grève à asnières les salaires au point mort à la ratp l

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grève à asnières les salaires au point mort à la ratp l
avril 2013 - numéro un | 3
2 | numéro un - avril 2013
ACTION POUR LES SALAIRES
LES SALAIRES AU POINT MORT À LA RATP
Le gouvernement déclare que les agents RATP sont trop payés.
Ceux-ci s’invitent à la table de la négociation.
L
e mardi 26 février, pour la première séance des négociations
salariales 2013, c’est une poignée de cacahuètes qu’a
proposée la Direction de la RATP en guise d’augmentation
de salaire. Dans une salle de négociation surchauffée et
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avancés par la direction ont eu l’effet d’une provocation quand on
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« Le mécontentement est réel, a d’emblée lancé Jacques Eliez,
secrétaire de la CGT-RATP, parce que la politique de la direction
est insupportable envers ses salariés et que les bénéfices n’ont
jamais été aussi élevés. » Le syndicaliste a ironisé en notant
que « la RATP se porte mieux que ses agents ». La politique
de productivité déshabille le service public au nom d’une soidisante compétitivité, à coups de management contestable.
Les Machinistes le vivent tous les jours avec
des TM inadaptés qui confèrent au service
Excédent
record en 2013 une véritable course contre la montre. Le
pouvoir d’achat en 2013 pour les Agents de
à la RATP :
la RATP, ajoute Jacques Eliez, est inférieur à
286 millions
celui de 2003. C’est une injustice sociale. Pour
d’euros.
Jonathan Didier, Machiniste Receveur à Thiais,
« le rattrapage du pouvoir d’achat passe
par l’obtention d’un 14 ème ce_i [j X_[d i“h ) ZÊWk]c[djWj_ed
immédiate pour 2013 ». La réunion de négociation a tourné court,
puisque la CGT avec les autres organisations syndicales a décidé
de quitter la salle sous les encouragements des salariés en
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unanimement d’interpeller la Direction générale de la RATP pour
qu’elle revoie sa copie sur les augmentations salariales pour 2013.
De plus en plus, la RATP
pressurise ses salariés.
Souvent le régulateur nous
demande de lui rendre service
en effectuant un tour de plus,
parce qu’il n’a pas d’agent sous
la main à cause d’une politique
de productivité effrénée. Mais ce
service rendu ne trouve aucune
reconnaissance.
LES RAISONS DE LA COLÈRE
LE 22 À ASNIÈRES
L’ALLONGEMENT SOURNOIS
DU TEMPS DE TRAVAIL
L’augmentation du temps de travail repoussée en
2011 : le MEDEF ne nous l’imposera pas en 2013.
O
Yupine, 35 ans, MR à Asnières
J’ai rejoint la CGT parce qu’elle
défend mes droits dans un
contexte difficile. Or, souvent,
les collègues ne savent pas se
défendre, ils acceptent tout et
n’importe quoi par crainte de
perdre leur emploi. Des collègues
endettés par la vie chère vendent
même leurs jours de repos pour
gagner de l’argent.
Rajeevan, 32 ans, MR à Asnières, jeune
adhérent CGT
Je suis en grève parce que je
m’oppose aux dérives de la
direction de la RATP. Pour nous
faire peur, elle agite l’épouvantail
d’une concurrence qui n’existe
pas. Nos supposés concurrents
« privés » TRANSDEV, Kéolis
ou même RATP DEV sont des
entreprises financées par la
puissance publique.
Olivier, 31 ans, MR à Asnières, militant CGT
Je suis en grève parce que nos
tableaux de marche ne sont pas
adaptés et parce que nos autobus
ne sont plus en état de rendre ce
service public des transports aux
usagers qui au bout du compte
s’en prennent à nous.
Nous en sommes arrivés à un
point où la RATP n’écoute plus
notre détresse.
Najet, 30 ans, MR à Aubervilliers, militante CGT
« Le 11 juin 2011 restera gravé
dans ma mémoire ! Plus de
1 500 Machinistes sont venus
dire à la Direction : « touchez
pas à mon temps de travail
ni à mes 121 repos ».
GRÈVE À ASNIÈRES
Quand les Agents refusent de voir leur travail
quotidien se dégrader.
«
La RATP n’a qu’une
idée en tête: produire
plus de kilomètres avec
moins de Machinistes.
Pour la Régie, il faut
engranger toujours plus de
profits au détriment des salariés.
