Prévention des problèmes de santé et de sécurité attribuables au

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Prévention des problèmes de santé et de sécurité attribuables au
Prévention des problèmes de santé et de sécurité
attribuables au bruit dans les scieries
Vers un plan d’action concertée
Groupe de travail sur le programme d’intervention
sur le bruit dans les scieries
(Ce groupe est formé de représentants de la Commission de la santé et de la sécurité du travail
(CSST), du réseau de la santé et de l’Institut de recherche en santé et en sécurité du travail
(IRSST).
Novembre 1998
Introduction
Selon une étude récente1, le nombre de cas de surdité dans la population en général a presque
doublé au cours des trente dernières années, et le bruit en milieu de travail serait un des facteurs
principaux expliquant cette augmentation. Au Québec, on estime à 400 000 le nombre des
travailleurs exposés à des bruits nocifs2. Par ailleurs, 70 000 à 100 000 travailleurs actifs ou
retraités souffriraient de surdité professionnelle causant de graves problèmes d'écoute et de
communication dans la vie quotidienne3.
Effets du bruit sur la santé
•
Le bruit est une source d'inconfort et de stress qui se traduit, entre autres, par une fatigue
accrue, une élévation de la tension artérielle et une accélération du rythme cardiaque. Il est
aussi une cause non négligeable d'acouphènes (bourdonnements et sifflements d’oreilles).
•
Il peut entraîner une surdité professionnelle temporaire ou permanente qui aura des
conséquences néfastes tant sur la vie professionnelle que personnelle du travailleur et de son
entourage.
•
L’Organisation mondiale de la santé estime que l’ouïe commence à être affectée lorsque
l'exposition quotidienne au bruit dépasse 75 dBA.
1
WALLHAGEN, M.I., W.J. STRAWBRIDGE, R.D. COHEN et G.A. CAPLAN. An Increasing Prevalence of
Hearing Impairment and Associated Risk Factors over Three Decades of the Alameda County Study. American
Journal of Public Health 1997; 87 (3) : 440-442.
2
POULIN, P. Portrait général des risques à la santé dans le comité provincial en santé au travail, Opération/Rapport
du Forum des DSC en santé au travail, 1987.
3
PHANEUF, R. et R. HÉTU. An Epidemiological Prospective of the Causes of Hearing Loss Among Industrial
Workers, Journal of Otolaryngology 19 (1) 31-39; 1990.
2
Situation du travailleur souffrant de surdité
Lorsqu'il commence à éprouver des problèmes auditifs, souvent le travailleur ne se rend pas
compte de ce qui lui arrive. Lorsqu'il est aux prises avec des difficultés d'écoute et de
communication, il ressent un sentiment de honte et s'isole. Il en résulte une perte d'estime de soi.
Il n'a donc pas tendance à parler de son problème et à chercher des solutions.
Ses incapacités étant généralement évaluées de façon sommaire, on ne répond que partiellement
à ses besoins en réadaptation physique, professionnelle et sociale. Il continue à travailler dans
son milieu bruyant, à un poste de travail qui n'est pas adapté. Or, contrairement à ce que l'on
croit, le seuil de tolérance au bruit d'un travailleur atteint de surdité est souvent plus bas que
celui d'une personne dont l’audition est normale.
Effets du bruit sur la sécurité
•
Le bruit nuit à la communication (incapacité d'entendre des consignes ou les propos d'un
collègue, par exemple) et diminue la capacité du travailleur à percevoir les signaux sonores
avertisseurs et à discerner la provenance des sons (souvent le signal avertisseur utilisé ne
convient pas).
•
Le bruit entraîne aussi une baisse de la vigilance et de l'attention. Il peut donc augmenter les
risques d’accident. Par ailleurs, les possibilités d'erreurs étant accrues, il peut y avoir
également perte de productivité.
