POUR RENDRE LES BOTTES DE MER IMPERMEABLES POUR

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POUR RENDRE LES BOTTES DE MER IMPERMEABLES POUR
Almanach 1901 : P. 61
POUR RENDRE LES BOTTES DE MER
IMPERMEABLES
On nous envoie cette recette, en nous assurant que le système suivant conserve le
cuir des souliers et des bottes souple et agréable. Nous l’indiquons, sans le garantir,
bien entendu.
Sur un feu doux faites fondre ½ livre de cire jaune ; ajoutez-y, en remuant bien, ½
livre de saindoux, puis ½ livre de miel.
Quand tout est bien fondu et mélangé, retirez du feu (éloignez la casserole du feu),
ajoutez un quart de litre d’essence de térébenthine, et continuez à bien mélanger le
tout.
On frottera les bottes avec cette pâte mise sur un chiffon ; et cela plusieurs fois,
les premiers temps. Le cuir devra être très sec, et même un peu chauffé, avant d’être
frotté.
Almanach 1901 : P. 93
POUR RENDRE LES VÊTEMENTS IMPERMÉABLES
Quel précieux service rendrait aux marins-pêcheurs celui qui leur indiquerait un
moyen pratique et bon marché de rendre leurs vêtements de laine imperméables
comme les « cirages » ! Nous ne croyons pas qu’on connaisse encore de procédé
parfait pourtant il y en a quelques-uns qui rendent les étoffes plus résistantes à l’eau.
Seulement les inventeurs les cachent avec soin afin de pouvoir en tirer profit.
Voici une recette qu’un major a essayée sur des capotes de soldats : ces capotes sont
restées à peu près imperméables à l’eau, même après plusieurs savonnages, parait-il
!…Cela revenait à moins de 1 franc par capote...
On procède ainsi : faire fondre (en exposant la bouteille au soleil et non pas au
feu), dans un litre d’essence de pétrole, 14 grammes de paraffine (paraffine fusible à
52°) et 7 grammes de vaseline naturelle. On brosse bien le vêtement et on le plonge
bien sec dans une bassine contenant le liquide indiqué plus haut ; on le retire, on le
tord un peu ; et on le suspend à sécher au grand air. Quelques heures suffisent pour
exécuter toutes ces petites opérations.
Almanach 1901 : P. 134
INSTRUCTIONS MÉDICALES
EN CINQ CHAPITRES
I. - Soins et remèdes en cas d’accidents
Voici quelques conseils
médicaux qui pourront
rendre service pour soigner les
collègues en cas d’accidents ou
de blessures, lorsqu’on se trouve
sans médecin.
Il faut une propreté parfaite
dans les pansements, mains et
linges très propres.
Nous allons passer en revue les principaux cas qui peuvent se présenter dans la
vie de tous les jours : Blessures, plaies, pourriture des plaies, mauvaises piqûres,
mauvaises morsures, brûlures, membres cassés, pertes de sang, coups, foulures, tour
de reins, hernies, étouffement ou asphyxie, empoisonnement, évanouissement et
faiblesses, ivresse mauvaise, insolation.
Blessures, plaies, pourriture des plaies, abcès. - Voilà une blessure, une plaie, un
abcès abouti qui rend du pus, blanc, jaune ou vert. Quand elle fatigue le malade,
quand celui-ci a de la fièvre, chaleurs, frissons, grande fatigue, c’est grave et il faut
soigner sérieusement.
Avant de toucher la plaie, lavez vos mains parfaitement au savon et à l’eau très
chaude, puis lavez la plaie avec de l’eau ayant bouilli, et avec du sublimé (poison), si
vous en avez. Avant de mettre les linges sur la plaie, faites-les bouillir cinq minutes
dans de l’eau et trempez-les dans le sublimé (poison). Plus tard, si le malade est repris
de fièvre, d’abattement, c’est qu’il y a encore du pus qui se fait dans la plaie, c’est
qu’il reste encore dans cette plaie des mauvais microbes qui fabriquent le pus. Dans
ce cas, il faut larguer le pansement et recommencer les lavages avec un remède qui
achève de tuer tous ces mauvais microbes. Le mieux est de consulter un vrai médecin
qui saura ouvrir toute la plaie et y faire pénétrer le remède. Si on ne peut voir un
vrai médecin, il faut soigner de suite énergiquement cette plaie enflammée. Avec des
ciseaux ou un canif qu’on purifie au feu auparavant, on élargit la plaie, on coupe les
chairs mortes, de manière à pouvoir bien faire pénétrer le remède partout pour qu’il
lave et purifie la blessure dans tous ses coins. Cette opération-là doit être faite avec
prudence, car on risque de couper une grosse veine par où sortirait tout le sang du
malheureux. Si le malade n’a pas de fièvre, c’est que la plaie, la blessure, a été lavée
comme il faut, et qu’il n’y est resté aucun microbe fabriquant du pus. Dans ce cas il
faut bien se garder de larguer les linges pour voir la plaie ; moins on y touche, mieux
ça vaut. Si la fièvre revient encore, il faut tâcher de voir un médecin aussitôt qu’on
sera à terre, car cette fièvre est causée par le pus qui se répand dans le corps et empoisonne le sang. Ce que nous venons de dire s’applique aussi aux panaris, furoncles et
à tous les abcès chauds.
Vous voyez comme le remède qui tue les microbes a un rôle important : il est heureusement facile de le posséder à bord ou à la maison. Le meilleur est la solution de
sublimé (poison violent) ou encore l’eau phéniquée (à 10 grammes d’acide phénique
pour un litre d’eau), ou encore l’eau de javelle.
A défaut de ces drogues-là, on peut laver la plaie avec de l’eau-de-vie, du rhum
ou mieux de l’absinthe pure : au moins de cette manière, à l’extérieur, elles sont
capables de faire un peu de bien en empoisonnant les mauvais microbes des plaies.
Un autre remède qui agit souvent avec grand succès et qui a l’avantage d’être très
bon marché et pas du tout poison, c’est le bicarbonate de soude. On fait fondre à
peu près 10 grammes de cette poudre-là dans un litre d’eau et on fait les lavages avec
cette eau. Avoir soin de toujours jeter l’eau dès qu’elle a servi. Enfin un autre remède
(celui-là c’est à boire), c’est de la lévurine ; le pharmacien en indiquera la dose. En
cas de panaris, d’anthrax, de furoncles, c’est un très puissant remède ; à défaut de
lévurine; on peut avaler de la levure de bière (bien fraîche), la valeur de deux cuillers
à café par jour, si on peut s’en procurer.
