Systèmes d`information et ressources humaines
Transcription
Systèmes d`information et ressources humaines
N° 78 AVRIL 2008 Systèmes d’information et ressources humaines Intégration des ressources humaines dans le système d’information Alignement du système d’information sur les processus Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies Club LA VIE DU Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies ASSEMBLÉE GÉNÉRALE D’HABSIS DU 27 MARS 2008 Rapport moral Le Club a rassemblé 194 organismes adhérents, avec la répartition suivante 52 % d’OPH et 38 % de SA HLM et 10 % de C.I., COOP, SEM et GIE. La participation aux journées du Club est en légère augmentation : moyenne de 79 participants par journée en 2007 contre 76 participants par jour en 2006. 4 journées ont été organisées en 2007 sur les thèmes suivants : • Les systèmes d’information géographiques, • Le travail collaboratif • Observatoire des coûts informatiques 2006 et les tableaux de bord du Dsi • Systèmes d’information et ressources humaines (SIRH) Une réflexion sur ITIL a été menée lors du séminaire du club. Une étude sur la participation aux journées par fonction dans l’organisme montre une légère diminution de la participation des responsables informatiques par rapport à l’année précédente (65% contre 68%) mais la fonction informatique est souvent associée à l’organisation ou aux moyens généraux, la participation directeurs généraux est en légère baisse (8%). Ces deux diminutions sont compensées par une augmentation de la participation des responsables de la direction concerné par la problématique abordée (7%). N° 78 Les actions réalisées en 2007 ont été les suivantes : • Observatoire des coûts informatiques • Diffusion des modèles de tableaux de bords du DSI • Formations ITIL • Définition du cahier des charges du forum des adhérents, ouverture prévue en 2008 Rapport financier L’exercice 2007 présente un solde créditeur de 14 831,05 €uros qui se décompose comme suit : Résultat 2007 Produits Charges Solde 144 048 64 078 79 971 59 430 59 252 178 9 798 39 952 -30 153 4 - Autres 0 2 500 -2 500 5 - Investissement 0 32 665 -32 665 213 277 198 446 14 831 1- Fonctionnement 2- Journée / Séminaire 3- Actions pluriannuelles TOTAL Budget 2009 Le budget prévisionnel 2009 a été établi dans la continuité des réalisations moyennes des dernières années, il permet au Club de prévoir un investissement à hauteur de Budget 2008 1- Fonctionnement 29 000 € en 2009. A noter que le niveau de fonds propres s’élève à 205 587,10 €uros au 31/12/2007. Produits Charges Solde 135 000 72 000 63 000 2- Journée / Séminaire 57 000 60 000 -3 000 3- Actions pluriannuelles 15 000 43 000 -28 000 0 3 000 -3 000 0 29 000 -29 000 207 000 207 000 0 4 - Autres 5 - Investissement TOTAL Résolutions Première résolution L’Assemblée Générale, après avoir pris connaissance des comptes de l’exercice clos le 31 décembre 2007, approuve les dits comptes tels qu’ils lui ont été présentés et se soldant par un résultat de 14 831,05 € Deuxième résolution L’Assemblée Générale, après avoir pris connaissance du rapport d’activité 2007, donne Quitus au Conseil d’Administration pour sa gestion. Troisième résolution L’Assemblée Générale, après avoir pris connaissance du budget 2009 approuve le dit budget. Quatrième résolution L’Assemblée Générale approuve le maintien de la cotisation. Pour les organismes de moins de 10 000 logements en 2009 la cotisation s’élève à 500 € HT. Pour les organismes de plus de 10 000 logements ou équivalent logements la cotisation 2009 s’élèvera à 500 € HT de base plus 250 € HT par tranche de 10 000 logements, cette cotisation étant plafonnée à 2 500 € HT Cinquième résolution L’Assemblée Générale approuve, conformément au nouvel article 8 des statuts d’Habsis, les cooptations suivantes : Claude Virolet d’Efidis (CA du 12/4/2007) soit jusqu’à l’AG 2011 statuant sur les comptes 2010 Claude Allais de Sarthe Habitat (CA du 10/10/2007) soit jusqu’à l’AG 2011 statuant sur les comptes 2010 Isabelle Touchon de Domofrance (CA du 26/03/2008) soit jusqu’à l’AG 2009 statuant sur les comptes 2008 Hugues Bourgouin (CA du 26/03/2008) soit jusqu’à l’AG 2009 statuant sur les comptes 2008. PLANNING 2008 DES RENCONTRES HABSIS SIRH : club édito LE Encore une journée à succès, par la qualité des interventions comme par le nombre des participants. ■ Jeudi 3 juillet 2008 Vendredi 4 juillet 2008 Séminaire : Urbanisation du système d’information C’est bien la preuve que l’élargissement des préoccupations d’Habsis aux problématiques métiers et stratégies répond à une réelle attente. ■ Jeudi 23 octobre 2008 Etat de l’Art Informatique observatoire des coûts informatiques 2007 Nous avons pu à nouveau constater l’apport essentiel du SI à la performance globale de l’entreprise, le SI est considéré maintenant vraiment comme support essentiel des fonctions métier et non plus comme un sous-produit nécessaire de « moyens généraux » pesants. ■ Jeudi 11 décembre 2008 Système d’Information et maîtrise d’ouvrage ■ Jeudi 29 janvier 2009 Nouveaux réseaux / nouveaux services Ainsi, c’est bien le renforcement de l’efficacité des outils métiers, intégrés dans un SI global de qualité qui fait la performance de l’entreprise. ■ Sommaire Systèmes d’information et ressources humaines P Témoignages d’organismes P. 10 Intégrer les RH dans le SI P. 16 4 Table ronde : Les référentiels des RH P. 18 Table Ronde : Aligner les RH sur les processus P. 21 Il en résulte une évolution du DSI qui doit devenir «architecte» des besoins des métiers et « urbaniste » au service de la vision stratégique porté par la Direction générale. Alors, venez nombreux au séminaire d’Habsis de juillet, puisque justement nous avons choisi comme thème « l’urbanisation du système d’information ». Jean-Pierre JANIN, Président d’Habsis RESPONSABLE DE LA RÉDACTION : Jean-Pierre Janin Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies 14, rue Lord Byron - 75008 PARIS T 01 40 75 78 77 - [email protected] - F 01 40 75 79 85 www.habsis.org JOURNALISTE : Stéphane Sémichon RÉALISATION ET IMPRESSION : L’ARTÉSIENNE B.P. 99 - Zone Industrielle - 62802 LIÉVIN CEDEX T 03 21 72 78 90 - F 03 21 72 78 91 ISSN 0987 9056 conférence Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies SYSTÈMES D’INFORMATION ET RESSOURCES HUMAINES Dans les organismes, comme dans les autres entreprises, les ressources humaines apparaissent comme premières, et ultimes ressources. Mais comment leur donner la place qui leur revient dans les systèmes d’information ? Qu’est-ce que les RH nécessitent comme informations, comme besoins, comme développements ? Quelles sont les évolutions entraînées par la mise à disposition de nouveaux systèmes technologiques dans les systèmes d’information des ressources humaines ? Les RH sont transversales dans l’entreprise, comment les informations qui leur sont liées peuvent-elles se hisser au même statut dans son SI ? Deux éditeurs ouvrent le débat pour parler de leur métier et expliquer leur approche des RH et des Sirh. Après les témoignages de trois organismes, le débat sera élargi pour examiner comment les RH peuvent se placer dans l’architecture générale des SI et les pistes qui permettront de leur donner toute leur place, visà-vis de l’ensemble des métiers. Où vont les RH et leur SI ? Directeur de marché Sirh du Groupe Cegid, Pascale Boyaval souhaite aborder le sujet en présentant des études récentes sur les attentes des RH par rapport à ce que peuvent leur apporter les SI avant d’examiner les évolutions technologiques de ces derniers. Comme le rappelle Charles Henri Besseyre des Horts, responsable du cursus RH à Hec, cette fonction a évolué par sédimentation. D’abord administrative, ce qu’elle demeure, elle a ensuite développé d’autres dimensions : juridique, psychologique et enfin gestionnaire. Celle-ci est aujourd’hui dominante, tandis que trois nouvelles dimensions apparaissent et font naître de nombreuses interrogations : • la Drh stratège qui participe à l’élaboration des décisions au sein des comités de direction • la Drh innovante dont on attend de nouveaux services, du fait notamment de l’arrivée de nouvelles classes d’âge de salariés et des modifications de la perception du travail. • la Drh « marketeur », expression parfois encore perçue comme un gros mot. Sous cet angle, la Drh est regardée comme un fournisseur, vis-à-vis de clients internes. Dans cette fonction, elle vise notamment à segmenter la population interne, pour rendre les meilleurs services. Elle doit aussi aller chercher des « clients externes », les salariés potentiels qui pourraient intégrer l’entreprise, travailler l’image employeur… Si l’on se tourne vers la technologie, on peut distinguer 4 évolutions technologiques qui ont eu -ou auront- un impact sur les RH. N° 78 • Les outils de business intelligence (BI) qui fournissent des moyens d’analyse des données aux métiers. Ils succèdent à des outils rustiques et peu faciles à manier P4 LES journées conférence (outils de query, data miner…). Il n’est pas indifférent que ce soit l’utilisateur final, celui qui connaît la signification de ses données, qui puisse mener leur exploration plutôt que de laisser celle-ci aux mains de la Dsi, comme c’était le cas auparavant. Les nouveaux outils (Cognos, BO…) mettent les capacités d’analyse et de reporting entre les mains des collaborateurs de la RH et la plupart commencent à les manipuler. Les Drh rattrapent le retard qu’elles avaient pris sur les directions financières ou les services commerciaux. La dynamique apportée dans l’exercice du métier est très intéressante. Pour être stratège, il faut voir les tendances, c’est-à-dire chiffrer, modéliser, simuler. • Les portails d’entreprise, utilisés par les Drh innovantes pour mettre en place de nombreux services. Les premiers intranet sont apparus dans les années 2000. On dispose là d’outils qui permettent de décentraliser et de personnaliser les services délivrés jusqu’à l’utilisateur final, selon la fonction (salariés, managers) et les missions. • Le web 2, qui est devant nous, mais s’avère déjà faire l’objet de fortes demandes de la part du marché. On peut le voir d’abord sous les auspices des web services, appelés chez un correspondant pour intervenir au sein d’une fonction ou d’un process. Ils sont par exemple utilisés pour la dématérialisation des relations avec l’administration. Le web 2 est aussi le monde des blogs, chats, vidéo en ligne… L’informatique domestique manifeste ici de l’avance sur l’informatique professionnelle, notamment en termes de convivialité et d’ergonomie. La mise en place de tels outils ne va pas de soi en entreprise, avec un risque d’anarchie. Mais une fois maîtrisées par les Dsi et les Drh, ces technologies auront un impact sur les SI d’entreprise. On peut déjà citer le cas de campagnes de recrutement par le web. • Le mode Asp qui fait passer d’une installation du logiciel dans l’entreprise à son installation ou à son hébergement extérieur. Il s’agit d’un axe moins important, mais il est difficile pour les éditeurs de ne pas proposer tout à la fois les deux solutions in et out. Ce qu’on attend des RH Certaines sources américaines distinguent(1) quatre responsabilités pour les RH : • business partner • expert administratif • acteur du changement • « avocat des employés ». Ce dernier terme met en avant une fonction consistante de dialogue. Pour le franciser, il faudrait sans doute le compléter par « avocat des employeurs ». Les éditeurs de logiciels peuvent fournir aux Drh des moyens d’accompagnement sur les trois premières de ces dimensions. Ce qui rapproche d’ailleurs les Drh des Dsi, elles aussi experts (technologiques), business partners et acteurs de changement. Si l’on observe le temps consacré par les Drh américaines à leurs différentes tâches(2), celle de business partner -qui connaît et partage les enjeux économiques de l’entreprise- vient en tête (23.5% en 2004), l’administration en dernier (13.2%). Cette faible part peut s’expliquer par la moindre prégnance de l’environnement légal et réglementaire