«Qui va gouverner les USA ?»
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«Qui va gouverner les USA ?»
«Qui va gouverner les USA ?» Céline Mistretta, Christopher Jackson, Sarah Bowyer, Philippe Tessier (partie historique). 4 novembre 2004 Table des matières 1 Le fonctionnement de l’élection présidentielle aux USA 1.1 Une procédure longue et compliquée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.2 Le financement des campagnes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2 2 4 5 2 La politique intérieure américaine et les guerres : une mise au point historique 2.1 Les pouvoirs du président des Etats-Unis en période de guerre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.2 Des configurations différentes selon les guerres . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 2.3 Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 5 6 7 3 Qui 3.1 3.2 3.3 3.4 3.5 sont les candidats à la Présidence 2004 ? George W.BUSH (d’après l’encyclopédie en ligne Wikipédia http ://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil) Dick Cheney, candidat républicain à la Vice-Présidence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . John Kerry (d’après l’encyclopédie en ligne Wikipédia http ://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil) . . John Edward, candidat démocrate à la vice-présidence . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ralph Nader, le candidat qui peut faire basculer le scrutin (LeFigaro.fr [04 octobre 2004]) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Revue de presse (par Christopher Jackson et Sarah Bowyer) 4.1 La Presse américaine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4.2 La Presse internationale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 8 8 10 10 14 15 15 15 16 John Kerry, la candidat démocrate, a décrit cette élection comme «la plus mémorable de notre époque». Pour Dick Cheney, le vice-président républicain,il s’agit de «l’une des plus importantes de l’histoire américaine». Il est vrai que l’élection du 44e président des Etats-Unis s’inscrit dans un contexte inédit : première présidentielle depuis le 11 septembre et l’invasion de l’Irak, c’est le dernier scrutin avant le renouvellement de l’actuelle Cour suprême. La mission du prochain président sera de négocier ce tourant dans l’histoire de la première puissance économique et militaire du monde. 1 Le fonctionnement de l’élection présidentielle aux USA Sources : Le système politique US Sous la direction d’Edmond Orban et Michel Fortmann Les presses de l’université de Montréal (Chapitre «l’élection présidentielle» de Gerald Barnier) Les USA sont sans doute le pays occidental où l’élection du chef de l’Etat est la plus complexe. Par conséquent, le citoyen moyen s’y perd et surtout s’en désintéresse de plus en plus. On peut relever plusieurs facteurs : 1. le fait que la loi électorale relève de la juridiction des Etats fédérés. Par conséquent, il y a 50 lois électorales différentes pour l’élection du même officier public ! 2. la pluralité des intervenants lors des diverses phases menant à l’élection du Président : comités nationax des partis, comités des partis au sein de chaque Etat, législatures des Etats, tribunaux fédéraux et la Federal Election Commission. 1.1 Une procédure longue et compliquée Elle est plus complexe depuis les années 1970 suite à la volonté des 2 partis de démocratiser la désignation de leur candidat. Le rôle des appareils de parti diminue, tandis que celui dévolu aux membres du parti est renforcé. D’où une augmentation du nombre d’élections primaires pour désigner les délégués. Puis les professionnels de la politique ont cherché à réfréner cet élan de démocratisation. Depuis 1984, surtout chez démocrates, il y a une plus grade place pour les membres de l’etablishment du parti ( qu’on désigne parfois sous le terme de «superdélégués».) On rappelle qu’une campagne présidentielle s’étale sur plusieurs ans. Le calendrier fixe favorise d’ailleurs cette situation. Depuis 1976, la course à la direction des partis exige au moins 2 ans de campagne active. La première année consiste en la levée des fonds et la prise de contacts avec électeurs du plus d’Etats possibles. La deuxième année comporte 7 étapes. 1ère étape : le choix des délégués aux Conventions Nationales des 2 partis (Février-juin de l’année de l’élection) Le recrutement des délégués se fait de deux façons : – soit par des élections primaires (primaries) Il y autant de variantes que d’Etats, et celles-ci différent suivant les partis. De plus, les règles du choix de délégués peuvent être modifiées d’une élection à l’autre. Qui a le droit de vote lors d’une primaire ? Il y a deux principales modalités : – la primaire fermée ( seuls les membres du parti) – la primaire ouverte ( tt électeur inscrit sur la liste electorale). Elle permet aux ”indépendants” de voter (en 2000, le candidat républicain John Mc Cain en a par exemple bénéficié) La participation de l’électorat à l’ensemble des primaires n’est pas très élevée ( il s’agit essentiellement d’une élite, des activistes des 2 partis c’est-à-dire de personnes plus «idéologisées» que l’électorat moyen) Quels sont les noms apparaissant sur le bulletin de vote ? Plusieurs variantes sont possibles. L’inscription se fait soit par un nombre requis de signatures sur pétition, soit en déboursant une certaine somme d’argent. Certains Etats exigent les deux. Le nombre de primaires et les limites de dépense fixées par la Commission électorale fédérale font qu’il est impossible de mener une campagne active dans tous les Etats. Plusieurs stratégies sont alors possibles. Suivant que l’on occupe une position de favori ou d’outsider, on peut choisir de porter un grand coup durant les 1ères primaires ou au contraire saupoudrer ses ressources sur l’ensemble des Etats tenant des primaires. 2 – soit par voie de comités de partis (caucuses) L’Etat d’Iowa est l’exemple le plus connu ( pour les primaries, c’est le New Hampshire) mais aussi le plus complexe ! Il y a une série de consultations au niveau du bureau de scrutin (precinct ) dont l’objet est d’élire des délégués à tel ou tel candidat Puis on procède aux élections des délégués qui assisteront à une convention au niveau du comté (county) ensuite aux élections des délégues du district électoral (congregassional district ) enfin au niveau de l’Etat. La représentation est proportionnelle en général. Les caucuses assurent aux professionnels de la politique un poids plus important dans la délégation de leur Etat par rapport aux primaires. 2e étape : les Conventions Nationales des partis Leur durée est de 4 jours. Les chapeaux, ballons, macarons, musique, majorettes... sont là pour égayer des assises dont le résultat est de plus en plus connu à l’avance. Quel est leur rôle ? – adopter la plate forme électorale du parti – modifier éventuellement les règles internes des partis – élire ticket ( ce qui donne lieu à de moins en moins de suspense car le colistier de plus en plus révélé avant depuis 1984) Il n’est guère étonnant que les chaı̂nes de TV traditionnelles se soient désintéressées des Conventions au profit de chaı̂nes spécialisées dans les affaires publiques ( CNN, Fox News...), accessibles que par abonnement au câble. D’où le désintérêt de l’électorat pour un évenement qui jusque dans les années 1970 permettaient des taux d’écoute très appréciables. 