Une psychothérapie validée par les autorités, sauf

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Une psychothérapie validée par les autorités, sauf
Dominique Vialard, journaliste, dans une de ses newsletters, nous intéresse sur
une façon de soigner la dépression ou comment évacuer pour toujours le stress
traumatique :
TRAUMATISME, STRESS, ANGOISSE, DÉPRESSION : COMMENT
ÉVITER DES ANNÉES DE THÉRAPIES EN TROIS SÉANCES
Vous avez sans doute entendu parler de l’EMDR. Mais savez-vous ce que cette méthode
toute récente peut vous apporter ? Savez-vous qu’en quelques séances elle peut vous
changer la vie ?
« L’Eye Mouvement Desensitisation & Reprocessing », « désensibilisation et
reprogrammation par le mouvement des yeux » est une psychothérapie qui a été
popularisée en France par David Servan-Schreiber en 2003 avec son fameux livre
« Guérir ».
En deux mots, c’est sans doute la plus belle invention thérapeutique que l’on ait vue
depuis Freud et l’avènement des thérapies par la parole. Grâce à elle, des milliers de
personnes ont été guéries en quelques séances de séquelles de traumatismes ou de ce que
l’on appelle le syndrome post-traumatique, l’une des choses les plus difficiles à soigner
en psychiatrie.
Acupuncture, shiatsu, TCC (Thérapie comportementale et cognitive), psychiatrie... des
méthodes les plus douces aux plus dures, quand plus rien ne marche, seule l’EMDR peut
encore guérir. Je dis bien guérir et non pas masquer le problème sous une camisole
chimique (anxiolytiques, antidépresseurs, neuroleptiques...) comme le font les psychiatres
dès qu'un problème psychique se présente.
Une psychothérapie validée par les autorités, sauf une...
L’EMDR est si efficace qu’en quelques années elle a été validée et reconnue par
l’American Psychiatric Association, par le Département de la Défense et l’association des
vétérans américains et depuis l’an dernier par l’OMS. Outre-Atlantique, elle est
employée jusque dans les hôpitaux. En France, son utilisation est recommandée par la
Haute Autorité de Santé (HAS).
Dans un rapport intitulé « Guide Santé et Dérives Sectaires », l’EMDR est présenté comme
« pratique dangereuse ».
Considérée comme suspecte par certains experts, l’EMDR y est décrite comme une «
méthode thérapeutique censée permettre par les mouvements oculaires la remise en
route d’un traitement adaptatif naturel d’informations douloureuses bloquées (par
exemple après un choc traumatique), la mobilisation de ressources psychiques et la
restauration d’une estime de soi déficiente. ». « Censée »... Ainsi dit, on peut supposer
qu’il
s’agit
d’une
thérapie
de
charlatans
et
de
dangereux
gourous.
Cette discipline qui au premier abord paraît complètement loufoque (on vous agite un
bâtonnet sous les yeux et c’est tout) regroupe des centaines de praticiens en France,
psychologues cliniciens, psychothérapeutes, psychiatres, psychanalystes (vous trouverez
facilement la liste des praticiens français sur emdr-France.org)
Le diplôme est délivré par une fédération internationale (EMDR France chez nous,
émanation d’EMDR Europe) de façon très stricte. Il existe même une branche spécialisée
de cette fédération qui intervient dans les zones de conflits pour soigner les victimes de
traumatismes de guerre, par exemple les enfants dans la région des grands lacs en
Afrique.
Que se passe-t-il pendant une séance d’EMDR ?
Le thérapeute vous fait d’abord parler de façon à rassembler le maximum d’informations
sur votre mal-être. Puis au bout d’un moment, il va faire appel à ce que l’on appelle des
stimulations bilatérales.
La technique initiale consistait à stimuler latéralement les yeux, d’où le nom de la
méthode, à l’aide d’un bâtonnet ou même d’un simple crayon que le thérapeute faisait
osciller de droite à gauche et vice-versa en vous demandant de le suivre du regard. Mais
la technique a évolué car on s’est rendu compte que tous les types de stimulation
bilatérale donnaient le même résultat : le « taping » (le thérapeute vous tapote les
genoux droit et gauche en alternance par exemple) ou les sons (à l’aide d’un casque qui
vous envoie un son alternatif d’une oreille à l’autre) sont aussi employés.
Cette simple stimulation bilatérale permet au cerveau de « digérer » l’événement
traumatisant et ses différentes composantes. Dès que la séance est terminée, et voilà le
plus extraordinaire avec cette méthode, vous pouvez repenser à l’événement sur lequel
vous avez travaillé sans que des émotions négatives n’apparaissent ou sans pleurer. Vous
êtes émotionnellement guéri(e) et durablement.