Mauvaises piqûres, mauvaises morsures. - Voici une piqûre de poisson, une
morsure de chien qui a mauvaise apparence, ou même simplement qui donne des
craintes... Vite il faut presser de tous les côtés pour en faire sortir beaucoup de sang ;
bien vite aussi il faut arrêter le courant de sang, sans perdre une minute, de manière
que le sang déjà vicié n’aille pas dans le corps corrompre le reste : pour cela on fait
un amarrage un peu souqué avec un mouchoir au-dessus de l’endroit blessé. Puis,
élargir le trou avec un couteau très propre (purifié au feu), et aussitôt laver cette plaie
avec du sublimé (poison) ou bien, si on n’en a pas, avec de l’eau bouillie ou de l’eau
de javelle.
Si la plaie noircit, enfle, donne
de la fièvre, il faut brûler la
plaie au fer rouge avec un clou
pointu ou épissoir rougi au feu
Si la plaie noircit, enfle, donne de la fièvre, il faut brûler la plaie au fer rouge avec
un clou pointu ou épissoir rougi au feu, si on ne peut aller voir de suite un médecin.
Après ça, larguez l’amarrage du bras, car ce serait dangereux d’arrêter le courant du
sang pendant plus d’une heure. Il faut donner au malade beaucoup de café, mais
sans cognac ni aucune boisson alcoolique. Donner aussi un demi-gramme de quinine, si possible.
Brûlures
Brûlures. - Il y a beaucoup de remèdes contre les brûlures. Rappelez-vous qu’il faut
les traiter comme plaies, c’est-à-dire avec de grands soins de propreté, lavages à l’eau
bouillante ou au sublimé (poison), ou avec le bicarbonate de soude ; puis, panser la
brûlure en la couvrant de vaseline boriquée, et par-dessus du linge bien propre.
Mettre de l’ouate au sublimé si on en a, entre la brûlure et le linge. Lorsqu’il y
a des ampoules pleines de liquide, il faut les percer avec une aiguille propre (pour
rendre propre l’aiguille, chauffez-la un instant sur une chandelle ou au feu). Si la brûlure est grande, et donne beaucoup de fièvre et de douleurs, consultez un médecin.
Au bout de quelques jours, si la brûlure ne fait pas de pus, c’est qu’elle a été bien
soignée. Dans ce cas elle guérira assez vite; ne touchez pas au pansement.
Membres cassés (Fractures).
Membres cassés (Fractures). - Un bras ou une jambe cassés, voilà un accident qui
n’est pas rare.
Vous savez à peu prés ce qu’il faut faire ; rapprocher l’une du l’autre les deux
parties cassées, mais n’oubliez pas deux choses, si vous voulez que les os se recollent,
bien et rapidement :
1° il faut que les deux bouts de l’os cassé soient réunis bien en face l’un devant
l’autre ;
2° il faut qu’ils ne puissent plus se déranger de cette position pendant 15, 20, 30,
40 jours.
Il vaut mieux ne pas chercher à faire ce pansement-là vous-même. Si vous êtes
à terre, portez le blessé chez le médecin ; si vous êtes en mer, faites un pansement
provisoire pour qu’il puisse attendre le moment de voir le médecin sans que le mal
risque de s’aggraver. Pour faire ce pansement provisoire, on dégage en douceur la
jambe ou le bras cassé et on le met à nu : si on voit l’os qui a percé la peau, on lave
avec grand soin, le mieux possible, l’entourage de la plaie avec de l’eau de mer, ou du
sublimé (poison) ou de l’eau de javelle ; ensuite on recouvre la plaie, sans chercher
à faire rentrer l’os, avec du linge bien propre mouillé du remède que l’on a (sublimé
ou eau de javelle ou eau-de-vie). Puis on pose le membre cassé sur une planche que
l’on a garnie auparavant avec de l’étoupe ou de la paille, et on amarre délicatement
le membre sur la planche avec des bandes de toile ou du vieux filin, juste assez serré
pour que ça ne puisse plus se déplacer pendant le transport chez le médecin. Quand
il survient de la fièvre, il faut craindre que ça tourne mal ; il ne faut pas hésiter à voir
le plus tôt possible un médecin et non pas un rebouteur.
Pertes de sang (Hémorragies)
Pertes de sang (Hémorragies) - Quand le sang coule, coule avec force d’une blessure, vous savez comment on l’arrête ; vous faites un tampon avec un linge bien
parfaitement propre, mouillé de sublimé (poison) ou bien trempé dans de l’eau de
mer ou du cognac, et vous bouchez le trou le mieux que vous pouvez avec vos mains
que vous avez bien savonnées auparavant. Par-dessus mettez un bandage avec un
mouchoir qui maintient le bouchon en place. Si le sang coule par secousse, ça veut
dire qu’un gros canal, une artère est coupée ; alors il faut souquer avec un mouchoir
le bras ou la jambe blessé, au-dessus de l’endroit blessé, entre le corps et la blessure, pour arrêter le courant du sang. Si le sang coule régulièrement en faisant de la
mousse, ce sont des petites veines qui ont été coupées : dans ce cas-là, c’est le bout
du bras ou de la jambe qu’il faut serrer, non pas entre la plaie et le corps, mais entre
la plaie et le bout libre.
N’oubliez pas qu’il ne faut pas trop souquer, surtout pas trop longtemps, autrement cela ferait mourir le membre trop souqué, et il se mettrait vite à pourrir de
gangrène. Si la coupure est longue et profonde, tâchez de voir un médecin le plus tôt
possible ; car si il recoud la plaie sans tarder elle guérira en quelques jours, tandis
que sans cela elle risque de s’enflammer, de faire du pus et d’empêcher l’homme de
travailler pendant plusieurs semaines. Heureux même si ça ne tourne pas plus mal.
Coups (Contusions).
Foulures, Entorses.
Tour de reins, mauvais effort
dans les cuisses.
Hernies.
Coups (Contusions). - Quand une grosse bosse vient sur un endroit qui a reçu
un coup (coup de sabot, coup de pierre, coup de bâton, etc.) et que le membre
s’engourdit, il est bon d’y faire quelque chose. Tenir sur la bosse des linges trempés
d’eau froide, qu’on arrose souvent. Si on a de l’eau blanche ou de l’alcool camphré,
en mettre des compresses dessus. Faire boire du café au malade si il est étourdi par
la secousse.
Foulures, Entorses. - C’est en général le pied ou le poignet qui attrape les foulures
et les entorses. Plonger de suite dans de l’eau très froide le membre qui a subi ce
mauvais effort, et le laisser ainsi une demi-heure. Ensuite, avec une bande de toile,
on entoure la partie malade en souquant un peu la toile. Après cela on peut continuer à se servir du pied ou de la main, tout en le ménageant. Si la douleur ne mollit
pas, il ne faut pas se forcer, mais laisser le membre au repos et le frictionner avec de
l’huile, un peu rudement.