3e étape : la campagne présidentielle Elle débute le jour de la Fête du Travail (le 1er lundi de septembre) et se poursuit jusqu’à la veille des élections. Il y a des discours types en fonction de publics cibles ( hommes d’affaires, femmes, agriculteurs, minorités ethniques..) Les nouveautés n’apparaissent qu’en fin d’après-midi pour s’ajuster aux heures du bulletin télévisé. Le rôle majeur de la TV se voit à travers la publicité électorale des candidats des partis et les débats télévisés depuis 1976. Une commission des débats présidentiels a été créée en 1987. Bipartisane, elle organise les débats depuis l’élection de 1988. Leur nombre et modalités varient d’un cycle électoral à l’autre. En général, il y a 2 à 3 débats à la fin de la campagne, auxquels s’ajoute un débat entre les 2 candidats à la vice-Présidence. Lorsque il y a plus de 2 candidats ( 1992 et 1996), la Commission fixe un seuil minimal ( 15% sur la moyenne des sondages nationaux de septembre). L’avantage va au Président sortant (depuis 1900 : le Président en exercice l’a emporté 13 fois sur 17) qui peut ds l’exercice de ses fonctions annoncer certaines mesures populaires et limiter ses déplacements sous prétexte que les intérêts de la nation passent avant les intérêts personnels). Il bénéficie en outre d’une double couverture médiatique : en tant que candidat et en tant que Président en exercice. Rappelons que la participation de l’électorat américain est l’une des plus faibles du monde occidental. Le taux de participation aux Présidentielles est en régression constante entre 1960 et 1992. – 1er facteur : à chaque élection, l’électeur doit se réinscrire sur liste électorale. – 2e facteur : il y a similarité des vues entre les 2 principaux partis. C’est pourquoi une partie croissante de l’électorat se déclare ”indépendante” (entre 36 et 40%) et s’abstient de voter. La présence d’une tierce candidature ( Ross Perot 1992 )a très souvent un effet mobilisateur ( on s’attend en effet à une forte participation en 2004, ce qui s’explique par les enjeux cruciaux de cette élection, mais il est probable que la présence du troisième candidat Ralph Nader ajoute à ce mouvement de galvanisation des foules). – 3e facteur : le fait que les Etats fixent conditions d’exercice du vote ( or les conditions de résidence sont variables) Ces différents facteurs s’additionnent et font qu’un Président élu avec 51% des voix (1976 et 1980) ne bénéficie dans les faits que de l’appui de 25% de la population en âge de voter. Les chiffres sont encore pire lorsqu’il y a un 3e candidat. 3 4e etape : l’élection du Collège électoral Lors du scrutin, les Américains n’élisent pas directement le Président mais les membres du Collège électoral, c’està-dire les Grands Electeurs qui éliront à leur tour le Président (élection formelle). Souvent, l’électeur ne sait même pas le nom des Grands Electeurs de son Etat car sur le bulletin se trouvent les candidats du ticket. Les Grands électeurs sont souvent d’illustres inconnus, nommés à cette fonction en reconnaissance de plusieurs années de service rendu au parti ( rôle honorifique). Le nombre de Grands électeurs varie suivant les Etats. En tout, le Collège comprend 538 membres ( 435 représentants à la Chambre + 100 au Sénat + 3 voix pour le district de Columbia). Chaque Etat a au sein du Collège un nombre de voix équivalent à sa représentation au Congrès. Par exemple, la Californie compte 52 représentants + 2 sénateurs soit 54 membres dans le Collège électoral. Lors du scrutin de novembre : le candidat à la Présidence qui a le plus de suffrages ds un Etat donné remporte la totalité des Grands électeurs de l’Etat. Pour être élu, il faut la majorité absolue des voix du Collège électoral soit 270 Grands Electeurs. D’où l’importance de l’emporter dans les Etats les plus ”payants”(Californie, NY, Texas, Floride,Pennsylvanie,Illinois, Ohio, Michigan ; soit 8 Etats valant 228 membres à eux seuls) Cette élection indirecte du ticket comporte des dangers : 1. Par exemple, aucun des candidats n’a la majorité absolue. Le 13e amendement à la Constitution prévoit que la Chambre élise le Président et le Sénat le Vice-Président. Chaque Etat disposerait alors d’une voix, ce qui nie le principe de représentation proportionnelle du système du Collège électoral. 2. Le candidat avec le moins de voix au suffrage populaire à l’échelle nationale peut être élu s’il a la majorité absolue au Collège électoral. La Constitution n’imposant pas la majorité absolue du suffrage populaire, il est arrivé à plusieurs Présidents d’être élu avec 1 total inférieur à 50% des voix, ce qui affaiblit la légitimité du Président élu dans de telles conditions. 5 étape : l’élection du Président et du Vice-Président par le Collège électoral Le vote du Collège électoral n’est qu’une simple formalité. Mais il faut noter que seuls 24 Etats obligent Grands Electeurs à voter pour le ticket ayant recueilli le plus de voix ds son Etat. Dans les 26 autres Etats, les Grands Electeurs sont en théorie libres de voter pour le candidat de leur choix. Et ils s’en trouvent toujours quelqu’uns pour détourner la volonté populaire. Ce genre de blague d’un goût douteux n’est pas un phénomène si isolé, et fournit en tout cas un argument à tout ceux réclamant une réforme du mode de scrutin actuel, quand ce n’est pas l’abolition pure et simple du Collège électoral et son remplacement par l’élection directe du Président et de son Vice-Président au suffrage universel. 6e étape : le dépouillement du scrutin tenu par le Collège électoral devant les 2 chambres réunies (6 janvier à 13h) 7e étape : l’investiture du nouveau Président Le nouveau Président entre officiellement en fonction le 20 janvier à 12h après avoir prêté un serment d’honneur et prononcé un discours traditionnellement visionnaire, annonçant le ton des 4 années à venir. 1.2 Le financement des campagnes L’argent est devenu un véritable cancer qui ronge l’ensemble du système américain. Dans les années 1970, le Congrès a fait des efforts pour démocratiser le financement des élections présidentielles. Jusqu’en 1974, il n’y avait pas de limite aux dépenses que pouvait engager un candidat, d’où l’emergence d’un phénomène qualifié ”d’argent flou” (soft money). Les efforts du Congrès ont abouti à un code géré par la Federal Election Commission qui stipule : 1. un candidat ne peut investir plus de 50 000 dollars de sa fortune personnelle au cours de sa campagne. 2. les contributions d’1 individu sont plafonnées à 1000 dollars par élection. Cependant, chaque primaire et chaque comité de parti sont considérés comme une élection à part ! Mais on ne peut verser de contribution pour l’élection présidentielle proprement dite car depuis 1976, les campagnes présidentielles sont entièrement financées par des fonds publics. 4 3. pour les contributions des osciétés ( entreprises, syndicats, lobbies...),avec le temps, les exceptions sont devenues plus nombreuses que les règles. Il s’agit là ”d’argent dur” faisant l’objet d’un contrôle de la Federal Election Commission. Mais les comités occultes, riches industriels, groupes de pression et sociétés de tout genre ont accru leur influence depuis les 1980 en augmentant considérablement leurs contributions indirectes (désignées sous le vocable ”argent flou”) à la campagne des candidats et partis. 4. la loi sur le financement public des campagnes présidentielles défavorise nettement les candidats des tiers partis. D’ailleurs, toute la législation électorale tend à en décourager l’émergence. Bien que les médias soient très discrets à cet égard, il faut savoir que bon an mal an, il y a entre 20 et 30 candidats à la présidence, inscrits sur le bulletin de vote d’au moins un Etat. Par exemple, en 1996, outre les 3 principaux, il y avait 20 autres candidats convoitant la Présidence. Le candidat vert termina au 4e rang, avec 0,3% des suffrages exprimés. Or pour être admissible à un financement officiel, il faut un minimum de 5% des suffrage exprimés. 1.3 Conclusion Les modalités d’élection du Président américain seraient à reformer de fond en comble. On a atteint un niveau de complexité, de contradictions, de quasi corruption et de prédominance du rôle de l’argent frôlant l’anarchie. Le premier effet en est la démobilisation de l’électorat américain. Les réformes s’imposent ds ces domaines : 1. les systèmes de primaires et de caucuses 2. le financement des campagnes 3. les démarches pour augmenter le taux de participation 4. l’existence même du Collège électoral 5. la facilitation de l’émergence de tiers partis 6. la réglementation donnant du temps d’antenne gratuit aux candidats et partis ... 2 La politique intérieure américaine et les guerres : une mise au point historique Force est de constater que, depuis sa fondation, la politique intérieure américaine fut souvent influencée par la guerre. A cet égard, il y eut deux périodes différentes. Le XIXè fut une période de paix relative. Le XXè vit se succéder pratiquement sans interruption les guerres mondiales et la guerre froide, puis la guerre contre le terrorisme. Ces guerres eurent une influence variable sur la politique intérieure américaine, quelquefois une influence restreinte, souvent une influence importante. Elles se sont souvent soldées par une limitation des libertés civiques américaines. Cette limitation a toujours été présentée comme temporaire et exceptionnelle. Ainsi, la Constitution américaine est très claire à cet égard, même si la jurisprudence de la Cour Suprême est plutôt fluctuante. 