Bien vieillir, ça s`apprend - Site du Mouvement des Focolari

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Bien vieillir, ça s`apprend - Site du Mouvement des Focolari
Bimestriel • 9 € • 14,50 CHF
Génération boomerang
Ces adultes
qui retournent
vivre chez
leurs parents P.
56
Partager sa foi en un monde plus fraternel
n° 558 | novembre-décembre 2012
Bien vieillir,
ça s’apprend
• « Perdre » pour un « plus »
• L’accompagnement est essentiel
• Bible et grand âge
Semaines sociales
Hommes et femmes,
la nouvelle donne
4
Réflexion
Le frère, voie
de sainteté
10
Reportage
Bhoutan, le pays
du bonheur mesuré
50
sommaire
n° 558 | novembre-décembre 2012
Partager sa foi en un monde plus fraternel
4
Décryptage Semaines sociales : Hommes et femmes, la nouvelle donne
La saga de la Bible Joseph, l’époux de Marie
6
Quiz Communication en paraboles
7
8
Questions d’aujourd’hui Choisit-on d’avoir la foi ou la reçoit-on ?
Réflexion Le frère, voie de sainteté
10
14 Un certain regard
18 Parole de Vie Novembre et décembre 2012
Dossier
Bien vieillir ne consiste pas seulement à assumer
le vieillissement physique inéluctable. Il s’agit avant
tout d’un état d’esprit, indispensable… à tout âge.
Bien vieillir : ça s’apprend 22 à 49
Partager sa foi en un
monde plus fraternel
50
Reportage Bhoutan, le pays du bonheur mesuré
54Vécu Genfest : Solidarité sans frontières
56Questions de générations Ces adultes qui retournent vivre chez leurs parents
Histoire vraie BD
59
60Du bon temps en famille
62Point de vue Éducation
63Point de vue Lien social
64
Culture Livre / DVD / CD
66 BD Relax
67 Édition Vous aimez lire Nouvelle Cité ?
Nouvelle Cité dans le monde
Le groupe éditorial international « Nouvelle
Cité/Città Nuova » est présent sur les cinq
continents avec ses livres et revues
en 22 langues. Les revues proposent
36 éditions dont 20 sont mensuelles
et les autres de périodicités diverses.
2
ALLEMAGNE : Neue Stadt – [email protected] – www.neuestadt.com
ARGENTINE : Ciudad Nueva –
[email protected] – www.ciudadnueva.org.ar
BELGIQUE (langue flamande) : Nieuwe Stad –
[email protected] – www.nieuwestad.be
BRÉSIL : Cidade Nova – [email protected] – www.cidadenova.org.br
BULGARIE : Nov Svjat – [email protected]
CANADA : Nouvelle Cité – [email protected]
CHINE :
San Sing – [email protected]
COLOMBIE : Ciudad Nueva – [email protected] – www.ciudadnueva.com.co
CORÉE : Cumul – [email protected]
CROATIE : Novi Svijet – [email protected] –www.fokolar.hr
DANEMARK : Ny Stad – www.focolare.dk
ESPAGNE : Ciudad Nueva – [email protected] – www.ciudadnueva.com
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| Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012
édito
Nouvelle Cité,
bimestriel
du mouvement
international
des Focolari
Les défis du
vieillissement
« Je veux bien vieillir mais pas être vieux. » Cette réflexion,
qui se voudrait humoristique, traduit en fait une attitude schizophrène de notre société face au vieillissement. L’image de la
vieillesse resurgit, tel un monstre du Loch Ness, par à-coups et
de manière négative : hécatombe lors d’une canicule, maltraitance dans une maison de retraite, état grabataire au seuil de la
mort… Ou alors, tout à l’inverse, dans les magazines et publicités, les « vieux » doivent « faire jeunes », être dynamiques… et
consommer. Comme s’il y avait une peur de fond, un déni de
pouvoir vieillir « normalement ».
Les progrès des sciences et de la médecine, de la qualité de
vie et de soins, font que la majorité des personnes qui vieillissent vont bien de nos jours. Certes, les forces diminuent,
l’esprit n’est plus aussi vif, la maladie d’Alzheimer frappe toujours plus avec l’avancée en âge… Autant de réalités à prendre
en compte autant au niveau de la personne – et de l’attention
à lui porter – que de la société, qui se doit d’être solidaire avec
toutes les générations.
Gérontologues, psychologues et autres spécialistes du
grand âge sont unanimes sur les conditions du « bien vieillir ».
Outre l’exercice physique et mental, l’ouverture d’esprit, le fait
de se rendre utile malgré ses limites, des liens amicaux voire
affectifs entre générations, une vie sociale véritable remède
anti-solitude, et même une vie spirituelle qui donne du sens aux
épreuves et souffrances…
Il ne s’agit pas tant d’ajouter des années à la vie mais
bien de la vie aux années. Tel est le fil conducteur du dossier de ce numéro Bien vieillir, ça s’apprend… à tout âge.
Alain BOUDRE
Rédacteur en chef
[email protected]
www.nouvellecite.fr
Le site www.nouvellecite.fr, accessible à tout public,
offre un « bonus » aux lecteurs de la revue.
Compléments d’information aux articles (signalés
par le logo ci-contre), textes d’approfondissement,
consultation thématique des archives de la revue,
liens vers des sites ressources, etc.
La revue Nouvelle Cité, éditée
depuis 1957 par le mouvement
des Focolari, propose un regard
positif sur le monde, les événements
et les hommes. Comme le résume
son idée-force, « Partager sa foi en
un monde plus fraternel », ce
bimestriel met en valeur les germes
d’un monde uni, tout ce qui contribue
à renforcer la fraternité et le dialogue
aussi bien dans une famille, une
association, entre mouvements et
communautés, qu’aux niveaux
national et international. Nouvelle Cité
est également une maison
d’édition qui compte plus
de 300 titres à son catalogue.
Site internet : www.nouvellecite.fr
Le mouvement
des Focolari
L’histoire des Focolari remonte
à 1943. Au cœur des destructions
causées par la guerre, à Trente
(Italie du Nord), Chiara Lubich
(1920-2008) fait, avec un groupe
de jeunes filles, l’expérience que
Dieu seul importe, qu’il est amour
et qu’il aime chacun infiniment
et personnellement. Elles décident
de laisser l’Évangile imprégner leur vie
de chaque jour. Cette expérience
leur ouvre une nouvelle
compréhension du christianisme
qui donne naissance à une
« spiritualité de communion ».
Cette spiritualité, qui met en valeur
plus particulièrement l’unité
et l’amour réciproque,
attire des familles, des jeunes
et des enfants, des prêtres,
des religieux et religieuses,
des personnes engagées dans
la vie sociale et professionnelle.
Des chrétiens de diverses
dénominations, des croyants
d’autres religions ainsi que
des personnes de convictions
non religieuses adhèrent également
à ce mouvement.
Sites internet :
France : www.focolari.fr
Belgique : www.focolari.be
Suisse : www.focolari.ch
ÉTATS-UNIS : Living City – [email protected] – www.livingcitymagazine.com
GRANDE-BRETAGNE : New City – [email protected]
HONGRIE :
Új Város – [email protected]
INDE : Living City – [email protected]
ITALIE : Città Nuova – www.cittanuova.it
JAPON : Uno – [email protected]
KENYA (pour l’Afrique francophone et anglophone) : Africa New City-Nouvelle Cité – [email protected]
LIBAN : Al Madina Al Jadida – [email protected]
LITUANIE : Naujasis Miestas – [email protected]
MEXIQUE : Ciudad Nueva – [email protected]
PAYS-BAS : Nieuwe Stad – [email protected]
PAKISTAN : Hayat – [email protected]
PHILIPPINES : New City – [email protected]
POLOGNE : Nowe Miasto – [email protected]
PORTUGAL :
Cidade nova – [email protected]
RÉPUBLIQUE TCHÈQUE : Nove mesto – [email protected]
ROUMANIE : Oras Nou – [email protected]
SERBIE :
Novi Svet – [email protected]
SLOVAQUIE : Nové Mesto – [email protected]
SLOVÉNIE : Novi Svet – [email protected] www.novisvet.si
SUÈDE : Enad Värld
URUGUAY : Ciudad Nueva – [email protected] – www.ciudadnueva.focolar.org.uy
VÉNÉZUELA : Ciudad Nueva – [email protected]
novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité |
3
Décryptage
Partager sa foi
Hommes et femmes,
la nouvelle donne
Les relations hommes-femmes sont au cœur des Semaines
sociales de France 2012, rassemblement de chrétiens engagés, en
dialogue avec la société.
Jean-Pierre Rosa
Délégué général
des Semaines
sociales de France
Les Semaines sociales de France sont bien
ancrées dans le paysage ecclésial, social et politique français. On les connaît surtout par leur
grande session de trois jours qui se déroule vers la
fin novembre, le plus souvent à Paris, et rassemble
des milliers de personnes. Mais on les connaît
mal au-delà de cette manifestation et on ne sait
pas vraiment ce qu’elles peuvent représenter pour
l’Église et pour la société.
Tout d’abord, il est important de rappeler la vocation de cette institution centenaire.
Faire connaître et promouvoir la pensée sociale
de l’Église et instaurer avec la société, particulièrement les décideurs politiques, un dialogue
constructif, tel est le but et la raison d’être de cette
association que l’on peut comparer à une université populaire ou à un « think tank » selon que l’on
insiste sur l’aspect formation ou dialogue.
Aux dimensions
des régions et de l’Europe
Côté « think tank », les Semaines sociales de
France ont contribué, au cours des années, à bon
nombre d’initiatives et de dispositions légales.
