VÊTEMENTS HYDROFUGES - Œuvre du Marin Breton
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VÊTEMENTS HYDROFUGES - Œuvre du Marin Breton
Almanach 1904 : P. 93 VÊTEMENTS HYDROFUGES Quel grand bienfait pour les marins, lorsqu’il suffira de tremper un vêtement, de laine ou de toile, dans un bain chimique, pour rendre ce vêtement hydrofuge, c’est-à-dire pour qu’il repousse ensuite, sans jamais s’imbiber, l’eau de la pluie et des paquets de mer ! Le procédé du Docteur Cathoire, mis en pratique par le Capitaine Cherrière. Préoccupés de ce problème et très convaincus du grand service qu’une telle découverte rendrait aux marins si le procédé était pratique et bon marché, nous avons fait déjà de nombreuses recherches. Jusqu’ici nous n’avons hélas rien rencontré encore de suffisamment efficace, aucun procédé ne répondant complètement aux conditions nécessaires. N’oublions pas, en effet, que le problème à résoudre est beaucoup plus compliqué qu’on ne le pense. Il s’agit, non pas de boucher les trous de l’étoffe, comme on le fait avec l’huile cuite sur les cirages, mais bien d’imbiber le tissu d’une sorte de graisse ne tâchant pas, qui donne à l’étoffe la propriété de repousser l’eau à la façon de la toison du mouton, sur laquelle l’eau coule en perles sans jamais pénétrer. Autrement, la respiration serait gênée ; le marin ne sait que trop combien il est dur d’avoir à souquer, vêtu du « cirage » ; on sue beaucoup et on se fatigue très vite. Pourtant, il existe un procédé tout nouvellement amélioré qui nous paraît se rapprocher un peu de ce que nous recherchons : il a été inventé par le Dr Cathoire, puis perfectionné et mis en pratique par le capitaine Cherrière. - C’est ce dernier qui a eu la généreuse obligeance, l’été dernier, de faire subir la préparation en question dans son atelier aux vêtements qui allaient constituer les prix des concours de nageurs des Abris du Marin ; en sorte que les gagnants (et par suite un bon nombre de marins pêcheurs) peuvent actuellement éprouver par eux-mêmes la valeur de cette tentative d’imperméabilisation. Les étoffes traitées par ce procédé gardent le même aspect et ont la même durée. Le résultat acquis est très relatif : l’eau commence bien par glisser dessus, par rouler sans pénétrer, mais au moindre frottement, l’eau pénètre encore trop facilement. Un avantage sur lequel nous attirons l’attention des marins, c’est que les toiles et cotons ainsi traités doivent pourrir beaucoup moins vite sous l’action de la pluie. Pour ceux qui voudraient essayer de perfectionner ce procédé, en l’étudiant euxmêmes, nous allons résumer en quelques lignes la méthode et les formules adoptées par M. Cherrière, à l’obligeance duquel nous devons ces renseignements. Opérations : le vêtement, qu’il soit en toile ou en laine est bien brossé, pour être ensuite plongé successivement dans les conditions suivantes dans trois bains différents. Faire tremper le vêtement durant deux heures dans le bain d’alun chaud et laisser égoutter pendant quatre heures environ ; puis, avant que le vêtement soit sec, le faire tremper quelques minutes dans le bain de carbonate de soude. Laisser égoutter, et cette fois, sécher complètement ; puis brosser. Un ou deux jours après, lorsque le vêtement est très sec, on le fait tremper dans le dernier bain de vaseline paraffinée. On laisse bien s’imbiber puis on le retire sans le tordre. Laisser sécher en plein air, car il y aurait une explosion redoutable si ou l’approchait du feu. Le lendemain, le vêtement n’a plus d’odeur et peut être porté. Préparation des bains 1° Le bain d’alun se prépare en faisant fondre de l’alun dans de l’eau chaude, à raison de 50 grammes par litre d’eau. 2° Le bain de carbonate de soude se prépare en faisant fondre du carbonate de soude, à raison de 25 grammes par litre dans de l’eau froide. 3° Le bain de vaseline paraffinée se prépare en faisant fondre de la vaseline paraffinée dans de l’essence de pétrole, à raison de 20 grammes par litre d’essence ; cette vaseline paraffinée se prépare elle-même en faisant fondre à chaud au bain-marie un mélange d’une partie de vaseline marque Chèsebrough) et 2 parties de paraffine ordinaire. Il faut environ 3 litres de chaque bain pour la préparation d’un pantalon, d’une vareuse et d’un béret, et cela revient à 1 fr.50 environ. Nous reparlerons l’année prochaine de nos recherches à ce sujet. Nous le répétons, c’est un pas de fait vers la solution du problème de l’imperméabilisation hygiénique ; mais ce n’est qu’un pas. Souhaitons de tous nos vœux que les esprits inventifs poursuivent ces recherches, pour le plus grand bien des marins... et de beaucoup d’autres ! Almanach 1904 : P. 133 CAUSERIE SCIENTIFIQUE MÉDICALE Comment on devient tuberculeux. Comment on se défend. Comment on se guérit. Nous vous avons déjà entretenus, chers amis, de la «tuberculose», ce terrible fléau qui comprend toutes les maladies que vous connaissez plutôt sous le nom de «maladies de poitrine, phtisie, abcès froids, écrouelles, humeurs froides, etc.». Mais, chaque année elle fait de plus en plus de ravages ; aussi croyons-nous faire œuvre utile en venant, cette année encore, signaler ces risques de maladie qui vous entourent et que beaucoup d’entre vous ignorent. Quand on navigue et que l’on sait qu’il y a des «cailloux» sur la route, on fait en sorte de les parer ; de même quand il s’agit de la santé : on doit chercher à éviter de son mieux les maladies les plus menaçantes, puisque de la santé dépend pour le marin la possibilité de nourrir et d’élever sa famille. Nous espérons qu’après avoir lu ces quelques lignes, vous en saurez assez pour vous défier de ces maladies et vous en préserver. Comment peut-on reconnaître la «maladie de poitrine» ? Comment peut-on reconnaître la «maladie de poitrine» à ses débuts Voilà un point important, car à ce moment-là, si on veut se soigner sérieusement, la guérison est assurée. En général, le mal prend en traître et l’on est souvent loin de s’en douter. Tantôt c’est un simple rhume qui traîne sans vouloir guérir, un coup de froid attrapé un jour qu’on a bu, une fluxion de poitrine dont on ne se remet pas bien... Et alors le malade continue à tousser, surtout le matin ; il crache ; puis l’appétit diminue, il maigrit ; le sommeil est mauvais, il sue la nuit. Si la belle saison revient, il peut y avoir amélioration et même guérison apparente ; mais l’hiver suivant au premier froid, le rhume recommence, les crachats augmentent, tous les soirs la fièvre s’allume et dure quelquefois toute la nuit, en même temps que les sueurs... Le malade s’affaiblit rapidement, prend cet aspect maigre, décharné, les yeux creusés que vous connaissez bien... Alors il n’y a plus besoin de médecin pour savoir qu’il est poitrinaire, phtisique, mais, c’est trop tard, car à cette période de la maladie il est difficile d’en réchapper ! Voilà ce qui se passe, quand la tuberculose attaque le poumon, « la poitrine ». La même maladie peut aussi bien envahir le cerveau : dans ce cas-là, c’est la « méningite » ; la méningite qui enlève tant de petits enfants. L’intestin et le péritoine aussi peuvent se prendre : alors c’est la péritonite tuberculeuse, «le carreau». Ce sont quelquefois les glandes : alors ce sont les abcès froids, «les écrouelles». Enfin les os et les articulations peuvent se tuberculiser : dans ce cas, on voit des tumeurs du genou, des coxalgies compliquées d’abcès... Bien certainement quand nous avons donné la qualification de «terrible fléau» à la maladie qui cause tous