aux Etats-Unis. La paye y relève par ailleurs souvent des Daf. La Drh est y vue, d’abord, comme fournisseur de services auprès des directions opérationnelles. Les Drh sont souvent d’anciens directeurs commerciaux, de la production, ou d’une autre direction opérationnelle. La même tendance existe dans certains secteurs en France. Une des premières décisions de Carlos Ghosn en arrivant à la tête de Renault aura été de placer un ancien directeur de la fabrication à la tête de la Drh. On peut également citer des entreprises comme Lafarge, où les Drh sont souvent d’anciens directeurs de terrain. Mais d’autres changements se font jour. Des cursus spécifiquement RH sont appa- Interrogés sur leurs attentes vis-à-vis des Drh, ils placent loin en tête, le recrutement et la fidélisation de bons collaborateurs. L’accompagnement stratégique vient bien après. En revanche, si l’on interroge les Dg américaines sur leurs attentes vis à vis de la DRH(3), sont cités dans l’ordre : 1. la dimension stratégique 2. la connaissance du business 3. le management des talents 4. l’expertise technique 5. la perspective internationale 6. la capacité à mesurer et quantifier financièrement 7. les compétences de management du changement 8. l’innovation et la créativité Les échecs dans la conduite d’une stratégie viennent souvent d’une mauvaise prise en compte de la capacité des RH à être en ligne avec celle-ci. La première place donnée à cette dimension s’explique donc bien. En revanche il est étonnant de ne pas voir mieux placé ce qui relève de la quantification. Aujourd’hui, lorsqu’on parle avec des Drh, on a le sentiment que la mesure du résultat et des chiffres leur sont de plus en plus demandés. Avec des difficultés intrinsèques. La durée n’est pas la même que pour le business où la révision des objectifs et le changement des budgets interviennent fréquemment dans des laps de temps de 6 mois ou un an. Les politiques RH ne se mettent pas en place dans ces délais-là. Il leur faut au moins deux ans pour commencer à porter des fruits. Néanmoins, cet effort demandé sur la mesure va en augmentant. N N°° 78 78 P5 rus sous forme de mastères ou de formations dans les écoles françaises au milieu des années 80. D’où une forte professionnalisation. Au-delà de la dimension administrative, sont apparus des acteurs soucieux de participer au changement de l’entreprise. Cependant, on peut encore souvent observer de la part des Drh une focalisation sur leur technicité propre plus que sur le business de l’entreprise. Cette technicité leur est d’ailleurs reconnue par les Pdg français. conférence Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies L’informatisation des processus plébiscitée Les grandes tendances de la fonction RH telles qu’elles apparaissent à travers les opinions des DRH françaises en 2007(4) sont les suivantes : 1. Gérer les compétences clés de l’entreprise 2. Accompagner les réorganisations et les restructurations 3. Attirer et retenir les potentiels 4. Améliorer l’engagement des salariés 5. Accompagner le développement international de l’entreprise 6. Impliquer la hiérarchie et les collaborateurs dans la gestion RH 7. Améliorer le dialogue et préserver la paix sociale 8. Maîtriser les coûts de la fonction RH 9. Valoriser la responsabilité sociale de l’entreprise 10. Préparer le paby-boom 11. Mettre en place un contrôle de gestion 12. Mettre en place une politique de la diversité Sur les trois premiers objectifs cités, on notera que l’informatique n’apporte que peu de réponses, sinon avec des technologies émergentes en lien avec la Gestion Prévisionnelle de l’Emploi et des Compétences (Gpec), un thème dont l’on parle depuis une dizaine d’années et auquel s’étaient essayé beaucoup d’entreprises. Mais seules un petit nombre étaient jusque là parvenus à la Mettre en place des référentiels pour identifier leurs compétences clés. Aujourd’hui, le sujet décolle réellement, sous le coup notamment de la loi Borloo. A la question de savoir sur quelle amélioration de productivité de leur fonction ils tablent à court terme, 59 % des Drh la situent entre 0 % et 5 %, 27 % entre 5 % et 10 %, 14 % au-dessus des 10 % Parmi les moyens cités, l’informatisation des processus RH fait l’objet d’un large consensus, loin devant les autres. Vient ensuite la création de Centres de services partagés (elle concerne essentiellement les entités réparties en nombreuses unités décentralisées). Puis : - la réduction des effectifs - la centralisation des services RH - l’externalisation de la paye - les gains sur la masse salariale - l’externalisation des processus RH - la réduction des services rendus par la RH Concernant les apports reconnus de la technologie vient d’abord la fiabilité des données. Cette confiance est capitale lorsqu’il s’agit d’effectuer des extractions et du reporting. Elle n’a pourtant rien d’évident lorsque l’on sait que les données RH viennent de la saisie de très nombreuses informations, quantitatives et qualitatives La disponibilité des données, elle aussi, est jugée très positivement. Elle est relativement récente. Le discours entendu auparavant se résumait plutôt à : « de gros SI sont en place. Quand il faut aller y chercher des informations, c’est mission impossible. » Même si cela demeure encore difficile dans certains cas, les outils de business intelligence rendent l’information nettement plus disponible qu’elle ne l’était auparavant. Parmi les apports de la technologie sont aussi cités la capacité d’apporter de nouveaux services (en particulier avec les portails) et les gains de productivité apportés par l’automatisation des process. En revanche, les gains en flexibilité de l’organisation sont le seul point où l’insatisfaction dépasse la satisfaction. Priorité portail Pour les Drh, les priorités d’amélioration du Sirh pour l’avenir concernent : - la gestion de la formation - la Gpec - l’administration du personnel - les self-services employés/managers - la gestion des temps et de l’activité - la paie - le portail RH - la gestion des rémunérations - la gestion des carrières - le recrutement Comme on le voit, le champ ouvert est large, avec de nombreuses perspectives qui dépassent de loin la mise en place de solutions de paye et d’administration du personnel. N° 78 Concernant les projets sur le Sirh, 10 % seulement des réponses mentionnent son externalisation. 35 % portent sur l’ajout de modules, souvent liés à la Gpec, mais tout autant sur le changement de systèmes. Pour répondre à des évolutions fortes, comme la mise en place des déclarations automatisée des données sociales unifiée (Dads-U) de nombreuses entreprises préfèrent un changement à une évolution jugée trop complexe lorsqu’il s’agit de développements internes, ou trop onéreuse, vu les tarifs pratiqués par certains grands éditeurs de paye. On assiste donc P6 Mais les projets qui se taillent la part du lion concernent les portails, avec plus de 55 % de réponses positives. Il ne faut pas y voir de contradiction avec l’informatisation des processus de gestion de la formation ou de la Gpec : ceux-là peuvent aider celle-ci. Le contenu visé à travers ces portails concerne en priorité, et à égalité, le reporting opérationnel pour les managers et l’animation de la fonction RH. Ce dernier item recouvre la délivrance, aux managers et aux salariés, d’informations de type administration du personnel que la Drh a dans son SI, : « vous avez une formation à suivre… votre visite médicale a lieu demain », ou d’alertes : « nous avons reçu un arrêt maladie pour tel salarié… « le permis de tel autre est à renouveler… ». De nombreuses informations peuvent être ainsi pushées vers les managers et les salariés, faisant gagner du temps et renforçant la dimension business partner de la Drh. Les portails doivent aussi accueillir des self-services, avec : - des bourses d’emplois - des catalogues et des inscriptions en ligne pour de la formation - la gestion des évaluations pour les entretiens individuels - du e-learning - la gestion des absences - la visualisation de l’épargne salariale - des espaces d’expression syndicale, voir des blogs qui concernent essentiellement certaines communautés. et sa mise en place intervient souvent tardivement. Cela peut être jugé surprenant mais trouver plusieurs explications, que la gestion en revienne aux Daf, qu’il s’agisse de données jugées sensibles et/ou que des outils aie été développés sur Excel. En gestion des ressources humaines, la brique recrutement s’avère essentielle. Les référentiels métiers et compétences sont lourds et complexes à mettre en place, mais les entreprises y vont. Elles démarrent en se focalisant sur les compétences clés, ou bien sur une entité particulière appelée à subir des évolutions. Une autre motivation est apparue avec des décisions de justice pris à l’encontre d’entreprises qui n’avaient pas mis en place tous les outils voulus sur l’employabilité des salariés dans leur plans de restructuration ou sur l’inventaire des postes sensibles. Les Drh vont être de plus en plus interpellés pour réaliser ce travail. Un bon SI doit également regrouper autour d’une base de données unique du salarié ce qui concerne la gestion de la formation, les entretiens individuels et le décisionnel. La gestion des absences et des congés est courante. Elle entraîne des économies très conséquentes (on estime de 10 à 15 le nombre moyen de demandes d’absence et de congés formulées par salarié et par an). Avec la mise en place de cet élément, conférence à leur retour vers des éditeurs du mid-market, mieux adaptés à leur taille. LA SOLUTION EXPERT DE GESTION D O C U M E N TA I R E E N I M M O B I L I E R Dématérialisation - LAD/RAD - Workflow - Archivage légal Pour : Gestion locative - Construction et Patrimoine - Entretien ANRU - Finances - RH. Simple et accessible de tous ses utilisateurs, EASYFOLDER est prêt à l’emploi. EASYFOLDER permet intéractivité et réactivité entre tous les services concernés par vos projets. • Sécurité Sirh, panorama Si l’on tente d’effectuer un panorama général des Sirh aujourd’hui, on constate que ces SI ont pris de l’ampleur, dépassant de loin les briques paye-administration du personnel. Ils permettent de gérer l’activité et les temps. Le bilan social est un classique. La dimension reporting et tableaux de bord se développe en particulier sous l’impact des technologies de business intelligence. Tout ce qui relève des budgets, de la simulation de la masse salariale, etc. représente aussi une brique importante. Pourtant, ce n’est pas celle qui est la plus développée • Fiabilité • Puissance Rejoignez nos 150 clients, parmi lesquels : Unilogi • Immobilière 3F • Espacil • Habitat 59/62 • Prestades • Crédit Immobilier de France • CIL Atlantique • Arthur Loyd • Auchan • Véolia • Bouygues... Pour toutes informations, contactez Mélanie Dubois : 86 rue des Lilas - 59700 Marcq en Baroeul Tél. 03 20 82 02 02 - Fax : 03 20 80 09 56 N° 78 P7 conférence Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies le salarié peut suivre sa demande, il a connaissance de ses soldes. Les difficultés de mise en place ne sont pas à chercher du côté des applications, mais parfois des Drh qui manifestent quelques réticences : il faut que les compteurs soient propres. La base de données elle aussi doit être propre lorsque le dossier du salarié est mis à sa disposition et qu’il peut éventuellement y modifier certaines informations (adresse, Rib…). Le portail révèle le SI tel qu’il est. Lorsque le dossier est mal renseigné, ou présente des zones de vacance, le salarié s’apercevra qu’il est mal répertorié dans l’entreprise. Avant de le mettre en place, il faut donc préparer le terrain. Les technologies portail permettent maintenant la mise en ligne de formulaires qui remplacent avantageusement les feuilles Excel. Des outils sont ainsi donnés aux managers pour gérer leurs équipes, saisir des primes, faire des simulations d’augmentations de masse salariale, toutes informations « redispatchées » dans la paye après validation par la Drh. Les portails permettent de décentraliser de plus en plus les processus, ce qui intéressera davantage tel ou tel type d’activité. Dans les fast-food par exemple, les managers des restaurants doivent pouvoir effectuer embauches et des fins de contrat en soirée ou pendant le week-end. N° 78 L’informatisation de la gestion de la formation permet de prendre en charge une série de tâches administratives et lourdes et de démultiplier les services rendus. Il est intéressant pour un salarié de voir ses compteurs de droit individuel à la formation, de connaître les formations disponibles dans le cadre du plan de formation, de savoir quelles autres personnes suivent cette formation, de pouvoir s’y inscrire, de savoir si sa demande est validée. individuels (combien sont faits, combien restent à faire, y a-t-il des retards… ?) et remonter un certain nombre d’informations directement dans le dossier du salarié, dans la mesure où l’on peut les homogénéiser et les standardiser. Pour conclure, on citera une étude menée par Csc selon laquelle, malgré tout, les Sirh ne sont pas perçus comme stratégiques. L’élément du SI jugé le plus stratégique concerne le business, la gestion de l’activité propre de l’entreprise, son corps de métier. Vient ensuite la Daf, et ses chiffres, enfin seulement la Drh. Les Sirh sont souvent l’élément le plus ancien du SI. Leur fonctionnement et leur maintenance sont perçus comme coûteux et contraignants. La plus grande part des ressources (50 %) est encore consacrée à la paie et à l’administration du personnel, tâches qui sont perçues comme les moins créatrices de valeur pour l’entreprise, à l’inverse des services rendus en matière de politique RH (recrutement, rémunération, formation, mobilité) ou de stratégie (prévisionnel, compétences, carrières, alignement stratégique). 