Roanne : bienvenue dans la jungle urbaine

&
ProAménagement
des villes
Aires de jeux
En écho aux espaces engazonnés attenants,
l’aire de jeux des moins de 6 ans a été recouverte
de gazon synthétique.
Roanne : bienvenue
dans la jungle urbaine !
Développement des capacités dynamiques, apprentissage des règles de vie, cohésion
sociale… Les aires de jeux ne se limitent plus à leur fonction purement ludique
et sont désormais considérées comme des destinations à part entière. Cap sur Roanne,
où deux aires de jeux pour le moins atypiques, aux dimensions improbables,
suscitent tout au long de la journée l’enthousiasme des petits comme des grands.
C
et aménagement-là ne
passe pas inaperçu aux
yeux des roannais ! Une
girafe en robinier de 7 m
de haut, sortant son long cou d’un
bosquet de platanes, et des cabanes sorties tout droit de l’univers
de Robinson Crusoé, concentrent
tous les regards dans le parc des
Promenades Populle, à Roanne. En
2014, deux aires de jeux de 300 m2
chacune ont effectivement été
créées au centre de ce parc, autrefois sans âme, à l’image de sa pièce
d’eau asséchée ou de son kiosque
abandonné. Objectifs lancés par
la municipalité : créer un milieu
animé où il n’est plus seulement
question de traverser un espace
récréatif, mais de s’approprier les
lieux, de retrouver un lien affectif
avec l’espace public et la ville. “Lors
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de la conception du projet de réaménagement de la Place des Promenades, la volonté de la Ville a été
de redonner une vraie ambiance de
jardin à cet espace vert historique
du centre-ville. Cette place avait
effectivement peu à peu perdu les
fonctions essentielles d’un jardin
(diminution des surfaces végétalisées, fontaines détériorées, aire
de jeu peu fréquentée…)” indique
Grégory Aymond, directeur des espaces verts de la Ville. Une requalification s’imposait. Lors de l’appel
d’offres, un projet, proposé par
l’agence TN+, retient toutefois l’attention des élus. “Quoi de mieux
que de proposer aux habitants une
jungle urbaine animée par le rire
des enfants pour recréer un espace
vivant” évoque Hervé Houy, paysagiste à l’Agence TN+, en charge du
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suivi de cet aménagement. Projet
retenu, avec malgré tout une certaine appréhension des élus mêlée
à un enthousiasme collectif, car
ce nouvel espace récréatif intégré
dans un parc paysager est pour
le moins surprenant. “En ce qui
concerne les aires de jeux, la commande de la Ville était d’en faire
un élément central du projet. Par
rapport à l’aire de jeux existante,
ce souhait s’est traduit par un doublement des surfaces de jeux, pour
arriver à une surface totale de 600
m². Les tranches d’âge visées ont
été élargies, avec deux aires distinctes : une pour les 3-6 ans et
une pour les 6-10 ans”. ajoute le
directeur des espaces verts. C’est la
société Pro Urba qui s’est chargée
des fournitures et de la pose des
aires de jeux.
Une aire de jeux pensée
dans son ensemble
Au-delà de son attribution purement ludique, une aire de jeux
est aujourd’hui une destination
à part entière et non plus un lieu
de passage, selon les termes de
Gilbert Mathot, gérant de Pro
Urba. Et une aire de jeux réussie
est une aire de jeux réfléchie. “Ce
n’est pas seulement une succession de jeux, mais c’est aussi un
revêtement de sol, du mobilier
urbain, des matériaux, des couleurs, des espaces paysagers…
Lorsque nous proposons un type
d’équipement, on sait qu’il sera
parfaitement intégré dans cet ensemble” souligne Carole Marcou,
dirigeant de Pro Urba. “Il faut
également se référer au milieu
existant, voir ce qui a marché ou
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pas, identifier les atouts paysagers… pour enfin dégager une
thématique ou tout du moins un
univers approprié. A Roanne, le
caractère paysager bien prononcé aux alentours des aires de jeux,
l’ombre quasi permanente, les
platanes vieillissants mais sains…
nous ont incités à créer un mini
zoo de bois avec des formes animales qui ont l’avantage de parler
à tout le monde, en particulier
aux enfants” ajoute Hervé Houy.
Et Grégory Aymond de préciser :
“les échanges entre la mairie et
les maîtres d’œuvre ont permis
de partir sur des jeux en bois : ce
choix a permis une belle intégration dans une place très arborée
et une originalité qui a marqué
les esprits. Ce choix a, en effet,
rendu ces aires de jeux uniques
et a attiré les enfants dès que les
premiers animaux sculptés ont
été installés”. Reste à déterminer
les équipements dans lesquels les
enfants pourront développer des
compétences fondamentales :
physiques, morales, sociales, sensorielles…
Les petits voient grands !
