Replonger après un accident de décompression

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Replonger après un accident de décompression
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Replonger après un accident de
décompression ? Une décision entre raison et passion.
La possibilité de replonger après un A.D.D. n’est pas une décision facile à prendre.
Ni pour le plongeur, tiraillé entre le désir de plonger et la sauvegarde de son intégrité physique.
Ni pour le médecin, animé de la même passion, mais avant tout préoccupé de la sécurité.
Les conclusions du médecin fédéral devront être visées par la commission médicale régionale
et, en cas de litige, soumises à l’avis de la commission nationale.
L’autorisation de replonger tourne autour de deux
questions.
subaquatique ?
Les séquelles de l’A.D.D. compromettent-elles la sécurité en milieu
L’accidenté n’a-t-il pas une prédisposition à la formation de bulles ?
Après un accident grave, on évalue les séquelles : dans certains cas, la question ne se discute
pas, et l’inaptitude à la plongée est définitive. Ainsi, lorsqu’une surpression pulmonaire est associée à
l’A.D.D., elle entraîne des altérations majeures de la structure du parenchyme pulmonaires, et contreindique formellement la plongée, vu le risque de récidive pour de petites variations de pression. De
même, les déficits moteurs ou sensitifs, crises convulsives ou vertiges séquelles des accidents
neurologiques majeurs, médullaires, cérébraux ou vestibulaires, sont incompatibles avec les règles de
sécurité de la plongée. En revanche, si la récupération est totale, l’autorisation de replonger peut être
donnée après 6 mois à un an.
Le problème est plus complexe en cas de séquelles modérées. L’atteinte clinique n’est pas
toujours strictement parallèles aux lésions anatomiques. Ce qui signifie qu’il faut chercher si les dégâts
réels ne sont pas plus importants que ne le laisseraient supposer les signes cliniques. La survenue d’une
nouvelle bulle pourrait alors avoir des conséquences catastrophiques. Les explorations spécialisées visent
à un bilan précis des lésions neurologiques, pulmonaires, vestibulaires, etc. La reprise de la plongée n’est
autorisée, après un délai d’un an, que si ces examens complémentaires sont normaux.
La durée d’interdiction de la plongée varie selon la gravité de l’accident. Elle est plus courte pour
les problèmes mineurs.
Après les accidents cutanés bénins (“puces” ou “moutons”), s’ils sont isolés et parfaitement
régressifs, il est possible de replonger. Les accidents ostéo-articulaires autorisent la reprise de la plongée
après 15 jours de repos si la radio de contrôle est normale. Mais il faut considérer qu’ils fragilisent la
zone atteinte, et que la récidive est fréquente en cas de reprise trop précoce. Dans tous les cas, replonger
imposera d’utiliser des tables plus pénalisantes, d’éviter les efforts sous l’eau, de veiller au respect des
paliers … et à tout ce qui est susceptible de favoriser un A.D.D.
Bulleur ou non Bulleur ?
En l’absence de séquelles ou si les séquelles sont mineures, la reprise de la plongée peut être
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envisagée si l’accident est dû à une erreur de technique évidente. Si l’A.D.D. est inexpliqué, elle
est interdite, car on peut penser que l’accidenté est un “bulleur”, prédisposé à la formation ou à la
mauvaise élimination des bulles. On recherchera un foramen ovale perméable, qui est une contreindication formelle et définitive à la plongée.
Aucun bilan, aussi complet soit-il, ne peut prémunir contre un accident. Chaque individu est
unique, et ses plongées sont elles aussi uniques et peuvent modifier l’adaptation de l’organisme à la
plongée de façon momentanée.
Il ne faut pas oublier que parmi les accidentés ayant nécessité un passage au caisson, 5 à 10%
d’entre eux avaient des antécédents de problèmes en plongée.
Foramen
ovale : est-il perméable ?
Le foramen ovale est un orifice de communication situé entre les deux oreillettes. Il se ferme
physiologiquement par accolement d’une membrane, sous l’influence du gradient de pression entre les
deux oreillettes. S’il reste perméable, et que la pression dans l’oreillette droite devient supérieure à la
gauche (ce qui peut arriver lors d’un effort), le sang veineux véhiculé par l’artère pulmonaire peut passer
directement dans l’oreillette gauche et, de là, dans la circulation artérielle.
Les bulles d’air ne pourraient être alors éliminées par le filtre pulmonaire. La découverte de ce
shunt après un A.D.D. entraîne l’inaptitude à la plongée. Son dépistage systématique dans le cadre de la
visite d’aptitude n’aurait aucun intérêt, car cette anomalie est fréquente, et n’entraîne des problèmes que
par la conjonction de plusieurs facteurs. On recherche un foramen ovale perméable par un échographie
cardiaque pratiquée au moyen d’une sonde introduite dans l’œsophage.
Dr Maïa BOVARD
Plongée Magazine N°
23
Décembre 1997 / Janvier
1998
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