2.1 Les pouvoirs du président des Etats-Unis en période de guerre La Constitution des Etats-Unis précise, à son article 2, section 2, que « le président sera le commandant en chef de l’armée et de la marine des Etats-Unis, et de la milice ». Le 5è amendement précise que « aucune personne ne sera accusée d’un crime, sans avoir été présentée ou inculpée devant un Grand Jury, sauf les cas se présentant dans les forces navales ou terrestres pendant le temps du service ou en temps de guerre, ou de danger public important ». La section 9 de l’article I, consacré au Congrès, précise que « le privilège de l’Habeas Corpus ne sera pas suspendu, sauf quand, dans des cas de graves troubles (rebellion) ou d’invasion étrangère, la sécurité publique pourrait l’exiger ». On le voit, la Constitution des Etats-Unis donne des pouvoirs formulés en termes assez généraux au président des Etats-Unis en temps de guerre. C’est donc la jurisprudence qui a donné au président des pouvoirs de crise importants. Le célèbre arrêt de la Cour Suprême, Korematsu vs. United States du 18 décembre 1944, montre que le juge américain laisse une assez grande latitude, en fait, au pouvoir exécutif, même si la dissent fut importante, et même si en principe il exerce un « contrôle étroit » (most rigid scrutiny). Dans l’arrêt Korematsu, la Cour Suprême avait alors confirmé la condamnation d’un citoyen américain d’origine japonaise, qui avait été condamné par une Cour Fédérale pour être resté dans une « zone militaire », contrairement à l’ordre d’exclusion numéro 34 du commandement général de l’armée américaine, qui avait exigé après le 9 mai 1942 que toutes les personnes de descendance japonaise soient exclues de cette zone. Cet ordre militaire avait été pris en application de l’ordre exécutif numéro 9066, signé par le président Roosevelt le 19 février 1942. Cet ordre donnait 5 tout pouvoir aux commandants militaires pour délimiter des zones d’exclusion et interdire ces zones. La loyauté de Korematsu, citoyen américain, vis-à-vis des Etats-Unis n’avait jamais été remise en cause. La Cour Suprême souligne que Korematsu n’a pas été exclu de la zone militaire par hostilité à ses origines, mais « parce que les Etats-Unis étaient en guerre avec l’Empire japonais, parce que les autorités militaires craignaient une invasion de la côte ouest, parce que les autorités militaires considéraient qu’il existait un risque d’espionnage déloyal de la part des Japonais que l’urgence était grande et la nécessité d’agir impérieuse ». Il y eut une importante dissent, le juge Murphy affirmant par exemple que « le critère d’évaluation du droit du gouvernement, en période de guerre, de priver valablement un individu de ses droits constitutionnels doit être lié rationnellement à un danger public si « immédiat, imminent et menaçant » qu’il ne puisse être diminué par les moyens constitutionnels habituels. Il fonde son désaccord avec le jugement sur le fait qu’il n’existe pas de relation raisonnable entre la « race japonaise » et le danger, et que des exemples individuels de trahison ne prouvent pas que tout le groupe des citoyens japonais soit constitué de traı̂tres en puissance. Il qualifie l’arrêt Korematsu de « légalisation du racisme ». Le juge Jackson qualifie l’arrêt Korematsu d’ « arme chargée » entre les mains de tout gouvernement qui pourrait mettre en avant un argument plausible à l’appui d’une nécessité urgente ». Il souligne qu’il ne peut juger les nécessités militaires, mais qu’il doit refuser d’endosser tous les ordres militaires, même ceux qui sont apparemment contraires à la Constitution. Plus récemment, la Cour Suprême a,dans un verdict datant de 2004, souligné que la base de Guantanamo, étant gérée par des militaires américains, devait être considérée comme intégrée à la souveraineté américaine, et que par conséquent elle devait être soumise à la Constitution et aux accords internationaux signés par les Etats-Unis. Ainsi le statut d’ennemi combattant, inventé par l’administration Bush pour priver les détenus de Guantanamo du statut de civil accordé par les lois américaines, et du statut de prisonnier de guerre accordé par les conventions internationales signées par les Etats-Unis, est-il caduc pour la Cour ; le pouvoir exécutif et sa branche militaire doivent choisir entre les deux statuts. Aujourd’hui il semble qu’ils considèrent les détenus de Guantanamo comme des civils étrangers détenus, qui ont donc les droits accordés par la Constitution américaine aux civils étrangers, confiés à la juridiction de la Cour Suprême (article III, section 2). Cependant, ils soumettent aujourd’hui la mise en place de ce statut à des conditions de fait qui tendent à priver les détenus de Guantanamo de la capacité de l’exercer. Les élections en période de guerre ou de grave crise n’ont jamais vraiment affecté les pouvoirs exceptionnels du Président qui relèvent de dispositions constitutionnelles et d’une jurisprudence constante, d’après la « théorie des circonstances exceptionnelles ». C’est donc plutôt sur le terrain judiciaire que sur le terrain politique proprement dit qu’il faudra chercher des réponses aux excès de la période suivant le 11 septembre. 2.2 Des configurations différentes selon les guerres Il est intéressant de suivre historiquement la réaction du corps politique américain pendant les périodes de guerre ou de crise, pour mieux comprendre la période actuelle. Les historiens américains se partagent, en général, entre deux grandes écoles de pensée : « l’ école du consensus », qui a vu l’histoire américaine comme le déploiement d’une tradition libérale, et l’école du « paradigme républicain ». Il semble qu’aujourd’hui la période soit favorable au développement du « paradigme républicain ». Selon « l’école du consensus », les individus sont mus par leur propre intérêt ; les institutions politiques ont comme rôle de faire l’espace le plus large possible à l’activité privée. Le fondement de ce système est la propriété. La vie civique doit être pluraliste, avec une opinion publique et des factions organisées. Les principes philosophiques de John Locke sont au centre de ce courant politique. L’historien Hartz souligne ainsi l’attachement absolu des Américains à Locke, et à ses principes d’égalité naturelle et de propriété naturelle. Par opposition, l’historiographie républicaine de Rodgers, Pocock, Banning et Wood, s’appuie sur la tradition de l’humanisme civique. Elle remonte à l’Antiquité et à Aristote et Polybe, prend de la vigueur chez Machiavel. Pour cette école, la politique prime sur l’économique, le citoyen américain est la fois propriétaire-entrepreneur, ou paysanpropriétaire, et soldat. Il doit d’abord s’occuper des affaires publiques, et sa première qualité doit être la vertu, le souci de faire passer l’intérêt général avant son intérêt personnel. Les Républicains classiques appellent ainsi les citoyens américains à être constamment sur leurs gardes. L’histoire est cyclique, et non linéaire. Le déclin guette. L’Etat républicain n’est donc pas nécessairement soucieux des libertés individuelles. Il peut être autoritaire, contraindre les citoyens à participer aux affaires publiques, limiter la sphère privée de leur activité. L’Etat républicain n’est pas 6 non plus nécessairement démocratique. La participation aux affaires de la cité est réservée à ceux qui jouissent d’une réelle indépendance ( cf le livre d’historiographie américaine de Claude FOHLEN et François WEIL, Canada et Etats-Unis depuis 1770, Collection nouvelle Clio, PUF, 1997 ). Les deux guerres mondiales instaurent un « nouvel ordre politique » (Fraser, Gerstle), qui se caractérise par l’existence à long terme d’un lien politique entre un parti et une coalition électorale donnée. En l’occurrence c’est le parti démocrate qui domine. Le souci de rationalisation de la gestion économique par l’Etat découle de la première guerre mondiale et de l’économie de guerre. Le New Deal reprend les instruments principaux de cette économie, renforçant l’Etat fédéral. La guerre permet au New Deal de sortir de l’ornière, renforçant ainsi les tendances démocrates. Deux courants historiques se sont affrontés sur la signification du New Deal. Pour l’histoire libérale, le New Deal vise à réformer les USA pour en faire un pays meilleur et plus démocratique, alors que pour les partisans d’une « histoire radicale », le New Deal servit les intérêts du New Deal aux dépens des dominés. La croisade intérieure contre le communisme, pendant la guerre froide, donne lieu aux dérapages du maccarthysme. Maccarthy était un homme seul. Pourtant, son succès montre l’irrationalité du comportement des masses américaines en période de « complot intérieur ». La politique de MacCarthy aurait joué sur les angoisses sociales des anciennes élites, qui auraient eu peur d’être supplantées en période de croissance, et des nouvelles élites, qui auraient eu peur de régresser à nouveau. MacCarthy aurait animé une « révolte pseudo-conservatrice » (Hofstadter, Adorno, Bell), qui, au nom de valeurs et d’institutions traditionnelles, viserait en fait l’abolition de ces mêmes institutions. MacCarthy finit en effet par critiquer le président Eisenhower. Aujourd’hui, la rhétorique politique de Bush a un aspect révolutionnaire, tant à l’extérieur (« changer les régimes » au Moyen-Orient) qu’à l’intérieur (« innover » par rapport aux traditions de protection des droits civiques). Le maccarthysme avait une base politique et sociale diverse, qui comptait de riches Texans, des irlando-américains catholiques, des classes moyennes. Quant à la guerre du Vietnam, elle eut, à l’inverse du maccarthysme, des effets de division politique plutôt que d’unification. Elle aurait révélé une crise du libéralisme, incapable de financer ses propres avancées à cause du coût de la guerre. On songe aussi à la campagne troublée de Johnson, marquée par l’assassinat de Bob Kennedy. La guerre du Vietnam aurait ainsi révélé, pour les historiens conservateurs (Lowi) l’accaparement de l’Etat par des groupes libéraux, et aurait marqué un refus de la présidence « impériale » démocrate. 