Analyse de la cérémonie

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Union Maçonnique Universel du Rite Moderne
Pour compléter notre étude sur l’Installation, voici une analyse de
la cérémonie par un timide qui n’a pas signé.
Cependant compte tenu de l’esprit et de la tournure d’esprit, je
pense qu’il s’agit d’un frère de la G. L. N. F.
Jean-Claude Villant Documentaliste de l’académie Internationale
du Vème Ordre U∴ M∴ U∴ R∴ M∴
Analyse de la cérémonie
Pouvons-nous encore seulement parler d'une simple cérémonie? A la lecture de ce
document, n'avons-nous pas l'impression d'assister à la réception d'un véritable «degré»?
Qu'est ce qui distingue cette cérémonie d’installation d'une cérémonie de réception
maçonnique?
La réponse à ces questions ne laisse pas, selon moi, le moindre doute; nous sommes
bel et bien en présence d’un degré, celui de Vénérable Maître.
Tous les éléments d'un degré sont réunis:
- Ouverture des travaux
- Réception du néophyte
- Instruction
- Clôture des travaux.
Un élément du rituel est important puisqu'il permet de le dater; le neuvième feuillet
manuscrit fait à Maître Installateur:
Par notre Très Vénérable Grand Maître, le duc à Chartres, je vous fais Vénérable
Maître
Le Duc de Chartres est l'un des titres de Louis-Philippe
Joseph d’Orléans, également connu sous le nom de Philippe Egalité.
Le Duc de Chartres naît en 1747. Il mourra sur l'échafaud en 1794.
Il accède à la Grande Maîtrise en 1773 et participe comme
Grand Maître à la fondation du Grand Orient de France l'année
d'après. Il devient duc d'Orléans en 1785, lors du décès de son père, ce
qui situe | rituel entre 1774 et 1785..
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La cérémonie est très proche de ce qui deviendra le 20è degré du Rite Ecossais
Ancien et Accepté, Grand Maître des Loges Symboliques ou Maître Ad Vitam. Le
postulant entre en tant que Zorobabel et en sort comme Cyrus Artaxerxés. Entre temps il
aura été purifié par le fer des épées entrecroisées et le feu. Une différence notoire est
cependant à remarquer; le récipiendaire accomplit ici trois voyages et non neuf. Devons
nous y voir une référence marquée à la religion Chrétienne, le nombre trois symbolisant
la trinité? En effet, les références à la religion Chrétienne sont omniprésentes dans le
rituel.
Les références Chrétiennes du Rituel
La Franc-Maçonnerie était au 18e siècle un ordre Chrétien. Nombre de degrés qui sont
apparus à cette coque ont des références explicites à la religion; nous pourrions citer le
plus connu, le Rose+Croix, d’abord pratiqué indépendamment qui intégrera le Rite du
Royal Secret de Morin puis le Rite Ecossais Ancien Accepté.
Le présent rituel affirme son attachement à la religion chrétienne. Devons- nous en être
surpris? Les relations entre l'église et la franc-maçonnerie sont mal définies. Lorsque le
Duc de Chartres monte sur le trône de la Grande Maîtrise du Grand Orient de France,
deux bulles papales avaient déjà été prononcées par différents Papes; en 1738 tout
d'abord, la bulle In Eminenti prononcée par Clément XII, puis en 1751 la bulle
Providias de Benoît XIV. La première bulle, n'ayant pas été enregistrée au Parlement de
Paris, ne fut pas applicable en France. La seconde se référa à la première. Le mot «maçon»
v apparaît une seule fois, en référence à la bulle de 1738. En fait, la Franc-Maçonnerie ne
semble pas précisément visée par ces bulles. Une des théories qui expliquerait le peu de
références à la Maçonnerie voudrait que ces Papes, protégeant les Stuart et connaissant les
influences jacobites dans la Maçonnerie, n'aient pas voulu blesser ceux-ci ni les Chrétiens
d'Ecosse.
Les références Chrétiennes sont nombreuses dans le rituel. Les voici:
Feuillet 4: Avant que d'ouvrir la Loge, on fait d'abord dire une messe du Saint Esprit à laquelle le Maître et
tous les Frères assistent, ainsi que le récipiendaire.
Feuillet 8: le Souverain le fait mettre a genoux, ensuite il fait avec son sceptre un signe de croix sur le candidat. ..