On leur doit notamment, pas à elles seules bien
sûr, une grande part de la protection sociale telle
qu’elle s’est mise en place en 1945, les allocations
familiales, le 1 % logement, les lois sur la formation permanente, la loi Léonetti…
Côté formation et promotion de la pensée
sociale de l’Église, les Semaines sociales se sont
développées depuis les années 90 dans deux directions : l’Europe tout d’abord et les régions. En
Europe, les Semaines sociales de France ont noué
des liens avec des associations proches, comme le
ZdK en Allemagne ou les ACLI en Italie, pour
créer un collectif de réflexion qui rassemble une
4
| Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012
douzaine d’associations amies dans la grande
Europe. C’est ainsi que, peu à peu, des initiatives
du même type que les Semaines sociales ont vu
le jour en Angleterre, en Ukraine, en Slovénie.
Chaque année désormais, une centaine d’Européens de l’Est viennent à la session annuelle des
Semaines sociales.
Seconde direction de développement : les
régions. En 1990, les Semaines sociales de France
pouvaient s’appuyer sur deux « antennes », l’une à
Lille, l’autre à Lyon, qui existaient depuis l’origine.
Peu à peu, des associations issues des Semaines
sociales sont nées un peu partout en France. On
en compte aujourd’hui 21 dans différentes villes
de France qui vivent leur propre vie, tout en préparant et en prolongeant la session annuelle.
Plus récemment, les Semaines sociales ont
commencé à diversifier leur action : lancement
d’un parcours de formation permanente, création
de commissions ad hoc sur divers sujets (bioéthique, dépendance, fiscalité, diversité), création
d’un groupe jeunes. Ceci tout en multipliant les
contacts avec les mouvements chrétiens.
La pensée chrétienne
dans le débat public
Il est important que la pensée chrétienne
soit présente au sein du débat public de façon
concrète et pertinente. De ce point de vue, les
Semaines sociales de France représentent une
aide précieuse pour l’Église dont la prise de
parole hiérarchique n’a pas le même statut que
celle de laïcs. Ainsi, lors de la session de 2010 sur
les migrants, les Semaines sociales ont pu faire
entendre une voix différente, à la fois informée,
constructive mais aussi contestatrice des choix
politiques affichés.
Questions d'aujourd'hui
Partager sa foi
Choisit-on d’avoir la foi
ou la reçoit-on ?
En cette année que l’Église catholique dédie à l’approfondissement
de la foi, la question se pose inlassablement de savoir si la foi se reçoit comme un don
ou est le fruit d’un choix volontariste. Gérard Testard, laïc expert dans l’Église, livre son
expérience et ses convictions.
Gérard TESTARD
Membre
de commissions
d’expertise
dans l’Église
en France
et en Europe
La foi est un don de Dieu. Car c’est lui qui prend
l’initiative de se révéler, mais il s’offre à tous par des
médiations diverses. Et comme tout don, la foi se
reçoit activement. Elle est donc en même temps une
décision, la décision de risquer une relation. J’ai déjà
parlé du lien étroit entre la foi et l’amour. Aimer n’est
pas seulement un sentiment. C’est aussi la volonté
d’aimer, de nourrir son amour. Pour la foi, c’est pareil.
On la reçoit comme un don, et en même temps
on choisit de donner son assentiment, de l’accueillir, de la recevoir et d’en vivre pour qu’elle grandisse,
de l’exprimer pour qu’elle s’enracine, de la nourrir, de
s’impliquer avec d’autres dans des expériences. On
choisit de manifester notre « Je », de participer à la
vie du Peuple de Dieu. Tout cela demande une action
personnelle de notre part. Tout notre être est impliqué, et ce n’est pas du volontarisme, c’est une réponse.
Dieu suscite aussi en nous la réponse !
La foi n’est pas établie une fois pour toutes. Ce n’est
ni une chose, ni un état, c’est un acte. Nous ne cessons
d’y entrer et cela nous demande des actes à répétition.
Elle est une dynamique, une marche, un déplacement.
Qui n’avance pas recule…
Le rôle de notre ressenti,
de nos émotions
Quand je suis entré aux Fondations pour un
monde nouveau, j’avais l’impression que je devais
toujours être attentif à ce que je ressentais. Par mes
émotions, ma vie intérieure se révèle avec ses beautés et ses besoins. J’ai de la joie ce matin, ou bien je
suis triste… qu’est-ce que cela dit de ma vie intérieure ? Cette observation est très riche, mais elle a
ses limites. L’inconvénient est en effet d’arriver au
La foi n’est pas établie une fois
pour toutes. Ce n’est ni une chose,
ni un état, c’est un acte.
8
| Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012
raccourci suivant : « Je sens, je fais ; je ne sens pas, je
m’abstiens. » Ne nous fions donc pas uniquement au
senti, mais ce serait dommage d’en faire abstraction.
Car Dieu habite tout notre être, et tient compte de
notre psychologie et de nos émotions.
Étymologiquement, le mot « émotion » vient du
latin emovere qui signifie « mettre en mouvement ».
Une émotion est un « mouvement » intérieur. Le sens
qu’elle imprime permet de discerner si la parole, la
pensée qu’elle génère va dans le sens de Dieu ou nous
illusionne, nous brouille la route. Nous venons de
parler de la marche, du déplacement, du mouvement
dans la vie de foi. Nos émotions peuvent révéler des
intuitions profondes ainsi que l’unité ou les fractures
de notre être. Selon le cas, elles participent à nous
mettre en chemin ou à nous freiner. D’où un discernement spirituel à faire. Parmi les fruits de l’Esprit Saint,
n’y a-t-il pas la joie, la paix… (voir Galates 5,22) ?
Dieu parle parfois au cœur de nos intuitions même
s’il est essentiel de différencier ou de ne pas identifier l’intuition et la Parole de Dieu, la première n’étant
qu’un effet dont il nous faut discerner si elle va dans
le sens du bon ou du mauvais esprit. La Parole éventuelle de Dieu entendue par le biais d’une intuition
dépasse ce que l’intuition « dit ». De même les émotions ne sont pas « paroles de Dieu », elles sont une
trace de l’effet que peut avoir sur nous aussi bien une
Parole de Dieu qu’une pensée venant d’un mauvais ou
d’un bon esprit… Par l’émotion, je vais décrypter si
la parole ou la pensée qui l’accompagne est cohérente
avec le chemin de Dieu.
Des textes d’évangile nous parlent de cette sensibilité spirituelle. C’est le cas quand Marie-Madeleine
reconnaît Jésus à sa voix quand il lui dit : « Marie ! »
( Jean 20,16). Un lien existe également entre voir et
croire : « Alors entra aussi l’autre disciple, arrivé le
premier au tombeau. Il vit et il crut » ( Jean 20,8).
Traversé par la foi, un « voir » sensitif peut nous
amener à un « voir » mystique, un « voir » de foi, son
« sens intérieur ». C’est pareil pour l’écoute, le toucher,
le goût. Tous nos sens peuvent nous conduire à une
perception intérieure que Dieu « parle ».
© Muriel Chaulet
Un certain regard
La lumière jaillira
La lumière jaillira
Claire et blanche un matin
Brusquement devant moi
Quelque part en chemin
La lumière jaillira
Et la reconnaîtrai
Pour l´avoir tant de fois
Chaque jour espérée
La lumière jaillira
Et de la voir si belle
Je connaîtrai pourquoi
J´avais tant besoin d´elle
© Muriel Chaulet
La lumière jaillira
Et nous nous marierons
Pour n´être qu´un combat
N´être qu´une chanson
La lumière jaillira
Et je l´inviterai
À venir sous mon toit
Pour y tout transformer
La lumière jaillira
Et déjà modifié
Lui avouerai du doigt
Les meubles du passé
La lumière jaillira
Et j´aurai un palais
Tout ne change-t-il pas
Au soleil de juillet ?
© Muriel Chaulet
La lumière jaillira
Et toute ma maison
Assise au feu de bois
Apprendra ses chansons
La lumière jaillira
Parsemant mes silences
De sourires de joie
Qui meurent et recommencent
La lumière jaillira
Qu´éternel voyageur
Mon cœur en vain chercha
Mais qui était en mon cœur
La lumière jaillira
Reculant l´horizon
La lumière jaillira
Et portera ton nom
Jacques BREL
14
| Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012
© Muriel Chaulet
Marie, illumine le monde
En la suivant, on ne dévie pas.
En la priant, on ne désespère pas.
En pensant à elle, on ne se trompe pas.
Si elle te tient par la main, tu ne tomberas pas.
Si elle te protège, tu ne craindras pas.
Si elle est avec toi, tu es sûr d’arriver au but.
Marie est cette noble étoile
dont les rayons illuminent le monde entier,
dont la splendeur brille dans les cieux
et pénètre les enfers.
Elle illumine le monde et échauffe les âmes.
Elle enflamme les vertus et consume les vices.
Elle brille par ses mérites et éclaire par ses exemples.
Ô toi qui te vois ballotté au milieu des tempêtes,
ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre
si tu ne veux pas sombrer.
Si les vents de la tentation s’élèvent,
si tu rencontres les récifs des tribulations,
regarde l’étoile, invoque Marie.
Si tu es submergé par l’orgueil, l’ambition,
le dénigrement et la jalousie,
regarde l’étoile, crie à Marie.
Si la colère, l’avarice ou les fantasmes de la chair
secouent le navire de ton esprit,
regarde Marie.
Si, accablé par l’énormité de tes crimes,
confus de la laideur de ta conscience,
effrayé par l’horreur du jugement,
tu commences à t’enfoncer
dans le gouffre de la tristesse,
dans l’abîme du désespoir,
pense à Marie.
Que son nom ne quitte pas tes lèvres,
qu’il ne quitte pas ton cœur
et pour obtenir la faveur de ses prières,
n’oublie pas les exemples de sa vie.
