fausse suivante marivaux

Transcription

fausse suivante marivaux
LA FAUSSE SUIVANTE
DU JE 17 FÉVRIER AU SA 19 FÉVRIER
DE MARIVAUX
MISE EN SCÈNE MARTINE CHARLET
THÉÂTRE DE L'ETRAM (CH)
JE: 19H / VE, SA: 20H30
avec :
Anne Vouilloz : Le Chevalier
Raphaëline Goupilleau : La Comtesse
Yves Adam : Lélio
Jean-Luc Borgeat : Arlequin
Philippe Polet : Trivelin
Frédéric Poinceau : Frontin
décor
Claude Lemaire
costumes
Anna Van Brée
lumière
Rinaldo Del Boca
régie
Frédérique Vidal
musique
Frédéric Morier
son
Michel Zürcher
maquillage
Suzanne Pisteur
réalisation des costumes
Christine Piqueray
construction du décor
Atelier les Artisans du Spectacle
chef constructeur
Giovanni La Scola
peintre
Didier Courel
photographe
Mario Del Curto
production (2005)
Théâtre de l'Etram et Théâtre de Vevey
soutiens
Ville de Lausanne, Loterie Romande, Pro Helvetia Fondation suisse pour la culture, Corodis, OertliStiftung, Migros Vaud, Fondation Ernst Göhner,
Fondation Leenaards, Pour-Cent culturel Migros,
Fondation Stanley Thomas Johnson
dates de la tournée
Théâtre de Vevey les 12, 14 et 17 janvier 2005
Salle de l’Inter à Porrentruy les 20 et 21 janvier
Théâtre de Beausobre à Morges le 27 janvier
Théâtre Les Halles à Sierre les 4 et 5 février
Théâtre le Château à Avenches les 9 et 10 février
Théâtre de Winterthur le 21 février
WWW.THEATRE-ARSENIC.CH
Centre d’art scénique contemporain
Rue de Genève 57
1004 Lausanne
Infos et réservations :
+41 21 625 11 36
PHOTOS À DISPOSITION SUR DEMANDE :
Anne-Pascale Mittaz (021 625 11 22
+ [email protected])
ENJEU
Le travail essentiel sur La Fausse suivante porte sur le travesti. Jamais jusqu’ici un
personnage marivaudien ne s’était engagé si avant que le faux chevalier dans le
déguisement et la tromperie. Tromperie sur le sexe ; sur le statut social ; sur les
desseins. Qui dit tromperie dit secret. Qui dit secret dit désir violent de le percer. La
dramaturgie de La Fausse suivante est d’abord une dramaturgie du secret, qui joue avec
les affects incroyablement intenses que suscite, sur scène, la lutte autour de la chose
cachée. La dynamique de la pièce repose sur ce mécanisme, digne de l’ingéniosité marivaudienne : émietter le secret, et transformer l’aveu d’une vérité partielle en garant d’un
mensonge plus essentiel (je suis fille, il est vrai, mais déguisée au profit de ma
maîtresse, qui veut ceci, ou cela, etc.) ; faire circuler le secret entre les personnages
qui ne l’atteignent qu’en ordre dispersé, et trop tard, ou n’en saisissent que
l’apparence.
L’inversion du sexe, si enracinée aux origines du théâtre, joint ses troubles au
renversement du rang. Fausse suivante en habit masculin, la jeune aristocrate s’expose au
chantage sexuel et monétaire des valets : du valet Trivelin, aux pulsions violeuses du valet
Arlequin ; pseudo chevalier au corps de femme, elle engage avec la Comtesse un rapport
doublement dévoilant : épure dénudée de la séduction, représentation à peine masquée
de la relation homosexuelle.
Par le travesti, le mensonge, la tromperie, la jeune aventurière découvre la vérité du
monde : que le mariage est un commerce, que les femmes sont la proie des loups, que les
mots mentent, que les cœurs se manipulent, que l’argent entend régler tous les désirs.
Découverte, qui se mêle aux jubilations énergiques de la vengeance, et qui trouve son
contrepoint, dans la voix des valets, Arlequin et Trivelin.
Martine Charlet
INTENTIONS DE MISE EN SCÈNE
Un thème important, dans l’œuvre de Marivaux, est le thème « de la dernière fois ». Une
femme choisit le parti pris de son cœur. La Comtesse, veuve fortunée, jeune encore, mais
n’ayant pas aimé, elle est prête, le sachant ou pas, à connaître « les surprises de l’amour »
même si c’est avec l’inquiétant Lélio ou le « faux chevalier ».