62 % des coûts des Sirh peuvent être imputés aux temps de manipulation des utilisateurs, 17 % aux traitements d’exploitation (calcul de la paie…). Des gains de productivité importante existent donc et Plus récemment apparaît la gestion des campagnes d’entretiens individuels via un portail. Sont ainsi mis à la disposition du manager et du salarié les précédents entretiens. Remplie par le manager, validée par le salarié la nouvelle grille sera remontée à la Drh qui peut ainsi prendre connaissance des demandes de formation, de mobilité, etc. Cela lui permet aussi de tracer et suivre la conduite des entretiens P8 l’automatisation des tâches administratives apparaît comme une priorité importante. Alors que les RH sont considérées aujourd’hui comme stratégiques, peut-on considérer que ses SI ne le soient pas ? RH, enjeux et évolutions fonctionnelles Comme le souligne Alexandre Martinez, directeur Marketing de Sage Habitat social, les enjeux de la problématique RH traversent aujourd’hui tous les types d’organisations. En quelques années celles-ci ont connu un réel bouleversement marqué par une concurrence accrue, le regroupement d’entreprises, la recherche de productivité et d’efficacité. Elles doivent évoluer, leurs systèmes d’informations aussi. L’environnement économique est mouvant, avec un très fort impact sur la relation des salariés avec l’entreprise. Leurs attentes changent, ce qui se manifeste en particulier lors des recrutements. Pour répondre à ces attentes, le SI doit permettre une individualisation de la situation des collaborateurs. L’environnement légal et réglementaire est de plus en plus contraignant, marqué par une multiplication et une complexification conférence des textes. L’habitat social s’en trouve particulièrement impacté. Répondre à ces contraintes suppose d’améliorer l’acquisition et l’organisation des informations. Le défi devant lequel se trouvent aujourd’hui placés les RH est de passer d’une gestion administrative à une gestion du capital humain. Dans les métiers très techniques, la gestion des compétences et des savoirfaire prend une ampleur de plus en plus significative. On le voit bien sur des métiers très particuliers, celui de monteurs d’opération par exemple. Autres défis : fidéliser les collaborateurs et de contribuer à la prise de décisions stratégiques. Il faut gagner du temps sur les aspects réglementaires et administratifs pour se consacrer à l’aide à la décision, faciliter la mise en place d’un référentiel de données pour prendre les bonnes décisions et assurer un pilotage efficace. Du logiciel paye au Sirh Pour mémoire, des logiciels ont permis dans les années 70 d’automatiser la gestion de la paye, sur de gros systèmes, en temps différé, loin des utilisateurs. Les années 80 ont été marquées par l’arrivée des micro-ordinateurs, du temps réel et par l’apparition de deux référentiels, de gestion administrative et de gestion de la paye. On peut vraiment parler de Sirh lorsque la technologie a permis de regrouper leurs données quantitatives et qualitatives, même si l’on n’est pas encore en possession de toutes les solutions pour les exploiter au mieux, notamment pour les utilisateurs finaux des RH. Ultérieurement, les technologies internet ont permis l’ouverture des Sirh, offrant une couverture fonctionnelle plus étendue, avec de nombreuses briques possibles qui ne présentent pas toutes le même intérêt pour toutes les organisations. Le passage du client/serveur à l’intranet semble en tous cas bien adapté au secteur de l’habitat social (gestion des agences, des groupes, des opérations déportées…). L’ergonomie a elle aussi progressé avec une facilité de prise en main et d’utilisation des applications toujours meilleure. Intégrés à la bureautique, des tableaux de bord pré-paramétrés aident à la décision, dans un contexte de mobilité et de disponibilité de l’information à tout moment et en tous lieux. Quand aux technologies du web 2, même si leur usage relève encore largement de la sphère privée, on sent une demande croissante de déclinaison dans les environnements professionnels. Côté fonctionnel, vu le poids des évolutions réglementaires, les éditeurs travaillent à la simplification des procédures, en particulier par la dématérialisation des déclarations sociales et fiscales(5). Que les différentes briques du Sirh fonctionnent ensemble est une chose. Mais peut-on imaginer un SI de gestion locative, un SI financier, un SI des opérations et un Sirh qui ne fonctionneraient pas ensemble ? Des solutions de gestion locative et de gestion comptable sont en place, il faut que la paye communique avec elles et partagent leurs informations. Le marché 3 domaines fonctionnels sont aujourd’hui couverts : - gestion de la paie - gestion des temps et des activités - gestion des RH/capital humain Parmi les acteurs de l’offre, on trouve : - les éditeurs spécialisés, avec des solutions dédiées (gestion de la formation, de la masse salariale…) leur nombre se compte en centaines. - des offreurs de solutions globales dites « Erp » qui intègrent l’ensemble des process de gestion des RH - des spécialistes RH et paie qui complètent leurs solutions Le taux de renouvellement annuel est de l’ordre de 8%, de 10% pour les solutions de pilotage et d’aide à la décision. L’offre fonctionnelle évolue vers la couverture de : - la gestion de la paie - la gestion de la formation - la gestion des temps et des activités - la gestion des compétences et des connaissances - la gestion des recrutements - le pilotage de la masse salariale Le déploiement des Sirh répond à plusieurs objectifs : - attirer - gérer - fidéliser - piloter N° 78 P9 3 types de solution sont offerts : - externalisation - hébergement - paramétrage et gestion des logiciels témoignages Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies La solution à mettre en place doit bien répondre à ces objectifs. La démarche doit être pragmatique. Plutôt que de la recherche d’une solution miracle, il peut s’avérer pertinent de renforcer les solutions existantes. Les évolutions se dessinent selondeux axes. Le premier se concentre sur le transactionnel et l’automatisation des processus, en évoluant vers le collaboratif (portails). L’automatisation de l’échange de données doit permettre de se consacrer davantage aux recrutements et à la gestion des carrières. Le second axe vise le décisionnel et le pilotage, avec un passage de l’administratif au management. La centralisation et le croisement des données doivent faciliter l’aide à la UNE L’habitat social présente naturellement des spécificités. Le Sirh doit par exemple aider à l’automatisation de la fourniture des informations demandées par les enquêtes fédérales. Mais les organismes se trouvent confrontés aussi à des problèmes auxquelles se heurtent l’ensemble des entreprises et qui peuvent parfois s’avérer aigus pour eux : gestion des compétences, pyramide des âges, ouverture, pour aller chercher des compétences et des collaborateurs hors de son environnement. (1) Source : D. Ulrich : « Human Resources Champions », 1997, 1999, cité par C.H. Besseyre des Horts (2) Source : Lawler, Boudreau & Mohrman, U. of Southern California 2006, cite par C.H. Besseyre des Horts (3) Source : SHRM 2006 Workpace Report, cité par C.H. Besseyre des Horts (4) « Le diagnostic et les évolutions de la fonction RH » Baromètre 2007 CSC/Liaisons sociales Csc/ Entreprises et personnel http://fr.country.csc. com/fr/kl/uploads/3375_1.pdf (5) Sage, Cegid et d’autres éditeurs sont regroupés au sein de l’association « Simplification et Dématérialisation des Données Sociales » (Cf. association-sdds.org) pour dialoguer sur ce thème avec les pouvoirs publics. CIF ILE DE FRANCE : « NON-EXPÉRIENCE » DE SIRH ? Pour présenter ce qu’il qualifie de « non expérience de Sirh », Gilles Auriol, Dosi de la filiale Ile de France du Crédit immobilier de France (Cif), met en exergue la réflexion de l’un de ses premiers patrons : « ce n’est pas en améliorant la bougie que l’on a inventé l’électricité. » Il est pourtant possible d’améliorer la bougie. Mais l’exercice atteint un jour ses limites. Sur une dizaine d’années, par empilements progressifs s’est ainsi constitué au Cif Idf un « processus manuel à la Mac Giver »(6) qui s’appuie sur : - Excel - un workflow - une base documentaire Le Cif est un établissement financier qui fait du crédit immobilier. Sa filiale d’Ile de France et ses 12 agences gèrent 45 000 clients avec un effectif de 220 personnes dont 120 commerciaux. N° 78 décision et donner une vision globale aux directions générales, avec la réunion du pilotage RH et du pilotage financier. Il s’agit donc d’un « petit » établissement. Pour autant, à l’entrée d’un collaborateur, celui-ci doit être doté d’accès informatiques et d’habilitations pour : - le réseau - le système de gestion (qui n’est pas intégré au réseau) - Lotus notes - l’info centre BO - la Ged - le contrôle d’accès et la pointeuse (« coup de chance », c’est le même système, il n’y en a donc qu’un seul à alimenter) - quelques outils spécialisés (comptables, archivistes, paye….) - le système de connexion à distance Ce nouvel entrant doit être également équipé, avec : - du matériel informatique (micro fixe ou portable, à personnaliser, connexion à des imprimantes réseau, carte 3G pour les connexions à distance…) - de la téléphonie (numéros à créer pour fixe et mobile avec affectation de droits et de services, Cti -qui fait monter la fiche client à l’écran quand l’un d’eux appelle-, logiciel de softphone, lien fax et messagerie unifiée…) - des badges (accès et pointage, parking…) P10 Il faut également l’habiliter auprès de partenaires et de fournisseurs (banque de France pour les incidents bancaires, Cnp et autres assurances, Maileva pour les recommandés, Tnt et Chronopost pour les envois rapides, Asf pour l’information financière…). Sans oublier un peu de communication interne (trombinoscope, organigramme, listes de diffusion et niveaux de workflow…). Le nouvel entrant intéresse également d’autres services : - la Drh (déclaratifs, paye, plans d’intégration et de formation, cartes de démarchages, d’assurances…) - les Services généraux (véhicules de fonction pour les commerciaux, cartes de carburant, téléphone mobile et Blackberry, cartes de