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LYCÉES PROFESSIONNELS bibliolycée Bonjour tristesse Françoise Sagan Livret pédagogique correspondant au livre élève n°71 établi par Audrey CRUZ, professeur de lettres-histoire en lycée professionnel Sommaire – 2 SOMMAIRE E X P L O I T A T I O N S D E L ’ O U V R A G E .................................................................................... 3 ◆ Parcours de lecture ...................................................................................................................................................................... 3 R É P O N S E S A U X Q U E S T I O N S ........................................................................................ 4 Chapitres 1 et 2 de la partie I ........................................................................................................................................................................... 4 ◆ Réponses aux questions .............................................................................................................................................................. 4 ◆ Activité supplémentaire .............................................................................................................................................................. 5 Chapitre 4 de la partie I ................................................................................................................................................................................... 5 ◆ Réponses aux questions .............................................................................................................................................................. 5 Chapitre 5 de la partie I ................................................................................................................................................................................... 6 ◆ Réponses aux questions .............................................................................................................................................................. 6 ◆ Activité supplémentaire .............................................................................................................................................................. 7 Chapitre 6 de la partie I ................................................................................................................................................................................... 7 ◆ Réponses aux questions .............................................................................................................................................................. 7 ◆ Activité supplémentaire .............................................................................................................................................................. 8 Chapitre 3 de la partie II .................................................................................................................................................................................. 8 ◆ Réponses aux questions .............................................................................................................................................................. 8 Chapitre 11 de la partie II ................................................................................................................................................................................ 9 ◆ Réponses aux questions .............................................................................................................................................................. 9 B I B L I O G R A P H I E C O M P L É M E N T A I R E ............................................................................. 1 1 Tous droits de traduction, de représentation et d’adaptation réservés pour tous pays. © Hachette Livre, 2015. 58, rue Jean Bleuzen, CS 70007, 92178 Vanves Cedex. www.biblio-hachette.com Bonjour tristesse – 3 EXPLOITATIONS DE L’OUVRAGE ◆ Parcours de lecture L’étude complète de Bonjour tristesse peut se rattacher au programme de Seconde BEP et s’inscrire dans un travail autour de l’objet d’étude « Parcours de personnages », attendu qu’il s’agit d’un roman d’apprentissage écrit à la 1re personne du singulier. Une problématique possible d’une séquence pourrait être : « En quoi l’évolution du personnage de Cécile à la fin de l’adolescence aide-t-elle le lecteur à se construire, même s’il ne vit pas à la même époque que la narratrice ? » Le roman est exploitable en classe de Terminale, pour aborder l’objet d’étude « Au XXe siècle, l’homme et son rapport au monde à travers la littérature et les autres arts ». Une problématique possible pourrait être : « Quel témoignage ce roman de Françoise Sagan livre-t-il sur la condition de la femme en France dans les années 