.Le phonographe
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.Le phonographe
Né à Milan (Ohio) le 11 février 1847. Cadet d'une famille modeste de sept enfants, Thomas vécut son enfance à Port Huron, Michigan. A l'âge de sept ans,après seulement 3 mois de cours il quitta l'école à cause de son hyperactivité et de sa grande curiosité. Sa mère, institutrice, poursuivit alors son éducation. Le 22 octobre 1879, un inventeur de génie s'éclaire pour la première fois à la lumière électrique.Après d'innombrables essais qui témoignent d'une rare détermination, l'Américain Thomas Edison réussit à produire un éclairage durable en faisant passer du courant à travers un filament de carbone, dans une ampoule sous vide. La première lampe à incandescence dure pendant quarante heures. Elle soulève les États-Unis d'enthousiasme. C'en est fini de l'éclairage au gaz ou au pétrole, odorant et dangereux, qui avait remplacé un siècle plus tôt les chandelles de suif et les cierges de cire, eux-mêmes apparus au Moyen Âge en substitution aux lampes à huile de l'Antiquité. Thomas Edison monte un laboratoire à West Orange (New Jersey). C'est là qu'en 1877, il met au point le phonographe, qu'il appelle avec tendresse son «baby» (huit mois après que le Français Charles Cros, poète maudit et inventeur à ses heures, ait déposé un brevet pour un appareil similaire). L'habile Américain atteint les sommets de la gloire l'année suivante avec l'ampoule électrique . En homme d'affaires avisé, il ne s'en tient pas là et installe à New York un générateur de courant pour alimenter les ampoules qu'il vend à la municipalité. Dans le sillage de Thomas Edison, une myriade d'inventeurs et d'entrepreneurs révèlent leurs talents en Europe et en Amérique. On assiste dans les années 1880 à la naissance de très nombreuses entreprises autour des applications de l'électricité (comme un siècle plus tard dans la microinformatique, à la suite de Steve Jobs et Apple !). Edison ne cesse d'inventer de nouveaux produits jusqu'à sa mort en 1931, cumulant un total de... 1093 brevets! Il industrialise ses inventions dans ses propres entreprises. Celles-ci sont regroupées dès 1892 en une seule du nom de General Electric (GE). Elle figure encore aujourd'hui parmi les principales multinationales et fabrique des moteurs d'avion aussi bien que des logiciels ou de petits équipements électroniques Il tâtonne encore. Sa machine automatique à voter, par exemple, se révèle un échec, faute de marché suffisant. Dorénavant, Edison sera très attentif aux possibilités de retombées commerciales de ses réalisations. En 1869, désormais fixé à New York, il s'intéresse de nouveau aux applications de la télégraphie. Il se rend à la Bourse de Wall Street à New York pour y voir fonctionner l'appareil de télégraphie utilisé pour transmettre les cours de l'or. Mais l'appareil est en panne; Thomas Edison réussit à le réparer. La compagnie Western Union l'embauche comme assistant de l'ingénieur en chef; il fabrique alors un télégraphe multiplex pouvant transmettre et imprimer les cours des valeurs boursières. Cet appareil, qui rencontre un succès commercial exceptionnel, permet au jeune homme de créer puis de revendre une petite société, la Edison Universel Stock Printer. Disposant désormais d'une confortable aisance financière et d'une renommée incontestable, il peut se consacrer entièrement à ses recherches. Il ouvre un atelier à Newark (New Jersey) où il fabrique un télescripteur, puis fonde en 1876 son usine de Menlo Park, à Orange (New Jersey) où il va poursuivre une carrière d'inventeur prolixe. Même si un certain nombre parmi les centaines de brevets qu'il va déposer se bornent à perfectionner des inventions imaginées par d'autres, cette performance reste unique. .Le phonographe Entre-temps, en 1877-1878, Edison a conçu le premier véritable phonographe, dont le principe avait été formulé un an plus tôt par Charles Cros. Le dispositif mis au point à Menlo Park se compose d'un récepteur, d'un enregistreur et d'un reproducteur: une feuille en étain est placée autour d'un cylindre en acier, et une aiguille, en acier également, grave et lit tour à tour les sons recueillis ou diffusés par un pavillon. Bien qu'encore imparfait - il ne sera d'ailleurs pas commercialisé avant 1889 -, cet appareil concrétise un vieux rêve de l'humanité, sur lequel se sont penchés de nombreux savants ou esprits curieux depuis des siècles: reproduire la parole et les sons de façon purement mécanique. Edison ne sait pas qu'il pose en même temps les bases du cinéma parlant. En 1888, après avoir reçu, à Menlo Park, l'Anglais Eadweard Muybridge, un pionnier de la reproduction du mouvement en photographie, il