2.3 Conclusion Ainsi les guerres eurent, selon leur type et leur configuration, des influences différentes sur la politique américaine. Les guerres impliquant une cause « juste » et des attaques sur le territoire américain (comme la guerre de 1812, les guerres mondiales, la guerre froide, la « guerre » actuelle contre le terrorisme) eurent plutôt un effet de cohésion ; les guerres «de conquête» considérées comme «peu justes», extérieures, eurent des effets diviseurs (guerre du Vietnam). Les guerres du premier type engendrèrent souvent des effets de raidissement, provoquant un raidissement paranoı̈aque de l’Etat aux dépens des libertés civiles (guerre froide, guerre contre le terrorisme) ; pourtant les deux guerres mondiales aboutirent plutôt à un accroissement de la richesse qu’à des limitations de contraintes, sauf pour certaines catégories d’Américains, comme le montre l’arrêt Korematsu. Les guerres du second type engendrèrent désordres et recul de l’Etat. Face à ces effets, différentes politiques se mettent en place, ce qui permet de faire une typologie des présidences (Showronek, 1993, 1997) : 1. Les présidences de disjonction (Carter Hoover, John Q. Adams, Buchanan), qui marquent une crise 2. Les présidences de reconstruction (Reagan), qui revivifient un régime à bout de souffle 3. Les présidences d’articulation (Bush père), qui prolongent et amplifient l’action du prédécesseur 4. Les présidences de « préemption », qui prônent la voie moyenne, dans un programme hybride emprunté partiellement à l’adversaire (Nixon, Eisenhower, Wilson). On peut ranger la présidence Bush dans cette dernière catégorie ; Bush a cherché, avec son compassionate conservatism, à conquérir l’électorat du centre. Les suites du 11 septembre lui donnent cependant un caractère atypique. On peut parler de « présidence de guerre » avec des caractères de préemption. 7 3 Qui sont les candidats à la Présidence 2004 ? 3.1 George W.BUSH (d’après l’encyclopédie en ligne Wikipédia http ://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil) George W. Bush a derrière lui un passé familial politique conséquent. Son grand-père était sénateur, son père a été vice-président, puis président (de 1988 à 1992), et son frère cadet, Jeb, est gouverneur de Floride. Aı̂né d’une famille de trois enfants, George « junior » naı̂t dans le Connecticut le 6 juillet 1946. Il grandit au Texas. En 1959, son père déménage sa prospère compagnie pétrolière à Houston et George junior étudie alors au célèbre pensionnat pour garçons de la Phillips Academy à Andover, dans le Massachusetts, considéré à l’époque comme la « plus dure école privée d’Amérique » par le Time Magazine. Il est admis à Yale où il joint une confrérie secrète devenue célèbre par la suite : les Skull and Bones, comme son père et John Kerry, son rival à l’élection présidentielle de 2004. On lui connaı̂t alors une réputation plutôt dissolue, de buveur notamment. En 1977, il rencontre Lara , une bibliothécaire, avec qui il se marie trois mois plus tard et aura des jumelles, prénommées Barbara et Jenna. C’est de juillet 1968 qu’il date sa conversion. Il décide alors d’arrêter de boire. Il fait son service militaire en s’engageant dans la Garde Nationale en 1968 où il devient pilote d’un F-102, ce qui lui permet d’éviter d’aller faire la guerre au Viêt Nam. Pendant son incorporation, il bénéficie d’un nombre exceptionnel de congés, ce qui lui permet de participer à des campagnes électorales. Après une condamnation pour possession de cocaı̈ne en 1972 (dont il se repent publiquement plus tard, racontant ce sursaut moral et religieux ultérieur), il est tout de même admis à la prestigieuse université de Harvard lorsque son service militaire se termine, après avoir été refusé à la faculté de droit de l’université du Texas. Il obtient le MBA de Harvard en 1975. En 1978, il se présente à la chambre des représentants mais perd contre son adversaire démocrate. Il commence alors sa carrière dans l’industrie du pétrole avec la création de Arbusto Energy, une entreprise de recherche de pétrole et de gaz. Cette entreprise doit faire face à la crise en 1979 et, après l’avoir renommée Bush Exploration, George W. Bush la revend en 1984 à une de ses concurrentes texanes dont il prend la tête. La crise suivante (1985-1987) provoque le même scénario qui place George W. Bush à la tête de Harken Energy. Certains accusent alors son père (président des États-Unis) d’avoir fait pression pour que certains éléments troublants lors de cette vente ne soient pas à l’origine d’une enquête approfondie. D’autres répondent que l’arrivée de Bill Clinton n’a rien changé à l’affaire, prouvant l’indépendance des enquêtes. Après avoir travaillé sur la campagne victorieuse de son père, en 1988, il rassemble de proches amis de celui-ci et achète les Texas Rangers, une équipe de Base-ball, en 1989. On l’accuse par la suite d’avoir bénéficié de pressions politiques dans le cadre de cet achat. Il revend l’équipe en 1998, lors de son élection au poste de Gouverneur du Texas. Pour atteindre ce poste, il bat la démocrate Ann Richards. Il devient le premier gouverneur de cet État à remplir deux mandats complets de quatre ans. Sa politique est très remarquée pour l’utilisation prononcée de la peine de mort : il signe l’ordre d’exécution de la sentence judiciaire pour 152 condamnés. Candidat républicain pour la présidence en 2000, George W. Bush met en avant sa volonté de s’occuper principalement des affaires intérieures du pays, et d’abaisser substantiellement le niveau d’engagement extérieur des États-Unis ; pour contrer Al Gore, le candidat du parti démocrate. L’élection proprement dite est marquée par la controverse. Les résultats sont si serrés qu’il faut parfois mettre en place un second décompte. Des défauts et ambiguı̈tés dans certains formulaires de vote est l’objet de disputes dans des bureaux de votes. Finalement, George W. Bush est élu de justesse grâce aux voix de l’État de Floride, dont le gouverneur est « Jeb » Bush, son frère. 8 George W. Bush signe le 29 octobre 2002 un projet de loi du congrès, le Help America Vote Act of 2002, afin de généraliser l’utilisation des machines pour enregistrer les votes. Politique nationale L’économie Il commence son mandat présidentiel sous le poids d’une situation économique difficile après l’éclatement de la bulle internet et sous la menace de récession. Il met en place les plus grandes baisses d’impôt jamais enregistrées, dans le but de relancer la consommation américaine. Il augmente les budgets de sécurité intérieure et extérieure. L’écologie et l’environnement Une de ses premières décisions dans ce domaine est le retrait des États-Unis du protocole de Kyoto, affirmant que « le style de vie américain n’est pas négociable » (”American way of life is non-negotiable”). En 2002 et 2003, George W. Bush fait passer des lois permettant de passer outre la protection de certains parcs naturels, permettant ainsi l’exploitation des ressources naturelles souterraines de ces forêts. Lors des incendies liés à la sécheresse planétaire de l’été 2003, il met en avant le besoin de déboiser davantage pour des raisons de sécurité. Il modifie le Clean Air Act, texte sur le contrôle de la pollution de l’air, afin de le rendre moins strict. Les moeurs Dès son élection, il nomme John Ashcroft, connu pour ses positions anti-avortement, comme Attorney General (secrétaire à la justice). Il supprime les aides fédérales à des associations étrangères favorables à l’IVG et à la contraception. Pour faire face à la levée de boucliers consécutive, il confie à sa femme Laura Bush le soin de préciser que l’IVG aux États-Unis ne sera pas remise en question. Des fonds d’aide humanitaire octroyés à des associations étrangères encourageant l’usage du préservatif ou venant en aide à des prostituées sont supprimés en faveur d’autres prônant l’abstinence, dans le cadre de la lutte contre le SIDA. Politique internationale : la ”guerre au terrorisme” et la guerre en Irak” Critiques Politique nationale George W. Bush est lié aux franges les plus conservatrices du Parti républicain. Il est, avec Bill Clinton, l’un des présidents ayant le plus suscité des jugements extrêmes auprès des américains. – Il est critiqué pour avoir augmenté les budgets militaires et sécuritaires, tout en diminuant les budgets sociaux ou de lutte contre la pauvreté. – Le refus du protocole de Kyoto cristallise son impopularité en Europe. – L’association homosexuelle républicaine, Log Cabin Republicans (http ://www.lcr.org) a menaçée de voter pour John Kerry à l’élection présidentielle de novembre 2004 pour protester contre la façon dont l’equipe de George Walker Bush traite les causes homosexuelles. – Le Patriot act est jugé dangereux pour les droits de l’homme par la Fédération internationale des Ligues des Droits de l’homme (référence (http ://www.fidh.org/article.php3 ?id article=700)). 