visite…) - le juridique (pouvoirs, signatures…) Toutes ces opérations jouent sur une quarantaine d’entrées et une trentaine de sorties par an. Sans compter les mutations internes (changement d’agence ou de services) qui s’avèrent plus problématiques fois qu’elle a entré les informations individuelles et le rattachement hiérarchique, des compléments sont ajoutés par tous les acteurs (responsable de la fonction, informatique, services généraux…). Ces opérations supposent de coordonner une dizaine de personnes, avec des actions au croisement : - d’un individu (il a une formation, des processus, travaille à temps plein ou temps partiel, éventuellement le samedi) - d’une fonction (comptable, informaticien…) - d’une organisation (un poste dans la hiérarchie, un patron, des équipes à diriger…) Chaque action effectuée détermine l’action suivante, chaque acteur confirmant l’état (fait ou en attente). L’information rassemblée n’est cependant pas exhaustive. La fiche d’un individu dira bien s’il a un micro. Mais la référence de ce dernier est ailleurs, dans une base immobilisation. Le seul endroit où ces trois notions se trouvent – ou devraient se trouver- c’est le Sirh. La solution mise en œuvre au Cif Idf repose d’abord sur Excel, avec un tableau qui décrit à chaque entrée, sortie, mutation : - l’individu - sa fonction - sa place dans l’organisation Des listes fermées décrivent les besoins (carte de visite…). Ses droits et prestations sont connus à travers la fonction « recherche » qui les trouve en parcourant des tables (tant de m2, un portable ou non…). Le choix d’Excel s’explique par le fait qu’il y a une dizaine d’années, on ne disposait de pas grand-chose d’autre et aussi parce que le système a été d’abord mis en place pour l’informatique. Peu à peu, d’autres ont voulu en bénéficier (Services généraux, Drh, Juridique). De nouvelles prestations ont alors été peu à peu ajoutées. La mise en place du workflow s’est avérée nécessaire vu la dizaine d’intervenants à prévenir à chaque événement et l’impossibilité d’effectuer cette gestion par courrier ou par mail. Le processus est initié par la Drh qui apparaît comme le service pivot des mouvements (coup de chance, là aussi, les chefs de service embauchent assez peu sans passer par les RH). Le numéro matricule affecté par la Drh constitue une clé commune pratique pour lier toutes les informations. Une Les fiches sont stockées dans une base documentaire. Au-delà de la conservation de tout l’historique -qui peut s’avérer utileles fiches sont reprises en cas de mutation, pour ajouter ou enlever les éléments voulus, ou en cas de sortie pour réclamer toutes les dotations qui avaient été effectuées. Pourquoi cette solution est-elle en bout de course ? Tout d’abord, vu le degré de complexité atteint, Excel devient quasiment impossible à maintenir. Le workflow pour sa part permet d’alerter sans représenter une vraie solution de travail collaboratif. Pour décrire grossièrement les choses : deux ou trois personnes travaillent en même temps mais pas sur le même document. Quant à la base documentaire, il s’agit d’un pis-aller, nécessaire sans être sécurisante, avec des doublons ou des oublis. Si la Drh n’est pas concernée, des procédures peuvent passer à l’as. Quelqu’un veut un portable au lieu d’un micro fixe ? L’informatique peut Sans aller jusqu’à évoquer un Sirh, pourquoi ne pas avoir lié l’ensemble au logiciel de paye ? Comme on l’a dit, le besoin premier est venu de l’informatique, non de la Drh. Une Drh qui, comme beaucoup de ses semblables, manifestait une certaine tendance à la bunkérisation, par souci de confidentialité. Par ailleurs, si le système est devenu ce qu’il est, c’est par empilements successifs. A l’origine, on ne savait pas où on allait aboutir. La complexification vient avec le temps. Et aujourd’hui, si l’on sait ce que l’on voudrait, on ne sait pas forcément comment le faire. Le cœur de l’outil, c’est le Sirh, cela semble clair. Il devrait former la base de la prochaine version. Mais jusqu’où peut-on aller en termes d’interaction et de stockage ? Quel peut être l’apport de l’informatique aux RH ? Elle ne doit pas les empêcher de travailler, c’est sûr. Les rendre plus productives ? Peut-être, mais sans que cela soit la priorité. RH, informatique, etc. sont des services transversaux. C’est à la productivité des autres, qu’il faut veiller en premier. Quand un salarié fait une demande de congé par workflow, ce qui l’intéresse, c’est de pouvoir partir. Que ses compteurs soient à jour. Que les gens capables de le doubler n’aient pas prévu de partir en même temps. Que ça se déverse dans son agenda pour que quelqu’un ne programme pas une réunion pendant son absence. Qu’en plus, cela alimente la paye ? Il s’agit d’un bénéfice secondaire. Il faut raisonner en tant qu’entreprise. A cet égard, entendre parler de « portail RH » peut faire frémir. Il n’y a pas de portails RH, il y a des portails d’entreprise. (6) « Le nom de MacGyver est devenu synonyme d’une personne capable de trouver une solution à n’importe quelle situation par une idée brillante » (fr.wikipedia.org). N° 78 P11 le fournir sans mettre la fiche à jour, et la restitution ne pas être demandée en cas de départ. Il faut enfin ajouter que l’ensemble s’avère fortement redondant, on retrouve les mêmes informations à gauche ou à droite. témoignages encore. Car si l’on oublie un entrant, on peut compter sur lui pour se manifester. Un départ finira bien par être connu. Une mutation peut en revanche passer longtemps inaperçue. témoignages Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies LOGEMENT FRANÇAIS : LE MARKETING DU SIRH Le groupe Logement Français regroupe 1400 salariés dans 8 sociétés, 1 Gie et 7 sociétés de Hlm. L’une d’entre elle est également syndic de copropriétés (56 copropriétés gérées). En présentant le Sirh dont elle est responsable, Isabelle Auscher insiste sur le fait que le plus important n’est pas l’outil -pourvu qu’il ne soit pas trop archaïque- ni son packaging global, mais bien plutôt de savoir comment les utilisateurs se l’approprieront. S’ils ne se l’approprient pas, ça ne fonctionne pas. Après 10 années difficiles et conflictuelles où se sont succédé trois prestataires paye différents, le passage aux 35 heures et la renégociation des accords d’entreprise ont permis une remise à plat complète. La base de données RH a été reconfigurée. La plateforme technique a évolué progressivement. Le passage sous Oracle en 2000 s’est traduit par des gains appréciables, le temps de réponse à une requête de base tombant par exemple de 15 minutes à 30 secondes. En 2005, une infogérance technique a été mise en place. En 2007, le client/serveur a laissé la place à une liaison internet totale. Ce service est cependant de moins en moins utilisé. Tous les collaborateurs administratifs ont un poste et l’informatisation des gardiens est en cours. Ceux d’entre eux qui ne le sont pas encore disposent souvent d’internet à titre privé. Un identifiant et un mot de passe leur sont fournis sur demande, ils peuvent ainsi saisir leurs demandes de congé. Le périmètre fonctionnel est découpé en 3 niveaux : experts (RH), encadrants et salariés. - la consultation de son planning et de ceux de ses collègues, même d’autres services, dès lors que ceux-ci ont donné leur accord - l’accès aux informations individuelles et la possibilité de les modifier - l’accès à l’information sur les droits (accords collectifs, etc. via un « kiosque RH » - le dépôt de candidature à une offre d’emploi interne. Auparavant, la liste des emplois était éditée seulement tous les mois et les candidatures transitaient par messagerie. Les services interactifs à disposition des salariés comportent : - la saisie de la présence - les demandes d’attestation - les demandes d’acompte - les demandes de congés, de Rtt, d’épargne temps, avec visualisation des soldes et des droits Les encadrants disposent des mêmes services et de services qui leur sont propres : - délégation des droits, qui leur est demandée lors de leurs demandes de congé - consultation et validation des plannings et des demandes d’absence - saisie des congés pour les salariés non informatisés. Parmi les projets, on citera également : - Les tableaux de bords sociaux. L’outil n’a pas encore été déployé. Il est actuellement limité à des sorties Pdf. On attend une solution de déport vers Excel pour faciliter les validations et les diffusions. - Les entretiens d’évaluation. Il ne s’agit pas d’une solution propre à la RH mais à définir N° 78 Depuis 2006, le Sirh est commun à l’ensemble des sociétés du groupe. La Drh est la seule à disposer d’une solution externe, tandis que le groupe possède un SI très intégré, développé en interne. Vu les priorités de chacun, le souhait d’intégrer un certain nombre d’éléments au portail d’entreprise n’a pu se réaliser. P12 La mise en ligne de toutes les procédures qui concernent leur activité quotidienne de management est en cours sur le kiosque RH encadrants Pour le remplacement des gardiens en congé, la politique du groupe n’est pas le recours à des entreprises mais à des Cdd. Leur nombre s’élève à 300 par an. La demande de contrat passe actuellement par la messagerie. Elle est accompagnée en retour par une délégation de signature au manager. Les moyens de sécuriser ce process sont en cours d’examen, au sein d’une automatisation plus large, visant l’ensemble des recrutements, afin de mieux préparer les arrivées. Après définition des besoins avec l’encadrement (locaux, mobilier, téléphonie, informatique), une fiche renseignée devrait partir dans un workflow vers les différents services concernés (Dsi, services généraux…) De son côté, la Drh possède son espace dédié où l’information est partagée et facile à retrouver, avec plusieurs services : - l’archivage en ligne. Ne plus avoir à classer 1400 bulletins de paye à conserver 5 ans a changé la vie des collaborateurs du service paye - un portail Déclaration Unifiée des Cotisations Sociales-Edi pour l’Urssaf, les Assedic, les retraites (manque la prévoyance-santé qui devrait être prête en 2008). Dès qu’elle a été disponible chez le prestataire, la solution a été adoptée. Auparavant, des macro avaient été développées sous Excel. Mais le remplissage des bordereaux restait gros consommateur de temps et sources d’erreurs, éventuellement de pénalités importantes - la gestion des engagements retraite, de plus en plus réglementée - un outil de simulation budgétaire et de suivi est disponible depuis 2004. Avec des informations fiables dans le temps, il offre des requêteurs et s’avère très utile pour le reporting, l’élaboration du budget ou des études ponctuelles, - l’élaboration des bilans sociaux à partir des tableaux de bord sociaux est en projet. - la gestion de la formation est en cours de refonte. Un catalogue était jusqu’alors disponible sur l’intranet d’entreprise, avec un process d’échange de messages, mais sans workflow. Tout cela a nécessité la redéfinition de nombreux process de travail autour des outils. Le but est de professionnaliser le service et à l’amener à travailler davantage sur une gestion RH proprement dite que sur la gestion de la paye et l’administration du personnel. La définition des orientations et le paramétrage des outils doit permettre de sortir d’une conception de saisie d’événements variables pour un traitement fiable et automatisé, dans neuf cas sur dix. Les acteurs peuvent ainsi travailler davantage sur le contrôle et l’analyse (charges, maladie…), ce qui est plus intéressant que de faire de la saisie à longueur de temps. Mais la possibilité de travailler sur les exceptions doit rester possible. Le droit du travail est une matière complexe. Il fixe des règles générales mais permet certains aménagements à la règle. Il ne faut donc pas se retrouver confronter à un SI qui répondra : « je fais comme on m’a dit : a+b=c ». Le paramétrage doit permettre quelques souplesses, sans remise en cause de l’architecture globale Une condition essentielle est de bien savoir ce qu’on veut faire. Il faut avoir