1 LES ETATS-UNIS au 19ème siècle, la nation rédemptrice

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1 LES ETATS-UNIS au 19ème siècle, la nation rédemptrice
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LES ETATS-UNIS au 19ème siècle, la nation rédemptrice. Contexte culturel et socio-religieux.
Introduction
Pour bien comprendre l’origine du mouvement millérite qui engendra le mouvement
adventiste, il faut le remplacer dans le contexte général des ETATS-UNIS du 19ème siècle, dont nous
mettons en évidence les principales caractéristiques quant au peuplement, quant à la vie
culturelle, politique, socio-économique et religieuse.
1. Situation sociale et économique.
A. Immigration et population.
Dès le 17ème siècle, des Européens ont fui la persécution religieuse qui régnait dans leur pays. Ainsi,
en octobre 1685, la révocation de l’Edit de Nantes a fait fuir vers l’Allemagne, les Pays-Bas,
l’Angleterre et ses colonies, beaucoup de huguenots français. Des puritains calvinistes, qui
s’opposent à la politique religieuse des STUART, sont obligés de vivre l’exode vers la NouvelleAngleterre. En 1861, le Quaker William PENN fonde la Pennsylvanie qui devient un lieu de refuge
pour ceux qui sont persécutés pour leur croyance religieuse ou leur mode de vie. Les habitants du
Palatinat, principalement piétistes, presbytériens et mennonites y affluent.
Alors que les premiers colons en Amérique du Nord étaient surtout des catholiques romains, nous
pouvons dire que les protestants, formeront la grande majorité de la population qui a colonisé les
treize Etats primitifs, à savoir Le New-Hampshire, New-York, le Massachusetts, le Connecticut,
Rhodes Island, le New Jersey, le Delaware, le Maryland, la Pennsylvanie, la Virginie, la Caroline du
Nord, la Caroline du Sud et la Géorgie. Ces treize colonies furent déclarées indépendantes le 4
juillet 1776 sous le nom des ETATS-UNIS D’AMERIQUE.
Au début du 19ème siècle, la révolution des moyens de transport et de communication
favorise l’arrivée d’immigrants, qui viennent pour des motifs religieux, mais surtout économiques,
espérant trouver le travail et la prospérité qui faisaient cruellement défaut dans leur pays
d’origine. On assiste à une poussée régulière vers l’ouest du continent américain. C’est l’époque
glorieuse des pionniers, les populations du nord étant surtout issues des classes laborieuses, alors
que celles du sud sont formées de gentilhommes d’origine anglaise, pour lesquels travaillent les
esclaves.
Ce mouvement d’immigration et de peuplement interne est marqué par les dates et les
événements suivants :
1769 : La machine à vapeur
1811 : Le premier bateau à vapeur remonte le Mississipi
1816 : Le premier transatlantique régulier
1826 : Traversée en 25 jours par un transatlantique
1845 : Services postaux transocéaniques
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1849 : Première traversée New-York-Californie par le Cap-Horn
Jusqu’en 1840, le flot annuel des immigrants avoisine les 100.000. Ainsi de1840 à 1880, la
population augmente de 10 millions d’habitants, composée de 24% d’origine anglaise, galloise ou
écossaise ; 37.7% d’origine allemande ; 19.3% d’origine irlandaise, et 19% d’origine scandinave. En
1850, on compte un étranger pour neuf natifs, en 1880 un pour sept. La vague d’immigration
s’accélère après 1880, et elle compte surtout des latins catholiques, des slaves orthodoxes et des
juifs. Entre 1880 et 1890, il y avait 5 millions d’immigrants ; entre 1890 et 1900 plus de 36 millions.
En un siècle, la population s’est multipliée par quinze, passant en 1800 de 5.305.935
habitants à 76 millions en 1900. Cette population, fortement rurale durant la première moitié du
19ème siècle, subit un phénomène d’urbanisation et par la suite la criminalité augmentera en
conséquence. En 1850, sur 76 millions d’habitants, 36 millions vivent en ville, et 12 millions se
répartissent dans 30 villes de plus de 100.000 habitants. Les principales villes sont New-York,
Chicago, Philadelphie, comptant chacune plus d’un million d’habitants.
La période qui s’étend de 1789 (présidence De G.WASHINGTON) à 1829 (présidence de
JACKSON), est appelée la période du « Good feeling » qui est synonyme de prospérité économique,
d’expansion démographique et d’intense activité. L’idée est vogue est celle de l’Amérique bénie
des dieux (ou de Dieu), choisie par lui dans miséricorde pour être la nation rédemptrice (Redeemer
Nation), qui joue le rôle de réfugie pour les opprimés, les gens en recherche de bonheur terrestre
et accessoirement céleste.