9 Politique internationale George W. Bush est très impopulaire en dehors de son pays, en particulier en Europe et dans les pays arabes. – Cette nouvelle politique étrangère interventionniste (Afghanistan, 2001 ; Guerre en Irak (2003-2004)) est critiquée et qualifiée d’unilatérale par ses détracteurs. Elle est à l’origine de graves tensions diplomatiques à l’ONU et à l’OTAN. Les relations avec la France et l’Allemagne, entre autres, sont aussi altérées. – Pour certains, cette politique interventionniste ne serait qu’un « grand coup de balai » avant un désengagement des États-Unis de la politique internationale vers la politique intérieure, tel que George W. Bush l’avait annoncé dans sa campagne. – George W. Bush a initialement travaillé dans l’industrie du pétrole et garde un lien fort avec ce milieu. Ses opposants l’accusent ainsi d’être très sensible aux revendications des lobbies du pétrole. Les intérêts pétroliers des États-Unis sont ainsi considérés par de nombreux observateurs comme l’une des principales motivations de sa politique belliqueuse à l’égard de l’Irak. 3.2 Dick Cheney, candidat républicain à la Vice-Présidence Article de F.RL ( Libération.fr Lundi 04 octobre 2004 ) Le vice-président en poste brigue un nouveau mandat sur le ticket de George W. Bush. Le choix de Dick Cheney, impassible, expérimenté mais peu charismatique, avait étonné en 2000. Faucon désormais incontournable, il est considéré comme l’homme-orchestre de George W. Bush. Représentant du Wyoming pendant dix ans, membre de l’administration Nixon dès 1969, secrétaire général de la Maison Blanche sous la présidence de Gérald Ford, puis secrétaire à la Défense de Bush père pendant la guerre du Golfe, Dick Cheney connaı̂t parfaitement les rouages de l’administration américaine. Au point que sa disparition, de quelques minutes juste après les attentats du 11 septembre 2001, avait fortement inquiété. Il se trouvait en sûreté dans une base secrète en Pennsylvanie. Avec Donald Rumsfeld, il a clairement adopté la position du va-t-en guerre en Irak, contre Colin Powell, le secrétaire d’Etat. Il a également récusé un processus onusien, vers lequel Powell tentait d’orienter Bush. Cette attitude jusqu’au-boutiste n’a pas été sans effet négatif sur sa cote de popularité. Autre cible des attaques démocrates : son lien avec Halliburton, groupe texan spécialisé dans les services pétroliers, qu’il a dirigé entre 1995 et 2000. L’entreprise est de nouveau mis en cause dans plusieurs malversations liées à des contrats passés avec l’armée américaine en Irak. Le vice-président a toujours démenti avoir eu un lien quelconque avec les contrats attribués à son ancienne entreprise en Irak. John Kerry ne s’est pas gêné non plus épingler son refus de servir au Vietnam. Cheney a argumenté qu’il était étudiant à l’époque, marié avec un enfant. Il est au moins un sujet sur lequel il est en désaccord avec le président et son parti, c’est l’amendement constitutionnel refusant le mariage gay. «La liberté signifie liberté pour tout le monde», dit ce papa d’une lesbienne. Côté santé, Dick Cheney a déjà subi quatre crises cardiaques depuis 1978 - la dernière remontant à fin 2000-, un quadruple pontage coronarien en 1988, et est équipé d’un pacemaker depuis juin 2001. Ses dates clés : – 30 janvier 1941 : Richard B. Cheney naı̂t à Lincoln (Nebraska) et grandit à Casper (Wyoming). Il fait ses études à l’Université du Wyoming. – 1964 : Mariage avec Lynne Ann Vincent. Ils auront deux filles, Elizabeth et Mary, trois petites filles et un petit-fils. – 1969 : Il entre dans l’administration Nixon. – 1974 : Il fait partie de l’équipe de transition, puis devient secrétaire général sous la présidence de Gerald R. Ford. – 1977 : Elu représentant du Wyoming. – Mars 1989 à janvier 1993 : Secrétaire à la Défense, il dirige les opérations «Juste cause» au Panama et «Tempête du désert». – 1995 à 2000 : Patron du groupe texan de services pétroliers Halliburton. – Depuis 2000 : vice-président. 3.3 John Kerry (d’après l’encyclopédie en ligne Wikipédia http ://fr.wikipedia.org/wiki/Accueil) John Forbes Kerry est né le 11 décembre 1943 dans le Colorado, à côté de Denver où son père, Richard Kerry, était traité pour une tuberculose. Peu après la naissance de John, la famille retourne dans son État d’origine, le Massachusetts. Il y reçoit une éducation catholique. 10 Les grands-parents paternels de Kerry - Fritz et Ida Köhn - sont tous les deux d’origine juive. Ils se convertissent au catholicisme en 1901, changent leur nom en Kerry et quittent l’Europe en 1905. Ils élèvent leurs enfants, dont Richard, le père de John Kerry, dans la religion catholique. Ce dernier naı̂t en 1915 dans le Massachusetts. Avocat, il travaille entre autres pour le département d’État des États-Unis. Pendant la seconde guerre mondiale Richard Kerry était pilote d’essai dans l’Army Air Corps. La mère de John, Rosemary Forbes Kerry, est française, née à Paris. Elle a grandi en France, et la famille Forbes possède toujours une maison en Bretagne. Richard rencontre Rosemary alors qu’il visite Saint-Briac en 1937. Le grand-père maternel de John Kerry, James Grant Forbes, naı̂t à Shanghaı̈ en Chine, où la famille Forbes a construit sa fortune dans l’opium et les échanges avec la Chine. J.G. Forbes épouse Margaret Tyndal Winthrop, issue d’une vieille famille de la Nouvelle-Angleterre. John Kerry a un frère, Cameron, avocat à Boston, qui s’est converti au judaı̈sme et a récemment oeuvré en Israël en faveur de la campagne présidentielle de son frère auprès des Américains expatriés. Il a aussi deux soeurs, Diane et Peggy. Durant son enfance, John Kerry et ses parents passent souvent les vacances d’été en Bretagne où il fréquente longuement son cousin germain Brice Lalonde, homme politique français, fils de la soeur de Rosemary Forbes. La famille Kerry déménageant souvent, John connaı̂t beaucoup d’écoles. À l’âge de onze ans, alors que ses parents habitent en Allemagne, John part étudier dans un internat suisse. En 1958, alors que ses parents sont à Oslo, il s’inscrit à l’école Saint Paul de Concord dans le New Hampshire, grâce au soutien financier de sa tante Clara Winthrop, qui couvre ses frais de scolarité que le salaire de son père ne lui permet pas de prendre en charge. C’est là qu’il obtient son diplôme en 1962. Durant ces quatre ans, il développe ses talents d’orateur et se découvre un goût prononcé pour la politique. En 1959, Kerry crée le groupe John Winant à Saint Paul. Le but de ce groupe est d’organiser des débats sur l’actualité. Ce groupe existe encore aujourd’hui. Il semblerait que c’est à cette époque qu’il commence à s’intéresser à John Fitzgerald Kennedy, signant même ses articles « J.F.K. ». C’est en novembre 1960 qu’il donne sa première conférence politique, en soutien à l’élection de Kennedy à la Maison Blanche. En 1962, John Kerry se porte volontaire pour la campagne sénatoriale d’Edward Kennedy. Sa petite amie du moment, Janet Jennings Auchinloss, est la demi-soeur de Jacqueline Kennedy et l’invite à passer quelque temps dans la propriété familiale des Kennedy, où il rencontre le Président John F. Kennedy pour la première fois. En 1962, Kerry entre à l’université de Yale. Il y obtient un bachelor’s degree en sciences politiques en 1966. Il pratique également le football européen, le hockey, la crosse et l’escrime par équipe, il prend de plus des cours d’aviation. Pour obtenir des revenus supplémentaires durant l’été, il charge des camions chez un épicier et vend des encyclopédies au porte à porte. Au cours de sa première année à Yale, John Kerry devient président de la Yale Political Union, ce qui lui donne la possibilité de s’impliquer notamment dans le mouvement des droits civiques et le programme de Nouvelle frontière de Kennedy. Il remporte de nombreux concours à travers le pays. En mars 1965, alors que la Guerre du Viêt Nam bat son plein, il remporte le prix Ten Eyck du meilleur orateur pour un discours critique à l’encontre de la politique étrangère américaine. Grâce à son talent, il est choisi pour le discours de fin d’année de sa promotion. En avril 1965, John Kerry rejoint la société des Skull and Bones. Les deux présidents George Bush et G.W. Bush ont également membres de ce groupe très privé. Kerry épouse Julia Thorne en 1970, ils ont deux enfants : Alexandra (née en 1973) et Vanessa (née en 1976). Alexandra Kerry termine ses études de cinéma en 2004. Vanessa, diplômée de l’université Philips Academy et de Yale, poursuit ses études de médecine à Yale. Elle est très active dans la campagne de son père aux élections présidentielles de 2004. 