Les images parlant mieux que les mots, je vous recommande vivement de visionner les
quelques documentaires et vidéos sur le sujet, sur Youtube entre autres sites. Vous verrez
comment se déroule une séance et vous verrez comment une jeune femme victime de la
guerre de 2006 au Liban, terriblement traumatisée, s’est métamorphosée en quelques
séances. Il y a même une vidéo pour pratiquer soi-même.
Une psychologue l’a inventée par hasard en tombant malade...
L’EMDR est un outil de traitement des traumatismes qui a été créé à la fin des années 80
par une psychologue américaine, Francine Shapiro, du célèbre institut californien de Palo
Alto.
Cette femme avait à l’époque beaucoup de problèmes psychologiques. Physiquement,
cela l’affectait au point que ses yeux se mettaient à bouger horizontalement de manière
incontrôlée.
A force, elle avait remarqué qu’à chaque fois que cela se produisait, ses angoisses
s’atténuaient dans les minutes qui suivaient. Naturellement intriguée, elle a consulté ses
copines psychologues qui n’y ont rien compris non plus. Toutefois, en essayant de
reproduire ce phénomène avec elles, en leur demandant de faire bouger rapidement
leurs yeux latéralement en pensant à un problème particulier, Francine Shapiro s’est
aperçue que cela leur faisait le même effet.
Du coup, cette psychologue a commencé à faire des recherches sur ce drôle de
phénomène et elle a fini par en faire un protocole de soins en intégrant des éléments de
la TCC, de la PNL (Programmation neurolinguistique) et d’autres approches dont elle
s’est inspirée.
Premiers succès sur les vétérans du Vietnam
et sur des femmes violées
Les premières personnes avec lesquelles Francine Shapiro a utilisé sa méthode sont
surtout des vétérans du Vietnam mais aussi des femmes qui avaient subi des violences ou
des agressions sexuelles. Le succès a été immédiat, à tel point que l’EMDR a rapidement
intéressé les scientifiques. Il y a maintenant des centaines d’études cliniques publiées sur
le sujet.
Ces études se sont principalement focalisées sur le traitement des traumatismes, un
domaine où il n’existait quasiment rien, et elles concluent plus ou moins toutes à
l’efficacité de la méthode. On observe presque toujours une importante diminution des
symptômes et cela sur une courte durée, ce qui en fait une méthode spectaculaire. Il
suffit de quelques séances pour traiter un violent traumatisme et soulager définitivement
les patients.
Le taux de réussite de l’EMDR est au minimum de 70%. Dans le documentaire que je
vous ai indiqué, David Servan Schreiber cite une étude démontrant un taux de réussite
de 80% après 3 séances seulement. 80%, c’est le taux d’efficacité des antibiotiques dans
la pneumonie. Pour une psychothérapie, avouons que c’est impressionnant.
Merci David !
En France, cette méthode a débarqué de façon très confidentielle au milieu des années
90. Quelques spécialistes ont commencé à proposer de petites formations mais personne
n’en parlait et les psychiatres ne voyaient pas ça d’un bon œil, loin de là.
La psychothérapeute Christiane Girelli, à Toulouse, fut l’une des premières en France à
pratiquer cette thérapie, peu avant les années 2000. Elle a vite eu l’occasion d’éprouver
l’efficacité de la méthode puisqu’elle a pris en charge des victimes de l’explosion de
l’usine AZF fin 2001. Aujourd’hui encore, elle reçoit des personnes souffrant de troubles
remontant à cet accident.
Mais c’est le livre de David Servan-Schreiber qui a provoqué chez nous l’explosion de
l’EMDR. Beaucoup s’y sont mis, et beaucoup de charlatans aussi à l’époque. Pourtant, la
discipline est aujourd’hui bien encadrée. Il suffit de bien s’informer pour éviter les
« praticiens non formés ou mal formés. Sur le site emdr-France.org l’on trouve tout ce
qu’il y a de plus sérieux.
Pourquoi les psychiatres et les psychanalystes n’aiment pas
l’EMDR...
L’EMDR n’a pas la cote dans le monde de la psychiatrie même si quelques psychiatres
commencent à se former à cette approche ou à envoyer leurs patients vers des
spécialistes. Mais peu pratiquent.
Comme la psychanalyse est une thérapie basée sur la parole, ses effets ne se manifestent
que dans le cortex, notre cerveau analytique, le plus évolué, celui dont nous nous
servons tous les jours pour penser. On retrace son histoire, on raconte, on radote... Or
on sait aujourd’hui que tout ce qui est traumatisme ne se situe pas dans le cortex mais
dans le cerveau limbique, primitif, là où se forment et résident les émotions.
