis les poteaux.
Pornic-Pays de Retz et BTP CFA de Saint-Brevin les Pins. L’opération,
d’un coût total de 138 000 euros, a été financée pour moitié par le
conseil régional Pays de la Loire et par plusieurs Rotary Club, l’association « L’île aux enfants d’Haïti » et la Fondation BTP PLUS.
Philippe Dreyfus est très satisfait des résultats : « Les jeunes ont
beaucoup appris sur le plan technique, mais le principal intérêt de
l’opération est le bénéfice humain. Les apprentis sont revenus totalement transformés. Ils ont été confrontés à un pays qui a traversé
une histoire terrible et l’expérience a beaucoup développé leur esprit
d’entraide. Elle leur a aussi permis de beaucoup mûrir : c’est un projet
très fort dans un pays très pauvre. Quand je vois les résultats, je pense
que c’est une vraie valeur ajoutée sur le plan humain. C’est beaucoup de travail mais j’encourage tous les CFA du BTP à réaliser ce type d’opération ». n
Enfin, la charpente et la couverture ont été mises en place. Le tout
avec les matériaux locaux et le climat tropical !
Mais les séjours ont aussi eu leur part d’échanges et de loisirs. Dans
les valises des apprentis, des produits d’hygiène, des cahiers, des
stylos, des vêtements et des jouets pour l'orphelinat et les écoles
locales, ainsi que 35 kg de semence de pomme de terre. Des matchs
de foot avec les jeunes du village ont été organisés. Les apprentis ont
Apprentissage BTP n° 183 Avril-juin 2013
Organisation
Quatre équipes d’apprentis en 2e année de brevet professionnel
Construction en maçonnerie et béton armé se sont relayées du 2 mars
au 27 avril 2013 pendant quinze jours chacune. Onze apprentis de
Saint-Brevin ont débuté les travaux le 2 mars, suivis le 16 mars par un
groupe issu de trois CFA-BTP : 9 jeunes de La Roche-sur-Yon, 9 d’Angers,
puis le 29 mars par 15 apprentis du Mans. Enfin, 11 jeunes de BTP CFA
Saint-Herblain ont terminé le chantier le 27 avril.
5
National
Culture
Des passerelles pour les apprentis du BTP
U
ne convention de partenariat a été signée le 20 mars 2013 entre
Jean-Luc Sethi, président du CCCA-BTP, Bruno Racine, pré-
sident de la BnF et Brigitte Pousseur, présidente de la Fondation
BTP PLUS. Elle concerne la création du portail multimédia « Passerelles », qui établira des liens entre l’univers professionnel du bâtiment et des travaux publics et le champ culturel. Premiers bénéficiaires visés : les apprentis du réseau CCCA-BTP et tous les jeunes
de France.
Avec « Passerelles », le CCCA-BTP souhaite renforcer l’accès des
apprentis à la culture générale, mais aussi développer l’attractivité
des métiers du bâtiment et des travaux publics. « À travers les évo-
lutions importantes de nos métiers du BTP et avec leurs formateurs
comme guides, les apprentis pourront ainsi acquérir de nouvelles
connaissances. Il s’agit, avec ce nouvel outil, de leur donner des repères
sur le passé pour se projeter dans l’avenir, et les aider ainsi à appré-
Brigitte Pousseur, Bruno Racine et Jean-Luc Sethi
hender différemment leur métier », a déclaré Jean-Luc Sethi.
La BnF est pour sa part engagée dans une politique de diversifica-
via sa bibliothèque numérique Gallica, la BnF propose également
tion des publics. Outre les deux millions de documents accessibles
des ressources en ligne à vocation pédagogique majoritairement
destinées à un public d’enseignants. Avec « Passerelles », la BnF sou-
Ressources
« Passerelles » proposera aux apprentis des ressources écrites et
audiovisuelles, en accès direct, sans identifiant ni mot de passe.
Cette documentation, réalisée à partir des collections numériques de la
BnF et des orientations pédagogiques du CCCA-BTP, fera le lien entre
culture générale et métiers du bâtiment et des travaux publics.
Elle réunira des savoirs dans une approche historiques sur les arts,
l’architecture, la littérature, les sciences et les techniques, au regard
de l’histoire des métiers du BTP.
Des outils interactifs permettront aux apprentis de s’approprier
une culture générale vivante et de créer leurs propres réalisations
(mini-expositions virtuelles, albums, diaporamas), encadrés par leurs
formateurs.
