Allocution de Monsieur El Habib BENESSAHRAOUI

Transcription

Allocution de Monsieur El Habib BENESSAHRAOUI
Cérémonie de remise du Prix de la traduction
Ibn-Khaldoun - Senghor en Sciences humaines
Tunisie, 18 novembre 2014
Allocution de
Monsieur El Habib BENESSAHRAOUI
Conseiller du Secrétaire général de la Francophonie
Seul le texte prononcé fait foi
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Cérémonie de remise du Prix de la Traduction Ibn-Khaldoun – Senghor
en sciences humaines
7ème édition – Tunisie, le 18 novembre 2014
Allocution de Monsieur El Habib BENESSAHRAOUI,
Conseiller du Secrétaire général de la Francophonie
Monsieur le Directeur général de l’ALECSO,
Monsieur le Président de l’Académie tunisienne des Sciences, des Arts et des Lettres de
Carthage,
Excellences,
Monsieur le Président du jury du prix Ibn Khaldoun - Léopold Sédar Senghor,
Madame et Messieurs les membres du Jury,
Mesdames et Messieurs en vos titres et qualités,
C’est pour moi un insigne honneur de représenter le Président Abdou Diouf, Secrétaire
général de la Francophonie, à cette 7e cérémonie de remise du prix Ibn-Khaldoun Leopold Sédar Senghor en sciences humaines.
Et c’est pour moi, personnellement, une immense joie et un plaisir renouvelé de me
retrouver en Tunisie, ma deuxième patrie, ce pays symbolique de la Francophonie dont le
Combattant suprême Habib Bourguiba a été l’un des pères fondateurs avec Leopold
Sédar Senghor, Hamani Diori et le roi Norodom Sihanouk. C’est une belle et heureuse
coïncidence puisque vendredi dernier une cérémonie solennelle a eu lieu à l’OIF, dans la
salle Senghor, pour inaugurer des salles de réunion du nom des trois autres pères
fondateurs, en témoignage de leurs apports et de leur initiative historique.
Monsieur le Président,
Permettez-moi de vous remercier vivement, pour cet accueil chaleureux et dans ce haut
lieu du savoir et du génie tunisiens qu’est l’Académie tunisienne des Sciences, des Arts et
des Lettres de Carthage.
La Tunisie vit des moments historiques, exaltants et symboliques de la maturité du peuple
tunisien et de la vivacité du processus démocratique qu’elle génère.
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La transition remarquable qui se fait jour ici est scrutée par tous. Elle est accompagnée et
suivie par notre organisation avec espoir et confiance, car elle est et sera exemplaire non
seulement pour la région mais pour toute la communauté internationale.
Excellences, Mesdames et Messieurs
Permettez-moi de saluer, particulièrement, Monsieur le Directeur général, Dr Abdullah
Muhareb,
Cher Abdullah Muhareb, je tiens à vous remercier chaleureusement pour votre implication
personnelle dans ce Prix, autour duquel nos deux Organisations entretiennent une
coopération fructueuse depuis 7 ans maintenant.
Quel lieu plus symbolique que Carthage pour remettre aujourd’hui le prix Ibn KhaldounSenghor? Ce lieu où se sont succédé plusieurs civilisations et qui a été un grand carrefour
pour le commerce en Méditerranée et la diffusion de la connaissance, a beaucoup
contribué aux échanges de biens, de cultures et d’idées entre les deux rives.
Nul par ailleurs meilleur hommage pouvait être rendu à Ibn Khaldoun que sur sa terre
natale, en Tunisie, et dans ce haut lieu de l’érudition qu’est l’Académie tunisienne des
Sciences, des Arts et des Lettres de Carthage.
Vous savez, avec moi, que cet endroit avait, pour le poète Président Léopold SédarSenghor, une importance telle qu’il lui a consacré une de ses six élégies, élégie de
Carthage, qu’il a dédié à Habib Bourguiba et dont je cite le titre et l’extrait suivant :
« A HABIB BOURGUIBA, le Combattant suprême
(Pour orchestre maghrébin, avec kamenjahs, rebabs, naï, oud, quanoun, sans oublier tar
ni darbouka).
C’est donc ici qu’abordèrent jadis le courage et l’audace
En cette Afrique ici, qu’affadis par la lymphe consanguine, les
Tyriens s’en vinrent chercher
Une seconde fois le fondement et floraison… », fin de citation.
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Ibn-Khaldoun, Léopold Sédar-Senghor, ces deux grands humanistes qui donnent leur nom
au Prix ont l’un et l’autre beaucoup contribué au dialogue des civilisations par leur pensée
mais aussi par leur action.
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Excellences, Mesdames et Messieurs,
Dans un monde en pleine recomposition, les profondes mutations qui l’ont marqué
peuvent tout aussi bien nourrir une culture démocratique mondiale, comme elles peuvent
être instrumentalisées par les populismes et les extrémismes les plus obscurantistes.
Voilà pourquoi, des organisations comme les nôtres, Monsieur le Directeur général, ont,
plus que jamais, le devoir de contribuer à la connaissance et à la reconnaissance de
l’Autre, à la promotion de la diversité culturelle et au dialogue sincère dans le respect des
valeurs universelles.