ces désastres nous n’avons pas exagéré ; voici d’ailleurs des chiffres absolument exacts : vous jugerez vous-mêmes. Rien qu’en France la tuberculose tue, tous les ans, 150.000 personnes ! En 1901, la tuberculose a fait mourir à Paris plus de 1.000 habitants par mois ; soit, plus de 30 par jour. Et le mal augmente chaque année. Jamais une grande épidémie de peste ou de choléra, pas plus qu’une grande guerre ou une catastrophe n’ont produit de pareils ravages ! Ainsi l’épidémie de choléra de 1856 a tué en France 120.000 personnes ; la guerre de 1870, 140 000 ; la catastrophe de la Martinique, 35 000 ; tandis que la tuberculose en tue chaque année 150 000. Pourqoi la maladie se propaget-elle ? Comment expliquer que la maladie fasse tant de victimes et surtout qu’elle s’étende chaque année davantage ? Il y a plusieurs raisons et c’est précisément cela que nous voulons étudier avec vous. D’abord : sachons bien que la tuberculose est contagieuse. Des milliers de faits ont prouvé, hélas ! que la tuberculose était tout aussi contagieuse que la rougeole, la scarlatine ou la coqueluche. Tenez, voici deux faits pris entre mille « L’aîné d’une famille de cultivateurs contracte la tuberculose au régiment. Il revient chez lui et sa mère devient phtisique en le soignant. Ses deux frères prennent la maladie, puis le père, qui la donne à un voisin vivant dans son intimité. Ces personnes ont donc été frappées par une contagion bien facile à constater. » Un autre : « Une jeune fille rentre dans sa famille avec une phtisie contractée dans un pensionnat et dont elle meurt. Sa sœur cadette hérite de sa chambre et de sa garde-robe : elle meurt bientôt phtisique ; la troisième fille, héritant encore de la chambre et des vêtements, ne tarde pas à succomber, elle aussi phtisique. Or, les parents étaient d’une bonne santé et sont restés bien portants !... » Nous connaissons tous des histoires lamentables du même genre ; ici, en BasseBretagne, on pourrait en citer de bien nombreuses ! Elle est contagieuse. Pendant longtemps, on a cru que l’une des principales causes de la propagation de la tuberculose était l’hérédité, c’est-à-dire que les parents tuberculeux avaient des enfants qui étaient presque infailliblement voués à a tuberculose. Nous connaissons tous en effet des faits de tuberculose familiale qui peuvent donner raison, en apparence, à cette croyance. Mais, en réalité, tout ce que l’on a rapporté à l’hérédité est dû en réalité à la contagion. Des parents tuberculeux ont des enfants faibles qui, vivant dans un milieu de tuberculeux, attrapent la maladie ; mais s’ils sont séparés à temps de leurs parents et de toute contagion, ils ne deviennent pas tuberculeux. Ce fait est aussi vrai pour les enfants que pour les animaux, qui eux aussi sont bien souvent atteints par la terrible maladie : particulièrement les vaches, et nous en verrons tout à l’heure les terribles conséquences. La tuberculose est donc contagieuse ; mais, pourquoi ? Parce que, de même que les maladies contagieuses, elle est causée par un microbe qui a été découvert par le Dr. Koch, un savant allemand, en 1883. On a appelé ce microbe «bacille de Koch». Il a la forme d’un très petit bâtonnet que l’on ne peut voir qu’avec des microscopes très puissants ; il se multiplie énormément quand il se trouve dans un milieu qui lui plait. Le corps humain lui convient parfaitement et il s’y développe un peu partout ; il est très bien aussi chez le cochon d’Inde, chez la vache, le lapin et même le porc ; au contraire, la poule, la chèvre y sont réfractaires. Voici un exemple qui donne une idée de la multiplication de ces affreuses petites bêtes : quelques jours après avoir inoculé des bacilles sous la peau d’un cochon d’Inde, il y a plusieurs centaines de millions de bacilles de Koch ! Un tuberculeux qui crache, en rejette plus de 7 milliards par jour ! Et, pensez qu’un seul de ces microbes arrivant dans le poumon d’un être fatigué ou prédisposé, peut le rendre tuberculeux ! Cette contagion de la tuberculose explique en partie le rapide développement de la tuberculose, mais pour attraper la maladie, il ne suffit pas qu’un ou plusieurs microbes pénètrent dans nos poumons ou dans nos glandes ; non, si cela était nous serions tous tuberculeux, puisque nous respirons bien souvent de ces microbes. Pour que le bacille pousse et se développe, il faut que le «terrain» sur lequel il est semé, lui convienne : c’est là le point important. Or, si le terrain est solide, c’est-à-dire si nous sommes bien portants et pas affaiblis par des maladies antérieures ou par de grandes fatigues, ou par des excès de boissons, le microbe ne pousse pas, il meurt et disparaît. Dans le cas contraire, c’est-à-dire si le terrain est appauvri, si les forces sont affaiblies, notre organisme n’est plus assez vigoureux pour absorber le microbe ; il se développe alors à son aise, se multiplie, ronge les poumons et y creuse des trous appelés «cavernes» où s’accumulent les crachats et où se produisent les hémorragies «crachements de sang» (Voyez la gravure) L’une des causes est l’alcoolisme. Parmi les causes qui affaiblissent le plus le terrain, et qui, par suite, nous exposent à contracter la maladie, il n’y en a pas de plus importante que l’usage des boissons alcooliques. Les grands savants et les médecins du monde entier sont d’accord sur ce point. Cela ne veut pas dire que tous les buveurs deviennent infailliblement tuberculeux, mais tout homme qui boit de l’alcool même en quantité modérée, mais de façon régulière, est beaucoup plus exposé qu’un buveur d’eau à contracter la maladie. A plus forte raison, un homme qui boit beaucoup d’alcool a toutes sortes de chances pour devenir tuberculeux. M. Lancereaux, grand médecin, professeur à Paris et membre de l’Académie de médecine, a étudié avec soin l’histoire de 2 000 tuberculeux : il a pu en tirer une conclusion certaine, c’est que, sur ces 2 000 tuberculeux, 1 120 devaient leur maladie à l’alcool. A Bruxelles, en Belgique, on a constaté que, sur 1 000 décès de garçons de café ou d’auberge, 666 (soit les 2/3) sont dûs à la tuberculose ! En Angleterre également, la mortalité par tuberculose des garçons de café est deux fois et demie plus forte que la mortalité moyenne. Vous voyez que nous n’exagérons rien, quand, dans votre intérêt absolu, nous vous disons : vous pouvez boire du vin, du cidre, de la bière, surtout en mangeant ; mais évitez les alcools, les absinthes et tous les apéritifs alcooliques qui ne sont que des poisons plus ou moins déguisés ; poisons qui tuent quelquefois directement mais, et le plus souvent, en exposant le malheureux buveur à toutes les maladies. En résumé, vous voyez que pour devenir tuberculeux, il faut d’abord se trouver envahi par le microbe, puis avoir l’organisme affaibli. Ce dernier mot à lui seul vous montre que l’on peut éviter la tuberculose, et qu’il suffit pour cela de quelques précautions : d’abord vis-à-vis du microbe en lui faisant la guerre, ensuite vis-à-vis de soi-même, en se mettant dans les meilleures conditions pour lui résister. Les crachats sont la cause des 9 dixièmes des cas de tuberculose ! le lait des vaches tuberculeuses contient très souvent des bacilles. De l’air et du soleil... Pour les microbes, il faut leur faire là guerre là où ils se trouvent ; car, vous savez que là où ils sont le plus nombreux, c’est dans les crachats. Les crachats sont la cause des 9 dixièmes des cas de tuberculose ! Vous voyez donc combien il y a intérêt à détruire les crachats. Pour cela, il