Parallèlement au développement de « Passerelles », des visites de la BnF,
pour les apprentis des CFA-BTP et leurs formateurs seront organisées,
afin de découvrir l’architecture du bâtiment, les collections patrimoniales
et les coulisses de la bibliothèque.
haite permettre à de nouveaux publics d’accéder à son offre culturelle et à ses outils de médiation. « Ce type de partenariat national
impliquant toute une profession est une première en France », s’est
félicité Bruno Racine. Il considère que ce partenariat montre « que
les travaux manuels, qui ont tendance à être moins bien considérés,
ont une noblesse culturelle et une épaisseur historique ». Il veut aussi
que les apprentis qui ont parfois de mauvais souvenirs de leur passé
scolaire « s’intéressent à nouveau à des domaines qui ont pu être, à
l’époque, perçus de manière négative ».
Quant à la Fondation BTP PLUS, à l’initiative du projet, elle soutient
financièrement des opérations innovantes qui favorisent la promotion sociale des jeunes en formation dans les métiers du BTP. « Cet
outil va permettre aux jeunes de se former et de se cultiver à travers
des outils multimédias adaptés à leur génération, très accessibles et
dotés d’une dimension ludique », a souligné Brigitte Pousseur. n
Convention
13e convention entre le CCCA-BTP et le MEN
L
6
a 13 convention de coopération entre le CCCA-BTP et le minis-
avec une incitation à prendre des initiatives conjointes pour favo-
tère de l’Éducation nationale (MEN) a été signée pour cinq ans
riser la mobilité européenne et la mise en place de sections euro-
par Jean-Luc Sethi, président du CCCA-BTP et Jean-Paul Delahaye,
péennes. Les jeunes décrocheurs, c’est-à-dire ceux qui ont quitté
directeur général de l’enseignement scolaire.
l’école sans diplôme, font l’objet d’une attention particulière et le
La cohérence de l’offre régionale de formation sous statut scolaire
CCCA-BTP s’engage à participer activement aux travaux des plate-
et par la voie de l’apprentissage dans les métiers du BTP est un élé-
formes locales d’appui et de suivi aux jeunes concernés.
ment important du texte. Le CCCA-BTP et les services déconcen-
Cette nouvelle convention reprend par ailleurs et renforce les points
trés du MEN renforceront leur coopération afin de définir une offre
de collaboration déjà bien installés : évolution des métiers et des
régionale concertée. Au niveau local, les CFA du BTP et les lycées
diplômes, information et orientation, formation professionnelle
professionnels et technologiques sont encouragés à collaborer pour
et initiale, examens, communication ou encore dispositif financier
proposer des formations accueillant un public mixte d’apprentis et
relatif à la taxe d’apprentissage.
d’élèves, ainsi que pour construire des parcours de formation mixant
Les actions de cette convention sont développées au niveau natio-
les statuts. L’accent est également mis sur la dimension européenne
nal, et déclinées aux niveaux académique, régional et local. n
Apprentissage BTP n° 183 Avril-juin 2013
Un jeune, un parcours
Concilier voyage et vie professionnelle
Bravo ! Sophie Wintzer et Xavier Marché, son maître d’apprentissage (MA) étaient émus lorsqu’ils ont reçu
à Marseille le Trophée Or Apprenti du concours organisé par BATIRAMA. C’est pour « montrer sa reconnaissance
et sa gratitude envers son MA, sa patience, sa rigueur et son sens pédagogique » que Sophie, 25 ans,
a présenté sa candidature. Après une licence d’histoire, elle travaille pendant deux ans sur des chantiers de
sauvegarde du patrimoine en Pologne et en France. Ces expériences lui permettent de découvrir la charpente :
« J’apprécie tous les aspects du métier : le contact avec le bois, sa pratique en intérieur et en extérieur, la construction de maisons et le travail en équipe ». Elle passe ensuite une année au Royaume-Uni pour mûrir
son projet professionnel. Avant son retour, elle contacte une entreprise de construction bois avec laquelle
elle signe un contrat d’apprentissage et en septembre 2012, elle intègre la 1re année du CAP Charpentier bois
à BTP CFA Indre-et-Loire (Saint-Pierre-des-Corps). Son MA est intransigeant sur les règles de sécurité :
« Il me montre toujours comment travailler, certes en sécurité, mais aussi en évitant les troubles musculosquelettiques grâce à des procédures adaptées, par exemple pour l’installation d’échafaudages ou l’utilisation
de poulies pour soulever des charges lourdes ». Son avenir ? Préparer un BP Charpentier et à plus long terme,
concilier son envie de voyager avec l’exercice d’un métier qui lui plaît, tout en étant utile aux autres.
