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CLYSTERE
E-revue mensuelle illustrée
Histoire des objets et instruments médicaux
Histoire de la santé
SOMMAIRE N° 41 – JUIN 2015
Croix rouge : Témoignages de la guerre russo-japonaise de 1905. (Frédéric Bonté)
Histoire des instruments :
-
Jean-Jacques PERRET, à Paris, Claude-Joseph TABOUREUX, à Lyon deux fameux couteliers au
XVIIIe siècle (Jacques Voinot, Philippe Lépine)
Catalogue de quelques instruments fabriqués à Lyon par Taboureux et Crépu à la fin du XVIIIe
siècle, à partir des dessins de Jean-Jacques Perret dans « L’Art du coutelier expert en instruments
de chirurgie » 1772 (Jacques Voinot, Philippe Lépine)
Histoire de la santé :
-
L’or dentaire des Nazis : des corps morts jusqu’aux banques suisses (Xavier Riaud)
Courrier des lecteurs
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On recherche
Nouveautés en librairie
En musardant sur la Toile (Bernard Petitdant)
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CLYSTÈRE
(ISSN 2257-7459)
Conception –réalisation : © Dr Jean-Pierre Martin
Service de gériatrie, Centre hospitalier Jean Leclaire BP 139
Le Pouget, CS 80201 24206 Sarlat cedex, France
Abonnement gratuit sur : www.clystere.com
Comité scientifique :
Michèle Moreau (cadre supérieure de santé honoraire, membre fondatrice et trésorière-adjointe de
l'Association des Amis du Musée de l'AP-HP (ADAMAP)
Frédéric Bonté (Docteur en pharmacie, membre de l’Académie Nationale de Pharmacie)
Guy Gaboriau (Docteur en médecine, Collectionneur et spécialistes des instruments médicaux anciens)
Guillaume Garnier (Docteur en Histoire moderne et contemporaine)
Richard-Alain Jean (Docteur en médecine, égyptologue, spécialiste de la médecine égyptienne)
Philippe Lépine (Ingénieur retraité du fabricant d’instruments médicaux Lépine, à Lyon)
Bernard Petitdant (Cadre kinésithérapeute, spécialiste de l’histoire de la kinésithérapie)
Xavier Riaud (Docteur en chirurgie dentaire, spécialiste de l’histoire dentaire et napoléonienne)
Clystère sur :
01 juin 2015
Facebook : https://www.facebook.com/Clystere
www.clystere.com / n° 41.
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Croix rouge : Témoignages de la guerre russo-japonaise de 1905.
BONTÉ Frédéric, Ph D
Membre de l’Académie nationale de Pharmacie
E-mail : [email protected]
L’empereur père du Japon moderne, Mutsuhito monté sur le trône depuis 1867 est connu sous le nom
de Meiji. L’impératrice Shoken, sa femme, est née à Kyoto le 17 avril 1850. Marié en 1868, elle s’est
beaucoup investie dans la santé et dans l’éducation des femmes. Elle travailla à la reconnaissance de
La croix rouge japonaise (1) et à son adhésion à la convention de Genève et au comité international
en 1887. Elle lui donna 100000 yens soit environ 25 millions d’euros d’aujourd’hui pour ce qui devint
le fond « Empress Shieken fund » qui existe toujours (2). Elle prit une part active à la réunion générale
de la croix rouge japonaise en octobre 1902. Depuis toujours, la famille impériale a parrainé la croix
rouge japonaise, ce qui a attiré de nombreux membres fortunés facilitant sa création et ses activités.
Nous présentons ici une carte postale de la croix rouge japonaise, imprimée à Tokyo avec
l’autorisation du ministère de la communication montrant des princesses impériales préparant des
bandages
à
l’occasion de la
guerre
russo-
japonaise
de
1904-1905. La
carte (non utilisée) mesure 14
x 9 cm, et a un
motif de fleurs
et un éventail
gaufré
entou-
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rant une photographie
des
princesses
im- Figure 1 : carte postale de la croix rouge japonaise 1905.
périales assises, tout habillées de blanc et préparant des bandages [Fig1]. Au revers se trouve le
terme français « Carte Postale ».
www.clystere.com / n° 41.
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Nous présentons également une médaille de 30 mm de diamètre qui était remise aux infirmières
ayant soigné avec dévouement les blessés [Fig 2]. Il a été écrit que la croix rouge japonaise œuvra
pour un traitement humain des prisonniers russes ce qui lui valut une bonne image en occident (3).
Cette guerre a été le
fruit de l’échec de négociations entre le Japon
et la Russie sur leurs
visées communes sur la
Mandchourie et la Corée. Le Japon proposa
de reconnaitre la Mandchourie comme sphère
d’influence de la Russie
Figure 2 : médaille de la croix rouge japonaise 1905 (avers et revers).
en échange de la réciprocité sur la Corée. Le
tsar n’entendit pas alors partager son influence sur cette partie du monde. La Russie refusa et le conflit éclata. Il dura un an. Dans la nuit du 27 mai 1905, la flotte russe à cours de charbon doit emprunter l’étroit passage entre la Corée et la côte japonaise. Quelques heures plus tard, elle subit l’attaque
surprise de la flotte japonaise qui a quitté sa base coréenne et est défaite. Un des principaux évènements de la guerre entre la Russie et le Japon vient de se jouer. Après la défaite de la Russie un traité
de paix fut signé en septembre 1905. La défaite de la Russie débouchera sur des émeutes, sources de
la future révolution qui entrainera l’empire russe quelques années plus tard.
Références:
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1- Fondée en 1877 sous le nom de Société Philanthropique
2- www.empressshokenfund.org
3- Kowner, R. Becoming an honorary civilized nation: Remaking Japan’s military image during the
Russo-Japanese War, 1904-05. The Historian, 2001, 64, 19-38.
Toute référence à cet article doit préciser :
Bonté F. : Croix rouge : Témoignages de la guerre russo-japonaise de 1905. Clystère
(www.clystere.com), n° 41, 2015.
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Jean-Jacques PERRET, à Paris, Claude-Joseph TABOUREUX, à Lyon deux fameux couteliers
au XVIIIe siècle.
Jacques VOINOT & Philippe LEPINE
Musée d’Histoire de la médecine de Lyon
Contacts : [email protected] / [email protected]
Dans le n° 32 de Clystère (septembre 2014), notre confrère le Docteur J.P. Bucas publie un article très
documenté et très technique sur la fabrication des instruments de chirurgie.
Dans son introduction historique il cite quelques ouvrages de chirurgie au XVIIIe siècle et parmi eux
Croissant de Garengeot et Jean-Jacques Perret. À propos de celui-ci il écrit : « Perret fut aussi une
référence sérieuse pour ses successeurs et son ouvrage « L’art du coutelier – expert en instruments de
chirurgie » témoigne d’une virtuosité quasiment artistique dans la facture de ces instruments ».
Il est dommage qu’il ne précise pas que Croissant de Garengeot est chirurgien, mais que Perret est
Maître Coutelier, et cette nuance, on le verra, est capitale pour l’intérêt historique et scientifique de
l’ouvrage de Perret.
Jean-Jacques Perret, coutelier chirurgical
Perret mérite tous les superlatifs car il est le premier (et probablement le seul) coutelier qui ait rédigé
et publié un ouvrage d’une telle qualité. En effet, jusqu’à ce dernier quart du XVIIIe siècle, on avait
publié de nombreux livres de chirurgie : Guy de Chauliac, Henry de Mondeville, Ambroise Paré, JeanJacques Guillemeau, Jean-Louis Petit, Abraham Scultet, Heister, Croissant de Garengeot et combien
d’autres, dans des spécialités comme l’ophtalmologie (Daviel, Pellier de Quengsy…) pour ne citer que
celle-ci. Or tous ces auteurs sont des chirurgiens, remarquables certes, mais pas des fabricants
d’instruments et les descriptions qu’ils donnent de ces instruments, accompagnées d’un texte qui
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n’est jamais qu’une légende de gravure, sont tout à fait sommaires. Le texte décrit, souvent longuement, comment il faut utiliser l’instrument en action chirurgicale, mais jamais comment il a été conçu,
fabriqué.
C’est là la grande originalité et la grande qualité de Perret. Son important ouvrage en deux tomes infolio (c’est le deuxième qui traite des instruments de chirurgie) est rédigé non pas à l’intention des
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chirurgiens mais des couteliers. Quand il publie son livre en 1772 on est à la fin de la publication de
l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, et c’est la même année 1772 que paraissent les planches des
gravures illustrant les articles de l’Encyclopédie et qui terminent l’édition de cet ouvrage remarquable. Or le livre de Perret est tout à fait dans le même esprit : désir de communiquer au plus grand
nombre le savoir et les techniques de tel ou tel métier. (On retrouve la même intention dans un ouvrage de même type « l’Art du Tuilier et du Briquetier » de Duhamel du Monceau, Fourcroy de Ramecourt, Gallon et Jars publié en1773 !). Le plus célèbre coutelier parisien Frédéric Charrière, cinquante
ans plus tard, pourtant inventeur de nombreux instruments de chirurgie, n’a pas rédigé un ouvrage
aussi documenté que « L’Art du coutelier-expert en instruments de chirurgie ». On peut dire aussi que
les dessins de ses tout premiers instruments (cf. le Traité d’anatomie de l’homme, comprenant la médecine opératoire, par Jean-Marc Bourgery et Nicolas-Henri Jacob, 1831-1854) ne montrent jamais les
détails de fabrication que Perret introduit dans ses descriptions. On est dans un tout autre esprit.
Nous avons la chance, au Musée d’Histoire de la médecine et de la pharmacie de Lyon (M. H & Ph.
Lyon) de posséder une importante collection d’instruments de chirurgie très variés fabriqués à Lyon
par le coutelier Taboureux (et au moins un de ses successeurs) d’après les dessins de Perret, c’est
tout à fait étonnant !
Claude-Joseph Taboureux, coutelier chirurgical lyonnais
De Claude-Joseph Taboureux on sait très peu de choses. On voit apparaître son nom dans les Almanachs lyonnais de la fin du XVIIIe siècle. Un édit royal de janvier 1777 avait rétabli les communautés
des Arts et Métiers. À la tête de chaque communauté il y avait un Maître-Garde. Dans l’Almanach de
1778, le nom de Claude-Joseph Taboureux apparaît comme Maître-Garde de la corporation des « Armuriers ou Arquebusiers, Couteliers, Fourbisseurs, Graveurs et Ciseleurs en acier ». On retrouve encore son nom en 1784. Grâce à ces Almanachs on sait aussi qu’il avait son atelier rue Saint-Côme,
près de la « boucherie des Terreaux ». Le nom a disparu mais la rue existe toujours, c’est la rue Cha-
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vanne, non loin de l’église Saint-Nizier (le Dr. Chavanne était, au XIXe, député du Rhône) [Fig. 1-2].
