compte rendu de la rencontre professionnelle regionale

COMPTE RENDU DE LA RENCONTRE PROFESSIONNELLE REGIONALE
EN BOURGOGNE
L’ÉCO-PRODUCTION
ou comment réduire l’impact écologique de la production de films
Vendredi 19 octobre 2012
au conseil régional de Bourgogne
à Dijon
Participant(e)s :
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Olivier-René VEILLON, directeur général de la Commission du Film d’Ile-de-France
Françoise TENENBAUM, vice-présidente de la région Bourgogne en charge de la
Culture,
Alain RENAULT, conseiller régional de la région Bourgogne
Eveline GOGUEY, directrice de la Culture, du Patrimoine, des Sports et de la Jeunesse à
la région Bourgogne
Marie-Jo BOUR, directrice du LAB (Liaisons Arts Bourgogne)
Marie CHAPELET, chargée de mission cinéma et audiovisuel à la région Bourgogne
Gaelle LAURENT, déléguée régionale de la Commmission du Film de Bourgogne
Tiphaine SAULAIS, chargée d’étude au LAB (Liaisons Arts Bourgogne)
Catherine SIMÉON, présidente de l’APARR (Association des producteurs audiovisuels
Rhin-Rhône), productrice (Les films de l’Avalée)
Lauriane JUSSIAU, chargée de mission APARR (Association des producteurs
audiovisuels Rhin-Rhône)
Estelle CAVOIT, chargée de mission APARR (Association des producteurs audiovisuels
Rhin-Rhône)
Cédric BEAUCHENE, ingénieur du son
Nathalie CLOUZOT-SAGGIANTE, IRIMM (Institut régional de l’image et du multimédia
en Franche-Comté)
Michel DEGRANGE, régisseur général
Edith FARINE, productrice (Faites un vœu)
Evelyne HAMARD-MANET, directrice de casting, exploitante de cinéma (Semur)
Jean LEGER, comédien, musicien
Emeric LHOTE, assistant réalisateur
Caroline PHILIBERT, réalisatrice de documentaires
Thierry ROUSSEAU, IRIMM (Institut régional de l’image et du multimédia en FrancheComté)
Bernard WARNAS, accessoiriste
David FARINE, régisseur général
Christophe HENRY, producteur (Constance Production)
Anne LINEL, costumière
Anne ROLLIER, comédienne
Laurence HEYM, directrice artistique, ingénieur du son, productrice (Eloquens)
Eric JACQUELIN, chef de cuisine, comédien, figurant
Sylvain PAOLINI, comédien
Anne-Marie JAMETTON, directrice de la communication (France 3 Bourgogne)
Antoine LENOBLE, chargé de production
Dominique LAMBERT, ingénieur du son
Du 18 au 20 octobre 2012 se sont déroulées les Rencontres cinématographiques de
Dijon, organisées par l'ARP. À l’initiative de la Région Bourgogne, en partenariat
avec la Commission du film de Bourgogne, l'Association des producteurs
audiovisuels Rhin-Rhône et Liaisons Arts Bourgogne, les professionnels de
l'audiovisuel de Bourgogne se sont réunis autour de l'une des évolutions de
leurs métiers : « l'éco-production ».
La filière audiovisuelle française émet environ un million de tonnes équivalent CO2
chaque année sur le territoire. C'est le constat établi par le collectif national «
Ecoprod » créé en 2009 pour engager la filière audiovisuelle dans la prise en compte
de son empreinte environnementale.
Olivier-René VEILLON, Directeur Général de la Commission du film d'Île-de-France,
est intervenu pour évoquer les enjeux de l'éco-production. Il a présenté les outils
développés par le collectif national Ecoprod : le Guide de l’éco-production, le
calculateur du bilan carbone des productions de films « Carbon’Clap », les fiches
pratiques par métier et les affiches signalétiques pour le tri des déchets (tous
disponibles sur www.ecoprod.com). Il a souligné l’urgence de se préoccuper de cette
question car « l'éco-production est devenue un critère essentiel pour les diffuseurs
internationaux », notamment américains, et les pouvoirs publics commencent à
mettre en place l'éco-conditionnalité des aides.
Mais les professionnels sont-ils prêts à réformer leurs pratiques ?