met au point un phonographe optique baptisé «kinetograph» et un phonographe de restitution nommé «kinetoscope». Il s'agit d'une boîte en bois, percée d'un oculaire devant lequel défile un film en boucle. Ces réalisations font participer leur auteur à une nouvelle aventure technologique en plein développement dans les années 1890: le cinématographe. L'apport d'Edison au cinématographe Le kinétoscope conduit incidemment les laboratoires de Menlo Park à modifier le film photographique de 35 mm de largeur créé par Hannibal Goodwin et fabriqué par George W. Eastman, en le perforant de chaque côté afin qu'il défile sur une roue dentée devant l'objectif. En 1893, les laboratoires de Menlo Park livrent, en série, de gros kinetoscopes qui sont montés en batteries payantes pour le public (25 cents la série d'images) dans des salles spéciales : les Kinetoscope Parlors. La première salle est inaugurée à New York. D'autres s'ouvrent ailleurs aux États-Unis, ainsi qu'à Londres, à Paris, etc. Edison et sa société tirent des bénéfices considérables de l'exploitation de ces ancêtres des salles de cinéma. Pour alimenter en films les Kinetoscope Parlors, l'Anglais Dickson, l'un des principaux techniciens de l'équipe d'Edison, installe à West Orange (Menlo Park) le premier studio de cinéma du monde. C'est une étrange baraque noire sans fenêtres, mais dotée d'un toit ouvrant, capable de pivoter sur un rail pour capter les rayons du soleil. Les films sont tournés avec un kinetograph, devant une toile noire en guise de décor. L'apport d'Edison à l'art et l'industrie cinématographiques ne s'arrête pas là. Sa société met sur le marché, en 1903, l'Universal Projecting Kinetoscope. Cette caméra enregistre 12 images sur film de 35 mm à chaque tour de manivelle. En outre, en achetant le brevet du Phantascope d'Armat et Jenkins en 1896, qu'elle commercialise sous le nom de Vitascope, l'Edison Manufacturing Company domine le secteur des images animées. Elle se distingue aussi par la qualité de sa production cinématographique, sous l'impulsion d'Edwin S. Porter. Mais ce quasi-monopole aux États-Unis est battu en brèche lorsque Dickson quitte Menlo Park pour fonder sa propre société: l'American Mutoscope and Biograph Company. Une autre passion: le téléphone La transmission à distance des messages et des sons excite l'imagination des chercheurs depuis très longtemps. Le télégraphe Chappe au XVIIIe siècle, celui, électrique, des Anglais Wheatstone et Cooke et des Américains Vail et Morse constituaient les premières solutions à ce problème. Mais tous ces systèmes, pour ingénieux qu'ils soient, présentent un inconvénient majeur: ils utilisent des symboles ou des codes, qu'il faut faire décrypter à la réception par du personnel qualifié. Dès 1850, quelques inventeurs songent déjà à la propagation à distance de la voix humaine non déformée, à l'aide des ondes électromagnétiques. En 1861, l'Allemand Philip Reis retransmet une mélodie à distance, avec une machine électrique baptisée «téléphone». Deux Américains entrent alors en lice au début des années 1870: Alexander Graham Bell et Edison. Ce dernier a l'expérience du télégraphe depuis 1862; et la mise au point du premier phonographe lui confère un atout supplémentaire pour réussir ce nouveau pari technologique. Le 19 décembre 1877, il dépose un brevet pour un émetteur et un récepteur téléphoniques, conçus pour la Western Union Co. Ils sont dotés de microphones à pastilles de charbon, l'un des éléments essentiels de tout appareil téléphonique. Il les associe bientôt à une bobine d'induction en guise de transformateur. Ainsi naît l'émetteur à la plombagine (du graphite, c'est-à-dire du carbone cristallisé presque pur), qui constitue un perfectionnement capital du téléphone de Graham Bell; au lieu de transmettre directement un courant électrique, d'une intensité extrêmement faible, obtenu à partir de la voix, il utilise les vibrations d'une membrane métallique agissant sur des grains de charbon. Celles-ci provoquent une variation de résistance des grains, ce qui permet de moduler un courant électrique fourni par une batterie. De plus, microphone et écouteur sont séparés ce qui est infiniment plus pratique. Malgré cette découverte, Edison n'a pas la paternité de l'invention du téléphone, qui est reconnue à Bell (dont premier brevet avait été déposé en 1876), à l'issue d'un procès retentissant entre la Western Union (American Speaking Telephon Company) et la compagnie Bell. Le téléphone et le phonographe suivent d'abord la même voie jusqu'à la fin des années 1890. Puis leur usage se différencie. En 1898, le Danois Valdemar Poulsen invente le magnétophone, un ancêtre du répondeur téléphonique.