Figure 1 : La rue Chavanne (plan actuel).
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Figure 2 : La rue St-Côme plan du
XVIIIe.
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Taboureux était certainement un artisan habile. Les instruments que l’on possède au Musée sont de
belle facture, mais simples, sans les ornements que l’on voyait encore précédemment. Deux des scies
à amputation de nos collections sont signées Taboureux et sont même datées : 1784 [Fig. 3].
Figure 3 : Marque « Taboureux A Lyon 1784 ». © Coll. Musée HM & Ph. Lyon
La réputation de Taboureux devait être grande dans cette fabrication car le célèbre chirurgien parisien Pierre-Joseph Dessault avait une scie Taboureux, datée de 1790, elle est conservée au Musée
d’histoire de la Médecine de Paris. Est-ce parce que Pierre Bouchet, chirurgien-major à l’Hôtel-Dieu de
Lyon fut l’élève de Dessault en 1788 ?
Autre témoignage de la réputation de notre coutelier lyonnais : l’accoucheur Jean-Simon Thénance,
dans un ouvrage paru en Brumaire An X (octobre 1801) sur les modifications qu’il apporte au forceps
de Levret, dit qu’il « fit construire par un habile coutelier, le citoyen Taboureux, un forceps plus grand
et dont les cuillers étaient plus étendues que celles des forceps communs… depuis vingt ans que j’ai
fait exécuter mon forceps par le citoyen Taboureux, ce coutelier habile dans son Art, ses successeurs
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n’en ont point fabriqué d’autre. »
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Dans les archives hospitalières
de l’Hôtel-Dieu on trouve deux
factures signées par Taboureux
et établies au nom de deux chirurgiens de l’Hôpital de la Charité. Il est intéressant de lire le
détail d’une de ces factures,
établie au nom du Dr. Laurent
du 12 octobre 1781 [Fig. 4].
Figure 4 : Facture signée Taboureux du 12 octobre 1781 : 2 argarics (pour algalie : sonde) pour homme et 1 dito pour femme, une érine et une curette pour la
Catarque (sans doute la cataracte !), 2 couteaux pour la même opération, 1
stille et une érine en argent pour la fistule (lacrymale ?).
L’oiseau des poinçons de Taboureux, Crépu-Taboureux, Martin
La marque de ce coutelier habile ne laisse pas d’intriguer. Les superbes scies à amputation citées plus
haut, montrent un travail très soigné, les manches sont en ébène agrémentés de décors en argent ;
l’arc de la scie présente en son milieu un élargissement où, d’un côté il y a les initiales du propriétaire : PB pour Pierre Bouchet (1756-1794) [Fig. 5]. Sur une autre : AD pour André Dussausoy (17551820) [Fig. 6].
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Figure 5 : Initiales de Pierre Bouchet sur l’arc de la
scie. Coll. HM&Ph Lyon. ©J.Voinot.
Figure 6 : AD, initiales de André Dussausoy, chirurgien major à l’Hôtel-Dieu de Lyon.
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Mais de l’autre côté le coutelier a mis sa marque et elle est tout à fait étonnante [Fig. 7] :
Figure 7 : scie d’André Dussaussoy. Coll. HM&Ph Lyon ©J.Voinot.
On y voit un oiseau aux ailes semi déployées entouré de rayons divergents comme ceux du soleil, le
tout est dans un ovale marqué par un cordon terminé en volutes aux pôles, doublé par un léger guillochage ; c’est un beau travail de graveur.
Sur le manche de l’autre scie le motif décoratif est différent mais l’oiseau a la même allure [Fig. 8].
Figure 3 : L’oiseau, marque de Taboureux. Coll. HM & Ph Lyon © J.Voinot.
Mais cet oiseau, quelle signification peut-on lui donner ?
On retrouve cette marque sur le manche d’une sonde plate conservée
dans les collections du Musée des hospices Civils de Lyon, avec le nom
Taboureux [Fig. 9]. On retrouve notre oiseau aux ailes déployées (il
semble même que l’on voie ses pattes, il est donc vu d’en dessous, il
nous survole) en dessous on lit TABOUREUX A LYON, le tout est encadré par un
décor en feuilles d’acanthe qui se terminent sur une coquille, c’est un décor ty-
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pique du XVIIIe et c’est très élégant.
Figure 4 : Manche de sonde,
collection des Hospices Civils de
Lyon. © J.Voinot.
Alors cet oiseau, quel est-il ? Et bien, à
notre avis, il s’agit d’une colombe, la co-
lombe du Saint-Esprit qui figure en pendentif sur la croix huguenote.
Taboureux serait-il protestant, huguenot même ? Depuis la Réforme, il y
a toujours eu des protestants à Lyon. Un timbre-poste émis [Fig. 10] en Figure 10 : Timbre-poste émis
en 1985.
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1985 commémore leur accueil…
Cependant on ne voit pas apparaître le nom de Taboureux sur l’excellent site des Huguenots de
France. C’est un homme trop connu pour qu’il n’y soit pas mentionné… Mystère ! Sur un Almanach de
la Ville de Lyon, Taboureux est nommé dans la liste des citoyens éligibles aux Places municipales de la
ville de Lyon en 1790 où il est qualifié de « clincallier (sic)», coutelier, rue Malpertuis (portion de la
rue St Côme).
Il semble que Claude-Joseph Taboureux soit mort en 1798. Mais il eut un successeur en la personne de
son gendre, Pierre Crépu qui a épousé Marie-Élisabeth, fille de Claude-Joseph Taboureux et
d’Élisabeth Vial, le 26 Brumaire an V (le 16 novembre 1796).
En effet, à la fin de l’ouvrage de Thénance on peut lire ces quelques lignes : « on trouve à Lyon des
forceps croisés, tout fabriqués chez Crépu-Taboureux, rue St Côme, coutelier ».
On retrouve sa marque, toujours avec l’oiseau [Fig. 11], la réputation de Claude-Joseph était-elle si
grande pour que son gendre ait accolé le nom de son beau-père au sien ?
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Figure 11 : différents poinçons de Taboureux sur des instruments des collections du Musée d’Histoire de la Médecine de
Lyon. © J.Voinot.
Mais comment interpréter la présence de cet oiseau sur deux instruments, un forceps et un spéculum
conservés dans nos collections, au nom de Martin ?
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Figure 12 : L’oiseau sur les marques de Martin à Lyon. Coll. HM & Ph Lyon.©J.Voinot.
Les annuaires de Lyon signalent
un Claude Martin, 15 rue Thomassin en 1810, et 8 rue BonRencontre en 1827… La marque
aurait-elle été reprise ?
Dans les pages qui suivent, nous
présentons les instruments fabriqués par Taboureux et son
gendre avec, en regard, les dessins de l’ouvrage de Perret. Il ne
fait nul doute que nos couteliers
lyonnais avaient sous les yeux
ce catalogue tellement la ressemblance est grande.
Figure 13 : Tourniquet signé Taboureux, coutelier, Lyon.
Il n’y a pas de classement particulier dans la présentation des instruments.
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Une remarque : Perret avait dessiné les instruments "en vraie grandeur", mais nous n'en avons pas
donné les vraies dimensions afin de ne pas encombrer l'image.
Enfin nos collections contiennent des instruments fabriqués d’après Perret, mais ils sont sans
marques, nous ne les avons pas représentés.
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Catalogue de quelques instruments fabriqués à Lyon par Taboureux et Crépu à la fin du
XVIIIe siècle, à partir des dessins de Jean-Jacques Perret dans « L’Art du coutelier expert en
instruments de chirurgie » 1772.
Note : Sauf mention contraire, toutes les photos d’instruments font partie des collections du Musée
d’histoire de la médecine et de la pharmacie de Lyon. © J.Voinot. Remarque : les instruments ne
sont pas représentés à l’échelle. Certains, comme les tire tête, mesurent près de 40 cm.
Figure 2 : Instruments de Taboureux.
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Figure 1 : planche 110 du Perret.
Figure 3 : Les instruments pour le « Canser (sic)» du sein.
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Figure 4 : Des speculum oculi.
Figure 5 : Speculum anglais.
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Figure 6 : Ophtalmostat de Le Cat.
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Figure 11 : Des tire-tête : à gauche, tire-tête de Grégoire, à droite, tire-tête de Mauriceau.
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Figure 7 : marque Crépu-Taboureux sur un tire-tête.
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Figure 13 : détail du tire-tête
de Mauriceau.
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Figure 14 : Tire-tête à double croix de Baqué.
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Figure 15 : Tire-tête de Levret.
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Figure 16 : le bistouri caché et ailé de Ledran et son
cachet PB (Pierre Bouchet).
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Figure 17 : Gorgeret dilatoire de Le Blanc pour la hernie.
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Figure 18 : instrument pour la taille des
femmes de Antoine Louis.
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Figure 19 : Lithotome à manche fixe
dans l’opération de la taille selon
Foubert. Collections Musée HCL ©
J.Voinot
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Figure 20 : Trépans.
Figure 21 : Pince à pansements à ressorts.
Figure 22 : Pince à anneaux.
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Figure 23 : Tenettes. Collections Musée
HCL © J.Voinot.
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Figure 24 : instruments pour les polypes.
Figure 25 : Pince pour contenir les polypes.
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Figure 26 : Pince de Levret pour les polypes.
Figure 27 : Constricteurs pour les polypes. Constricteur de La Faye.
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Figure 28 : constricteur de Levret pour polypes.
Figure 29 : Pélican pour arracher les dents.
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Figure 30 : Conducteur de Bouchot pour la bronchotomie.
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Figure 31 : Bistouri de J.L. Petit pour couper le nerf optique.
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Figure 32 : Grand couteau à amputation.
Figure 32 : et la scie qui complète le couteau d’amputation.
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Toute référence à cet article doit préciser :
Voinot J., Lépine P. : Jean-Jacques PERRET, à Paris, Claude-Joseph TABOUREUX, à Lyon deux fameux couteliers
au XVIIIe siècle, complété par « Catalogue de quelques instruments fabriqués à Lyon par Taboureux et Crépu à la
fin du XVIIIe siècle, à partir des dessins de Jean-Jacques Perret dans « L’Art du coutelier expert en instruments de
chirurgie » 1772 ». Clystère (www.clystere.com), n° 41, 2015.
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L’or dentaire des Nazis : des corps morts jusqu’aux banques suisses
Xavier RIAUD
Docteur en chirurgie dentaire, Docteur en épistémologie, histoire des sciences et des techniques.
Lauréat et membre associé national de l’Académie nationale de chirurgie dentaire.
Membre libre de l’Académie nationale de chirurgie.