1950 ? » Le parcours de lecture que nous vous proposons, composé de 3 séquences, est à la fois chronologique et thématique. Chaque séquence peut être exploitée de manière autonome. Séquence 1 La fin de l’insouciance (partie I) Séance 1 : Une vie bourgeoise et inconséquente Chap. 1 Séance 2 : Une invitée gênante Chap. 2 à 5 Séance 3 : Une nouvelle situation initiale Chap. 6 Séquence 2 L’intrigue psychologique (partie II) Séance 1 : Une vie réglée autour des valeurs d’Anne Chap. 1 Séance 2 : Le nœud de l’intrigue psychologique Chap. 2 et 3 Séance 3 : La découverte de la manipulation Chap. 4 à 6 Séance 4 : Préfiguration de l’issue tragique Chap. 7 Séquence 3 Un tragique dénouement (partie II) Séance 1 : Rejet des valeurs bourgeoises de l’époque Chap. 8 Séance 2 : Tragique dénouement Chap. 9 à 11 Séance 3 : La découverte de la tristesse Chap. 12 Réponses aux questions – 4 RÉPONSES AUX QUESTIONS Les réponses proposées ici sont indicatives. Non exhaustives, elles ont vocation à donner des éléments simples de compréhension aux élèves, laissant toute latitude à l’enseignant pour d’éventuels approfondissements. C h a p i t r e s 1 e t 2 d e l a p a r t i e I ◆ Réponses aux questions u La tristesse est le sentiment qualifié de « complet » et d’« égoïste » par la narratrice. v Cécile dit « bonjour » à la tristesse ; ce qui signifie que c’est un sentiment qu’elle ne connaissait pas avant cet été-là. Le terme de « tristesse » apparaît dans la première phrase du roman et en clôture la dernière, dans un mouvement circulaire. Ce roman raconte l’apprentissage de ce sentiment pour Cécile, à un moment de sa vie où elle est en construction, à savoir la toute fin de l’adolescence et l’entrée dans l’âge adulte. Bonjour tristesse est donc un roman d’apprentissage. w Qui parle ? Cécile (17 ans) Quels sont les autres personnages présentés dans ces deux chapitres ? Le père de Cécile, sa maîtresse Elsa, Cyril, Anne Larsen Quand se passe l’action ? En été, pendant les vacances Où se passe l’action ? Dans une maison près de la mer, dans le Sud de la France Quel événement vient perturber la situation initiale ? L’arrivée d’Anne Larsen, une vieille amie de Raymond x Ce premier chapitre est bien un incipit car il répond à toutes les caractéristiques requises : il présente les personnages principaux, donne le lieu et l’époque de l’action, et se clôt par un élément perturbateur qui vient remettre l’équilibre décrit en question. Dans l’écriture théâtrale, cela s’appelle « une scène d’exposition ». y « Une soie, énervante et douce » est un oxymore. U La narratrice essaie de définir ce qu’est la tristesse pour elle. Le champ lexical de la tristesse prédomine donc. La tristesse est, pour elle, une forme de solitude ; et, pour mettre son ressenti en valeur, l’auteur emploie aussi des comparaisons : « séparée des autres », « comme de la soie ». La tristesse lui parait être un sentiment honorable. La prédominance du champ lexical de la tristesse permet au lecteur de percevoir la définition précise que lui donne la narratrice – ce qui crée un phénomène d’empathie entre le lecteur et le narrateur. En outre, cela permet d’installer l’ambiance du récit, d’en donner le ton. V Cécile parle d’« aller vite en voiture », « avoir une robe neuve », « acheter des disques, des livres, des fleurs ». À l’exception de son goût pour l’automobile, étonnant eu égard au fait qu’elle n’a pas le permis, ce sont des loisirs ordinaires pour une jeune fille bourgeoise. En revanche, lorsqu’elle parle de sa vie avec son père, elle introduit le passage par « je vieillissais » – ce qui crée une saillie. Elle parle, ensuite, de soirées où elle n’avait pas sa place. Ces loisirs ne sont, de toute évidence, pas de son âge et elle en a conscience. W Points communs entre l’auteur et son héroïne : le goût pour l’automobile et la littérature, le mode de vie bourgeois et le jeune âge. Citations du chapitre 1 à l’appui : – « Je m’allongeais dans le sable, en prenais une poignée dans ma main, le laissais s’enfuir de mes doigts en un jet jaunâtre et doux, je me disais qu’il s’enfuyait comme le temps, que c’était une idée facile et qu’il était agréable d’avoir des idées faciles » (l. 43 à 47) ; Bonjour tristesse – 5 – « Cette conception me séduisait : des amours rapides, violentes et passagères. Je n’étais pas à l’âge où la fidélité séduit. Je connaissais peu de chose de l’amour : des rendez-vous, des baisers et des lassitudes » (l. 149 à 152). Citation du chapitre 2 à l’appui : « Je crois bien que la plupart de mes plaisirs d’alors, je les dus à l’argent : le plaisir d’aller vite en voiture, d’avoir une robe neuve, d’acheter des disques, des livres, des fleurs. Je n’ai pas honte encore de ces plaisirs faciles, je ne puis d’ailleurs les appeler faciles que parce que j’ai entendu dire qu’ils l’étaient. Je regretterais, je renierais plus facilement mes