Bernard de Clairvaux
novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité |
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Parole de Vie | novembre 2012
Partager sa foi
Si quelqu’un m’aime, il observera
ma parole, et mon Père l’aimera ;
nous viendrons à lui et nous
établirons chez lui notre demeure.”
( Jn 14,23)
Regards croisés
Chiara
Lubich
Fondatrice
du mouvement
des Focolari
(1920-2008)
La présence de Jésus dans le
cœur des chrétiens et au milieu de
la communauté peut se réaliser
immédiatement sans attendre le futur.
Le temple qui l’accueille n’est pas
fait de murs. C’est le cœur même
du chrétien qui devient le nouveau
tabernacle, la demeure vivante de
la Trinité.
Pour approfondir
Lectures conseillées par Jean Maure
> VIVRE LA PAROLE DE DIEU : Vivre
radicalement la Parole, p. 114 ;
Comment vivre notre relation avec
Jésus-Parole, p. 140 ; L’Évangile pour
héritage, p. 142.
> LA VIE EST UN VOYAGE : Risquer sur
sa parole, p. 24 ; Être sa parole, p. 37 ;
18
Comment le chrétien peut-il atteindre
un tel but ? Comment porter en soi
Dieu lui-même ? Comment parvenir à
cette profonde communion avec lui ?
Il s’agit d’aimer le Christ. Cependant,
cet amour n’est pas du pur
sentimentalisme. Il se traduit en vie et
nous conduit à observer sa Parole. À
cet amour du chrétien, qui se traduit
en actes, Dieu répond par son amour :
la Trinité vient habiter en lui.
« … Il observera ma parole. »
Quelles paroles le chrétien est-il
appelé à observer ? Dans l’Évangile
de Jean, « mes paroles » sont
souvent synonymes de « mes
commandements ». Cependant,
il ne faut pas considérer les
commandements comme un
catalogue de lois. Il faut plutôt les
voir tous résumés dans ce que
Jésus a illustré par le lavement des
pieds : le commandement de l’amour
réciproque. Dieu demande à chaque
chrétien d’aimer l’autre jusqu’au don
complet de soi, comme Jésus l’a fait
et enseigné.
Comment bien vivre cette Parole ?
Comment parvenir au point que le
Père lui-même nous aime et que
la Trinité établisse chez nous sa
demeure ?
En vivant de tout notre cœur l’amour
réciproque entre nous, de façon
radicale et avec persévérance. C’est
surtout en cela que le chrétien trouve
la voie de l’ascèse chrétienne que
le Crucifié exige de lui. En vivant
l’amour réciproque naissent dans son
cœur les différentes vertus et il peut
répondre à l’appel à devenir saint.
Choisir la croix, p. 55 ; Réaliser l’unité
avant tout, p. 137.
> LA PAROLE DE DIEU : La présence
du Christ dans la famille, p. 104 ; Avoir
le maître à la maison, p. 106.
> SUR LES PAS DU RESSUSCITÉ :
Rendez à César ce qui est à César,
p. 46 ; Le lien parfait, p. 53 ; Prendre
l’initiative, p. 59 ; Bilan, p. 65 ; Don de
soi, p. 109 ; Renaissance, p. 150.
> LA VOLONTÉ DE DIEU : Que tout
se passe pour moi comme tu me l’as
dit, p. 12 ; Il ne suffit pas de me dire :
Seigneur, Seigneur ! p. 19 ; Joie de
Ciel, p. 36 ; Sans cesse tournés vers
Dieu, p. 44 ; N’être rien, p. 77 ; Ce qui
n’est pas au programme, p. 92.
| Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012
(Livres de Chiara Lubich, disponibles aux
Éditions Nouvelle Cité.)
La Parole de Vie est une phrase de l’Écriture proposée chaque mois à notre méditation et mise en pratique.
Elle donne lieu à des échanges d’expériences au sein de groupes Parole de Vie.
Contexte biblique
Nous sommes dans cette veillée pascale que
Jésus vit avec ses disciples au soir du Jeudi Saint.
L’atmosphère est grave et Jésus confie en quelque
sorte son testament aux douze qui partagent avec
lui le repas pascal. Dans ce long discours après
la Cène, il est souvent question de l’amour auquel
Jésus appelle ses disciples. L’amour n’est pas
d’abord un sentiment : c’est avant tout un choix,
une décision, et en définitive, une règle de vie
pour quiconque met en lui sa foi et désire devenir
disciple ; ce qui, en principe est le cas de tout
chrétien. Aimer Jésus se manifeste par la manière
dont sa parole inspire toute notre vie. Observer sa
parole, c’est conformer sa vie à la sienne. Jésus ne
fait qu’un avec son Père, dont il exprime l’amour
pour les hommes en marchant résolument vers
cette heure qui est la sienne, celle de sa mort et de
sa résurrection.
Aimer Jésus introduit l’homme dans l’intimité
divine, le fait participer à la vie même de Jésus,
et en même temps à sa relation particulière avec
son Père. Jésus a dit : « Je suis dans le Père et le
Père est en moi » (Jn 14,11). Le Père a en Jésus sa
demeure humaine : de la même manière, le Père
et son Fils font leur demeure humaine en ceux
qui vivent le même amour. C’est là l’extraordinaire
promesse de Jésus, qui concerne chacun de ceux
qui l’aiment et qui gardent sa parole au long de leur
vie. C’est déjà, en quelque sorte, le ciel sur la terre !
Pierre GUILBERT
Prêtre, exégète
Propos recueillis par Anne BAZALGETTE
Sophie,
nouveau départ
La Parole de ce mois me rappelle une expérience vécue au travail.
Débutante, j'ai été confrontée à une de mes collègues plus expérimentée qui a eu des propos d’une extrême violence à mon égard suite à une
erreur de ma part, qui n’a dans le fond pas eu de conséquence majeure.
Décontenancée, j'ai perdu confiance en moi. Pendant cette période,
j’allais régulièrement à l’Adoration et un jour je me suis mise à prier pour cette personne. Petit à petit, la rancœur que j’éprouvais s’est apaisée. C’est alors que, contre
toute attente, un dialogue a commencé à s’établir entre nous, comme si nous nous
regardions avec un regard nouveau. Nous avons appris à nous respecter et elle a été
une des personnes avec laquelle j'ai eu le plus de liens au niveau professionnel et qui
m’a beaucoup appris. Dans cet amour réciproque, j’ai expérimenté une grande paix
et surtout la présence de Jésus qui agissait en moi car jamais je n’aurais pu imaginer
un tel tournant dans une relation professionnelle qui avait si mal commencé ! Le
pardon était passé entre nous, Dieu était parmi nous.
Jérémie,
au creux de la vague
Cet été, j’ai eu la chance de pouvoir partir au festival de jeunes Genfest
à Budapest, en Hongrie, tet cela a été
pour moi une expérience très forte en
émotions. Je me sentais avide d’aimer à chaque instant et j’expérimentais
cette plénitude intérieure que Jésus
m’apportait à chaque acte d’amour fait
à mon prochain… et il y en avait un
paquet ! Au retour, j’ai senti un réel
vide en moi qui m’a beaucoup interrogé
et que je n’arrivais surtout pas à combler. Quelques jours plus tard, ma mère
m’informe qu’une amie
aurait besoin d’un assistant
pour allumer un barbecue le soir même. J’ai vu là
une occasion de me mettre
à la disposition de l’autre
et de combler ce vide intérieur devenu
pesant. J’ai donc accepté. En arrivant
le soir, j’ai retrouvé plein de personnes
avec qui je pouvais échanger et partager
mes impressions du Genfest. Je me suis
senti poussé, pour décharger cette amie,
à m’occuper entièrement des grillades.
Une fois tout terminé, je suis reparti le
cœur plein, de nouveau en paix.
Monique,
le retour
La rencontre
avec une amie
m’ a re m i s e
en lien avec
l a Pa r o l e d e J é s u s :
« Demeurez dans mon
amour. » Elle me fait
part de son bonheur car
son fils qu’elle ne voyait
plus depuis plusieurs
années l’avait recontactée. Elle m’avait parlé
parfois de cette épreuve,
de ses tentatives pour
renouer la relation avec
lui, puis de ce choix
qu’elle avait fait d ’attendre son retour en lui
gardant son affection.
Dans ce supermarché
où je la rencontre ce
jour-là, elle s’empresse
de faire ses achats pour
la préparation du repas
qui doit les réunir. Je
suis heureuse avec elle
et, à cette occasion, je
confie à Jésus toute cette
vie relationnelle pour
chacun de nous, avec ses
joies et ses difficultés.
novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité |
19
Bien vieillir, ça s’apprend
État des lieux
Du déni de vieillir
au bien vieillir
Le vieillissement dépend autant des progrès de la médecine et du système
d’organisation de la vie en société que de nos choix individuels.
L
e vieillissement de la population ainsi
que l’augmentation de la longévité
modifient en profondeur le paysage sociologique et les modèles qui le fondent. Porter un
regard sur ce phénomène nécessite de considérer à
la fois ce qui est vécu par les personnes et ce qui
relève du corps social, les deux aspects se rejoignant
quant aux répercussions psychologiques et sociales
et sur les dispositions à prendre pour bien vieillir.
Signes physiques et
marqueurs psychologiques
Alain FRANCO
Professeur
de Médecine
Gériatrique
à l’Université
de Nice-Sophia
Antipolis
Le processus est progressif et va marquer toute
la seconde moitié de la vie sans que l’on puisse
définir d’âge chronologique précis. L’utilisation
de l’âge d’une personne aboutissant à l’exclure est
aujourd’hui considérée comme une mesure de
ségrégation appelée âgisme. Il n’y a donc pas d’âge
de début du vieillissement mais le processus est statistiquement bien avancé chez l’octogénaire ou le
nonagénaire d’aujourd’hui.