Notre cerveau primitif : le cœur de nos émotions
Le cerveau limbique ou reptilien est celui qui contrôle nos comportements les plus
primaires : c’est de lui que partent des émotions comme la peur, l’agressivité ou le
plaisir, c’est en lui que se forme la mémoire.
Ce système limbique se compose principalement de l’hippocampe, de l’amygdale et de
l’hypothalamus. Tous les blocages émotionnels qui se sont créés au moment du
traumatisme se situent à ce niveau.
Et tant que l’on n’établit pas de connexion entre cerveau limbique et cortex, le
problème reste intact. Un thérapeute de l’EMDR m’a ainsi raconté qu’il voyait souvent
arriver des personnes souffrant de troubles psychologiques qui leur disaient : « Cela fait 5
ans que je vois un psychanalyste. J’ai tout compris à mon problème, je peux vous en
parler pendant des heures, mais rien n’a changé ! ».
Pire : souvent, à force de parler de ses problèmes et de répéter et répéter, cela ne fait
que renforcer ceux-ci. On s’obnubile, on finit par avoir des pensées obsessionnelles et
par ressasser. Et cela ne fait qu’entretenir l’anxiété et l’angoisse liées aux problèmes en
question.
Nous ne pouvons pas comprendre rationnellement nos
traumatismes
Lorsqu’il y a traumatisme, les différents éléments de ce traumatisme sont stockés à
différents endroits du cerveau mais pas dans le cortex, d’où l’impossibilité de
comprendre (qui signifie étymologiquement « saisir par l’intelligence »). Vous avez une
image, une odeur, une cognition c’est-à-dire des pensées du type « Je suis nul(le) » ou «
Je ne suis pas à la hauteur », des sensations physiques, etc. Il n’y a pas de liens entre ces
différentes zones de stockage des éléments du traumatisme dans le cerveau. Ce qui fait
qu’ils persistent.
A chaque fois qu’une personne va par exemple sentir une odeur qui lui rappelle
l’événement traumatisant, elle va déclencher une crise d’angoisse et sans forcément faire
le lien avec celui-ci. Et comme le cerveau fonctionne par associations, il s’ensuit des
chaînes de réaction psychosomatiques.
Autre exemple : une personne qui a été séquestrée va avoir du mal dans les situations où
elle se sentira coincée, à l’étroit, jusqu’à parfois ne plus pouvoir sortir de chez elle de
peur de la foule, etc. Tout s’enchaîne ainsi tant que le cerveau n’a pas trouvé la manière
d’évacuer
ce
stress
post-traumatique.
L’EMDR fait ce que votre cerveau devrait faire lorsque vous
rêvez
Au quotidien, nous rencontrons tous de petites difficultés, des contrariétés, des situations
déplaisantes. Les études sur le sommeil ont maintenant prouvé que ces événements sont
« digérés » par le cerveau pendant que nous dormons.
Tout se passe pendant la phase de sommeil paradoxal, soit au dernier stade du cycle du
sommeil, dans la phase où nous rêvons. Cette phase, curieusement – et vous allez tout
de suite comprendre le lien avec l’EMDR – se traduit entre autres par ce que les
chercheurs appellent le REM, Rapid Eye Mouvement : vos yeux bougent dans tous les
sens.
Le sommeil paradoxal jouerait un rôle fondamental dans le transfert des éléments
accumulés dans la journée dans le cerveau limbique vers le néocortex, nous permettant
ainsi de digérer nos émotions en nettoyant notre cerveau limbique.
Lorsque vous rêvez, vous ne faites que nettoyer votre cerveau des stress de la journée et
pendant ce temps, vos yeux bougent latéralement. Pour l’instant, on ne comprend pas
en quoi ce mouvement peut permettre de favoriser ces connexions neuronales ou
comment il y est lié mais ce dont on est sûr, c’est que le phénomène est
extraordinairement efficace.
C’est le même processus qui s’opère dans l’EMDR : une reconstruction de la mémoire
profonde du même ordre que celle qui se produit dans le sommeil paradoxal.
Si votre cerveau a du mal à faire ce travail la nuit, si vous êtes angoissé, déprimé et sous
médication (hypnotiques, neuroleptiques, etc.), ce qui entraîne un mauvais sommeil
paradoxal, des symptômes intrusifs vont apparaître : vous ferez de mauvais rêves à
répétition, des cauchemars, avec en prime des « flashbacks » dans la journée, exactement
ce que l’on observe chez les personnes qui ont vécu un fort traumatisme. Chez les
traumatisés s’ajoutent dans la journée des symptômes dits d’évitement : on fait
(inconsciemment) tout pour éviter ce qui pourrait nous rappeler ce qui s’est passé.