Feuillet 9: Vous me demandez une grâce qui ne doit être accordée qu'à ceux dont le mérite les en rend
dignes et qui sont disposés à pratiquer les œuvres de miséricorde envers les pauvres maçons, ainsi qu'à verser
leur sang pour la défense de la religion chrétienne et le service du Roi.
Feuillet 10: Je vais vous recevoir Maître de Loge, au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Feuillet 11: En prononçant ces paroles, il fait avec son sceptre un signe de croix sur le récipiendaire, [...] Le
Souverain s'assoit ensuite dam son fauteuil, puis présente l'épée au candidat, en lui disant: Servez-vous de
votre épée selon l'esprit de la Religion et non selon le mouvement de vos passions; souvenez-vous que vous
rien devez jamais frapper personne injustement...
Feuillet 12: Sachez que les lois de l'Ordre Royal de la maçonnerie de laquelle vous êtes Maître vous
obligent h l'exercice de toutes les venus chrétiennes et morales, et à les r farter à un plus haut point de
perfection que le commun des Maçons.
Feuillet 13: Moi, N\, je promets et je jure au Dieu tout Puissant, d'observer toute ma vie...
Feuillet 14 et 15: ...les saints Commandements, de les suivre d'un grand zèle pour la défense de la foi, lors
toutefois que cela me sera commandé par mes supérieurs. [...] Je promets en outre de garder un secret,
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inviolable sur nos mystères, ainsi que sur tous les autres grades de l'Ordre royal; ainsi que Dieu, très bon et
très puissant me soit en aide et ce Saint Evangile par moi touché. Il baise le Saint Évangile...
Les références à la religion sont nombreuses comme dans la plupart des rituels de cette
époque, encore éloignés du vent de libre pensée qui souffla un siècle plus tard.
Nous constatons que les membres de la Loge devaient assister à un office religieux, une
Messe, avant la cérémonie. Le signe de croix apparaît plusieurs fois.
Le nouveau Maître de Loge est reçu au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit, chose
qui serait impensable de nos jours en Europe Continentale. Le signe de croix qui
accompagne ces paroles nous évoque une bénédiction comme l'est un sacre.
Parmi les devoirs du Maître de Loge sont de pratiquer la bienfaisance, également défendre
la religion chrétienne et ses vertus.
Nous pouvons ainsi nous interroger sur les liens qui unissaient la Maçonnerie et la
Religion Chrétienne. Ils étaient assurément fort différents de ceux que nous connaissons
aujourd'hui, même si. en France, la Maçonnerie et la religion chrétienne semblent
cohabiter pacifiquement, preuve qu'elles ont pu dépasser leurs différents et leurs préjugés.
La Décoration de la Loge
Le rituel possède comme en-tête un tableau de loge (feuillet 1). Le tableau est divisé en
trois parue séparées par deux balustrades, comme devait l'être le Temple de Salomon
(Oulam, le vestibule; Hékal, la salle Sainte; Débir, le Saint des Saints)
Partie 1: Le Saint des Saints
Le Saint des Saints représenté sur le tableau contient trois éléments:
• Les deux Luminaires, le Soleil (à gauche) et la Lune (à droite)
• L'Arche d'Alliance, les chérubins visibles.
• Un Chandelier à sept branches (Menorah ?)
Le Saint des Saints est séparé du Saint par une balustrade.
Partie 2: Le Saint
Il contient trois éléments alignés horizontalement:
- Un chandelier à cinq branches, situe au centre,
-La table aux pains de proposition, à gauche,
- L’hôtel des parfums, à droite.
Un dais entoure les parties 1 et 2 sur les côtés orient, midi et septentrion.
Une balustrade sépare le Saint du Vestibule.
Partie 3: Le Vestibule
Il est composé de quatre éléments alignés horizontalement de façon excentrée cependant: (de gauche
A droite)
- Un niveau
- Un chandelier à trois branches (situé au milieu du tableau)
- Une équerre (apparemment...)
-Une mer d'airain.
Sous ces trois parties est dessiné le portique du Temple avec un fronton triangulaire, les
colonnes J & B disposées à la «moderne», un pavé mosaïque devant la porte fermée du Temple et
un escalier à sept marches pour y accéder.
Ce tableau est une représentation du Temple de Salomon tel que décrit dans la Bible au Livre
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des Rois.
