Neal Casal No Wish To Reminisce

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Neal Casal No Wish To Reminisce
Neal Casal
No Wish To Reminisce
Longtemps encensé pour ses albums folk-rock qui, à l’instar de ses excellents Fade Away
Diamond Time et Anytime Tomorrow, restent parmi les plus franches réussites des
Années 90, Neal Casal avait décidé de ne plus sortir d’album de nouvelles compositions
tant qu’il n’aurait pas réalisé ce qu’il pourrait légitimement considérer comme sa "plus
belle réussite". Finalement, après avoir passé plus de cinq ans à chercher le producteur
qui accepterait de le suivre dans son désir d’exploration d’une nouvelle voie musicale,
Casal a rencontré Michael Deming, l’homme qui le décidera à se lancer enfin dans la
production de ce saisissant, et très bien nommé, No Wish To Reminisce. Au final, entre
la luxuriance pop de l’éblouissant "A Message You Can Send" et la redoutable efficacité
de "Sleeping Pills In Stereo", en passant par le poignant "Death Of A Dream" (rappelant
le Gene Clark de 1967), ce No Wish To Reminisce sonne non seulement comme le
meilleur disque de Neal Casal, mais aussi et surtout comme un improbable alliage
d’americana et de pop classique aux intonations Sixties.
Six ans ! Neal Casal n’avait plus sorti d’album de nouvelles compositions depuis son
impeccable Anytime Tomorrow du printemps 2000. A l’époque, et même si ses cinq premiers
disques comptaient bien parmi les plus aboutis de toute la vague Americana, Neal Casal
affirmait déjà son envie d’un "nouveau départ", un besoin réel d’explorer de nouveaux
territoires musicaux et de se mettre davantage "en danger" sur le plan artistique. Sans doute
conscient du fait qu’Anytime Tomorrow constituait une sorte d’apogée et que, dans un sens, il
correspondait aussi à la fin d’un cycle (symbolisée par la compilation Maybe California de
janvier 2003), Casal n’hésitait pas non plus à déclarer qu’il ne reviendrait pas avant d’avoir,
sous le bras, le "meilleur album de (sa) carrière".
Du coup, il aura patiemment attendu son heure, enregistrant successivement un mini-LP avec
la chanteuse Shannon McNally (Ran On Pure Lightning, 2002), deux opus avec son powertrio soul Hazy Malaze (Hazy Malaze en 2003 et Blackout Love en 2004) et un disque de
reprises « fait à la maison » (Return In Kind, au printemps 2004), tout en continuant à tourner
inlassablement et à jouer au musicien de session (de Mia Doi Todd à Badly Drawn Boy, en
passant par Unida) ou à l’invité de luxe chez un bon nombre d’artistes parmi lesquels les
Beachwood Sparks, Ryan Adams ou, même, plus récemment, la française Emily Loizeau.
Finalement de retour avec ce No Wish To Reminisce, disque resplendissant qui tient
effectivement toutes ses promesses, Neal Casal a tenu à s’exprimer assez longuement, histoire
de clarifier d’emblée les points qui lui semblaient importants dans la genèse de cet album
qu’il considère, assez logiquement, comme sa plus belle réussite : "Avec ce disque, j’étais
vraiment à la recherche d’un nouveau son, d’une nouvelle direction musicale. Je voulais faire
quelque chose de très différent de mes autres albums. Le titre No Wish To Reminisce est là
pour souligner cette envie de ne plus regarder en arrière. Je voulais que cet album reflète
mon intention d’aller de l’avant dans ma vie comme dans ma musique. J’avais envie d’une
production plus complexe et plus dramatique, plus intense, plus engagée… plus "tout", en
fait."
Selon Neal Casal, ce titre est aussi très ironique : "Je crois que c’est cette ironie qui donne au
disque sa profondeur. Le titre nous dit de ne pas regarder en arrière, de ne pas chercher à
nous remémorer quoi que ce soit et d’aller de l’avant sans nous retourner, quoiqu’il arrive.