Tour de reins, mauvais effort dans les cuisses. - Les mâts de misaine, les manœuvres
d’ancres, les efforts au guindeau, vous jouent souvent de vilains tours. Pendant un
violent effort des reins, on éprouve tout à coup une vive douleur et on largue tout
sans force... C’est un muscle du dos qui vient de manquer. Il n’y a guère de remède
pour se rétablir vite ; c’est la bonne nature qui se charge de faire à elle toute seule la
réparation. Pourtant, on peut l’aider en se faisant faire des frictions avec de l’huile
camphrée et en se faisant mettre par le médecin ou le pharmacien 4 ou 5 ventouses
scarifiées. En tous cas, il faut éviter absolument et pendant quelques semaines de
faire des travaux pénibles et des efforts.
Hernies. - Vous connaissez tous la hernie ; c’est une espèce de boule qui parait
dans le bas du ventre sur le côté, et qui descend ensuite dans les parties.
Ça vient souvent un jour qu’on a fait un effort trop grand en travaillant.
C’est une partie de boyau qui est sortie de sa place. Il faut empêcher absolument
que cette boule sorte davantage, et même il faut essayer avec les doigts tout doucement de la faire rentrer à sa place.
Pour faire cela, allongez le malade sur le dos avec un paquet sous les cuisses, de
façon à faire un peu plier les jambes, puis couvrez la boule avec un linge mouillé
d’eau froide toujours refroidie, ou plein de débris de glace, et laissez-le pendant
plusieurs heures.
Lorsque cette boule est rentrée, il faut empêcher qu’elle ne ressorte ; pour ça on
met une ceinture exprès, et puis on place en dedans, entre la ceinture et la boule,
un petit paquet de linge un peu dur, qui appuie bien sur la boule et la force à rester
à sa place dans l’intérieur du corps ; si on ne peut pas faire rentrer la boule par
la douceur, si elle est sortie depuis plus de 24 heures et que le malade vomisse et
souffre beaucoup, il faut voir le médecin, car lui seul peut savoir ce qu’il y a à faire.
En attendant, laisser les pansements froids sur la boule. Nous conseillons beaucoup
à tous ceux qui ont une hernie, de prendre conseil d’un médecin qui leur dira si leur
hernie peut devenir dangereuse.
Depuis quelques années, les médecins réussissent à guérir complètement et pour
toute la vie les mauvaises hernies au moyen d’une opération.
Etouffements (Asphyxie).
Etouffements (Asphyxie). - Vous savez que pour vivre il faut absolument respirer
; si l’air ne peut plus arriver jusque dans la poitrine, on se met à étouffer : l’asphyxie
commence et ne tarde pas à faire mourir.
L’asphyxie peut prendre de plusieurs manières :
1° Par l’eau. - Quand on se noie, c’est que l’eau prend la place de l’air ;
2° Par les mauvais gaz que fait le feu. - Aussi, dans une cabine de bord, ou une
chambre petite, il faut bien veiller que le tuyau du poêle emmène dehors les gaz et la
fumée du feu. Si par malheur ces mauvais gaz ne sortent pas facilement par le tuyau,
il en reste dans la chambre : ça engourdit, ça endort, et ça peut tuer les malheureux
qui se laissent aller au sommeil dans ces conditions.
Remarquez bien que ces mauvais gaz sont tout à fait traîtres, car ils n’ont aucune
odeur et aucune couleur.
La fumée fait tousser, mais elle n’est dangereuse que parce qu’elle contient de ces
mauvais gaz dont je vous parle, qui sortent du feu en même temps qu’elle.
3° Les malheureux qui se pendent par le cou, ceux-là encore meurent par asphyxie
; la corde qui les étrangle ferme le canal de la respiration ;
4° Ceux qui restent à respirer les mauvais gaz au-dessus des cuves à cidre, dans
les fosses pleines d’ordures, ou tout simplement dans une cabine de bord trop bien
fermée.
Voici comment on soigne tous les asphyxiés.
On cherche à faire rentrer l’air dans la poitrine en faisant certaines manœuvres
qui forcent la poitrine à se gonfler et se dégonfler. Cherchez la page 138, vous trouverez expliqué tout cela dans le chapitre « Soins aux noyés ». Ce n’est pas la peine
de vous répéter ici comment il faut manœuvrer la langue et les bras du malheureux
qu’on soigne, puisque vous trouverez tout cela dans l’instruction de la dite page.
Empoisonnements.
Empoisonnements. - Un homme qui est pris de grandes douleurs dans le ventre
avec vomissements, coliques et diarrhée, douleurs de tête et grande fatigue, est probablement empoisonné.
Il faut le faire vomir bien vite, mais auparavant il faut lui faire avaler beaucoup,
beaucoup d’eau chaude pour affaiblir le poison. Il faut aussi le faire suer tant qu’on
pourra et lui donner de grands lavements d’eau tiède si c’est possible. Il y a plusieurs
manières de faire vomir : la meilleure c’est la poudre d’ipéca (un gramme dans de
l’eau tiède) ; mais il y a aussi d’autres moyens plus simples : avaler du sel et de la
moutarde dans de l’eau tiède ; chatouiller le fond de la bouche avec une plume
d’oiseau, une cuillère ou le doigt. Quelques heures après on pourra lui donner une
bonne purge ; ça fera très bon effet, surtout si c’est la nourriture qu’on a mangée
qui contenait le poison. La purge la moins chère est très bonne, c’est 50 grammes de
sulfate de soude à faire fondre dans un demi-litre d’eau tiède.
Vous savez que la nourriture qui reste plus de deux jours dans un pot ou une
casserole peut devenir malsaine, dangereuse, et donner des coliques. La viande aussi
peut empoisonner quelquefois. Mangez toujours la viande très cuite, lorsqu’elle n’est
pas très fraîche.
Surtout ne croyez pas que la viande est nécessaire pour fortifier et pour bien nourrir le pain, le poisson, les légumes secs, les graisses, le sucre, le beurre et les huiles,
tout ça nourrit autant et ne donne pas de maladies, comme peut faire la viande :
regardez les riches qui mangent beaucoup de viande ; ils ont dix fois plus de maladies
que vous.
Nous ne parlons pas des contrepoisons parce qu’il n’y a que le médecin qui peut
savoir les donner ; et puis, d’ailleurs, on ne sait pas la plupart du temps quel est le
poison qui vous a rendu malade ; car vous savez, il y a des remèdes différents pour
chaque poison : des contrepoisons spéciaux pour chacun des poisons.
Evanouissements.