Palmes académiques
Marcel Malmartel et Jacques Vuthan distingués
J
ean-Luc Sethi, président du CCCA-BTP, a remis les Palmes académiques à Marcel Malmartel, secrétaire général du CCCA-BTP et à
Jacques Vuthan, directeur des Études du CCCA-BTP. Près de 200 professionnels et partenaires du secteur du bâtiment et des travaux
publics et de la formation professionnelle ont assisté à la cérémonie
organisée à cette occasion le 3 juin dernier à Paris. Ces distinctions
honorent ces deux personnalités pour leur engagement sans faille
dans le développement de l’apprentissage BTP, qui ont fait de la qualité de la formation professionnelle une priorité absolue. n
Développement
Un logiciel pour mieux coopérer
C’
est notamment pour développer l’approche globale du cadre
sur un support réalisé par un autre métier, peut mettre en péril les
bâti chez les apprentis que Jean-Luc Sethi, président du
performances thermiques, hygrométriques ou d’étanchéité à l’air
CCCA-BTP et Michel Pinon, directeur général de l’éditeur de logi-
du bâtiment.
ciels Nemetschek Allplan France S.A.R.L. ont signé une convention
Cette convention permet de conforter les actions déjà engagées par
le 16 mai 2013. La maquette BIM (Building Information Modeling)
certains CFA du BTP dans le cadre du dessin études des construc-
du logiciel de CAO Allplan 2012 sera mise à disposition gratuite-
tions et de les développer de manière structurée et homogène sur
ment dans tous les CFA du BTP du réseau CCCA-BTP. Cet outil per-
l'ensemble du réseau CCCA-BTP.
mettra de former les apprentis à appliquer la réglementation ther-
Dans un premier temps, Nemetschek Allplan France S.A.R.L. for-
mique obligatoire depuis le 1 janvier 2013, qui impose un contrôle
mera les personnels des CFA du BTP du réseau à l’utilisation du
systématique de l’étanchéité à l’air sur l’enveloppe du bâtiment et
logiciel. Ensuite les apprentis pourront acquérir des compétences
de la continuité de l’isolation sur les bâtiments neufs à usage d’ha-
qui leur permettront de créer du lien entre les différentes disciplines
bitation. Ces deux domaines impliquent de nouvelles pratiques
de la formation dispensée au CFA et de travailler sur des notions
pour les professionnels du BTP : chaque corps d’état intervenant
d’organisation et de suivi de chantier en entreprise. n
Apprentissage BTP n° 183 Avril-juin 2013
7
En chantier
Journées techniques nationales
Les couvreurs prennent de la hauteur
L
e Grenelle Environnement, les évolutions régle-
À cette occasion, des professionnels ont présenté les
mentaires et techniques ont mis la co-activité de
évolutions de leur activité, des experts ont informé les
différents corps de métiers et la coresponsabilité
participants sur les mesures réglementaires récentes
à l’ordre du jour. Dès lors que le couvreur intervient mais
et des fabricants ont exposé leurs derniers produits.
aussi, selon les cas, l’électricien, le plaquiste, le peintre,
La plus grande partie de ces journées a été consacrée
l’étancheur, le charpentier, le menuisier, le maçon, cha-
aux travaux par petits groupes en atelier. Quatre thèmes
cun doit être en mesure d’expliquer son travail à l’autre
avaient été retenus : les pratiques pédagogiques, les
et de tenir compte de tous les intervenants du chantier,
enjeux de la performance du bâti, l’approche de la santé
certaines thématiques exigeant une synergie sans faille.
et sécurité au travail dans l’apprentissage BTP, l’organi-
Côté règlementation, la RT 2012 impacte fortement la
sation des espaces et moyens de formation. Objectif :
filière couverture et la R 408 concerne la formation des
préparer au mieux les formateurs à intégrer toutes ces
apprentis à la sécurité sur les échafaudages. De nou-
évolutions dans leurs pratiques pédagogiques.