une vision d’ensemble de toutes les problématiques RH. Pour structurer sa base de données, il faut savoir de quel type d’information on veut disposer et pour qui. Trop souvent, c’est la paye qui dirige. Il faut aussi avoir une vision claire du métier de l’entreprise, connaître par exemple ses attentes par rapport au type de reporting à fournir. D’autres réticences se sont manifestées au service paye lors de la mise en place des déclarations d’absence, sous le credo : « ils vont faire n’importe quoi ! » Ce qui n’a pas été le cas. Les absences prévues relèvent des salariés. Les absences subies (maladie…) de la Drh, qui apporte ici sa plus-value puisqu’il y a là des incidences sur la paye. Même si ce n’est pas dans l’air du temps, même si RH et informatique n’entretiennent pas toujours des relations faciles, il semble important de garder une technique forte en interne. Toute l’infrastructure du Sirh est externalisée, mais le personnel RH reste dans le groupe. Il semble difficile d’externaliser la paye ou qu’elle relève d’un autre service, comme la Daf. Quand quelqu’un de la paye gère de la maladie, cela peut avoir une incidence RH forte, sur l’inaptitude des gardiens par exemple. Il faut enfin noter que pour être parfois très séduisantes, les évolutions techniques peuvent aussi s’avérer déstabilisantes. Même si le passage sur internet avait été soigneusement préparé, notamment par une révision de nos procédures et de nos process, ces efforts se sont malgré tout révélés insuffisants, d’où six mois difficiles. N° 78 P13 L’appropriation de l’outil par l’ensemble des acteurs de la Drh n’est pas gagnée d’avance. RH et informatique sont souvent fâchés. Au sein de la Drh, chacun doit comprendre qu’il intervient dans une chaîne, que d’autres interviendront après lui, de quelles informations il a besoin et pourquoi, tout doit être maillé. Des formations conséquentes doivent donc être mises en place à tous les niveaux. Mais des réticences peuvent se manifester. C’est actuellement le cas autour des fiches salariés. Elles ont été mises en place depuis longtemps, récapitulant carrières, formations, etc. L’idée est d’y ajouter un CV condensé, reprenant notamment ce qu’ils ont fait avant d’intégrer l’entreprise. Mais qui va entrer ces données ? Il semble logique que ce soient les recruteurs : ils ont vu la personne et sont à même de sélectionner les informations intéressant l’entreprise. Mais ceux-ci estiment qu’il s’agit d’un travail de secrétaire. témoignages avec les managers. Les solutions de mise en ligne disponibles sont examinées pour voir si elles s’adaptent à leurs attentes. - Les contrats de travail en ligne. témoignages Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies BATIGERE : LE PROCESS AVANT LE PROCÉDÉ Le groupe Batigere est présent sur 3 secteurs d’activité : - les Esh, avec 60 000 logements gérés - l’administration de biens (26 000 logements), vente de logements aux occupants (1 000 ventes par an), l’expertise et le conseil (services immobiliers Quadral) - collecte du 1% (Cilgère) Pour ses 1 900 salariés (dont 1 500 connectés), 3 UES, 34 sociétés, 78 établissements et 2 conventions collectives (fondations et SA d’Hlm, Immobilier), le groupe a 3 Dsi, mais une seule Drh et un seul Sirh. Un logiciel de paie a été mis en place en 1992. En s’appuyant sur ses données, des modules RH spécifiques ont ensuite été développés. Un intranet a été mis en place en 1998 (informations légales, conventions collectives…). En 2001, 35 heures et Rtt se sont accompagnées d’une explosion des données à saisir. Elles ont été déportées pour partie sur les collaborateurs avec la mise en place d’un espace sécurisé sur l’intranet. N° 78 Au bilan : « un Sirh composé d’applications vieillissantes et hétérogènes, la plupart développées en interne sous Lotus Notes ou AS400, pour gérer la formation, les tickets restaurant, les CP, le calcul des primes… Certains gestionnaires devaient saisir jusqu’à 8 fois la même information. Et en cas de saisie unique, il fallait que des interfaces tournent. Mais à force de développements et de corrections, en agissant à un bout, est-ce qu’on ne cassait pas un autre bout ? Lorsque c’était le cas, on pouvait s’en apercevoir seulement quelques mois plus tard » explique Didier Jacquot Hecq. D’où la décision de refondre l’ensemble du Sirh, avec le choix de Pléiades NG de Sopra. L’objectif était de disposer d’un progiciel intégré avec une base de données unique, qui ne soit pas orientée paye mais gestion administrative et dans laquelle l’ensemble des modules RH (paye, formation…) aillent chercher l’information. En automatisant au maximum les processus les gestionnaires pourraient se concentrer sur leur cœur de métier RH (recrutement, analyse et préparation des plans de formation, des entretiens annuels…) plutôt que de produire bulletins de paye et déclarations sociales. On visait aussi à ce que les managers puissent intervenir dans certains processus et de déporter sur eux, et sur l’ensemble des salariés, davantage de saisies. dement. Auparavant, il remplissait un formulaire dont les données devaient être saisies par les équipes RH. Les processus de gestion de notes de frais étaient compliqués, chaque entité du groupe appliquant ses propres méthodes. Après décision de les unifier, la Drh a élaboré un processus. Une fois écrit, un module a été développé pour s’intégrer au Sirh. Aujourd’hui, le périmètre fonctionnel du Sirh couvre les gestions : - administrative - temps et activités - paie - participation/intéressement, plan épargne d’entreprise - notes de frais - processus de promotions - titres restaurant - œuvres sociales du CE La gestion de la formation est prévue. Mais il faudra d’abord définir clairement le process, comment on veut faire, ensuite on adaptera l’outil et on le livrera aux utilisateurs. Ce n’est pas l’outil qui doit définir le process. Tout ce périmètre fonctionnel passe par le portail, avec des accès collaborateurs et managers. Lorsque l’un d’entre eux veut par exemple placer son intéressement sur le plan épargne entreprise, c’est lui qui effectue la saisie, en connaissant l’abon- P14 Parmi les autres développements prévus : la gestion des budgets, de la formation et du centre de formation (interne). La question reste ouverte pour la gestion du recrutement et des compétences. Le développement spécifique qui a été réalisé est tellement abouti qu’il pourrait être maintenu. Le progiciel s’est vu par ailleurs associer un outil de Business Intelligence, en cours de déploiement, pour fournir aux managers des tableaux de bord sociaux. LES LES RH DANS LE SI Pour aborder l’intégration de la gestion des ressources humaines dans le Système d’information, André Turba (Oresys.com) propose un détour par l’urbanisation des SI (7), avant que ne soient abordés les thèmes des référentiels RH et de l’automatisation des processus. L’urbanisation peut être illustrée par l’exemple du SI non urbanisé, celui d’une entreprise de service dont un client appelle la hot line pour faire évoluer son contrat. Mais, manifestement, son interlocuteur ne dispose pas des informations nécessaires. Il l’identifie mal, sa proposition est inadaptée, si bien que le client résilie son contrat. Devant cet incident, et sa répétition, il est demandé que le SI évolue de manière à ce que le front office dispose de toutes les informations (à jour) sur la situation des clients. « Pas de problème » répondent maîtrise d’ouvrage et maîtrise d’œuvre, après étude. « L’évolution demandée sera en place dans 16 mois. » Conséquence prévisible, à raison de 4 incidents par mois, une soixantaine de clients seront perdus avant la fin du projet. Le problème de manque de réactivité des SI est général. Selon Gartner, la mise en place des systèmes est certes effectuée de plus en plus rapidement. Mais cette accélération n’arrive pas à suivre celle que connaît l’évolution du business. Les SI se complexifient. Les développements informatiques forment des strates qui se sont imbriquées les unes aux autres. Leur inertie augmente La maintenance de l’existant et l’intégration de nouveaux systèmes est de plus en plus lourde et difficile. La seule intégration d’un nouveau projet au SI, toujours selon Gartner, s’élève à 30% de son coût. De nombreuses informations sont redondantes, avec, fréquemment, de légères variations dans leur description. Elles doivent être mises à jour en plusieurs points. Un seul et même salarié sera par exemple décrit sous différents abords, non sans problèmes de cohérence. La mise à disposition de SI efficaces est difficile. Elle suppose de trouver un équilibre entre : - l’identification et la priorisation des évolutions nécessaires à la mise en œuvre de la stratégie. Les budgets ne sont pas extensibles, il faut choisir les « bons » projets, ceux qui vont apporter le plus de valeur à l’entreprise - l’amélioration progressive de l’efficacité du SI, notamment la cohérence des informations à partager dans l’entreprise - la mise en place plus rapide des systèmes de qualité en limitant les coûts et les risques. Tandis que l’amélioration des SI semble indispensable, chaque projet en offre l’occasion, il semble en revanche très difficile d’opérer ces améliorations hors de ces opportunités : ce serait avec des coûts injustifiables. Evoluer/améliorer A l’autre extrémité, la vision informatique prendra en compte : - les composants logiciels (applications) qui vont outiller tout ça - les architectures techniques Après celui de l’entreprise de services qui perd des clients, un autre exemple, d’urbanisation réussie cette fois, illustré par deux photos d’un même carrefour de la ville d’Atlanta, l’une datant des années 40, l’autre des années 80. Entre les deux, des transformations radicales se sont opérées. Il s’agit pourtant bien du même carrefour. Mais comment ces changements ont-ils été menés ? A un moment donné, a-t-on tout arrêté ? Non. Les changements ont été progressifs, pilotés par les besoins de constructions, de moyens de transport, d’évolution des flux … journées INTÉGRER Pour comprendre l’approche d’urbanisation, le SI doit être appréhendé selon 3 visions : métier/fonctionnelle/informatique La vision métier repose sur : - les activités (opérationnelles, support) - les processus : comment on traite un événement client, interne ou externe, comment on est organisé pour lui apporter de la valeur S’insérant entre les deux, la vision fonctionnelle, purement conceptuelle, envisage : - les fonctions support des opérations - les informations nécessaires aux fonctions. Cuisine informatique L’urbanisation des SI repose sur des principes voisins. Il ne s’agit pas d’arrêter tous les projets pour s’asseoir, réfléchir puis de créer le SI idéal. Les urbanistes ne sont pas des sculpteurs de nuages. Ce sont au contraire des opportunistes. L’urbanisme est un urbanisme de projets. Il va tirer profit des opportunités qu’offrent ceux-ci pour réaliser des améliorations progressives. Cette dernière peut être découpée en quartiers fonctionnels (rangement, cuisson, réfrigération…) plus finement encore en blocs : réfrigération de 0-5°C, congélation… A chaque élément correspond un service. N° 78 P15 Dans un appartement, il y a plusieurs zones. Celle du couchage, une zone de vie, celle où l’on cuisine… journées LES Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies Four, réfrigérateur, congélateur… pour « informatiser la cuisine » (l’équiper), on va chercher des outils pour chacune de ces fonctions. Certaines, d’ailleurs, peuvent ne pas être équipées. Dans la cuisine, il n’y a peut-être pas de lavevaisselle. Les processus sont d’une toute autre nature. Il s’agira par exemple de « faire une crème renversée ». Les processus me disent comment j’utilise les différentes fonctions, dans quel ordre pour produire quelque chose Pour informatiser sa cuisine, on va chez un distributeur. Dans sa tête, on a toutes les fonctions. Mais dans un grand restaurant, un fast-food, une collectivité ou chez soi, on n’aura pas les mêmes processus, pas les mêmes fonctions, ni les mêmes outils. Dans les projets informatiques s’impose l’idée de partir des besoins métier. Ce sont les processus. Il faut les analyser, pour en déduire les fonctions, pour en déduire les outils. C’est dans cet ordre que sont mises en cohérence les 3 visions de l’informatique. Un des enjeux de l’urbanisation du Si, est de mettre en adéquation ces trois couches à travers plusieurs contributions. 