145, route de Vannes, 44800 Saint Herblain
E-mail : [email protected]
Le Reichsführer SS Heinrich Himmler ordonne le 23 septembre 1940, aux médecins SS, la récupération des dents en or sur les cadavres et celles sur les vivants « qui ne peuvent être réparées. » Cette
première mesure n’étant que peu appliquée, Himmler décrète une seconde fois, la récupération
systématique des dents en or dans la bouche des détenus des camps de concentration, le 23 décembre 1942. Cette mesure fait suite à la mise en œuvre de la Solution Finale. Les dentistes SS seront
tenus de suivre une formation continue pour que cette loi soit fidèlement respectée 1.
TRADUCTION :
Office central des affaires administratives et
économiques. Oranienburg, le 11 janvier 1943.
Groupe de services D. Camp de concentration
DI/1 14 c 9/Dt/S. Journal secret n°15/43. Objet :
or dentaire. En référence à : décret local DI/1 14
c 9/Ot J. du 23.12.1942. Journal secret n°
941/42. Document joint : aucun.
SECRET
Aux commandants des camps de concentration
de Dachau, Sachsenhausen, Buchenwald, Mauthausen,
Flossenbürg,
Neuengamme,
Auschwitz, Gross-Rosen, Natzweiler, Niederhagen, Stutthof, Herungen, Ravensbrück et du
camp de prisonniers de guerre de Lublin
Reproduction envoyée au chef de l’office DIII
dans ce camp de concentration
En complément à ce décret, il est ordonné que
les petits camps collectent l’or provenant des
dents en or pendant un temps plus long (une
année) et qu’ils n’envoient plus mensuellement,
comme cela s’est encore passé, de petites
quantités d’or.
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Le chef de l’Office central
2
SS-Obersturmbannführer Liebehenschel
1
Cf. Riaud Xavier, La pratique dentaire dans les camps du IIIème Reich, Paris, 2002, L’Harmattan (éd.), Collection Allemagne d’hier et d’aujourd’hui, p. 235.
2
Cf. Staatsarchiv Nürnberg, Allemagne, 1999, NO-1521.
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Le 30 janvier 1933, Hitler devient Chancelier. Les Nazis prennent le pouvoir. En 1934, un accord de
clearing est conclu entre la Suisse et l’Allemagne. Outre la règle de compensation qui consiste à annuler les dettes réciproques entre les deux pays, cet accord comporte une clause très particulière : 11,8
% de la contre-valeur des importations allemandes en Suisse sont réglés en francs suisses. Cette disposition est essentielle aux Nazis pour pouvoir effectuer des achats à l’étranger, le franc suisse étant
accepté à la différence du Reichsmark qui ne l’est pas 3. Il faut que les Nazis puissent écouler leurs
acquisitions contre des devises, car la guerre rend le Reichsmark inconvertible. Il l’est déjà depuis janvier 1937 quand la Reichsbank déclare que la vieille règle de la couverture en or de la monnaie, a perdu sa validité et que le Reichsmark peut devenir opérationnel 4.
Pour se procurer des devises, il leur faut passer par des pays neutres susceptibles de fournir contre de
l’or des devises avec lesquelles le régime hitlérien peut acheter, sur les marchés mondiaux, des produits indispensables. L’or volé change en partie de forme, transmué en billets de banque et en matériel de guerre. Le franc suisse est devenu le moyen de paiement externe du Reich. Qui sont ces pays
neutres capables de soutenir l’Allemagne dans son effort de guerre ? La Suisse, la Suède, l’Espagne, le
Portugal, la Roumanie et la Turquie ne sont pas en guerre. Accessible aux sous-marins allemands,
l’Argentine s’avère être un pays ami. Mais, la plupart de ces nations n’ont pas un poids économique
et financier suffisant pour servir d’auxiliaires efficaces au Troisième Reich. Ce sont donc la Suisse, et la
Suède subsidiairement, qui appuient l’effort de l’Allemagne. Ainsi, se mettent parallèlement et progressivement en place deux organisations parfaitement huilées : l’une, d’extermination des Juifs dans
le cadre de la Solution Finale, l’autre, celle d’écoulement des valeurs et de l’or. L’Allemagne est un
pays pauvre en matières premières. Avec les devises étrangères que la Banque nationale suisse fournit aux Allemands en échange de leur or, les Nazis peuvent acheter l’acier nécessaire à fabriquer des
Panzers et du tungstène pour renforcer leurs Messerschmitts, au Portugal, du fer et des roulements à
bille utilisés dans la fabrication d’instruments de navigation aérienne, à la Suède, du manganèse à
l’Espagne, des fournitures à l’industrie suisse comme de l’artillerie légère ou des mécanismes
d’horlogerie pour les bombes et les obus, des machines de précision nécessaires aux usines
d’armement 5.
En 1939, le président de la Reichsbank avertit le gouvernement que les réserves en devises et en or
sont épuisées et qu’il n’est plus possible de tirer des chèques en blanc sur la relance industrielle, et
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l’industrie des armements 6. Pour faire fonctionner la machine industrielle, il convient de procéder à
3
Cf. Riaud Xavier, « L’or dentaire nazi ou comment le conflit devient source de dissimulations, de vols et de falsification », in
Le conflit sous la direction d’Olivier Ménard, Journée de la Maison des Sciences de l’Homme-Ange-Guépin, Paris, 2006,
L’Harmattan (éd.), Collection Logiques sociales, pp. 219-234.
4
Cf. Historia, Les circuits de l’or nazi, septembre 1997, n° 609.
5
Cf. Picaper Jean-Paul, Sur la trace des trésors nazis, Paris, 1998, Tallandier (éd.).
6
Cf. Marguerat Philippe, « Or allemand-or allié 1940 – 1945 », in Revue suisse d’Histoire, Schwabe & Co (ed.), 1997, vol. 47,
n°1, pp. 520-531.
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des achats sur les marchés extérieurs. De 1933 à 1939, les forces armées du Reich engloutissent 51,9
% de toutes les dépenses publiques.
Quand le Dr Hjalmar Schacht donne l’alerte, en 1939, en indiquant que les réserves d’or de la Reichsbank sont vides, il n’y a plus d’autre issue que d’ouvrir les hostilités pour aller prendre l’or là où il est.
En 1939, l’Allemagne déclare la guerre. A chaque conquête, deux choses sont immédiatement faites :
-
les réserves d’or du pays conquis sont systématiquement pillées par les Nazis ;
-
les Juifs sont systématiquement fichés.
Les bases fondamentales de cette récupération de l’or dentaire dans la bouche des morts ont été
mises en place sous la République de Weimar. Dans le Zahnärztliche Rundschau n°39 (1925), une revue dentaire, se trouve un texte du dentiste Dr Albert Werkenthin avec le titre « Das Gold der Toten ».
« Dans le second tome de mon livre Système des travaux de couronnes et de bridges dentaires, il y a
quelque chose qu’on n’écrit, ne lit et dont on ne parle pas avec plaisir. Cela concerne l’or des morts.
(…) Les événements dans le crématoire de Dresde devraient pourtant nous convier à faire arrêt à la
porte du mutisme, puisque, comme on voit, il ne règne pas derrière elle de requies aeterna, du moins
aussi longtemps que la mort retient encore quelque chose qui ne lui revient pas. Que les lieux
d’enterrements américains se soient transformés, au cours du temps, en champs d’or, il en a déjà été
question quelque part, il y a 20 ans. D’ailleurs, la question s’envisage sans difficulté. Où restent l’or et
le platine contenus dans et sur les dents, dans les plombages, couronnes et bridges quand l’homme
meurt, avant qu’il n’ait perdu toutes ses dents ? Il faut prendre toutes les possibilités en compte :
1/ Le métal précieux est enterré avec lui, reste 30 ou 60 ans, ou plus, dans la terre, et, lors de
l’exhumation faite pour laisser la place à de nouvelles tombes, il sera peut-être trouvé. Ce ne sont ni
les héritiers, ni la communauté qui en profitent, mais l’administration de l’Eglise ou du cimetière qui le
prélèvent, quand ce ne sont pas les ouvriers qui l’empochent. Il peut tout aussi bien rester sous terre
et être perdu en tant que patrimoine national.
2/ Il n’est pas non plus impossible que cet or soit ponctionné au moment de l’enterrement par des
personnes qui n’y ont pas droit. Cela peut être le cas notamment lors de la récupération des cendres
suite à une incinération.
3/ Si les héritiers sont d’accord et pour leur profit, le métal précieux peut être prélevé avant
l’enterrement ou l’incinération par un spécialiste.
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Il serait pensable que l’Etat fasse faire, de manière systématique et dans tous les cas, des examens et
des manipulations sous couvert de la loi, réclame le métal pour lui, dédommage les héritiers ou leur
suggère d’en faire don à la communauté, la somme n’étant jamais très élevée.
(…) La situation a changé lorsque nous avons commencé à utiliser l’or comme matériau de choix dans
les obturations dentaires, qui, certes, pour chaque cas, est dérisoire, mais qui constitue une quantité
très importante dans sa globalité et qui va augmenter sans arrêt dans les décennies à venir. Voici un
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calcul rapide. Dans quelques années, il y aura 10 000 dentistes et environ 20 000 mécaniciens dentaires. En supposant que chacun fasse chaque année les travaux suivants :
240 plombages en or fondu ou cloué à 0,5 g
120 g
100 capsules et couronnes à 3 g
300 g
36 bridges à 12 g
432 g
Total
852 g
Et seulement 1/20 reste dans la bouche en cas de mort, donc environ 42 g, donc pour 30 000 personnes, cela représenterait déjà 1 278 kg d’or, qui aurait une valeur de 3,8 millions de marks. Avec le
platine, on arriverait à 4 millions de marks par an. C’est une somme qui, même si elle était moins élevée, donne à réfléchir. (…) En tous les cas, une chose est sûre : seul le vivant a le droit à une matière
aussi importante que l’or et aucune piété n’autorise les morts à conserver l’or pendant 30 ou 60 ans,
période pendant laquelle il ne rapporte aucun intérêt. Juridiquement, le mort ne possède rien, ne peut
plus rien posséder, disparaît en tant que personne humaine, son successeur juridique étant son héritier. Ne pourrait-on pas faire en sorte que, lors de l’exhumation, l’or revienne à la communauté ? Estce que les héritiers ne doivent pas être tenus de payer en avance des intérêts pour ces 30 ans, s’ils
croient ne pas pouvoir, en raison de leur piété, accepter que l’or soit prélevé de suite sur le mort7 ? »
La critique des affirmations doit être laissée à des contemporains. Herbert Hartkopf écrit, dans le
Zahnärztliche Rundschau, en réponse : « C’est une chose particulière que d’écrire une réponse à
l’article du collègue Werkenthin. Les questions évoquées dans son essai sont sans aucun doute de
nature humaine, mais elles prennent racine dans des questions de nature idéologique, morale, de
telle sorte qu’il est très difficile de répondre point par point, argument par argument, objectivement
et en toute neutralité. L’article touche au plus sacré. Werkenthin affirme : « Tant que le mort retient
quelque chose qui ne lui revient pas de droit. » Pour qui ont été faites les prothèses auxquelles le mort
n’a pas droit ? S’agit-il de cosmétique conçu pour une certaine période ou bien étaient-elles destinées
à rétablir une mastication physiologiquement normale du vivant de la personne ? Il est indiscutable,
d’un point de vue humain et scientifique, que les cimetières américains sont des champs d’or où l’or
perdure bien après la décomposition des corps. Je ne sais pas si les statistiques données par mon con-
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frère sont exactes, mais il me semble qu’on ne peut résoudre cette question avec des statistiques et
que cela dépend uniquement de la manière dont on considère les morts qu’on enterre. 8 » Pour Hartkopf, il est essentiel d’avoir de la considération pour les morts 9. Pour lui toujours, si on a des scrupules
7
Cf. Schulz Wilhelm, Zur Organisation und Durchführung der zahnmedizinischen Versorgung durch die Waffen-SS in den
Konzentrationslagern während der Zeit des Nationalsozialismus, Bonn, 1989, Dissertation, pp. 114-116.