faut obliger les tuberculeux à ne pas cracher par terre, ni sur les planchers, car dès que le crachat est sec il se réduit en poussière et, avec le vent, il pénètre dans les poumons avec la respiration. Il faut que les tuberculeux crachent dans un vase : un vase quelconque, mais ne servant qu’à cela ; chaque jour le contenu du vase sera brûlé ou désinfecté avec de la chaux vive, car le microbe a la vie dure. (Une fois desséché ce microbe peut vivre plusieurs mois). En dehors du feu, l’eau bouillante le tue en une minute ; l’acide phénique (en solution à 3 %) le tue également. La lessive de carbonate de soude ou de potasse (carbonate des épiciers) le détruit également. Pour désinfecter une chambre, par exemple, il suffit, après avoir bien fermé toutes les ouvertures, d’y faire brûler du soufre (à raison de 60 grammes par mètre cube) et de laisser ainsi la chambre fermée pendant 24 heures. Le soleil est le meilleur de tous les désinfectants, car il ne coûte pas cher, et il est à la portée de tout le monde : il tue le bacille en quelques heures. Pour tout ce qui sert aux tuberculeux ,linge, vaisselle, il faut éviter de s’en servir, ou bien il faut les faire séjourner quelque temps dans l’eau bouillante auparavant. Mais il n’y a pas que les crachats des tuberculeux qui soient dangereux. On sait maintenant que le lait des vaches tuberculeuses contient très souvent des bacilles et peut donner ainsi la tuberculose aux enfants que l’on nourrit au biberon et même aux grandes personnes. Or, il y a un très grand nombre, dans les villes surtout, de vaches atteintes de tuberculose sans qu’on s’en doute. Pour éviter ce danger il suffit de faire passer tous les matins au bain-marie à l’eau bouillante pendant une demiheure, toute la provision de lait de la journée ; de cette façon il n’aigrira pas et les microbes, s’il en contient seront détruits. De même si la viande que l’on consomme n’a pas été abattue dans les villes, où les abattoirs sont surveillés par des vétérinaires, il est également plus prudent de ne la manger que très cuite. Pour compléter ces précautions, il faut avoir soin de donner beaucoup d’air aux habitations, d’ouvrir largement les fenêtres à l’air et au soleil, ne jamais balayer le sol à sec, mais l’arroser auparavant, ou bien passer des linges mouillés, car, nous vous le répétons, les poussières sont très dangereuses, surtout dans les chambres ou vivent les tuberculeux. Ces quelques précautions, si elles étaient suivies, empêcheraient des milliers de gens de devenir tuberculeux chaque année ; or, il vaut mieux éviter une maladie que d’avoir à la soigner et à la guérir. Une alimentation saine et simple... Pour se protéger soi-même contre la multiplication des microbes qui nous envahissent chaque jour, il n’y a rien de mieux qu’une bonne hygiène, c’est-à-dire une vie régulière, raisonnable, avec alimentation suffisante et saine. Le pêcheur, pour peu qu’il y ait pêche, a sous la main un des meilleurs aliments : le poisson ; avec du poisson, du pain et des pommes de terre la ration d’un homme qui travaille est assurée. Ne craignez pas l’air et le soleil dans vos maisons : elles sont en général trop petites, et vous y êtes entassés nombreux dans la même pièce ; eh ! bien, il faut lutter contre ces dispositions mauvaises en entretenant une grande propreté et en ne craignant pas d’ouvrir les portes et les fenêtres pour qu’il y ait toujours un petit courant d’air. Souvenez-vous du proverbe : « Là où l’air et le soleil n’entrent pas, c’est souvent le médecin qui entre. » Voilà donc les moyens les plus simples et les plus à votre portée pour éviter le fléau. Mais, s’il vient à vous frapper, vous ou les vôtres, il ne faut pas vous décourager : la tuberculose est très guérissable ; c’est même la plus facile à guérir de toutes les maladies, si on aide un peu notre organisme à résister aux microbes. Dès que vous constatez les signes de maladie que nous vous avons indiqués plus haut, allez donc d’abord voir un médecin : il vous dira après vous avoir ausculté si vous avez un simple rhume, ou si vous êtes menacé par la terrible maladie ; alors, immédiatement, suivez le régime qu’il vous indiquera : vivre au grand air le plus possible, ouvrir les fenêtres, même la nuit ; manger beaucoup, surtout des œufs, du lait, du beurre, du poisson et des aliments gras. Comme seuls médicaments : 3 à 4 cuillerées par jour d’huile de foie de morue l’hiver, et l’été un à deux grammes de biphosphate de chaux dans de l’eau. Avec ce régime on guérit neuf fois sur dix. Création de sanatoria. Depuis quelques années on fait la guerre partout, dans le monde entier, à cette terrible maladie et on a obtenu de beaux résultats. On s’est attaché à combattre les logements insalubres, qui manquent d’air et de lumière, on a démontré les dangers de l’alcoolisme, enfin on a créé des grands hôpitaux ou plutôt maisons de santé appelés sanatoria où l’on soigne uniquement des malades tuberculeux. C’est ainsi qu’en Allemagne et en Angleterre, on est arrivé à abaisser d’un tiers la mortalité annuelle par tuberculose. En France, nous sommes bien en retard à ce point de vue, mais cependant les sociétés puissantes se sont formées pour lutter contre le fléau. Il parait certain que l’on arrivera ainsi dans quelques années à diminuer la contagion dans les milieux ouvriers et marins. Pour arriver à ce résultat il ne suffit pas que des œuvres se fondent et que les fortunés de ce monde apportent de l’argent pour les entretenir. Il faut que ceux auxquels elles doivent profiter : c’est-à-dire les travailleurs, les marins, les ouvriers, soient bien convaincus de leur utilité, bien pénétrés de l’importance du but à atteindre : il faut qu’ils apportent toute leur bonne volonté à cette lutte contre la tuberculose. Ils donneront ainsi à ceux qui luttent contre le fléau, ce courage et cette confiance qui toujours mènent au succès. Docteur C*** Almanach 1904 : P. 141 INSTRUCTIONS MÉDICALES EN QUATRE CHAPITRES I. - Soins et remèdes en cas d’accidents. Voici quelques conseils médicaux qui pourront rendre service pour soigner les collègues en cas d’accidents ou de blessures, lorsqu’on se trouve sans médecin. Nous allons passer en revue les principaux cas qui peuvent se présenter dans la vie de tous les jours : blessures, plaies, pourriture des plaies, mauvaises piqûres, mauvaises morsures, brûlures, membres cassés, pertes de sang, coups, foulures, tour de reins, hernies, étouffement ou asphyxie, empoisonnement, évanouissement et faiblesses, ivresse mauvaise, insolation. Blessures, plaies, pourriture des plaies, abcès. - Voilà une bles- sure, une plaie, un abcès abouti qui rend du pus blanc, jaune ou vert. Quand elle fatigue le malade, quand celui-ci a de la fièvre, chaleurs, frissons, grande fatigue, c’est grave et il faut soigner sérieusement. Il faut une propreté parfaite dans les pansements, mains et linges très propres. Avant de toucher la plaie, lavez vos mains parfaitement au savon et à l’eau très chaude, puis lavez la plaie avec de l’eau ayant bouilli, et avec du sublimé (poison), si vous en avez. Avant de mettre les linges sur la plaie, faites-les bouillir cinq minutes dans de l’eau et trempez-les dans le sublimé (poison). Plus tard, si le malade est repris de fièvre, d’abattement, c’est qu’il y a encore du pus qui se fait dans la plaie, c’est qu’il reste encore dans cette plaie des mauvais microbes qui fabriquent le pus. Dans ce cas, il faut larguer le pansement et recommencer les lavages avec un remède qui achève de tuer