3. Modularité du SI, avec application de la technique du sous-marinier. S’il y a une fuite quelque part, je peux fermer. Si je fais évoluer un morceau du système d’information, je minimise les impacts environnants et les évolutions à opérer sur le reste du SI. Cela suppose de maîtriser les applications, et donc les projets qui les construisent, en termes de complexité, de taille, de lotissement, etc. 1. Maîtrise des données, à travers leur cohérence et leur partage, avec la notion de référentiel de données Les référentiels 2. Continuité entre le métier et l’informatique, alignement du SI sur les processus. Certains disent « sur la stratégie », ce qui peut entraîner un certain scepticisme, vu les fréquentes modifications que celleci peut connaître, changeant déjà parfois alors que l’on n’a pas encore fini de comprendre celle qu’elle remplace. Le cycle de vie de l’informatique n’est pas celui-là. Un référentiel est un ensemble organisé d’informations qui sont partagées. Le concept a un peu évolué. Il ne s’agit pas de prendre en compte toutes les données qui concernent un sujet. Si l’on considère les salariés, le référentiel ne concerne pas toutes les données qui s’y rapportent ni l’entrepôt qui les contiendraient. La complexité est un peu réduite, avec un sousensemble formé par les données qui sont partagées, par exemple « un poste », « une compétence ». Ces données sont notamment partagées du fait qu’elles partagent la même définition, explicite. Il faut un réceptacle robuste et pérenne au référentiel. Excel ? Ça va être dur. Il faut des processus formalisés de mise à jour des données. Cela se complique : on peut trouver des bouts de données à un endroit, N° 78 L’urbanisation des SI prend en compte ces trois couches, au niveau de l’entreprise ou d’un grand domaine fonctionnel comme la gestion des RH. Si l’on réexamine ce sandwich, au-dessus, on trouve les processus, avec leurs événements déclencheurs, souvent un événement client. Un enchaînement d’activités, d’opérations, vient répondre à ces événements. A chacun de ces événements correspond une fonction du SI qui va permettre de le traiter. Certaines fonctions peuvent être mutualisées. D’autres peuvent ne pas être informatisées, faites à la main, avec Excel… Certaines sont redondantes, traitées en plusieurs zones du SI. Ce qui ne va pas sans poser problème : si une règle de gestion évolue, il faudra la mettre en œuvre plusieurs fois, maintenir plusieurs applicatifs... P16 LES construits selon un certain nombre d’axes : - « personnes » (identité, salariés, annuaires) - « management et organisation» (postes, compétences, organigrammes) - « sécurité » (profils utilisateurs, habilitations/provisionning … directe dans l’application. Aucune reprise de données n’est automatisée… Quant au départ, si elle est connue par les personnes, il peut se passer plusieurs mois avant sa prise en compte par le système et les applications. L’information n’a pas été diffusée uniformément à l’ensemble des gestionnaires des annuaires et des administrateurs d’applications. Quand la couverture s’accroît Avant d’aller plus loin, on peut se demander pourquoi la question des référentiels RH se pose aujourd’hui avec de plus en plus d’acuité et pourquoi on supporte mal l’isolement et le manque d’intégration du Sirh. Une réponse se trouve dans l’informatisation croissante des métiers et l’extension de la couverture fonctionnelle (8). Beaucoup de développements en cours s’appuient sur des données RH. Reste à définir qui est le propriétaire de ce référentiel, son maître d’ouvrage. La Drh, le métier ? « Le salarié » ne pose sans doute pas problème. Mais « les compétences » ? Peut être sont-elles gérées très finement à la Dsi, ou à la hot line, lorsqu’il s’agit d’établir des plannings. Est-ce que la Drh a envie de gérer ça ? Il y a une frontière à trouver, par discussions. Pour résumer les caractéristiques d’un référentiel, on citera : - le partage des données (langage commun entre plusieurs acteurs appartenant à des entités différentes, vision commune sur les référentiels et leurs frontières) - la normalisation des informations (la manière de les décrire est la même partout, elle repose sur une vision sémantique et fonctionnelle commune) - la qualité des informations (unicité de mise à jour, fiabilité et qualification des données du référentiel) - la réutilisation par la mise à disposition de services communs d’accès, de publication, d’administration. Les référentiels des RH peuvent être L’idée n’est pas de dire : l’information du salarié ne se trouve qu’en un seul point. En fait, on va en trouver partout. L’important est que telle donnée du salarié est mise à jour une seule fois, à cet endroit là. Une fois mise à jour, elle doit être diffusée, elle va se déployer dans le SI, par des interfaces. Les règles d’intégrité des données doivent être définies de manière à s’assurer de la cohérence de celles qui sont dans un système métier, à la Drh, dans la compta, etc. avec tout un jeu de : qui est maître/qui est esclave de la donnée. De l’entrée au départ d’un salarié de nombreux événements et processus vont conduire à mettre à jour ses données. Ces événements peuvent s’accompagner d’un certains nombres de dysfonctionnements. Exemples : l’entrée d’un nouvel utilisateur qui n’est pas anticipée mais découverte à son arrivée le matin. Rien n’est prêt. On ne sait pas lui ouvrir un poste, on ne sait pas lui donner les clés. Les informations transmises ne font pas l’objet d’une validation formalisée par le chef de service. Le salarié n’a pas les bonnes habilitations, il ne peut pas se connecter. L’ensemble des informations nécessaires à la création d’un compte n’est pas demandé à l’utilisateur ou au chef de service. Il est créé par saisie Annuaires Sur l’annuaire d’entreprise, qui peut apparaître comme une cible idéale, on va trouver des données liées au salarié : - identification (état civil, statut, photo…) - coordonnées (localisation, téléphone, mail…) - ressources (matériel dont il dispose, logiciels auxquels il accède) - liens par rapport à l’organisation, métiers… A côté de ces données structurées, l’annuaire offre des services : - identification de la personne (l’application va voir dans l’annuaire quels sont ses droits) - pages blanches - pages jaunes (liens entre la personne et l’organigramme) - services de diffusion … Troisième composante de l’annuaire : processus et procédures d’alimentation, processus de synchronisation avec d’autres annuaires de l’entreprise. L’annuaire est pour partie alimenté par le référentiel RH (identifiant, état civil…). Mais si un sous-traitant doit pouvoir être identifié, il sera dans l’annuaire, sans que ses informations viennent du Sirh. Cet annuaire constitue un pivot pour le SI, avec des données partagées qui intéressent plusieurs acteurs. (7) L’urbanisation des SI sera le thème du prochain séminaire Habsis, les 3 et 4 juillet 2008. (8) Cf. les résultats de l’observatoire des coûts 2006 N° 78 P17 journées complétés ailleurs. Il faut prendre en compte le cycle de vie de la donnée, avec sa qualité comme enjeu. Ces processus de mise à jour des données peuvent d’ailleurs faire partie de procédures d’Assurance qualité. Mais au-delà de leur mise à jour, il faut aussi un service d’accès et de mise à disposition. Cet échelon manque souvent. Le référentiel peut être bon, mais si on ne peut y accéder facilement, il ne sera pas intégré dans le SI. LES table journées ronde Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies LES RÉFÉRENTIELS DES RH : DES INFORMATIONS CLÉS À PARTAGER DANS L’ENTREPRISE Chez vous quelle est la situation concernant les référentiels liés aux RH ? Quelles difficultés rencontrez-vous? Quels sont projets d’amélioration envisagés ? Quels sont, les leviers de progrès sur ces sujets ? Quelles ouvertures des progiciels RH sur le reste du SI ? Audrey Shembri, Opac 38 N° 78 Nous avons réalisé un inventaire de tous les logiciels dans lesquels on parlait du salarié. Nous en avons trouvé 17. Autour des RH bien sûr (paye, formation, tickets restaurants…). Autour des logiciels métier aussi. Le salarié est affecté à un territoire, il intervient dans la gestion locative, sur du patrimoine, des contrats… On le retrouve aussi dans beaucoup de logiciels des services d’appui. Plusieurs fois à l’informatique (gestion du parc matériel, des incidents, des mots de passe), à la logistique (véhicule, vêtements de travail, téléphonie, fixe et mobile…). Le problème n’est pas d’avoir un logiciel unique de gestion de ces données mais de les synchroniser. Nous avons réuni les utilisateurs sur cette problématique sans rencontrer un succès fou. En résumé : cela n’intéresse personne. Si la charge de travail est globalement importante, elle repose sur une multitude d’individus et se trouve noyée dans la masse. Par ailleurs, la Dsi étant attendue en priorité sur d’autres sujets permettant d’atteindre la stratégie, ce travail lourd et ingrat n’est pas jugé prioritaire. Nous travaillons néanmoins dessus, en mettant en route un annuaire Ldap, avec une contrainte de compatibilité des futurs outils, les outils actuels n’y répondant pas toujours. Cela suppose d’intégrer ce critère comme un élément de choix pour nos futurs outils et par là même revenir sur une grande liberté laissée jusque là aux utilisateurs en soutenant que la couverture fonctionnelle prime toujours sur les contraintes techniques. Didier Jacquot Hecq, Batigere Le Sirh travaille sur toute l’étendue du groupe. Lorsqu’un salarié est embauché et créé dans le Sirh, nous attendons d’avoir l’information que sa messagerie a été créée pour lui donner un identifiant qui lui permettra d’accéder à toutes les applications RH qui en nécessitent un. Ce sont les Dsi qui créent les adresses de messagerie et l’information nous parvient de manière automatique via des interfaces. Nous l’attendons pour créer cet identifiant, car sans messagerie les workflows ne fonctionnent pas. Mais cet identifiant n’est pas commun à toutes les applications du groupe. Le salarié d’un Esh en aura par exemple un autre pour accéder à son application de gestion locative. Faute de temps, on n’arrive pas à se mettre autour d’une table avec les différents services informatiques du groupe pour se mettre d’accord sur un identifiant unique pour toutes les applications. Chacun est pris par ses priorités. L’identifiant commun n’apparaît pas aujourd’hui comme tel. Gilles Auriol, CIF Ile de France En tant que Dsi, je suis intéressé par le single sign-on qui permet à chacun de s’identifier une seule fois avec un seul mot de passe. C’est une préoccupation de simplicité pour l’utilisateur. Mes règles de sécurité me font changer mes mots de passe tous les 30 jours. Lorsque l’utilisateur en a 7 ou 8, c’est un peu compliqué pour lui. S’il veut les modifier, cela se traduit souvent par un post-it sur le bureau. La sécurité retombe à un niveau relatif. L’ennui est que j’ai acheté des progiciels à 5 ou 6 prestataires. Ils sont tous intégrés, totalement, mais à eux tout seuls. Autrefois, on avait des logiciels maison. Sans être parfaits, ils permettaient de se greffer sur nos propres référentiels. Alors que faire ? Un sur-référentiel ? Comment faire si les éditeurs ne veulent pas céder une partie du référentiel ou ménager une ouverture pour y accéder ? Pascale Boyaval, Cegid André Turba, Oresys Mettre tout le monde autour d’une table peut poser problème si le résultat attendu consiste en évolutions techniques sans apport fonctionnel. Mais faut-il attendre que tout le monde soit d’accord pour faire quelque chose ? C’est une vraie question. On peut aussi faire un autre choix, tactique : mettre