Bien vieillir, ça s`apprend - Site du Mouvement des Focolari
Transcription
Bien vieillir, ça s`apprend - Site du Mouvement des Focolari
Bimestriel • 9 € • 14,50 CHF Génération boomerang Ces adultes qui retournent vivre chez leurs parents P. 56 Partager sa foi en un monde plus fraternel n° 558 | novembre-décembre 2012 Bien vieillir, ça s’apprend • « Perdre » pour un « plus » • L’accompagnement est essentiel • Bible et grand âge Semaines sociales Hommes et femmes, la nouvelle donne 4 Réflexion Le frère, voie de sainteté 10 Reportage Bhoutan, le pays du bonheur mesuré 50 sommaire n° 558 | novembre-décembre 2012 Partager sa foi en un monde plus fraternel 4 Décryptage Semaines sociales : Hommes et femmes, la nouvelle donne La saga de la Bible Joseph, l’époux de Marie 6 Quiz Communication en paraboles 7 8 Questions d’aujourd’hui Choisit-on d’avoir la foi ou la reçoit-on ? Réflexion Le frère, voie de sainteté 10 14 Un certain regard 18 Parole de Vie Novembre et décembre 2012 Dossier Bien vieillir ne consiste pas seulement à assumer le vieillissement physique inéluctable. Il s’agit avant tout d’un état d’esprit, indispensable… à tout âge. Bien vieillir : ça s’apprend 22 à 49 Partager sa foi en un monde plus fraternel 50 Reportage Bhoutan, le pays du bonheur mesuré 54Vécu Genfest : Solidarité sans frontières 56Questions de générations Ces adultes qui retournent vivre chez leurs parents Histoire vraie BD 59 60Du bon temps en famille 62Point de vue Éducation 63Point de vue Lien social 64 Culture Livre / DVD / CD 66 BD Relax 67 Édition Vous aimez lire Nouvelle Cité ? Nouvelle Cité dans le monde Le groupe éditorial international « Nouvelle Cité/Città Nuova » est présent sur les cinq continents avec ses livres et revues en 22 langues. Les revues proposent 36 éditions dont 20 sont mensuelles et les autres de périodicités diverses. 2 ALLEMAGNE : Neue Stadt – [email protected] – www.neuestadt.com ARGENTINE : Ciudad Nueva – [email protected] – www.ciudadnueva.org.ar BELGIQUE (langue flamande) : Nieuwe Stad – [email protected] – www.nieuwestad.be BRÉSIL : Cidade Nova – [email protected] – www.cidadenova.org.br BULGARIE : Nov Svjat – [email protected] CANADA : Nouvelle Cité – [email protected] CHINE : San Sing – [email protected] COLOMBIE : Ciudad Nueva – [email protected] – www.ciudadnueva.com.co CORÉE : Cumul – [email protected] CROATIE : Novi Svijet – [email protected] –www.fokolar.hr DANEMARK : Ny Stad – www.focolare.dk ESPAGNE : Ciudad Nueva – [email protected] – www.ciudadnueva.com – Ciutat Nova (en langue catalane) – [email protected] – www.ciutatnova.org | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 édito Nouvelle Cité, bimestriel du mouvement international des Focolari Les défis du vieillissement « Je veux bien vieillir mais pas être vieux. » Cette réflexion, qui se voudrait humoristique, traduit en fait une attitude schizophrène de notre société face au vieillissement. L’image de la vieillesse resurgit, tel un monstre du Loch Ness, par à-coups et de manière négative : hécatombe lors d’une canicule, maltraitance dans une maison de retraite, état grabataire au seuil de la mort… Ou alors, tout à l’inverse, dans les magazines et publicités, les « vieux » doivent « faire jeunes », être dynamiques… et consommer. Comme s’il y avait une peur de fond, un déni de pouvoir vieillir « normalement ». Les progrès des sciences et de la médecine, de la qualité de vie et de soins, font que la majorité des personnes qui vieillissent vont bien de nos jours. Certes, les forces diminuent, l’esprit n’est plus aussi vif, la maladie d’Alzheimer frappe toujours plus avec l’avancée en âge… Autant de réalités à prendre en compte autant au niveau de la personne – et de l’attention à lui porter – que de la société, qui se doit d’être solidaire avec toutes les générations. Gérontologues, psychologues et autres spécialistes du grand âge sont unanimes sur les conditions du « bien vieillir ». Outre l’exercice physique et mental, l’ouverture d’esprit, le fait de se rendre utile malgré ses limites, des liens amicaux voire affectifs entre générations, une vie sociale véritable remède anti-solitude, et même une vie spirituelle qui donne du sens aux épreuves et souffrances… Il ne s’agit pas tant d’ajouter des années à la vie mais bien de la vie aux années. Tel est le fil conducteur du dossier de ce numéro Bien vieillir, ça s’apprend… à tout âge. Alain BOUDRE Rédacteur en chef [email protected] www.nouvellecite.fr Le site www.nouvellecite.fr, accessible à tout public, offre un « bonus » aux lecteurs de la revue. Compléments d’information aux articles (signalés par le logo ci-contre), textes d’approfondissement, consultation thématique des archives de la revue, liens vers des sites ressources, etc. La revue Nouvelle Cité, éditée depuis 1957 par le mouvement des Focolari, propose un regard positif sur le monde, les événements et les hommes. Comme le résume son idée-force, « Partager sa foi en un monde plus fraternel », ce bimestriel met en valeur les germes d’un monde uni, tout ce qui contribue à renforcer la fraternité et le dialogue aussi bien dans une famille, une association, entre mouvements et communautés, qu’aux niveaux national et international. Nouvelle Cité est également une maison d’édition qui compte plus de 300 titres à son catalogue. Site internet : www.nouvellecite.fr Le mouvement des Focolari L’histoire des Focolari remonte à 1943. Au cœur des destructions causées par la guerre, à Trente (Italie du Nord), Chiara Lubich (1920-2008) fait, avec un groupe de jeunes filles, l’expérience que Dieu seul importe, qu’il est amour et qu’il aime chacun infiniment et personnellement. Elles décident de laisser l’Évangile imprégner leur vie de chaque jour. Cette expérience leur ouvre une nouvelle compréhension du christianisme qui donne naissance à une « spiritualité de communion ». Cette spiritualité, qui met en valeur plus particulièrement l’unité et l’amour réciproque, attire des familles, des jeunes et des enfants, des prêtres, des religieux et religieuses, des personnes engagées dans la vie sociale et professionnelle. Des chrétiens de diverses dénominations, des croyants d’autres religions ainsi que des personnes de convictions non religieuses adhèrent également à ce mouvement. Sites internet : France : www.focolari.fr Belgique : www.focolari.be Suisse : www.focolari.ch ÉTATS-UNIS : Living City – [email protected] – www.livingcitymagazine.com GRANDE-BRETAGNE : New City – [email protected] HONGRIE : Új Város – [email protected] INDE : Living City – [email protected] ITALIE : Città Nuova – www.cittanuova.it JAPON : Uno – [email protected] KENYA (pour l’Afrique francophone et anglophone) : Africa New City-Nouvelle Cité – [email protected] LIBAN : Al Madina Al Jadida – [email protected] LITUANIE : Naujasis Miestas – [email protected] MEXIQUE : Ciudad Nueva – [email protected] PAYS-BAS : Nieuwe Stad – [email protected] PAKISTAN : Hayat – [email protected] PHILIPPINES : New City – [email protected] POLOGNE : Nowe Miasto – [email protected] PORTUGAL : Cidade nova – [email protected] RÉPUBLIQUE TCHÈQUE : Nove mesto – [email protected] ROUMANIE : Oras Nou – [email protected] SERBIE : Novi Svet – [email protected] SLOVAQUIE : Nové Mesto – [email protected] SLOVÉNIE : Novi Svet – [email protected] www.novisvet.si SUÈDE : Enad Värld URUGUAY : Ciudad Nueva – [email protected] – www.ciudadnueva.focolar.org.uy VÉNÉZUELA : Ciudad Nueva – [email protected] novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité | 3 Décryptage Partager sa foi Hommes et femmes, la nouvelle donne Les relations hommes-femmes sont au cœur des Semaines sociales de France 2012, rassemblement de chrétiens engagés, en dialogue avec la société. Jean-Pierre Rosa Délégué général des Semaines sociales de France Les Semaines sociales de France sont bien ancrées dans le paysage ecclésial, social et politique français. On les connaît surtout par leur grande session de trois jours qui se déroule vers la fin novembre, le plus souvent à Paris, et rassemble des milliers de personnes. Mais on les connaît mal au-delà de cette manifestation et on ne sait pas vraiment ce qu’elles peuvent représenter pour l’Église et pour la société. Tout d’abord, il est important de rappeler la vocation de cette institution centenaire. Faire connaître et promouvoir la pensée sociale de l’Église et instaurer avec la société, particulièrement les décideurs politiques, un dialogue constructif, tel est le but et la raison d’être de cette association que l’on peut comparer à une université populaire ou à un « think tank » selon que l’on insiste sur l’aspect formation ou dialogue. Aux dimensions des régions et de l’Europe Côté « think tank », les Semaines sociales de France ont contribué, au cours des années, à bon nombre d’initiatives et de dispositions légales. On leur doit notamment, pas à elles seules bien sûr, une grande part de la protection sociale telle qu’elle s’est mise en place en 1945, les allocations familiales, le 1 % logement, les lois sur la formation permanente, la loi Léonetti… Côté formation et promotion de la pensée sociale de l’Église, les Semaines sociales se sont développées depuis les années 90 dans deux directions : l’Europe tout d’abord et les régions. En Europe, les Semaines sociales de France ont noué des liens avec des associations proches, comme le ZdK en Allemagne ou les ACLI en Italie, pour créer un collectif de réflexion qui rassemble une 4 | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 douzaine d’associations amies dans la grande Europe. C’est ainsi que, peu à peu, des initiatives du même