Il s’agit cependant du second Temple puisque, nous le verrons plus loin, le candidat représente
Zorobabel et le Maître de la Loge (encore appelé Souverain) représente Cyrus, le Roi de Perse.
Nous nous situons donc dans le second Temple. La description de la Loge le précise:
Le tableau de la Loge doit représenter l’enceinte ou espace du terrain dans le second temple a été bâti, il
doit y reparaître avec toute la splendeur. Le tout ainsi préparé, l’on ouvre la Loge comme il suit ci-après.
Cette information montre que nous avons quitté les degrés Salomoniens et que le Maître de Loge (au
sens de Vénérable Maître) se situe au-dessus des Maîtres Maçons.
Li description de la Loge (feuillets 2 à 4) ne laisse pas de doute là dessus. Le Maître de Loge représente Cyrus et il doit porter le titre de Souverain et à ce titre, il tient un sceptre.
Le récipiendaire représente Zorobabel.
Les décors
Les Frères portent l'épée. Ils ont un cordon vert moiré qui va de l'épaule gauche à la hanche droite
au bas duquel pend un bijou doré représentant deux épées entrecroisées.
Ce bijou (ainsi que le cordon auquel il est suspendu) est aujourd'hui celui du 15" degré du Rite
Écossais Ancien - Accepté, Chevalier d'Orient ou de l'épée. Ce grade se situe dans le second
temple. Les légendes des degrés de Chevalier d'Orient et de
Maître de Loge font appel aux mêmes protagonistes.
Les tabliers sont blancs bordés de taffetas vert. Ils portent des gants doublés et bordés de même.
Le bijou et la couleur du cordon suggèrent une similitude des deux grades, un lien donc entre ces
deux degrés. Et pourtant les cérémonies en sont bien différentes
La Loge
Elle est imparfaitement décrite. Nous savons que le Souverain trône sur une estrade à
sept marches. Le feuillet 22 présente un dessin de la Loge. Nous y voyons le Souverain
siéger à l'Orient sur une estrade à sept marches, sous un dais parsemé de lys. Il porte une
couronne. Sur l'autel sont disposées:
• Un volume (la Bible, vraisemblablement)
• Une équerre à droite de la Bible
• Un compas à gauche
• Une épée posée devant la Bible.
Au dessus du dais sont le Soleil (à gauche) et la Lune (à
droite). Une tapisserie parsemée de lys est tendue de part et
d'autre de la salle.
Les Surveillants siègent à l'Occident. L'Orient est séparé
de l'Occident par sept bougies. Deux bougies encadrent les
marches qui montent vers l'Orient.
Le personnage central est Cyrus, le Roi de Perse. Les lys évoquent la royauté ainsi que le
sceptre. Les Trois Grandes Lumières de la Franc-Maçonnerie figurent sur l'autel de la
Loge, bien que la façon dont elles sont disposées soit fort différente des usages habituels.
Y figure aussi l'épée comme elle l'est toujours au Rite Ecossais Rectifié ou à certains
degrés du Rite Ecossais Ancien Accepté.
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L’Ouverture des Travaux
Elle tient en moins de deux feuillets, les feuillets 5 et 6. Elle est décrite et seule une
phrase rituelle est présente; celle qui annonce l'ouverture de la Loge.
Les quatre parties habituelles de l'ouverture «moderne» sont mentionnées:
• Vérification de la qualité des membres de la Loge.
• Questions Réponses Rituelles
• Proclamation de l'ouverture
• Signe et batterie répétés par les assistants.
•
La batterie se fait par 7 coups par 5 + 2. En fait, le nombre 7 est celui du grade. Ce
nombre diffère de celui du 20' degré du Rite Ecossais Ancien Accepté qu'il ne nous
appartient pas de révéler ici.
La vérification de la qualité des assistants montre qu'il s'agit bien d'une cérémonie à
laquelle seuls sont conviés les Vénérables Maîtres, eux seuls étant en possession des mots,
signes et attouchements du grade.
La Réception
La cérémonie de réception se décompose en cinq parties:
• L'isolement et le dépouillement dans la chambre de réflexion. Le candidat est vêtu et ne
porte
aucun décor maçonnique. Son épée lui est laissée.
• Le candidat effectue les voyages symboliques.
• II est «adoubé» puis purifié par le fer et le feu.
• II prête son engagement sur le Saint Evangile.
• II reçoit ses décors.