Ivresse mauvaise.
Evanouissements. - Sous le coup d’une grande douleur, d’une forte perte de sang,
d’une vive émotion, un homme peut perdre connaissance et s’évanouir... Il n’y a
qu’une chose à faire : allonger le malheureux à plat par terre et même les pieds un
peu plus hauts que le corps, la tête un peu plus basse. Dégager le cou, la ceinture,
jeter de l’eau froide sur la figure. Mais surtout ne pas le relever, ni même asseoir
l’homme, avant qu’il ait repris ses sens.
Ivresse mauvaise. - Voilà un pauvre camarade qui a trop bu de tafia ou l’absinthe,
et il paraît très malade. Tâchez de le faire vomir avec un peu d’eau chaude ; et faiteslui boire, si vous en avez, quelques gouttes d’ammoniaque (alcali volatil) que vous
aurez versé dans un verre d’eau. S’il est pris de grandes colères, de mouvements fous,
il faut le maintenir et le désarmer, après avoir ouvert les vêtements et écarté tout ce
qui peut l’étrangler et gêner sa respiration. Faire grande attention à ne pas le laisser
refroidir. Les hommes saouls risquent beaucoup d’attraper du mal et même la mort
par refroidissement. Tous les hivers, il y a un bon nombre de buveurs d’alcool qui
attrapent des mauvaises maladies, de poitrine surtout, par suite de leur malheureux
goût pour l’eau-de-vie.
Insolation, coup de soleil.
Insolation, coup de soleil. - Il arriva quelquefois que le soleil frappe d’étourdissement un homme qui a la tête nue, ou qui a trop bu d’eau-de-vie ; on le voit alors
chanceler comme s’il était ivre, et tomber par terre sans connaissance. Vite, il faut le
porter à l’ombre, l’étendre tout de son long, dégager cou et ceinture, lui tenir sur la
tête des compresses d’eau froide et lui frictionner rudement tout le corps. Ensuite, il
faut qu’il reste au repos et au calme pendant quelque temps. Si la fièvre revient avec
beaucoup d’agitation, il faut faire venir un médecin si c’est possible.
II. - Secours aux noyés.
Comment il faut soigner ceux
qui sont tombés à la mer.
Comment il faut soigner ceux qui sont tombés à la mer. - N’oubliez jamais qu’il
faut travailler, non pas à chercher à faire sortir l’eau, mais surtout à faire rentrer l’air
dans la poitrine, car c’est le manque d’air qui fait périr. Et ne jamais économiser
son temps et sa peine auprès d’un homme qu’on vient de repêcher, car on a vu des
malheureux revenir à la vie après avoir été plusieurs heures dans la mer et après 4,
5, 6 heures de soins.
Coucher l’homme sur le côté droit en lui mettant sous la tête quelque chose pour
la lui relever un peu. Ouvrir sa bouche et coincer entre ses dents un bout de liège
pour qu’elle reste ouverte ; puis le déshabiller vivement de tout, et le frotter rudement avec de la laine en l’abritant du vent le plus possible. En même temps il faut
faire la manœuvre la plus importante qui est de chercher à faire remettre en marche
les mouvements de la respiration. Pour cela, deux moyens :
1° On lui croche la langue avec les doigts et on hale dessus, en douceur, pour l’allonger hors de la bouche, puis on mollit, et on la laisse revenir en dedans ; et on fait
ça dix à quinze fois par minute ;
2° Au bout d’un quart d’heure de cette manœuvre on en essaye une autre. La poitrine étant un vrai soufflet, il faut forcer la poitrine du noyé à se gonfler pour qu’elle
attire de l’air en dedans, et l’obliger ensuite à se dégonfler pour qu’elle repousse cet
air qui a servi. Pour cela, on commence par replier les deux bras du noyé et on les
serre un peu contre sa poitrine ; de cette manière, on force la poitrine à se gonfler ;
cela fait appel d’air vers l’intérieur. Puis on relève les bras du malheureux et on les
élonge le long de sa tête, étendus ; et cela fait alors aplatir et vider la poitrine. Et on
continue ainsi un autre quart d’heure. Après ça, on recommence la manœuvre de
la langue... puis la poitrine... puis la langue... et ainsi toujours, sans se décourager,
pendant plusieurs heures. Faire chauffer des briques, des couvertures, pour essayer
de réchauffer le pauvre corps. Quelque fois, presser un peu sur le ventre, puis sur la
poitrine, puis essayer de faire sortir de l’eau par la bouche. Frictionner tout le corps
avec une brosse, si on en a. Ne jamais faire rien boire tant que le noyé n’a pas donné
signe de vie. Et même dans ce cas, ce n’est pas de l’eau-de-vie, mais bien quelque
boisson très chaude qu’il faut lui donner.
Surtout, il ne faut pas craindre sa peine. Du moment qu’un corps n’a pas de
traces de vraies blessures, pas de taches vertes sur le ventre, et pas de mauvaise odeur,
mettez-vous vite à l’ouvrage autour de lui, et essayez de le faire revenir à la vie. Si ce
corps n’a pas plus de cinq ou six heures de séjour dans l’eau, personne, même pas
un médecin, ne peut affirmer qu’il est sûrement mort.
III. - Notions générales sur les maladies.
La santé passe avant tout.
La santé passe avant tout. Un pêcheur qui tombe malade ou qui devient infirme,
c’est souvent le malheur et la misère pour lui et tous les siens.
Donc, il faut que le marin, lorsqu’il se porte bien, se méfie davantage des maladies
qui le guettent. Et, lorsqu’il est malade, il faut qu’il se soigne mieux qu’il ne fait
d’habitude. C’est tout de suite qu’il faut faire attention à son mal : aussitôt qu’on
se sent malade.
Soyez tranquilles, ce n’est point de la dépense ni des cérémonies inutiles que nous
vous conseillons : nous voulons vous donner le moyen d’économiser votre vie et
votre argent, en vous aidant à vous défendre, à vous préserver des mille maladies qui
vous menacent.
Si vous nous écoutez, vous échapperez à beaucoup de maux, et aussi vous guérirez
plus vite quand vous serez malade.
Le plus grand nombre des maladies sont contagieuses, c’est-à-dire qu’elles sautent
facilement d’un homme sur un autre sans qu’on puisse les voir.
Pourquoi et comment ? Direz-vous.
Ecoutez, c’est très facile à comprendre.
Voici comment elles viennent,
les maladies
Voici comment elles viennent, les maladies - les maladies sont faites par des microbes : les microbes, ce sont des espèces de petites anguilles si petites, si petites, qu’il
faut, pour les voir, une sorte de longue-vue faite exprès, qui se nomme microscope.