Mais, dans le même temps, les paroles nous disent exactement le contraire : elle nous disent
"Souviens-toi comment c’est" ("Remember What It’s Like"), "tout est dans le passé"…Elles
sont constamment tournées vers le passé, s’interrogeant sur l’évolution des choses en
général, sur ce qui aurait pu se passer ou sur l’incertitude liée à ce qui va arriver. En ce qui
me concerne, je cherche toujours à aller de l’avant sans trop me préoccuper de ce que je
laisse derrière moi. Mais est-ce vraiment réalisable ? Maintenant que je suis plus vieux, j’ai
pas mal d’histoires vers lesquelles me retourner. Pour moi, ce disque parle de ma
"réconciliation" avec ces vieilles histoires, de ma volonté de vivre avec elles et d’aller enfin
de l’avant."
Puis, avançant plus loin sur le terrain personnel, Neal Casal ajoute : "J’ai vraiment vécu
énormément de choses depuis mon dernier véritable album (en solo, ndr.), et je crois que c’est
tout ce dont parle ce disque. No Wish To Reminisce, c’est à la fois ma lettre d’amour à mon
ex-femme, mon déménagement de New York à Los Angeles… puis mon retour à New York
après Los Angeles ! Mais ce disque, c’est aussi, de façon plus ou moins directe, la mort de
mon père, celles de mes grandes amies Cathy et Shelby (une grand singer/songwriter morte à
l’âge de 19 ans) ou de mon amie Brenda dans le désert du Joshua Tree. Et puis ce disque
parle aussi de ma dépression et de mes penchants autodestructeurs. Il s’agit également d’une
sorte de lettre d’excuse à un ami que j’ai perdu à un moment où tout n’allait pas pour le
mieux dans ma vie personnelle à Los Angeles. Et puis, ce disque parle aussi de l’idée de
survivre à tous ces événements et de la façon dont je me suis finalement retrouvé vivant,
malgré tout ça, et prêt à repartir, prêt à faire la meilleure musique de ma vie et à profiter
enfin de cette lumière que j’ai trouvée au bout de ce long et très sombre tunnel... Pour moi, il
s’agit d’un disque pop plutôt lumineux et enthousiasmant sur des choses assez déprimantes. A
la première écoute, on pourrait croire à un disque léger et ensoleillé, parce que c’est comme
ça que le disque sonne. Mais si vous écoutez sous la surface, si vous lisez les textes, vous
aurez sûrement une image très différente de l’album. Au fond, je crois qu’il s’agit d’un disque
de gospel."
Au sujet de la genèse de l’album, Neal Casal raconte : "L’album a été enregistré dans une
toute petite ville de la Côte Est des Etats-Unis. Michael Deming, qui a produit, enregistré et
mixé le disque, a également réalisé d’excellents choses avec les Lily’s, les Silver Jews, les
Pernice Brothers et un très bon nouveau groupe nommé The Rollo Treadway. En ce qui me
concerne, je l’ai rencontré par le biais des Beachwood Sparks, avec qui il a aussi collaboré,
et j’ai énormément de respect pour son travail. C’est lui qui a écrit et dirigé tous les
arrangements de cordes de l’album et c’est aussi lui qui a fabriqué les micros que nous avons
utilisés durant l’enregistrement. Nous avons échangé énormément d’impressions et de points
de vue avant de commencer à jouer la moindre note : il m’a aidé à visualiser le son de ma
musique. Dès le départ, l’idée était d’aller vers un son clair, lumineux et psychédélique,
quelque chose qui serait aussi éloigné que possible du son, souvent très acoustique, de mes
précédents albums. Nous voulions que chaque centimètre carré de bande soit complètement
rempli de musique, que la production soit extrêmement dense, tout en restant intimiste et
poignante. Nous avions aussi dans l’idée de nous approcher du son des grands classiques