Des sculptures en bois, peintes de
couleurs vives, invitent les enfants
de moins de 6 ans à évoluer au
sein d’un parcours ludique et original. Il est composé de jeux sur
ressorts de 60 cm de haut, à l’effigie d’une coccinelle, d’un plateau
tournoyant surmonté d’une petite
girafe, d’un portique accueillant
un nid d’oiseau, d’un zèbre en robinier et d’une petite tour où il est
possible de grimper sur des filets,
de descendre sur un toboggan
en inox et même de tester son
équilibre sur un hamac géant en
polyéthylène. La plupart des matériaux sont en robinier, principalement pour leur résistance, leur
rusticité mais aussi leurs formes
ondulantes. Un aspect très design
et attractif qui incite les enfants
à retrouver un contact, même
récréatif, avec le bois, les arbres,
la nature. Tout ce qu’ils rêvent de
réaliser en pleine nature : monter
une cabane, marcher sur un tronc
en équilibre tel un funambule…
La girafe, visible au loin depuis les
D
es sculptures pour émerveiller !
Véritables œuvres d’art, les sculptures monumentales marquent
toute l’identité de l’aire de jeux, voire même au-delà. En effet,
toute une population se balade dorénavant dans un parc paysager pour se diriger vers une nouvelle destination : deux aires de
jeux aux allures de jungle urbaine, dont le succès ne cesse de faire
des envieux. “Le week-end, il faut faire la queue comme dans un
parc” indique Hervé Houy. En cause : un zèbre au format d’un
petit poney et une girafe de 7 m de haut, tout en robinier et sculptés à la main. Etant donné qu’aucun fabricant français ne propose
du robinier, c’est un homologue allemand, Spielart, qui a été
choisi pour la qualité des finitions et le souci du détail. Le robinier
est un bois naturellement résistant, plutôt rustique, très chaleureux… ayant tendance à se fendre, mais c’est ce qui lui donne son
charme. “Grâce à une planification 3D, les compagnons assurent
une finition précise avant l’application d’une couche de lasure”
précise Carole Marcou. A la demande du client, le sommet des
sections de bois qui soutiennent une cabane ou un portique
peuvent être sculptés. A Roanne, un toucan a même été sculpté
au sommet d’une tour !
nouvelles promenades en stabilisé, est le point culminant du parcours. Haute de 7 m, cette structure force l’admiration des petits
comme des grands. “Elle agit
comme un signal à l’approche de
l’aire de jeux. Bien que cette structure ne soit pas un équipement à
grimper, certains, plus téméraires
que d’autres, réussissent tout de
même à monter sur son dos pour
dominer l’aire de jeux. Pour redes-
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cendre, mieux vaut s’accrocher
fermement aux pattes de l’animal
et se laisser glisser en douceur !”
indique Hervé Houy. “Les animaux de bois, de l’aire des petits
ont été disposés de sorte à ce que
les enfants qui se balancent sur la
structure centrale, puissent croiser le regard de leurs partenaires
de jeux et contempler en même
temps le parc”.
En résonnance avec le bois des
structures, les concepteurs ont
plaqué du gazon synthétique sur
une sous-couche amortissante
de 10 cm à base de résine et de
caoutchouc, conforme aux HCL
(Hauteurs de Chute Libre). La
couleur ? Du vert bien entendu,
afin d’assurer une continuité avec
les espaces engazonnés environnants. Le gazon est lesté avec du
sable rond de 0,2 et 0,6 mm, à raison de 25 kg/m2 et plaqué bord à
bord en suivant un liseré de béton
désactivé.
Une aire de jeux
sensationnelle
A quelques mètres des tous petits,
l’aire de jeux des plus grands et
des pré-adolescents gagne en volume et en sensation. “On pourrait dire qu’il s’agit là d’un petit
parc de loisirs dans un parc paysager” résume l’architecte. Mêmes
les adultes, qui observent leurs
enfants sur des bancs en bois,
se prêtent aux jeux. L’espace est
organisé en deux lignes distinctes
en raison des grandes amplitudes
de jeux de certains équipements.
A commencer par un pendulaire,
caractérisé par deux ‘tire-fesses’
placés l’un en face de l’autre, qui
présente une amplitude de près
de 2 m à partir du sol ! Suivent
ensuite un portique, un tipi agrémenté de filets et une cabane de
6 m de haut, dont la géométrie
donne la sensation que ce sont les
enfants qui l’ont construite ! Pour
créer de nouveau un signal fort,
certains poteaux, qui soutiennent
les structures, ont été peints en
rouge. “Un effet mikado mais qui
reste conforme aux tonalités de
l’aire de jeux” précise-t-il. Question entretien : une vérification
annuelle de la boulonnerie inox,
dissimulée astucieusement dans
le bois, des rotules et des cordages. Toutes les trois semaines,
des agents spécialisés complètent
l’entretien. Par ailleurs, les jardiniers du secteur participent aussi
à une surveillance visuelle au quotidien.
Pièce maîtresse de l’aire de jeux, la girafe en robinier force
l’admiration ! Haute de 7 m, un périmètre
de sécurité a été installé dans un rayon de 5 m.
Pour l’aire des pré-adolescents,
les principes de composition
restent les mêmes, mais les
jeux prennent de la hauteur !
Pour preuve, le pendulaire
de 4,1 m de long, dont les
amplitudes de mouvements
ont été réglées à près
de 2 m du sol.
Fiche technique
• Maître d’ouvrage :
Ville de Roanne
• Maître d’œuvre :
Agence TN+
• Fournisseur aires
de jeux et mobiliers
urbains : Pro Urba
• Coût : 150 000 € HT
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