Cet instrument-là fait voir 600 et 800 fois plus gros. - Quand vous regardez une
goutte d’eau, de lait, de sang, avec le microscope, vous voyez des espèces de petites
anguilles de plusieurs formes et par milliers. C’est ça des microbes.
Tous les microbes ne donnent pas des maladies ; il y en a des bons, il y en a des
mauvais.
Les savants commencent à en connaître beaucoup d’espèces. Chaque espèce fait
un ouvrage différent ; c’est un microbe qui fait fermenter les jus de raisins et de
pommes et qui les change en vin et en cidre ; c’est un microbe qui fait pourrir le
poisson, la viande, le bois ; c’est un microbe qui fait aigrir le vin, le cidre, le lait. Et
ce sont aussi des microbes différents qui font des maladies telles que le choléra, les
mauvaises fièvres, la fièvre typhoïde, la dysenterie, le croup, les maladies de gorge,
de poitrine, des yeux, de la peau, la pourriture des plaies, la vérole, la coqueluche, la
scarlatine, la rougeole, la variole, et tant d’autres encore.
Il n’y a pas à dire que c’est des idées de savants, puisque nous connaissons très bien
ces microbes et puisque nous les cultivons et les élevons à volonté dans nos cabinets
de médecine.
Ces tout petits êtres se promènent partout par milliers : sur les poussières de l’air,
dans l’eau, dans le lait, le vin, le bouillon, le sang, les ordures, dans le nez, les oreilles,
la bouche, etc.
Quand un microbe arrive dans un corps qui lui convient, c’est-à-dire dans un
corps qui se trouve moins résistant parce qu’il a subi des fatigues, du grand froid,
de la grande chaleur, quand un microbe rencontre un organisme qui ne fonctionne
pas bien, parce que l’estomac est brûlé par les boissons fortes, ou bien parce que la
poitrine est affaiblie par le mauvais air des ateliers des villes, allez, ça y est : le microbe
y mouille toutes ses ancres et se met à travailler, c’est-à-dire à pourrir et à désorganiser
l’endroit où il est. En même temps il se met à faire des petits avec une rapidité si
grande, qu’au bout de 24 heures, il y a déjà des milliers de petits microbes qui, eux
aussi travaillent à détraquer le pauvre corps, et qui se répandent plus loin.
Voilà ce que c’est que les maladies contagieuses.
Voilà ce que c’est que les
maladies contagieuses.
Tout cela, chers amis, c’est pour vous faire bien comprendre la manière d’échapper
aux maladies et de les soigner. Vous comprenez tout de suite que le grand remède des
maladies, c’est celui qui peut tuer les microbes.
Ce remède, qu’est-ce que c’est ? Il y en a plusieurs : parlons d’abord des drogues.
Ces drogues se nomment
antiseptiques.
Ces drogues se nomment antiseptiques. Il y a beaucoup de drogues qui tuent les
microbes, mais elles ont des défauts. Il y a des drogues qui sont des poisons pour
nous aussi ; celles-là tuent les microbes, mais elles peuvent nous faire grand mal, si on
ne prend pas de précautions ; d’autres sont très chères ; d’autres ne tuent pas toutes
les espèces de microbes.
Pour le moment, voici les deux meilleures que nous puissions vous conseiller. Pour
l’intérieur du corps (pour avaler), c’est le sulfate de quinine (à la dose de 1 demigramme). Pour l’extérieur du corps, c’est-à-dire pour laver les plaies et la peau d’un
malade, c’est la solution de sublimé (à un quart de gramme par litre d’eau).
Faites bien attention, mes amis, à enfermer toujours la bouteille de sublimé, de
peur qu’un enfant n’y goûte, car c’est un grand poison si on l’avale. N’oubliez pas
non plus que cette drogue ne doit jamais vous servir plusieurs fois ; celle qui a servi
une fois à laver un mal doit être jetée aussitôt après.
Mais, pour tuer les microbes, il y a aussi d’autres remèdes plus simples et souvent
meilleurs. Ceux-là, tout le monde peut s’en payer, surtout si on n’habite pas les
grandes villes.
Ces remèdes, c’est le soleil et
c’est l’air pur.
Ces remèdes, c’est le soleil et c’est l’air pur. Oui, chers amis, les microbes n’ont pas
de plus grands ennemis que la lumière du soleil et le grand air. Il y a beaucoup de
maladies, par exemple les maladies de poitrine (les tuberculoses), qui peuvent guérir
sans aucun autre remède.
Vous vivez au grand air, vous autres, pour sûr ; mais malheureusement, dans vos
maisons, vous habitez souvent très nombreux.
Le grand air et le soleil n’y entrent pas assez abondamment. Et pourtant vous
voyez comme c’est important ; n’ayez donc pas peur de laisser toujours portes et
fenêtres ouvertes ; et puis aussi, prenez de grandes précautions de parfaite propreté,
des fréquents nettoyages soigneux au savon et à l’eau chaude, quand vous avez un
malade chez vous.
Donc, pour rester bien portants et aussi pour guérir plus vite des maladies, soyez
les grands amis du soleil et du vent dans vos maisons ou dans vos cabines de bord.
Laissez les fenêtres ouvertes même la nuit ; ne craignez pas les courants d’air
pour les malades ; l’air pur, c’est le meilleur remède pour les malades ; à condition,
bien entendu, que leur corps soit assez couvert pour qu’il ne souffre pas du froid.
Quand vous habitez auprès d’un malade, défiez-vous beaucoup de ses crachats et
de ses ordures ; il faut absolument que crachats et ordures soient brûlés ou enterrés
très profond ; il faut que les linges salis, la literie et les vêtements de malade soient
bouillis avec de l’eau et des cristaux de soude. Autrement, gare à la contagion pour
les voisins.
Après la mort d’un malade, une précaution bien utile pour les vivants qui habitent
la même chambre, c’est de tuer les microbes répandus par les ordures, les crachats
ou par la respiration du malade : pour cela, il faut laver le plancher, le lit, et tout ce
qui a servi à ce malade, avec du sublimé (poison) ou bien avec de l’eau dans laquelle
on a fait fondre des cristaux de sulfate de cuivre ; il faut lessiver tous les linges, couvertures, vêtements qui lui ont servi, et puis enfin faire brûler dans la chambre deux
kilos de soufre et blanchir les murs à la chaux, si c’est possible.
Défiez-vous beaucoup de l’eau que vous buvez. Ainsi, quand il y a près de chez
vous plusieurs personnes malades d’une grave maladie comme : typhus, choléra,
mauvaises fièvres, croup, etc., donnez-vous la peine de faire bouillir le matin l’eau
que vous boirez dans la journée.
