Intervention de Nelly Olin

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Intervention de Nelly Olin
Intervention de Madame Nelly OLIN
Ministre déléguée à la lutte contre la précarité et l’exclusion
Congrès de l’Union nationale des centres communaux
et intercommunaux d’action sociale (UNCCAS)
Paris – 3 novembre 2004
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Monsieur le Président,
Mesdames, Messieurs,
Je tiens à vous remercier de votre invitation à ouvrir le congrès de l’union nationale
des centres communaux et intercommunaux d’action sociale.
C’est pour moi l’occasion de délivrer un message sincère de remerciements à
l’attention de toute celles de tous ceux, élus ou professionnels, qui mettent leur dévouement
au service de nos concitoyens les plus fragiles, et ce au plus près du terrain.
Pendant plusieurs années, au sein du Conseil Général du Val d’Oise, j’ai présidé la
Commission des affaires sociales, travaillant ainsi quotidiennement avec les travailleurs
sociaux et m’engageant dans des relations de confiance avec les centres communaux, et je
connais donc tout à la fois la difficulté de votre tache et sa noblesse. La valorisation des
métiers du social est une de mes préoccupations.
Dès ma nomination au Gouvernement et en amont de la préparation du plan de
cohésion sociale, dont je vous parlerai un peu plus loin, j’ai identifié l’UNCCAS comme un
acteur important du champ de compétences qui m’a été confié par le Premier Ministre et le
Président de la République. Les décisions du comité interministériel de lutte contre les
exclusions du 6 juillet dernier ont d’ailleurs donné à l’UNCCAS l’opportunité de se
positionner comme un vecteur de la mobilisation de l’ensemble de la société.
Je tiens à rappeler que les travaux de la conférence nationale de lutte contre les
exclusions et pour l’insertion ont nourri la préparation du CILE qui a été réunit par le Premier
Ministre pour la première fois depuis le vote de la loi d’orientation de 1998. L’UNCASS, par
la voix de son président, Monsieur Pratique KANNER, s’est prononcée sur un certain nombre
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des mesures du CILE, je souhaite brièvement revenir sur trois d’entre elles dont je sais qu’elle
vous tiennent à cœur :
- S’agissant des chartes territoriales de cohésion sociale, il va de soi que l’UNCCAS
doit prendre toute sa part à leur préparation. Cette participation, je l’attends de vous tant à
l’échelon national qu’à celui du local, pour permettre que ces chartes déclinent et rendent
opérationnels les objectifs du plan de cohésion sociale. J’attends votre participation, mais
aussi celle de chacun des acteurs concernés. Il ne doit pas y avoir d’exclusivité de telle ou de
telle fédération sur les dispositifs proposés par l’Etat. Chacun doit pouvoir apporter son
expérience, et c’est de la diversité de celles-ci que nous enrichirons nos travaux.
- Je suis, comme vous, très attachée à la notion de guichet social unique. Nos
concitoyens en situation de précarité ne peuvent plus faire l’objet de sempiternels renvois
d’administrations en administrations. C’est donc un vrai challenge qui est posé aux acteurs
locaux pour mettre en forme ces initiatives de guichet unique que je souhaite voir rapidement
aboutir. Il s’agit non seulement pour les personnes en situation de précarité de faire valoir
leurs droit sociaux, mais aussi de trouver un interlocuteur compétent qui saura les guider sur
le chemin de l’insertion. Les maisons de l’emploi, initiées dans le plan de cohésion sociale
permettront en un lieu unique de fédérer tous les acteurs de l’insertion professionnelle, je
souhaite donc avec détermination que nous en fassions de même sur la question de l’insertion
sociale.
- Le droit à un enterrement digne pour les personnes privées de domicile est une de
mes priorités. Un premier travail de recensement des initiatives locales doit être mené pour
servir de référence à ce que nous pourrions proposer. Comme vous, je suis bouleversée par les
témoignages que je reçois parfois et qui montrent dans quel dénuement est laissée la question
de l’organisation des obsèques des SDF. L’UNCCAS m’avait fait savoir sa disponibilité pour
engager la réflexion sur ce douloureux sujet, notamment en lien avec l’association des maires
de France. Je pense qu’une charte nationale serait un premier pas et je souhaite que nous
avancions sur ce problème qui est une question de dignité humaine.