L’aspect physique traduit
les signes du vieillissement
dès la quarantaine.
L’aspect physique traduit les signes du vieillissement dès la quarantaine avec, entre autres, le
besoin de porter des lunettes pour lire, les cheveux
blancs, la ménopause, mais aussi le tassement puis
la réduction modérée de la taille, l’augmentation
de la masse grasse ou encore une cyphose dorsale
amenant la personne à relever la tête et générant en
conséquence une lordose cervicale et des douleurs
du cou.
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| Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012
Vieillissement
réussi…
Une majorité croissante des personnes qui
vieillissent vont bien. Certaines sont même
robustes et considérées par les
scientifiques en toute simplicité… comme
ayant réussi leur vieillissement. Elles
fonctionnent pleinement dans la vie,
physiquement, psychiquement et
socialement. C’est une bonne nouvelle qui
accompagne aujourd’hui l’allongement de
la vie. Elle a ses limites et ne doit pas
mener au déni de vieillir ou à l’« anti-âge »,
terme qui ne veut rien dire, sauf pour le
monde du business.
Mais c’est surtout au niveau psychologique
que l’on se sent vieux un jour, à l’occasion d’un
événement personnel, d’un traumatisme psychique
parfois anodin ou du regard des autres. Pour un
homme, par exemple, une jeune femme qui se lève
pour lui laisser sa place dans le bus, ce qu’il refusera
immédiatement…
Jusqu’à ce jour, les chercheurs considèrent
que le vieillissement est un processus naturel,
pour partie génétique – c’est-à-dire transmis par
l’hérédité – et pour partie environnemental – c’està-dire lié aux événements physiques et psychiques
et aux conditions de vie. On connaît plusieurs
gênes susceptibles d’accélérer le vieillissement et
certaines maladies chroniques comme le cancer, les
maladies cardiovasculaires, le diabète ou la maladie
d’Alzheimer, mais les gériatres veillent bien à distinguer – ce qui n’est pas toujours très facile – le
vieillissement dit naturel, des maladies qui peuvent
éventuellement l’accompagner. Dans l’ensemble, une
majorité croissante des personnes qui vieillissent
vont bien (voir encadré Vieillissement réussi…).
Bien vieillir, ça s’apprend
Constats et perspectives
Savoir « perdre »
pour mieux
avancer en âge
De nombreuses personnes âgées s’émerveillent encore et désirent vivre pleinement.
Leur secret ? Peut-être savoir tourner la page pour penser à l’avenir.
J
Bernard Cramet
Médecin gériatre
e veux bien vieillir mais je ne veux pas
être vieux. Un ami de 85 ans me disait
récemment : « Aujourd’hui j’accepte de
marcher avec une canne. Je veux bien
vieillir, mais doucement, progressivement. Je
ne supporterais pas de perdre brutalement mes
capacités, de descendre plusieurs marches d’un seul
coup. » Une dame de 93 ans : « C’est difficile de
vieillir, mais on peut vieillir si on garde sa tête. Je
m’intéressais à la politique. Je lisais beaucoup de
livres, le journal. Maintenant je ne l’ouvre même
plus, je n’en ai plus envie. On n’a plus grand-chose
à démontrer. Je voudrais que la vie s’arrête là,
simplement. »
80 % des personnes âgées vivent bien leur
vieillesse, sans maladie grave ni dépendance et
seulement 20 % ont une perte d’autonomie qui
génère des difficultés dans leur vie quotidienne. De
nombreux seniors débutent une nouvelle vie à la
retraite ; ils partent en voyage, s’occupent d’eux ou
des autres (50 % des plus de 60 ans s’investissent
dans des associations).
Jeunes ou âgées, les personnes
peuvent trouver en elles
les ressources pour surmonter
les situations dramatiques.
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| Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012
Lorsque je vois en consultation mémoire des
personnes de 80 ans qui communiquent avec leurs
enfants à l’étranger par Internet, je les rassure sur
leurs capacités. Lorsque je rencontre des personnes
de 90 ans qui ont créé un club de joueurs de cartes
dans leur quartier, ou telle mamie de 80 ans trésorière d’une MJC (Maison des Jeunes et de la
Culture) et donc en contact permanent avec des
jeunes, je trouve cela rassurant.
Dépasser les épreuves de la vie
Une épreuve est une situation difficile à vivre,
mais on parle aussi d’épreuve sportive ou d’épreuve
pour un examen. L’épreuve sportive permet à
l’athlète de se surpasser et un examen est la porte
d’entrée à une autre situation plus satisfaisante et
valorisante. À l’heure du bilan, évitons donc de
ne voir que les échecs de notre vie passée avec des
regrets. Il est plus important de continuer à vivre en
ne gardant que les bons souvenirs et en regardant
devant soi.
Le secret des centenaires d’après Jeanne
Calment décédée à 123 ans, c’est de savoir dépasser
rapidement toute souffrance, échec ou perte pour
toujours recommencer à vivre. Ne plus avoir de
projet, d’idéal de vie, de motivation, c’est déjà être
vieux. (Lire également l’encadré Vivre l’instant
présent.)
Bien sûr, certaines situations sont imposées et
nous ne maîtrisons pas tous les changements.
La « résilience » (renaître de sa souffrance)
évoquée par le psychiatre français Boris Cyrulnik
est cette capacité qui consiste à dépasser les
obstacles. Jeunes ou âgées, les personnes peuvent
trouver en elles les ressources pour surmonter les
Bien vieillir, ça s’apprend
Interview
La qualité
de l’accompagnement
est essentielle
Le rôle de l’entourage (conjoint, enfants, proches) des personnes âgées reste capital.
NOUVELLE CITÉ : On présente souvent la vieillesse
comme une période de grande souffrance
physique et morale et d’isolement. Que
pensez-vous de cette analyse ?
Pascal Dreyer*
Rédacteur en chef
de Gérontologie et
société
Pascal Dreyer : La notion de « vieillesse » a
beaucoup évolué depuis le fameux rapport Laroque
de 1962 qui a effectivement été la base de toute la
politique menée en faveur des personnes âgées, mais
a donné d’eux une image négative et pessimiste. On
les accusait de peser sur la vie des actifs, de coûter
cher, de favoriser le conservatisme et la stagnation !
C’est pourquoi, aujourd’hui, si nous nous extasions
encore en voyant à la télévision des « vieux » comme
Stéphane Hessel, Théodore Monod ou Line
Renaud, c’est que nous avons l’impression qu’ils
sont des exceptions. Alors que c’est l’ensemble des
Français qui vieillissent en bonne santé, restent actifs
et vivent chez eux !
Bien évidemment, ce n’est plus la retraite qui
inaugure le vieillissement. Ni l’apparition, à partir
de 60 ans, de « petites misères », maladies qui
cumuleront des effets invalidants beaucoup plus tard,
en donnant aux personnes le sentiment de devenir
vieilles. Médicalement, l’entrée dans le vieillissement
se fait entre 75 et 80 ans pour les hommes, 80 à
Une répartition des tâches entre
les proches et les professionnels
est nécessaire.
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| Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012
85 ans pour les femmes. Et le maintien à domicile
est devenu la règle, même pour des personnes
dépendantes très âgées. Seulement 20 % des plus de
85 ans vivent en institution, où elles ne restent, en
moyenne, que 18 à 36 mois. C’est dire si le rôle de
l’entourage, conjoint, enfants, proches, reste capital.
Ce rôle peut être rendu plus complexe à l’avenir
en raison de la plus grande mobilité des descendants
et des nouvelles formes d’organisation familiale
(familles recomposées et surtout monoparentales).
Cependant, même si c’est de façon différente, la
famille restera le pivot de l’organisation de la vie de
la personne âgée.
Ne pas hésiter
à se faire aider
N. C. : N’est-il pas logique que les enfants assistent
leurs parents dans leur grand âge, ceux-ci leur
ayant apporté des soins dans leur enfance ?
P. D. : Dans la réalité, on constate qu’il existe différentes logiques filiales ! De l’enfant qui n’imagine
pas de se séparer d’un père ou d’une mère toujours
chéri à celui qui estime déchoir en ne leur assurant
pas les meilleurs services professionnels, en passant
par celui qui s’était éloigné de parents peu valorisés
mais veut rattraper le temps perdu ou rivaliser avec
les autres membres de la fratrie, tout en ne disposant
pas du même temps libre. Les divers choix possibles
comportent des avantages et des inconvénients mais
mon expérience me fait préconiser, dans l’intérêt de
la personne âgée qui doit être le critère des décisions,
une répartition des tâches entre les proches et les
professionnels. L’accompagnement d’un parent (ou
d’un conjoint) peut s’avérer plus ardu et prenant
que prévu et l’on voit encore trop de placements
en urgence de personnes dont le fils ou la fille (le
© Shutterstock
Nous ne sommes
pas assez attentifs
à la forte attente
de relation des
personnes âgées.
plus souvent) craque après une longue période de
dévouement sans faille. Sept années d’accompagnement semble une durée critique pour les aidants
familiaux.
Question de relations
N. C. : Quelles sont les conditions pour que
la personne âgée bénéficie d’une bonne
organisation ?