veaux matériaux apparaissent, ainsi que de nouvelles
Lors de son intervention, Jean-Luc Sethi, président du
pratiques d’isolation et de construction comme le sar-
CCCA-BTP, a rappelé l’importance pour les métiers de la
king * ou les toitures en terrasse. Autant de changements
couverture de faire travailler les apprentis en sécurité et
qui impliquent l’acquisition de nouvelles compétences
de les former à l’analyse et à la maîtrise des risques pro-
pour les couvreurs.
fessionnels. Jean-Luc Sethi a encouragé les participants
Conscient de ces enjeux, le CCCA-BTP a organisé des
à poursuivre leur réflexion dans le cadre d’une concer-
journées techniques nationales « Métiers de la couver-
tation régionale, afin de tirer le meilleur profit collectif
ture et de l’enveloppe du bâtiment », qui ont réuni du
de chacune des expériences individuelles. Et d’insister :
25 au 28 mars 2013 au Futuroscope de Poitiers une cin-
« Vous pouvez compter sur notre appui et notamment
quantaine de formateurs en couverture et formateurs de
celui de la direction de la Formation, dans la réalisation
dessin études et construction et membres d’équipes de
de vos missions ». n
En chiffres
La couverture en
chiffres
• 15 400 entreprises
(3 % du BTP).
• 85 % emploient au plus
5 salariés.
• 32 480 salariés
(effectif en hausse).
• 72 % d'ouvriers
qualifiés ou très
qualifiés.
Hausse des effectifs
dans le réseau CCCA-BTP
• 3 650 apprentis dans
le réseau CCCA-BTP
(augmentation de 22 %
en 10 ans).
• 83,5 % de l’effectif en
niveau V.
direction.
* Isolation par l’extérieur des toitures en pente avec pose de l’isolant
sur les chevrons
Questions à...
Pascal Miché, conseiller formation au CCCA-BTP, en charge de la filière Couverture.
Pourquoi organiser des journées techniques
dédiées à la couverture ?
D’abord, ce secteur est en plein essor. Pour preuve, malgré
la conjoncture, le nombre d’apprentis de la filière accueillis
dans les CFA-BTP de notre réseau ne cesse de croître
(+ 6 % pour cette seule année). La direction de la Formation
du CCCA-BTP a donc décidé d’organiser des journées
techniques nationales uniquement consacrées aux métiers
de la couverture. Les récentes évolutions technologiques et
techniques ouvrent, aujourd’hui, de nouvelles perspectives
aux entreprises du secteur. En effet, la toiture, élément
essentiel de l’enveloppe du bâtiment, doit se soumettre à
de nombreuses contraintes techniques liées à la performance
attendue : intégration au bâti, isolation, étanchéité à l'air
et à l'eau, le tout dans le respect de normes et des labels.
Dans le même temps, l’entrée en vigueur depuis le
1er janvier 2013 de la RT 2012 pour la construction neuve,
amène l’ensemble des acteurs du bâtiment à appréhender
leurs interventions par rapport à celles des autres
intervenants, et ceci dans un cadre d’exigences renforcées.
C’est dans ce contexte de changements, d’évolutions
notables des métiers de la couverture que se sont ancrées
8
ces journées techniques. L’ensemble des points que je viens
d’évoquer ont été au cœur des travaux menés tout au long
de cette semaine.
Sur quels points clefs ont porté les travaux ?
Les formateurs ont pu tisser des liens, faire des passerelles
entre l’actualisation nécessaire de leurs pratiques
pédagogiques et les adaptations pertinentes de leurs
espaces et leurs moyens de formation. Bon nombre de pistes
ont été évoquées et explorées : comment développer des
actions de formation en co-activité dans nos CFA-BTP ?
Quelle démarche pédagogique proposer pour intégrer
complètement l’analyse des risques à chaque activité
professionnelle ? Quelle approche adopter pour mettre en
lumière la responsabilité collective des intervenants sur
un chantier ? Quelles stratégies élaborer pour former
les jeunes à la R 408 ? Comment concevoir durablement une
veille technique ? Comment se former pour mieux former ?
Comment favoriser les échanges régionaux ?… C’est dans
cette optique que des propositions et des plans d’action
ont été formalisés par les participants.
