Actu Internationale du 16-12-2013

Transcription

Actu Internationale du 16-12-2013
SOURCES
Vous en voulez combien de votre vache morte ?
Manifestation anti gaz de schiste à Oklahoma City
L’industrie pétrolière française menace l’Amazonie
Le site du pétrolier français Maurel & Prom
Le site du pétrolier français Perenco
Quand un pétrolier prétend, sur son site, qu’il n’y a pas d’indiens en Amazonie
- Bonjour à tous, bonjour Madeleine,
- Bonjour Michel, bonjour à tous. La lutte contre l’exploration et l’exploitation des
gaz de schiste ne fait pas la une des journaux en France, est-ce le cas à
l’étranger ?
Pour cela, suivez-moi aux Etats Unis où je vous propose de rencontrer Monsieur Tom Bond,
qui s’est installé en 1962 dans cette ville de Jane Lew, en Ouest Virginie. Et depuis cette
date, il s’occupe d’un élevage de bovins. Rien d’industriel ici puisqu’il ne gère que 50 bêtes.
Parce qu’il a une autre activité ce Monsieur Bond. Je vous vois venir ‘mais oui, il est agent
secret pour l’Angleterre’… Non, il se trouve le nôtre, de Bond, qu’il est professeur de
chimie. Pour arrondir ses fins de mois, il a signé un accord avec un pétrolier qui, depuis, a
foré quelques puits d’exploitation de gaz de schiste sur ses terres. Mais bien sûr, tout ça
s’est très mal passé et il a fallu toute la science du professeur de chimie pour comprendre
les causes des horreurs qu’il vit aujourd’hui sur sa ferme.
- Comment a-t-il communiqué à ce sujet ?
Il vient d’écrire un long article que vous pouvez lire en cliquant sur le lien dans les sources
de cette chronique. On y trouve pêle-mêle des histoires de pétroliers qui se revendent les
concessions, un mépris total des catastrophes sur l’environnement, notamment sur l’eau, la
disparition de la faune animale, y compris aquatique : plus de chevreuils, plus de poissons,
mais j’ai noté cette scène incroyable qu’il raconte. Il fait régulièrement le tour de ses terres,
à pied, avec un représentant du pétrolier. Ils découvrent ainsi des vaches et des bœufs
morts. Il doit se pencher sur le cadavre de chaque bête, faire des tests rapides qui montrent
que la mort est dûe aux produits chimiques utilisés dans la fracturation hydraulique. Une
fois la preuve validée, le représentant du pétrolier prend note pour mettre en place le
remboursement de la bête… Le pétrolier rembourse les bêtes tuées par ses produits
chimiques… On arrive là au comble du non sens.
- C’est donc bien un aveu de responsabilité !
C’est ce qui rend cette histoire aussi délirante. Toujours aux Etats Unis, à Oklahoma City,
dans le journal local, on peut lire le compte rendu d’une manifestation qui s’est tenue le 14
décembre. Un groupe d’activiste s’est introduit dans une tour du centre ville. Ils ont
déployé une banderole, crié des slogans et chanté des chansons. Tout ça a fait un peu
d’animation dans la ville et la police était plutôt goguenarde… Jusqu’au moment où, depuis
le deuxième étage de la tour, les manifestants ont déversé des seaux de liquide de
fracturation… Ca n’a plus fait rire personne. Tout le monde a été arrêté, interrogé, et quatre
d’entre eux sont toujours emprisonnés. Leur association a d’ailleurs lancé un appel au don
pour pouvoir payé leur caution. Voici quelques exemples, il y en a des centaines d’autres,
qui viennent contredire l’aveuglement fanatiques de ceux qui prétendent au paradis du gaz
de schiste aux Etats Unis…
Mais malheureusement, les industries pétrolières américaines n’ont pas le monopole du
cynisme. Dans ce domaine, la France est dans le peloton de tête.
- Pourtant, ce sont des informations qui ne font jamais la une des journaux de 20
heures…
Evidemment.
- Comme un p’tit air d’ORTF ?
C’est vrai. Je vous parle ici de Perenco et Maurel & Prom. Deux pétroliers français qui
tentent actuellement de gérer le silence qu’il souhaite sur leur opération ‘Main basse sur
l’Amazonie’.
- Quelle est la nature de cette opération ?
Je vais vous l’expliquer, mais avant, je vous invite à visiter leur site Internet. Vous pourrez
cliquer un peu partout, vous tomberez à coup sûr sur des images de coucher de soleil,
d’animaux en libertés, de jeunes enfants souriants à la vie, avec une ribambelle de choix
tels que ‘responsabilité sociale’, ‘santé et environnement’, ‘Ethique & Intégrité’ ‘Nature &
Securité’… C’est franchement la grande rigolade. C’est à peu près comme si le bagne de
Cayenne avait eu comme publicité : ‘Bien être, détente et gastronomie’…
Nous voilà donc en Amazonie où ces deux sociétés mettent en place un projet d’extraction
pétrolière en pleine forêt vierge, avec plusieurs oléoducs serpentant dans les territoires des
terres autochtones. C’est la totalité des populations indiennes d’Amazonie qui est vent
debout contre ce projet délirant. De plus, un rapport a été publié par l’ONG péruvienne
CooperAccion qui liste une interminable cascade de catastrophes attendues. Imaginez que
les 20 000 indiens Quechua qui vivent là depuis toujours n’ont même pas été consultés et,
bien sûr, ne sont pas informés. Le pétrolier Perenco ose même écrire sur son site que la
présence de ces indiens n’est pas prouvée. Vérifiez vous-même cette information (ici).
Il faut aussi noter que les activistes ont interpellé à ce sujet l’actuel ministre français du
développent durable, membre d’Europe Ecologie, le très peu connu Pascal Canfin.
- Et dans quels termes a-t-il rédigé sa réponse ?
En termes hautement silencieux, puisqu’il n’a, tout simplement, pas répondu. Comme nous
disions tout à l’heure, on n’a peu de chance de retrouver ces infos dans les titres du 20
heures. Voilà, merci à Simon Gouin, pour sa belle étude sur ce sujet publiée sur le site
bastamag.net. N’oubliez pas de vous informer dans les autres rubriques de la radio. A
bientôt.
- Attendez Michel, vous n’aviez pas un petit cadeau de Noël pour nos amis
auditeurs ?
Ah, c’est juste, pardon… Pour Noël, si vous voulez vous offrir un joli plein d’essence de votre
automobile, allez donc au Venezuela, ça vous coutera… 30 centimes… Oui oui, 30 centimes
d’euros… Oui oui, là bas, le litre d’essence coûte moins d’un centime d’euro…

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