type que les Semaines sociales ont vu le jour en Angleterre, en Ukraine, en Slovénie. Chaque année désormais, une centaine d’Européens de l’Est viennent à la session annuelle des Semaines sociales. Seconde direction de développement : les régions. En 1990, les Semaines sociales de France pouvaient s’appuyer sur deux « antennes », l’une à Lille, l’autre à Lyon, qui existaient depuis l’origine. Peu à peu, des associations issues des Semaines sociales sont nées un peu partout en France. On en compte aujourd’hui 21 dans différentes villes de France qui vivent leur propre vie, tout en préparant et en prolongeant la session annuelle. Plus récemment, les Semaines sociales ont commencé à diversifier leur action : lancement d’un parcours de formation permanente, création de commissions ad hoc sur divers sujets (bioéthique, dépendance, fiscalité, diversité), création d’un groupe jeunes. Ceci tout en multipliant les contacts avec les mouvements chrétiens. La pensée chrétienne dans le débat public Il est important que la pensée chrétienne soit présente au sein du débat public de façon concrète et pertinente. De ce point de vue, les Semaines sociales de France représentent une aide précieuse pour l’Église dont la prise de parole hiérarchique n’a pas le même statut que celle de laïcs. Ainsi, lors de la session de 2010 sur les migrants, les Semaines sociales ont pu faire entendre une voix différente, à la fois informée, constructive mais aussi contestatrice des choix politiques affichés. Questions d'aujourd'hui Partager sa foi Choisit-on d’avoir la foi ou la reçoit-on ? En cette année que l’Église catholique dédie à l’approfondissement de la foi, la question se pose inlassablement de savoir si la foi se reçoit comme un don ou est le fruit d’un choix volontariste. Gérard Testard, laïc expert dans l’Église, livre son expérience et ses convictions. Gérard TESTARD Membre de commissions d’expertise dans l’Église en France et en Europe La foi est un don de Dieu. Car c’est lui qui prend l’initiative de se révéler, mais il s’offre à tous par des médiations diverses. Et comme tout don, la foi se reçoit activement. Elle est donc en même temps une décision, la décision de risquer une relation. J’ai déjà parlé du lien étroit entre la foi et l’amour. Aimer n’est pas seulement un sentiment. C’est aussi la volonté d’aimer, de nourrir son amour. Pour la foi, c’est pareil. On la reçoit comme un don, et en même temps on choisit de donner son assentiment, de l’accueillir, de la recevoir et d’en vivre pour qu’elle grandisse, de l’exprimer pour qu’elle s’enracine, de la nourrir, de s’impliquer avec d’autres dans des expériences. On choisit de manifester notre « Je », de participer à la vie du Peuple de Dieu. Tout cela demande une action personnelle de notre part. Tout notre être est impliqué, et ce n’est pas du volontarisme, c’est une réponse. Dieu suscite aussi en nous la réponse ! La foi n’est pas établie une fois pour toutes. Ce n’est ni une chose, ni un état, c’est un acte. Nous ne cessons d’y entrer et cela nous demande des actes à répétition. Elle est une dynamique, une marche, un déplacement. Qui n’avance pas recule… Le rôle de notre ressenti, de nos émotions Quand je suis entré aux Fondations pour un monde nouveau, j’avais l’impression que je devais toujours être attentif à ce que je ressentais. Par mes émotions, ma vie intérieure se révèle avec ses beautés et ses besoins. J’ai de la joie ce matin, ou bien je suis triste… qu’est-ce que cela dit de ma vie intérieure ? Cette observation est très riche, mais elle a ses limites. L’inconvénient est en effet d’arriver au La foi n’est pas établie une fois pour toutes. Ce n’est ni une chose, ni un état, c’est un acte. 8 | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 raccourci suivant : « Je sens, je fais ; je ne sens pas, je m’abstiens. » Ne nous fions donc pas uniquement au senti, mais ce serait dommage d’en faire abstraction. Car Dieu habite tout notre être, et tient compte de notre psychologie et de nos émotions. Étymologiquement, le mot « émotion » vient du latin emovere qui signifie « mettre en mouvement ». Une émotion est un « mouvement » intérieur. Le sens qu’elle imprime permet de discerner si la parole, la pensée qu’elle génère va dans le sens de Dieu ou nous illusionne, nous brouille la route. Nous venons de parler de la marche, du déplacement, du mouvement dans la vie de foi. Nos émotions peuvent révéler des intuitions profondes ainsi que l’unité ou les fractures de notre être. Selon le cas, elles participent à nous mettre en chemin ou à nous freiner. D’où un discernement spirituel à faire. Parmi les fruits de l’Esprit Saint, n’y a-t-il pas la joie, la paix… (voir Galates 5,22) ? Dieu parle parfois au cœur de nos intuitions même s’il est essentiel de différencier ou de ne pas identifier l’intuition et la Parole de Dieu, la première n’étant qu’un effet dont il nous faut discerner si elle va dans le sens du bon ou du mauvais esprit. La Parole éventuelle de Dieu entendue par le biais d’une intuition dépasse ce que l’intuition « dit ». De même les émotions ne sont pas « paroles de Dieu », elles sont une trace de l’effet que peut avoir sur nous aussi bien une Parole de Dieu qu’une pensée venant d’un mauvais ou d’un bon esprit… Par l’émotion, je vais décrypter si la parole ou la pensée qui l’accompagne est cohérente avec le chemin de Dieu. Des textes d’évangile nous parlent de cette sensibilité spirituelle. C’est le cas quand Marie-Madeleine reconnaît Jésus à sa voix quand il lui dit : « Marie ! » ( Jean 20,16). Un lien existe également entre voir et croire : « Alors entra aussi l’autre disciple, arrivé le premier au tombeau. Il vit et il crut » ( Jean 20,8). Traversé par la foi, un « voir » sensitif peut nous amener à un « voir » mystique, un « voir » de foi, son « sens intérieur ». C’est pareil pour l’écoute, le toucher, le goût. Tous nos sens peuvent nous conduire à une perception intérieure que Dieu « parle ». © Muriel Chaulet Un certain regard La lumière jaillira La lumière jaillira Claire et blanche un matin Brusquement devant moi Quelque part en chemin La lumière jaillira Et la reconnaîtrai Pour l´avoir tant de fois Chaque jour espérée La lumière jaillira Et de la voir si belle Je connaîtrai pourquoi J´avais tant besoin d´elle © Muriel Chaulet La lumière jaillira Et nous nous marierons Pour n´être qu´un combat N´être qu´une chanson La lumière jaillira Et je l´inviterai À venir sous mon toit Pour y tout transformer La lumière jaillira Et déjà modifié Lui avouerai du doigt Les meubles du passé La lumière jaillira Et j´aurai un palais Tout ne change-t-il pas Au soleil de juillet ? © Muriel Chaulet La lumière jaillira Et toute ma maison Assise au feu de bois Apprendra ses chansons La lumière jaillira Parsemant mes silences De sourires de joie Qui meurent et recommencent La lumière jaillira Qu´éternel voyageur Mon cœur en vain chercha Mais qui était en mon cœur La lumière jaillira Reculant l´horizon La lumière jaillira Et portera ton nom Jacques BREL 14 | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 © Muriel Chaulet Marie, illumine le monde En la suivant, on ne dévie pas. En la priant, on ne désespère pas. En pensant à elle, on ne se trompe pas. Si elle te tient par la main, tu ne tomberas pas. Si elle te protège, tu ne craindras pas. Si elle est avec toi, tu es sûr d’arriver au but. Marie est cette noble étoile dont les rayons illuminent le monde entier, dont la splendeur brille dans les cieux et pénètre les enfers. Elle illumine le monde et échauffe les âmes. Elle enflamme les vertus et consume les vices. Elle brille par ses mérites et éclaire par ses exemples. Ô toi qui te vois ballotté au milieu des tempêtes, ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre si tu ne veux pas sombrer. Si les vents de la tentation s’élèvent, si tu rencontres les récifs des tribulations, regarde l’étoile, invoque Marie. Si tu es submergé par l’orgueil, l’ambition, le dénigrement et la jalousie, regarde l’étoile, crie à Marie. Si la colère, l’avarice ou les fantasmes de la chair secouent le navire de ton esprit, regarde Marie. Si, accablé par l’énormité de tes crimes, confus de la laideur de ta conscience, effrayé par l’horreur du jugement, tu commences à t’enfoncer dans le gouffre de la tristesse, dans l’abîme du désespoir, pense à Marie. Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu’il ne quitte pas ton cœur et pour obtenir la faveur de ses prières, n’oublie pas les exemples de sa vie. Bernard de Clairvaux novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité | 15 Parole de Vie | novembre 2012 Partager sa foi Si quelqu’un m’aime, il observera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui et nous établirons chez lui notre demeure.” ( Jn 14,23) Regards croisés Chiara Lubich Fondatrice du mouvement des Focolari (1920-2008) La présence de Jésus dans le cœur des chrétiens et au milieu de la communauté peut se réaliser immédiatement sans attendre le futur. Le temple qui l’accueille n’est pas fait de murs. C’est le cœur même du chrétien qui devient le nouveau tabernacle, la demeure vivante de la Trinité. Pour approfondir Lectures conseillées par Jean Maure > VIVRE LA PAROLE DE DIEU : Vivre radicalement la Parole, p. 114 ; Comment vivre notre relation avec Jésus-Parole, p. 140 ; L’Évangile pour héritage, p. 142. > LA VIE EST UN VOYAGE : Risquer sur sa parole, p. 24 ; Être sa parole, p. 37 ; 18 Comment le chrétien peut-il atteindre un tel but ? Comment porter en soi Dieu lui-même ? Comment parvenir à cette profonde communion avec lui ? Il s’agit d’aimer le Christ. Cependant, cet amour n’est pas du pur sentimentalisme. Il se traduit en vie et nous conduit à observer sa Parole. À cet amour du chrétien, qui se traduit en actes, Dieu répond par son amour : la Trinité vient habiter en lui. « … Il observera ma parole. » Quelles paroles le chrétien est-il appelé à observer ? Dans l’Évangile de Jean, « mes paroles » sont souvent synonymes de « mes commandements ». Cependant, il ne faut pas considérer les commandements comme un catalogue de lois. Il faut plutôt les voir tous résumés dans ce que Jésus a illustré par le lavement des pieds : le commandement de l’amour réciproque. Dieu demande à chaque chrétien d’aimer l’autre jusqu’au don complet de soi, comme Jésus l’a fait et enseigné. Comment bien vivre cette Parole ? Comment parvenir au point que le Père lui-même nous aime et que la Trinité établisse chez nous sa demeure ? En vivant de tout notre cœur l’amour réciproque entre nous, de façon radicale et avec persévérance. C’est surtout en cela que le chrétien trouve la voie de l’ascèse chrétienne que le Crucifié exige de lui. En vivant l’amour réciproque naissent dans son cœur les différentes vertus et il peut répondre à l’appel à devenir saint. Choisir la croix, p. 55 ; Réaliser l’unité avant tout, p. 137. > LA PAROLE DE DIEU : La présence du Christ dans la famille, p. 104 ; Avoir le maître à la maison, p. 106. > SUR LES PAS DU RESSUSCITÉ : Rendez à César ce qui est à César, p. 46 ; Le lien parfait, p. 53 ; Prendre l’initiative, p. 59 ; Bilan, p. 65 ; Don de soi, p. 109 ; Renaissance, p. 150. > LA VOLONTÉ DE DIEU : Que tout se passe pour moi comme tu me l’as dit, p. 12 ; Il ne suffit pas de me dire : Seigneur, Seigneur ! p. 19 ; Joie de Ciel, p. 36 ; Sans cesse tournés vers Dieu, p. 44 ; N’être rien, p. 77 ; Ce qui n’est pas au programme, p. 92. | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 (Livres de Chiara Lubich, disponibles aux Éditions Nouvelle Cité.) La Parole de Vie est une phrase de l’Écriture proposée chaque mois à notre méditation et mise en pratique. Elle donne lieu à des échanges d’expériences au sein de groupes Parole de Vie. Contexte biblique Nous sommes dans cette veillée pascale que Jésus vit avec ses disciples au soir du Jeudi Saint. L’atmosphère est grave et Jésus confie en quelque sorte son testament aux douze qui partagent avec lui le repas pascal. Dans ce long discours après la Cène, il est souvent question de l’amour auquel Jésus appelle ses disciples. L’amour n’est pas d’abord un sentiment : c’est avant tout un choix, une décision, et en définitive, une règle de vie pour quiconque met en lui sa foi et désire devenir disciple ; ce qui, en principe est le cas de tout chrétien. Aimer Jésus se manifeste par la manière dont sa parole inspire toute notre vie. Observer sa parole, c’est conformer sa vie à la sienne. Jésus ne fait qu’un avec son Père, dont il exprime l’amour pour les hommes en marchant résolument vers cette heure qui est la sienne, celle de sa mort et de sa résurrection. Aimer Jésus introduit l’homme dans l’intimité divine, le fait participer à la vie même de Jésus, et en même temps à sa relation particulière avec son Père. Jésus a dit : « Je suis dans le Père et le Père est en moi » (Jn 14,11). Le Père a en Jésus sa demeure humaine : de la même manière, le Père et son Fils font leur demeure humaine en ceux qui vivent le même amour. C’est là l’extraordinaire promesse de Jésus, qui concerne chacun de ceux qui l’aiment et qui gardent sa parole au long de leur vie. C’est déjà, en quelque sorte, le ciel sur la terre ! Pierre GUILBERT Prêtre, exégète Propos recueillis par Anne BAZALGETTE Sophie, nouveau départ La Parole de ce mois me rappelle une expérience vécue au travail. Débutante, j'ai été confrontée à une de mes collègues plus expérimentée qui a eu des propos d’une extrême violence à mon égard suite à une erreur de ma part, qui n’a dans le fond pas eu de conséquence majeure. Décontenancée, j'ai perdu confiance en moi. Pendant cette période, j’allais régulièrement à l’Adoration et un jour je me suis mise à prier pour cette personne. Petit à petit, la rancœur que j’éprouvais s’est apaisée. C’est alors que, contre toute attente, un dialogue a commencé à s’établir entre nous, comme si nous nous regardions avec un regard nouveau. Nous avons appris à nous respecter et elle a été une des personnes avec laquelle j'ai eu le plus de liens au niveau professionnel et qui m’a beaucoup appris. Dans cet amour réciproque, j’ai expérimenté une grande paix et surtout la présence de Jésus qui agissait en moi car jamais je n’aurais pu imaginer un tel tournant dans une relation professionnelle qui avait si mal commencé ! Le pardon était passé entre nous, Dieu était parmi nous. Jérémie, au creux de la vague Cet été, j’ai eu la chance de pouvoir partir au festival de jeunes Genfest à Budapest, en Hongrie, tet cela a été pour moi une expérience très forte en émotions. Je me sentais avide d’aimer à chaque instant et j’expérimentais cette plénitude intérieure que Jésus m’apportait à chaque acte d’amour fait à mon prochain… et il y en avait un paquet ! Au retour, j’ai senti un réel vide en moi qui m’a beaucoup interrogé et que je n’arrivais surtout pas à combler. Quelques jours plus tard, ma mère m’informe qu’une amie aurait besoin d’un assistant pour allumer un barbecue le soir même. J’ai vu là une occasion de me mettre à la disposition de l’autre et de combler ce vide intérieur devenu pesant. J’ai donc accepté. En arrivant le soir, j’ai retrouvé plein de personnes avec qui je pouvais échanger et partager mes impressions du Genfest. Je me suis senti poussé, pour décharger cette amie, à m’occuper entièrement des grillades. Une fois tout terminé, je suis reparti le cœur plein, de nouveau en paix. Monique, le retour La rencontre avec une amie m’ a re m i s e en lien avec l a Pa r o l e d e J é s u s : « Demeurez dans mon amour. » Elle me fait part de son bonheur car son fils qu’elle ne voyait plus depuis plusieurs années l’avait recontactée. Elle m’avait parlé parfois de cette épreuve, de ses tentatives pour renouer la relation avec lui, puis de ce choix qu’elle avait fait d ’attendre son retour en lui gardant son affection. Dans ce supermarché où je la rencontre ce jour-là, elle s’empresse de faire ses achats pour la préparation du repas qui doit les réunir. Je suis heureuse avec elle et, à cette occasion, je confie à Jésus toute cette vie relationnelle pour chacun de nous, avec ses joies et ses difficultés. novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité | 19 Bien vieillir, ça s’apprend État des lieux Du déni de vieillir au bien vieillir Le vieillissement dépend autant des progrès de la médecine et du système d’organisation de la vie en société que de nos choix individuels. L e vieillissement de la population ainsi que l’augmentation de la longévité modifient en profondeur le paysage sociologique et les modèles qui le fondent. Porter un regard sur ce phénomène nécessite de considérer à la fois ce qui est vécu par les personnes et ce qui relève du corps social, les deux aspects se rejoignant quant aux répercussions psychologiques et sociales et sur les dispositions à prendre pour bien vieillir. Signes physiques et marqueurs psychologiques Alain FRANCO Professeur de Médecine Gériatrique à l’Université de Nice-Sophia Antipolis Le processus est progressif et va marquer toute la seconde moitié de la vie sans que l’on puisse définir d’âge chronologique précis. L’utilisation de l’âge d’une personne aboutissant à l’exclure est aujourd’hui considérée comme une mesure de ségrégation appelée âgisme. Il n’y a donc pas d’âge de début du vieillissement mais le processus est statistiquement bien avancé chez l’octogénaire ou le nonagénaire d’aujourd’hui. L’aspect physique traduit les signes du vieillissement dès la quarantaine. L’aspect physique traduit les signes du vieillissement dès la quarantaine avec, entre autres, le besoin de porter des lunettes pour lire, les cheveux blancs, la ménopause, mais aussi le tassement puis la réduction modérée de la taille, l’augmentation de la masse grasse ou encore une cyphose dorsale amenant la personne à relever la tête et générant en conséquence une lordose cervicale et des douleurs du cou. 24 | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 Vieillissement réussi… Une majorité croissante des personnes qui vieillissent vont bien. Certaines sont même robustes et considérées par les scientifiques en toute simplicité… comme ayant réussi leur vieillissement. Elles fonctionnent pleinement dans la vie, physiquement, psychiquement et socialement. C’est une bonne nouvelle qui accompagne aujourd’hui l’allongement de la vie. Elle a ses limites et ne doit pas mener au déni de vieillir ou à l’« anti-âge », terme qui ne veut rien dire, sauf pour le monde du business. Mais c’est surtout au niveau psychologique que l’on se sent vieux un jour, à l’occasion d’un événement personnel, d’un traumatisme psychique parfois anodin ou du regard des autres. Pour un homme, par exemple, une jeune femme qui se lève pour lui laisser sa place dans le bus, ce qu’il refusera immédiatement… Jusqu’à ce jour, les chercheurs considèrent que le vieillissement est un processus naturel, pour partie génétique – c’est-à-dire transmis par l’hérédité – et pour partie environnemental – c’està-dire lié aux événements physiques et psychiques et aux conditions de vie. On connaît plusieurs gênes susceptibles d’accélérer le vieillissement et certaines maladies chroniques comme le cancer, les maladies cardiovasculaires, le diabète ou la maladie d’Alzheimer, mais les gériatres veillent