Les producteurs, réalisateurs et techniciens locaux présents se sont ensuite réunis
en tables rondes thématiques pour réfléchir à leurs pratiques professionnelles au
quotidien.
Trois thèmes ont été explorés :
- économiser l’énergie et les transports
- mieux acheter, mieux jeter
- sensibiliser les équipes et changer les pratiques
Plusieurs freins ont été identifiés : le temps (en amont et au moment du tournage),
les coûts et le travail supplémentaires induits par l'éco-production, tout comme une
certaine culture du gaspillage dans le milieu du cinéma.
De chaque table ronde ont émergé des idées pour faire avancer concrètement la
réflexion : recenser les branchements forains existant en Bourgogne pour éviter le
recours aux groupes électrogènes, travailler en réseau pour grouper les commandes
et les déplacements, valoriser les ressources locales (cantine, décors, costumes,
régie...). Mais pour garantir le changement, la clé évoquée par les professionnels
présents est la combinaison des rôles du producteur et du régisseur général avec
l'éco-conditionnalité des aides, éventuellement sous la forme d'un système de
bonus/malus, avec un accompagnement et une contre-partie financière.
1. Économiser l’énergie et les transports
Table ronde animée par Lauriane Jussiau (APARR) et Marie Chapelet (Région
Bourgogne).
Économiser l’énergie :
- Alimentation électrique du tournage : anticiper les demandes à ERDF pour le
raccordement au réseau national (« branchements forains »), afin d’éviter le recours
aux groupes électrogènes + lister en Bourgogne les branchements forains existants ;
- Son et image : privilégier les piles et batteries rechargeables : anticiper le
chargement, travailler en alternance avec 2 jeux de batteries pour éviter carences
d’approvisionnement ;
- Son et image : privilégier les supports d’enregistrement dématérialisés (disques
durs et cartes mémoire) par rapport aux pellicules photochimiques ;
- Lumière : privilégier les ampoules LED ou autres lampes peu gourmandes en
énergie + les tournages en lumière extérieure naturelle + les réflecteurs ;
- Matériel technique : inciter les fournisseurs et loueurs de matériel en région (type
ARTDAM pour les associations) à s’équiper de technologies écologiquement
performantes + faire des commandes groupées pour les locations si elles doivent
s’effectuer à Paris.
- Missionner un référent énergie sur le tournage qui s’assurera que les batteries sont
chargées, que les lumières et groupes sont éteints à la fin de la journée, etc.
- Production et post-production : choisir du matériel informatique moins gourmand en
énergie au moment du renouvellement, rationaliser chauffage et clim ;
- Exploitation de salles de cinéma : privilégier lunettes 3 D, micros… rechargeables ;
Économiser les transports :
- Pré et post-prodution : privilégier les visio-conférences aux réunions physiques qui
impliquent des déplacements, quand c’est possible ;
- Tournage : privilégier l’embauche d’équipes locales (techniciens, comédiens,
figurants…), le recours aux fournisseurs locaux et la proximité des différents lieux de
tournage ;
- Préparation : anticiper en amont la rationalisation des plannings et la mutualisation
des déplacements de l’équipe et du matériel (en particulier pour les camions) +
privilégier les hébergements sur place + organiser le gardiennage des véhicules et
camions de matériel sur place (parking surveillé) ;
- Transports collectifs : préférer le recours aux transports en commun, de type train,
car et bus (mais difficile en Bourgogne) + l’articulation train et voiture de location une
fois sur place + le covoiturage (cf.site mobigo sur la bible de tournage) + les minibus
et monospace pour l’équipe + les véhicules électriques ou à faible émission de
CO2 + mettre en place des tarifs préférentiels sur les TER pour les déplacements
des équipes de films ;
- Optimiser le chargement des camions : éventuellement en groupant le matériel des
différentes équipes sur les longs trajets et en dédoublant par petites camionnettes,
une fois sur place ;
2. Mieux acheter, mieux jeter
Table ronde animée par Catherine Siméon (APARR) et Gaelle Laurent (Commission
du film de Bourgogne)
- Responsabilité majeur des producteurs et régisseurs à la fois pour inciter à l'achat
responsable et pour mettre en place, dès l'amont des tournages, des statégies
adéquates.