La Comtesse est en danger face aux « chasseurs » qui la traquent. Elle le sait ou le
pressent. Mais elle choisit le parti du risque, qui est aussi celui d’une nouvelle naissance.
Chez Marivaux, l’amour peut parler encore plus vrai quand il ment.
La Comtesse masque sa vérité, Lélio et « le chevalier » masquent leur mensonge. Terrible
concentration du jeu marivaudien, mobilisation de tout l’être : chaque mot, chaque geste,
chaque regard peut trahir. Le temps presse et personne ici n’a droit à l’erreur.
« Le chevalier » du travestissement. L’héroïne est doublement fausse. Femme déguisée en
homme pour aller voir de plus près quelle vie mène celui auquel on l’a promise. Jeune femme
se faisant passer pour une servante lorsque Trivelin, le valet de Lélio, découvre son sexe.
Fausse suivante.
Héroïque. Jeune, très jeune sans doute. Ne connaissant pas le monde encore. Ni les
hommes. Jeune partant à l’aventure : ce sera une éducation, et pas seulement
« sentimentale ». Jeune homme à l’impétuosité adolescente. Jeune être tout en heurts.
Princesse travestie qui traverse les mondes : fraye avec maîtres comme avec valets
(puisqu’elle est « fausse suivante ») hommes comme femmes. Une héroïne tout à fait
shakespearienne, là où les cœurs d’échangent et où les couples sont complexes.
Le chevalier porte les significations de la pièce. Cristallise les flux. Ce chevalier est un
très jeune homme. Un jeune homme d’avant l’entrée dans le jeu social – d’argent, de
sentiment et de sexualité codée. Etrange est ce chevalier qui poussera si loin son jeu
qu’en acceptant, sur demande de Lélio, de séduire la Comtesse, elle/il ne s’arrêtera pas
au « je vous aime » qu’elle obtient facilement de la Comtesse mais veut plus et toujours
plus. Scène toute d’équivoque « Je ne veux qu’un mot : voulez-vous que je vous aide)
dites comme moi : chevalier je vous adore. ».
Tendre, enfantine. La Comtesse doit être presque aussi jeune que le chevalier, mais peutêtre connaît-elle mieux le monde, l’amour, l’argent. Mais ce n’est pas certain. Elle
comprend mieux, certaines choses, elle connaît Lélio… mais elle a de grands pans
d’aveuglement.
Aucune concession ici au jeu conscient de la coquetterie. « Le chevalier », en amour, est
aussi neuf que la jeune fille. Plus encore, s’il est possible, avec une femme. D’où au début,
ses timidités, ses brusques audaces, ses paniques, ses retraits, ses empêchements,
malgré l’impunité du masque. Ce qui séduit la Comtesse chez le chevalier, ce n’est pas
l’insolence virtuose, mais sa hâte et sa détermination.
Lélio, le libertin, souhaite être quitté par la Comtesse. Mais comment s’en accommode-til ? Regretter qu’il advienne ce que pourtant on a souhaité : il est des instants où le rire
de Lélio résonne drôlement.
Pensif, secret, replié en lui-même, entraîné à ne s’émouvoir de rien ni de personne, Lélio,
est du genre solitaire. Comment expliquer qu’il se découvre, si vite, si fort, avec un tel
bonheur, devant le chevalier ? Pouvoir magique du travestissement, qui met à mal toutes
les défenses, affole tout ce qui, jusqu’alors, tenait lieu de certitude.
Il n’y a pas d’un côté l’argent et de l’autre les transports amoureux. Si La Fausse
suivante fait autant de place au montant des fortunes, la place de l’argent, c’est dans
la lumière indécise, dans l’inextricable imbroglio des désirs et des intérêts d’une comédie.
Au cœur de toutes les déraisons, de tous les vertiges, de toutes les pulsions, que mets
en mouvement le surgissement du travesti, il y a Arlequin, rendu pleinement du même coup
à ses origines croisées d’animal et de manant affamé. Avec lui, rôde sur la représentation
le risque toujours possible d’un écart irrémédiable.
A la différence de Figaro, auquel on le compare si fort, Trivelin ne revendique rien, ne s’en
prend à personne, ou si peu. Ni procureur, ni réformateur de société, il n’existe que dans
sa parole. Avec elle il enchante sa misère et s’en fait une fête. A sa manière, c’est un
artiste, une figure de poésie, en tout cas, qui « fédère » la pièce et lui impose son
regard.