11 En 1982, Julia Thorne, qui souffre de dépression nerveuse, demande le divorce, qui est prononcé en 1988. Le mariage est officiellement annulé par l’Église catholique en 1997. Elle a formellement affiché son soutien à la candidature présidentielle de Kerry en 2004. Entre son premier et son second mariage, Kerry est souvent vu en compagnie d’actrices. Il se remarie le 26 mai 1995 avec Teresa Simões-Ferreira Heinz, républicaine modérée et interprète pour les Nations-Unies, veuve du Sénateur de Pennsylvanie H. John Heinz III. Teresa, née le 5 octobre 1938 au Mozambique de parents portugais, est naturalisée américaine en 1971. Ayant comme Kerry fait ses études un peu partout dans le monde (Afrique du Sud, Suisse, États-Unis...) elle parle couramment 5 langues (anglais, portugais, espagnol, français et italien) et constitue un atout considérable dans la campagne de John Kerry aux élections présidentielles de 2004, notamment auprès de la communauté hispanique. Elle abandonne le parti républicain pour le parti démocrate en 2003. Après que sa demande de report pour des études à Paris est refusée, le jeune John Kerry se porte volontaire pour faire son service militaire, le 18 février 1966. Il commence son service le 19 août et s’engage dans les forces armées américaines pour combattre au Viêt Nam en 1967. Commandant un patrouilleur (Swift Boat) dans le delta du Mékong, il en revient bardé de médailles : trois Purple Heart, pour blessures légères, alors qu’habituellement le Purple Heart n’est décerné qu’aux « grands blessés ». Il reçoit aussi la médaille Silver Star pour une action risquée à la suite d’une manoeuvre où, pris en embuscade par les Vietcongs, il était descendu de son patrouilleur afin de tuer un tireur embusqué qui menaçait son unité de son lance-roquette. Il se voit décerner la médaille Bronze Star pour avoir sauvé Jim Rassman, un béret vert tombé à l’eau, sous les tirs des Vietcongs. Les états de service de John Kerry au Viêt Nam sont la source d’une longue polémique lors de la campagne présidentielle américaine de 2004. Le groupe Swift Boat Veterans for Truth (SBVT), se livre à une démolition en règle du candidat démocrate, énonçant des dizaines d’accusations graves (mensonges supposés et même affirmation de sa participation à des actes de trahison). Les défenseurs de Kerry, notamment les hommes de son équipage pendant la guerre, réfutent les allégations portées dans cet ouvrage en soulignant les liens politiques du SBVT avec le président George W. Bush. Bien que nombre des accusations portées aient été démenties par l’appui de sources écrites, la polémique continue de ponctuer la campagne présidentielle. En mars 1969, peu de temps après sa troisième blessure, l’armée signe le retour de John Kerry aux États-Unis. Il rentre au pays en avril de la même année et est officiellement déchargé de ses obligations militaires en mars 1970. Il est réserviste jusqu’en 1978. John Kerry revient du Viêt Nam résolument opposé à la guerre. Dès 1970, il rejoint le groupe des Vétérans du Viêt Nam opposés à la Guerre (VVAW - Vietnam Veterans Against the War). Les membres du VVAW, ayant vécu la guerre de l’intérieur et, mieux encore, ayant servi leur pays, bénéficiaient d’un vrai respect de la part de la population. Ils étaient considérés comme capables de donner le point de vue du simple soldat et pouvaient se permettre de dénoncer la tromperie officielle. D’autres vétérans cependant, notamment ceux qui en 2004 formèrent le SBVT, voyaient d’un très mauvais oeil les activités du VVAW. Le 22 avril 1971, Kerry est le premier vétéran du Viêt Nam à témoigner auprès d’un comité sénatorial spécial sur des propositions visant à mettre un terme à la guerre en Asie du sud-est. En treillis et arborant ses médailles, il parle pendant près de deux heures avec le Comité sénatorial pour les affaires extérieures (Senate Foreign Relations Committee). Dans son discours, retenu sous le nom de Fulbright Hearing (d’après le sénateur J.W. Fulbright, directeur des débats), il exprime son opinion sur le fait que la guerre au Viêt Nam est essentiellement civile, et qu’elle ne représente aucune menace pour les États-Unis. John Kerry est persuadé que la guerre continue pour des raisons politiques : « Des hommes doivent mourir afin que le Président Nixon ne soit pas, et ce sont ses propres mots, le premier président à perdre une guerre ». Il conclut par cette phrase célèbre : « Comment pouvez-vous demander à un homme d’être le dernier à mourir pour une erreur ? » Le lendemain de ce témoignage, Kerry participe à une manifestation avec près de 800 vétérans, au cours de laquelle ils lancent leurs médailles sur les marches du Capitole pour marquer leur opposition à la guerre. Kerry déclare, en explication de son geste : « Je ne fais pas cela pour des raisons de violence, mais pour la paix et la justice et pour tenter de réveiller ce pays une fois pour toutes ». En 1971, il participe à l’Operation POW (de Prisoners of War) organisée par le VVAW. Le dernier week-end de mai, des vétérans marchent de Concord à Boston Commons. Le but de cette marche est de réveiller l’esprit de la Guerre d’Indépendance et de Paul Revere en passant plusieurs nuits sur les sites de la bataille de Lexington et Concord, et 12 de la bataille de Bunker Hill, en finissant par une lecture publique de la Déclaration d’indépendance à l’occasion du Memorial Day. Le 29 mars 1971, Kerry est arrêté et relâché moyennant le paiement d’une caution de 5 dollars. Malgré son activisme au sein du VVAW, et son désir de faire évoluer ses actions dans un cadre de non-violence et de légalité, Kerry ne parvient pas à empêcher la radicalisation de l’organisation et la quitte pour divergence de vue. Les circonstances de son départ du VVAW alimentent elles aussi la polémique autour de la campagne présidentielle 2004. Dès le début des années 70, Kerry veut étendre son action politique au-delà de la simple protestation. Au contraire de bien des activistes politiques militant contre la Guerre du Viêt Nam, il choisit de se présenter pour les élections à la Chambre des représentants. En 1972, il se présente aux primaires démocrates dans le district de Lowell contre 9 autres candidats. Malgré le scandale que provoque l’arrestation de son frère Cameron, accusé par Anthony R. DiFruscia (l’un des adversaires de Kerry) d’avoir voulu mettre en danger sa campagne, il gagne les primaires. Les charges contre Cameron Kerry sont abandonnées un an plus tard. Lors de l’élection générale, Kerry se présente contre le candidat républicain Paul W. Cronin, et l’indépendant Roger P. Durkin. Le Lowell Sun, journal le plus populaire du district, se positionne contre lui, l’accusant d’opportunisme car il a déménagé seulement quelques mois auparavant dans la région. Le manque de soutien de la population et la défection de Durkin en faveur de Cronin, lui font perdre les élections et entamer ce qui sera sa « traversée du désert » en politique. Déçu par ses échecs politiques, Kerry décide que le meilleur moyen de continuer une carrière publique est d’étudier le droit. Il intègre en 1973 le Boston College Law School à Newton, au Massachusetts. Il est diplômé en 1976, réussit son examen du barreau et intègre le cabinet du procureur du comté de Middlesex, John J. Droney. Dès 1977, il est promu premier assistant du procureur. Il se distingue en gagnant plusieurs procès importants. En 1979, il démissionne du cabinet du procureur et monte son propre