B. Survol de la situation socio-économique
L’économie américaine se développe surtout après 1865, grâce à l’essor industriel qui fait suite
à la Guerre de Sécession (1860-1865). Dans les vastes propriétés du sud est pratiquée l’exploitation
du coton, alors que l’économie est de type commercial dans les villes côtières et de type rural dans
les états du nord et du centre.
Après 1865, la richesse industrielle se développe et cette progression rapide se retrouve au
sein des églises et des mouvements religieux, qui créent de nouvelles institutions scolaires,
médicales, sociales, philanthropiques, bénéficiant de la prospérité générale. Quelques grandes
familles font fortune, est c’est l’époque du gigantisme, également synonymes de deshumanisation
et de course au profit, au rendement. Un million et demi d’enfants de 10 à 15 ans travaillent
durement, et à la fin du siècle la situation sociale est tendue : misère, injustices, violence,
inégalités excessives, ghetto, grèves durement réprimées ; problème des minorités ethniques (les
indiens massacrés puis parqués ; les noirs traités comme des esclaves bien après l’abolition, plus
tard les latino-américains et les asiatiques assignés aux tâches ingrates et peu rémunérées)
C. La démocratie américaine et la marche vers la liberté religieuse
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Le 4 Juillet 1776, Georges WASHINGTON déclare l’indépendance, et l’Angleterre, qui a perdu la
guerre, est obligée de capituler. Le Traité de Versailles du 3 septembre 1783 accorde
l’indépendance aux treize colonies. La démocratie ne s’affirme vraiment qu’à partir de 1829, avec
l’arrivée au pouvoir du général JACKSON, soutenu par les petits fermiers de l’ouest. L’élection
présidentielle est soumise au suffrage universel, le candidat à la présidence étant choisi par des
délégués élus dans chaque état. Le courant démocratique assure peu à peu la liberté de
conscience et d’expression, qui avait déjà été amorcée au 17ème siècle avec l’arrivée des colons,
ceux-ci cherchant à vivre leur foi et à l’exprimer dans un climat plus durable que celui de leur pays
d’origine, dont ils avaient fui les persécutions, ce qui ne les empêchait d’ailleurs pas de chercher à
pratiquer leur religion, parfois à l’exclusion de toute autre.
Il y avait une certaine forme d’intolérance au sein de certaine colonies, ce qui poussa les
fondateurs constitutionnels de la République à décider l’entière séparation de la religion et de
l’état, chacun devant rester dans sa sphère. La Convention Constitutionnelle de 1787 est
convoquée et la Constitution des Etats-Unis est rédigée, ne comportant aucune garantie
particulière au sujet de la liberté religieuse ou de la presse. Les Etats n’acceptent de ratifier la
Constitution qu’à condition d’y ajouter les clauses protégeant les libertés individuelles, ce qui fut
chose faite en 1791, avec le fameux Bill of Rights. La liberté religieuse n’est pas encore entièrement
garantie, étant du ressort des Etats.
D. La marche vers l’impérialisme et l’hégémonie
L’idéal démocratique devient le moteur idéologique des entreprises américaines, et après
s’être dotés d’une constitution de type fédéral, les Etats-Unis se lancent dans des conquêtes
territoriales de manière effrénée. Dans le sud, la Louisiane est achetée à la France en 1803 ; la
Floride est prise aux Espagnols en 1810 et 1817. De 1846 à 1848, le Texas, le Nouveau Mexique et
la Californie méridionale tombent entre les mains des Etats-Unis.
Dans le nord, la guerre d’indépendance avec l’Angleterre se termine en 1812-1814 par la
défaite de cette dernière. Dans l’ouest, les colons européens pénètrent au-delà du Mississipi. On
passe de 13 états en 1787 à 34 en 1861. L’expansion interne et externe des E.U. est marquée entre
1865 et 1905 par trois faits principaux :
- Le développement énorme de l’immigration et l’occupation complète du pays ;
- L’essor trépident de l’agriculture et de l’industrie ;
- L’achat de l’Alaska aux Russes en 1867, et l’intervention à l’extérieur pour protéger les
intérêts nationaux.
En 1898, Cuba, Porto Rico, Guam et les Philippines sont pris aux Espagnols, et en 1903 la zone
du canal de Panama. Les E.U. deviennent vraiment une grande nation, répondant à l’appel de
MONROE de 1823 : « L’Amérique aux Américains », en faisant preuve de zèle, et en tirant au
maximum la notion élastique d’Amérique. Conquêtes territoriales, essor économique et industriel
explosion démographique, effervescence religieuse, avancées techniques et technologiques, tous
ces éléments sont imbriqués les uns dans les autres, et doivent être considérés pour tâcher de
mieux comprendre cette mosaïque aux mille couleurs qu’est la nation nord-américaine en plein
devenir.