tous ces mauvais microbes. Le mieux est de consulter un médecin qui saura ouvrir toute la plaie et y faire pénétrer le remède. Si on ne peut voir un médecin, il faut soigner de suite énergiquement cette plaie enflammée. Avec des ciseaux ou un canif qu’on purifie au feu auparavant, on élargit la plaie, on coupe les chairs mortes, de manière à pouvoir bien faire pénétrer le remède partout pour qu’il lave et purifie la blessure dans tous ses coins. Cette opération-là doit être faite avec prudence, car on risque de couper une grosse veine par où s’échapperait tout le sang du malheureux. Si le malade n’a pas de fièvre, c’est que la plaie, la blessure, a été lavée comme il faut, et qu’il n’y est resté aucun microbe fabriquant du pus. Dans ce cas, il faut bien se garder de larguer les linges pour voir la plaie ; moins on y touche, mieux ça vaut. Si la fièvre revient encore, il faut tâcher de voir un médecin, aussitôt qu’on sera à terre, car cette fièvre est causée par du pus qui se répand dans le corps et empoisonne le sang. Ce que nous venons de dire s’applique aussi aux panaris, furoncles et à tous les abcès chauds. Vous voyez comme le remède qui tue les microbes a un rôle important : il est heureusement facile de le posséder à bord ou à la maison. Le meilleur est la solution de sublimé (poison violent) ou encore l’eau phéniquée (à 10 grammes d’acide phénique pour un litre d’eau), ou encore l’eau de javelle. A défaut de ces drogues-là, on peut laver la plaie avec de l’eau-de-vie, du rhum au moins de cette manière, à l’extérieur. ces alcools sont capables de faire un peu de bien en empoisonnant les mauvais microbes des plaies. Un autre remède qui agit souvent avec succès et qui a l’avantage d’être très bon marché et pas du tout poison, c’est le bicarbonate de soude. On fait fondre à peu près 10 grammes de cette poudrelà dans un litre d’eau 1et on fait les lavages avec cette eau. Avoir soin de toujours jeter l’eau dès qu’elle a servi. Enfin un autre remède (celui-là c’est à boire), c’est de la lévurine: le pharmacien en indiquera la dose. En cas de panaris, d’anthrax, de furoncles, la lévurine est un très puissant remède ; à défaut de lévurine, on peut avaler de la levure de bière (bien fraîche), la valeur de deux cuillères à café par jour, si on peut s’en procurer. Mauvaises piqûres, mauvaises morsures. - Voici une piqûre de poisson, une morsure de chien qui a mauvaise apparence, ou même simplement 1 Y ajouter quelques grammes d’Eucalyptol, si un peut en avoir. qui donne des craintes... Vite, il faut presser de tous les côtés pour en faire sortir beaucoup de sang ; bien vite aussi, il faut arrêter le courant de sang, sans perdre une minute, de manière que le sang déjà vicié n’aille pas dans le corps corrompre le reste : pour cela on fait un amarrage un peu souqué avec un mouchoir au-dessus de l’endroit blessé. Puis, élargir le trou avec un couteau très propre (purifié au feu), et aussitôt laver cette plaie avec du sublimé (poison) ou bien, si on n’en a pas, avec de l’eau bouillie ou de l’eau de javelle. Il faut brûler la plaie au fer rouge avec un clou pointu ou épissoir rougi au feu. Si la plaie noircit, enfle, donne de la fièvre, il faut brûler la plaie au fer rouge (avec un clou pointu ou épissoir rougi au feu, si on ne peut aller voir de suite un médecin). Après ça, larguez l’amarrage du bras, car ce serait dangereux d’arrêter le courant du sang pendant plus d’une heure. Il faut donner au malade beaucoup de café, mais sans cognac ni aucune boisson alcoolique. Donner aussi un demi-gramme de quinine, si possible. Brûlures. - Il y a beaucoup de remèdes contre les brûlures. Rappelez-vous qu’il faut les traiter comme plaies, c’est-à-dire avec de grands soins de propreté, lavages à l’eau bouillante ou au sublimé (poison) ; puis, panser la brûlure en la couvrant de vaseline boriquée, et par-dessus du linge bien propre. Lorsqu’il y a des ampoules pleines de liquide, il faut les percer avec une aiguille propre. Mettre de la ouate au sublimé, si on en a, entre la brûlure et le linge. Lorsqu’il y a des ampoules pleines de liquide, il faut les percer avec une aiguille propre (pour rendre propre l’aiguille, chauffez-la un instant sur une chandelle, ou au feu). Si la brûlure est grande et donne beaucoup de fièvre et de douleurs, consultez un médecin. Au bout de quelques jours, si la brûlure ne fait pas de pus, c’est qu’elle a été bien soignée. Dans ce cas elle guérira assez vite ; ne touchez pas au pansement. Membres cassés (Fractures). - Un bras ou une jambe cassés, voilà un accident qui n’est pas rare. Rapprocher l’une de l’autre les deux parties cassées. Vous savez à peu prés ce qu’il faut faire ; rapprocher l’une de l’autre les deux parties cassées, niais n’oubliez pas deux choses, si vous voulez que les os se recollent, bien et rapidement : 1° il faut que les deux bouts de l’os cassé soient réunis bien en face l’un devant l’autre ; 2° il faut qu’ils ne puissent plus se déranger de cette position pendant 15, 20, 30, 40 jours. Comment arrêter le sang de couler. Il vaut mieux ne pas chercher à faire ce pansement-là vous-même. Si vous êtes à terre, portez le blessé chez le médecin ; si vous êtes en mer, faites un pansement provisoire pour qu’il puisse attendre le moment de voir le médecin sans que le mal risque de s’aggraver. Pour faire ce pansement provisoire, on dégage en douceur la jambe ou le bras cassé et on le met à nu : si on voit l’os qui a percé la peau, on lave avec grand soin, le mieux possible, l’entourage de la plaie avec de l’eau de mer, ou du sublimé (poison) ou de l’eau de javelle; ensuite on recouvre la plaie, sans chercher à faire rentrer l’os, avec du linge bien propre, mouillé du remède que l’on a (sublimé ou eau de javelle ou eau de vie). Puis on pose le membre cassé sur une planche que l’on a garnie auparavant avec de l’étoupe ou de la paille, et on amarre délicatement le membre sur la planche avec des bandes de toile ou du vieux filin, juste assez serré pour que ça ne puisse plus se déplacer pendant le transport chez le médecin. Quand il survient de la fièvre, il faut craindre que ça tourne mal ; il ne faut pas hésiter à voir, le plus tôt possible, un médecin (et non pas un rebouteur). Pertes de sang (Hémorragies).- Quand le sang coule, coule avec force d’une blessure, vous savez comment on l’arrête : vous faites un tampon avec un linge bien parfaitement propre, mouillé de sublimé (poison) ou bien trempé dans de l’eau de mer ou du cognac, et vous bouchez le trou, le mieux que vous pouvez, avec vos mains que vous avez bien savonnées auparavant. Par-dessus, mettez un bandage avec un mouchoir qui maintient le bouchon en place. Si le sang coule par secousses, ça veut dire qu’un gros canal, une artère est coupée ; alors il faut souquer avec un mouchoir le bras ou la jambe blessé, au-dessus de l’endroit blessé, entre le corps et la blessure, pour arrêter le courant du sang. Si le sang coule régulièrement en faisant de la mousse, ce sont des petites veines qui ont été coupées : dans ce cas-là, c’est le bout du bras ou de la jambe qu’il faut serrer, non pas entre la plaie et le corps, mais entre la plaie et le bout libre. N’oubliez pas qu’il ne faut pas trop souquer, surtout pas trop longtemps, autrement cela ferait mourir le membre trop souqué, et il se mettrait vite à pourrir de gangrène. Si la coupure est longue et profonde, tâchez de voir un médecin le plus tôt possible ; car s’il recoud la plaie sans tarder elle guérira en quelques jours, tandis que sans