Deux conceptions du vieillissement - Observatoire Vieillissement et
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Deux conceptions du vieillissement - Observatoire Vieillissement et
Deux conceptions du vieillissement Deux conceptions opposées semblent caractériser le vieillissement et ce, dans la plupart des milieux. Les médias ne manquent pas de nous le rappeler à satiété. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, notre société entretient le mythe de la vieillesse synonyme de décrépitude et de dégénérescence, les personnes âgées étant malcommodes, bourrues et déplaisantes et leur déclin conduit irrémédiablement à la dépendance. De plus, le vieillissement de la population amène son cortège de cataclysmes : affaissement des régimes de retraite, débâcle du système de santé, tsunami de conservatisme et conflits intergénérationnels. Les attitudes discriminatoires abondent et elles occultent le dynamisme, le sens de l’engagement, la sagesse, la générosité et l’implication sociale des aînés. L’âgisme conduit à une généralisation malsaine et jette un voile sur les ressources individuelles. De l’optimisme À l’encontre de cet alarmisme et de ces inquiétudes souvent non fondées, la représentation positive du vieillir gagne de plus en plus de terrain. Les aînés sont en santé, pleins d’énergie, ont des projets et s’engagent dans plusieurs secteurs de la société. Ils sont littéralement un rouage à ne pas négliger de l’économie, puisque ce sont des consommateurs souvent avertis et qu’ils s’adonnent à toutes sortes d’activités qui stimulent le commerce. Bref, on n’hésite pas à parler de la sagesse des personnes âgées, de leur maturité et de leur influence sociale. Mais ces deux discours ont un quelque chose de caricatural et d’exagéré. En ce sens, le gérontologue Richard Lefrançois tient des propos fort pertinents : Nous renonçons à épouser de tels clichés ancrés et à nous ranger derrière l'une ou l'autre de ces deux positions extrêmes sur la vieillesse. Il est éminemment plus souhaitable de réfléchir aux conditions susceptibles de déboucher sur un projet de société rassembleur au lieu d'une société conflictuelle ou qui scinde la population âgée en deux sous-ensembles; les personnes actives et autonomes versus les personnes inaptes ou dépendantes. Un projet de société convivial accorderait une valeur égale à toutes les étapes de l'existence, exploiterait toutes les possibilités de métisser les âges de la vie, et s'appuierait sur une vision renouvelée de l'âge avancé. (…) Pareille entreprise de dépassement exigerait que la place citoyenne des aînés repose sur des règles éthiques ou humanistes, tels le respect, la reconnaissance sociale, l'épanouissement personnel et la qualité de vie. Au lieu de mesurer l'apport des aînés dans des termes uniquement utilitaristes, comme la participation, l'engagement social ou la contribution économique, sociale ou familiale, elle serait plutôt guidée par les finalités supérieures d'intégration, d'identité et d'appartenance.1 Chacun vieillit différemment La vérité réside probablement dans le fait que personne ne vieillit de la même manière, ce que la gérontologie appelle le vieillissement différentiel. Les modalités de sénescence sont très différentes d’une population à une autre et, à l’intérieur d’un même groupe d’individus, d’une personne à une autre. En effet, le vieillissement humain se fait d’une façon progressive, comporte des effets cumulatifs, demeure irréversible, touche les organes à des moments variables et suit un rythme propre à chaque personne. Le tout est marqué par des influences externes et internes comme l’hérédité, les réactions organiques, la maladie, le comportement psychologique et social, le statut socio-économique, etc. Quatre personnes du même âge, 78 ans, pour donner un exemple, ne partageront pas les mêmes effets du vieillissement : l’une souffrira de problèmes musculo-squelettiques, une autre de surdité plus ou moins légère, une autre d’une vue défaillante alors que la dernière pourrait se porter fort bien. Ce qui fait du vieillissement un phénomène complexe. Vieillir aujourd’hui n’est pas comme vieillir autrefois. Les personnes âgées se conservent de mieux en mieux et leur engagement communautaire devient proverbial. Elles savent mettre à profit leur talent et leur expérience et, loin d’être un fardeau pour la société, elles contribuent indéniablement à ses progrès et à son avancement. André Ledoux ___________________________________ 1.Richard LEFRANÇOIS, La vieillesse, objet d’un double récit, tribune-age.overblog.com/article-60826091.html (Consulté le 23 janvier 2011).