bien à distinguer – ce qui n’est pas toujours très facile – le vieillissement dit naturel, des maladies qui peuvent éventuellement l’accompagner. Dans l’ensemble, une majorité croissante des personnes qui vieillissent vont bien (voir encadré Vieillissement réussi…). Bien vieillir, ça s’apprend Constats et perspectives Savoir « perdre » pour mieux avancer en âge De nombreuses personnes âgées s’émerveillent encore et désirent vivre pleinement. Leur secret ? Peut-être savoir tourner la page pour penser à l’avenir. J Bernard Cramet Médecin gériatre e veux bien vieillir mais je ne veux pas être vieux. Un ami de 85 ans me disait récemment : « Aujourd’hui j’accepte de marcher avec une canne. Je veux bien vieillir, mais doucement, progressivement. Je ne supporterais pas de perdre brutalement mes capacités, de descendre plusieurs marches d’un seul coup. » Une dame de 93 ans : « C’est difficile de vieillir, mais on peut vieillir si on garde sa tête. Je m’intéressais à la politique. Je lisais beaucoup de livres, le journal. Maintenant je ne l’ouvre même plus, je n’en ai plus envie. On n’a plus grand-chose à démontrer. Je voudrais que la vie s’arrête là, simplement. » 80 % des personnes âgées vivent bien leur vieillesse, sans maladie grave ni dépendance et seulement 20 % ont une perte d’autonomie qui génère des difficultés dans leur vie quotidienne. De nombreux seniors débutent une nouvelle vie à la retraite ; ils partent en voyage, s’occupent d’eux ou des autres (50 % des plus de 60 ans s’investissent dans des associations). Jeunes ou âgées, les personnes peuvent trouver en elles les ressources pour surmonter les situations dramatiques. 28 | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 Lorsque je vois en consultation mémoire des personnes de 80 ans qui communiquent avec leurs enfants à l’étranger par Internet, je les rassure sur leurs capacités. Lorsque je rencontre des personnes de 90 ans qui ont créé un club de joueurs de cartes dans leur quartier, ou telle mamie de 80 ans trésorière d’une MJC (Maison des Jeunes et de la Culture) et donc en contact permanent avec des jeunes, je trouve cela rassurant. Dépasser les épreuves de la vie Une épreuve est une situation difficile à vivre, mais on parle aussi d’épreuve sportive ou d’épreuve pour un examen. L’épreuve sportive permet à l’athlète de se surpasser et un examen est la porte d’entrée à une autre situation plus satisfaisante et valorisante. À l’heure du bilan, évitons donc de ne voir que les échecs de notre vie passée avec des regrets. Il est plus important de continuer à vivre en ne gardant que les bons souvenirs et en regardant devant soi. Le secret des centenaires d’après Jeanne Calment décédée à 123 ans, c’est de savoir dépasser rapidement toute souffrance, échec ou perte pour toujours recommencer à vivre. Ne plus avoir de projet, d’idéal de vie, de motivation, c’est déjà être vieux. (Lire également l’encadré Vivre l’instant présent.) Bien sûr, certaines situations sont imposées et nous ne maîtrisons pas tous les changements. La « résilience » (renaître de sa souffrance) évoquée par le psychiatre français Boris Cyrulnik est cette capacité qui consiste à dépasser les obstacles. Jeunes ou âgées, les personnes peuvent trouver en elles les ressources pour surmonter les Bien vieillir, ça s’apprend Interview La qualité de l’accompagnement est essentielle Le rôle de l’entourage (conjoint, enfants, proches) des personnes âgées reste capital. NOUVELLE CITÉ : On présente souvent la vieillesse comme une période de grande souffrance physique et morale et d’isolement. Que pensez-vous de cette analyse ? Pascal Dreyer* Rédacteur en chef de Gérontologie et société Pascal Dreyer : La notion de « vieillesse » a beaucoup évolué depuis le fameux rapport Laroque de 1962 qui a effectivement été la base de toute la politique menée en faveur des personnes âgées, mais a donné d’eux une image négative et pessimiste. On les accusait de peser sur la vie des actifs, de coûter cher, de favoriser le conservatisme et la stagnation ! C’est pourquoi, aujourd’hui, si nous nous extasions encore en voyant à la télévision des « vieux » comme Stéphane Hessel, Théodore Monod ou Line Renaud, c’est que nous avons l’impression qu’ils sont des exceptions. Alors que c’est l’ensemble des Français qui vieillissent en bonne santé, restent actifs et vivent chez eux ! Bien évidemment, ce n’est plus la retraite qui inaugure le vieillissement. Ni l’apparition, à partir de 60 ans, de « petites misères », maladies qui cumuleront des effets invalidants beaucoup plus tard, en donnant aux personnes le sentiment de devenir vieilles. Médicalement, l’entrée dans le vieillissement se fait entre 75 et 80 ans pour les hommes, 80 à Une répartition des tâches entre les proches et les professionnels est nécessaire. 32 | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 85 ans pour les femmes. Et le maintien à domicile est devenu la règle, même pour des personnes dépendantes très âgées. Seulement 20 % des plus de 85 ans vivent en institution, où elles ne restent, en moyenne, que 18 à 36 mois. C’est dire si le rôle de l’entourage, conjoint, enfants, proches, reste capital. Ce rôle peut être rendu plus complexe à l’avenir en raison de la plus grande mobilité des descendants et des nouvelles formes d’organisation familiale (familles recomposées et surtout monoparentales). Cependant, même si c’est de façon différente, la famille restera le pivot de l’organisation de la vie de la personne âgée. Ne pas hésiter à se faire aider N. C. : N’est-il pas logique que les enfants assistent leurs parents dans leur grand âge, ceux-ci leur ayant apporté des soins dans leur enfance ? P. D. : Dans la réalité, on constate qu’il existe différentes logiques filiales ! De l’enfant qui n’imagine pas de se séparer d’un père ou d’une mère toujours chéri à celui qui estime déchoir en ne leur assurant pas les meilleurs services professionnels, en passant par celui qui s’était éloigné de parents peu valorisés mais veut rattraper le temps perdu ou rivaliser avec les autres membres de la fratrie, tout en ne disposant pas du même temps libre. Les divers choix possibles comportent des avantages et des inconvénients mais mon expérience me fait préconiser, dans l’intérêt de la personne âgée qui doit être le critère des décisions, une répartition des tâches entre les proches et les professionnels. L’accompagnement d’un parent (ou d’un conjoint) peut s’avérer plus ardu et prenant que prévu et l’on voit encore trop de placements en urgence de personnes dont le fils ou la fille (le © Shutterstock Nous ne sommes pas assez attentifs à la forte attente de relation des personnes âgées. plus souvent) craque après une longue période de dévouement sans faille. Sept années d’accompagnement semble une durée critique pour les aidants familiaux. Question de relations N. C. : Quelles sont les conditions pour que la personne âgée bénéficie d’une bonne organisation ? P. D. : Au-delà de tous les aspects matériels de la vie – auxquels on donne souvent une importance démesurée – c’est la qualité de la relation qui est prépondérante. Prenons la propreté, souci constant des professionnels comme des familles : j’ai rencontré une femme qui s’occupait de son père et était obsédée à l’idée des taches qu’il faisait sur ses vêtements en mangeant. Elle trouvait tous les prétextes pour le changer après le repas (sans qu’il soit dupe). Que faut-il privilégier ? La bataille quotidienne contre la sauce sur le gilet ou la qualité de la relation ? La bonne question à se poser dans ce genre de circonstance – et la qualité du deuil futur en dépendra – c’est : « Quel souvenir je veux garder de mon parent ? » Nous ne sommes pas assez attentifs à la forte attente de relations des personnes âgées, des relations qui passent par la parole mais aussi par le contact physique, tactile. C’est tout le problème des institutions. Le manque de personnel ne rend pas possible cet accompagnement car il faut du temps pour pénétrer dans l’intimité de quelqu’un et partager sa culture personnelle et familiale. Même les enfants les plus attentionnés peuvent méconnaître cela, tel ce fils qui, croyant bien faire, tandis que sa mère séjournait à l’hôpital, met son appartement « aux normes ». Or quand elle revient, elle ne se retrouve plus chez elle (dans tous les sens du mot), rejette les aménagements et la relation de confiance avec son fils est détruite. Tout changement, toute aide technique, de la simple barre d’appui au fauteuil roulant sophistiqué, doit être négocié, jamais imposé. Ne confondons pas les rôles ! N. C. : La place du fils ou de la fille auprès du parent âgé ne conduit-il pas à devenir… les parents de leur parent ? P. D. : Il faut résister à cette tentation, qui peut cacher des sentiments de revanche, une prise de pouvoir malsaine sur le père ou la mère. Non, on reste toujours l’enfant de ses parents. C’est la seule attitude juste qui permet aussi la transmission de l’héritage symbolique, la continuation de la lignée. Autrefois, c’est à la mort des parents qu’on devenait adulte, en recevant aussi des biens matériels qui aidaient à construire son foyer, mais cette disparition se produisait beaucoup plus tôt. L’allongement de la vie a fait bouger les lignes et on est souvent soi-même âgé quand on perd ses ascendants. Les pouvoirs publics favorisent maintenant les donations entre les parents et les petits-enfants. Mais cette solidarité nouvelle entre générations ne doit pas empêcher chacune de tenir son rôle. ■ Propos recueillis par France de Lagarde * Pascal Dreyer est également consultant dans le domaine du handicap, du vieillissement et de la dépendance, et coordinateur du réseau de recherche de Leroy Merlin, Leroy Merlin Source. Il a dirigé avec Bernard Ennuyer l’ouvrage collectif Quand nos parents vieillissent, paru aux Éditions Autrement. novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité | 33 Bien vieillir, ça s’apprend Reportage Le Hameau des Accates : « Pour ça, oui ! Ici, on est heureux ! » Oui, il est possible d’être heureux en maison de retraite. Reportage « sur le terrain » sur les hauteurs de Marseille. P arler de maison de retraite provoque chez beaucoup un effet de répulsion. L’image de mouroir, de lieu de « non-existence » vivante plus quelques reportages sur les maltraitances des personnes âgées hantent notre imaginaire collectif et taraudent nos consciences personnelles. Jamais je ne placerai mes parents en maison de retraite ! Sauf que… Sauf qu’on n’a pas toujours le choix et que la majorité de ces maisons de retraite sont bien encadrées et le personnel sérieux. Mais parfois manque-t-il ce petit plus qui au-delà d’une gestion compétente, transforme un lieu de vie en un lieu de bonheur. Ce petit plus, nous l’avons découvert sur les hauteurs de Marseille. Dans le respect des liens affectifs Les élections au Conseil de la vie sociale permettent aux résidents d’être partie prenante de la vie de la maison. 