EMDR versus stabilisation chez des demandeurs d`asile et réfugiés
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EMDR versus stabilisation chez des demandeurs d`asile et réfugiés
EMDR versus stabilisation chez des demandeurs d’asile et réfugiés : résultats d’une étude pilote F. Jackie June ter Heide, Trudy M. Mooren, Wim Kleijn, Ad de Jongh, Rolf J. Kleber Résumé Contexte : Les demandeurs d’asile traumatisés et les réfugiés sont considérés cliniquement comme une population complexe. Un débat existe à savoir si avec ces populations, les indications de traitement pour l’état de stress post-traumatique (ÉSPT) devraient être suivies, et les thérapies cognitivo-comportementales centrées sur le trauma (TF-CBT) ou la méthode de désensibilisation & retraitement par les mouvements oculaires (EMDR) devraient s’appliquer, ou si un modèle phasé commençant par une stabilisation est préférable. Certains cliniciens craignent que les interventions centrées sur le trauma ne débouchent sur une détresse ingérable ou pourraient être inefficace. Bien que les interventions cognitivocomportementales se soient montrées efficaces chez des réfugiés traumatisés, aucune étude portant sur l’efficacité de l’EMDR avec cette population n’a été menée pour le moment. Objectif : En préparation à un essai randomisé comparant l’EMDR et la stabilisation chez des réfugiés traumatisés, une étude pilote a été menée chez 20 participants. L’objectif est d’examiner la faisabilité de la participation de cette population complexe dans un essai randomisé et d’examiner l’acceptabilité et l’efficacité préliminaire de l’EMDR. Design : Les participants ont été invités de façon randomisée à suivre 11 sessions soit d’EMDR soit de stabilisation. Les symptômes d’ÉSPT (SCID-I, HTQ), de dépression et d’anxiété (HSCL-25), et de qualité de vie (WHOQOL-BREF) ont été mesurés pré et post traitement puis à une visite de suivie 3 mois plus tard. Résultats : La participation de réfugiés traumatisés à cette étude a été montrée faisable, bien que des problèmes associés à une traumatisation complexe ont conduit à une grande usure pré traitement et ont posé des problèmes pour les évaluations. L’acceptabilité de l’EMDR fut équivalente à celle de la stabilisation, montrant chacun un fort taux d’abandon. Aucun participant n’a abandonné l’EMDR pour cause de détresse ingérable. Bien que l’amélioration avec l’EMDR était faible, L’EMDR n’a pas été montrée moins efficace que la stabilisation. Les différentes évolutions des symptômes entre les deux conditions, l’EMDR montrant une certaine amélioration et la stabilisation montrant une certaine détérioration entre pré et post traitement, justifient de mener un essai complet. Conclusion : Avec quelques adaptations dans le design de l’étude, l’inclusion d’un plus grand échantillon est justifiable pour déterminer quel traitement est le plus adapté à cette population complexe. Mots-clés : trauma complexe; faisabilité; thérapie centrée sur le trauma; torture; psychiatrie interculturelle; randomisation Citation: European Journal of Psychotraumatology 2011, 2: 5881 - DOI: 10.3402/ejpt.v2i0.5881