à disposition un service construit sur des standards, le faire savoir et trouver progressivement des clients. C’est une des idées de l’urbanisme. Pas de big-bang mais tirer parti de l’évolution des applications. Profiter du moment où ils bougent pour les pluger par exemple sur l’annuaire. P18 Le résultat auquel nous sommes arrivés est le fruit d’une histoire. Deux ou trois grands éditeurs du marché, Sap en particulier, apportent une solution unique et essayent de répondre à travers leur architecture à la solution que l’on évoque. A côté, il y a les acteurs dits « spécialistes », les acteurs RH sur le marché français en font souvent partie. Nous avons une approche de spécialiste, on se retrouve dans notre silo, à côté d’autres spécialistes. Plus on est spécialiste, plus on est pointu… et retenu. Nous cohabitons beaucoup avec des éditeurs d’Erp. Alors que tout le reste est traité par ces solutions intégrées internationales, beaucoup d’entreprises décident de mettre LES journées table ronde un éditeur spécialiste à la paye, pour le niveau fonctionnel qu’il offre, mais aussi parce qu’il intègre la problématique française. Mettre à disposition des identifiants salariés, pour une application métier par exemple, peut trouver plusieurs solutions. Lorsque nous avons mis en place notre portail, nous l’avons synchronisé avec les annuaires Ldap. C’était une demande des Dsi. Pour le reste on résout souvent les problèmes par des interfaces. Alexandre Martinez, groupe Sage Dans l’environnement des bailleurs sociaux, il y a déjà une solution de référence, en général la solution de gestion locative associée à une gestion comptable. Nous avons l’expérience de l’interfaçage avec un certain nombre d’entre eux. Aujourd’hui, nous sommes sur une solution de gestion de paye administrative et on commence à aller avec une cinquantaine d’organismes vers la gestion des compétences et de la formation. Nous essayons d’enrichir le référentiel des collaborateurs tel qu’il existe au gré des nouveaux modules. Ce référentiel est ouvert, ce qui est nécessaire : les interactions sont de plus en plus fortes, notamment entre les problématiques légales/réglementaires et le financier. Alors que la clôture comptable se rapproche, on voit bien que les RH doivent communiquer avec la comptabilité, même si c’est toujours un peu compliqué. Il faut bien comprendre le process de l’organisation. On peut aussi constater la nécessité croissante de partager les informations à propos des enquêtes fédérales ou des états réglementaires. Des informations viennent de la RH, d’autres de la comptabilité. Nous essayons de partager cette information pour alimenter par exemple automatiquement les états de restitution. Chaque solution est plus ou moins ouverte. Elle offre des services plus ou moins évolués d’accès à l’information et de sa diffusion. A la décharge des éditeurs, il faut souligner que c’est à l’entreprise qu’il revient d’identifier les référentiels. Chaque cas est un peu différent et il faut prendre un peu de recul. Souvent dans les projets de refonte de tout ou partie du Sirh, on raisonnera RH au lieu de raisonner entreprise. Le phénomène se produit aussi pour les applications métier qui ont besoin d’identifiants salarié. On sent qu’il manque un maillon, une vue d’ensemble. Sans ce recul, on assiste à des resaisies, à la création d’une énième liste d’agents, à l’absence de synchronisation avec les applications existantes. Cela ne relève pas de la responsabilité du chef de projet. Il doit pour sa part répondre au besoin des métiers, avec un budget, un délai. Si on commence à lui dire : « il faut N° 78 P19 André Turba, Oresys table ronde Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies que tu ailles t’interfacer avec l’autre application ! » Ouh là là… Il faut donc ne pas raisonner par projets, sans vue globale. Pour saisir les opportunités offertes par les projets, il faut se situer un peu en amont pour demander : quelles sont mes données de référence partagées ? Qui doit les gérer ? Ce ne sont pas les éditeurs qui vont y pousser : ce n’est pas leur rôle. La problématique des référentiels incombe aux entreprises. N° 78 Etre opportuniste n’empêche pas un minimum de cadrage de manière à savoir quoi faire, lorsque l’occasion se présente. Si l’on a déterminé en amont que le Sirh était le bon réceptacle, pérenne, pour les compétences ou les activités, lors d’un appel d’offres éditeur, on aura cet élément important à y faire figurer : pouvoir échanger avec le reste du SI sur une liste de postes ou de compétences, en entrée ou en sortie. A charge de l’éditeur, au même titre que sur une fonctionnalité, de savoir s’il est capable ou non de répondre. Question de la salle : Partager l’information est une chose, le gros problème semble être de la maintenir à jour. Comment la faire évoluer ? En passant par le Sirh ou est-ce que c’est l’applicatif métier qui devient le maître ? Comment gérer les conflits de mise à jour ? André Turba, Oresys André Turba, Oresys Pour parler comme un consultant : il n’y a pas de réponse toute faite. Cependant, il y a quelques principes. Il faut étudier le cycle de vie de la donnée et se placer au plus près du fait générateur. Savoir aussi qui en a besoin en premier. La paye en aura besoin à la fin du mois. Est-ce que l’applicatif métier n’en aura pas besoin bien avant ? On peut imaginer une création par le métier, avec un statut temporaire, avant officialisation par le Sirh ? Ce qui compte est que cette donnée soit crée en un seul point, qu’elle soit validée, qu’elle ait un propriétaire, garant de sa validité. Cette réflexion sur les données RH peut être étendue à toutes les données partagées de l’entreprise. Est-ce que celles qui décrivent le patrimoine relèvent des Sig ? Des applications de maintenance ? Il faut prendre du recul et identifier ces référentiels, il n’y en a pas 150. Des données clés partagées, il y en aura une quinzaine ou une vingtaine. Dans la majorité des cas, il n’y aura pas de problème. Sur les autres, il faut discuter un peu et dire qui est le propriétaire. Gilles Auriol, CIF Ile de France Didier Jacquot Hecq, Batigere Qui a l’information en premier quand on embauche un salarié ou qu’il s’en va ? Qui met l’information et comment elle circule après ? La question se pose chez Batigere, nous, RH, nous disons : il faut réfléchir sur le processus d’accueil du nouveau salarié. Qui a besoin des informations et de quelles informations ? L’informatique pour ouvrir une messagerie et des applications ? Les Services généraux pour donner un code d’accès, un véhicule de service ? Les RH pour sortir une feuille de paye le moment venu ? Il faut réfléchir au processus pour déterminer qui va ouvrir le circuit où l’information circulera après sa saisie. P20 Il semble que le plus important est 1 : qui saisit la donnée le premier. 2 : que le Sirh soit vraiment le pivot. C’est lui qui peut irriguer tout le SI. Savoir qui est propriétaire, c’est une autre paire de manches. Cette propriété peut changer au cours du temps, même si c’est compliqué à gérer. André Turba, Oresys D’accord pour dire que le Sirh est le pivot. C’est lui qui va diffuser à tout le SI. Sans que ce soit nécessairement lui qui gère la donnée, il la récupère à droite à gauche. On notera quand même qu’il s’agit d’un « bon client » pour beaucoup des référentiels dont on a parlé. LE SI SUR LES PROCESSUS Comment fluidifier les processus transverses liés à la gestion d’un salarié ? Comment dématérialiser les processus et les formulaires pour un traitement administratif RH optimisé ? C’est la question de l’alignement du SI sur les processus, avec des solutions de type portail et workflow. Le premier argument qui intervient ici est celui de l’amélioration de la productivité des Drh. Le second est le renforcement de leurs tâches à valeur ajoutée, avec une cible de trois tiers : 1/3 paye, gestion administrative et temps d’activité, 1/3 gestion des RH, formation, gestion des compétences, 1/3 politique RH, stratégie. On constate aujourd’hui qu’on est loin du compte, avec une part bien plus forte du travail sur le premier pôle. On voit aussi des entreprises qui se lancent dans l’automatisation des processus. Pour se conformer à l’effort qui leur est demandé, en productivité ou sur leur valeur ajoutée, mais pas seulement. Il s’agit aussi de répondre à la nécessité de recruter et de fidéliser des jeunes, de la génération internet, contributeurs web et habitués des réseaux sociaux. Ils iront vers les entreprises dont les pratiques se rapprochent des leurs. A minima, ils auraient du mal à comprendre que ce ne soit pas eux qui mettent à jour leurs données personnelles. table ronde ALIGNER Pour répondre à l’action ou à la demande d’un client, interne ou externe, un certain nombre d’opérations vont souvent traverser plusieurs services de l’entreprise, structurée pour sa part en fonctions et métiers, tout comme les projets, ce qui ne facilite pas les approches par processus. On peut citer un certain nombre de processus, plus ou moins transverses : - recrutement d’un candidat - arrivée/départ d’un salarié - suivi des demandes de formation, de congés, d’augmentation, de mobilité… - saisie des temps et activités, des notes de frais… - mise à jour des informations personnelles… On a déjà insisté sur l’importance de raisonner d’abord en termes de processus, non de prendre un progiciel pour se demander ensuite ce qu’on peut en tirer. Cela dit, il faut savoir malgré tout ce qu’on peut attendre de l’offre, sans quoi on risque de rester dans les nuages. D’autres principes peuvent guider l’action. On tentera ainsi de remonter le plus loin possible, en se posant la question du fait générateur (sans que cela ne signifie pour autant qu’on vise à tout informatiser de bout en bout). D’autre part, il faut prendre un point de vue client. Gérer ses congés sur un intranet, un self-service, un portail : qu’est-ce que ça apporte au salarié ? Quant à l’intégration plus rapide d’un nou- N° 78 P21 table ronde Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies vel entrant, elle doit être d’abord considérée en gains pour le métier avant de l’être en gains pour la Drh. A partir des processus, on peut déduire les fonctionnalités attendues du SI, sans se limiter aux seules fonctions RH. Il peut y avoir des besoins d’évolution dans d’autres applications métier. Le projet d’évolution peut être multi-domaines. Est-ce que c’est le portail de l’entreprise qui va porter ces processus-là ou bien c’est le portail qui est amené par l’éditeur du progiciel de gestion des RH ? 