34 Madame D. s’était jurée de ne jamais placer sa mère en maison de retraite, sauf que celle-ci, atteinte par la maladie d’Alzheimer, est tombée chez elle, s’est retrouvée à l’hôpital puis en maison de repos. On a fourni à Madame D. une liste d’adresses de maisons de retraite. Quelques | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 Donner la première place à la relation avec la personne et entre les personnes. visites lui sont insupportables : l’impression d’« enfermer » sa mère pour sa sécurité ne la laisse pas en paix. « Par le plus grand des hasards, explique-t-elle, en passant dans le quartier, j’ai vu des bâtiments neufs avec le panneau maison de retraite ; sans grande illusion, j’y suis entrée pour demander des renseignements. Dès l’entrée, je reste stupéfaite, ça ne ressemble pas à une maison de retraite. Il se dégage une harmonie de l’aménagement et du personnel. Le soir, je téléphone à ma sœur : j’ai dû mal voir, c’est trop beau ! On décide d’aller vérifier ensemble. Et je ne regrette pas notre décision. Nous y venons avec les petits enfants, pour eux aussi c’est la joie de circuler librement et de dire bonjour à chacun. » Madame D. vient souvent voir sa mère. Aussi s’impliquet-elle fortement dans l’accueil des familles qui placent un de leurs parents dans la maison. « Ici, on respecte les liens affectifs. Quand on a une personne âgée à charge, on perd la vie sociale qu’on avait avant. Ici, en se retrouvant, on rompt cette sorte de solitude qui nous atteint, on peut parler entre familles. » Lætitia est aide-soignante, elle travaille au Hameau des Accates depuis 2009 : « Si je suis ici, c’est un peu par hasard, je cherchais un petit appartement dans le coin. En voyant ces bâtiments neufs de loin, je me suis approchée et j’ai découvert la réalité. Une précédente expérience de travail en maison de retraite m’avait fait douter de mon Ils ont dit… « Le vrai mal de la vieillesse n’est pas l’affaiblissement du corps, c’est l’indifférence de l’âme. « Il n’y a pas que le tabac qui soit nocif. La vieillesse aussi, c’est dangereux. Je connais des gens qui en sont morts. » « On peut tromper la vie longtemps, mais elle finit toujours par faire de nous ce pour quoi nous sommes faits. Tout vieillard est un aveu, allez, et si tant de vieillesses sont vides, c’est que tant d’hommes l’étaient et le cachaient. André Maurois « Je ne connais qu’une distraction dans la vieillesse : être utile. C’est sortir de soi. » » Raymond Devos » Jacques Chardonne André Malraux > Un état d’esprit La vieillesse est une langue étrangère qu’il faut apprendre à un âge où le cerveau n’est plus guère disposé à acquérir de nouvelles connaissances. » « Ne pas honorer la vieillesse, c’est démolir la maison où l’on doit coucher le soir. » Alphonse Karr D’autres citations et bons mots sur la vieillesse. www.nouvellecite.fr « Le signe de la bonté chez les jeunes, c’est d’aimer la vieillesse ; et chez les vieux, c’est d’aimer la jeunesse. » Jacques Laurent Joseph Rudel-Tessier Alice Parizeau Eleanor Roosevelt « » » Chaque vécu a quelque chose à vous apprendre. Dès que vous cessez d’apprendre, vous cessez de vivre, du moins au sens plein du terme. Après tout, le but de la vie est de vivre, de savourer son vécu jusqu’à la dernière gorgée, de désirer avec avidité et sans la moindre frayeur un vécu toujours nouveau, toujours plus riche. Myron J. Taylor La vieillesse n’est qu’une certaine idée que les autres se font de vous. La vieillesse n’est pas une question d’âge, mais bien plus une certaine façon de regarder les autres. > Vieillir, c’est vivre L’âge, comme la jeunesse, n’est pas un laps de temps, mais un état d’esprit. Il n’est pas de notre devoir d’ajouter des années à notre vie, mais d’ajouter de la vie à nos années. Le temps peut rider le visage, mais c’est le souci, le doute, la haine et la perte d’idéal qui rident l’âme. Les inquiétudes, et non les années, courbent le dos… À soixante-dix-sept ans, comme à sept, c’est l’émerveillement devant la vie qui nous maintient jeunes. « « « Si, étant jeunes, nous avions un peu plus de ressemblance avec la vieillesse, nous aurions, étant vieux, beaucoup plus de ressemblance avec la jeunesse. » « Eugène Géruzez « Gardez-vous un amour pour vos jours de vieillesse. Allumez de bonne heure un feu pour votre hiver. » Victor Hugo Félix Guillaume » La vieillesse est une voyageuse de nuit : la terre lui est cachée ; elle ne découvre plus que le ciel. François René de Chateaubriand novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité | 37 Plaidoyer d’une jeune Comment peut-on penser qu’une personne âgée n’a plus rien à nous apporter ? © Shutterstock Alma ADILON-LONARDONI, 17 ans, a remporté le 15e Concours national de plaidoiries des lycéens pour les Droits de l’Homme organisé par le Mémorial de Caen en janvier dernier. Interview d’une jeune indignée face aux conditions de vie parfois inhumaines des personnes âgées dans certaines maisons de retraite. NOUVELLE CITÉ : Qu’est-ce qui vous a le plus choquée dans les comportements vis-à-vis des vieux en maisons de retraite ? beauté. Personnellement, je vois la vieillesse comme un âge heureux. Un âge où l’on acquiert une certaine sérénité. Alma ADILON-LONARDONI : C’est d’abord le manque de considération et d’attention. J’ouvre ma plaidoirie avec ce tableau affligeant : trois vieilles femmes recroquevillées sur leur fauteuil, et une chaise roulante. Vide. À un détail près. Deux prothèses de jambes gisaient à ses pieds, revêtues de bas de laine. Cette chaise appartenait à une résidente morte il y a deux jours. Et cette remarque de l’aidesoignante : « Ils ne se rendent pas compte vous savez, ils sont vieux, ça ne les dérange pas… » Je trouvais choquant que ces vieilles femmes soient considérées comme suffisamment amoindries pour ne pas avoir conscience de leur condition. Ce que je trouve encore plus ahurissant, c’est que certains employés semblent avoir assimilé ces attitudes envers leurs résidents comme étant « normales ». Si cela ne les choque pas, ça laisse la porte ouverte à plein d’autres dérives. C’est effrayant. N.C. : Que peut-on faire pour améliorer cette situation ? N.C. : Que dénoncez-vous ? A. A-L. : Je ne vise pas uniquement telle ou telle personne en particulier qui n’a pas à porter tout le poids du regard faussé que nous portons sur les personnes âgées. Je remets en cause le mépris de la société pour la vieillesse, regardée aujourd’hui comme une échéance cruelle et insurmontable, comme une épreuve douloureuse, et non plus comme une étape naturelle de la vie d’un homme. Je ne comprends pas la hiérarchisation que l’on fait entre les âges. Chaque âge a sa particularité et sa A. A-L. : Nous pouvons commencer par changer le regard que nous portons sur les personnes du grand âge. Nous pouvons visiter plus souvent nos grandsparents, les appeler ou leur écrire une lettre s’ils habitent loin. Et puis il y a une chose à laquelle je pense sérieusement : c’est de faire du bénévolat en maison de retraite. Nous savons qu’une simple visite peut changer du tout au tout la journée d’une personne âgée. Souvent, on se rend compte trop tard à quel point nos aînés sont précieux. N.C. : De quoi les personnes âgées peuvent-elles nous enrichir ? A. A-L. : De l’expérience que nous n’avons pas encore. Nous avons beaucoup à gagner à les considérer. Elles savent par où nous – les jeunes – sommes passés. Les écouter peut nous aider à avancer dans nos vies. Elles nous apportent leurs valeurs et un regard extérieur sur nos habitudes. Sans compter tout l’aspect historique et sociétal. Comment peut-on penser qu’une personne âgée n’a plus rien à nous apporter ? ■ Propos recueillis par Émilie Tévané > Sur notre site www.nouvellecite.fr : L’interview dans son intégralité ainsi que des propositions de lectures et le lien avec la plaidoirie d’Alma Adilon-Lonardoni intitulée Il fait si bon vieillir par écrit et en vidéo sur le site Dailymotion. novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité | 39 © Shutterstock > Catherine Je suis vieille… et je me sens jeune La vieillesse ? Elle semblait un peu lointaine. Les années passaient, tout allait à peu près bien et ma vie semblait s’être installée pour durer. Le temps ne se serait-il pas arrêté pour moi ? Jusqu’au