Pascal Miché
Apprentissage BTP n° 183 Avril-juin 2013
Engagement
La parole à…
J’essaie de leur donner le goût d’apprendre
Je veux souligner qu’il faut former des couvreurs, car
« Quand les jeunes réalisent que le français, les maths et le dessin sont indispensables dans notre métier, peu à
peu, ils s’y intéressent davantage. J’essaie de leur donner
le goût d’apprendre et de les faire réfléchir sur leur travail »,
indique Jean-Luc Cannée 1. A la tête d’une entreprise de
couverture depuis 1990, formé lui-même en apprentissage,
il a toujours accueilli des apprentis. Installé à Limay
(Yvelines), il travaille actuellement avec un compagnon et
Quentin, apprenti en 2e année de CAP à BTP CFA Évreux.
Jean-Luc Cannée suit de très près les progrès des apprentis.
Pour lui, « le maître d’apprentissage est très important
s’il prend son rôle de formateur à cœur ». Chaque semaine,
il consacre une heure au suivi des progrès de l’apprenti.
Il regarde comment le jeune a renseigné son livret
d’apprentissage et s’il constate qu’il n’a pas décrit de
façon exacte et détaillée les activités réalisées sur les
chantiers, il l’aide à le compléter. Si des savoir-faire
ne sont pas totalement maîtrisés, il demande à l’apprenti
de faire des exercices complémentaires et surveille ses
progrès. « Plus de 90 % de mes apprentis ont eu leur
examen et plusieurs se sont installés à leur compte »,
se félicite-t-il. Il estime que de nouveaux marchés
s’ouvrent aux couvreurs avec les nouvelles technologies
et lui-même suit des formations pour actualiser ses
connaissances. Le CAP permet d’acquérir les bases du
métier et il considère qu’elles sont essentielles mais
il incite ses apprentis à poursuivre leur formation par un BP
ou une mention complémentaire.
on sera bientôt en manque d’ouvriers qualifiés. Un
1. Jean-Luc Cannée est président de la CAPEB Région Île-de-France
Gatien Merlot, chef d’une entreprise à Chatellerault (Vienne)
de cinquante salariés dont cinq apprentis présente les évolutions
techniques de la couverture.
«
C’
est sans doute le zinc, très en vogue actuellement,
qui connaît les changements les plus importants.
Conditionné auparavant en feuille qu’on posait sur des
tasseaux, aujourd’hui il se présente sous la forme de
gros bobineaux qui peuvent peser jusqu’à une tonne et
nécessitent des outils et une pose différents ainsi que
l’utilisation de grues pour le levage. Heureusement, les
CFA-BTP ont su intégrer les nouvelles techniques du
zinc dès qu’elles sont apparues. Les tuiles aussi sont
de meilleure qualité, par exemple le temps de pose de
celles à emboîtement s’est beaucoup réduit. Les accessoires (faîtages, arêtiers, etc.) ne sont plus scellés au
mortier chaud mais se posent sur des closoirs, d’où un
travail grandement facilité qui peut être réalisé plus vite
par tous les temps. Enfin, la pose de membranes (toile
enduite PVC), très tendance, permet de réaliser des toitures plates ou végétalisées étanches. Elle exige aussi
une technicité particulière pour la découpe du PVC.
La R 408
aspect me paraît essentiel, celui de la sécurité. On ne
Un arrêté du 8 novembre
2012 prévoit que les
candidats au CAP et au
BP de couvreur,
d’étancheur du BTP et de
la mention complémentaire Zinguerie doivent,
lors de leur inscription
à l'examen, fournir
l'attestation de
formation prévue par
la recommandation
R 408 de la Caisse
nationale d'assurance
maladie relative au
montage, à l'utilisation
et au démontage des
échafaudages de pied.
doit jamais oublier que le couvreur exerce un métier à
risques et un accident est toujours un accident de trop.
Chefs d’entreprise et CFA doivent développer une politique de sécurité encore plus forte qu’aujourd’hui. Pour
conclure, je veux dire que pour moi, couvreur est un très
beau métier. » n
Apprentissage BTP n° 183 Avril-juin 2013
9
En chantier
La pédagogie en situation
L
es formateurs rappellent que ce sont surtout les
le regroupement de l’atelier et de la salle de technologie
grandes sociétés qui ont recours aux nouveaux
et de la salle de dessin, avec des avis partagés sur leur
matériaux et beaucoup plus rarement les petites entre-
position attenante ou intégrée.