chagrins ou mes crises mystiques. Le goût du plaisir, du bonheur représente le seul côté cohérent de mon caractère » (l. 168 à 175). X Exemple d’autoportrait du père de Cécile : « La plupart de mes plaisirs d’alors, je les dus à l’argent : j’aimais rouler vite en voiture, me cultiver, faire la fête, sortir avec de jolies femmes et vivre des plaisirs fugaces dans des soirées en compagnie d’amis, autour d’un verre. Veuf depuis longtemps, j’ai des revenus confortables, une vie de plaisirs sans contraintes, ma fille de 17 ans, Cécile, étant en pension une grande partie de l’année. Quand elle est avec moi, je l’emmène dans des soirées où elle surprend par sa perspicacité malgré son jeune âge. » ◆ Activité supplémentaire Un titre inspiré d’un poème de Paul Eluard at Que dit le fait de choisir un titre inspiré d’un poème de Paul Eluard sur l’érudition de l’auteur ? Cette question permet de réinvestir les connaissances biographiques et contextuelles lues dans l’avanttexte (biographie et entretien avec Denis Westhoff) : à 18 ans, Françoise Sagan avait déjà beaucoup lu et avait digéré l’héritage de grands auteurs du patrimoine français. Ce peut être l’occasion d’aborder la notion d’« intertextualité ». L’intertextualité est le fait de mettre en relation un texte littéraire avec d’autres textes, du point de vue du sens, de la forme ou de la citation : « Toute invention littéraire aujourd’hui se produit à l’intérieur d’un milieu déjà saturé de littérature. Tout roman, poème ou écrit nouveau est une intervention dans ce paysage antérieur » (Michel Butor). C h a p i t r e 4 d e l a p a r t i e I ◆ Réponses aux questions u La situation devient tendue entre Elsa et Anne. Mais, très vite, Elsa se sent jalouse des égards de Raymond envers Anne. Alors que le couple officiel part faire la sieste, une conversation débute entre Anne et Cécile au sujet de la conception que la jeune fille a de l’amour. Cette dernière pense d’ailleurs souvent à Cyril, avec qui elle pratique notamment la voile. v ELSA légère, jeune, superficielle ANNE responsable, d’âge mûr, sérieuse w Après un relevé des verbes conjugués (« rappelle », « ai dit », « voulais », « apportai », « regarda », « reprocha », « compara », « reposait », « connaissaient », « avaient dû », « savais », « disais », « dois », « su », « gardera », « savais », « était », « suffisait », « sortions », « dansions », « faisions », « accompagnait »), on remarque une prédominance de l’imparfait de l’indicatif. Il s’agit ici d’un imparfait descriptif, temps qui convient bien au récit. Notons aussi quelques occurrences au passé simple, ici utilisé pour mettre en valeur le caractère bref et ancré dans le temps de l’action. Il renforce, chez le lecteur, l’impression que l’action qui se passe est déterminante, voire cruciale, dans le déroulement du roman. Le passé simple est donc ici à aspect bref : il exprime un fait bref et soudain dans un récit à l’imparfait de l’indicatif. x Cécile critique, par sa métaphore, le modèle bourgeois qui se définit par l’évidence du mariage et des enfants. Elle considère que ce type de choix n’en est pas vraiment un et qu’il s’agit d’un piège qui donne l’illusion de la vie. Réponses aux questions – 6 y La figure de style employée est une métaphore. U Proposition de corrigé : « La mère de Cyril est une femme contente d’elle, qui se félicite de sa vie parce qu’elle a le sentiment d’avoir fait son devoir, mais ce n’est, en définitive, qu’un miroir aux alouettes. Elle est fière d’avoir eu la vie qu’ont des milliers de femmes – mariage, enfants –, en s’épargnant les tourments de l’adultère, mais ce n’était qu’un leurre : elle était dans la situation d’une jeune bourgeoise, épouse et mère, et n’a rien fait pour en sortir. En réalité, elle n’a rien fait de sa vie. » Profitez de l’occasion pour rappeler qu’un monologue est un discours au style direct que l’on fait seul, sans être interrompu, à voix haute. V Proposition de corrigé : « Cette femme est admirable parce qu’elle a fait son devoir. Elle a vécu une vie vertueuse d’épouse et de mère, a été dévouée à son mari, n’a certainement pas commis d’adultère et a élevé correctement son fils. C’est une femme très respectable, qui a des valeurs. » W Dans les années 1950, la condition de la femme était au début de l’évolution qu’on lui connaît aujourd’hui. Les femmes avaient certes le droit de vote, mais elles n’avaient pas encore acquis leur autonomie financière ni le droit à la contraception ou l’avortement. Le destin d’une femme était alors, dans la plus grande majorité des cas, même lorsqu’elle était très éduquée, de se marier et de fonder un foyer. Rares étaient celles qui exerçaient une profession. X Françoise Sagan est issue d’une famille bourgeoise et cultivée. Après un parcours scolaire mouvementé, elle se montre très précoce en littérature et publie, à seulement 18 ans, avec