8
Cf. Schulz Wilhelm, 1989, pp. 114-116.
9
Cf. Schulz Wilhelm, 1989, pp. 116-118.
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à se servir de l’or prélevé sur des parents ou des amis, ceux-ci sont nettement moins importants, voire
inexistants, si les morts sont des inconnus. Le dentiste Dr Koennecke a une position un peu moins défavorable que Hartkopf : « J’émets quelques réserves quant à l’article intitulé « L’or des morts », du
reste très intéressant. D’abord, il me semble que la moyenne indiquée pour chaque dentiste est beaucoup trop haute, du moins en ce qui concerne notre situation en Rhénanie. (…) Mais, même en considérant cette démonstration comme juste, il serait presqu’impossible de récupérer vraiment l’or des
morts pour la communauté. Si la liberté était laissée aux parents du mort de signaler la présence d’or
dentaire, on peut être sûr que, dans 99 % des cas, cette signalisation ne serait pas faite. Si cela était
confié au personnel aidant, à ceux qui nettoient les corps, etc., il faudrait qu’une autorité supérieure
assure un contrôle et prenne en charge le prélèvement de l’or. Cela causera d’abord beaucoup
d’émotions dans les familles concernées, voire de scandales, mais les coûts croissants de l’opération
en limiteront l’intérêt, car je doute que le partisan enthousiaste de cette idée le fasse bénévolement. »
Le dentiste Karl Bluff est en total désaccord avec Werkenthin 10. Le prélèvement de l’or serait effectué
pour lui de manière indigne. Bluff pense aussi qu’il est inhumain de ne pas avoir de respect pour la
mort 11. « L’homme, qui meurt après de longs combats, n’est plus, une fois mort, qu’un objet qui doit
être épargné d’attaques de toutes sortes, en particulier pour quelques grammes d’or. Sans parler de
la manière dont serait prélevé cet or. Reste à savoir si beaucoup de confrères seraient capables de
faire ce travail « sympathique ». Pour ma part, un dentiste, qui est aussi un médecin de la bouche, est
appelé à soigner des malades et non à être un chercheur d’or chez les morts. (…) N’oublions pas que
nous sommes des hommes et que, dans cette triste époque, nous voulons préserver notre culture et,
dans ce cas, nos rites funéraires. »
Le dentiste Hermann Pauson a une position quant à lui, tout à fait favorable à l’article de Werkenthin 12. « L’article du collègue Werkenthin (…) me rappelle que je m’étais adressé, en 1923, à un grand
quotidien berlinois sur cette question. On m’a répondu qu’on ne souhaitait pas en parler, au risque
d’être critiqué avec force véhémence. Qui, aujourd’hui, est amené à débattre de ces affaires ? Il faut
espérer que nos représentants prennent position sur le sujet et fassent une démarche en ce sens auprès du gouvernement. D’après moi, la masse d’or que l’économie perd tous les ans est beaucoup plus
importante que ce que mon confrère a pu estimer. »
Cette problématique a donné lieu à des débats intensifs. Le défenseur le plus acharné de l’idée qu’on
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ne peut ni ne doit laisser l’or dentaire disparaître dans les tombes avec les morts, reste Werkenthin
qui revient sur le problème dans un article fin 1925, toujours dans le Zahnärztliche Rundschau 13.
« Qu’on réfléchisse au fait que si l’on parvenait vraiment pendant 30 années consécutives à récupérer
10
Cf. Schulz Wilhelm, 1989, p. 118.
Cf. Schulz Wilhelm, 1989, p. 118.
12
Cf. Schulz Wilhelm, 1989, p. 119.
13
Cf. Schulz Wilhelm, 1989, p. 119.
11
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les 4 à 5 millions perdus, ce serait 150 millions en or qui pourraient servir ensuite aux gens malades
des dents. Et chaque regard dans la bouche de nos patients suffit à nous montrer que nous pourrions
utiliser et avoir besoin d’infiniment plus d’or pour refaire leurs mâchoires. Ceci est particulièrement le
cas chez ceux qui ont le moins de moyens et qui doivent continuer à se contenter des plus misérables
soins de fortune à base de caoutchouc, de silicate et d’amalgame. (…) Pourtant, je suis convaincu que
personne n’objecterait quelque chose, que personne ne considérerait comme sans importance de
gaspiller 4 à 5 millions, que personne ne verrait l’or des couronnes artificielles comme un élément
inséparable du cadavre, comme un élément ayant travaillé auparavant qui est enlevé par les laveurs
de corps, les parents ou le mourant qui n’en a plus besoin. Personne n’y trouve alors à redire. En tous
cas, pas plus que d’enlever une bague ou de se raser. Ce qui effraie, c’est qu’il faut pour cela l’enlever
par le biais d’une opération à laquelle peu de confrères, semble-t-il, selon mon confrère Bluff, veulent
se prêter. La violence apparente de ces extractions semble incompatible avec la piété de rigueur entourant la mort qui est contraire aux besoins matériels qui légitiment l’acte. A quoi ressemblent une
autopsie, une dissection ? Comment est-il possible que des médecins fassent ce travail pas très
« sympathique », que des médecins cherchent dans les noyés les plus repoussants, que des chimistes
extraient des poisons des parties du corps les plus difficiles d’accès, considérant cela comme un acte
qui leur est propre, loin de soigner ou de guérir des malades bien vivants ? (…) Si je me réfère à une
phrase du confrère Pfaff : « Dans tous les cas, la meilleure manière de récupérer l’or et le platine serait de brûler les corps. Ainsi, on pourrait les prendre dans les cendres restantes, sans craindre alors
de heurter la sensibilité des gens. En incinérant ainsi les corps, aucun reproche ne peut être formulé.
Par contre, ce n’est pas le cas lors de l’enterrement des corps où les choses sont beaucoup plus difficiles. Légalement, aucune ponction n’est réalisée tant que le corps est encore sur terre. Ce serait un
vrai manque de piété qu’un dentiste en pratique les avulsions. Mais, il me semble nécessaire de répertorier les dents en or, leur nombre et position, sur les registres de décès et les certificats de décès. Je
pense que le médecin remplissant le certificat devrait être formé à cette tâche. De même, le dentiste
familial devrait-il être contraint de fournir, à cet effet, tous les renseignements requis. En outre, je suis
convaincu que chaque homme qui se fait poser une couronne en or devrait recevoir une carte sur
laquelle figurerait, en latin dirons-nous, le décompte précis de ses prothèses. (…) Il est indéniable que
quelque chose doit être fait dans ce domaine. Il est urgent d’intervenir sous peine de perdre des quan-
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tités d’or monumentales qui pourraient servir aux bonnes œuvres du pays. Enfin, je suis persuadé que
la piété véritable n’attache pas tant d’importance à un cadavre14… »
14
Cf. Schulz Wilhelm, 1989, pp. 119-121.
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Dentistes SS dans les camps de concentration 15
Médecins SS
Dentistes SS
Auschwitz
42
11
Buchenwald
43
8
Dachau
56
11
Flossenbürg
17
1
Gross-Rosen
8
2
Majdanek-Lublin
7
1
Mauthausen
45
7
Natzweiler
13
1
Neuengamme
16
4
Ravensbrück
20
4
Sachsenhausen
46
5
Stutthof
6
2
319
57
Total
Un cabinet dentaire dans chaque camp. Les dentistes SS travaillent sous les
ordres du médecin en chef du camp. L’or dentaire (prélevé sur les morts) est
utilisé pour soigner les officiers. Des traitements basiques pour les soldats. Le
Dr Helmut Johannsenn 16 (28/01/1908- ?) appartient au Service XIV du service
dentaire dans le groupe de services D du SS-FHA. Il est responsable des affectations des dentistes SS sur le front et dans les camps de concentration. Il n’y a
pas eu plus de 100 dentistes SS qui ont travaillé dans les camps. J’ai retrouvé
60 d’entre eux 17.
A ma connaissance, 7 dentistes ont été condamnés pour crimes de guerre et
crimes contre l’Humanité: Pr Hugo Blaschke (10 ans de prison); Dr Hermann
Pook (10 ans); Dr Willy Frank (7 ans); Dr Karl-Heinz Tauber, premier dentiste
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d’Auschwitz avant Willy Frank (6 ans); Dr Karl Philipp Teodor Schütz, dentiste à
Lublin-Majdanek (au moins 3 mois); Dr Wilhelm Henkel, condamné à mort
pour meurtres à Mauthausen, execute le 28 mai 1947; Dr Walter Sonntag, condamné à mort pour
15
Cf. Mac Lean French, The Camp Men, the SS Officers who ran the Nazi concentration system, Atglen, 1999, Schiffer
Miltary History (ed.), p. 198.
16
Cf. Bundesarchiv Berlin, Allemagne, 2004.
17
Cf. Schulz Wilhelm, 1989, p. 91.
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meurtres à Ravensbrück, exécuté le 17 septembre 1948. Le Dr Willi Schatz, deuxième dentiste
d’Auschwitz, a été jugé après la guerre et n’a pas été reconnu coupable. Le Dr Walter Bremmer, dentiste à Flossenbürg, a été jugé après la guerre, mais je ne sais pas quel a été le verdict de son procès.