Une eau qui a bouilli ne contient plus de microbes et on peut la boire en
confiance. Une bonne manière de boire de l’eau bouillie, c’est de mettre dedans
quelques feuilles de thé ; ça fait une boisson très saine, agréable, et pas chère si vous
vous contentez de peu de thé.
N’oubliez pas que ça ne sert à rien, absolument à rien, de mettre dans l’eau, soit
disant pour la purifier, de l’eau-de-vie, de l’absinthe, du vin : rien de tout cela ne tue
les mauvais microbes.
Une habitude utile, c’est de se savonner de temps en temps la tête et de porter
les cheveux coupés ras. Brosser ses dents au savon et à l’eau très salée est aussi une
bonne manière de les conserver et d’éviter les douleurs de dents.
Et vous, jeunes gens, qui prenez plaisir à vous laisser mouiller, tandis que vous avez
près de vous votre ciré qui pourrait vous abriter, ne vous amusez donc pas en mer
à chercher comme cela les rhumatismes ! Mais oui : il y a un tas de jeunes marins
qui ont une mauvaise honte de capeler leur capote cirée aussitôt qu’il pleut : ils
attendent d’être bien mouillés ; alors ils finissent par se décider. Cela, c’est de l’enfantillage bon pour des mousses de 10 ans, qui ne réfléchissent pas aux rhumatismes
qui font vieillir et souffrir. Ça arrive déjà bien assez souvent qu’on soit forcé de rester
mouillé des journées entières.
Pour finir, écoutez un vrai bon conseil. Quand vous allez trouvez un rebouteur, un
sorcier ou une sorcière, comme on dit dans le Finistère, pour vous faire soigner, réfléchissez donc combien c’est dangereux. Un bras cassé, ça peut être quelquefois soigné
par un rebouteur parce que la bonne nature suffit souvent toute seule à réparer la
cassure ; mais, lorsqu’il s’agit des autres maladies de mille espèces qui tourmentent
le monde, les sorciers sont complètement incapables de savoir guérir. Quand ils
réussissent, c’est que le Hasard ou la farce de tempérament du malade ont travaillé
à leur place. Savez-vous bien qu’un médecin travaille plus de quinze ans dans les
villes et dépense souvent vingt à vingt-cinq mille francs pour apprendre son métier
? Comment voulez-vous qu’un homme de la campagne, même très fin et très adroit,
puisse savoir tant de choses sans avoir appris.
IV. -Maladies des petits enfants.
Maintenir en bonne santé la
femme et les enfants.
Quelques soins bien simples, quelques précautions prises à propos sont bien souvent suffisants pour guérir ou pour maintenir en bonne santé la femme et les enfants. Que les pères de famille, les mères, les grandes sœurs veuillent bien lire ce qui
suit : on y trouvera certainement de très utiles indications.
Aussitôt que l’enfant est né, il ne faut pas oublier de laver ses yeux avec de l’eau
ayant bouilli ou de l’eau dans laquelle on a fait fondre un peu de bicarbonate de
soude. Gardez-vous bien de donner au nouveau-né une goutte d’eau-de-vie : s’il est
vigoureux ça ne lui fera peut-être pas de mal, mais s’il est chétif ça le fera vomir ; ça ne
peut que lui faire du tort. Du lait, rien que du lait : pas de soupe, ni rien autre chose.
Si la mère est faible et maladive, si elle tousse, elle ne doit pas nourrir ; dans ce cas
c’est du lait de vache mélangé de moitié d’eau qu’il faut donner au nouveau-né. On
ne lui donnera le lait pur, sans eau, qu’au bout d’une quinzaine de jours.
Quand l’enfant vomit ou digère mal, quand il a des coliques, de la diarrhée, voici
quelle est la cause neuf fois sur dix : c’est qu’on lui clarine à boire trop souvent ou
bien trop à la fois. Pour le nouveau-né, voici la quantité de lait raisonnable à lui
donner toutes les deux heures, la valeur de 5 cuillerées à bouche de lait ; les semaines
suivantes, on augmente la quantité si l’enfant digère bien et s’il ne vomit pas. Ce qui
nourrit, ce n’est pas la quantité qui entre dans l’estomac : c’est ce qui reste dedans,
c’est ce qui est bien digéré. Trop de nourriture fatigue ces petits estomacs et affaiblit
l’enfant au lieu de le fortifier.
Lorsque c’est la mère qui nourrit au sein, il faut qu’elle soit assez raisonnable pour
résister aux cris de l’enfant et ne pas lui donner le sein plus souvent que toutes les
deux heures. Dix minutes de tétée toutes les deux heures, voilà la bonne proportion,
surtout pour les premières semaines.
A partir de six mois, on peut donner à l’enfant autre chose que du lait, par exemple
de la bouillie de froment ou d’avoine, des soupes au lait. Enter les soupes de pommes
de terre et de lard. Jamais de viande ni de vin aux tout petits enfants. Quant à l’eaude-vie, c’est une grosse sottise que de leur en donner, ça ne peut que leur nuire : tous
les médecins sont bien d’accord là-dessus.
Coliques, diarrhée verte des
petits enfants.
Constipation.
Vers.
Coliques, diarrhée verte des petits enfants. - Les petits enfants ont souvent des
coliques ils font des choses vertes liquides, ils n’engraissent pas, et ils sont pâles,
faibles, « grignoux »… Le meilleur moyen pour les guérir, c’est d’observer avec soin
ce que nous disons plus haut : rien que du lait comme nourriture, et des tétées bien
régulières, pas plus souvent que toutes les deux heures. Comme remèdes utiles, on
fera bien de purger l’enfant avec une ou deux cuillerées de sirop de chicorée et on
lui donnera à boire une pleine petite cuillerée d’eau sucrée bicarbonatée avant et
après chaque tétée.
Constipation. - Toutes les mères savent comment on s’y prend quand l’enfant
ne fait pas ses besoins tous les jours : on lui enfonce dans le fondement un petit
morceau de savon taillé en pointe. Si ça ne suffit pas, donnez quelques cuillerées de
sirop de chicorée.
Vers. - Il est certain que les petits enfants ont souvent des vers, mais pas si souvent
qu’on pourrait le croire. Aussi les mères ne doivent pas, lorsqu’un bébé est malade,
se contenter de dire: « Il a des vers, c’est pas dangereux » ; elles ne doivent pas se
contenter de lui donner du « remède contre les vers », si la maladie continue ; car
c’est souvent autre chose que des vers, et bien plus grave - Quand les petits enfants
ont des vers, ils ont des coliques qui viennent « par risées », ils ont des peurs et des
cris la nuit, ils se grattent le nez et l’anus, ils digèrent mal et ont des diarrhées... le
tour des yeux est bleuâtre, etc. Dans ce cas, on ne risque rien à donner du remède
à vers.