pop : c’est de là que sont venues les idées d’utiliser de la sitar, des synthés analogiques ou du
clavecin. Selon moi, ce disque est fait pour être écouté au casque, afin que tous les détails de
la production, ces points que nous avons mis si longtemps à peaufiner, puissent se révéler
enfin à l’oreille. Les arrangements ont vraiment une importance primordiale dans ce
disque !" Enregistré en compagnie de Dan Fadel (batterie) et Jeff Hill (basse), ses deux
compères de Hazy Malaze qui forment, ici, la section rythmique ("Nous jouons ensemble
depuis plusieurs années et c’est sur notre étroite relation que ce sont posées les fondations du
disque."), No Wish To Reminisce a surtout été réalisé par Deming et Casal, lui-même :
"Pendant des jours et des nuits, nous sommes restés enfermés dans le studio. Comme il s’agit
d’un endroit un peu perdu en pleine campagne, très éloigné de la ville, il était très difficile de
faire venir d’autres musiciens. Donc, nous nous en sommes tenus au strict minimum : mon
ami John Ginty est venu jouer de l’orgue sur quelques titres et des membres du Hartford
Symphony Orchestra ont composé la section de cordes. Pour le reste, nous nous sommes
acharnés, avec Mike, à retrouver sur bandes les sonorités que nous avions en tête. Durant
plusieurs mois, j’ai littéralement dormi dans le studio, avec un ampli Vox AC-30 juste à
droite de ma tête. Et, croyez-moi, ça aide à rester concentré sur la musique !"
Finalement, il ajoute : "Six années se sont écoulées depuis la sortie d’Anytime Tomorrow…
Beaucoup de gens continuent de me demander ce qui s’est passé, ce qui m’a pris autant de
temps. La vérité, c’est que je ne me suis jamais arrêté d’écrire des chansons. J’en ai même
encore des tonnes de côté ; largement de quoi enregistrer plusieurs autres albums ! De même,
je n’ai jamais arrêté de jouer. J’ai joué avec d’autres artistes, et je me suis laissé entraîner un
peu plus loin que prévu. Ensuite, j’ai démarré Hazy Malaze… et je me suis, là aussi, laissé
entraîner un peu plus loin que prévu. Au final, je crois que j’ai dû passer plus de cent jours
par an sur la route pendant plusieurs années. Au bout d’un moment, j’avais perdu tous mes
repères… Mais je crois qu’au fond, j’appréhendais surtout de rentrer chez moi. Ma vie
personnelle n’allait plus du tout et j’ai dû traverser une rupture difficile. Donc je suis parti au
volant de mon pick-up et j’ai traversé le pays… Je n’avais plus confiance en moi ; je m’étais
perdu…Plusieurs fois, j’ai voulu me remettre à enregistrer, mais je n’étais jamais satisfait. Je
cherchais de nouvelles voies à explorer, mais je ne trouvais pas le producteur qui pourrait
m’assister dans cette démarche. Tous ceux que je rencontrais voulaient juste me poser sur
une chaise avec ma guitare acoustique. Or, je ne voulais plus de ça… Mais je ne voulais pas
non plus faire "mon disque électro". Je déteste cette idée de changer pour changer : c’est
complètement stérile. En fait, j’avais les chansons, mais je n’avais pas le son. C’est pour ça
que la rencontre avec Michael Deming a été si importante. C’est en le rencontrant que je me
suis finalement décidé à attaquer No Wish To Reminisce. Au final, ma vie va beaucoup mieux
et j’ai même l’impression d’avoir réalisé ce que je cherchais avec ce disque : obtenir la
meilleure collection de chansons de ma carrière."
Fargo FA0083
Sortie le 4 Avril 2006
Discographie sélective :
Fade Away Diamond Time - 1995
Rain, Wind and Speed - 1996
The Sun Rises Here - 1998
Basement Dreams - 1999
Anytime Tomorrow - 2000
Return in Kind - 2004
No Wish To Reminisce - 2006

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