cela elle risque de s’enflammer, de faire du pus et d’empêcher l’homme de travailler pendant plusieurs semaines. Heureux même si ça ne tourne pas plus mal. Tenir sur la bosse des linges trempés d’eau froide, qu’on arrose souvent. Plonger de suite dans de l’eau très froide le membre qui a subi ce mauvais effort, et le laisser ainsi une demi-heure. Il n’y a guère le remède pour se rétablir vite ; c’est la bonne nature qui se charge de faire à elle toute seule la réparation. Coups (Contusions). - Quand une grosse bosse vient sur un endroit qui a reçu un coup (coup de sabot, coup de pierre, coup de bâton, etc.), et que le membre s’engourdit, il est bon d’y faire quelque chose. Tenir sur la bosse des linges trempés d’eau froide, qu’on arrose souvent. Si on a de l’eau blanche ou de l’alcool camphré : en mettre des compresses dessus. Faire boire du café au malade s’il est étourdi par la secousse. Foulures, entorses. - C’est en général le pied ou le poignet qui attrape les foulures et les entorses. Plonger de suite dans de l’eau très froide le membre qui a subi ce mauvais effort, et le laisser ainsi une demi-heure. Ensuite, avec une bande de toile, on entoure la partie malade en souquant un peu la toile. Après cela on peut continuer à se servir du pied ou de la main, tout en le ménageant. Si la douleur ne mollit pas, il ne faut pas se forcer, mais laisser le membre au repos et le frictionner avec de l’huile, un peu rudement. Tour de reins, mauvais effort dans les cuisses. - Les mâts de misaine, les manœuvres d’ancres, les efforts au guindeau, vous jouent souvent de vilains tours. Pendant un violent effort des reins, on éprouve tout à coup une vive douleur et on largue tout sans force... C’est un muscle du dos qui vient de manquer. Il n’y a guère le remède pour se rétablir vite ; c’est la bonne nature qui se charge de faire à elle toute seule la réparation. Pourtant, on peut l’aider en se faisant faire des frictions avec de l’huile camphrée et en se faisant mettre par le médecin ou le pharmacien 4 ou 5 ventouses scarifiées. En tous cas, il faut éviter absolument, et pendant quelques semaines, de faire des travaux pénibles et des efforts. Hernies. - Vous connaissez tous la hernie ; c’est une espèce de boule qui paraît dans le bas du ventre sur le côté, et qui descend ensuite dans les parties. Ça vient souvent un jour qu’on a fait un effort trop grand en travaillant. C’est une partie de boyau qui est sortie de sa place. C’est une partie de boyau qui est sortie de sa place. Il faut empêcher absolument que cette boule sorte davantage, et même il faut essayer avec les doigts, tout doucement, de la faire rentrer à sa place. Pour faire cela, allongez le malade sur le dos, avec un paquet sous les cuisses, de façon à faire un peu plier les jambes ; puis, couvrez la boule avec un linge mouillé d’eau froide toujours refroidie, ou plein de débris de glace, et laissez-le pendant plusieurs heures. Lorsque cette boule est rentrée, il faut empêcher qu’elle ne ressorte ; pour ça on met une ceinture exprès, et puis on place en dedans, entre la ceinture et la boule, un petit paquet de linge un peu dur, qui appuie bien sur la boule et la force à rester à sa place dans l’intérieur du corps ; si on ne peut pas faire rentrer la boule par la douceur, si elle est sortie depuis plus de 24 heures et que le malade vomisse et souffre beaucoup, il faut voir le médecin, car lui seul peut savoir ce qu’il y a à faire. En attendant, laisser les pansements froids sur la boule. Nous conseillons beaucoup à tous ceux qui ont une hernie, de prendre conseil d’un médecin qui leur dira si leur hernie peut devenir dangereuse. Depuis quelques années, les médecins réussissent à guérir complètement et pour toute la vie les mauvaises hernies au moyen d’une opération. Étouffements (Asphyxie). - Vous savez que pour vivre il faut absolument respirer ; si l’air ne peut plus arriver jusque dans la poitrine, on se met à étouffer : l’asphyxie commence et ne tarde pas à faire mourir. L’asphyxie peut prendre de plusieurs manières : 1° Par l’eau. - Quand on se noie, c’est que l’eau prend la place de l’air ; Remarquez bien que ces mauvais gaz sont tout à fait traîtres, car ils n’ont aucune odeur et aucune couleur. 2° Par les mauvais gaz que fait le feu. - Aussi, dans une cabine de bord, ou une chambre petite, il faut bien veiller que le tuyau du poêle emmène dehors les gaz et la fumée du feu. Si par malheur ces mauvais gaz ne sortent pas facilement par le tuyau, il en reste dans la chambre : ça engourdit, ça endort, et ça peut tuer les malheureux qui se laissent aller au sommeil dans ces conditions. Remarquez bien que ces mauvais gaz sont tout à fait traîtres, car ils n’ont aucune odeur et aucune couleur. La fumée fait tousser, mais elle n’est dangereuse que parce qu’elle contient de ces mauvais gaz dont je vous parle, qui sortent du feu en même temps qu’elle. 3° Les malheureux qui se pendent par le cou, ceux-là encore meurent par asphyxie ; la corde qui les étrangle ferme le canal de la respiration ; On cherche à faire rentrer l’air dans la poitrine en faisant certaines manœuvres qui forcent la poitrine à se gonfler et se dégonfler. 4° Ceux qui restent à respirer les mauvais gaz au-dessus des cuves à cidre, dans les fosses pleines d’ordures, ou tout simplement dans une cabine de bord trop bien fermée. Voici comment on soigne tous les asphyxiés : On cherche à faire rentrer l’air dans la poitrine en faisant certaines manœuvres qui forcent la poitrine à se gonfler et se dégonfler. Vous trouverez expliqué tout cela dans le chapitre « Soins aux noyés ». Ce n’est pas la peine de vous répéter ici comment il faut manœuvrer la langue et les bras du malheureux qu’on soigne, puisque vous trouverez tout cela dans l’instruction de la dite page. Empoisonnements. - Un homme qui est pris de grandes douleurs dans le ventre avec vomissements, coliques et diarrhée, douleurs de tête et grande fatigue, est probablement empoisonné. Il faut le faire vomir bien vite, mais auparavant il faut lui faire avaler beaucoup, beaucoup d’eau chaude, pour affaiblir le poison. Il faut le faire vomir bien vite, mais auparavant il faut lui faire avaler beaucoup, beaucoup d’eau chaude, pour affaiblir le poison. Il faut aussi le faire suer tant qu’on pourra et lui donner de grands lavements d’eau tiède si c’est possible. Il y a plusieurs manières de faire vomir : la meilleure, c’est la poudre d’ipéca (un gramme dans de l’eau tiède) ; mais il y a aussi d’autres moyens plus simples : avaler du sel et de la moutarde dans de l’eau tiède ; chatouiller le fond de la bouche avec une plume d’oiseau, une cuillère ou le doigt. Quelques heures après, on pourra lui donner une bonne purge ; ça fera très bon effet, surtout si c’est la nourriture qu’on a mangée qui contenait le poison. La purge la moins chère et très bonne, c’est 40 grammes de sulfate de magnésie à faire fondre dans un demi-litre d’eau tiède. Vous savez que la nourriture qui reste plus de deux jours dans un pot ou une casserole peut devenir malsaine, dangereuse, et donner des coliques. La viande aussi peut empoisonner quelquefois. Mangez toujours la viande très cuite, lorsqu’elle n’est pas très fraîche. Surtout ne croyez pas que la viande est nécessaire pour fortifier et pour bien nourrir : le pain, le poisson, les légumes secs, les graisses, le sucre, le beurre et les huiles, tout ça nourrit autant et ne donne pas de maladies, comme peut faire la viande. Regardez les riches qui mangent beaucoup de viande ; ils