Après ça, si l’enfant rend des vers, il faudra recommencer à lui donner du remède
à vers quinze jours après, car il reste des œufs de vers qu’il faut faire périr par une
nouvelle dose de remède.
Maladies de la peau des petits
enfants.
La « Toque » (eczéma,
impétigo).
Le muguet.
Maladies de la gorge et de
la poitrine, rhumes, grippe,
coqueluche, croup.
Grippe, influenza.
Coqueluche.
Croup, mal de gorge, angine.
Maladies de la peau des petits enfants. - Souvent certains endroits de la peau si
tendre des bébés s’écorchent, et s’enveniment : ou simplement restent très rouges.
Pour calmer ces irritations ou guérir ces bobos, il faut tenir l’enfant très propre, le
changer plus souvent, et semer sur la peau de la poudre d’amidon ou de talc. Laver
souvent avec de l’eau bicarbonatée est une chose très utile.
La « Toque » (eczéma, impétigo). – Ah ! la vilaine maladie que cette « toque » qui
fait crier les enfants jours et nuits et qui oblige à leur amarrer les bras au berceau
pour qu’ils ne se déchirent pas le corps à force de se gratter !... Pour combattre ce mal
il faut prendre les remèdes suivants pendant un, deux ou trois mois : deux fois par
jour 1 ou 2 ou 4 cuillerées à soupe d’huile de foie de morue, plus ou moins suivant
l’âge. Un autre bon remède, c’est une cuillerée à café par jour de la solution arsenicale suivante : on fait fondre un quart de gramme d’arséniate de soude dans un litre
d’eau ayant bouilli. Tous les 2 jours, laver la tête de l’enfant très doucement pour
faire partir les grosses croûtes, puis laver à l’eau bicarbonatée et mettre de l’huile de
foie de morue dessus, ou bien de la poudre d’amidon. Purger l’enfant tous les 15
jours. L’empêcher le plus qu’on peut de se gratter. Lui faire boire tous les jours une
cuillerée à café d’eau bicarbonatée.
Le muguet. - Encore une misère qui peut devenir mortelle si on néglige de la soigner. Lorsque vous voyez dans la bouche du bébé, sur la langue, des taches blanches
ressemblant à du lait, c’est le « muguet » , Il faut le guérir, car ça empêche l’enfant
de téter et ça peut devenir grave. Le remède, c’est de l’eau bicarbonatée : on lave très
souvent la bouche de l’enfant avec cette eau. On lave aussi avec ce remède le bout du
sein ou le bout du biberon.
Maladies de la gorge et de la poitrine, rhumes, grippe, coqueluche, croup. - Parlons d’abord des rhumes. - Pour un simple rhume, avec peu ou pas de fièvre, il suffit
de faire rester l’enfant au lit, au chaud. Si l’enfant parait malade, s’il a de la peine
à respirer, il faut attirer le sang à la peau en lui mettant sur la poitrine et sur le dos
matin et soir des cataplasmes très chauds qu’on laisse 5 minutes sur la peau. Quand
l’enfant tousse gros et comme il ne peut pas cracher, il faut lui donner un matin, à
jeun, une cuillerée à café pleine de sirop d’ipéca ; et cela toutes les 5 minutes jusqu’a
ce qu’il vomisse. Il ne faut pas donner plus de 5 cuillerées de ce sirop d’ipéca.
Grippe, influenza. - Quand l’enfant enrhumé a les yeux rouges, pleurants, et que
le nez coule, que la gorge est rouge, que l’enfant est très abattu, très fatigué, avec
aussi, quelquefois, du mal de dos et de ventre, c’est un rhume contagieux, une grippe
mais ce sera facilement guéri par la quinine. Donner à l’enfant un quart de gramme
de quinine dans du café bien sucré, et recommencer 3 jours après si le mal est encore
aussi fort.
Coqueluche. - Encore une maladie contagieuse qui s’attrape facilement et qui
fait dépérir les enfants quand elle dure longtemps. On reconnaît trop facilement
la coqueluche pour que ce soit utile de l’expliquer. Il est bon de donner de temps
en temps, par exemple tous les 15 jours, du sirop d’ipéca pour faire vomir l’enfant
atteint de coqueluche. s’il y a de la fièvre, garder l’enfant au lit. Un peu de quinine
pourrait faire bon effet. S’il n’y a pas de fièvre, il faut le laisser aller au grand air.
Avoir chez soi, dans un petit pot, pour 2 sous de goudron (acheté chez le pharmacien) et plusieurs fois par jour tremper le petit bout d’un morceau de sucre dans ce
goudron, et le faire sucer à l’enfant…Le changement d’air de pays suffit souvent pour
guérir de la coqueluche.
Croup, mal de gorge, angine. - Le croup est un mal traître : il ne fait pas souffrir
quand il commence, et puis, comme les bébés ne peuvent pas dire ce qu’ils ont, il est
déjà bien tard pour soigner le croup quand on reconnaît sa présence dans la gorge.
Une mère doit bien surveiller la gorge de son petit enfant. Pour peu que l’enfant crie
et refuse le sein, il faut regarder le fond de sa gorge en ouvrant sa bouche et abaissant
la langue avec le pied d’une cuillère. Si sous voyez la gorge simplement rouge, pas
d’inquiétude. Mais si vous voyez dans le fond comme des points blancs, ou des peaux
blanches, collées au palais, oh ! Alors méfiez-vous : c’est probablement un mal très
dangereux ; et il faut appeler le médecin. Si l’enfant paraît très affaibli, pâle, ne pouvant plus avaler, respirant très difficilement, il n’y a pas une minute à perdre : courez
chercher le médecin en lui disant que c’est peut-être le croup afin qu’il apporte avec
lui le remède, ce remède, c’est le « sérum » du croup ; il est certain de guérir l’enfant à
condition pourtant qu’il soit employé au début de la maladie, et par le médecin, bien
entendu. Quand il n’y a que le fond de gorge garni de peaux blanches, on appelle ce
mal, l’angine ; quand les peaux envahissent plus avant dans le gosier, c’est du croup,
de la diphtérie. En attendant que le médecin arrive, il faut, si l’enfant paraît étouffer,
le faire vomir, avec du sirop d’ipéca.
La rougeole et la scarlatine.