En 1940, une étude est
publiée qui sera fondamentale et précurseur en
la matière. Le dentiste
Viktor Scholz (ci-dessous
en haut à gauche) soutient sa thèse de doctorat
à l’Institut dentaire de
Breslau 18 . Son directeur
de thèse est le professeur
Euler (ci-dessous en bas à
gauche). Son travail reçoit
les félicitations de la Faculté de médecine de
l’Université silésienne Friedrich-Wilhelm de Breslau. La thèse (ci-dessous à droite) est intitulée « Sur les possibilités de l’utilisation de l’or de la
bouche des morts ». Dans ce travail, Scholz désigne l’exploitation de l’or venant des dentiers et
des couronnes en or des personnes décédées
comme étant urgente et indispensable pour l’économie du Troisième Reich 19. Pour qualifier cette pra-
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tique, il dit : « Ce n’est pas une fin, mais en cette occasion plutôt un début. »
18
Cf. Panstwowe Muzeum Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne, 2003.
Cf. Stzelecki Andrzej, « Die Verwertung der Leichen », in Hefte von Auschwitz, Verlag Staatsliches Auschwitz-Muzeum,
Oswiecim, 2000.
19
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Une fois arrivés dans les camps, un examen médical est effectué. Les dents en or sont extraites et les
descriptions anthropométriques sont aussitôt reportées sur le dossier médical des détenus ou sur leur
carte d’emprisonnement. Plus tard, dans certains
camps, les couronnes sont extraites dans les
bouches des détenus, alors même qu’ils sont toujours vivants. Dans d’autres camps, une fois les
détenus morts, l’or est collecté avant leur crémation. Les corps sont alors marqués avec une croix
bleue ou avec un fil attaché à leur orteil. Un reçu
est émis pour chaque détenu qui détaille ce qui a
été extrait. Chaque mois, l’or ainsi prélevé est envoyé, et un reçu mensuel dans lequel figure le poids
et le détail des dents arrachées est joint.
Fiche médicale de Pierre Schillio. Il a été envoyé à
l’infirmerie du camp de concentration de Dachau, le 6
août 1944.
5ème ligne des descriptions symptomatologiques: pas de
dent en métal 20.
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Feuille extraite d’un dossier médical du camp de concentration de Natzweiler-Struthof 21 . Odontogramme avec un
bridge en or sur la gauche et 4 dents avec 4 inlays en or sur
la droite.
20
21
Cf. KZ-Gedenkstätte Dachau, Allemagne, 2002.
Cf. Riaud Xavier, 2002, p. 102.
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Fiche individuelle de détenu au camp de Buchenwald 22.
(Zähne : ici, aucune absence, mais si 2 dents manquent, la mention 2f apparaît (f pour fehlen = manquantes)).
A Auschwitz, à la sortie des chambres à gaz, une équipe des Sonderkommandos ouvre les bouches et
extrait tous les métaux s’y trouvant. La 1ère équipe de 30 dentistes/stomatologues a été sélectionnée
pour ça en 1942. La durée de vie d’un Sonderkommando est de 3 mois. Chaque équipe (8 hommes)
travaille 12 heures durant, à tour de rôle. Un contrôle post-extractionnel est effectué afin de vérifier
qu’aucune dent n’est oubliée. Les dents sont placées dans des seaux de zinc remplis d’acide sulfurique. Une fonderie d’or a été créée au crématoire III, fin 1943. Deux dentistes juifs, Franz Feldmann
de Trentschin Teplits, et Paul Katz, de Paris, ont été transférés du centre dentaire d’Auschwitz au four
crématoire de Birkenau23. Leur quartier était situé au rez-de-chaussée du crématoire III. Une pancarte
accrochée à la porte de leur local portait une inscription en grosses lettres interdisant formellement
l’entrée aux détenus et même aux SS. C’est derrière cette porte qu’étaient ouvertes des caisses en
bois pleines de dentiers en or ayant appartenu aux victimes des chambres à gaz. On débarrassait les
dents en or des fragments de chair et d’os qui pouvaient encore y adhérer, en les trempant dans un
bain d’acide chlorhydrique. Le métal était fondu dans des moules en graphite et formé en barres d’un
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poids déterminé. Tous les 15 jours, une ambulance venait prendre livraison de l’or récupéré. 5 à 10 kg
étaient ainsi fondus chaque jour sous forme de cylindre de 140 grammes ou de demi pamplemousse.
22
Cf. Greene Joshua & Kumar Shiva, Témoigner : Paroles de la Shoah, Paris, 2000, Flammarion (éd.).
Cf. Müller Filip, Trois ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz, Paris, 1980, Pygmalion/Gérard Watelet (éd.), pp. 246,
248.
23
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Les boîtes en fer blanc utilisées pour déposer les bridges, couronnes ou appareils en or des personnes
gazées avant crémation, pouvaient être des boîtes ayant anciennement contenus du Zyklon B24.
Tous les 15 jours selon Filip Müller 25, rescapé des Sonderkommandos (tous les vendredis, un officier SS
selon Myklos Nyiszli 26, autre rescapé des sonderkommandos), une ambulance venait prendre livraison
de l’or récupéré. Une quittance avec un schéma dentaire est émise à chaque détenu mort précisant
les dents extraites. A chaque envoi à Berlin, une quittance mensuelle récapitule le poids d’or dentaire
ainsi envoyé.
27
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Récupération de l’or dentaire à la sortie d’une chambre à gaz d’Auschwitz .
24
Cf. Nyiszli M., Médecin à Auschwitz, Genève, 1976, Famot (éd.).
Cf. Müller Filip, Trois ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz, Paris, 1980, Pygmalion/Gérard Watelet (éd.), pp. 246,
248.
26
Cf. Nyiszli M., Médecin à Auschwitz, Genève, 1976, Famot (éd.).
27
Cf. CDJC, Paris, 2002, photo MIX-1-6-15.
25
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Dentiers d’Auschwitz récupérés à la sortie des chambres à gaz28.
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Daviers d’Auschwitz avec lesquels l’or dentaire était récupéré à la
sortie des chambres à gaz dans la bouche des détenus morts 29.
28
Cf. Panstwowe Muzeum Auschwitz, Pologne, 2001.
29
Cf. Panstwowe Muzeum Auschwitz, Pologne, 2001.
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Exemples de pavés d’or fondu à partir des dents en or des détenus décédés
30
dans les camps de concentration .
D’après les déclarations du détenu F. Feldmann, 2 000 kg de « matériel » ont été fondus en barre
entre 1943 et l’automne 1944 dans la fonderie31.
Quittance de récupération d’or
dentaire pour un détenu mort au
camp d’Auschwitz.
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Cabinet dentaire des détenus
Auschwitz, le 22.5.1942. Section
politique du camp 127.
Au cours de l’incinération du
cadavre de :
Gross Moritz, détenu n° 30 199,
Il a été enlevé les dents artificielles
suivantes :
1/ alliages précieux : /
nombre de pièces : /
2/ or : droite couronne gauche sur
dent n° 24
nombre de pièce : 1
Nombre total de pièce : 1
Le Chef de la station dentaire des
32
détenus du camp d’Auschwitz
SS-Untersturmführer
30
Cf. Zahnärztliche Mitteilungen, Deutsche Zahnärzte 1933 bis 1945, Köln, 1996 und 1997, p. 4.
Lingots d’or artisanaux actuellement exposés au Yad Vashem, à Jérusalem.
31
Cf. Olère Alexandre, Un génocide en héritage, Paris, 1998, Wern (éd.), pp. 119, 120.
32
Cf. Panstwowe muzeum Auschwitz, Pologne, 2002.
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Dr Willy Frank (1903- ?), premier dentiste
33
d’Auschwitz .
01 juin 2015
Source : 34
33
34
Cf. Panstwowe muzeum Auschwitz, Pologne, 2002.
Cf. Panstwowe muzeum Auschwitz, Pologne, 2002.
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Caisses de dents en or d’OranienburgSachsenhausen (300 000 dents pour environ
35
80 000 morts) .
Daviers de Sachsenhausen avec lesquels des
couronnes et des bridges en or dentaire ont été
36
01 juin 2015
prélevés chez les détenus assassinés du camp .
35
36
Cf. CDJC, photo EXPO B-34, Paris, 2002.
Cf. Bundesarchiv Koblenz, photo 78612/2O, Allemagne, 2003.
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Après la libération du camp de Buchenwald, des experts joailliers examinent les objets précieux abandonnés par les SS et notamment, les dents en or récupérés dans la bouche des morts 37.
Au poste de commandement du Stutthof
Königsberg, le 2.12.1944
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Ci-joints trois certificats de décès :
Juif Bezabel Lichtenstein détenu n° 58001 mort le 28.11.1944
Juif Adolf Kohn détenu n° 55390 mort le 30.11.1944
Juif Ernst Kirstein détenu n° 55408 mort le 30.11.1944
Deux bridges en or, composés chacun d’une couronne et d’une dent, et deux couronnes en or ont été prélevés chez le détenu
Kohn, Adolf par le médecin des détenus en présence du SS-Sturmmann Raatz.
Certifié conforme
signé Weber
38
SS-Unterscharführer
SS-Oberscharführer
37
38
Cf. Häussermann Ekkhard, in Z.M., Deutsche Zahnärzte 1933 bis 1945, 1996 und 1997, p. 42.
Cf. Panstwowe Muzeum Stutthof, Pologne, 2003.
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Station dentaire du poste de commandement
Stutthof, le 1er mars 1943
Camp du Stutthof
Objet : livraison de bouts d’or dentaire
Annexe : une enveloppe cachetée
Date : 1.3.1943
Au commandant du camp de concentration du Stutthof. Administration.
Le chef de la station dentaire du poste de commandement du camp du Stutthof transmet dans une enveloppe cachetée la
masse d’or dentaire récupérée au mois de février 1943.
Masse totale : 29,28 grammes
39
Le médecin de garnison
Le chef de la station dentaire
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Dr. Karl Abraham40
39
40
Cf. Panstwowe Muzeum Stutthof, Pologne, 2003.
Cf. Panstwowe Muzeum Stutthof, Pologne, 2003.
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41
3 quittances de récupération d’or dentaire pour 3 détenus morts au camp de Buchenwald . Pour le détenu de gauche, il a
été récupéré au 25.11.1944, 1 g d’or dentaire. Pour celui du milieu, 1,6 g au 28.12.1944 et pour celui de droite, 1 g d’or
dentaire a été récupéré au 28.12.1944.
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Quittance mensuelle de récupération d’or dentaire pour le camp de Buchenwald envoyée au SS-WVHA en mars 1944
Pour mars 1944, il a été envoyé 383,3 g d’or dentaire à l’économie SS (SS-WVHA) de Berlin pour 61 cas de détenus décé42
dés .
41
42
Cf. Staatsarchiv Nürnberg, Allemagne, NO-1963, 1999.
Cf. Staatsarchiv Nürnberg, Allemagne, NO-1963, 1999.
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01 juin 2015
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43
Listes de dentistes SS impliqués dans le vol de l’or dentaire au camp de concentration de Mauthausen .