La chambre de réflexion est le cabinet de réflexion que nous retrouvons dans de
nombreux rites aujourd'hui. C'est l'étape de détachement ou dite de «séparation»
nécessaire et commune à tous les rites initiatiques. Elle permet au candidat de réfléchir, de
méditer pendant que les Frères ouvrent et installent la loge pour la réception.
Au cours de son séjour dans la chambre de réflexion, le candidat est dépouillé de ses
décors maçonniques mais il conserve son épée. Ce détail est essentiel.
De quelle épée s'agit-il? Si il s'agissait d'une épée rituelle, il aurait été normal qu'elle eût
été dépose, comme le tablier, les gants et les autres décors. Mais tel n'est pas le cas. Il
s'agit plutôt de l'épée personnelle
du candidat. Pouvons nous en déduire que le candidat devait être noble et muni de
quartiers de noblesse pour accéder au trône de la Loge? Nous savons que l'inamovibilité
des Maîtres de Loges a été I
un des objets qui ont motivé la transformation de la
Grande Loge en Grand Orient de France, afin de redéfinir les règles de gouvernement des
loges. Nous retrouvons de nos jours une allusion identique au Rite Écossais Rectifié, lors
de la réception au premier degré, au moment où les métaux sont restitués au nouveau
Frère, le Vénérable Maître lui déclare: Je vous rends votre épée, signe qu'il la portait
avant de se faire recevoir franc-maçon. Nous pouvons donc penser, vrai ou faux, que le
candidat devait être de noble condition pour devenir Vénérable Maître. Cette
interprétation est évidemment discutable6.
Le candidat est introduit par les sept coups du degré. Il ne porte pas de bandeau. Il
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effectue ensuite trois voyages symboliques. Le rituel ne les décrit pas et ne donne pas
d'indice quant à leur signification. II ne nous dit pas si des maximes sont lues pendant ces
voyages, si des épreuves purificatrices sont pré vues. Remarquons cependant que ces trois
voyages, qui sont effectués après un séjour en chambre de réflexion, rappellent la
cérémonie de réception au premier degré du Rite Moderne. Deux remarques cependant:
1-Les purifications élémentales ont lieu après les voyages,
2-Nous sommes au-delà du troisième degré.
Qu'en conclure sinon que ces voyages ne doivent en rien être similaires à ceux du
premier degré, même si à la première lecture nous pourrions penser à une analogie.
Quelles significations donner alors à ces voyages, sachant qu'ils ne sont pas au même
nombre que ceux de l'actuel 20° degré du Rite Ecossais Ancien Accepté?7
Voici quelques pistes, sans certitudes. Je laisse à chacun le soin de choisir une
interprétation sachant que cette liste n'est pas exhaustive.
• La Trinité, nous savons que le Vénérable Maître est consacré au nom du Père, du Fils et
du Saint
Esprit.
• Les trois qualités maçonniques, la Beauté, la Force et la Sagesse.
• Les vertus théologales, nous avons vu que les références Chrétiennes sont nombreuses
dans le
rituel.
• Les trois grands-maîtres de Jérusalem (S, HA et HDT)
• Les trois qualités Prêtre, Prophète et Roi,
• Les étapes nécessaires qui mèneraient Zorobabel (le Candidat) de Babylone à Jérusalem.
Le candidat ne représente-t-il pas Zorobabel?
• Les trois devoirs du candidat qui porte l'épée, à savoir la défense de la Maçonnerie, le
service du
Souverain et la protection des misérables Frères.
A l'issue des voyages, le candidat mis à genoux apprend quels seront ses devoirs. Il est
ensuite «sacré» Vénérable Maître. J'ai volontairement utilisé le mot sacré pour les raisons
suivantes; le Vénérable Maître est «béni» au nom de la Trinité, un signe de croix est fait
au-dessus de lui avec un sceptre, attribut royal par excellence. Il est ensuite adoubé avec sa
propre épée, au nom du Duc de Chartres. Son épée lui est ensuite remise puis le candidat
est installé sur son trône par le «Souverain» pour y être purifié par le fer et le feu.
6 Nous savons que les roturiers pouvaient louer une épée et un chapeau pour se présenter
devant le Roi et circuler dans l'enceinte du Château de Versailles. Nous pouvons aussi
penser que la Maçonnerie de l'époque, dans un soucis d'équité, permettait une pratique
similaire.