La rougeole et la scarlatine. - Des boutons qui naissent sur le corps d’un enfant en faisant rougir la peau et donnant de la fièvre, sont souvent le début de
deux maladies, la rougeole ou la scarlatine, qui ne sont pas dangereuses si on les
soigne comme nous allons l’indiquer. Si c’est la rougeole, les boutons sont plats :
gros comme des grains de blé, et réunis par groupes de plusieurs, à côté les uns des
autres. Ces groupes commencent à paraître sur la figure, puis ils se forment sur tout
le corps. La peau n’est rouge qu’autour des boutons. Si c’est la scarlatine, la peau
devient rude à toucher, et couleur rouge foncée partout, partout. Ces deux maladies
sont accompagnées souvent de toux, de mal de gorge, de mal aux yeux. Elles doivent
être soignées de la même manière.
Aussitôt qu’on constate la maladie, on tient les bébés au lit, bien chaudement,
bien à l’abri du froid. Si c’est possible, on fait l’obscurité dans la chambre ou, bien mieux, on
bouche la fenêtre avec un rideau rouge qui fait voir tout en rouge. Ce dernier soin est très
important, quelque étonnant qu’il puisse paraître. Ne rien donner à manger, que du
lait à boire, ou de la tisane d’orge. Si la gorge est malade aussi, il faut la nettoyer avec
un pinceau trempé dans de l’eau sucrée bicarbonatée. Toutes les 2 ou 3 heures faire
ce lavage. Le faire aussi aux yeux et aux oreilles, s’ils sont malades. Au bout d’une dizaine de jours le danger est passé, si la maladie n’a pas été aggravée par autre chose, et
on petit continuer à nourrir l’enfant dès qu’il n’a plus de fièvre et si c’est la rougeole.
Si c’est la scarlatine qu’il a eue, il faut être plus prudent et attendre une vingtaine de
jours avant de donner à manger. Surtout, qu’il ne risque pas d’attraper froid avant
que les petites peaux qui ont sorti sur le corps aient disparu, car ça pourrait tourner
mal : un coup de froid produirait une maladie de reins, l’albuminurie, qui mettrait
des années à guérir.
Variole, vaccine.
Variole, vaccine. - Vous savez combien il est utile que les enfants soient vaccinés :
être vacciné tous les 7 ou 8 ans, cela préserve à coup sûr de la variole et ça n’offre pas
de danger. Lorsqu’on est atteint par la variole, il faut se faire soigner par le médecin,
car c’est une maladie dangereuse. Un remède, singulier, qui a réussi très souvent à arrêter
la variole et à la faire guérir facilement, c’est de couvrir la fenêtre avec un rideau rouge de
manière à laisser le malade dans la lumière rouge. Mais cela ne fait bon effet que si on le
fait dès le premier jour de la maladie.
Les maladies dont nous venons de parler sont très contagieuses et peuvent être attrapées par les parents ou par les voisins. Par conséquent, il faut isoler le malade des
autres enfants, si c’est possible. Ceux qui soignent un enfant malade de la gorge risquent beaucoup de prendre le mal et de le porter à d’autres ; ils doivent se savonner
avec beaucoup de soin avant de quitter le malade et avant de manger et de toucher
d’autres enfants. Pour assainir après ces maladies les chambres, les lits, les vêtements,
les linges des petits malades et diminuer les chances de contagion, il faudra prendre
les précautions expliquées, page 111 pour désinfecter.
V. - Conseils aux jeunes mères.
La plus grande partie des maladies qui affligent les femmes (la faiblesse, le mal de
ventre, le mal de reins) seraient faciles à éviter si on prenait plus de soin de la femme
au moment de la naissance des enfants. C’est vrai que c’est un acte naturel qui peut,
dans certains cas, se passer tout seul, mais souvent avec quelques soins on préserve la
femme de bien des misères pour l’avenir. Ainsi, quand l’enfant tarde à venir, ou bien
quand il se présente mal, ou qu’il y a des difficultés, il faut faire venir sans hésiter
une sage-femme, mais une vraie sage-femme, qui a fait vraiment des études. La sagefemme fera le nécessaire et neuf fois sur dix elle préservera la malade d’infirmités très
gênantes et peut-être de la mort.
Une fois que l’enfant est né, il faut beaucoup de calme et d’air autour de la mère
; il est une très mauvaise coutume : c’est la réunion de nombreuses voisines dans la chambre
; ça fatigue la mère et ça peut faire venir la fièvre, ce qui est toujours dangereux. Mauvaise
habitude de faire le fricot de baptême près de l’accouchée : tout le monde la fatigue - et puis c’est
une occasion de faire boire du cognac à la mère et souvent aussi à l’enfant, soi-disant pour les
fortifier ! Aussi, étonnez-vous donc après ça si la mère reste malade et si l’enfant vomit
!!! Une fois l’enfant au monde, la mère soit, pour bien faire, rester tranquille, couchée ou allongée pendant huit jours. En tout cas, quatre jours sont indispensables,
même pour les plus vigoureuses : commencer à marcher et à travailler plus tôt c’est
une grosse faute que beaucoup de femmes paient très cher dans la suite : demandez
donc aux sages-femmes leur avis là-dessus ?
Nourrissage.
Nourrissage. - Si la mère reste faible, si elle tousse, et qu’elle ait de la fièvre, il ne
faut pas qu’elle nourrisse : ça serait le malheur de l’enfant et en même temps de la
mère. La mère qui nourrit doit être assez raisonnable pour régler les tétées et ne pas
donner le sein à l’enfant toutes les fois qu’il crie : une tétée toutes les deux heures,
c’est la bonne règle pour voir l’enfant grossir vite, sans diarrhée, et pour ménager
les forces de la femme. Et dans les premiers temps, chaque tétée ne doit pas durer
plus de dix minutes. Jusqu’à six mois, c’est le lait seul qui doit nourrir l’enfant, si
on veut éviter les coliques et les diarrhées affaiblissantes. Une grosse erreur c’est de
croire que les soupes, les bouillies, les pommes de terre données à un bébé de trois
mois peuvent le fortifier : c’est tout le contraire. Un mal qui souvent fait souffrir les
nourrices, ce sont les crevasses ou gerçures des bouts des seins. Pour éviter cela, il est
bon de laver souvent les bouts des seins avec de l’eau bicarbonatée. Quand le mal
aboutit, il faut tenir sur le bout malade des morceaux de linge très propre mouillés
d’eau bicarbonatée. Quelquefois, la mère est obligée de renoncer à nourrir, quand
ces crevasses se sont envenimées et que le mal est trop enflammé.
Cette année, nous avons traité rapidement, dans cinq chapitres : des accidents,
de l’origine des maladies, des secours aux noyés, des maladies des enfants et des
soins aux jeunes mères. L’année prochaine, nous commencerons à examiner, une à
une, les principales maladies en indiquant les soins spéciaux qu’elles exigent et les
remèdes les plus efficaces.
Note de la Rédaction.