cabinet avec l’un de ses collègues. Le cabinet porte le nom de Kilvert Forbes, d’après les noms de famille de leurs mères respectives. Il ouvre parallèlement un magasin de cookies et muffins dans le quartier de Quincy Market à Boston, qu’il vend en 1988. Bien que son aventure privée soit un succès, John Kerry est toujours intéressé par le domaine public, et décide de se présenter au poste de lieutenant gouverneur du Massachusetts en 1982. Il remporte les primaires démocrates et le siège, pendant que Michael Dukakis gagne le siège de gouverneur. Ce dernier délègue de nombreux dossiers à Kerry, notamment sur l’environnement. Lorsque le sénateur du Massachusetts, Paul Tsongas, annonce en 1984 qu’il démissionne pour raisons de santé, Kerry décide de briguer le poste. Il remporte le siège de sénateur. Lors de son discours d’intronisation en 1985, Kerry souligne le fait que sa victoire implique que le Massachussetts « rejette la politique de l’égoı̈sme et la notion que les femmes puissent être traitées comme des citoyens de seconde classe ». Le 18 avril 1985, quelques mois après son arrivée au Sénat, John Kerry part au Nicaragua avec Tom Harkin, sénateur de l’Iowa pour y rencontrer le président, Daniel Ortega. Bien qu’Ortega ait été élu démocratiquement, les liens qu’il entretient avec l’URSS et Cuba en font un personnage polémique, et le voyage est critiqué. L’opposition au gouvernement sandiniste est menée par les Contras, groupe de rebelles soutenu par la CIA. Kerry et Harkin s’adressent aux deux parties et servent de médiateurs à Ortega, qui par leur truchement propose un cessez-le-feu en échange de l’abandon du soutien états-unien aux Contras. L’offre est déclinée par le gouvernement Reagan et taxée d’« initiative propagandiste » destinée à influencer le vote imminent à la Chambre des Représentants d’une aide de 14 millions de dollars en faveur des Contras, mais Kerry se dit « prêt à prendre le risque ». L’aide n’est pas votée par la Chambre, mais le lendemain du résultat, Ortega accepte un prêt de 200 millions de dollars de la part de Moscou. Six semaines plus tard, les États-Unis votent l’attribution d’une aide de 27 millions de dollars aux Contras. En avril 1986, John Kerry et le sénateur démocrate Christopher Dodd proposent qu’une commission d’enquête soit montée concernant les implications des Contras dans le trafic de cocaı̈ne et de marijuana. 13 En marge de la commission, Kerry et ses proches commencent leur propre enquête et publient le 14 octobre un rapport dénonçant les activités illégalesd’un réseau impliquant le NSC (National Security Council) et la CIA destinées à livrer des armes aux rebelles nicaraguayens. Kerry accuse certains membres de l’administration présidentielle d’avoir apporté leur soutien financier aux Contras et de leur avoir livré des armes illégalement, sans l’autorisation du Congrès. Le rapport de Kerry génère une série d’enquêtes s’étalant sur plusieurs années qui aboutissent au scandale de l’Irangate. Dans son élan, Kerry élargit son champ d’investigation et s’intéresse à l’implication des États-Unis à Cuba, en Haı̈ti, aux Bahamas, au Panama et au Honduras. En 1989, il publie un rapport dénonçant le laxisme de l’administration Reagan dans la lutte contre la drogue au profit d’autres objectifs de politique extérieure. Le rapport dénonce entre autres la politique de l’autruche pratiquée par le gouvernement américain dans les années 80 face à la corruption et aux agissements dans le milieu de la drogue du dictateur panaméen Manuel Noriega, qui soutient les Contras. Kerry est taxé de « théoricien de la conspiration », mais dix ans plus tard, l’inspecteur général de la CIA rend publics des rapports confirmant ses dires. Pendant leur enquête sur l’affaire Noriega, Kerry et ses proches trouvent des raisons de penser que la BCCI (Bank of Credit and Commerce International), basée au Pakistan, facilite le trafic de drogue de Noriega et aide au blanchiment de l’argent qui résulte de ce trafic. Suite à cela, une enquête est menée et la BCCI est fermée en 1991. En décembre 1992, Kerry et le sénateur Hank Brown, républicain du Colorado, publient The BCCI Affair, qui relate le scandale et prouve que la BCCI était liée à des organisations terroristes, et confirme l’implication dans le dossier du Ministère de la Justice, du Trésor Public, des Douanes et de la Banque Fédérale, ainsi que de lobbyistes influents et de la CIA. Dans leur rapport, Kerry et Brown condamnent l’administration Bush pour son manque de rapidité dans le traitement de l’affaire. Kerry par ailleurs est critiqué de toutes parts pour n’avoir pas dénoncé de façon plus virulente les démocrates impliqués dans l’affaire, et par les démocrates pour avoir dénoncé certains de leurs membres. John Kerry a entériné et proposé des centaines de projets de loi, notamment concernant les PME, l’éducation, les vétérans et les prisonniers de guerre ou les disparus au combat, le terrorisme et la protection des ressources marines. John Kerry préside le Comité de campagne sénatorial du Parti Démocrate de 1987 à 1989. Il est réélu au Sénat en 1990, 1996 et 2002. Son mandat actuel prend fin le 3 janvier 2009. En 2003 et 2004, John Kerry s’impose face à nombreux de ses rivaux démocrates, parmi lesquels le sénateur John Edwards, l’ancien gouverneur du Vermont Howard Dean et le général Wesley K. Clark. Il remporte ainsi les primaires au sein du parti démocrate pour se présenter contre George W. Bush. Le 6 juillet 2004, il annonce officiellement le choix de John Edwards comme co-listier. 3.4 John Edward, candidat démocrate à la vice-présidence D’après F.RL (Libération.fr [Lundi 04 octobre 2004]) Né le 11 juin 1953 :dans une famille modeste de Caroline du Sud, «Sunny Boy» est le premier de sa famille à entrer à l’université. Il se marie avec Elizabeth, rencontrée sur les bancs de la fac de droit, avec qui il a deux premiers enfants, Cate et Wade. Devenu brillant avocat, spécialiste de la traque aux dommages et intérêts, il devient multimillionnaire. Tout change à la mort de son fils Wade, en 1996 dans un accident de voiture. Lui et Elisabeth décident d’avoir deux autres enfants : naı̂tront Emma Claire et Jack. John Edwards laisse aussi tomber le droit et décide de se lancer dans la politique, visant directement un poste de sénateur. Il remporte l’élection en 1998 en Caroline du Nord, après avoir investi une grande partie de sa fortune d’avocat dans la campagne. John Edwards incarne le prototype de l’histoire américaine du self-made man, et il ne se prive pas de l’exploiter dans la campagne. «Mon père était un ouvrier du textile», répète-t-il dans chaque discours. L’ancien avocat n’a cessé d’affirmer aussi qu’il se battait depuis vingt ans pour défendre les intérêts des gens modestes lésés par les assureurs. Se posant comme «un champion des gens ordinaires», il s’adapte à son auditoire, avec un message est simple et direct. Son origine sudiste peut permettre à Kerry d’élargir son audience dans des Etats traditionnellement républicains et dans les couches populaires. Le principal handicap du candidat démocrate à la vice-présidence est son manque d’expérience politique. Jugé suffisamment qualifié sur les problèmes économiques, il paraı̂t plus fragile sur la politique internationale, alors que la sécurité nationale est un thème fort de la campagne. 14 3.5 Ralph Nader, le candidat qui peut faire basculer le scrutin (LeFigaro.fr [04 octobre 2004]) Ralph Nader, né le 27 février 1934 à Winsted (Connecticut), se présente comme candidat indépendant. Cet avocat est connu aux États-Unis pour ses combats victorieux contre le patronat et plusieurs grands groupes industriels, mais plus encore pour avoir fait perdre Al Gore en 2000. Chef de file des Verts, il avait alors récolté 97000 voix en Floride dans une élection qui se jouait à 500 près. Il est devenu la bête noire des démocrates et représente une menace pour Kerry. Programme : Ralph Nader, qui puise les deux tiers de son électorat parmi les démocrates, axe sa campagne sur la défense des minorités et des plus démunis. Favorable à la discrimination positive, au mariage homosexuel et à l’éducation accessible à tous, il plaide également pour la couverture médicale pour les plus pauvres et se veut le pourfendeur de « l’Amérique du business » et des grands groupes industriels face aux petits consommateurs. Sur la guerre en Irak, il souhaite le retrait des troupes américaines et l’élaboration d’un plan de paix. Il met aussi en relation le coût d’une guerre fondée sur un raisonnement «erroné» avec la détérioration des infrastructures internes (école, santé...). Candidat des Verts en 2000, il milite enfin pour l’agriculture biologique et la protection de l’environnement face au tout-économique. Vice-président : Peter Manuel Camejo, 64 ans, est un financier et militant politique de la première heure ancré à gauche. D’origine vénézuélienne, il a débuté sa carrière politique dans le Socialist Workers Party, dont il était le candidat à présidentielle en 1976, avant de militer dans le Green Party. 