P. D. : Au-delà de tous les aspects matériels de la
vie – auxquels on donne souvent une importance
démesurée – c’est la qualité de la relation qui est
prépondérante. Prenons la propreté, souci constant
des professionnels comme des familles : j’ai
rencontré une femme qui s’occupait de son père
et était obsédée à l’idée des taches qu’il faisait sur
ses vêtements en mangeant. Elle trouvait tous les
prétextes pour le changer après le repas (sans qu’il
soit dupe). Que faut-il privilégier ? La bataille quotidienne contre la sauce sur le gilet ou la qualité de
la relation ? La bonne question à se poser dans ce
genre de circonstance – et la qualité du deuil futur en
dépendra – c’est : « Quel souvenir je veux garder de
mon parent ? »
Nous ne sommes pas assez attentifs à la forte
attente de relations des personnes âgées, des
relations qui passent par la parole mais aussi par
le contact physique, tactile. C’est tout le problème
des institutions. Le manque de personnel ne rend
pas possible cet accompagnement car il faut du
temps pour pénétrer dans l’intimité de quelqu’un et
partager sa culture personnelle et familiale.
Même les enfants les plus attentionnés peuvent
méconnaître cela, tel ce fils qui, croyant bien faire,
tandis que sa mère séjournait à l’hôpital, met
son appartement « aux normes ». Or quand elle
revient, elle ne se retrouve plus chez elle (dans tous
les sens du mot), rejette les aménagements et la
relation de confiance avec son fils est détruite. Tout
changement, toute aide technique, de la simple barre
d’appui au fauteuil roulant sophistiqué, doit être
négocié, jamais imposé.
Ne confondons pas les rôles !
N. C. : La place du fils ou de la fille auprès du parent
âgé ne conduit-il pas à devenir… les parents de
leur parent ?
P. D. : Il faut résister à cette tentation, qui peut
cacher des sentiments de revanche, une prise de
pouvoir malsaine sur le père ou la mère. Non, on
reste toujours l’enfant de ses parents. C’est la seule
attitude juste qui permet aussi la transmission de
l’héritage symbolique, la continuation de la lignée.
Autrefois, c’est à la mort des parents qu’on devenait
adulte, en recevant aussi des biens matériels qui
aidaient à construire son foyer, mais cette disparition
se produisait beaucoup plus tôt. L’allongement
de la vie a fait bouger les lignes et on est souvent
soi-même âgé quand on perd ses ascendants. Les
pouvoirs publics favorisent maintenant les donations
entre les parents et les petits-enfants. Mais cette
solidarité nouvelle entre générations ne doit pas
empêcher chacune de tenir son rôle. ■
Propos recueillis par France de Lagarde
* Pascal Dreyer est également consultant dans
le domaine du handicap, du vieillissement et de la
dépendance, et coordinateur du réseau de recherche
de Leroy Merlin, Leroy Merlin Source. Il a dirigé avec
Bernard Ennuyer l’ouvrage collectif Quand nos parents
vieillissent, paru aux Éditions Autrement.
novembre-décembre 2012 | n° 558 |
Nouvelle Cité |
33
Bien vieillir, ça s’apprend
Reportage
Le Hameau des Accates :
« Pour ça, oui !
Ici, on est heureux ! »
Oui, il est possible d’être heureux en maison de retraite. Reportage « sur le terrain »
sur les hauteurs de Marseille.
P
arler de maison de retraite provoque chez
beaucoup un effet de répulsion. L’image
de mouroir, de lieu de « non-existence »
vivante plus quelques reportages sur les
maltraitances des personnes âgées hantent notre
imaginaire collectif et taraudent nos consciences
personnelles. Jamais je ne placerai mes parents en
maison de retraite ! Sauf que… Sauf qu’on n’a pas
toujours le choix et que la majorité de ces maisons de
retraite sont bien encadrées et le personnel sérieux.
Mais parfois manque-t-il ce petit plus qui au-delà
d’une gestion compétente, transforme un lieu de vie
en un lieu de bonheur. Ce petit plus, nous l’avons
découvert sur les hauteurs de Marseille.
Dans le respect des liens affectifs
Les élections au
Conseil de la vie
sociale permettent
aux résidents
d’être partie
prenante de la vie
de la maison.
34
Madame D. s’était jurée de ne jamais placer
sa mère en maison de retraite, sauf que celle-ci,
atteinte par la maladie d’Alzheimer, est tombée
chez elle, s’est retrouvée à l’hôpital puis en
maison de repos. On a fourni à Madame D. une
liste d’adresses de maisons de retraite. Quelques
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Donner la première
place à la relation
avec la personne
et entre les personnes.
visites lui sont insupportables : l’impression
d’« enfermer » sa mère pour sa sécurité ne la
laisse pas en paix. « Par le plus grand des hasards,
explique-t-elle, en passant dans le quartier, j’ai vu
des bâtiments neufs avec le panneau maison de
retraite ; sans grande illusion, j’y suis entrée pour
demander des renseignements. Dès l’entrée, je
reste stupéfaite, ça ne ressemble pas à une maison
de retraite. Il se dégage une harmonie de l’aménagement et du personnel. Le soir, je téléphone
à ma sœur : j’ai dû mal voir, c’est trop beau ! On
décide d’aller vérifier ensemble. Et je ne regrette
pas notre décision. Nous y venons avec les petits
enfants, pour eux aussi c’est la joie de circuler
librement et de dire bonjour à chacun. » Madame
D. vient souvent voir sa mère. Aussi s’impliquet-elle fortement dans l’accueil des familles qui
placent un de leurs parents dans la maison. « Ici,
on respecte les liens affectifs. Quand on a une
personne âgée à charge, on perd la vie sociale qu’on
avait avant. Ici, en se retrouvant, on rompt cette
sorte de solitude qui nous atteint, on peut parler
entre familles. »
Lætitia est aide-soignante, elle travaille au
Hameau des Accates depuis 2009 : « Si je suis
ici, c’est un peu par hasard, je cherchais un petit
appartement dans le coin. En voyant ces bâtiments
neufs de loin, je me suis approchée et j’ai découvert
la réalité. Une précédente expérience de travail
en maison de retraite m’avait fait douter de mon
Ils ont dit…
« Le vrai mal de la vieillesse n’est
pas l’affaiblissement du corps,
c’est l’indifférence de l’âme.
« Il n’y a pas que le tabac qui soit
nocif. La vieillesse aussi, c’est
dangereux. Je connais des gens
qui en sont morts.
» « On peut tromper la vie
longtemps, mais elle finit
toujours par faire de nous
ce pour quoi nous sommes
faits. Tout vieillard est un
aveu, allez, et si tant de
vieillesses sont vides, c’est
que tant d’hommes
l’étaient et le cachaient.
André Maurois
« Je ne connais qu’une
distraction dans la vieillesse :
être utile. C’est sortir de soi.
» »
Raymond Devos
» Jacques Chardonne
André Malraux
> Un état d’esprit
La vieillesse est une langue
étrangère qu’il faut apprendre à
un âge où le cerveau n’est plus
guère disposé à acquérir de
nouvelles connaissances.
»
« Ne pas honorer la vieillesse,
c’est démolir la maison où l’on
doit coucher le soir.
» Alphonse Karr
D’autres citations et bons
mots sur la vieillesse.
www.nouvellecite.fr
« Le signe de la bonté chez les
jeunes, c’est d’aimer la
vieillesse ; et chez les vieux,
c’est d’aimer la jeunesse.
»
Jacques Laurent
Joseph Rudel-Tessier
Alice Parizeau
Eleanor Roosevelt
« » »
Chaque vécu a quelque chose
à vous apprendre.
Dès que vous cessez d’apprendre,
vous cessez de vivre,
du moins au sens plein du terme.
Après tout, le but de la vie
est de vivre,
de savourer son vécu
jusqu’à la dernière gorgée,
de désirer avec avidité
et sans la moindre frayeur
un vécu toujours nouveau,
toujours plus riche.
Myron J. Taylor
La vieillesse n’est qu’une
certaine idée que les autres se
font de vous.
La vieillesse n’est pas une
question d’âge, mais bien plus
une certaine façon de regarder
les autres.
> Vieillir, c’est vivre
L’âge, comme la jeunesse,
n’est pas un laps de temps,
mais un état d’esprit.
Il n’est pas de notre devoir
d’ajouter des années à notre vie,
mais d’ajouter de la vie à nos années.
Le temps peut rider le visage,
mais c’est le souci, le doute,
la haine et la perte d’idéal qui rident l’âme.
Les inquiétudes, et non les années,
courbent le dos…
À soixante-dix-sept ans,
comme à sept,
c’est l’émerveillement devant la vie
qui nous maintient jeunes.
« « « Si, étant jeunes, nous avions un
peu plus de ressemblance avec
la vieillesse, nous aurions,
étant vieux, beaucoup plus de
ressemblance avec la
jeunesse. »
« Eugène Géruzez
« Gardez-vous un amour pour vos
jours de vieillesse. Allumez de
bonne heure un feu pour votre
hiver.
»
Victor Hugo
Félix Guillaume
»
La vieillesse est une voyageuse de nuit : la terre lui
est cachée ; elle ne découvre plus que le ciel.
François René de Chateaubriand
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Plaidoyer d’une jeune
Comment peut-on penser
qu’une personne âgée
n’a plus rien à nous
apporter ?
© Shutterstock
Alma ADILON-LONARDONI, 17 ans, a remporté le 15e Concours national de plaidoiries des
lycéens pour les Droits de l’Homme organisé par le Mémorial de Caen en janvier dernier.
Interview d’une jeune indignée face aux conditions de vie parfois inhumaines des personnes
âgées dans certaines maisons de retraite.
NOUVELLE CITÉ : Qu’est-ce qui vous a le plus
choquée dans les comportements vis-à-vis des
vieux en maisons de retraite ?
beauté. Personnellement, je vois la vieillesse comme
un âge heureux. Un âge où l’on acquiert une certaine
sérénité.