Vous le voyez, l’UNCCAS est donc pour l’Etat un partenaire naturel dans le
domaine de la lutte contre les exclusions. Tête d’un réseau qui couvre l’ensemble du territoire,
présent dans les villes mais aussi dans le monde rural, l’UNCCAS entretien des liens de
confiance avec l’Etat. Nous travaillons ainsi de concert sur des questions aussi variées que
celles de la participation des usagers ou de la décentralisation. Je souhaite que nos échanges
continuent de nous enrichir.
Le thème de votre congrès « les CCAS, aménageurs de l’innovation sociale locale »
a particulièrement retenu mon intérêt. Le prix de l’innovation sociale que vous délivrerez tout
à l’heure locale valorisera les initiatives locales originales.
C’est en soi une démarche
s’articulant parfaitement avec le souhait du
Gouvernement de s’appuyer sur l’existant. En effet, je crois important de mettre en lumière
des dispositifs expérimentaux réussis, afin de conduire à leur modélisation. C’est en effet
souvent au plus proche de nos administrés les plus fragiles que naissent des prises en charge
et des accompagnements adaptés, conditions d’une meilleure insertion sociale. La valorisation
de ces expériences est donc, à mes yeux, quelque chose de primordial.
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Vous le savez, le Sénat examine actuellement le projet de loi de programmation pour
la cohésion sociale.
C’est un rendez-vous majeur pour notre pays. C’est aussi une démarche novatrice qui
a été choisie par le Gouvernement, celle qui consiste à traiter ensemble les grands problèmes
que traverse notre société : chômage persistant de longue durée, chômage des jeunes,
accroissement du nombre d’exclus, crise du logement, délitement des quartiers défavorisés,
discrimination, crise du système éducatif… Trop longtemps, en effet, une approche
cloisonnée et morcelée des problèmes a prévalu. Le but de ce plan est d’agir simultanément
sur tous les leviers.
Le Plan de Cohésion Sociale s’articule autour de trois piliers : l’emploi et l’activité ;
l’accès effectif à un logement et l’égalité des chances. Il concilie la nécessité de traiter
rapidement des situations d’urgence et celle de s’inscrire dans une perspective à plus longue
échéance. Les engagements de l’Etat sont consacrés par cette loi de programmation sur cinq
ans dont l’effort est sans précédent. Avec cette loi, ce sont en effet 13 milliards d’euros
supplémentaires qui seront consacrés à la cohésion sociale. Je pense qu’il faut réellement
prendre la mesure de ce changement d’échelle.
L’échelon communal est celui de l’efficacité parce qu’il est celui de la proximité
avec les administrés. Pour autant, je connais votre préoccupation, qui est aussi la mienne, de
veiller à ce que ne s’amplifie pas une fracture territoriale qui verrait les communes rurales
laissées à l’écart des avancées sociale. Les moyens en terme de développement social ne sont
en effet pas les mêmes, qu’il s’agisse d’une petite commune ou d’une grande ville, et c’est
pour cela que les initiatives d’action sociale dans le cadre de l’intercommunalité, ont vocation
à pouvoir naître et se développer. C’est pourquoi le Gouvernement a étudié, sous un angle
favorable, les propositions de l’UNCCAS tendant à ouvrir la compétence de développement
social aux établissements publics de coopération intercommunale (EPCI). De même, nous
sommes soucieux de conforter le cadre juridique des centres intercommunaux d’action sociale
(CIAS). Ainsi, en lien avec le Ministère de l’intérieur, une proposition sera faite pour
répondre à cet objectif tout en laissant la possibilité aux EPCI d’exercer cette compétence
selon les modalités qu’ils souhaiteront et dans le respect des libertés de chacun.
Je vous remercie.
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