Critiques Musique -26
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Critiques Musique Bright Eyes – Digital Ash in a Digital Urn / I'm Wide Awake, It's Morning Pop 6,5/10 Folk-Country 8,5/10 - (USA) Conor Oberst, leader du groupe Bright Eyes, est l'objet ces derniers temps d'une certaine excitation dans la presse musicale, d'aucuns le qualifiant déjà de nouveau Dylan. Si nous nous garderons de ce genre de comparaisons souvent risquées et subjectives, force est de constater qu'à 24 ans, l'homme ne démérite pas. D'abord, il y a le personnage. Il ne serait pas étonnant que le nom du groupe, Bright Eyes, ait été choisi en son honneur tant il semble évoquer son regard perçant qui participe pour beaucoup au charisme du bonhomme. Ensuite, il y a la musique. Sa discographie est déjà bien fournie, et s'enrichit encore en ce début d'année de deux nouveaux albums. Le premier, Digital Ash in a Digital Urn, est pourvu d'une pochette assez moche, ce qui le discréditerait d'emblée aux yeux de notre vénéré président, chez qui cette image d'un homme nettoyant des toilettes ne manquerait pas de susciter quelques sarcasmes ma foi bien mérités. Mais comme je lis le Marais et que je me suis muni d'un lecteur de CD avant d'entamer ma critique, je peux vous parler du contenu : animé du désir d'innover musicalement, ce disque plutôt pop recèle quelques perles (Take It Easy (Love Nothing), Hit The Switch, I Believe In Symmetry), mais souffre de quelques points faibles. On pourrait reprocher un aspect assez brouillon à certaines chansons. D'autres, un peu bizarres à la première écoute, nécessitent du temps pour s'y accoutumer. Bref, un disque assez inégal sur lequel nous ne nous attarderons pas plus, pour parler de son faux jumeau... Car si le second album, « I'm Wide Awake, It's Morning », est venu au monde en même temps que l'autre il lui est fort dissemblable. Plus classique, il est pourtant nettement plus intéressant. Le disque est à dominante country-folk, et c'est pourquoi le chroniqueur de la Libre Belgique s'est senti obligé de préciser « Pour autant, on est loin des clichés Redneck ». Clichés certes fort répandus... D'ailleurs rappelez-moi de brûler vif le prochain idiot qui répand ce genre de conneries sur la country. Ou alors, on pourrait l'attacher et lui faire écouter cet album, pour le convaincre, à coup sûr, de sa grossière erreur. Dix chansons dépouillées, simples, belles. Une mélodie qui oscille entre envolées rayonnantes et descentes mélancoliques. Et puis il y a cette voix, à peine sortie de l'adolescence, chargée d'émotion, par moment chevrotante, à pleurer. Il est assez difficile de décrire en mots ce qui fait la différence entre un bon disque et un disque brillant. Oserait-on parler d'un supplément d'âme qui caractériserait ce dernier ? On pourra dire sans peur de trop se tromper qu'une différence majeure est que le coup de génie semble avoir été réalisé naturellement, sur un coup de tête (justement ?), l'album semble couler de lui-même, logiquement. On n'imagine pas une seule seconde que cette musique ait été réfléchie, construite un tantinet rationnellement, ou encore moins réalisée suivant une sorte de recette comme le sont certains « tubes ». Je pourrais encore louer tant d'autres qualités singulières, mais le mieux est peut-être de répéter que cet album est génial. Tout simplement. Et c'est pourquoi vous allez courir l'acheter, nom d'un piratin sans scrupules ! Maxime Lambrecht Beck – Guero (USA) Rock 7/10 Beck nous est revenu du monde des déprimés. Après sa rupture, il nous avait livré en 2002 le magnifique (mais fort déprimant) Sea Change. Plus récemment, en 2004, on a pu entendre sa