prises qui accueillent la majorité des apprentis. D’où
L’atelier couverture tel qu’il existe pourrait aussi s’ouvrir
parfois des difficultés pour travailler sur des situations
pour certains travaux à d’autres métiers. Cette approche
d’apprentissage rencontrées par les jeunes. En ate-
pluridisciplinaire pourrait se traduire par une plate-
lier, les formateurs se sont mis d’accord sur un cer-
forme avec une maquette modulable, qui serait utilisée
tain nombre de points : choisir une situation générale
dans plusieurs métiers. La création de pôles métiers
comme la rénovation d’un HLM, avec notamment une
avec une implantation des ateliers par affinités tech-
isolation par l’extérieur et la mise en conformité avec
niques (couvreur, charpentier, menuisier, maçon, pla-
la RT 2012. En effet, ce sont souvent les collectivités qui
quiste) ou par type de travaux (énergies renouvelables)
amorcent l’utilisation de nouveaux produits, avant les
a été évoquée. Le travail en co-activité, ont souligné les
particuliers. L’intérêt de ce choix est aussi que le forma-
participants, doit absolument être accompagné d’une
teur dispose d’une documentation écrite importante.
vraie synergie pédagogique. Toute organisation qui
L’atelier idéal
À quoi ressemblerait un atelier idéal de couvreur ? Un
favorise le rapprochement entre apprentis de différents
métiers au CFA a aussi l’avantage de les habituer dès le
début de leur formation à travailler en équipe. n
groupe de formateurs s’est pris au jeu et a laissé courir son imagination. Prévenu toutefois par l’animateur :
« Il faut trouver l’adéquation entre le pédagogiquement
souhaitable et le financièrement réalisable ». Premier
aspect débattu, cet atelier doit-il être fermé, ouvert,
« Zoom chantier »
modulable ou en extérieur ? L’atelier ouvert permet
Réalisé en partenariat avec l’OPPBTP, « Zoom chantier »
s’intègre à une Séquence pro. Les formateurs peuvent
puiser dans les ressources proposées pour organiser leur
formation : bibliothèque de ressources numériques sur
les situations de travail des métiers du BTP, exercices à
adapter aux apprentis selon leur niveau, etc. La première
séquence est axée sur une situation d’apprentissage
construite à partir d’une observation en entreprise.
L’analyse de la situation s’effectue selon la méthode des
5 M : milieu, matériel, main-d’œuvre, méthode, matériau.
Après le repérage d’une situation dangereuse, sont
étudiées les mesures de prévention à prendre. La dernière
séquence est consacrée à une synthèse globale et à une
prise de recul par rapport à la situation et à une réflexion
sur son travail.
« Zoom chantier » propose aux formateurs un diaporama
d’accompagnement d’analyse de situation, un dossier
photographique et de nombreuses ressources techniques.
Actuellement, différents ouvrages sont édités par l’OPPBTP
et soixante modules sont en ligne dans tous les métiers
du BTP. Par exemple, une base documentaire est disponible
pour l’ensemble du dossier couverture et notamment
« Dépannage urgent sur toiture ».
une meilleure ventilation pour les activités émettrices
de poussière et les fumées de soudure. Autre proposition, un espace pédagogique commun à plusieurs
métiers à proximité de l’atelier couverture mais à l’extérieur, ce qui permettrait de se rapprocher d’une situation réelle de chantier, notamment pour travailler sur
un échafaudage. Parmi les autres hypothèses émises,
10
Apprentissage BTP n° 183 Avril-juin 2013
Points de vue
C’
est la première fois que Frédéric Lesieur, forma-
Internet que je pourrais utiliser dans mes séquences de
teur couverture à BTP CFA Oise (Agnetz), parti-
formation ».
cipe à des journées techniques nationales et il en est
François Pellerin, formateur couverture depuis 23 ans
enchanté. Tous les intervenants l’ont fortement inté-
à Bâtiment CFA Ille-et-Vilaine (Saint-Grégoire), se féli-
ressé : il a apprécié « Zoom chantier » et approfondi
cite également que ces journées techniques nationales
sa connaissance de l’isolation, des questions liées à
aient été exclusivement organisées pour la couverture.
l’étanchéité à l’air, des fenêtres de toit, de la R 408 et
« Les entreprises ont besoin d’apprentis dont la forma-
de la RT 2012. Autre sujet de satisfaction, les échanges
tion intègre les évolutions, soit directement dans leur
entre collègues : « Nous avons eu de nombreux débats
préparation de diplômes soit dans des mentions com-
et j’ai découvert d’autres façons de former, différentes
plémentaires. Pendant longtemps notre métier n’avait
approches avec les apprentis. J’ai aussi appris qu’il y
pas beaucoup évolué sauf pour le métal et le zinc mais
avait de nombreuses nouvelles ressources accessibles par
maintenant nos apprentis interviennent sur des toitures
terrasses ou l’étanchéité à
l’air et utilisent de nouveaux
matériaux pour l’isolation ».