3
Le bruit, une priorité
La CSST établit ses priorités d'intervention en collaboration avec ses partenaires. C’est donc à la
suite de recherches et de consultations de ses ressources internes et de celles de ses partenaires
(réseau de la santé, associations sectorielles paritaires et Institut de recherche en santé et en
sécurité du travail) que le bruit a été identifié comme priorité d'intervention.
Quelques chiffres
•
Dans l'ensemble des demandes d'indemnisation pour maladies professionnelles présentées à la
CSST, les problèmes de surdité viennent au deuxième rang, après les lésions attribuables au
travail répétitif. Ils représentent 25 % des demandes d'indemnisation pour maladies
professionnelles acceptées par la CSST4.
•
Une demande d'indemnisation pour surdité professionnelle, entre 1990 et 1997, engendre un
débours moyen de 5 600 $, y compris les frais d'assistance médicale, l'indemnité de
remplacement du revenu et l'indemnité pour dommage corporel. Il ne s'agit là que de coûts
directs. C'est sans compter les coûts indirects et ceux reliés aux accidents dans lesquels le
bruit ou la surdité peuvent jouer un rôle.
4
Données provenant de la Direction de la statistique et de la gestion de l'information de la CSST.
4
Pourquoi les scieries ?
•
On estime que 73 % des travailleurs des scieries sont exposés à 90 dBA et plus5. Or,
selon la limite réglementaire, un travailleur ne doit pas être exposé plus de huit heures par
jour à un niveau de bruit continu de 90 dBA.
•
La proportion des travailleurs souffrant d'une surdité attribuable à l’exposition au bruit en
milieu de travail par rapport au nombre total de travailleurs est plus élevée dans les scieries
que dans les autres entreprises des groupes prioritaires 1 et 26.
•
Dans les scieries, où le réseau de la santé et la CSST interviennent depuis plusieurs années, il
existe déjà des solutions et donc des possibilités de réduire l'exposition au bruit d'un grand
nombre de travailleurs.
•
546 établissements classés sous le vocable scierie sont enregistrés à la CSST et regroupent
environ 25 000 travailleurs.
Soulignons qu'il y a d'autres secteurs d'activité où le bruit est trop élevé, mais la CSST et ses
partenaires y sont déjà présents pour soutenir le milieu de travail dans la solution d’autres
problèmes liés à la santé et à la sécurité.
5
GIRARD, Serge-André, données non publiées sur les scieries, 1983-1996, Service provincial de dépistage
PARLAB, 1998.
6
SIMPSON, A., La surdité professionnelle chez les travailleurs du secteur Bâtiment et travaux publics, Service
provincial de dépistage PARLAB, 1989.
5
Vers un plan d'action concertée
Le plan d'action aurait pour but de prévenir l'apparition et l'aggravation des problèmes de santé et
de sécurité attribuables au bruit dans les scieries du Québec, particulièrement en réduisant
l'exposition des travailleurs. Il sera élaboré avec la collaboration des employeurs, des travailleurs
de ces entreprises et de leurs représentants.
Quelques avenues de solutions
•
Solutions connues et applicables : cabines insonorisées pour les travailleurs, enceintes
insonorisantes sur les machines bruyantes, silencieux, relocalisation des machines bruyantes,
matériaux amortissants, achat et installation conforme aux normes de machines moins
bruyantes, etc.
•
Solutions connues à valider ou à implanter : résultats des travaux du Centre de recherche
industrielle du Québec sur la réduction du bruit sur les déligneuses (1985); scie-lencieuse
conçue par le Groupe d'acoustique de l'Université de Sherbrooke, etc.
•
Solutions inconnues à explorer : moyens de réduire le bruit produit par les billes et les
pièces de bois qui s'entrechoquent, etc.
En attendant l'application de solutions permanentes, les travailleurs de toutes les scieries doivent
bénéficier de la protection auditive la mieux adaptée et tenant compte des risques liés à la santé et
à la sécurité.
6