ont dix fois plus de maladies que vous. Il n’y a qu’une chose à faire : allonger le malheureux à plat par terre et même les pieds un peu plus hauts que le corps, la tête un peu plus basse. Nous ne parlons pas des contrepoisons parce qu’il n’y a que le médecin qui peut savoir les donner ; et puis, d’ailleurs, on ne sait pas la plupart du temps quel est le poison qui vous a rendu malade ; car vous savez, il y a des remèdes différents pour chaque poison : des contrepoisons spéciaux pour chacun des poisons. Évanouissements. - Sous le coup d’une grande douleur, d’une forte perte de sang, d’une vive émotion, un homme peut perdre connaissance et s’évanouir... Il n’y a qu’une chose à faire : allonger le malheureux à plat par terre et même les pieds un peu plus hauts que le corps, la tête un peu plus basse. Dégager le cou, la ceinture, jeter de l’eau froide sur la figure. Mais surtout ne pas relever, ni même asseoir l’homme, avant qu’il ait repris ses sens. Les hommes saouls risquent beaucoup d’attraper du mal et même la mort par refroidissement. Ivresse mauvaise. - Voilà un pauvre camarade qui a trop bu de tafia ou d’ab- sinthe, et il parait très malade. Tâchez de le faire vomir avec un peu d’eau chaude, et faites-lui boire, si vous en avez, quelques gouttes d’ammoniaque (alcali volatil) que vous aurez versé dans un verre d’eau. S’il est pris de grandes colères, de mouvements fous, il faut le maintenir et le désarmer, après avoir ouvert les vêtements et écarté tout ce qui peut l’étrangler et gêner sa respiration. Faire grande attention à ne pas le laisser refroidir : les hommes saouls risquent beaucoup d’attraper du mal et même la mort par refroidissement. Tous les hivers, il y a un bon nombre de buveurs d’alcool qui attrapent des mauvaises maladies, de poitrine surtout, par suite de leur malheureux goût pour l’eau de vie. Insolation, coup de soleil. - Il arrive quelquefois que le soleil frappe d’étourdissement un homme qui a la tête nue, ou qui a trop bu d’eau de vie ; on le voit alors chanceler comme s’il était ivre et tomber par terre sans connaissance. Vite, il faut le porter à l’ombre, l’étendre tout de son long, dégager cou et ceinture, lui tenir sur la tête des compresses d’eau froide et lui frictionner rudement tout le corps. Ensuite, il faut qu’il reste au repos et au calme pendant quelque temps. Si la fièvre vient avec beaucoup d’agitation, il faut faire venir un médecin si c’est possible. II. - Secours aux noyés. Comment il faut soigner ceux qui sont tombés à la mer. - N’oubliez jamais qu’il faut travailler, non pas à chercher à faire sortir l’eau, mais surtout à faire rentrer l’air dans la poitrine, car c’est le manque d’air qui fait périr. Et ne jamais économiser son temps et sa peine auprès d’un homme qu’on vient de repêcher, car on a vu des malheureux revenir à la vie après avoir séjourné plusieurs heures dans la mer et après 4, 5, 6 heures de soins. Coucher l’homme sur le côté droit en lui mettant sous la tête quelque chose pour la lui relever un peu. Ouvrir sa bouche et coincer entre ses dents un bout de liège pour qu’elle reste ouverte, puis le déshabiller vivement de tout, et le frotter rudement avec de la laine en l’abritant du vent le plus possible. En même temps il faut faire la manœuvre la plus importante qui est de chercher à faire remettre en marche les mouvements de la respiration. Pour cela, deux moyens : 1° On lui croche la langue avec les doigts et on hale dessus, en douceur, pour l’allonger hors de la bouche, puis on mollit, et on la laisse revenir en dedans ; et on fait ça dix à quinze fois par minute Après ça, on recommence la manœuvre de la langue... puis la poitrine... puis la langue... et ainsi toujours, sans se décourager, pendant plusieurs heures. 2° Au bout d’un quart d’heure de cette manœuvre, on en essaye une autre. La poitrine étant un vrai soufflet, il faut forcer la poitrine du noyé à se gonfler pour qu’elle attire de l’air en dedans, et l’obliger ensuite à se dégonfler pour qu’elle repousse cet air qui a servi. Pour cela, on commence par replier les deux bras du noyé et on les serre un peu contre sa poitrine ; de cette manière, on force la poitrine à se gonfler ; cela fait appel d’air vers l’intérieur. Puis on relève les bras du malheureux, et on les élonge le long de sa tête, étendus ; et cela fait alors aplatir et vider la poitrine. Et on continue ainsi un autre quart d’heure. Après ça, on recommence la manœuvre de la langue... puis la poitrine... puis la langue... et ainsi toujours, sans se décourager, pendant plusieurs heures. Faire chauffer des briques, des couvertures, pour essayer de réchauffer le pauvre corps. Quelquefois, presser un peu sur le ventre, puis sur la poitrine, pour essayer de faire sortir de l’eau par la bouche. Frictionner tout le corps avec une brosse, si on en a. Ne jamais faire rien boire tant que le noyé n’a pas donné signe de vie. Et même dans ce cas, ce n’est pas de l’eau de vie, mais bien quelque boisson très chaude qu’il faut lui donner. Surtout, il ne faut pas craindre sa peine. Du moment qu’un corps n’a pas de traces de vraies blessures, pas de taches vertes sur le ventre, et pas de mauvaise odeur, mettezvous vite à l’ouvrage autour de lui, et essayez de le faire revenir à la vie. Si ce corps n’a pas plus de cinq ou six heures de séjour dans l’eau, personne, même pas un médecin, ne peut affirmer qu’il est sûrement mort. III. - Notions générales sur les maladies. La santé passe avant tout. Un pêcheur qui tombe malade ou qui devient infirme, c’est souvent le malheur et la misère pour lui et tous les siens. Donc, il faut que le marin, lorsqu’il se porte bien, se méfie davantage des maladies qui le guettent. Et, lorsqu’il est malade, il faut qu’il se soigne mieux qu’il ne fait d’habitude. C’est tout de suite qu’il faut faire attention à son mal : aussitôt qu’on se sent malade. Soyez tranquilles, ce n’est point de la dépense ni des cérémonies inutiles que nous vous conseillons : nous voulons vous donner le moyen d’économiser votre vie et votre argent, en vous aidant à vous défendre, à vous préserver des mille maladies qui vous menacent. Si vous nous écoutez, vous échapperez à beaucoup de maux, et aussi vous guérirez plus vite quand vous serez malade. Le plus grand nombre des maladies sont contagieuses, c’est-à-dire qu’elles sautent facilement d’un homme sur un autre sans qu’on puisse les voir. Pourquoi et comment ? direz-vous. les microbes, ce sont des espèces de petites anguilles si petites, si petites, qu’il faut, pour les voir, une sorte de longue-vue faite exprès, qui se nomme microscope. Cet instrument-là fait voir 600 et 800 fois plus gros. Ecoutez, c’est très facile à comprendre. Voici comment elles viennent, les maladies : les maladies sont faites par des microbes ; les microbes, ce sont des espèces de petites anguilles si petites, si petites, qu’il faut, pour les voir, une sorte de longue-vue faite exprès, qui se nomme microscope. Cet instrument-là fait voir 600 et 800 fois plus gros. - Quand vous regardez une goutte l’eau, de lait, de sang, avec le microscope, vous voyez des espèces de petites anguilles le plusieurs formes et par milliers. C’est ça des microbes. Tous les microbes ne donnent pas des maladies ; il y en a des bons, il y en a des mauvais. Les savants commencent à en connaître beaucoup d’espèces. Chaque espèce fait un ouvrage différent ; c’est un microbe qui fait fermenter les jus de raisins et de pommes et qui les change en vin et en cidre ; c’est un microbe qui fait pourrir le