jour où les objets commencent à avoir une fâcheuse tendance à vous glisser des mains quatre à cinq fois par jour et vous obligent à vous baisser un nombre incalculable de fois pour aller les repêcher ! Jusqu’au jour où, sans savoir pourquoi, on se sent de plus en plus souvent fatiguée. On monte les marches un peu plus lentement en se demandant pourquoi on souffle. On s’énerve parce que l’on n’arrive plus à sortir de la voiture aussi lestement. On pense à aller s’allonger un moment, histoire de récupérer un peu mais on ne le fait pas parce qu’on ne l’a jamais fait et que l’on ne veut pas commencer à s’écouter. Bref, sans crier gare, vous sentez que quelque chose se passe dans votre corps et que, si jusqu’à présent vous le teniez en laisse, vous allez devoir tenir compte de lui. Pour moi c’est cela : se rendre compte tout d’un coup que les jours, les mois, les années sont comptés et que demain tout peut basculer. Et pourtant, alors qu’objets volants ou fatigues vous stoppent dans votre élan, vous n’avez jamais été aussi passionnée par la vie. Votre cœur est toujours aussi enthousiaste. Vous sentez en vous une force qui bouillonne et vous fait oublier ce fameux 8 (le premier des deux chiffres de mon âge…) qui vous impressionne quand même… ! Paradoxe d’un corps qui peu à peu se délite et d’une énergie qui continue à vous habiter et à vous tirer hors de votre faiblesse et qu’il vous faut accueillir, instant après instant, comme un cadeau. Accueillir chaque situation, instant après instant, comme un cadeau. Je suis vieille et me sens encore jeune ! Curieuse dichotomie ! Mais peut-être nous met-elle sur le chemin d’une autre vie où toute cette force de vie qui aura été la nôtre demeurera pour l’éternité avant que ce corps de chair qui s’abîme peu à peu ne redevienne le corps de gloire promis ! ■ novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité | 41 Bien vieillir, ça s’apprend Aux sources Le grand âge et la Bible Il suffit d’ouvrir la Bible pour mieux comprendre le sens et la valeur de la vieillesse. Seule la Parole de Dieu peut nous rendre capables de sonder la plénitude spirituelle, morale et théologique de cette saison de la vie. 1 A Bénédicte-Marie DRAILLARD Productrice de l’émission Saga de la Bible sur RCF (Radios Chrétiennes Francophones www.rcf.fr) lors ouvrons ensemble la Bible. Dès les premiers livres le grand âge est signe de bénédiction. Les patriarches d’avant le déluge détiennent tous les records de longévité : Mathusalem vécut jusqu’à 969 ans (Gn 5,1-32). Après le déluge Sarah mourut à 127 ans, Abraham à 175 ans (Gn 25,7), Isaac à 180 ans (Gn 35,28), Jacob à 147 ans (Gn 47, 28), Joseph à 110 ans (Gn 50,26) et Moïse à 120 ans. Inutile de vous dire que ces âges sont symboliques car selon les Écritures celui qui craint le Seigneur aura longue vie : Écoute, mon fils, accueille mes paroles, les années de ta vie se multiplieront (Pr 4,10). Tu honoreras la personne du vieillard (Lv 19,32) La Bible porte toujours en grande estime les personnes âgées. N’est-ce pas l’un des fameux dix commandements : Honore ton père et ta mère Ne m’abandonne pas ! Malgré ma vieillesse et mes cheveux blancs, ne m’abandonne pas, Dieu : que je puisse proclamer les œuvres de ton bras à cette génération, ta vaillance à tous ceux qui viendront. Si haute est ta justice, Dieu ! Toi qui as fait de grandes choses, Dieu, qui est comme toi ? Toi qui nous as tant fait voir de détresses et de malheurs, tu vas à nouveau nous laisser vivre. Tu vas à nouveau m’élever hors des abîmes de la terre. Tu rehausseras ma dignité, et à nouveau tu me réconforteras. Alors, je m’accompagnerai de la harpe pour te célébrer, mon Dieu, et ta fidélité ; sur la cithare, je jouerai pour toi, Saint d’Israël ! Psaume 71 44 | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 Ne réprimande pas rudement le vieillard, mais exhorte-le comme un père. comme le Seigneur ton Dieu te l’a ordonné, afin que tes jours se prolongent et que tu sois heureux sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu (Dt 5,16 ; Ex 20,12 repris dans Ep 6,13). Elle l’érige même en loi dans le Lévitique 2 : Lève-toi devant des cheveux blancs et sois plein de respect pour un vieillard. C’est ainsi que tu auras la crainte de ton Dieu (Lv 19,32). Le livre de la sagesse de Ben Sirac 3 affirme avec force et délicatesse : C’est la gloire d’un homme que l’honneur de son père et c’est une honte pour les enfants qu’une mère méprisée. Mon fils, viens en aide à ton père dans sa vieillesse, ne lui fait pas de peine pendant sa vie. Même si son esprit faiblit, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine forme. Car une charité faite à un père ne sera pas oubliée, et, pour tes péchés, elle te vaudra réparation (Si 3,11-15). Ces conseils de bienveillance envers les anciens sont repris dans le Nouveau Testament par les proches compagnons de Paul, Timothée et Tite : Ne réprimande pas rudement le vieillard, mais exhortele comme un père […] exhorte les femmes âgées comme des mères (Tm 5,1). Dis que les vieillards doivent être sobres, honnêtes, modérés, sains dans la foi, dans la charité, dans la patience (Tite 2,2). Quel programme ! Saint Paul n’a-t-il pas écrit : Ce qu’il y a de faible dans le monde voilà, ce que Dieu a choisi pour confondre ce qui est fort (1Co 1, 27-29) ? En effet, le dessein de Dieu se réalise dans la fragilité des corps qui ne sont plus jeunes et même faibles et stériles. Non, il n’y a pas d’âge pour collaborer à la volonté de Dieu, pour entrer dans son alliance. Dieu rend fécond même l’âge le plus avancé comme Zacharie et Bien vieillir, ça s’apprend Paroles d’Église Les charismes de la vieillesse La qualité de notre vieillesse dépend surtout de notre capacité à saisir son sens et sa valeur, aussi bien sur le plan purement humain que sur celui de la foi. L’ 46 | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 © Shutterstock La personne âgée saisit bien la supériorité de l’« être » sur le « faire » et sur l’« avoir ». image la plus répandue aujourd’hui est celle du troisième âge comme phase de déclin où l’insuffisance humaine et sociale est donnée pour acquise. Il s’agit pourtant d’un stéréotype qui ne correspond pas à une condition des faits qui, dans la réalité, est beaucoup plus diversifiée car les personnes âgées ne constituent pas un groupe humain homogène et la vieillesse est vécue de façons fort différentes. Il existe une catégorie de personnes capables de saisir la signification de la vieillesse dans l’existence humaine et qui la vit non seulement avec sérénité et dignité, mais aussi comme une saison de vie offrant de nouvelles occasions de croissance et d’engagement. Et puis il y a une autre catégorie – précisément la plus nombreuse de nos jours – pour laquelle la vieillesse constitue un traumatisme. Il s’agit de personnes qui, face à leur propre vieillissement, adoptent des comportements allant de la résignation passive à la rébellion et au refus Chaque personne prépare la façon de vivre sa vieillesse au cours de l’ensemble de sa vie. désespérés. En se repliant sur elles-mêmes et en se plaçant en marge de la vie, ces personnes enclenchent un processus de dégradation physique et mentale. Un dessein précis de Dieu Nous pouvons donc affirmer que les visages des troisième et quatrième âges sont aussi nombreux qu’il existe de personnes âgées et que chaque personne prépare la façon de vivre sa vieillesse au cours de l’ensemble de sa vie. En ce sens, la vieillesse croît avec nous et la qualité de notre vieillesse dépendra surtout de notre capacité à saisir son sens et sa valeur, aussi bien sur le plan purement humain que sur celui de la foi. Il faut donc situer la vieillesse dans un dessein précis de Dieu qui est amour, en la vivant comme une étape sur le chemin par lequel le Christ nous conduit à la maison du Père (cf. Jn 14,2). De fait, ce n’est qu’à la lumière de la foi, forts de l’espérance qui ne déçoit jamais (cf. Rm 5,5), que nous serons capables de la vivre comme un don et comme un devoir, d’une manière véritablement chrétienne. […] La responsabilité envers les personnes âgées consiste à les aider à saisir le sens de leur âge, en en appréciant les ressources et en rejetant la tentation Reportage Un monde plus fraternel Taktsang, haut lieu de pèlerinage du bouddhisme tibétain. Bhoutan, le pays du bonheur mesuré Profondément enraciné dans ses traditions, le Bhoutan pratique une politique d’ouverture mesurée. Ce magnifique pays himalayen, qui a inventé le concept de bonheur national brut, veut sauvegarder son identité et sa religion. Un reportage (texte et photos) d’Alain Dupraz Les touristes découvrent peu à peu ce pays qui semble tombé d’une autre planète. Unifié au XVIIe siècle par un moine tibétain, ce territoire de hautes montagnes et de vallées suspendues est un peu plus grand que la Suisse. En 1907, l’avènement d’une monarchie héréditaire a posé le Bhoutan sur des rails heureux. Jigme Singye, le 4e roi, accède au trône en 1972. Il n’a que 17 ans, mais déjà la sagesse d’un ancien. Soucieux du bienêtre de son peuple, il met sur pied un réseau d’écoles, de 50 | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 dispensaires et d’hôpitaux entièrement gratuits. Il crée même un indice original de Bonheur National Brut (BNB) qui est un véritable défi aux mécanismes économiques occidentaux. Chaque année, un questionnaire est envoyé à la population. Des dizaines de questions sont posées. Elles recouvrent quatre domaines : préservation de la culture, sauvegarde de l’environnement et bonne utilisation des ressources, bonne gouvernance et développement