Alma ADILON-LONARDONI : C’est d’abord le manque
de considération et d’attention. J’ouvre ma plaidoirie
avec ce tableau affligeant : trois vieilles femmes
recroquevillées sur leur fauteuil, et une chaise
roulante. Vide. À un détail près. Deux prothèses
de jambes gisaient à ses pieds, revêtues de bas de
laine. Cette chaise appartenait à une résidente
morte il y a deux jours. Et cette remarque de l’aidesoignante : « Ils ne se rendent pas compte vous savez,
ils sont vieux, ça ne les dérange pas… » Je trouvais
choquant que ces vieilles femmes soient considérées
comme suffisamment amoindries pour ne pas avoir
conscience de leur condition. Ce que je trouve
encore plus ahurissant, c’est que certains employés
semblent avoir assimilé ces attitudes envers leurs
résidents comme étant « normales ». Si cela ne les
choque pas, ça laisse la porte ouverte à plein d’autres
dérives. C’est effrayant.
N.C. : Que peut-on faire pour améliorer cette
situation ?
N.C. : Que dénoncez-vous ?
A. A-L. : Je ne vise pas uniquement telle ou telle
personne en particulier qui n’a pas à porter tout
le poids du regard faussé que nous portons sur les
personnes âgées. Je remets en cause le mépris de
la société pour la vieillesse, regardée aujourd’hui
comme une échéance cruelle et insurmontable,
comme une épreuve douloureuse, et non plus
comme une étape naturelle de la vie d’un homme.
Je ne comprends pas la hiérarchisation que l’on fait
entre les âges. Chaque âge a sa particularité et sa
A. A-L. : Nous pouvons commencer par changer le
regard que nous portons sur les personnes du grand
âge. Nous pouvons visiter plus souvent nos grandsparents, les appeler ou leur écrire une lettre s’ils
habitent loin. Et puis il y a une chose à laquelle je
pense sérieusement : c’est de faire du bénévolat en
maison de retraite. Nous savons qu’une simple
visite peut changer du tout au tout la journée d’une
personne âgée. Souvent, on se rend compte trop tard
à quel point nos aînés sont précieux.
N.C. : De quoi les personnes âgées peuvent-elles
nous enrichir ?
A. A-L. : De l’expérience que nous n’avons pas encore.
Nous avons beaucoup à gagner à les considérer. Elles
savent par où nous – les jeunes – sommes passés. Les
écouter peut nous aider à avancer dans nos vies. Elles
nous apportent leurs valeurs et un regard extérieur
sur nos habitudes. Sans compter tout l’aspect historique et sociétal. Comment peut-on penser qu’une
personne âgée n’a plus rien à nous apporter ? ■
Propos recueillis par Émilie Tévané
> Sur notre site www.nouvellecite.fr :
L’interview dans son intégralité ainsi que des
propositions de lectures et le lien avec la plaidoirie
d’Alma Adilon-Lonardoni intitulée Il fait si bon vieillir par écrit et en vidéo sur le site Dailymotion.
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© Shutterstock
> Catherine
Je suis vieille…
et je me sens jeune
La vieillesse ? Elle semblait un
peu lointaine. Les années passaient,
tout allait à peu près bien et ma vie
semblait s’être installée pour durer. Le
temps ne se serait-il pas arrêté pour
moi ? Jusqu’au jour où les objets
commencent à avoir une fâcheuse
tendance à vous glisser des mains
quatre à cinq fois par jour et vous
obligent à vous baisser un nombre
incalculable de fois pour aller les
repêcher ! Jusqu’au jour où, sans
savoir pourquoi, on se sent de plus
en plus souvent fatiguée. On monte
les marches un peu plus lentement en
se demandant pourquoi on souffle. On
s’énerve parce que l’on n’arrive plus à
sortir de la voiture aussi lestement. On
pense à aller s’allonger un moment,
histoire de récupérer un peu mais
on ne le fait pas parce qu’on ne l’a
jamais fait et que l’on ne veut pas
commencer à s’écouter.
Bref, sans crier gare, vous sentez
que quelque chose se passe dans
votre corps et que, si jusqu’à présent
vous le teniez en laisse, vous allez
devoir tenir compte de lui. Pour moi
c’est cela : se rendre compte tout
d’un coup que les jours, les mois, les
années sont comptés et que demain
tout peut basculer. Et pourtant,
alors qu’objets volants ou fatigues
vous stoppent dans votre élan, vous
n’avez jamais été aussi passionnée
par la vie. Votre cœur est toujours
aussi enthousiaste. Vous sentez en
vous une force qui bouillonne et vous
fait oublier ce fameux 8 (le premier
des deux chiffres de mon âge…) qui
vous impressionne quand même… !
Paradoxe d’un corps qui peu à peu
se délite et d’une énergie qui continue
à vous habiter et à vous tirer hors
de votre faiblesse et qu’il vous faut
accueillir, instant après instant, comme
un cadeau.
Accueillir chaque situation,
instant après instant,
comme un cadeau.
Je suis vieille et me sens encore
jeune ! Curieuse dichotomie ! Mais
peut-être nous met-elle sur le
chemin d’une autre vie où toute cette
force de vie qui aura été la nôtre
demeurera pour l’éternité avant que
ce corps de chair qui s’abîme peu à
peu ne redevienne le corps de gloire
promis ! ■
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Bien vieillir, ça s’apprend
Aux sources
Le grand âge
et la Bible
Il suffit d’ouvrir la Bible pour mieux comprendre le sens et la valeur de la vieillesse.
Seule la Parole de Dieu peut nous rendre capables de sonder la plénitude spirituelle, morale
et théologique de cette saison de la vie. 1
A
Bénédicte-Marie
DRAILLARD
Productrice
de l’émission Saga
de la Bible
sur RCF (Radios
Chrétiennes
Francophones
www.rcf.fr)
lors ouvrons ensemble la Bible. Dès les
premiers livres le grand âge est signe de bénédiction. Les patriarches d’avant le déluge
détiennent tous les records de longévité : Mathusalem
vécut jusqu’à 969 ans (Gn 5,1-32).
Après le déluge Sarah mourut à 127 ans, Abraham
à 175 ans (Gn 25,7), Isaac à 180 ans (Gn 35,28),
Jacob à 147 ans (Gn 47, 28), Joseph à 110 ans (Gn
50,26) et Moïse à 120 ans. Inutile de vous dire que
ces âges sont symboliques car selon les Écritures celui
qui craint le Seigneur aura longue vie : Écoute, mon
fils, accueille mes paroles, les années de ta vie se multiplieront (Pr 4,10).
Tu honoreras la personne
du vieillard (Lv 19,32)
La Bible porte toujours en grande estime les
personnes âgées. N’est-ce pas l’un des fameux dix
commandements : Honore ton père et ta mère
Ne m’abandonne pas !
Malgré ma vieillesse et mes cheveux blancs,
ne m’abandonne pas, Dieu :
que je puisse proclamer les œuvres de ton bras à cette
génération,
ta vaillance à tous ceux qui viendront.
Si haute est ta justice, Dieu !
Toi qui as fait de grandes choses, Dieu, qui est comme toi ?
Toi qui nous as tant fait voir de détresses et de malheurs,
tu vas à nouveau nous laisser vivre.
Tu vas à nouveau m’élever hors des abîmes de la terre.
Tu rehausseras ma dignité, et à nouveau tu me réconforteras.
Alors, je m’accompagnerai de la harpe
pour te célébrer, mon Dieu, et ta fidélité ;
sur la cithare, je jouerai pour toi, Saint d’Israël !
Psaume 71
44
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Ne réprimande pas
rudement le vieillard,
mais exhorte-le
comme un père.
comme le Seigneur ton Dieu te l’a ordonné, afin que
tes jours se prolongent et que tu sois heureux sur la
terre que te donne le Seigneur ton Dieu (Dt 5,16 ;
Ex 20,12 repris dans Ep 6,13). Elle l’érige même en
loi dans le Lévitique 2 : Lève-toi devant des cheveux
blancs et sois plein de respect pour un vieillard. C’est
ainsi que tu auras la crainte de ton Dieu (Lv 19,32).
Le livre de la sagesse de Ben Sirac 3 affirme avec
force et délicatesse : C’est la gloire d’un homme
que l’honneur de son père et c’est une honte pour
les enfants qu’une mère méprisée. Mon fils, viens
en aide à ton père dans sa vieillesse, ne lui fait pas
de peine pendant sa vie. Même si son esprit faiblit,
sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine
forme. Car une charité faite à un père ne sera pas
oubliée, et, pour tes péchés, elle te vaudra réparation
(Si 3,11-15). Ces conseils de bienveillance envers les
anciens sont repris dans le Nouveau Testament par les
proches compagnons de Paul, Timothée et Tite : Ne
réprimande pas rudement le vieillard, mais exhortele comme un père […] exhorte les femmes âgées
comme des mères (Tm 5,1). Dis que les vieillards
doivent être sobres, honnêtes, modérés, sains dans la
foi, dans la charité, dans la patience (Tite 2,2). Quel
programme !
Saint Paul n’a-t-il pas écrit : Ce qu’il y a de faible
dans le monde voilà, ce que Dieu a choisi pour
confondre ce qui est fort (1Co 1, 27-29) ? En effet,
le dessein de Dieu se réalise dans la fragilité des corps
qui ne sont plus jeunes et même faibles et stériles.
Non, il n’y a pas d’âge pour collaborer à la volonté
de Dieu, pour entrer dans son alliance. Dieu rend
fécond même l’âge le plus avancé comme Zacharie et
Bien vieillir, ça s’apprend
Paroles d’Église
Les charismes
de la vieillesse
La qualité de notre vieillesse dépend surtout de notre capacité à saisir son sens et sa
valeur, aussi bien sur le plan purement humain que sur celui de la foi.