poisson, la viande, le bois ; c’est un microbe qui fait aigrir le vin, le cidre, le lait. Et ce sont aussi les microbes différents qui font des maladies telles que le choléra, les mauvaises fièvres, la fièvre typhoïde, la dysenterie, le croup, les maladies de gorge, de poitrine, des yeux, le la peau, la pourriture des plaies, la vérole, la coqueluche, la scarlatine, la rougeole, la variole, et tant d’autres encore. Il n’y a pas à dire que c’est des idées de savants, puisque nous connaissons très bien ces microbes, et puisque nous les cultivons et les élevons à volonté dans nos laboratoires de médecine. Le microbe y mouille toutes ses ancres et se met à travailler, c’est-à-dire à pourrir et à désorganiser l’endroit où il est. Ces tout petits êtres se promènent partout par milliers : sur les poussières de l’air, dans l’eau, dans le lait, le vin, le bouillon, le sang, les ordures, dans le nez, les oreilles, la bouche, etc. Quand un microbe arrive dans un corps qui lui convient, c’est-à-dire dans un corps qui se trouve moins résistant parce qu’il a subi des fatigues, du grand froid, de la grande chaleur ; quand un microbe rencontre un organisme qui ne fonctionne pas bien, parce que l’estomac est brûlé par les boissons fortes, ou bien parce que la poitrine est affaiblie par le mauvais air des ateliers des villes, allez, ça y est : le microbe y mouille toutes ses ancres et se met à travailler, c’est-à-dire à pourrir et à désorganiser l’endroit où il est. En même temps il se met à faire des petits avec une rapidité si grande, qu’au bout de 24 heures, il y a déjà des milliers de petits microbes qui, eux aussi, travaillent à détraquer le pauvre corps, et qui se répandent plus loin. Voilà ce que c’est que les maladies contagieuses. Tout cela, chers amis, c’est pour vous faire bien comprendre la manière d’échapper aux maladies et de les soigner. Vous comprenez tout de suite que le grand remède des maladies, c’est celui qui peut tuer les microbes. Ce remède, qu’est-ce que c’est ? Il y en a plusieurs : parlons d’abord des drogues. Ces drogues se nomment antiseptiques. Il y a beaucoup de drogues qui tuent les microbes, mais elles ont des défauts. Il y a des drogues qui sont des poisons pour nous aussi ; celles-là tuent les microbes, mais elles peuvent nous faire grand mal, si on ne prend pas de précautions ; d’autres sont très chères ; d’autres ne tuent pas toutes les espèces de microbes. Le sulfate de quinine, a solution de sublimé... Pour le moment, voici les deux meilleures que nous puissions vous conseiller. Pour l’intérieur du corps (pour avaler), c’est le sulfate de quinine (à la dose de 1 demi gramme). Pour l’extérieur du corps, c’est-à-dire pour laver les plaies et la peau d’un malade, c’est la solution de sublimé (à un quart de gramme par litre d’eau). Faites bien attention, mes amis, à enfermer toujours la bouteille de sublimé, de peur qu’un enfant n’y goûte, car c’est un grand poison si on l’avale. N’oubliez pas non plus que cette drogue ne doit jamais vous servir plusieurs fois ; celle qui a servi une fois à laver un mal doit être jetée aussitôt après. Oui, chers amis, les mauvais microbes n’ont pas de plus grands ennemis que la lumière du soleil et le grand air. Mais, pour tuer les microbes, il y a aussi d’autres remèdes plus simples et souvent meilleurs. Ceux-là, tout le monde peut s’en payer, surtout si on n’habite pas les grandes villes. Ces remèdes, c’est le soleil et c’est l’air pur. Oui, chers amis, les mauvais microbes n’ont pas de plus grands ennemis que la lumière du soleil et le grand air. Il y a beaucoup de maladies, par exemple les maladies de poitrine (les tuberculoses), qui peuvent guérir sans aucun autre remède. Vous vivez au grand air, vous autres, pour sûr ; mais malheureusement, dans vos maisons, vous habitez souvent très nombreux. Le grand air et le soleil n’y entrent pas assez abondamment. Et pourtant, vous voyez comme c’est important ; n’ayez donc pas peur de laisser toujours portes et fenêtres ouvertes ; et puis aussi, prenez de grandes précautions de parfaite propreté, des fréquents nettoyages soigneux au savon et à l’eau chaude, quand vous avez un malade chez vous. Donc, pour rester bien portants, et aussi pour guérir plus vite des maladies, soyez les grands amis du soleil et du vent, dans vos maisons ou dans vos cabines de bord. Laissez les fenêtres ouvertes, même la nuit ; ne craignez pas les courants d’air pour les malades ; l’air pur, c’est le meilleur remède pour les malades ; à condition, bien entendu, que leur corps soit assez couvert pour qu’il ne souffre pas du froid.. Quand vous habitez auprès d’un malade, défiez-vous beaucoup de ses crachats et de ses ordures ; il faut absolument que crachats et ordures soient brûlés ou enterrés très profond ; il faut que les linges salis, la literie et les vêtements de malade soient bouillis, avec de l’eau et des cristaux de soude. Autrement, gare à la contagion pour les voisins. Après la mort d’un malade, une précaution bien utile pour les vivants qui habitent la même chambre, c’est de tuer les microbes répandus par les ordures, les crachats ou par la respiration du malade : pour cela, il faut laver le plancher, le lit, et tout ce qui a servi à ce malade, avec du sublimé (poison) ou bien avec de l’eau dans laquelle on a fait fondre des cristaux de sulfate de cuivre ; il faut lessiver tous les linges, couvertures, vêtements qui lui ont servi, et puis enfin faire brûler dans la chambre deux kilos de soufre2, et blanchir les murs à la chaux, si c’est possible. Défiez-vous beaucoup de l’eau que vous buvez. Ainsi, quand il y a près de chez vous plusieurs personnes malades d’une grave maladie (comme : typhus, choléra, mauvaises fièvres, croup, etc.), donnez-vous la peine de faire bouillir, le matin, l’eau que vous boirez dans la journée. Une eau qui a bouilli ne contient plus de microbes et on peut la boire en confiance. Une bonne manière de boire de l’eau bouillie, c’est de mettre dedans 2 Pour cette manœuvre-là, il faut mettre le soufre dans un vieux chaudron, placer ce chaudron sur une pierre plate ou deux briques au milieu de la chambre ; bien fermer fenêtres, cheminées et ouvertures, puis mettre le feu au soufre et s’en aller en fermant la porte, Au bout de quelques heures, on peut rentrer pour ouvrir les fenêtres et habiter de nouveau la chambre. quelques feuilles de thé ; ça fait une boisson très saine, agréable, et pas chère si vous vous contentez de peu de thé. N’oubliez pas que ça ne sert à rien, absolument à rien, de mettre dans l’eau, soitdisant pour la purifier, de l’eau de vie, de l’absinthe, du vin : rien de tout cela ne tue les mauvais microbes, quand ce n’est pas tout à fait pur, sans eau. Une habitude utile, c’est de se savonner de temps en temps la tête et de porter les cheveux coupés ras. Brosser ses dents au savon et à l’eau très salée, est aussi une bonne manière de les conserver et d’éviter les douleurs de dents. Quand vous allez trouver un rebouteur, un sorcier ou une sorcière, comme on dit dans le Finistère, pour vous faire soigner, réfléchissez donc combien c’est dangereux. Et vous, jeunes gens, qui prenez plaisir à vous laisser mouiller, tandis que vous avez près de vous votre ciré qui pourrait vous abriter, ne vous amusez donc pas en mer à chercher comme cela les rhumatismes ! Mais oui : il y a un tas de jeunes marins qui ont une mauvaise honte de capeler leur capote cirée aussitôt qu’il pleut : ils attendent d’être bien mouillés ; alors, ils finissent par se