4 types de portail peuvent porter des processus liés à la gestion d’un salarié le premier est institutionnel (mise à disposition d’informations, de réglementations, de procédures…) les trois autres de type transactionnel, avec des interactions : - le self-service où procédures et formulaires sont dématérialisés, pour un traitement administratif RH optimisé - le portail métier dédié RH : gestionnaire des tâches et des alertes, consolidation et traitement des informations salariés, reporting, échanges d’information intra métier RH - le portail manager : suivi d’équipe pour les activités, congés, compétences, reporting, … Il s’agit de projets à forte spécificité. Même en travaillant beaucoup sur l’outil, même si celui-ci est performant, les choses ne vont pas de soi, surtout pour les anciens. Les salariés vont être acteurs, bien plus qu’auparavant. Il ne faut pas négliger les aspects conduite du changement, expliquer beaucoup. Si l’on en reste à un raisonnement interne RH, si l’on n’apporte pas de services immédiats et évidents, on n’obtiendra pas un bon résultat. En fonction du bouquet de services retenu, le choix de l’architecture technique et des outils s’avère critique. Lorsqu’on est vraiment sur des processus transverses, il va falloir aller dialoguer depuis le portail et le workflow avec des applications métier parfois un peu anciennes. Les développements nécessaires peuvent s’avérer rédhibitoires. On peut définir plusieurs « zones de risque » : - L’adhésion des managers, des gestionnaires et des collaborateurs aux changements de processus et de rôles - L’adhésion des collaborateurs aux nouvelles tâches qui leur incombent - La fracture informatique. Tous les salariés ont-ils accès à l’internet ? Même dans ce cas, face à face ou procédure papier doivent rester possibles. - La maîtrise de la démarche qui suppose l’arbitrage et la priorisation des processus à refondre en parallèle avec les choix d’architecture technique et d’outillage des portails et en lien avec l’ordonnancement de l’offre de services et l’ordonnancement des remplacements des briques logicielles du Sirh. COMMENT FLUIDIFIER LES PROCESSUS TRANSVERSES LIÉS À LA GESTION D’UN SALARIÉ Avez-vous été confronté à ces problématiques ? Quelle solution avez-vous mis en œuvre ? Quelles difficultés ou problèmes rencontrez vous? Quels apports des progiciels RH, des solutions intégrées ? N° 78 Gilles Auriol Les trois quarts de mes progiciels ont des workflows intégrés. Mais ils sont inutilisables avec les autres. En même temps, le workflow représentait à peu près le seul moyen d’industrialiser nos processus. On a donc installé un workflow, avec Lotus et de l’Excel qui y est encapsulé. Si la solution n’a rien d’extraordinaire, elle est au moins transversale. Avantage énor- me : il faut commencer par écrire les procédures. Or, si l’on peut avoir des procédures idiotes, dès qu’on doit les formaliser sur le papier, elles deviennent moins bêtes. Si, en plus, elles doivent être présentées à des tiers, on les voit encore progresser. C’est une démarche de qualité. Si la démarche processus est à peu près le seul moyen trouvé pour améliorer progressivement notre façon de travailler, il y a encore de nombreuses limites aujourd’hui. Au milieu du processus, il peut y avoir des choses à faire à la main. C’est mieux que si ces tâches n’étaient pas intégrées dans un processus, mais nous n’en sommes pas encore à l’automatisation totale dont nous rêvons. Nous sommes également limités pour le travail collaboratif. Le workflow fonctionne assez P22 bien pour des processus menés de bout en bout, nettement moins lorsqu’il y a travail en parallèle ou conditionné. Didier Jacquot Hecq Le premier workflow mis en place concernait la demande de congé. Il était agrémenté d’un pop-up qui s’ouvrait pour rappeler au salarié que l’automatisation ne supprime pas le droit à la discussion. Le risque de l’automatisation, c’est la déshumanisation ce qui n’est pas franchement le but des ressources humaines. Avant d’automatiser un processus, on peut recommander de mettre noir sur blanc ce que l’on veut faire, de bout en bout. Qui doit Il ne faut pas non plus oublier que pour qu’il y ait appropriation, il faut que les managers ou les salariés y voient un intérêt. La demande de congé n’a pas posé de problème, tout le monde était content de l’avoir. La mise à jour du dossier personnel est venue après. Certains ont alors manifesté des réticences : « ce n’est pas notre travail. Les RH sont là pour ça. Si on leur donne un bout de papier, ils pourraient quand même saisir eux-mêmes les informations. ». Mais les nouveaux qui arrivent ont l’habitude de remplir des formulaires sur le web. On a même songé à leur faire remplir euxmêmes leur dossier à lorsqu’ils arrivaient. On y a renoncé : le faire auparavant permet au nouvel arrivant de trouver son carnet de tickets-restaurant qui l’attend. Ce n’est pas grand-chose mais cela donne une image positive de la société. Cependant, des candidatures peuvent être effectuées en ligne (Cf. batigere.fr). En cas d’embauche, les données de ce formulaire sont récupérées. Les salariés ont aujourd’hui accès à toutes les données de leur dossier personnel. On a failli les laisser intervenir jusque sur leur salaire, pourvu que ce soit à la baisse ! Audrey Shembri Nous avons avancé dans l’automatisation, sur plusieurs plans. Les tableaux de bord des RH ont été automatisés via BO et sont accessibles aux hiérarchies pour leur entité (service, direction, agence). Ils décrivent notamment les mouvements de personnel et l’absentéisme, ce qui a permis de mettre en place un plan d’action et de le réduire. Demandes de congé, suivi des horaires et plannings de service sont pris en charge par un workflow simple qui a été facile à mettre en place. Il apporte des gains aux RH et aux salariés et a été facilement adopté car il est très simple. Il donne notamment un bon niveau d’information aux personnels de l’accueil. Ils ignoraient jusque là qui était absent ou présent, et où ? Ils ne pouvaient donc pas bien répondre aux interlocuteurs qui les appelaient au téléphone. La troisième expérience est un workflow Sans revenir sur la question des portails, nous accompagnons ce mouvement d’automatisation depuis un certain temps déjà. Dans le back office, il y a des processus internes, des enchaînements internes au niveau des fonctions transactionnelles (paye, etc.). Nous veillons à la proposition d’enchaînements de fonctions automatiques, avec des écrans qui montent systématiquement auprès des collaborateurs pour enchaîner, dans telle situation, la tâche qui vient en aval. Des remontées du back office informent par exemple les managers des absences, des permis à renouveler, etc. Nous accompagnons ainsi les processus gestion du recrutement, embauche, dotations au personnel, demandes d’absence… Certains processus ne sont pas uniquement gérés par la Drh mais partagés entre Drh, managers et salariés. La formule collaborative qui permet d’ouvrir le SI et d’amener l’information jusqu’à l’acteur concerné. sur les mouvements de salariés, avec une base du personnel créé sous Lotus Notes et alimenté par la Drh à partir des informations fournies par les hiérarchies. Les autres membres des RH, la Dsi, la logistique, le comité d’entreprise sont ainsi informés de tout mouvement (entrées, sorties, départs temporaires). Le besoin est apparu avec la réorganisation des agences et un gros volume de recrutements à gérer. Il fallait accueillir le salarié dans de bonnes conditions (bureau, matériel, équipement informatique, accès, badges…) et donc anticiper son arrivée. La base Lotus a été mise en place très vite, à lalimite du bricolage, mais la solution s’avère efficace et a renversé l’image des métiers d’appui. La seule difficulté que nous rencontrons aujourd’hui concerne les intérimaires, recrutés souvent dans l’urgence et que l’on ne peut accueillir dans les mêmes conditions. Nous avons en perspective la gestion des entretiens annuels et la mise à disposition des informations descriptives du salarié, avec un frein : le coût de ce type de solution, aujourd’hui effarant. Quant à notre brique portail, elle ne fonctionne que si on a le back office accroché derrière. Le portail, c’est la couche qui va chercher toute l’information dans le back office. Notre moteur de workflow est intrinsèque au portail et à l’outil. On implémente tous les processus RH à partir de ce moteur et de toutes les données du back office Un SI, on peut tout lui faire faire. Il suffit d’avoir du temps, des moyens, d’empiler des couches : workflow d’untel, portail d’untel… On peut choisir différents outils et les mélanger dans son SI. Ou bien on opte pour le produit d’un éditeur, à un coût relativement défini. Les éditeurs aussi peuvent faire de l’ingénierie avec des briques de base et en tenant compte des spécificités de l’entreprise. Mais si on veut rester dans des budgets raisonnables, il faut demeurer dans des logiques de « solutions standards », à prendre également dans le sens de standards technologiques. Nous tendons à ce que chacune de nos briques portail soient sur les technologies aussi standardisées que possible pour qu’elles puissent s’implémenter dans les portails d’entreprise générique. En attendant la vague des web services qui facilitera les implémentations, il faut des solutions N° 78 P23 table ronde Pascale Boyaval intervenir dans cette chaîne. Comment on doit le faire intervenir. table ronde Club Habitat Systèmes d’information & Stratégies opérationnelles, efficaces et économiques pour les entreprises. Dès lors, on est obligé de faire des choix, éventuellement avec des solutions plus packagées qui permettront de minimiser la problématique des interfaces, d’optimiser les référentiels que l’on a et de permettre au SI de se mettre rapidement en place. Alexandre Martinez Nous travaillons sur des solutions financières complémentaires du système central de gestion comptable et locative. Les workflow centraux sont dans la gestion comptable et locative. Dans le secteur de l’habitat social, nous allons offrir un portail RH qui pourra travailler avec une solution de paye existante. Les solutions peuvent être limitées à une gestion RH, avec le paramétrage d’applications qui permettent d’intégrer rapidement des process définis ou être davantage orientées collaboratif, workflows et processus. Nous essayons de modéliser les process spécifiques au back office des bailleurs sociaux (gestion des gardiens, mobilité, gestion comptable, gestion du récupérable et du non récupérable…). Question de la salle : Ce matin, on a évoqué la gestion du temps et des activités à propos des charges récupérables. On pourrait aussi citer la conduite d’opérations d’investissement. Cette gestion des temps et des activités on peut la retrouver dans différents applicatifs, du côté des RH, mais aussi des logiciels métier (gestion de patrimoine, gestion comptable et financière…). On se trouve placé à des frontières, avec un risque de multiplier les logiciels qui gèrent cette thématique. L’approche urbanisation semble bien s’appliquer ici. Est-ce que des outils existent, par exemple des interfaces avec une gestion analytique ? N° 78 André Turba Avec la liste des activités, on est vraiment dans un domaine de données partagées. Une activité peut faire une rubrique de paye, un compte analytique, les personnes qui imputent sont aussi dans la RH, il y a là un vrai problème d’intégration. Question de la salle : La possibilité de choisir, voire de s’inscrire à une formation, via un portail me fait bondir. On risque de faire là un grand pas en arrière. Voilà 10 ans que je me bats pour faire systématiquement disparaître les catalogues des formations des bureaux des salariés. La valeur ajoutée d’un service RH ce n’est pas seulement du temps de gagné. On ne peut pas tout remplacer par une connexion. Didier Jacquot Hecq Chez Batigere, nous n’avons à ce jour rien mis en œuvre sur la formation. On en est à définir le processus. Nous ne sommes pas encore tous d’accord sur le principe. Effectivement, il y a ceux qui sont pour les catalogues et ceux qui sont contre. Mais lorsqu’on utilise le portail et les processus pour une inscription, cette demande ne vaut pas validation. Elle part… où ? Chez le responsable de service, le directeur, à la Drh, chez les trois ? D’abord chez l’un, qui va préciser et valider, avant d’aller à la Drh pour mise en œuvre ? Le catalogue n’empêche pas les RH de s’interroger. Pourquoi veut-il cette formation ? Est-ce que cela correspond au besoin ? C’est là qu’il y a valeur ajoutée. Au bénéfice du portail, on notera qu’il permet à la demande de se manifester, à tout moment, sans attendre par exemple l’entretien annuel. P24 André Turba Les portails sont des outils. Ils supposent de réfléchir aux processus en amont et de définir ceux-ci selon la manière dont on souhaite se positionner en tant qu’apporteur de service à l’entreprise. Pour conclure, on peut rappeler que dans l’approche globale des SI proposée par l’urbanisation, l’idée est d’être opportuniste, de profiter de chaque projet pour prendre un peu de recul, en amont, de se placer au niveau de l’entreprise et voir ce qui peut être apporté comme amélioration non seulement dans le domaine traité par le projet, mais aussi dans la cohérence générale du SI. Cela suppose une vision transverse de l’entreprise. Les Dsi ont cette vision transverse. En général, ce sont donc elles qui prennent en charge les démarches d’urbanisation. Une tâche de plus pour elles…