43
Cf. ISD-Sachdokumenten-Ordner Mauthausen 6, Internationaler Suchdienst, Bad Arolsen, Allemagne, seite 43, 1999.
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Utilisation pour les prothèses dentaires des officiers SS, les soldats n’ayant droit qu’aux
soins dentaires.
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Attestation médicale d’invalidité accordée au SS Heinrich Beermann, le 23 janvier 1942, suite à une blessure à la tête44.
44
Cf. Panstwowe Muzeum Stutthof, Pologne, 2003.
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Demande d’allocation d’or
45
Troupes SS de réserve
Bataillons tête de mort SS
Bon de virement pour prothèses dentaires
Ecoles SS de Junker
1. Station dentaire du poste de commandement du Stutthof
Stutthof, le 19.10.1943
Le SS-Sturmbannführer Beermann, Heinz, WVHA, service WV, a besoin d’une prothèse dentaire.
Demande d’élaboration d’une proposition dans le schéma dentaire et de mise au point d’un planning de soins, avec coûts
d’après le contrat entre le fisc du Reich et l’union des dentistes affiliés d’Allemagne.
Stutthof, le 19.10.1943
A…
Avec A. rapport médical et B. proposition pour les prothèses dentaires et indication des coûts prévus.
A. Rapport médical de l’état de toute la mâchoire (sans les prothèses proposées).
Droite 8
7
6
5
4
Haut
.
.
Kr
Bas
.
.
F
.
F : manque /[.] : Plombé / Kr : couronne
3
F
2
F
1
3
Br
2
Br
1
C
1
2
.
3
F
4
F
5
F
6
F
.
7
8
F
.
2
C
3
Br
4
Br
5
Br
6
Br
7
C
8
Gauche
B. Proposition
Droite 8
7
6
5
4
Haut
C
C
Bas
c: couronne/ br: intermédiaire de bridge
1
C
46
Coûts prévus et planning de soins
Il manque: … dents dans la mâchoire supérieure
… dents dans la mâchoire inférieure
Mâchoire supérieure
Matériel nécessaire
Coût
23
plaquette en…
…dents artificielles nouvelles/anciennes
… pinces
plaquettes de protection sur…dents
remettre
…dents sur pivot
… couronnes
bridge en … avec … parties
tôle 20
coulée/fonte 18
fil à plomb 20
fil à plomb 18
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Mâchoire inférieure (idem)
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Sont nécessaires :
Cf. Panstwowe Muzeum Stutthof, Pologne, 2003.
Cf. Panstwowe Muzeum Stutthof, Pologne, 2003.
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5
16
0,5
1,5
Gauche
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Station dentaire / Stutthof, le 19.10.1943 / Poste de commandement Camp Stutthof
Au chef SS du service sanitaire SS-FHA, service XIV, service dentaire, Berlin.
Avec la demande de prothèse dentair. Justification (selon § 193/2, 16-21)
1. Présentation du certificat de service militaire ( ?) / Copie et attestation d’un degré d’invalidité II.
2. La prothèse dentaire proposée est nécessaire au rétablissement de l’entière capacité à mâcher et à articuler clairement des ordres.
3. En dehors d’une couronne, aucune présence de prothèse dentaire.
4. B. est un soldat actif en service depuis 3 ans. A été transféré au Stutthof par le service WV du WVHA.
5. La prothèse dentaire proposée est la plus appropriée.
6. L’emploi de l’or est préconisé en vue du certificat de service militaire.
SS-Obersturmführer
SS-FHA / Lublin, le 27.10.1943
48
Service XIV. Service dentaire
La demande de prothèse dentaire est accordée
1. entièrement autorisée pour une exécution dans une station dentaire SS
2. partiellement
Le chef du service de santé dentaire au service sanitaire SS
SS-Sturmbannführer
2,5 g fil à plomb / 15,2 g coulée/fonte 8,8 g tôle 20
47
48
Cf. Panstwowe Muzeum Stutthof, Pologne, 2003.
Cf. Panstwowe Muzeum Stutthof, Pologne, 2003.
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L’or est récupéré, puis envoyé à la Reichsbank de Berlin.
Répertorié par le tribunal de Nuremberg sous le
n°2035
Référence
nazie :
SS
WirtschaftsVerwaltungshauptampt (SS-WVHA)
Référence d’envoi: Chef A/Fr/B.
Tgb.Nr.892/42geh. (secret)
SECRET
Objet : Or dentaire
Adressé au Reichsführer SS
Berlin
Reichsführer !
L’or dentaire en morceaux provenant des prisonniers
morts dans les camps de concentration est, conformément à votre ordre, livré au Service Sanitaire. Ce
service l’utilise pour les soins dentaires de nos
hommes.
Le SS-Oberführer Blaschke dispose déjà d’un stock
supérieur à 50 kgs : ceci représente les besoins prévisionnels en métal précieux pour les 5 prochaines années.
Je considère qu’il n’est pas admissible d’accumuler
davantage d’or à cette fin, aussi bien pour des raisons
de sécurité, que pour la mise à profit de ce bien.
Je demande confirmation de l’autorisation de livrer
désormais l’or dentaire en morceaux résultant des
pertes normales des camps de concentration, à la
Reichsbank, contre reçu.
Heil Hitler !
I.V.
Commandant de Brigade SS
et Général de Brigade SS
49
Frank
50
Pr Hugo Blaschke (1881- 1953) .
Blaschke est l’organisateur et le responsable de tout le
service dentaire de la SS et le dentiste personnel de Hitler, de Himmler, de Goering, d’Eva Braun et d’autres.
C’est une des prothèses dentaires, réalisée par lui, qui
facilite l’identification du corps carbonisé de Hitler et
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d’Eva Braun. Il est directement impliqué dans l’utilisation
de l’or dentaire des morts dans les camps pour réaliser
des prothèses dentaires aux soldats SS. Après la guerre,
49
50
Cf. Staatsarchiv Nürnberg, Allemagne, 1999.
Cf. Bundesarchiv Berlin, Berlin, Allemagne, 2004.
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Blaschke est interné en tant que détenu à Nuremberg. Il est condamné à 10 ans d’emprisonnement
pour crimes de guerre et crimes contre l’Humanité. Ses lieux de séjour ultérieurs demeurent inconnus.
Statistiques
- De 100 à 500 grammes d’or par mois sur toute la durée de la guerre.
- 25 kg à Mauthausen pendant toute la durée de la guerre51.
- Les membres du mouvement de résistance des détenus qui s’est développé dans le camp de concentration d’Auschwitz, ont noté au début 1944, que la direction SS a récupéré de 10 à 12 kg d’or par
mois uniquement grâce aux dents des victimes de l’extermination de masse. Dans l’une des notes
secrètes qui a été envoyée en juin 1944 à l’extérieur du camp, la SS aurait récupéré le mois précédent
40 kg d’or et de métal blanc à partir des dents des Juifs morts au camp.
- 6 000 kg d’or dentaire pour Auschwitz seul sur la durée de la guerre.
En 1945, le juge d’instruction Jan Sehn et l’avocat Edward Pechalski ont examiné, sur la demande de
la commission générale pour l’enquête sur les crimes nazis en Pologne, un ensemble de documents de
plus de 2 900 fiches de récupération d’or dentaire après exécution des détenus, à Auschwitz 52. Ces
documents concernaient principalement des hommes et très peu de femmes. Ces archives s’étendent
de la deuxième moitié de mai jusqu’au début décembre 1942, soit environ 200 jours. Sur cette période
donc, il a été récupéré 16 325 dents en or ou en alliages de métaux précieux chez 2 904 détenus décédés. Une moyenne de 5,62 dents/individu prélevées.
Après avoir étudié 237 fiches identiques, j’arrive à un résultat similaire (5,24 dents/individu).
- Lublin/Majdanek: 4 kg d’or pour mars et avril 1944.
- Treblinka : 2 valises par semaine de 8 à 10 kg d’or 53.
- Dr Sigismond Bendel, médecin déporté français, rescapé d’un Sonderkommando du camp
d’Auschwitz, au Tribunal Militaire International de Nuremberg ainsi que sur sa déposition devant le
Tribunal Militaire anglais de Hambourg (Nr 11 953) « Le Gouvernement National Socialiste déclarait
qu’il ne s’intéressait pas à l’or, mais il réussit à en récupérer 17 tonnes grâce aux dents de quatre
millions de cadavres54. »
- 30% de l’or aurait échappé au contrôle des SS.
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- C’est évidemment un chiffre à prendre avec prudence, car rien n’est sûr dans ce domaine.
51
Cf. Kirchhoff Wolfgang (Hrsg), Zahnmedizin und Faschismus, Marburg, 1987, Verlag Arbeiterbewegung und Gesellschaftswissenschaft, pp. 105-106.
52
Cf. Stzelecki Andrzej, « Die Verwertung der Leichen », in Hefte von Auschwitz, Verlag Staatsliches Auschwitz-Muzeum,
Oswiecim, 2000.
53
Cf. Hauser Gideon, Die Vernichtung der Juden, Kindler (ed.), Munich, 1979, p. 235s.
54
Cf. Bernadac Christian, Les Victorieux, Paris, 1994, Michel Lafon (éd.) & cf. Obadia Yves, Pratique dentaire dans les camps
de concentration, Lyon, 1975, Thèse Doct. Chir. Dent.
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- Rappelons enfin que le cours de l’or des années de guerre est le suivant 55:
1 once (31,1 g) >> 35 dollars; 1 barre (12,5 kg) >> 14 066 dollars; 1 tonne d’or >> 1 125 276 dollar.
En 1946, le dollar vaut 4,2 francs suisses. L’or dentaire à l’époque est un or à 22 carats (916,5 g
d’or/1000 g) par adjonction de platine >> grande valeur. Aujourd’hui, il n’y a plus de platine, mais du
cuivre.
Himmler décrète la récupération de l’or dentaire systématique en 1942, suite à la mise en place de la
Solution finale. L’or est réceptionné à Berlin au sein de la SS-WVHA par le Dr Hermann Pook, dentiste
SS, qui a en charge de centraliser et d’envoyer à la Reichsbank tous les envois d’or des camps. Pour
son appartenance à une organisation criminelle et crimes contre l’Humanisté, Pook est condamné à
10 ans de prison. Il n’en fera que 5 ans et 9 mois 56.
Dr Hermann Pook (1901-1983).
A partir de 1942, Oswald Pohl, le directeur de la SS-WVHA (économie de la SS) nomme le SSHauptsturmführer Bruno Melmer, responsable de la livraison de toutes les valeurs récupérées dans les
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camps à la Reichsbank de Berlin. Oswald Pohl sera condamné à mort après la guerre. Pohl réalise une
rationalisation du détenu concentrationnaire57:
55
Cf. Ziegler Jean, La Suisse, l’or et les morts, Paris, 1997, Le Seuil (éd.), pp. 72-73.