Après Carthage en 2010, l’OIF a organisé avec l’ISESCO, en 2013, à Fès une Conférence
internationale sur le dialogue des cultures et des religions au cours de laquelle des
personnalités éminentes et des dignitaires religieux ont appelé à un réel dialogue
interculturel et interreligieux pour une culture de la paix ; et pour veiller à ce que, dans le
respect des dogmes et des pratiques religieuses, mais aussi de la liberté d’exercice du
culte et de conscience, le dialogue, ce mieux-vivre ensemble, soit rétabli ou instauré d’une
manière durable.
L’Appel a mis en exergue le rôle des créateurs et acteurs culturels et des formes
d’expression culturelle, dans le respect de la diversité culturelle, des droits culturels et des
valeurs démocratiques universelles, qui sont de nature à consolider et élargir ce dialogue.
Quel symbole plus représentatif de ce dialogue des cultures que la traduction ? Quels
acteurs culturels plus impliqués dans le dialogue des civilisations que les traducteurs,
véritables passeurs de mots, d’idées voire d’idéaux ? Art et science à la fois, la traduction
n’est-elle pas un formidable vecteur de la diversité linguistique et culturelle ?
Le Dr Bassam Baraké, membre du Jury, nous a fait part d’une réflexion très intéressante
sur la médiation linguistique et je l’en remercie.
Mesdames et Messieurs,
Le rôle et la composition du jury sont essentiels pour la crédibilité et le prestige d’un Prix.
Je tiens ici à saluer les éminentes personnalités qui composent le Jury du Prix IbnKhaldoun-Senghor, à commencer par son président, mon très cher compatriote, M.
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Mohamed Mustapha El Kabbaj, M. Bassam Baraké, Mme Zahida Darwiche-Jabbour, Mme
Tahani Omar, M. Mohamed Mahjoub et M. Raja Farhat.
Permettez-moi de rendre un hommage particulier à mon cher ami Raja Farhat car j’ai
appris qu’il quittait ce jury, appelé à une entreprise culturelle d’envergure par le Sénat de
Carthage. Je tiens à le remercier en mon nom propre et permettez-moi de le faire aussi en
votre nom à tous et à toutes.
Mon cher Raja, ton implication constante dans la réussite du Prix ainsi que ton
engagement francophone n’est plus à démontrer. L’OIF n’oublie pas ton passage
remarquable en son sein et les talents multiples que tu as mis à son service et je suis sûr
que partout où tu iras, tu porteras très haut les valeurs du dialogue culturel et du respect
de l’Autre, qui sont les valeurs fondatrices de la Francophonie.
Ce jury, prestigieux, a décidé à l’unanimité de récompenser, le Docteur Hana SUBHI pour
sa traduction du français vers l’arabe du cinquième tome de l’ouvrage d’Edgar Morin La
méthode, intitulé « L’humanité de l’humanité, L’identité humaine ». Le choix de l’ouvrage
traduit vers l’arabe mérite qu’on s’y arrête : Edgar Morin propose dans cet essai une leçon
d'humilité et de tolérance à ceux qui prétendent détenir les solutions de l'identité de
certains groupes, voire de l'identité planétaire. Il y montre que la somme des
connaissances humaines ne peut plus être l'apanage d'un groupe : quelle belle leçon de
diversité !
Je ne peux m’empêcher de le citer : « L’individu humain ne peut certes échapper à son
sort paradoxal : il est une petite particule de vie, un moment éphémère, un fétu, mais en
même temps il déploie en lui la plénitude de la réalité vivante – l’existence, l’être, l’activité
-, et ainsi il contient en lui le tout de la vie sans cesser d’être une unité élémentaire de vie.
En même temps il déploie en lui la plénitude de la réalité humaine, avec la conscience, la
pensée, l’amour, l’amitié. Il contient en lui le tout de l’humanité, sans cesser d’être l’unité
élémentaire de l’humanité. »
Outre l’impact culturel de l’ouvrage et les valeurs véhiculées par celui-ci, le jury a salué la
grande qualité de la traduction. Soyez-en chaleureusement félicitée, Madame Hana
SUBHI.
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C’est la première fois que le Jury du Prix Ibn-Khaldoun - Léopold Sédar Senghor,
récompense une femme et, à quelques jours du Sommet de la Francophonie consacré à
« Femmes et jeunes, vecteurs de paix, facteurs de développement », l’OIF ne peut que
s’en féliciter et s’en réjouir tout particulièrement.
Née à Bagdad, ayant effectué de brillantes études à la Sorbonne à Paris et enseigné
d’abord en Irak, puis aux Émirats arabes unis, différentes disciplines liées à la langue
française, vous incarnez, parfaitement, Mme Hana SUBHI, ce pont entre les deux cultures
francophone et arabe qu’incarne le Prix.
En conclusion, permettez-moi de féliciter encore le Jury pour son choix judicieux.
Madame Hana Subhi, je vous réitère les félicitations de notre Secrétaire général pour le
choix de cette œuvre et pour la qualité de votre traduction.
Et merci, encore une fois à l’ALECSO, à son Directeur général Dr Abdullah Muhareb et
son équipe et en particulier à Mme Douha Boukhris, pour la brillante organisation de cette
cérémonie. L’œuvre d’Ibn Khaldoun et de Senghor, qui sont d’une actualité et d’une
modernité patentes, ne peut que nous inspirer.
Je vous remercie de votre aimable attention.
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