Revivre le D-Day : témoignages

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Revivre le D-Day : témoignages
Revivre le D-Day : témoignages
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Jingle
Annonce : RFI, Grand reportage, Laurent Sadoux.
Laurent Sadoux :
À l'aube du 6 juin 1944, une flotte alliée de 6900 navires prenait d'assaut les côtes normandes
appuyée par des milliers d'avions.
Le Débarquement de Normandie qui marque le début de la reconquête de l'Europe et la fin de la
Seconde Guerre mondiale venait de commencer.
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Alors, RFI a choisi de marquer ce 70 anniversaire à travers les souvenirs de ceux qui étaient sur les
plages françaises. C'est une armée de plus d'un million d'hommes qui était prête à débarquer. 10 000
ont trouvé la mort le 6 juin parmi lesquels 6 000 Américains.
Alors, Bill Gast, John Pfister, Harry Hockler, James McKevley et le Français Lucien Sivernou ont
participé à toute cette opération : l'opération Overlord. Ils ont aujourd'hui plus de 90 ans, mais leurs
souvenirs sont parfaitement intacts.
Vous allez les entendre raconter leur D-Day. Anne-Marie Capomaccio a recueilli leurs témoignages.
Voici son reportage.
Anne-Marie Capomaccio :
Le 6 juin 44, ils étaient en Normandie, sur la plage qui va devenir Omaha Beach.
Le Débarquement était prévu à l'aube : des bombardements, des navires de soutien, des artificiers,
des tanks pour sécuriser la plage et l'infanterie.
Pendant la nuit, des commandos parachutistes ont été largués.
Lucien Servinoux a 22 ans, il fait partie des Forces françaises libres, il a mis presque 2 ans pour
atteindre Londres. Il est l'un des rares Français dans ce cas.
Le voilà parachuté sur la Normandie dans la nuit du 5 au 6 juin, il ne sait rien de ce qui va se passer
en réalité.
Lucien Servinou :
Nous ne savions rien. Si nous étions pris par les Allemands, ils n'auraient pas su quoi que ce soit. Ils
n'auraient pas pu nous soustraire des informations que nous n'avions pas.
Le message qui nous a dit que le Débarquement allait avoir lieu, ou se produisait, c'était un poème de
Verlaine. Nous l'avons appris comme les autres.
[Bruit de radio, coups de tambour, friture]
Radio Londres :
Ici Londres. Les Français parlent aux Français.
« Les sanglots longs
Des violons
De l'automne
Blessent mon cœur
D'une langueur
Monotone »
Témoignage 1 (Bill Gast)
Anne-Marie Capomaccio :
Alors que le jour se lève sur Omaha Beach, Lucien s'évanouit dans la nature avec les membres de
son comité d'accueil.
Les avions commencent à bombarder et les premiers appareils à atteindre la plage sont les barges
dont sortent des dizaines de chars dans le fracas des tirs.
Bill Gast s'est engagé à 18 ans, il fait partie ce que l'on a appelé « la première vague ».
Bill Gast [avec traduction] :
L'heure prévue pour le Débarquement était 6 heures 30 du matin et nous étions là à 6 heures du
matin. Nous étions incontestablement les premiers. Dès que nous sommes sortis de l'eau et que nous
avons pris pied sur la plage, nous avons été la cible de tirs. On pouvait entendre les balles ricocher
sur le tank, comme des billes lancées sur une voiture.
Heureusement, aucune arme lourde ne nous a touchés. J'entendais les explosions autour du char et
je sentais mon tank trembler. Et le pire de tout, c'est que je ne voyais quasiment rien. Pour avancer, le
commandant du char tapait sur mon épaule droite pour aller à droite, il tapait sur l'épaule gauche pour
aller à gauche. C'était la seule manière de diriger le tank.
Conduire ce tank, c'est tout ce que je savais faire. Quel était notre objectif ? Je n'en avais aucune
idée.
Ce qui est triste dans tout ça c'est que, n'étant pas capable de voir où j'allais sur cette plage, des
soldats d'infanterie ont été touchés par des tirs de mitraillette. Ils gisaient sur la plage. Je ne sais pas
si j'ai roulé sur un de mes camarades avec le char. Et jusqu'à aujourd'hui, cette idée me rend si triste.
Mais finalement, nous avons réussi à traverser cette plage, et nous étions sains et saufs.
Témoignage 2 (John Pfister)
Anne-Marie Capomaccio :
La compagnie de Bill Gast réussit à atteindre la plage, ils ont pris pied sur le sable d'Omaha Beach.
Les autres navires déversent à leur tour les milliers d'hommes à pied qui noircissent la plage. Des
jeunes garçons tout juste sortis de l'adolescence.
Parmi eux, John Pfister, il n'avait jamais quitté sa Pennsylvanie natale avant son service militaire. Il
fait partie de « la deuxième vague ». Il est alors 6h30 du matin le 6 juin 44. Vous l'avez entendu
raconter qu'il a vraiment cru son dernier jour arriver. Le plus dur a été l'attente dans le bateau.
John Pfister [avec traduction] :
Je suis resté sur ce navire jusqu'à 1 heure du matin. Puis, nous sommes passés du navire à la
barge de Débarquement. Une fois sur la barge, nous avons fait des tours et des tours pendant 4
heures, avant de prendre enfin la direction du rivage.
Et pendant ce temps-là, on voyait les avions qui bombardaient la plage. Et pendant ces 4 heures
passées sur la barge, j'ai été malade comme un chien.
La barge n'a pas pris tout de suite la direction de la plage, à cause des pontons sur lesquels il y avait
des explosifs. Donc, la barge a descendu la rampe à environ 50 mètres de la plage, et donc on a dû
sauter dans l'eau. Et moi je transportais 40 kg de munitions, un bazooka, mon fusil, j'avais des
grenades et une boîte de munitions calibre 30 pour la mitraillette.
Anne-Marie Capomaccio :
Autour de John, c'est le chaos.
John Pfister [avec traduction] :
Il y avait des Allemands qui couraient partout avec les mains en l'air et ils ne savaient pas quoi faire.
Et nous, on savait pas quoi faire d'eux.
Donc, le lieutenant Strekland a rassemblé les 15 ou 20 hommes et il a dit : « C'est bon les gars,
sortons d'ici ». Et c'est comme ça qu'on a avancé, on a dépassé les bunkers à travers le champ de
mines et on a progressé vers notre premier objectif, qui était Sainte-Mère-Église.
Témoignage 3 (James McKevley)
Anne-Marie Capomaccio :
La nuit tombe sur la France de ce 6 juin 44. James McKevley est resté au large d'Omaha Beach. Il est
barreur à bord d'un navire d'assistance, l'USS Melville, et observe le Débarquement depuis l'aube.
James McKevley [avec traduction] :
Je pouvais voir toutes les barges de Débarquement. Je les voyais de notre navire. Je ne peux pas
vous dire exactement, mais il y en avait des milliers. Nous voyions les bateaux atteindre le rivage avec
les hommes à bord.
Certains étaient touchés par des obus, d'autres touchés par des torpilles. Il y avait tant d'avions qui
survolaient la zone, qu'ils masquaient le soleil. C'était la nuit en plein jour.

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