économique. L’enquête s’adresse à tous les Bhoutanais, surtout les plus pauvres, Fillettes de Paro. Mandala mural dans le dzong de Thimphu. Parade à Paro. Masque démoniaque destiné à éloigner les mauvais esprits. novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité | 51 Questions de générations Un monde plus fraternel Ces adultes qui retournent vivre chez leurs parents EN FORTE CROISSANCE aux États-Unis suite à la récession, ils arrivent au galop en Europe. Plus qu’une histoire d’avoir du mal à quitter le nid douillet parental, le phénomène des adultes qui retournent vivre chez leurs parents remet en question notre modèle social. « Les nouvelles générations d'actifs sont les premières à connaître un sort moins favorable que celui de leurs propres parents », démontre L ouis Chauvel, professeur de sociologie à l’Université du Luxembourg, Cette constante solidarité privée cache un mal plus profond, celui du déficit de solidarité collective. dans son ouvrage Les classes moyennes à la dérive 1. La France a du mal à faire le deuil de ses trente glorieuses (1945-1975), porteuses de grandes avancées 56 | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 sociales pour la majorité de la classe moyenne. Aujourd’hui, elle s’embourbe dans les « trente piteuses » avec un net ralentissement de l’économie. Dans ce contexte, le soutien matériel des parents envers leurs enfants adultes s’avère parfois indispensable pour leur survie dans la société. Mais, selon Louis Chauvel, en agissant comme un puissant analgésique, cette constante solidarité privée cache un mal plus profond, celui du déficit de solidarité collective et de responsabilité citoyenne. « L’Hôtel Mamma » : Entre confort et survie Génération boomerang, Peter Pan, Kangourou, Tanguy 2 . Il existe bien une demi-douzaine d’expressions sympathiques non dénuées de mépris derrière le phénomène de cette génération qui a quitté ses parents mais qui est revenue au domicile familial à la fin des études ou suite à un échec (licenciement, divorce, perte de logement) 3. On retiendra le concept développé par la sociologue américaine Katherine Newman : celui de la « famille accordéon » qui se gonfle et se dégonfle en fonction des crises économiques. « Il ne s’agit pas uniquement de la recherche d’un confort au m² mais du service qui l’accompagne », précise le sociologue Louis Chauvel. Bien que « l'Hôtel Mamma » – comme disent les Italiens – soit pr isé par cer tains, de nombreux jeunes se voient obligés de retourner au bercail pour des raisons économiques. Avec le coût du travail élevé et la dévaluation des diplômes, il est plus difficile aujourd’hui de s’insérer sur le marché de l’emploi. Difficile aussi de se loger avec l’augmentation des prix de l’immobilier et la diminution des constructions notamment dans les zones urbaines où justement se concentre le travail. « Depuis 1984, les jeunes doivent travailler deux fois plus longtemps pour acheter ou louer la même surface que leurs parents jadis dans le même quartier », explique Louis Chauvel. Les frustrations et les angoisses de la nouvelle génération ont trouvé un terreau fertile où se développer. D’autant plus qu’il lui paraît insoutenable de vivre sans le confort imposé par la société de consommation à un prix cher. Un prix au-dessus de ses © Jan moyens. La tentation est grande alors de retourner vivre chez ses parents. Parole aux jeunes et à leurs parents Julie a 28 ans. Elle a fini ses études, un Master 2 en chimie, en 2008 et vit chez ses parents depuis octobre 2011. Pendant deux ans, elle a tenté de s’installer sur le marché du travail sans grand succès. Alors, elle s’est lancée dans une année de bénévolat aux Philippines. À son retour, sans emploi, elle n’avait pas d’autre choix que de revenir à la « case départ ». Actuellement, elle donne des cours de maths en tant que remplaçante. Pas de quoi s’emballer car le poste n’est pas assez stable sur le plan financier et le long terme (CDD de 18 heures par semaine). Impossible donc de prendre un appartement et de faire des projets. « Je n’ai pas les moyens d’avoir mon chez-moi », constate Julie. Vivre chez ses parents ne lui est pourtant pas si déplaisant. « J’ai mon autonomie, mes parents ne me mènent pas la vie trop dure. Je n’ai pas à gérer les soucis du quotidien comme les courses. Et cette situation me permet d’économiser pour financer mes futurs pro- Pas d'autre choix que de revenir à la « case départ ». jets notamment celui d’aller au Canada pour décrocher plus facilement un emploi. » L’inconfort se situe plus au niveau psychologique et affectif. En effet, c’est compliqué de construire sa vie amoureuse en toute liberté chez ses parents. C’est pénible aussi « d’être parfois traitée comme une adolescente ». Des malaises qui lui donnent sûrement « envie de se bouger et d’avoir quelque chose de stable ». Les conditions nécessaires ? La sécurité de l’emploi. Dans sa tête, cela implique aussi « un salaire suffisant pour avoir un certain confort de vie ». Pour Anne-Claire, ce n’était pas qu’une question de confort de vie mais de survie. Son père Bertrand, 61 ans, revient sur les deux épisodes où sa fille aînée a de nouveau habité avec lui. « La première fois, elle m’a demandé à revenir habiter à la maison faute de revenus suffisants. Malgré un emploi dans l’Ain, elle ne pouvait pas subvenir à ses besoins 4. » Au bout de six mois, elle est partie en vacances au Maroc en me lançant sur le ton de la plaisanterie : “Si je trouve du travail là-bas, j’y reste !” Bien lui en a pris. Elle a trouvé un emploi qu’elle a gardé pendant cinq ans. À la fin de cette période, elle est rentrée en France avec un autre contrat de travail à durée déterminée qu’elle démarrait deux jours après son arrivée. Il me semblait normal de l’accueillir dans ce contexte, partage son père. Sans moi, je ne sais pas comment elle aurait fait pour se loger dans une ville comme Lyon. D’ailleurs, j’aurais sans doute été novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité | 57 Du bon temps en famille Un monde plus fraternel L’astuce é co Vivre un Noël loin de la frénésie consommatrice, c’est possible ! Hélène nous partage une idée de cadeaux en famille qui marche et qui plaît. « Tous les deux ans, nous nous retrouvons avec toute ma famille pour fêter Noël ensemble. Cela fait du monde ! Alors, nous avons relancé l’idée de nous faire des cadeaux entre 5 et 7 euros. Attention, pas un cadeau trouvé à La Foir’Fouille mais quelque chose de beau. C’est l’occasion de donner un objet personnel que nous aimons, de se passer les jouets entre cousins, d’aller chiner, de fabriquer des objets dans un esprit de récupération et de recyclage. Cela demande de réfléchir en amont à ce qui peut faire plaisir à l’autre. Noël se prépare toute l’année ! » À l’arrivée, l’effet surprise est garanti. lo n s papas e D’après d > Une pensée illustrée Le c oi le livre de Gary Chapman Les langages de l’amour, nous avons une aide précieuse pour communiquer et manifester notre amour à notre conjoint. En effet, nous apprenons que nous pouvons « entendre » de manières différentes et ainsi se sentir plus aimés. Eh oui, nous sommes sensibles soit aux moments de qualité, soit aux paroles valorisantes, soit aux cadeaux, soit aux services rendus, soit au toucher physique. Il faut comprendre quels actes nous parlent le plus et le partager à notre partenaire. C’est un moyen de remplir notre réservoir d’amour plus facilement. Nous pouvons également utiliser ces langages avec nos enfants qui ont souvent une façon étonnante de nous communiquer leurs besoins. 60 | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 Une idée de cadeau pour Noël Les livres pour enfants d’Aline de Pétigny qui racontent des histoires profondes et posent des questions essentielles sur la vie : Peut-on acheter le bonheur ? Qu’y a-t-il au-delà du réel ? Est-ce que l’amour de ceux que l’on aime est durable, fiable, éternel ? Qu’est-ce que la mort ? Édités par la maison Pour penser à l’endroit dans une démarche éco-responsable et engagée, ces petits livres peuvent se commander directement sur le site www.pourpenser. fr. Familles, enseignants, thérapeutes, cette maison a besoin de vous pour continuer à exister et à grandir ! > Le conseil de Sophie Mon enfant refuse d’obéir ! Lorsqu’un enfant refuse d’obéir, on se demande si on manque d’autorité ou si l’on ne sait comment s’y prendre. Que faire ? C’est le plus souvent dans les petites situations récurrentes du quotidien que le problème se pose et à la longue, c’est épuisant. Peut-être n’avons-nous pas suffisamment à l’esprit que l’enfant a une notion du temps qui n’est pas la nôtre ? En effet lorsqu’il joue il est dans un temps présent, un temps d’émotion et d’imagination bien loin de la réalité concrète du temps qui passe et de l’heure du bain qui arrive. Plongé dans son jeu, il ne comprend pas que ses parents eux anticipent sur la suite des événements de la soirée : dîner, histoire, nuit, afin que le lendemain matin il ait son quota de sommeil pour bien vivre la nouvelle journée qui commence. ar ! z e t Imaginons Thomas en train de faire un jeu absolument passionnant avec trois cubes et deux voitures. Pour lui, aller prendre le bain cela veut dire d’abord quitter son jeu. C’est là qu’il entre en résistance. Alors, comment l’aider ? Tout d’abord en lui parlant de ce qu’il est en train de faire, en mettant des mots sur les émotions qu’il vit. Ainsi, Thomas se sent entendu. Il est davantage disponible pour écouter. Ensuite en le ramenant au temps présent, à la réalité quotidienne en le questionnant : « Thomas, c’est le soir. Et que se passe-t-il à la fin de la journée ? » afin qu’il se rappelle qu’il y a le bain, le dîner, etc. Enfin en le prévenant en mettant par exemple un minuteur à sonner : « Quand il sonnera ce sera l’heure du bain. Je te fais confiance, je t’attends. » Quand D o b ble Sophie PONCET Psychologue du développement [email protected] JEU Moins violent et plus simple que Jungle Speed, Dobble est une suite de mini-jeux de rapidité, d’observation et de réflexes où tous les joueurs jouent en même temps. Le principe du jeu : repérer le plus vite possible le symbole identique entre deux cartes, le nommer à haute voix, puis prendre la carte, la défausser ou la refiler à un adversaire selon les règles de la variante à laquelle vous jouez. 