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2. La vie religieuse
Les événements politiques, culturels, socio-économiques dont nous venons de parler ont
exercé une action durable et profonde sur la vie religieuse américaine, mais en contrepartie il faut
dire aussi que les croyants, les communautés religieuses, les églises, ont marqué d leur empreinte
la vie politique et socio-économique et culturelle de leur pays.
A. Déclin et réveil spirituel
Dès l’arrivée des colons, l’Amérique du Nord est le point de rencontre de religions et de pratiques
« importées », que les colons déclinent et établissent dans les endroits où ils s’installent. Mais en
même temps la structure religieuse et culturelle des E.U. est marquée par l’esprit d’indépendance
et de liberté qui y souffle. On assiste aussi à un certain déclin spirituel, qui s’explique par plusieurs
facteurs concomitants :
1) La succession des guerres qui provoque un certain endurcissement et de l’indifférence,
un manque de compassion, la méfiance et un clivage entre groupes sociaux ;
2) La rupture des colons avec leurs liens familiaux et leurs églises organisées tels qu’ils les
connaissaient sur le vieux Continent ;
3) L’esprit de spéculation, l’appât du gain, les préoccupations matérielles, la loi du plus
fort (début du darwinisme social) ;
4) Le triomphe du relativisme, du déisme (on privilégie les causes naturelles, excluant le
surnaturel du miracle), avec la diffusion de best-sellers caractéristiques de l’époque,
dont The Age of Reason de T. PAINE, et l’avènement Outre-Atlantique de philosophes
tels VOLTAIRE, ROUSSEAU.
5) Le fait qu’en matière d’éducation, certains collèges et certaines Universités (Yale,
Harvard), connus auparavant pour leur piétisme, sont gagnés par le scepticisme
ambiant.
6) La théologie libérale, d’origine européenne, se répand, remettant en cause les miracles,
appliquant au document biblique les mêmes règles qu’à n’importe quel texte littéraire,
y voyant entre autre un sous-produit culturel de l’époque, ma méthode historicocritique connaît son début de vogue.
Les Anglais épiscopaux, presbytériens, congrégationalistes, méthodistes ou quakers ; le Ecossais
calvinistes ; les Hollandais calvinistes, luthériens ou mennonites ; les Allemands luthériens ou
baptistes ; et bien d’autres encore, forment des communautés spirituelles, des églises, des
congrégations divisées, souvent en compétition les unes avec les autres, incapables de mettre sur
pied un programme cohérant.
Certains vont finir par s’en inquiéter, craignant un éclatement de leur nation, avec le triomphe
de la sécularisation et de la déchristianisation, et ils vont réagir par une prise de conscience plus
pacifique, plus consensuelle, et en même temps pleine de vitalité.
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B. Le réveil religieux (Awakening) ou le renouveau spirituel (Revival)
Il s’agit d’une sorte de revitalisation, de réveil, avec plusieurs caractéristiques majeures, qui
souvent se combinent entre elles, comme
1) un renouveau du zèle chez ceux qui pratiquent leur foi ;
2) la conversion, le changement visible et frappant dans la mentalité et le comportement,
dans le sens d’une véritable métamorphose, dans le sens d’un mieux spectaculaire
(guérison d’ivrognes, de gens auparavant violents et devenus plus pacifiques) ;
3) la révélation spéciale de l’Esprit ou de son activité intense, un peu comme une nouvelle
pentecôte sur les croyants, avec l’effusion des dons de l’Esprit qui se manifeste de manière
plus ou moins spectaculaire (guérisons, miracles, parler en langues, enseignement plein de
fougue et de passion…) ;
4) l’occasion de mettre tout cela en scène, à la mode américaine, par l’appel aux émotions, à
l’engagement actif en faveur de la cause philanthropique et pour plus de justice, à la
conversion publique ; à la prise de décision débouchant sur une série d’actions
volontaristes et décidées au niveau même du terrain et pas seulement de la croyance ou
dans la théorie.
5) L’appel à un retour à la lecture du texte biblique en même temps que la nouvelle naissance
spirituelle.
Quelques prédicateurs se distinguent tels Jonathan EDWARDS à New Brunswick et à New
Londonderry en Pennsylvanie, qui est assez virulent ; tel WHITEFIELD qui permit l’implantation du
méthodisme aux E.U. et qui lança plusieurs croisades missionnaires dans le Massachussetts, le
Connecticut, dans les villes de Boston et de New-York, insistant sur la nécessité pour le pécheur de
se convertir sou peine d’être puni face à la justice divine; tel D. MOODY, qui insiste plus sur la
grâce, la tendresse e et l’amour de DIEU.