Cf. Centre de documentation juive contemporaine, Paris, doc. CXXXII-48, 20.01.1947, pp. 1-7.
57
Cf. Kogon Eugen, L’Etat SS, le système des camps de concentration allemands, Paris, 1993, La Jeune Parque (éd.).
56
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Vivant, l’esclave concentrationnaire représente le bénéfice suivant :
Location journalière moins la nourriture et amortissement des vêtements : 5,30 marks
Chaque détenu a une durée de vie de 9 mois : 5,30 × 270 jours = 1431 marks
Bénéfice est accru par l’utilisation rationnelle des cadavres des détenus au terme des 9 mois : bénéfices tirés des dents en or, des vêtements civils, des objets de valeur et produits de l’argent, laissés par
les détenus.
Pour chaque cadavre, ces sommes sont réduites par les frais d’incinération, s’élevant environ à 2
marks. Pour chaque cadavre, il y a donc un bénéfice direct ou indirect d’au moins 200 marks, mais qui
s’élève souvent à plusieurs milliers de marks.
Soit au bout de 9 mois, une moyenne de 1630 marks pour chacun. Certains camps ont même trouvé
des sources de revenus supplémentaires par la récupération des os et des cendres.
A l’été 1942, Emil Puhl, vice-président de la Reichsbank, informe Albert Thoms, responsable de la division des métaux précieux de la Reichsbank, que les SS s’apprêtent à envoyer de l’or, de l’argent, des
devises étrangères et aussi, des bijoux. Puhl insiste sur la confidentialité de cette opération. Thoms
appelle Pohl qui lui apprend que les livraisons se feront par camions sous les ordres du SSHauptsturmführer Melmer. L’or non monétaire (or dentaire notamment) portera à l’avenir le nom
d’or Melmer 58. La Reichsbank ouvre alors un compte spécial au nom de Max Heiliger en 1942, suite à
un coup de téléphone du général SS Frank à Emil Puhl. Peu de temps après, Albert Thoms doit accuser
réception des livraisons des pillages des SS, dont le montant après estimation est crédité sur le
compte Max Heiliger, personne fictive qui n’existe pas 59. Melmer fait son 1er dépôt le 26 août 1942.
Il livre des containers scellés en provenance de Lublin et d’Auschwitz au département des métaux
précieux de la banque. Une quittance lui est remise. L’or dentaire arrive pour la 1ère fois au 10ème dépôt, celui de novembre 1942. Il y aura 76 à 77 dépôts60.
L’étalon or est la valeur repère des échanges internationaux. Tous les stocks d’or nationaux sont connus. Au début des arrivées en 1942, pour faire croire à de l’or « propre » et à une provenance d’avantguerre, l’or des camps est recoulé dans les caves de la Reichsbank en lingots estampillés avec des
tampons périmés de 1934 à 1938.
Le 8 mai 1940, la Reichsbank ouvre un compte à la Banque nationale suisse, deux jours avant
l’offensive de la Wehrmacht, à l’ouest. Il a été calculé que la valeur de l’or transféré par les nazis dans
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la Confédération a totalisé de 1640 selon la Banque nationale, à 1716 millions de francs suisses, selon
58
Cf. Bower Tom, Blood money : the Swiss, the Nazis and the looted millions, Londres, 1997, Macmillan (ed.).
Cf. Staatsarchiv Nürnberg, Allemagne, 1999.
60
Cf. Staatsarchiv Nürnberg, Allemagne, 1999.
59
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les douanes. C’est le Dr Fritz Maede, conseiller ministériel et représentant du ministère des Finances
du Reich à Sigmaringen, qui se charge des transports de Berlin en Suisse61.
Tous les lingots qui entrent dans ses caves sont fichés et disposent d’une vraie carte d’identité. Pour
ce qui est de l’or Melmer ou non monétaire, il a été transféré par les Nazis 1716 millions de francs
suisses.
La chambre forte suisse est une pièce de 120 m2 où des lingots de 12 kg sont entreposés. Chaque
lingot est estampillé avec le cachet de la banque suisse, ce qui garantit sa pureté et son origine. Sur la
porte de chaque armoire, un carton précise le nombre de lingots et leur origine. Une fois par semaine,
3 responsables de la banque viennent faire un inventaire. Une unité de l’armée suisse garde la
banque. La chambre forte allemande ouverte en 1940 est située à côté de celle des Suisses 62. Elle a
été ouverte à 110 reprises pour y déposer 24 460 lingots et 225 fois les en sortir. Pour régler les
créanciers, cela se faisait d’une chambre forte à l’autre.
Fin 1942, en moyenne 70 à 80 % des entreprises suisses travaillent pour l’Allemagne qui les rémunère
avec l’argent généré par les échanges d’or avec les banques helvètes.
En 1942-1943, les gouvernements alliés connaissent la provenance douteuse de l’or allemand. Ils menacent les pays neutres de sanctions économiques si ces derniers continuent d’accepter cet or. Le
commerce d’or avec l’Allemagne est bientôt bloqué. Le Portugal et l’Espagne ne veulent plus de l’or
nazi. Un véritable embargo voit le jour. Le vice-président de la Banque nationale suisse Paul Rossy a
alors l’idée de « transformer l’or allemand indésirable en or suisse très recherché ou en francs suisses
acceptés partout et à la valeur stable 63 ». Les lingots allemands seront refondus et estampillés à
l’effigie de la Banque nationale suisse. Plus rien ne s’oppose dès lors à la reprise du commerce. Les
importations allemandes reprennent et le conflit armé se prolonge dès lors. D’ailleurs, en 1943, Walther Funk avoue que l’Allemagne n’aurait « pas tenu plus de deux mois » si la Suisse avait cessé de
fournir des devises pour son or64.
Le 22 février 1944, Washington envoie à Berne une Gold Declaration l’avertissant que la Suisse devrait rendre des comptes sur ses achats d’or après la guerre. Un haut fonctionnaire de la Banque nationale en a été informé auparavant. Toutefois, ce n’est qu’après que la Bulgarie et la Roumanie se
sont détournées de Hitler, après la reconquête de l’Italie par les Alliés et la libération de Paris, alors
que les troupes américaines étaient à Aix-la-Chapelle, que les banquiers helvètes ont changé vérita-
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blement de politique. A partir du 8 mars 1945, les Suisses se sont engagés à ne plus acheter d’or aux
Allemands, à identifier et localiser le butin allemand, suite à un accord passé avec les Etats-Unis, la
61
Cf. Ziegler Jean, La Suisse, l’or et les morts, Paris, 1997, Le Seuil (éd.).
Cf. Picaper Jean-Paul, Sur la trace des trésors nazis, Paris, 1998, Tallandier (éd.), pp. 249-250.
63
Cf. Picaper Jean-Paul, Sur la trace des trésors nazis, Paris, 1998, Tallandier (éd.), pp. 19, 29-28, 31.
64
Cf. Picaper Jean-Paul, Sur la trace des trésors nazis, Paris, 1998, Tallandier (éd.), pp. 19, 29-28, 31.
62
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France, et la Grande-Bretagne. Malgré tout, le dernier convoi d’or en provenance de l’Allemagne
franchit la frontière suisse le 13 avril 1945, les nazis devant encore 17 millions de francs suisses.
En définitive, la Suisse n’a été condamnée qu’à verser 58 millions de francs suisses d’indemnités (accord de Washington, 1946) « pour solde de tout compte ». Les bénéfices ont été si énormes pour la
Suisse, mais leurs négociateurs ont su infléchir les sanctions alliées65. Les Américains ont donné 750
000 dollars d’indemnités aux victimes de l’International Refugee Organization, pour l’or non monétaire, dont bien sûr l’or dentaire. On est loin du compte …
Conclusion
L’or dentaire a été récupéré d’une manière extrêmement organisée, avec des rouages très précis,
proches des mécanismes d’une horloge. Si son exploitation passe inexorablement par la Suisse, à
l’échelon national, des filières parallèles d’exploitation ont existé, comme celle notamment avec la
Degussa, entreprise allemande, toujours prospère aujourd’hui, qui, après une enquête interne, a
pourtant reconnu sa responsabilité. Celle-ci, raffinant de l’or, n’a pas manqué de tirer son épingle du
jeu, ce qui rend l’étude de cette exploitation très complexe et évidemment non exhaustive dans le
présent article.
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Références
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Bower Tom, Blood money : the Swiss, the Nazis and the looted millions, Londres, 1997, Macmillan
(ed.).
Bundesarchiv Berlin, Allemagne, 2004.
Bundesarchiv Koblenz, Allemagne, 2003.
Centre de Documentation Juive Contemporaine (CDJC), Paris, 2002.
Commission Indépendante d’Experts Suisse, Les transactions sur l’or pendant la Seconde Guerre
Mondiale : vue d’ensemble avec statistiques et commentaires, Conférence de Londres sur l’or nazi,
Londres, 24 décembre 1997 (traduit de l’allemand).
Greene Joshua & Kumar Shiva, Témoigner : Paroles de la Shoah, Paris, 2000, Flammarion (éd.).
Hauser Gideon, Die Vernichtung der Juden, Munich, 1979, Kindler (ed.).
Historia, Les circuits de l’or nazi, septembre 1997, n° 609.
Internationaler Suchdienst, Bad Arolsen, Allemagne, 1999.
Kirchhoff Wolfgang (Hrsg), Zahnmedizin und Faschismus, Marburg, 1987, Verlag Arbeiterbewegung
und Gesellschaftswissenschaft.
Kogon Eugen, L’Etat SS, le système des camps de concentration allemands, Paris, 1993, La Jeune
Parque (éd.).
65
Cf. Commission Indépendante d’Experts Suisse, Les transactions sur l’or pendant la Seconde Guerre Mondiale : vue
d’ensemble avec statistiques et commentaires, Conférence de Londres sur l’or nazi, Londres, 24 décembre 1997 (traduit de
l’allemand).
www.clystere.com / n° 41.
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KZ-Gedenkstätte Dachau, Allemagne, 2002.
Mac Lean French, The Camp Men, the SS Officers who ran the Nazi concentration system, Atglen,
1999, Schiffer Miltary History (ed.).
Marguerat Philippe, « Or allemand-or allié 1940 – 1945 », in Revue suisse d’Histoire, Schwabe & Co
(ed.), 1997, vol. 47, n°1, pp. 520-531.
Müller Filip, Trois ans dans une chambre à gaz d’Auschwitz, Paris, 1980, Pygmalion/Gérard Watelet
(éd.).
Nyiszli M., Médecin à Auschwitz, Genève, 1976, Famot (éd.).
Obadia Yves, Pratique dentaire dans les camps de concentration, Lyon, 1975, Thèse Doct. Chir. Dent.