7 Ce qui aurait pu nous mettre sur une pister
Lorsque j'ai lu ce rituel pour la première fois, je me suis demandé si nous n'étions pas ici
en présence de pratiques théurgiques. Il y a d'abord la bénédiction qui en temps normal
est faite par un Prêtre. Il v a l'adoubement qui rappelle les ordres royaux et la noblesse,
évocation de la Royauté - Le Duc de Chartres est cousin du Roi Louis XVI. Enfin, le
nouveau Vénérable Maître est reconnu en qualité de défenseur de la Foi, doit-on y voir
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une évocation de la troisième qualité, le Prophète? Le Vénérable Maître porte de titre de
Souverain et siège sur le trône de la Loge.
J’évoquais la théurgie. Nous pourrions également la voir lors de la purification par les
éléments qui intervient après l'adoubement - le sacrement - et qui se fait par le feu aux
pieds et par le fer à la tête. Comme pour les voyages symboliques, la signification n'est pas
écrite; il est dit que le candidat est «puri-fié » . Peut-on penser qu'il atteint un état
«glorieux»8 puisqu'il est au-dessus du feu et qu'il est sous le fer, sous les épées mises en
sautoir?
Le feu disposé aux pieds peut évidemment symboliser l'enfer (nous restons dans une symbolique Chrétienne). Le Souverain se
situe au-dessus de l'enfer par la pratique des vertus. Le feu pourrait aussi symboliser l'illumination intérieure, la Lumière. Mais
pourquoi, dans ce cas, le placer sous les pieds du nouveau Vénérable Maître?
Les épées entrecroisées sont-elles celles des deux Chérubins envoyés par Dieu et qui
gardent l'arbre de vie? Elles symbolisent assurément le pouvoir spirituel. De nos jours
encore l'épée des Vénérables Maîtres, dans certains Rites, symbolise le pouvoir qui leur a
été transmis. Dans l'instruction, il est précisé que le Frère a été purifié de la tête aux pieds.
Le Souverain reprend sa place. Ce détail est intéressant puisqu'il nous permet de penser
que l'installation a lieu dans une loge spéciale, pas nécessairement celle à laquelle
appartient le Vénérable Maître, comme si il s'agissait d'une loge de perfection ou d'un
conseil permanent de Maîtres Installés.
Le Souverain donne au candidat les signes, mots et attouchements. Le signe rappelle la
purification par le fer par laquelle est passé le candidat.
Le mot est «jeek jeek» qui signifierait «je suis». Nous remarquons que l'origine de ce mot
serait an saxonne. Dans le Vuillaume9, page 73 - Past Master ou Passé Maître, le mot sacré
est Jeksan. Une note nous signale:
il y a quelques rituels qui interprètent ce mot par « je suis ce que je suis »
La frontière entre l'interprétation mentionnée dans le Vuillaume, « je suis ce que je
suis » et celle de ce rituel, je le suis, est mince. Je pense que «Jeek Jeek» pourrait être
l'interprétation phonétique de Jeksan prononcée à l'anglo-saxonne.
L attouchement se fait de la façon suivante: se saluer en se serrant la main droite et en la
glissant réciproquement jusqu'au bout des doigts. Il n'est pas donné de signification
précise. Peut-on y voir la poignée qu’ auraient pu se donner Cyrus et Zorobabel à l'heure
du départ de celui-ci pour Jérusalem ?
Le candidat regagne sa place.
L'instruction
Elle reprend les différentes étapes de la réception. Elle n'apporte pas de réponses aux
questions < nous nous sommes précédemment posées. Elle est très courte. Elle semble
faire partie de la clôture i Loge puisqu'il n'y a pas de séparation entre la clôture
proprement dite et l'instruction par questions / réponses.
En fait, nous pouvons penser que l'instruction donnée ici est celle qui est également faite à
I’ouverture
8 j’utilise sciemment ce terme évoquant la pureté d’êrte celui qui accède à la fonction de
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Maître de Loge.
9 Seconde édition 1930
des travaux avec une différence cependant: l'heure d'ouverture des travaux. Dans le cas
présent il est minuit sonné, nous pouvons penser qu'à l'ouverture, il devrait être midi
sonné. Vient ensuite la clôture proprement dite.
La Clôture de la Loge
Elle est très simple et décrit la position d'Ordre du grade: l'épée nue à la main.