Pour lui, ces journées permettent « de se recentrer sur
nos méthodes pédagogiques
et de se redynamiser ». Il
souhaiterait qu’elles se prolongent par des rencontres
régionales. n
Frédéric Lesieur
François Pellerin
La mobilisation des partenaires experts
Le CCCA-BTP conclut
des partenariats
avec de nombreux
organismes spécialisés
afin de permettre aux
formateurs du réseau
CCCA-BTP de s’informer
et de se former sur
toutes les évolutions
qui impactent les
métiers du BTP, dans
l’objectif d’adapter
leurs pratiques
et de dispenser
aux apprentis une
formation actualisée
en permanence.
RAGE (Règles de l’art du Grenelle
Environnement)
répondre à ces nouveaux équipements. Établissement
« Il s’agit d’un programme d’accompagnement des pro-
CSTB exerce quatre activités clés : la recherche, l’exper-
fessionnels du bâtiment pour les aider à relever le défi
tise, l’évaluation et la diffusion des connaissances, avec
de réduction des consommations d’énergie dans les
des éditions (papier, électronique), des logiciels métier
bâtiments », indique Olivier Lesniewski, ingénieur à
ainsi que par l’organisation d’actions de formation.
la direction des affaires techniques de la FFB. Ce programme vise à faciliter l’application de la RT 2012 dans
public au service de l’innovation dans le bâtiment, le
Fischer
le neuf et la préparation à la RT 2020 dans la rénovation.
Le CCCA-BTP a signé le 20 janvier 2010 une charte de
RAGE établit des recommandations professionnelles
partenariat technique et industriel avec la société Fis-
(règles techniques). Une cinquantaine de documents
cher SAS, spécialisée dans les systèmes de fixation
techniques a été publiée, soixante sont en cours de
(chevilles scellements chimiques, mécaniques, forets).
rédaction, dont cinq sur la toiture. Tous les textes sont
« Notre objectif, explique Thierry Kuntz, responsable
disponibles en téléchargement gratuit sur le site inter-
des relations extérieures, est de fournir aux formateurs
net www.reglesdelart-grenelle-environnement-2012.fr/
et aux maîtres d’apprentissage des informations qu’ils
regles-de-lart.html.
pourront communiquer aux apprentis. Nous interve-
Le CSTB
dans les CFA-BTP du réseau CCCA-BTP et lors de certains
« Comme tous les autres produits du bâtiment, la cou-
séminaires qu’il organise. Les fixations doivent respecter
verture doit s’adapter aux nouvelles réglementations,
une réglementation française et européenne qui évolue
notamment celles liées à la RT 2012 et aux séismes »,
fortement. Les chevilles et leur utilisation sont très impor-
nons avec notre mallette de démonstration à la demande
insiste Nadège Blanchard, chef de projet Évaluation au
tantes pour la sécurité. Chacune a ses caractéristiques et
Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB).
doit être employée et posée à bon escient. Par exemple
L’isolation est renforcée et la toiture doit devenir active
pour les couvreurs, la fixation des échafaudages et des
pour participer à la production d’énergie. Le couvreur
ceintures de sécurité est fondamentale. » n
doit développer de nouvelles compétences afin de
Apprentissage BTP n° 183 Avril-juin 2013
11
Points d’appui
Frédéric HENRY
Entretien avec Frédéric Henry, responsable prévention à l’Agence Qualité construction (AQC), dont la mission
première est d’identifier les risques à partir des sinistres constatés par les compagnies d’assurances, puis d’intervenir
ensuite en termes de prévention — http://www.qualiteconstruction.com.