Pour simplifier, nous distinguons deux périodes du réveil :
1. De 1734 à 1745, sous l’action de J. EDWRDS et de WHITEFIELD, qui mettent l’accent sur le
Dieu vengeur, justicier, colérique, et qui se fondent sur les peurs des pécheurs en les
intimidant pour les pousser à la prise de décision en vue de leur conversion et pour
échapper à la sentence divine qui ne manquera pas de s’abattre sur eux à cause de leur
péché et de leurs manquements (on est en droit de s’interroger sur le bien-fondé de leur
approche et sur les réelles motivations qui poussèrent des gens à répondre positivement à
leurs sollicitations;
2. De 1840 à 1860, dans laquelle s’inscrit le mouvement lancé par W. MILLER, mais qui est
aussi véhiculé par des figures telles Charles FINNEY, H.W. BEECHER, J. LAMPHIER, dans les
années 1855 et suivantes, quand la ville de New-York est touchée, par un regain d’activités
au niveau des réunions de prière, de louanges et d’adoration, de témoignages, touchant
aussi bien les milieux d’affaires que les étudiants, ou les femmes au foyer. Les journaux en
parlent, dont le New-York Daily Tribune, et le mouvement touche Brooklyn, Boston, SaintLouis, Chicago, facilitant la prise de décision de plusieurs centaines de milliers de
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personnes, la ville de New-York apparaissant comme l’épicentre de ce véritable tsunami
spirituel qui transformera la société américaine .
C. Résultats du Réveil
Il est difficile de parler de résultats objectifs et quantifiables, tant le phénomène est marqué
par l’expérience personnelle subjective. Nous pouvons néanmoins tâcher d’en dégager quelques
lignes de force.
On sait que les rencontres ont rassemblé des milliers de personnes à la fois, plusieurs centaines
de milliers si on fait le total. D’après les statistiques, entre 1800 et 1830, plus d’un million de
personnes se sont ajoutées aux églises congrégationalistes, presbytériennes, baptistes ou
méthodistes. De nouvelles sociétés missionnaires furent créées. Les méthodistes et les baptistes
envoient des prédicateurs itinérants et à cheval, les Circuit Riders, qui visitent les croyants pour les
encourager et les réconforter.
Les camps-meetings sont l’occasion de joyeuses retrouvailles pour les colons de l’ouest après
de longs mois de travaux souvent pénibles et solitaires. Leur aspect plus social et convivial que
religieux ont font de grandes fêtes, plus proches des foires médiévales où s’échangeaient des
marchandises, des produits, des idées en même temps que les dernières nouvelles.
Des centaines de milliers de Bible sont traduites en différentes langues, imprimées et
distribuées ; un courant humanitaire tente de lutter contre la misère, l’ignorance et l’injustice ; on
milite pour la prohibition de l’alcool et en faveur de la réinsertion sociale des alcooliques. Des
associations se forment pour répandre des principes de vie naturelle, d’alimentation équilibrée
(souvent végétarienne), pour lutter contre l’insalubrité, la précarité, la prostitution, les inégalités.
Beaucoup de ces points se retrouveront dans l’Adventisme sous une forme comparable.
Un des points clefs est que la nation américaine prend conscience d’avoir été choisie par
Dieu pour apporter au reste de l’humanité le salut : elle se voit comme la redeemer Nation, qui doit
reprendre et mener à son terme le mouvement de réforme qui avait été amorcé sur le Vieux
Continent, en Europe, vers le 16ème siècle ou un peu avant, par des hommes comme J. HUS,
M.LUTHER, U. ZWINGLI, G. FAREL, J.CALVIN, J. KNOX et bien d’autres, mais qui n’auraient pas été
mené à son terme. Investie de cette mission d’origine divine, la nation américaine se voyait en
quelque sorte comme le maître politique, social, économique et religieux de la race humaine,
cherchant à étendre sa vitalité, son effervescence et son dynamisme bien au-delà de ses frontières
géographiques, dans un mouvement en marche vers le progrès, la marche ascendante vers un
niveau de civilisation supérieure, qui devait, en retour, être partagé avec les nations moins
fortunées. L’instauration du royaume de Dieu sur terre est un défi majeur, avec le concours actif et
décidé des églises, qui profiteront de ce dynamisme volontariste et de cette vitalité retrouvée pour
se développer de manière durable et assoir leur autorité. Les groupes religieux, les églises, les
congrégations, grâces surtout aux nombreuses associations qu’elles auront créées, et grâce aussi
au fait que le croyant se savait investi d’une mission divine, s’engagèrent dans des réalisations
sociales, culturelles, spirituelles, médicales, éducatives, caritatives, profitant au maximum de la
liberté religieuse accordée, mais ne réussissant pas toujours à garder leurs distances par rapport au
risque de dérive vers l‘impérialisme économique et territorial, quand ce ne fut pas vers
l’hégémonie arbitraire, surtout lors de cette phase conquérante de deuxième moitié du 19ème siècle
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vécue par une nation encore jeune et qui nous apparaît un peu comme l’adolescence dans sa
phase précédant la maturité de l’âge adulte.