Christiania: histoire d`un lieu atypique

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Christiania: histoire d`un lieu atypique
Chroniques d’un Copenhague underground
31/05/13 10:16
Chroniques d’un Copenhague underground
Christiania : histoire d’un lieu atypique
Lauriane Clément, correspondante à Copenhague
Mardi 29 Janvier 2013
Copenhague, ce n’est pas seulement la petite sirène, la Carlsberg, et les vélos. La ville regorge de multiples
facettes et lieux atypiques. Chaque mois, j’essayerai de vous faire découvrir l’un des endroits underground de la
capitale danoise.
C
omment débuter sans parler de Christiania, la communauté libre de Copenhague ? Cet espace au cœur
de Copenhague a été fondé en septembre 1971, lorsque des résidents se sont emparés de l’ancien
quartier militaire de Bådsmandsstræde. L’histoire raconte que ce mouvement fut inspiré par un
journaliste, Jacob Ludvigsen, dont le but était de « créer une société autotogérée dans laquelle chaque
individu se sent responsable du bien-être de la communauté entière ». Utopique ? Pas tant que cela.
Un fonctionnement unique
Après 41 ans d’existence, Christiania s’est organisée avec un fonctionnement particulier, mais très précis. La
communauté réunit mensuellement son assemblée générale, la « Fællesmøde », dont les décisions ne sont pas
prises par vote mais par consensus. La ville libre détient aussi son propre drapeau, trois points jaunes
symbolisant les trois « i » de Christiania sur un fond orange, sa monnaie, et son hymne (I kan ikke slå os ihjel,
"vous ne pouvez pas nous tuer", chanson du groupe de rock Bifrost). Christiania a aujourd’hui pris les allures
d’une véritable ville, et dispose, entre autres, de son jardin d’enfants, de sa fabrique de vélos, de sa radio libre,
de son cinéma, de nombreux restaurants et lieux de spectacles, et last but not least, de sa propre équipe de
football ! En tout, ce n’est pas moins d’un millier de personnes – dont 200 enfants - qui y vivent actuellement,
dispatchées sur un territoire de 34 hectares.
S'il existe une certaine harmonie à Christiania, c’est probablement grâce aux quelques règles que les
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Christianites ont su imposer. En effet, les voitures, les armes, les gilets pare-balles, mais aussi et surtout les
drogues dures y sont interdits. Cette décision provient de la « JunkBlokaden » de 1979 au cours de laquelle
vendeurs et usagers de drogues dures ont été expulsés de Christiania. Fait anecdotique, le camping y est
également interdit, Christiania s’étant fait envahir à maintes reprises par des centaines de vacanciers en quête
de « retour au mouvement hippie » !
Une lutte pour survivre
Christiania a longtemps été acceptée grâce à son caractère d’expérimentation sociale. Pourtant, l’ancien
Premier ministre Anders Fogh Rasmussen, un libéral conservateur, a enlevé à la ville son statut de communauté
alternative le 1er janvier 2006. Le 19 mai 2007, une première maison a été détruite, ce qui a provoqué un grand
tolé dans la communauté, soldé par l’arrestation de 59 personnes. Finalement, le 21 juin 2011, un nouvel accord
a été trouvé entre le gouvernement danois et les Christianites, permettant aux habitants de racheter à l’Etat une
grande partie du quartier. La communauté doit pour cela réunir 10,2 millions d’euros.
Cette dernière solution provoque des réactions mitigées au Danemark. Pour certains, cela marque la fin de la
plus grande expérience d’une communauté libre à l’échelle de l’Europe, soumise à présent aux lois du marché.
D’autres espèrent toujours la destruction de ce « haut lieu de la drogue ». Pourtant, au niveau de Copenhague,
Christiania est plutôt bien perçue. La communauté fait partie de l’histoire et de la culture de la ville, les
Copenhagois sont donc plutôt attachés à cet espace de « non droit ». De plus, Christiania recevant 1,5 million
de visiteurs par an, le gouvernement danois est conscient de l’intérêt à trouver un consensus pour conserver cet
endroit.
Après avoir pris connaissance de l’histoire de Christiania, je vous présenterai et montrerai le mois prochain les
lieux les plus atypiques de la communauté.
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Lauriane Clément, correspondante à Copenhague
Correspondante pour le Journal International à Copenhague et étudiante à
Sciences Po Lyon, j'aime... En savoir plus sur cet auteur
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