1, 2, 3, P la sonnerie retentit, lui demander de redire ce que cela signifie afin d’être sûr qu’il a bien écouté. Et attendre en effet ! Au début quelques rappels seront nécessaires du style : « Pourquoi le minuteur a-t-il sonné ? » Mais petit à petit, l’enfant se sentant entendu et compris dans ses occupations d’enfant, il acceptera plus facilement de les quitter pour obéir et répondre aux sollicitations anticipatives de ses parents et ce, pour le bon déroulement des opérations et une plus gr ande har monie au sein de la famille. ■ Jeu À partir de 6 ans, 2 à 8 joueurs, Asmodée éditions. Message aux familles > Pour toute nouvelle idée ou suggestion d'amélioration, vous pouvez envoyer un mail à l'intention d'Émilie Tévané à [email protected] Pages coordonnées par Émilie Tévané novembre-décembre 2012 | n° 558 | Nouvelle Cité | 61 Point de vue Un monde plus fraternel éducation « Je voudrais passer du temps seule avec chacun de mes enfants mais j’ai un emploi du temps très chargé et je sens que cela leur manque. Comment faire pour que le peu de temps disponible soit bénéfique ? » Viviane Nous vivons des vies souvent très chargées et ce n’est pas facile de réserver des plages horaires pour passer du temps seul à seul avec chacun de ses enfants (ou petits-enfants, nièce/neveu, filleul/e) et encore moins facile quand ils sont plusieurs. Cependant, le manque se fait vite ressentir même s’il n’est pas toujours conscient : en effet c’est quand nos enfants sont le plus « détestables » qu’ils ont le plus besoin d’amour. Quand nous avons l’impression que nous ne les supportons plus, c’est le signal rouge qu’il est temps de recharger les réserves d’amour en nous reconnectant avec nos enfants quel que soit leur âge. Pour se reconnecter avec ses enfants : passer du temps « avec » et non pas « à côté » d’eux. Il n’est pas cependant nécessaire pour autant de passer plusieurs heures avec un enfant. Ce qui compte, c’est que l’enfant se sente aimé, écouté et important à vos yeux. Pour cela on peut profiter de petits moments glanés au cours d’une journée pour passer du temps « avec » et non pas « à côté » d’eux. Voici quelques idées testées et approuvées pour se reconnecter avec ses enfants : • le câlin du matin : au moment du réveil, rien de tel pour commencer sa journée avec la certitude d’être aimé ! • quelques minutes de bonne rigolade franche ou même de fou rire : ça fait du bien à tous, de plus un parent qui ne se prend pas trop au sérieux est plus accessible ; • profiter des trajets en voiture pour discuter et surtout pour l’écouter, s’intéresser à lui ; • en voiture également : écouter en alternance une chanson à la mode et une chanson « de notre époque » pour que chacun partage ses goûts sans 62 | Nouvelle Cité | n° 558 | novembre-décembre 2012 jugement : « J’aime bien, je n’aime pas trop »; • le câlin à tout moment sans modération, surtout quand ils sont particulièrement grognons sans raison apparente : « Et si on faisait un bon câlin, est-ce que ça irait mieux ? » À tester à tous les âges, il y a de fortes chances que l’on reparte du bon pied ! • quand les devoirs sont finis, s’attarder pour faire avec l’enfant quelque chose de son choix ; • leur raconter leurs mots d’enfants drôles de quand ils étaient plus petits ; • partage autour d’une lecture : pour les petits après l’histoire du soir, ce qu’ils ont aimé le plus dans l’histoire ; pour les plus grands, lire le même livre qu’eux en ce moment pour échanger après avec eux : « Es-tu d’accord avec… ? » « Et toi qu’est-ce que tu aurais fait si… ? » • proposer de participer à la préparation du repas, non pas comme une corvée mais comme une occasion de passer un moment ensemble ; • au moment du coucher, s’attarder un peu en posant la question : « Quel était ton moment préféré de la journée ? » En nous reconnectant avec nos enfants nous leur donnons les messages essentiels pour leur bien-être : « Tu es important pour moi », « Tu es aimé » et toute la famille y gagne en positivité ! ■ Ludmilla Awege Ludmilla Awege Formatrice et conférencière, consultante en éducation www.parents-positifs.net Domaine d’Arny 91680 Bruyères-le-Châtel Tél. : 01 69 17 10 06 – Fax : 01 69 17 13 04 E-Mail : [email protected] Site internet : www.nouvellecite.fr •Direction de la publication : Dominique Bonnet • Direction générale : Dominique Bonnet • Direction littéraire : Henri-Louis Roche • Rédaction : Alain Boudre (rédacteur en chef) • Promotion : Muriel Fleury •Conseil de rédaction : Marie-Odile Batt, Anne Bazalgette, Jean-Louis Bécot, Marie-Hélène et Dominique Bonnet, Alain Boudre, Jean-Marie Delhaise, Jean-Marie Dessaivre, Dominique Drouard, Nadine Fily, Muriel Fleury, Chantal Joly, Émilie Maps, Jean-Michel Merlin, Catherine de Planard, Henri-Louis Roche. • Maquette : Thomas Vivant • Corrections : Florence Feliste • Correspondances : François Vayne (Lourdes), Jean-Marie Delhaise (Belgique), Brigitte Dupraz (Suisse) • Traductions : Sylvie Garoche, Jean-Claude Gérardin, Jean Maure, Jean-Paul Teyssier, Claire Perfumo • Comptabilité : Béatrice Pitrel, Érick Mozin > Édition Vous aimez lire Nouvelle Cité ? Vous pensez que cette revue mérite d’être mieux connue ? Vous pouvez y contribuer en proposant à des paroisses de présenter et vendre la revue à la fin des messes, ou de rejoindre des équipes qui organisent des ventes près de chez vous. Une opération particulière sera organisée en janvier-février 2013 tandis que le dossier de la revue portera sur un sujet attendu par beaucoup : « Traverser les crises, les raisons d’espérer ». Pour ce faire, nous mettons à votre disposition : > un argumentaire pour présenter la revue au curé, > des exemplaires gratuits de la revue, > une annonce rédigée qui peut être lue à la fin des messes ou mise dans le bulletin paroissial, > et toute autre information ou soutien nécessaire. • Abonnements : Érick Mozin • Expédition : Laurent Sangrado •Bimestriel édité par les Éditions Nouvelle Cité : SARL au capital de 119 000 € •Principaux associés : Associations Focolari, PAMOM, APOHM… •Imprimé en France par : Imprimerie de Montligeon, 61400 Saint-Hilaire-le-Châtel •Commission paritaire des publications et agences de presse n° 0615 K 79736 •Bimestriel ISSN 0290-9499 N’hésitez pas à prendre contact avec Muriel au 01 75 59 26 04 [email protected] •Dépôt légal : 4e trimestre 2012 Date de remise de ce numéro à la poste : voir la date sur l’emballage d’expédition. Et bien sûr, un abonnement à la revue reste un formidable cadeau de Noël à ceux que vous aimez ! Bulletin d’abonnement Tarif spécial Accueil 1 an = 6 numéros Oui, je m’abonne au bimestriel Nouvelle Cité France/Belgique/Luxembourg : 39 € (au lieu de 49 €) Suisse : 59 CHF (au lieu de 74 CHF) DOM-TOM/Autres pays : 49 € (au lieu de 59 €) Abonnement Soutien (à partir de 60 €) : ................... € O ui, je m’abonne au bimestriel Nouvelle Cité + supplément Focolari Actualités France/Belgique/Luxembourg : 49 € (au lieu de 59 €) Suisse : 74 CHF (au lieu de 89 CHF) DOM-TOM/Autres pays : 61 € (au lieu de 71 €) Nom et Prénom :..................................................................................................................................................................................................... Adresse :....................................................................................................................................................................................................................... Focolari Actualités, supplément de 8 pages à la revue Nouvelle Cité, donne en synthèse tous les deux mois des nouvelles des Focolari : l’essentiel de ce qui se vit dans le monde comme près de chez vous ainsi que les réalisations et initiatives vues à la lumière de la spiritualité de l’unité. ............................................................................................................................................................................................................................................ Code Postal :.................................. Ville :........................................................................................ Pays :...................................................... Tél. :.................................................................................. email :......................................................... @................................................................. La proposition de réabonnement est à adresser :............... directement au nouvel abonné......... Bon d’abonnement et règlement à adresser à : France et étranger Nouvelle Cité – Domaine d’Arny 91680 Bruyères-le-Châtel Belgique Olivier et Aurore VINCENT Rue de la fontaine 125 B - 4400 FLEMALLE // Cpte DEXIA : NOUVELLE CITÉ BIC : GKCCBEBB - IBAN : BE09 0880 5300 7057 à l’émetteur du chèque Suisse Éditions Nouvelle Cité CP 971 – CH-8038 Zurich [email protected]