Une psychothérapie aussi valable pour le mal-être et la
dépression
Rien ne vaut donc l’EMDR pour traiter les grands traumatismes : accidents de voiture,
victimes de faits de guerre, de viol, d’agression, mort brutale d’un proche, etc. Mais la
méthode, forte de ses 30 ans d’expérience, va plus loin aujourd’hui : on s’en sert aussi
pour les petits traumatismes, des traumatismes de la vie moderne certes minimes mais
qui, en s’additionnant, finissent par provoquer des dépressions ou des états anxieux
sévères. Les thérapeutes parlent aussi dans ce cas de « syndrome post-traumatique ».
Outre le syndrome post-traumatique, il existe aussi le "stress post-traumatique" qui se
traduit par des problèmes d'addiction, de dépression, de phobie. Pour ces cas, le
praticien tente toujours de remonter aux traumatismes précédents et il s'avère que 8 fois
sur 10 selon les thérapeutes que j'ai interrogés, il y a effectivement des traumatismes à
l'origine de ces problèmes. On appelle cela un "ESPT complexe".
L’EMDR sait aussi remonter aux sources de notre mal-être dans l’enfance. Ces petits
traumatismes commencent dans l’enfance, dans cette période de la vie où notre cerveau
est encore très malléable et où nous n’avons pas le recul nécessaire pour comprendre ce
qui nous arrive. Ce peut être de simples paroles : « T’es nul ! », « Tu n’arriveras à rien », «
Tu es feignant » ou ceci ou cela. Tous ces micro-événements de l’enfance s’ancrent en
nous, au plus profond de notre cerveau limbique et contribuent à la construction du
futur adulte.
Cela se traduira plus tard par un manque de confiance en soi, une mauvaise image de
soi, une fragilité émotionnelle, un complexe ou n’importe quel autre travers
psychologique.
C’est comme un programme informatique qui tourne dans votre tête et influence votre
vision du monde et toutes vos actions. Cela peut déjà en soi devenir problématique mais
si en plus des événements tels que licenciement, divorce, perte d’un proche ou
harcèlement au travail vous tombent dessus adulte, il en résulte un syndrome posttraumatique.
Ce qui ne devrait être que souvenir reste bien dans le présent, comme une grande
cicatrice émotionnelle dans votre cerveau. Cela entraîne des symptômes proches de ceux
de la dépression et qui se manifestent d’ailleurs comme une dépression. Dans certains
cas, les symptômes sont dits « bruyants » : délires, hallucinations... Il ne s’agit pas là d’une
maladie
mentale
mais
bien
de
l’expression
d’un
traumatisme.
Dans ce cas aussi, le travail du thérapeute en EMDR sera donc de « reprogrammer »
votre cerveau et d’évacuer les mauvaises émotions en utilisant les mêmes techniques que
pour
les
grands
traumatismes.
Combien ça dure et combien ça coûte ?
Pour un traumatisme grave, récent et unique, cette thérapie nécessite entre 5 et 10
séances.
Pour le syndrome post-traumatique issu d’évènements répétés jour après jour, les prises
en charge sont plus longues car il est nécessaire de remonter à tous les
microtraumatismes impliqués, ce dont les victimes ne se souviennent pas forcément ou
n’ont pas conscience, à la différence d’un événement violent. Parfois cela peut
demander jusqu’à 25 séances. Il y a aussi des cas de guérison spectaculaires en quelques
séances. Aucune généralité ne peut s’appliquer, il appartient à chacun, suivant ses
possibilités, la nature et l’impact du traumatisme, de guérir plus ou moins vite.
Si, après toutes ces séances, l’EMDR ne donne pas de résultat, c’est tout simplement que
le problème psychologique n’est pas de nature traumatique mais qu’il relève d’une
maladie psychiatrique sérieuse, d’une psychose qui doit être prise en charge autrement.
Quant au coût d’une séance, méfiez-vous ! Un thérapeute raisonnable vous demandera
dans les 60 à 80 euros pour une heure. Mais les tarifs peuvent dépasser les 120 euros et
le cas n’est pas rare dans les grandes villes. Même si certaines mutuelles prennent
partiellement
en
charge
cette
psychothérapie,
cela
fait
cher.
Choisissez donc bien votre thérapeute en gardant à l’esprit que les plus chers ne sont pas
forcément les meilleurs. Vous trouverez toutes les informations nécessaires pour faire le
choix du thérapeute qui vous convient, prenez bien soin de vous !