4 4.1 Revue de presse (par Christopher Jackson et Sarah Bowyer) La Presse américaine En politique intérieure, l’Amérique demeure une société ”polarisée”. Cette division politique et culturelle est devenue flagrante au cours des années 90, comme l’illustre l’Affaire Lewinsky. Cette ”polarisation” a ensuite été exacerbée par la contestation des élections de 2000 et s’est généralisée depuis quatre ans. De vives polémiques se sont produites, notamment concernant la guerre en Irak, la guerre contre le terrorisme et le rôle des Etats-Unis dans le monde. Cette question reste la plus controversée non seulement parmi les membres de la communauté internationale mais aussi en Amérique.Il faut aussi souligner l’importance de débats ”domestiques” concernant l’avortement, le mariage homosexuel et la sécurité sociale. Il ne faut pas s’étonner si les médias reflètent cette fragmentation. La situation partisane se révèle lorsqu’on examine le fossé qui s’est creusé entre les journaux américains. Le sondage le plus récent (Editor and Publisher magazine) montre que John Kerry est soutenu par 128 journaux, dont The New Yorker et The Washington Times ; quant à George W. Bush, il a reçu le soutien de 105 journaux. Bien que 36 journaux, soutenant le candidat républicain il y a quatre ans, aient décidé de soutenir John Kerry, il faut néanmoins remarquer que le nombre de lecteurs de journaux américains est en déclin depuis vingt ans. La télévision et la radio représentent les sources de renseignements les plus importantes pour la plupart (60%) des Américains. De plus, ces deux médias représentent un champ de bataille éxtrêmement important pour les deux adversaires. Prenons l’exemple récent de l’affaire des 330 tonnes d’explosifs disparus en Irak, alors qu’ils auraient été sous contrôle américain. Les deux camps n’ont pas tardé à faire la guerre à la télévision. John Kerry, Donald Rumsfeld et Richard Cheney ont vite fait leurs commentaires. Cette fois-là c’était les Démocrates qui l’ont peut-être emporté grâce au pouvoir de l’image médiatisée.Rien ne prouve que ces images soient définitives mais le 28 octobre toutes les télévisions relayaient des images réalisées par un journaliste ”embarqué” avec l’armée américaine arrivée sur les lieux le 10 avril 2003. On y voit des soldats briser les scellés de dépôts de munitions du site d’Al-Qaida et, à l’intérieur, des lignes interminables de barils d’explosifs. 15 4.2 La Presse internationale Les élections américaines ne toucheront pas seulement les Etats-Unis ; elles auront des conséquences au-delà. En tant que Président du pays le plus puissant du monde, M. Bush a eu une influence internationale très prononcée et il est probable que les décisions du prochain Président, quel qu’il soit, seront encore plus critiques pour l’avenir. La guerre en Irak, en particulier, représente un enjeu crucial pour les gouvernements mondiaux et cela est bien rendu dans la presse internationale dont la plupart des commentaires tournent autour de ce thème. Israël En revanche, M. Bush est beaucoup plus populaire parmi les Israéliens. Au plan international ce pays est important pour plusieurs raisons. Les deux partis principaux aux Etats-Unis se sentent obligés de protéger et d’assurer la survie d’Israël, y compris par des moyens militaires. La situation est rendue plus problématique par sa situation géographique, entouré d’Etats hostiles dont la plupart sont menés par les dictateurs qui ont attaqué Israël plusieurs fois au cours des 40 dernières années. Les familles juives aux Etats-Unis constituent un groupe de pression puissant et une politique favorable envers Israël peut favoriser les candidats en termes de dons et autres contributions financières mais aussi des voix en nombre bien que traditionnellement le vote juif soit en majorité démocrate. . Une partie de la droite israëlienne soutient le président sortant parce qu’il l’a protégé de ses ennemis politiques ; il symbolise le soutien économique, le soutien en matière de défense et surtout le soutien moral. Cependant, les positions de M. Bush concernant les autres thèmes importants de cette élection (l’avortement, l’environnement, l’importance des Nations Unies etc.) n’intéressent guère les Israéliens selon un article publié dans le journal Haaretz au mois d’octobre 2004. Une seule chose est essentielle : c’est de savoir si les Américains sont à leurs côtés dans leurs propres combats contre le terrorisme. La guerre en Irak a eu des conséquences très positives pour ce pays ; l’Irak étant leur ennemi et Saddam Hussein ayant lancé des missiles contre Israël. Maintenant ce n’est plus le cas. Par conséquent, il existe un taux d’approbation très élevé pour cette guerre (68%, dans un sondage mené par Haaretz), ce qui semble confirmer aussi un niveau d’approbation assez élevé pour M. Bush. Néanmoins, il ne faut pas oublier les Arabes Israéliens (qui constituent 20% de la population israélienne) dont l’opinion est plus proche de celle du monde arabe que celle des Israéliens juifs. Il n’est pas étonnant que presque la moitié de ce groupe souhaite que John Kerry emporte les élections. la Grande-Bretagne Les Britanniques sont passionnés par les élections américaines mais se méfient de George W. Bush. Selon un sondage publié par The Guardian ( journal britannique) seulement 22% des Britanniques voteraient pour le président sortant (50% pour Kerry). Cette déception envers le Président est attribuable à la polémique incessante concernant la guerre en Irak. Il y a actuellement 9000 soldats britanniques en Irak - seuls les Americains y ont plus de soldats. De plus, les Britanniques ont ete choqués par l’assassinat de l’otage Kenneth Bigley. Quant a la guerre, plus de 80% de la population accuse le premier ministre Tony Blair d’avoir trompé le peuple britannique. Les quotidiens reflètent cette désapprobation face à M. Bush. Le Président est surtout impopulaire auprès des journaux plutôt à gauche comme The Guardian et The Independent. En Octobre, il y a eu une vive polémique suite à un article satirique du Guardian dans lequel on a suggéré que le monde se porterait mieux si quelqu’un tuait M. Bush. Même The Telegraph , qui était en faveur de la guerre, fait des réserves quant à un deuxième mandat de Bush. Ce quotidien résolument conservateur a été choqué par les ”erreurs de jugement fondamentaux” que le gouvernement américain a commis en Irak. Néanmoins, George W. Bush jouit d’un certain soutien parmi les Britanniques. Certains sont impressionnés par sa ”franchise” et sa ”solidité” face à la menace terroriste. En particulier, il y a un vif contraste entre M. Bush et M. Blair. Ce dernier a parfois tendance à faire des sermons. The Sun,quotidien populaire (celui qui a le plus grand nombre de lecteurs de tous les journaux britanniques), fait souvent l’éloge des qualités ”rafraı̂chissantes” de Bush qui ne ressemble pas à d’autres hommes politiques. La France Sur le plan international, il est évident que John Kerry jouit d’un soutien important dans la plupart des pays, ce qui est diffusé largement dans les articles de presse. Cependant, il semble que ce soutien ait été provoqué par un rejet sans appel de la personne de George W. Bush au lieu de l’enthousiasme pour la politique de son adversaire démocrate. La France, en particulier, apparaı̂t comme un pays où M. Bush inspire le plus fort sentiment de désapprobation et où 16 l’on voudrait le plus ardemment la victoire de M. Kerry le 2 novembre. La France est représentative de « la vieille Europe » (selon Donald Rumsfeld) et elle est devenue une des plus grandes critiques de la politique extérieure des Etats-Unis, une critique exprimée par Jacques Chirac et représentée dans la presse française, même dans les journaux de centre-droit. En tant que membre du Conseil de Sécurité de l’ONU et puissance économique importante, la France joue un rôle primordial dans la politique internationale et cette relation tendue avec les Américains (surtout quand il s’agit de la guerre en Irak) montre les difficultés de maintenir une unité solidaire face à la menace terroriste. En France, les articles de presse ont tendance à souligner l’importance à rétablir une meilleure entente entre les deux pays dans l’hypothèse d’une victoire démocrate la semaine prochaine. 17