Le couvreur doit avoir une vision très large
du chantier
Quel est le principal sinistre constaté en
photovoltaïques. Quand il fait chaud, cer-
couverture ?
tains capteurs électriques peuvent monter
La couverture se caractérise par deux
en température jusqu’à 70 ou 80 degrés et
éléments clés : l’étanchéité et l’isolation.
s’ils sont mouillés, favorisent un arc élec-
Le sarking
Le sinistre le plus fréquent concerne
trique pouvant engendrer un début d’in-
Il s’agit de l’isolation par
l'extérieur des toitures
en pente avec l'isolant
posé sur les chevrons,
aussi bien dans les
bâtiments neufs qu’en
rénovation. Des
formateurs ont défini
l’organisation d’une
séquence de formation
(Séquence pro) à cette
technique. Le travail a été
découpé en 5 séances :
–– analyse de l’existant
(photos, plans et relevés
fournis) et décodage du
dossier ;
–– définition d’un choix
constructif (fiches
techniques, choix des
matériaux, etc.) ;
–– mode opératoire de
l’ensemble du chantier
pour un travail en
sécurité : pose de
l’échafaudage, pose des
matériaux, évacuation
des gravats (tri sélectif ) ;
–– étanchéité à l’air : mise
en œuvre du produit ;
–– pose de l’isolation
et fixation.
Concernant l’étanchéité
à l’air, pas moins de
20 points singuliers en
moyenne sont à étudier.
Elle peut nécessiter
l’intervention
d’un électricien,
d’un plaquiste,
d’un étancheur,
d’un charpentier,
d’un menuisier,
d’un maçon, etc.
l’étanchéité, principalement à l’eau. La
cendie de la couverture, surtout si l’isolant
première cause est la rupture de conti-
est combustible.
nuité, due à la multiplication des points
Les échanges entre
professionnels sont
de plus en plus
indispensables et
il faut inculquer
cette approche dès
l’apprentissage.
Focus
sensibles sur les toitures : fenêtres, chiens
Quelles conséquences de ces évolutions
assis, sorties VMC, cheminées, etc.
sur la formation des apprentis ?
Autre pathologie, de la vapeur d’eau est
Pour tout ce que je viens d’évoquer, il faut
produite à l’intérieur d’un bâtiment,
que les couvreurs maîtrisent les compé-
qui aura tendance à se condenser, puis
tences correspondantes. Sur l’étanchéité à
à s’échapper par la toiture en traver-
l’air et à l’eau bien sûr mais aussi sur l’iso-
sant l’isolant thermique (placo, laine de
lation, le choix des produits et l’électricité.
verre…) et dès qu’il est mouillé, celui-ci ne
Le couvreur doit avoir une vision très
sert plus à rien. Il faut donc prévoir côté
large du chantier et l’appréhender dans sa
intérieur un pare-vapeur, à savoir un film
globalité. Les professionnels ont tout inté-
étanche. En général, l’isolant est livré avec
rêt à échanger sur leurs travaux respectifs,
ce film mais il faut assurer la continuité.
au début d’un chantier : il faut que cha-
Aujourd’hui on veut aussi que la toiture
cun explique à l’autre ce qu’il va faire. Le
produise de l’énergie, d’où l’installation de
maître d’œuvre est un acteur important,
capteurs solaires photovoltaïques ou ther-
car c’est lui qui doit veiller à cette coordi-
miques pour produire de l’électricité ou
nation entre tous les professionnels. Ces
l’eau chaude solaire. Là encore, le sinistre
échanges sont de plus en plus indispen-
le plus souvent rencontré est l’étanchéité.
sables et il faut inculquer cette approche
dès l’apprentissage. La mise à niveau des
Quels sont les autres risques ?
compétences est un vrai défi pour la for-
Ce sont d’abord des problèmes ther-
mation initiale et la formation continue.
miques. De nombreuses calories s’échap-
Je constate que les formateurs sont très
pent par la toiture et il faut donc isoler.
motivés pour ces approches globales de la
De nouveaux matériaux ont fait leur
construction. Pour mémoire, le couvreur,
apparition récemment, notamment des
comme les autres professionnels de la
isolants biologiques comme le chanvre ou
construction, est présumé responsable et
la ouate cellulose. Pour ceux-ci, il faut être
sera en première ligne de tous les sinistres,
attentif à la sécurité incendie. Beaucoup
défauts et problèmes qui affecteront la
de ces isolants sont combustibles et peu-
couverture. Même s’il respecte toutes les
vent propager le feu. Par exemple, quand
règles, ce sera à lui de dégager sa respon-
des spots sont encastrés dans l’isolant, s’ils
sabilité parce qu’il a accepté, qu’il n’a pas
sont mal posés, la température peut mon-
veillé à, qu’il n’a pas signalé à temps, etc.
ter autour et à terme déclencher le feu.
Le cadre juridique est étroitement lié au
Celui-ci peut aussi provenir des panneaux
cadre technique. n
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Apprentissage BTP n° 183 Avril-juin 2013