Martine Charlet
ÉLÉMENTS BIOGRAPHIQUES
Martine Charlet a un parcours atypique dans le monde du théâtre indépendant Suisse
romand. Née dans la campagne vaudoise, libraire de formation, elle découvre la passion de
la scène à travers les textes. Indépendante d'esprit, c'est au contact de metteurs en
scène romands connus qu'elle apprend son métier. Elle travaille au Théâtre de Vidy à
Lausanne avec André Steiger, Pierre Bauer, Martine Paschoud, mais aussi Séverine Bujard
et Angelo Corti. Elle collabore également avec le Théâtre de Poche à Genève et le
Théâtre de Carouge.
En 1984, Martine Charlet crée sa propre compagnie et monte ses premiers spectacles. Les
textes qu'elle choisit s'inscrivent dans un registre qui met en jeu la condition de l'être
humain, ses élans, ses passions, ses sentiments et ses zones obscures. Pour elle, il s'agit
avant tout de parler aux spectateurs de thèmes universels, qui les touchent
directement, et ce à travers de grands auteurs de la littérature. Une parabole sur
l'enfermement physique et mental et sur le caractère double de tout être humain se
déploie au fil de ses mises en scène. Masculin et féminin, honnêteté et traîtrise scandent
l'exploration des relations entre père et fils, homme et femme. Le Baiser de la femmearaignée de Manuel Puig, (1995) Père d'August Strindberg, (1996) en sont des exemples,
comme les facettes parfois contradictoires de l'individu dans Masques nus de Luigi Piran-
dello, (1997) et le cri de désir révolté de Désir sous les ormes d'Eugene O'Neill, (1998).
Martine Charlet a déjà réalisé une dizaine de spectacles dont les plus récents,
L'Arriviste de Stig Dagerman, qui met en jeu l'ambivalence des comportements humains face
à la responsabilité, l'engagement et la liberté, réalisé au Théâtre de l'Arsenic à Lausanne
en janvier (2000). Le Pélican d'August Strindberg, réalisé au Théâtre de Vidy à Lausanne en
novembre 2000. La Sonate des spectres d'August Strindberg (Arsenic 2002) et La Musica
Deuxième (Arsenic 2003).
De juin 1999 à juin 2002, la Ville de Lausanne lui attribue un contrat de confiance pour une
période de trois ans.
Attachée à un travail dans la continuité, Martine Charlet s'est constitué une équipe avec
laquelle elle aime travailler. Elle fait aussi partie de ces metteurs en scène qui veulent
faire entendre le théâtre indépendant au-delà de ses lieux de création. Ainsi comme
nombre de ses spectacles Désir sous les ormes d'Eugène O'Neill et Le Pélican d'August
Strindberg a été présenté dans plusieurs villes de Suisse romande.
En mai 2000, la Fondation vaudoise pour la promotion et le création artistique lui
décerne le prix "Jeune créateur 2000" pour le Théâtre.
MARIVAUX Pierre Carlet de Chamblain de (1688-1763)
Auteur français déclaré comme mineur par la génération des Encyclopédistes, réputation
qu'il conservera jusqu'au milieu du XXème siècle.
Elevé en province, Marivaux fait ses études à Paris et s'essaye dans le roman burlesque.
Il débute en 1720 au Théâtre-Italien et au Théâtre-Français.
Son théâtre emprunte ses conventions à la Commedia dell'Arte: il crée des types sur
lesquels il peut broder des variations, se sert du travestissement, privilégie l'amour
comme ressort de la comédie.
On peut voir en Marivaux un utopiste, qui utilise le théâtre comme un lieu
d'expérimen-tation sociale (l'Ile des Esclaves, 1725, où maîtres et serviteurs échangent
leurs rôles, La Colonie, où les femmes veulent établir une république).
Il existe aussi un Marivaux romanesque, qui emprunte à la vogue des romans tragiques et
des aventures de nobles déguisés: Le Prince travesti (1724), le Triomphe de l'amour (1732).
Marivaux est surtout connu pour ses pièces qui traitent de "la métaphysique du coeur",
ce qu'on a appelé le marivaudage: La Surprise de l'amour (1722), la Double Inconstance
(1723), le Jeu de l'amour et du hasard (1730), les Fausses confidences (1737).
Marivaux dit avoir "guetté dans le coeur humain toutes les niches différentes où peut se
cacher l'amour lorsqu'il craint de se montrer", et chacune de ses comédies a pour objet
de le faire sortir d'une de ses niches.
Marivaux a été l'auteur le plus joué de la première moitié du XVIIIème siècle, avec
Voltaire.
http://www.theatre-odeon.fr

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