L’
46
| Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012
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La personne
âgée saisit bien
la supériorité
de l’« être » sur
le « faire » et sur
l’« avoir ».
image la plus répandue aujourd’hui est
celle du troisième âge comme phase de
déclin où l’insuffisance humaine et sociale
est donnée pour acquise. Il s’agit pourtant d’un
stéréotype qui ne correspond pas à une condition
des faits qui, dans la réalité, est beaucoup plus
diversifiée car les personnes âgées ne constituent
pas un groupe humain homogène et la vieillesse
est vécue de façons fort différentes. Il existe une
catégorie de personnes capables de saisir la signification de la vieillesse dans l’existence humaine et
qui la vit non seulement avec sérénité et dignité,
mais aussi comme une saison de vie offrant
de nouvelles occasions de croissance et d’engagement. Et puis il y a une autre catégorie
– précisément la plus nombreuse de nos jours –
pour laquelle la vieillesse constitue un traumatisme.
Il s’agit de personnes qui, face à leur propre vieillissement, adoptent des comportements allant
de la résignation passive à la rébellion et au refus
Chaque personne
prépare la façon
de vivre sa vieillesse
au cours de l’ensemble
de sa vie.
désespérés. En se repliant sur elles-mêmes et
en se plaçant en marge de la vie, ces personnes
enclenchent un processus de dégradation physique
et mentale.
Un dessein précis de Dieu
Nous pouvons donc affirmer que les visages des
troisième et quatrième âges sont aussi nombreux
qu’il existe de personnes âgées et que chaque
personne prépare la façon de vivre sa vieillesse au
cours de l’ensemble de sa vie. En ce sens, la vieillesse
croît avec nous et la qualité de notre vieillesse
dépendra surtout de notre capacité à saisir son sens
et sa valeur, aussi bien sur le plan purement humain
que sur celui de la foi. Il faut donc situer la vieillesse
dans un dessein précis de Dieu qui est amour, en la
vivant comme une étape sur le chemin par lequel le
Christ nous conduit à la maison du Père (cf. Jn 14,2).
De fait, ce n’est qu’à la lumière de la foi, forts de l’espérance qui ne déçoit jamais (cf. Rm 5,5), que nous
serons capables de la vivre comme un don et comme
un devoir, d’une manière véritablement chrétienne.
[…]
La responsabilité envers les personnes âgées
consiste à les aider à saisir le sens de leur âge, en en
appréciant les ressources et en rejetant la tentation
Reportage
Un monde plus fraternel
Taktsang,
haut lieu
de pèlerinage
du bouddhisme
tibétain.
Bhoutan,
le pays du bonheur mesuré
Profondément enraciné dans ses traditions, le Bhoutan pratique une politique d’ouverture
mesurée. Ce magnifique pays himalayen, qui a inventé le concept de bonheur national brut, veut
sauvegarder son identité et sa religion.
Un reportage (texte et photos) d’Alain Dupraz
Les touristes découvrent peu à peu ce pays qui semble
tombé d’une autre planète. Unifié au XVIIe siècle par un moine
tibétain, ce territoire de hautes montagnes et de vallées
suspendues est un peu plus grand que la Suisse. En 1907,
l’avènement d’une monarchie héréditaire a posé le Bhoutan
sur des rails heureux.
Jigme Singye, le 4e roi, accède au trône en 1972. Il n’a que
17 ans, mais déjà la sagesse d’un ancien. Soucieux du bienêtre de son peuple, il met sur pied un réseau d’écoles, de
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| Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012
dispensaires et d’hôpitaux entièrement gratuits. Il crée même
un indice original de Bonheur National Brut (BNB) qui est un
véritable défi aux mécanismes économiques occidentaux.
Chaque année, un questionnaire est envoyé à la population.
Des dizaines de questions sont posées. Elles recouvrent
quatre domaines : préservation de la culture, sauvegarde de
l’environnement et bonne utilisation des ressources, bonne
gouvernance et développement économique. L’enquête
s’adresse à tous les Bhoutanais, surtout les plus pauvres,
Fillettes de Paro.
Mandala mural dans le dzong de Thimphu.
Parade à Paro. Masque démoniaque destiné à éloigner les mauvais esprits.
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Questions de générations
Un monde plus fraternel
Ces adultes qui retournent
vivre chez leurs parents
EN FORTE CROISSANCE aux États-Unis
suite à la récession, ils arrivent au galop en
Europe. Plus qu’une histoire d’avoir du mal à
quitter le nid douillet parental, le phénomène
des adultes qui retournent vivre chez leurs
parents remet en question notre modèle social.
« Les nouvelles générations d'actifs sont les premières
à connaître un sort moins favorable que celui de leurs propres
parents », démontre L ouis
Chauvel, professeur de sociologie
à l’Université du Luxembourg,
Cette constante
solidarité privée
cache un mal plus
profond, celui du déficit
de solidarité collective.
dans son ouvrage Les classes
moyennes à la dérive 1. La France
a du mal à faire le deuil de ses
trente glorieuses (1945-1975),
porteuses de grandes avancées
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| Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012
sociales pour la majorité de la
classe moyenne. Aujourd’hui,
elle s’embourbe dans les « trente
piteuses » avec un net ralentissement de l’économie. Dans
ce contexte, le soutien matériel
des parents envers leurs enfants
adultes s’avère parfois indispensable pour leur survie dans
la société. Mais, selon Louis
Chauvel, en agissant comme
un puissant analgésique, cette
constante solidarité privée cache
un mal plus profond, celui du
déficit de solidarité collective et
de responsabilité citoyenne.
« L’Hôtel Mamma » :
Entre confort et survie
Génération boomerang, Peter Pan, Kangourou,
Tanguy 2 . Il existe bien une
demi-douzaine d’expressions
sympathiques non dénuées de
mépris derrière le phénomène
de cette génération qui a quitté
ses parents mais qui est revenue au domicile familial à la fin
des études ou suite à un échec
(licenciement, divorce, perte
de logement) 3. On retiendra le
concept développé par la sociologue américaine Katherine
Newman : celui de la « famille
accordéon » qui se gonfle et se
dégonfle en fonction des crises
économiques. « Il ne s’agit pas
uniquement de la recherche
d’un confort au m² mais du service qui l’accompagne », précise
le sociologue Louis Chauvel.
Bien que « l'Hôtel Mamma »
– comme disent les Italiens –
soit pr isé par cer tains, de
nombreux jeunes se voient obligés de retourner au bercail pour
des raisons économiques. Avec
le coût du travail élevé et la
dévaluation des diplômes, il est
plus difficile aujourd’hui de s’insérer sur le marché de l’emploi.
Difficile aussi de se loger avec
l’augmentation des prix de l’immobilier et la diminution des
constructions notamment dans
les zones urbaines où justement
se concentre le travail. « Depuis
1984, les jeunes doivent travailler deux fois plus longtemps
pour acheter ou louer la même
surface que leurs parents
jadis dans le même quartier »,
explique Louis Chauvel. Les
frustrations et les angoisses de la
nouvelle génération ont trouvé
un terreau fertile où se développer. D’autant plus qu’il lui
paraît insoutenable de vivre sans
le confort imposé par la société
de consommation à un prix
cher. Un prix au-dessus de ses
© Jan
moyens. La tentation est grande
alors de retourner vivre chez ses
parents.
Parole aux jeunes
et à leurs parents
Julie a 28 ans. Elle a fini ses
études, un Master 2 en chimie,
en 2008 et vit chez ses parents
depuis octobre 2011. Pendant
deux ans, elle a tenté de s’installer sur le marché du travail sans
grand succès. Alors, elle s’est
lancée dans une année de bénévolat aux Philippines. À son
retour, sans emploi, elle n’avait
pas d’autre choix que de revenir à
la « case départ ». Actuellement,
elle donne des cours de maths
en tant que remplaçante. Pas
de quoi s’emballer car le poste
n’est pas assez stable sur le plan
financier et le long terme (CDD
de 18 heures par semaine).
Impossible donc de prendre
un appartement et de faire des
projets. « Je n’ai pas les moyens
d’avoir mon chez-moi », constate
Julie. Vivre chez ses parents ne
lui est pourtant pas si déplaisant. « J’ai mon autonomie, mes
parents ne me mènent pas la
vie trop dure. Je n’ai pas à gérer
les soucis du quotidien comme
les courses. Et cette situation me permet d’économiser
pour financer mes futurs pro-
Pas d'autre choix
que de revenir
à la « case départ ».
jets notamment celui d’aller au
Canada pour décrocher plus facilement un emploi. » L’inconfort
se situe plus au niveau psychologique et affectif. En effet, c’est
compliqué de construire sa vie
amoureuse en toute liberté chez
ses parents. C’est pénible aussi
« d’être parfois traitée comme
une adolescente ». Des malaises
qui lui donnent sûrement « envie
de se bouger et d’avoir quelque
chose de stable ». Les conditions nécessaires ? La sécurité
de l’emploi. Dans sa tête, cela
implique aussi « un salaire suffisant pour avoir un certain
confort de vie ».
Pour Anne-Claire, ce n’était
pas qu’une question de confort
de vie mais de survie. Son père
Bertrand, 61 ans, revient sur les
deux épisodes où sa fille aînée a
de nouveau habité avec lui. « La
première fois, elle m’a demandé à
revenir habiter à la maison faute
de revenus suffisants. Malgré un
emploi dans l’Ain, elle ne pouvait pas subvenir à ses besoins 4. »
Au bout de six mois, elle est partie
en vacances au Maroc en me lançant sur le ton de la plaisanterie :
“Si je trouve du travail là-bas, j’y
reste !” Bien lui en a pris. Elle a
trouvé un emploi qu’elle a gardé
pendant cinq ans. À la fin de cette
période, elle est rentrée en France
avec un autre contrat de travail à
durée déterminée qu’elle démarrait deux jours après son arrivée.