décider. Cela, c’est de l’enfantillage bon pour des mousses de 10 ans, qui ne réfléchissent pas aux rhumatismes qui font vieillir et souffrir. Ça arrive déjà bien assez souvent qu’on soit forcé de rester mouillé des journées entières. Pour finir, écoutez un vrai bon conseil. Quand vous allez trouver un rebouteur, un sorcier ou une sorcière, comme on dit dans le Finistère, pour vous faire soigner, réfléchissez donc combien c’est dangereux. Un bras cassé, ça peut être quelquefois soigné par un rebouteur parce que la bonne nature suffit souvent toute seule à réparer la cassure ; mais, lorsqu’il s’agit des autres maladies de mille espèces qui tourmentent le monde, les sorciers sont complètement incapables de savoir guérir. Quand ils réussissent, c’est que le hasard ou la force de tempérament du malade ont travaillé à leur place. Savez-vous bien qu’un médecin travaille plus de quinze ans dans les villes et dépense souvent vingt à vingt-cinq mille francs pour apprendre son métier ? Comment voulez-vous qu’un homme de la campagne, même très fin et très adroit, puisse savoir tant de choses sans avoir appris. IV. - Conseils aux jeunes mères. Une fois l’enfant au monde, la mère doit, pour bien faire, rester tranquille, couchée ou allongée pendant huit jours. Si la mère reste faible, si elle tousse, et qu’elle ait de la fièvre, il ne faut pas qu’elle nourrisse. La plus grande partie des maladies qui affligent les femmes (la faiblesse, le mal de ventre, le mal de reins) seraient faciles à éviter si on prenait plus de soin de la femme au moment de la naissance des enfants. C’est vrai que c’est un acte naturel qui peut, dans certains cas, se passer tout seul, mais souvent avec quelques soins on préserve la femme de bien des misères pour l’avenir. Ainsi, quand l’enfant tarde à venir, ou bien quand il se présente mal, ou qu’il y a des difficultés, il faut faire venir sans hésiter une sage-femme, mais une vraie sage-femme, qui a fait vraiment des études. La sagefemme fera le nécessaire et neuf fois sur dix elle préservera la malade d’infirmités très gênantes, et peut-être de la mort. Une fois que l’enfant est né, il faut beaucoup de calme et d’air autour de la mère; il est une très mauvaise coutume : c’est la réunion de nombreuses voisines dans la chambre ; ça fatigue la mère et ça peut faire venir la fièvre, ce qui est toujours dangereux. Mauvaise habitude de faire le fricot de baptême près de l’accouchée : tout ce monde la fatigue - et puis c’est une occasion de faire boire du cognac à la mère et souvent aussi à l’enfant, soi-disant pour les fortifier ! Aussi, étonnez-vous donc après ça si la mère reste malade et si l’enfant vomit !!! Une fois l’enfant au monde, la mère doit, pour bien faire, rester tranquille, couchée ou allongée pendant huit jours. En tout cas, quatre jours sont indispensables, même pour les plus vigoureuses : commencer à marcher et à travailler plus tôt c’est une grosse faute que beaucoup de femmes paient très cher dans la suite : les sages-femmes ne cessent de le répéter avec raison ? Nourrissage. - Si la mère reste faible, si elle tousse, et qu’elle ait de la fièvre, il ne faut pas qu’elle nourrisse : ça serait le malheur de l’enfant et en même temps de la mère. La mère qui nourrit doit être assez raisonnable pour régler les tétées et ne pas donner le sein à l’enfant toutes les fois qu’il crie : une tétée toutes les deux heures, c’est la bonne règle pour voir l’enfant grossir vite, sans diarrhée, et pour ménager les forces de la femme. Et dans les premiers temps, chaque tétée ne doit pas durer plus le dix minutes. Jusqu’à six mois, c’est le lait seul qui doit nourrir l’enfant, si on veut éviter les coliques et les diarrhées affaiblissantes. Une grosse erreur c’est de croire que les soupes, les bouillies, les pommes de terre données à un bébé de trois mois peuvent le fortifier : c’est tout le contraire. Un mal qui souvent fait souffrir les nourrices, ce sont les crevasses ou gerçures des bouts des seins. Pour éviter cela, il est bon de laver souvent les bouts des seins avec de l’eau bicarbonatée. Quand le mal «aboutit», il faut tenir sur le bout malade des morceaux de linge très propre mouillés d’eau bicarbonatée. Quelquefois, la mère est obligée de renoncer à nourrir, quand ses crevasses se sont envenimées et que le mal est trop enflammé. Almanach 1904 : P. 151 REMÈDES CONTRE LE MAL DE DENTS ! Ah ! le mal terrible lorsque surtout on est forcé de travailler quand même, et sous le vent et la pluie ! ! ! Permettez à un ami, qui a bien souvent guéri ses douleurs de dents, de vous dire ce qui lui a réussi. Je suis certain que ces indications pourront soulager beaucoup de ceux qui les essaieront. Avant tout, celui qui souffre des dents violemment doit se rendre compte s’il a un abcès, ou s’il n’en a pas. Si vous ne sentez pas d’abcès, c’est-à-dire si la douleur est générale dans toute la mâchoire, et sans sensation de battement nulle part, il y a peu de chose à faire. Si vous sentez des battements aux environs d’une dent c’est le signe certain qu’un abcès cherche à se faire. 1) Si vous ne sentez pas d’abcès, c’est-à-dire si la douleur est générale dans toute la mâchoire, et sans sensation de battement nulle part, il y a peu de chose à faire, ou, pour mieux dire, il n’est pas certain que vous arriviez à vous soulager ; pourtant il faut essayer les moyens suivants : prendre un quart de gramme de sulfate de quinine matin et soir durant deux jours ; ou encore appuyer, une seconde, sur la gencive qui est la plus douloureuse, un petit bouchon d’ouate imbibé de teinture d’iode, et cracher aussitôt. Si on sent quelle est la dent malade, on la soignera de la façon suivante : si elle a un creux, dans ce creux (qu’on aura d’abord bien nettoyé, puis bien séché avec des petits bouclions d’ouate tournés sur de fines épingles) on introduira un petit bouchon d’ouate imbibé d’eucalyptol, et cela plusieurs fois par jour; on pourrait remplacer l’eucalyptol par de l’acide phénique pur, mais, comme ceci brûle beaucoup la chair et qu’il ne faut pas s’exposer à en avaler, nous ne pouvons conseiller son emploi qui demande des précautions. 2) Si vous sentez des battements aux environs d’une dent c’est le signe certain qu’un abcès cherche à se faire. Dans ce cas, voici la manière presque assurée de vous soulager, et de vous guérir ensuite : L’abcès se forme à la racine de la dent, laquelle racine communique avec l’intérieur de la dent par un petit canal. Or, c’est parce que ce canal se trouve bouché que vous éprouvez de la douleur ; il faut arriver, en sondant avec un fil de fer extrêmement mince l’intérieur de la cavité de la dent, à trouver l’entrée de ce petit canal ; puis, vous y glissez le fil de fer pour le dégager. Aussitôt que vous aurez senti glisser dans le canal votre petit fil de fer, vous éprouverez une vive douleur et puis ce sera fini: plus mal du tout ; le pus de l’abcès s’écoulera par ce canal, et, plus tard, si vous recommenciez à souffrir vous n’auriez qu’à déboucher de nouveau ce canal que la nourriture se trouverait avoir fermé. Seulement, pour arriver à guérir tout à fait la dent, c’est-à-dire l’abcès, il sera bon de faire tenir, si vous le pouvez, dans le creux de la dent, un tampon d’ouate (gros comme une tête d’épingle) imbibé d’eucalyptol, et que vous renouvellerez tous les deux ou trois jours... Grâce à ces indications très simples, vous avez quelques chances de vous soulager, ô vous tous qui vous débattez contre ce mal insupportable. « Un qui a de très mauvaises dents »