Pour Olivier, Machiniste Receveur
syndiqué CGT à Asnières, les
conditions de travail et même de
vie sont dégradées par des TM et
temps de parcours inadaptés et
par des bus moins bien entretenus
à cause de la politique de souseffectif à MRB. « Moins d’entretien,
ajoute-t-il, c’est aller au devant
de pannes et de difficultés et d’un
service dégradé et non rendu aux
usagers. » Tels étaient les thèmes
de la grève à l’appel de la CGT
BUS vendredi 22 février. Au dépôt
d’Asnières, l’appel a été entendu
par les Machinistes Receveurs
que plusieurs collègues en
congés sont venus soutenir
pour dénoncer ces conditions
dues à une direction sourde à
leurs revendications. Celle-ci
a tenté de les dissuader de se
mettre en grève. « A la RATP, on
n’est pas à plaindre. » « Faux »,
rétorquent les syndiqués CGT qui
dénoncent « le flicage permanent
des mouches, la tension extrème
pour déjouer les pièges d’une
circulation toujours plus dense et
les sanctions disciplinaires pour
des broutilles ». Certes, se mettre
en grève n’est pas chose facile.
« Mais c’est efficace », répondent
les grévistes qui par leur action fin
juin 2011 ont fait reculer la direction
sur son projet de rallongement
du temps de travail. Et puis, tous
les acquis sociaux n’ont jamais
été des cadeaux gratuits de la
direction. Le progrès social se
gagne par la lutte.
n se rappelle le 27 juin 2011 lorsque les
agents de BUS ont envahi – normal
quand ils sont en colère – la salle de
négociations à Lyon Bercy pour protester contre le projet de la direction d’allonger leur temps de travail. À l’époque, la RATP
envisageait sans aucune pudeur de demander
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jour. Pourquoi ? « Pour être concurrentiels ». Face
à cette mobilisation sans précédent, la Direction
de BUS avait dû retirer son projet.
Depuis 2 ans, modifiant sa méthode, elle tente
toujours d’arriver sournoisement à ses fins. En
cassant les roulements ; en remettant en cause
les RTT avec l’annualisation du temps de travail ;
en supprimant les TM ; en organisant des services
sur plusieurs lignes ; en réduisant les battements
et… en augmentant finalement le temps de travail. « Le projet d’évolution des conditions de travail des Machinistes, révèle l’expertise du cabinet
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de marche et des roulements
par une logique d’individualisation des conditions de
travail. » Globalement, la
direction voudrait flexibiliser ses agents « en déconstruisant les logiques
collectives d’encadrement de ces conditions de
travail ». Tous les coups sont bons : à chaque
transformation d’un PCL en PCC, le Machiniste
Receveur ressent d’avantage l’isolement et la désertification du terrain. L’augmentation des agressions, la perte de kilomètre et les tensions avec la
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considérablement les problématiques » sont les
Un Machiniste Receveur de Créteil.
premiers symptômes de cette course à la rentabilité.
Mais ce n’est pas tout : les temps de formation
se réduisent considérablement par un manque
chronique de personnels dans les dépots. Et
moins de formation, c’est plus d’accidents ou
d’inaptitude. Obstinée, la direction a même inventé la fusion des dépôts : mais dans les établissements « pacsés », le Machiniste Receveur
est encore plus seul, les équipes RH passant eux
aussi à la moulinette de la productivité.
Alors de quelle concurrence parle la direction et
pourquoi cette course à la productivité ? Keolis,
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par… la puissance publique et de fait propriétés
de l’Etat menacent-elles l’existence même de la
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France ?
La réponse est non bien sûr et les desseins de la
Direction du Département BUS sont ailleurs. Son
« projet non justifié au regard des résultats réels
du temps de conduite et
des éléments de comparaison économique » n’est
pas jouable note le cabinet
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temps de conduite réel à la RATP est proportionnellement supérieur au temps de conduite des autres
transporteurs publics de l’UTP (Union des transports
publics). »
Pour les Machinistes Receveurs de la RATP, seule
une nouvelle mobilisation comme celle du 27 juin
2011 stoppera l’augmentation sournoise de leur
temps de travail et la dégradation du Service
Public et de leurs conditions de travail.
EN CHIFFRES
3/4
3/4 des MR ne finissent
pas leur carrière
au volant d’un bus
15 %
Les MR conduisent
entre 9 et 15% de plus
que leur TM
25 %
Les MR ont perdu
25% de temps
de battement
500
Environ 500 MR
manquent
dans les effectifs
75 %
75% des inaptes
viennent de BUS
12 511
En 2003, un MR parcourait 10 948 Kms
dans l’année, en 2011, la distance
annuelle parcourue est de 12 511 Kms