somptueuse reprise de Everybody’s Gotta Learn Sometimes dans la bande originale du film Eternal Mars 2005 - Le Marais -26- Critiques Musique Sunshine of the Spotless Mind (Michael Gondry). Son nouvel opus Guero vous attend à la Fnac (ndlr : La pub clandestine, c'est mal). La plupart des adeptes de Beck l’ont probablement découvert avec ses albums funky, drôles, à l’écart,… qui datent d’avant 2002. Pour ma part, Sea Change était le premier. Retrouver ici son côté joyeux est un peu bizarre. Prenez Chain Reaction. C’est du rap, mais alors aussi du rock, il y a des samples, c’est dansant, on se croirait dans l’univers magique de Tetris (ou Pacman, c’est selon)… Mais qu’est-ce que c’est que ce bruit ? Ah, c’est juste le disque. D’un autre côté, Missing se rapproche plutôt du Beck Nouveau, avec ces cordes orientales, accompagnées d’un doux petit rythme de percussion - fort agréable! Dans la même ligue on retrouve e.a. Emergency Exit. Mais donc, les chansons festives sont à nouveau de la partie. Que Onda Guero, c’est du Fun Lovin’ Criminals tout craché. On voit déjà le clip sur un bateau en pleine Méditerranée avec pleins de filles toutes... Tiens donc, revoilà ce fascinant son Tetris dans Girl alors que E-Pro se rapproche plutôt du Eels de Shootenanny. Go It Alone fait à son tour penser au Damon Albarn de ces dernières années… Une chose est sûre : c’est du Beck tout craché. Par déduction logique : c’est pas mal du tout ! François Haesebroek Cocorosie - La maison de mon rêve (USA) Genre nouveau 8,5/10 Il y a parfois comme ça des albums inclassables tant ils sont originaux. Assurément, le premier opus de Cocorosie est de ceux-là. Subtile mélange de trip-hop, de jazz, de folk et même de gospel, ce magnifique album nous plonge dans l’univers déjanté de deux sœurs new-yorkaises exilées à Paris. Mais, ce qui fait surtout la force de cet album, c’est sa simplicité. Une guitare, quelques sons d’ambiance et deux voix d’anges, alliées à un sens de la mélodie hors pair, permettent de troquer, le temps de douze pistes, la dure réalité de la planète Terre avec la douce « planète Cocorosie ». Bref, Cocorosie signe, avec «La maison de mon rêve », un premier opus impressionnant de simplicité et d’originalité qui fait mal au cœur tant il est beau. Vivement la suite. François Haenecour The Kills – No Wow (UK / USA) Rock 8/10 Au départ il y avait, comme tout le monde le sait, la voix de VV (l’américaine), hybride diabolique entre celles de PJ Harvey et Patti Smith. Ensuite apparut la section rythmique, composé d’une toute bête boîte à rythmes. Attention! Ce qui sortit de cette petite machine ridicule s’avéra vite d’une irrésistibilité rarement entendue. En troisième lieu s’ajouta la guitare électrique de Hotel aux sonorités brusques et angulées. S’en créa une musique agressive et pourtant retenue. VV ne hurle pas, elle hausse le ton élégamment. Hotel (l’anglais), lui, arbore un style tout à fait particulier : ses riffs sont répétitifs, machinaux, secs, vont droit au but… mais se montrent aussi terriblement accrocheurs. Si le précédent album contenait tout au plus quelques excellents simples (Fried My Little Brains, Pull A U, Fuck The People) dans la veine garage rock, avec No Wow le groupe réussit le pari d’un album à la fois rudimentaire et envoûtant ; affirme son identité profondément noire (Ticket Man) tout en ajoutant quelques notes de légèreté (Rodeo Town). Du tout bon…À voir absolument à l’Ancienne Belgique ce 25 avril. L’énergie que dégage ce couple sur scène est époustoufflante. Soldout, à côté, c’est de la rigolade ! François Haesebroek Mars 2005 - Le Marais -27- c
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