- Désigner une personne référente pour la coordination des opérations écoprod.
- Préferer les équipements recyclables, réutilisables, à économie d'énergie.
- Face au coût de certains produits, se poser les bonnes questions, utilisation
(réutilisation) à long, moyen terme plutôt qu'à court terme.
- Sur certains secteurs d'achat, notamment celui de l'energie (carburant,
consommables, etc.), de bonnes habitudes sont déjà prises; pour des raisons
budgétaires bien souvent mais aussi induites par le caractère géographique éloigné
des tournages ou des personnes (covoiturage, gestion des piles, etc.).
- Régie : distribuer des gobelets réutilisables sur les tournages.
- Valoriser les ressources locales.
- Pas de « cantine » à proprement parler en Bourgogne mais recenser les
nombreuses initiatives disséminées en Bourgogne.
- Favoriser les circuits-courts en référençant les AMAP et les producteurs bio locaux.
- Développer l’usage de matériaux de récupération :
• Déco : voir le site d’ARTSTOCK www.artstock.fr : recyclage et mutualisation
de décors, de costumes, de matériel et d’accessoires.
Une réfléxion est justement menée par l'Equipe TechniK pour créer une antenne en
Bourgogne (valorisation de la récup’ et matériothèque !)
• Costumes : stock et recyclage de costumes (multiples et nombreux) à
Chalon et ateliers (La Résidence Costumière - Anne LINEL - 06 15 95 12 04 [email protected]). Recherche de lieu de stockage, peut-être à mettre en lien
avec la question d'une antenne ARTSTOCK.
- Prise de conscience des politiques de tri selectif en région, amenées à se renforcer
et la nécessité de trouver des réponses adéquates lors des tournages.
- Recenser et signaliser les différents sites de tri sélectif.
- Poursuivre les efforts de mutualisation et de mise en réseau des personnes, des
ressources et des astuces (catalogue région, portail et forum FARR, commission du
film, associations référentes dans les départements, etc.).
3. Sensibiliser les équipes et changer les pratiques
Table ronde animée par Tiphaine Saulais (Lab) et Estelle Cavoit (APARR)
Pour faire changer les pratiques, le premier maillon de la chaîne doit être le
producteur et juste derrière, le régisseur général. Les freins identifiés sont les
questions du temps (la réflexion en amont + l'urgence au moment du tournage), des
coûts et du supplément de travail induit par l'écoproduction.
La clé est de conjuguer le rôle du producteur et du régisseur général avec le politique
et l'écoconditionnalité des aides.
Celle-ci devrait être différente selon le type de projet, car les réalités ne sont pas les
mêmes pour un long métrage et pour un documentaire. Un système de bonus/malus
pourrait être envisagé, avec un accompagnement (nécessaire) et une contre-partie
(ex. : des tarifs TER spéciaux pour les tournages). L'aide devrait être versée au
moment du bilan, à condition que celui-ci soit positif. Certains pensent qu'un poste
d'adjoint de production pourrait être le garant des économies d'énergie sur les
tournages.
On note une contradiction forte entre les pratiques éco-citoyennes et
professionnelles dans le monde du cinéma (culture du gaspillage, aristocratie des
techniciens et acteurs, avec des inégalités de traitement entre les métiers : on ne
demande pas les mêmes efforts aux uns et aux autres). Certaines pratiques antiécologiques sont même parfois légitimées au nom de la « création ». Dans ces cas
là, la régulation doit venir de la production.
D'autres leviers ont été identifiés pour sensibiliser les équipes et changer les
pratiques :
- se former : nécessité d'une intégration des bonnes pratiques dès la formation
initiale. Certains pensent que des modules de formation professionnelle devraient
être envisagés.
- agir de façon pragmatique : produire des outils (affichettes, charte de 10 lignes
affichée à la table régie ou sur la machine à café) pour marginaliser les mauvaises
pratiques.
- se rapprocher pour travailler ensemble : importance de créer un réseau
professionnel pour faire des économies d'échelle dans des périmètres locaux.
- sensibiliser par branche, par métier.
La réflexion se poursuit
sur le forum du Portail du cinéma et de l'audiovisuel
en Bourgogne Franche-Comté : www.reseau-farr.org
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