Olère Alexandre, Un génocide en héritage, Paris, 1998, Wern (éd.).
Panstwowe Muzeum Auschwitz-Birkenau, Oswiecim, Pologne, 2003.
Panstwowe Muzeum Stutthof, Pologne, 2003.
Picaper Jean-Paul, Sur la trace des trésors nazis, Paris, 1998, Tallandier (éd.).
Riaud Xavier, La pratique dentaire dans les camps du IIIème Reich, Paris, 2002, L’Harmattan (éd.), Collection Allemagne d’hier et d’aujourd’hui.
Riaud Xavier, « L’or dentaire nazi ou comment le conflit devient source de dissimulations, de vols et de
falsification », in Le conflit sous la direction d’Olivier Ménard, Journée de la Maison des Sciences de
l’Homme-Ange-Guépin, Paris, 2006, L’Harmattan (éd.), Collection Logiques sociales, pp. 219-234.
Schulz Wilhelm, Zur Organisation und Durchführung der zahnmedizinischen Versorgung durch die
Waffen-SS in den Konzentrationslagern während der Zeit des Nationalsozialismus, Bonn, 1989, Dissertation.
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Stzelecki Andrzej, « Die Verwertung der Leichen », in Hefte von Auschwitz, Verlag Staatsliches
Auschwitz-Muzeum, Oswiecim, 2000.
Zahnärztliche Mitteilungen, Deutsche Zahnärzte 1933 bis 1945, Köln, 1996 und 1997.
Ziegler Jean, La Suisse, l’or et les morts, Paris, 1997, Le Seuil (éd.).
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Toute référence à cet article doit préciser :
Riaud X. : L’or dentaire des Nazis : des corps morts jusqu’aux banques suisses .
Clystère (www.clystere.com), n° 41, 2015.
www.clystere.com / n° 41.
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Courrier des lecteurs
Bernard Petitdant, auteur bien connu de Clystère, nous a adressé une demande de renseignements :
Je m’intéresse aux procédés ayant permis de mesurer et de reproduire les dimensions extérieures du
thorax. L’un d’eux est le cyrtomètre. Plusieurs types existent. Woillez, par ailleurs précurseur du poumon d’acier, en a fait construire un, décrit par tous les auteurs comme « une tige de baleine, longue
de 60cm et composée de pièces articulées de 2 en 2cm et à double frottement ». Des dessins existent,
pas de problème pour le visualiser, mais qu’est-ce qu’une tige de baleine ? Comme les premières baleines de parapluie est-ce un morceau de fanon ou plutôt un fanon découpé en morceaux de 2 cm
articulés entre eux ?
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Merci d’avance pour vos lumières et de vos réponses à : [email protected]
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Le Pr. Alain Neidhart, conservateur du Musée d’anesthésie-réanimation et des techniques médicochirurgicales sollicite lui aussi les lecteurs de Clystère :
« J'aimerais
être
aidé pour l'identification
de
l'objet
dont je vous fais
parvenir deux photos. L'objet provient
d'un
cabinet
pneumologue
de
fort
averti ayant exercé
au siècle dernier à
Dole
(Jura).
Il
semble s'agir d'un
montage manométrique (à Hg) à
mettre en relation
avec un milieu dont
la pression est variable. Un contacteur électrique pénètre dans l'une des
extrémités du tube
manométrique
hauteur
à
variable.
Une lampe témoin
doit, sans doute,
indiquer l'obtention
d'une pression indexée. L'objet est fabriqué par l'établissement Maurice Lesquins, situé à Courbevoie;
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cet établissement fabriquant également des appareils de Kuss. La valeur de l'objet se trouvera majorée par la connaissance précise de son emploi, avant d'être exposé dans notre modeste musée dont
nous fêterons le quinzième anniversaire le 21 mai prochain : http://www.chu-besancon.fr/museum/ »
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A découvrir :
Alexandre Wenger a annoncé la création de WUD (http://www.unifr.ch/mh/wud/), ainsi nommé
d’après le bon vieux « What’s up Doc » de Buggs Bunny). WUD est un moteur de recherche qui vous
permet de trouver facilement des images, des textes, des fichiers sons et vidéos en relation avec vos
domaines de recherche. WUD est un moteur de recherche spécialisé dans la curation de données culturelles. Il ratisse (via requêtes API) deux gigantesques bases de données culturelles : la Digital Public
Library of America et Europeana. WUD a été développé dans l’unité de « Médecine et société » à
l’Université de Fribourg (Suisse) qui travaille sur l’histoire médicale, l’anthropologie de la santé, litté01 juin 2015
rature et médecine, etc. Cette équipe perdait énormément de temps à faire des recherches via
Google. Un exemple : pour un travail sur l’histoire de la syphilis, avec le mot-clé « Vénus », on trouve
de tout, depuis des sites de rencontres jusqu’à la Venus de Boticelli, de la planète à Venus Williams.
WUD nous permet de ratisser des données en milieu contrôlé, d’où un énorme gain de temps.
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On recherche
Samia Al Kayar a contacté Clystère pour une recherche documentaire dans le cadre de la réalisation
des décors du prochain film de Nicole Garcia intitulé « Mal de Pierre » (Les productions du trésor, 12
rue Barbette, 75003 Paris) qui sortira dans un an environ :
« je travaille actuellement à la préparation d'un tournage de film se situant au début des années 50 et
je suis à la recherche de documentation concernant cette époque.
Je dois faire :
- un cabinet de médecin généraliste en clinique pour lequel je cherche à reproduire des dossiers médicaux, une radio de l'abdomen. J'ai également besoin d'un négatoscope de cette époque. Je cherche
aussi tout ce qui est "signalétique de clinique" de l'époque.
- un cabinet de psychiatre pour lequel j'ai besoin d'ouvrages psychiatriques de l'époque ainsi qu'un ou
des livres avec des photos de patients.
- une chambre de maternité pour laquelle je cherche des références iconographiques.
Pensez-vous pouvoir m'aider déjà en terme de documentation (j'achèterai des revues si besoin) ainsi
qu'en terme de mobilier et accessoires de l'époque (m'indiquer où je pourrais en trouver?)
Par avance merci pour votre réponse. Sincères salutations. »
Réponses à Samia Al Kayar : [email protected] (+33 6 07 13 77 80).
Nouveautés en librairie
Jumeaux et jumelles, représentations dans l'art et les sciences
de l'Europe moderne (1492-1789). Pons Jean-Claude, L'Harmattan, Paris, 2015, 214 p.
ISBN : 978-2-343-05913-6
Les jumeaux ont permis d'éclairer des questions de médecine,
de génétique, de démographie, d'ethnologie. Étudier les jumeaux des temps modernes n'est pas sans difficulté car il existe
un écart exemplaire entre mythe et réalité : un écart de fréquence. Les jumeaux sont omniprésents dans les mythes fonda01 juin 2015
teurs de l'humanité, les religions, la littérature et l'art. A cette
fréquence élevée s'oppose leur rareté dans la vie quotidienne.
Cet ouvrage est conseillé aux amateurs d'art, à ceux qui s'intéressent à l'évolution des idées scientifiques et médicales et à
ceux que la gémellité passionne.
www.clystere.com / n° 41.
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Jean-Claude Pons est chirurgien des hôpitaux. Il exerce à la maternité de Port-Royal à Paris, puis au
CHU de Grenoble comme Professeur des Universités, praticien hospitalier. Il est spécialiste des grossesses à haut-risque, en particulier des naissances multiples. Auteur d’une centaine de publications
scientifiques et d’une douzaine de livres, il est parrain de la Fédération des associations Jumeaux et
plus, reconnue d’intérêt public et comportant 20000 familles adhérentes.
Ouvrage disponible chez l’éditeur :
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=47085
01 juin 2015
Nous attirons l’attention des lecteurs de Clystère sur les deux ouvrages de Marie-Christine Pouchelle,
directeur de recherches au CNRS (Centre Edgar Morin, Institut interdisciplinaire d’anthropologie du
contemporain, Paris), « L’Hôpital corps et âme » et L’hôpital ou le théâtre des opérations », parus
respectivement en 2003 et 2008 aux éditions Seli Arslan. Ces deux livres permettent au lecteur de
découvrir, ou de redécouvrir (pour ceux qui y travaillent) l’hôpital selon le point de vue de
l’ethnologue et de l’anthropologue. Les actes et les paroles anodins et quotidiens ne le sont plus, portent un sens caché que l’auteur nous révèle. Le bloc opératoire, la réa, etc, vus autrement ! ou comment ne plus voir l’hôpital et ses acteurs de la même manière. Etonnant et remarquablement écrit !
Ouvrages disponibles chez Amazon : L’Hôpital corps et âme – L’Hôpital ou le théâtre des opérations.
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En musardant sur la Toile …
Une rubrique de Bernard Petitdant
Vous pourrez lire, dans La Revue Historique des Armées : Les hôpitaux militaires sous tentes et baraqués au XIXe siècle de Nicolas Meynen
http://rha.revues.org/6543
Les sections sanitaires automobiles féminines de Jean-Jacques Monsuez
http://rha.revues.org/2033
La mécanothérapie au temps de la Grande Guerre de Rémi Remondière
http://rha.revues.org/7969
« la plus grande collection de papyrus médicaux jamais publiée », c’est ainsi que le Pr Nutton de
l’University College de Londres présente le papyrus d'Oxyrhynque, découvert en 1896 et progressivement traduit. La dernière traduction propose de quoi prévenir les ulcères, le traitement des hémorroïdes, des maux de dents, de la gangrène, de diverses affections oculaires et surtout de … la xylostomie !
http://www.dailymail.co.uk/sciencetech/article-3050363/The-ancient-Egyptian-cure-HANGOVER-1900-year-old-papyrus-suggests-wearing-garland-laurel-leaves-drunken-headache.html
La médecine médiévale à notre secours contre les germes du XXIème siècle !
En confectionnant un remède décrit dans le Bald's Leechbook (ou Medicinale Anglicum), livre de médecine anglais datant du IXe siècle, des chercheurs ont mis au point un traitement efficace pour lutter
contre le Staphylococcus aureus résistant à la Méthicilline (SARM), chez les souris, pour l’instant.
http://edition.cnn.com/2015/03/31/health/anglo-saxon-potion-mrsa/
et
http://www.medhistorian.com/2015/03/whats-old-is-new-again-medicines-blast.html et pour feuilleter le Bald's Leechbook Harley MS 55, ff 1r-3r
Retour sur les préoccupations sanitaires des dernières décennies, avec 70 ans d’affiches de la « Sécu ».
01 juin 2015
http://communication-securite-sociale.fr/securite-sociale-70ans/affiches-illustrations/
Bonne lecture, bonnes vacances !
Prochain numéro :
1er Septembre 2015
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