Elle se tait par sept coups de maillet faits par le Souverain puis répétés par les
Surveillants. Le souverain annonce ensuite que la Loge est fermée, ce qui est répété par
les Surveillants. S'en suit alors le signe et la batterie du grade.
Enfin, un «baiser de Paix» est donné entre les assistants, juste avant la «quête» pour les
oeuvres de la Loge
J’ai longuement hésité avant de savoir si je devais inclure le «baiser de Paix» dans la
partie consacrée aux références Chrétiennes du rituel. Le baiser de Paix fait partie des
cérémonies religieuses réservées aux évêques. Le chapitre 24 du livre 1 de Caeremoniale
Episcoporum10 précise comment le donner:
Manière de donner le baiser de paix. Si l’évêque célèbre solennellement, il donne la paix
aux prêtre assistant, qui la distribue au chœur dans l’ordre. Le diacre de l’évangile et le sousdiacre de l’épître la paix de l’évêque célébrant lorsqu’il communie de sa main. Le Prêtre
assistant portant la paix ne fait révérence à personne avant de la donner. Ordre à suivre en
distribuant la paix. Si l’Evêque assiste le prêtre assistant reçoit la paix et la porte à l’Evêque,
qui la donne aux deux diacres assistants. Comment faire si un prélat célèbre lorsque
l’Evêque assiste. Dans les églises collégiales la paix est distribuée aux chœurs par le sousdiacre.
II a très certainement été remplacé par le «donnons-nous la Paix» des liturgies
catholiques romaines. Dans le texte précédent, nous pourrions remplacer l'Evêque par le
Souverain, le Prêtre Assistant par le nouveau Maître de Loge, les deux Diacres Assistants
par les deux Surveillants. Nous pourrions ainsi avoir une idée de la façon dont se fait le
baiser de Paix. Compte tenu du nombre de références Chrétiennes qui ponctuent ce rituel,
il ne serait pas surprenant que celui-ci soit ainsi fait, concourant un peu plus à l’aspect
théurgique que j'évoquais plus haut.
Il est fait mention d'un banquet qui suit la cérémonie.
Conclusion
Ce rituel semble compléter le Grade de Chevalier d'Orient; les points communs entre les
deux grades sont nombreux; nous pouvons évoquer le second temple, les protagonistes,
la couleur du grade, le bijou...
Nous avons vu que la cérémonie était assez simple, que le candidat dépouillé de ses
attributs maçonniques était reçu après avoir accompli trois voyages symboliques.
Il est béni et adoubé, nous pourrions écrire sacré, Maître de Loge en tant que Cyrus
présidant aux travaux de sa Loge symbolique (nous ne sommes plus dans les degrés liés à
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la légende de Salomon). Il est ensuite instruit. Il reste cependant sut les colonnes et ne
monte pas à l'Orient en remplacement du Souverain qui l'a reçu.
Plusieurs détails nous laissent à penser que cette cérémonie était pratiquée au sein de
loges spécifiques comme s'il s'était agi de Conseils de Mairies Installés communs à
l'obédience.
Ce rituel est très Chrétien. Les références à la religion sont nombreuses. Plusieurs
éléments peuvent faire penser à de la théurgie.
10" Cérémoniel des évêques, 1752.
Avons-nous trace d'une quelconque survivance de ce type de rituel au 19e siècle?
Vuillaume mentionne deux cérémonies d'installation:
• La cérémonie de Past-Master, comme faisant partie de la première classe pour ceux qui
utilisent le Rite Ecossais Ancien et Accepté (page 71 de la seconde édition de son
Tuileur)
• La cérémonie de Vénérable Maître de Loge (mention page 73 de la seconde édition du
Tuileur,
dans laquelle il précise que cette cérémonie est principalement utilisée au Rite Français entendez
Rite Moderne -. Il mentionne que c'est la cérémonie du 20e degré qui alors est utilisée et
que le mot de passe reste celui de Past Master).
Comme l'avait montré R.Désaguliers, ce rituel (ou cette famille de rituels) est l'un des
précurseurs du 20e degré du Rite Ecossais Ancien Accepté actuel, le Grand Maître des
Loges Symboliques ou Maître ad Vitam. Il va encore évoluer vers la complexité, en
détaillant la loge, les décors, les voyages et les rôles de chacun jusqu'à se distinguer
complètement du Chevalier d'Orient. Seuls les personnages de Zorobabel et de Cyrus
resteront communs aux deux grades.
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