Il me semblait normal de l’accueillir dans ce contexte, partage
son père. Sans moi, je ne sais pas
comment elle aurait fait pour se
loger dans une ville comme Lyon.
D’ailleurs, j’aurais sans doute été
novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité |
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Du bon temps en famille
Un monde plus fraternel
L’astuce
é
co
Vivre
un Noël loin de la
frénésie consommatrice, c’est
possible ! Hélène nous partage une idée
de cadeaux en famille qui marche et qui plaît.
« Tous les deux ans, nous nous retrouvons avec
toute ma famille pour fêter Noël ensemble. Cela fait du
monde ! Alors, nous avons relancé l’idée de nous faire
des cadeaux entre 5 et 7 euros. Attention, pas un cadeau
trouvé à La Foir’Fouille mais quelque chose de beau. C’est
l’occasion de donner un objet personnel que nous aimons,
de se passer les jouets entre cousins, d’aller chiner, de
fabriquer des objets dans un esprit de récupération
et de recyclage. Cela demande de réfléchir en
amont à ce qui peut faire plaisir à l’autre. Noël
se prépare toute l’année ! » À l’arrivée,
l’effet surprise est garanti.
lo
n
s papas
e
D’après
d
> Une pensée illustrée
Le
c
oi
le livre de Gary
Chapman Les langages de
l’amour, nous avons une aide précieuse
pour communiquer et manifester notre amour
à notre conjoint. En effet, nous apprenons que nous
pouvons « entendre » de manières différentes et ainsi
se sentir plus aimés. Eh oui, nous sommes sensibles
soit aux moments de qualité, soit aux paroles valorisantes,
soit aux cadeaux, soit aux services rendus, soit au toucher
physique. Il faut comprendre quels actes nous parlent le
plus et le partager à notre partenaire. C’est un moyen
de remplir notre réservoir d’amour plus facilement.
Nous pouvons également utiliser ces langages
avec nos enfants qui ont souvent une façon
étonnante de nous communiquer
leurs besoins.
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| Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012
Une idée de cadeau pour Noël
Les livres pour enfants d’Aline de
Pétigny qui racontent des histoires
profondes et posent des questions
essentielles sur la vie : Peut-on acheter
le bonheur ? Qu’y a-t-il au-delà du
réel ? Est-ce que l’amour de ceux que
l’on aime est durable, fiable, éternel ?
Qu’est-ce que la mort ? Édités par la
maison Pour penser à l’endroit dans une
démarche éco-responsable et engagée,
ces petits livres peuvent se commander
directement sur le site www.pourpenser.
fr. Familles, enseignants, thérapeutes,
cette maison a besoin de vous pour
continuer à exister et à grandir !
> Le conseil de Sophie
Mon enfant refuse d’obéir !
Lorsqu’un enfant refuse d’obéir,
on se demande si on manque d’autorité ou si l’on ne sait comment s’y
prendre. Que faire ? C’est le plus
souvent dans les petites situations
récurrentes du quotidien que le problème se pose et à la longue, c’est
épuisant. Peut-être n’avons-nous pas
suffisamment à l’esprit que l’enfant a
une notion du temps qui n’est pas la
nôtre ? En effet lorsqu’il joue il est
dans un temps présent, un temps
d’émotion et d’imagination bien loin
de la réalité concrète du temps qui
passe et de l’heure du bain qui arrive.
Plongé dans son jeu, il ne comprend
pas que ses parents eux anticipent sur
la suite des événements de la soirée :
dîner, histoire, nuit, afin que le lendemain matin il ait son quota de
sommeil pour bien vivre la nouvelle
journée qui commence.
ar
!
z
e
t
Imaginons Thomas en train de
faire un jeu absolument passionnant avec trois cubes et deux voitures.
Pour lui, aller prendre le bain cela
veut dire d’abord quitter son jeu.
C’est là qu’il entre en résistance.
Alors, comment l’aider ?
Tout d’abord en lui parlant de ce
qu’il est en train de faire, en mettant des mots sur les émotions qu’il
vit. Ainsi, Thomas se sent entendu. Il
est davantage disponible pour écouter. Ensuite en le ramenant au temps
présent, à la réalité quotidienne en
le questionnant : « Thomas, c’est le
soir. Et que se passe-t-il à la fin de la
journée ? » afin qu’il se rappelle qu’il
y a le bain, le dîner, etc. Enfin en le
prévenant en mettant par exemple
un minuteur à sonner : « Quand il
sonnera ce sera l’heure du bain. Je te
fais confiance, je t’attends. » Quand
D o b ble
Sophie PONCET
Psychologue du développement
[email protected]
JEU
Moins
violent et plus simple
que Jungle Speed, Dobble est
une suite de mini-jeux de rapidité,
d’observation et de réflexes où tous les
joueurs jouent en même temps.
Le principe du jeu : repérer le plus vite possible
le symbole identique entre deux cartes, le
nommer à haute voix, puis prendre la carte, la
défausser ou la refiler à un adversaire selon les
règles de la variante à laquelle vous jouez.
1, 2,
3,
P
la sonnerie retentit, lui demander
de redire ce que cela
signifie afin d’être sûr qu’il
a bien écouté.
Et attendre en effet ! Au début
quelques rappels seront nécessaires
du style : « Pourquoi le minuteur
a-t-il sonné ? » Mais petit à petit,
l’enfant se sentant entendu et compris dans ses occupations d’enfant,
il acceptera plus facilement de les
quitter pour obéir et répondre aux
sollicitations anticipatives de ses
parents et ce, pour le bon déroulement des opérations et une plus
gr ande har monie au sein de la
famille. ■
Jeu
À partir de 6 ans, 2 à 8 joueurs,
Asmodée éditions.
Message aux familles >
Pour toute nouvelle idée ou suggestion d'amélioration, vous pouvez envoyer
un mail à l'intention d'Émilie Tévané à [email protected]
Pages coordonnées par Émilie Tévané
novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité |
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Point de vue
Un monde plus fraternel
éducation
« Je voudrais passer du temps seule avec chacun de
mes enfants mais j’ai un emploi du temps très chargé
et je sens que cela leur manque. Comment faire pour
que le peu de temps disponible soit bénéfique ? »
Viviane
Nous vivons des vies souvent très chargées et
ce n’est pas facile de réserver des plages horaires
pour passer du temps seul à seul avec chacun de ses
enfants (ou petits-enfants, nièce/neveu, filleul/e)
et encore moins facile quand ils sont plusieurs.
Cependant, le manque se fait vite ressentir même
s’il n’est pas toujours conscient : en effet c’est quand
nos enfants sont le plus « détestables » qu’ils ont le
plus besoin d’amour. Quand nous avons l’impression que nous ne les supportons plus, c’est le signal
rouge qu’il est temps de recharger les réserves
d’amour en nous reconnectant avec nos enfants
quel que soit leur âge.
Pour se reconnecter avec ses
enfants : passer du temps « avec »
et non pas « à côté » d’eux.
Il n’est pas cependant nécessaire pour autant
de passer plusieurs heures avec un enfant. Ce qui
compte, c’est que l’enfant se sente aimé, écouté et
important à vos yeux. Pour cela on peut profiter de
petits moments glanés au cours d’une journée pour
passer du temps « avec » et non pas « à côté » d’eux.
Voici quelques idées testées et approuvées pour
se reconnecter avec ses enfants :
• le câlin du matin : au moment du réveil, rien
de tel pour commencer sa journée avec la certitude
d’être aimé !
• quelques minutes de bonne rigolade franche
ou même de fou rire : ça fait du bien à tous, de plus
un parent qui ne se prend pas trop au sérieux est
plus accessible ;
• profiter des trajets en voiture pour discuter et
surtout pour l’écouter, s’intéresser à lui ;
• en voiture également : écouter en alternance
une chanson à la mode et une chanson « de notre
époque » pour que chacun partage ses goûts sans
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| Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012
jugement : « J’aime bien, je n’aime pas trop »;
• le câlin à tout moment sans modération, surtout
quand ils sont particulièrement grognons sans raison
apparente : « Et si on faisait un bon câlin, est-ce que
ça irait mieux ? » À tester à tous les âges, il y a de
fortes chances que l’on reparte du bon pied !
• quand les devoirs sont finis, s’attarder pour faire
avec l’enfant quelque chose de son choix ;
• leur raconter leurs mots d’enfants drôles de
quand ils étaient plus petits ;
• partage autour d’une lecture : pour les petits
après l’histoire du soir, ce qu’ils ont aimé le plus dans
l’histoire ; pour les plus grands, lire le même livre
qu’eux en ce moment pour échanger après avec eux :
« Es-tu d’accord avec… ? » « Et toi qu’est-ce que tu
aurais fait si… ? »
• proposer de participer à la préparation du repas,
non pas comme une corvée mais comme une occasion de passer un moment ensemble ;
• au moment du coucher, s’attarder un peu en
posant la question : « Quel était ton moment préféré
de la journée ? »
En nous reconnectant avec nos enfants nous leur
donnons les messages essentiels pour leur bien-être :
« Tu es important pour moi », « Tu es aimé » et toute
la famille y gagne en positivité ! ■
Ludmilla Awege
Ludmilla
Awege
Formatrice
et conférencière,
consultante
en éducation
www.parents-positifs.net
Domaine d’Arny
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et vendre la revue à la fin des messes, ou de rejoindre des équipes qui
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Une opération particulière sera organisée en janvier-février 2013
tandis que le dossier de la revue portera sur un sujet attendu par beaucoup :
« Traverser les crises, les raisons d’espérer ».
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> un argumentaire pour présenter la revue au curé,
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