Bonjour tristesse, un roman qui fait scandale. Dans l’esprit de ses contemporains, elle incarne la volonté de liberté et d’indépendance revendiquée par la jeunesse dans les années 1950. Sa vie est très différente de la plupart des femmes de son époque, dans la mesure où elle devient riche très jeune grâce à ses droits d’auteur et profite de son argent pour s’amuser, acheter des voitures rapides et fréquenter des casinos. Elle se mariera plusieurs fois et aura un enfant, Denis Westhoff, qu’elle élèvera dans l’harmonie avec son père, Robert Westhoff, en dépit de leur rapide divorce. Engagée politiquement et militant pour défendre les causes de son époque, comme le droit à l’avortement, Françoise Sagan était une femme très libre et autonome dans tous les aspects de sa vie. C h a p i t r e 5 d e l a p a r t i e I ◆ Réponses aux questions u PERSONNAGE VÊTEMENTS Anne « une robe du soir, la seule que je possédasse » « robe » Elsa Raymond « robe » « smoking » Cécile ADJECTIFS OU EXPRESSIONS QUALIFIANT LES VÊTEMENTS « dans un tissu exotique, un peu trop exotique pour moi », « femme fatale » « grise, d’un gris extraordinaire, presque blanc, où la lumière s’accrochait », « magnifique », « une réussite » « verte » « neuf » v Anne est nettement mise en valeur dans ce passage. Cela témoigne de la place de plus en plus importante qu’elle prend dans la famille que constituent Cécile et Raymond et de l’effacement progressif d’Elsa, suggérant la rupture imminente. w Il y a 4 syllabes de part et d’autre de la virgule : ce qui confère à la phrase un rythme régulier de type binaire. x La phrase courte présente un condensé de sens qui produit un effet dramatique. Par sa brièveté, elle met en valeur l’essentiel, à savoir « la fin ». y Il s’agit d’un passé simple à aspect bref, qui désigne un moment très marqué dans le temps et, plus spécifiquement dans cette phrase, qui suggère la violence et la rapidité de la rupture entre Elsa et Raymond. U « Elle me passa devant sans détailler ma propre robe, ce dont je me félicitai et me mortifiai à la fois. Elle descendit l’escalier la première et je vis mon père venir à sa rencontre. Il s’arrêta en bas de l’escalier, Bonjour tristesse – 7 le pied sur la première marche, le visage levé vers elle. Elsa la regardait descendre aussi. Je me rappelle exactement cette scène : au premier plan, devant moi, la nuque dorée, les épaules parfaites d’Anne ; un peu plus bas, le visage ébloui de mon père, sa main tendue et, déjà dans le lointain, la silhouette d’Elsa. » Les expressions qu’il fallait entourer sont ici en vert. Les expressions « devant moi », « un peu plus bas » et « dans le lointain » pourraient aussi être considérées comme des termes techniques, mais ils suggèrent ici, avant tout, le mouvement du regard. V Proposition de corrigé : « Elsa arborait une robe verte qui se mariait assez mal avec sa peau brûlée par le soleil. Ses cheveux desséchés par la chaleur et les bains de mer ressemblaient à de la paille ébouriffée et lui donnaient un air de souillon. Elle ne pouvait pas tirer meilleur parti d’un physique aussi abîmé par les éléments, et la fatigue se lisait sur son visage trop maquillé, qui commençait à accuser les premiers signes de l’âge. La fête et l’insouciance vieillissent prématurément les jeunes femmes. » W Transposition possible : « Alors que la famille est en train de se préparer à sortir danser… CÉCILE, à la cantonade : Anne, Elsa, Papa, je vais me préparer. J’imagine que vous allez tous faire de même. J’ai hâte d’aller danser à Cannes ; nous amuser nous fera le plus grand bien. ELSA, excitée : Moi aussi, je me réjouis. ANNE, impassible : Allons, à tout à l’heure ! Tous les acteurs quittent la scène. Les lumières s’éteignent puis se rallument progressivement. Une heure plus tard, dans le couloir de la maison. CÉCILE, descendant les escaliers : Papa ! comme tu es élégant avec ton smoking, tu es le plus bel homme que je connaisse ! RAYMOND, flatté : Toi aussi, ma chérie, tu es la plus belle fille que je connaisse ! Elsa et Anne nous font attendre… Partons donc tous les deux danser : tu m’apprendras le be-bop ! CÉCILE, amusée : Mais non, je vais chercher Anne ; laisse-moi un instant. Tiens, voilà Elsa qui arrive. À tout de suite ! Cécile monte dans la chambre d’Anne et, face à cette très belle femme, se sent impressionnée. CÉCILE, bouche bée : Anne, vous êtes superbe. Quelle allure, vraiment, quelle élégance ! ANNE, hiératique1 : Vous êtes une gentille petite fille, Cécile, bien qu’un peu fatigante parfois ! Allons, je suis prête, descendons ! En bas de l’escalier l’attend Raymond, qui s’extasie à sa vue. RAYMOND : Eh bien, chère Anne, cela valait la peine d’attendre : vous êtes absolument superbe ! Nous sommes tous enfin prêts ; partons à Cannes ! » ◆ Activité supplémentaire X Pistes de questionnements avec les élèves : – La scène filmée est-elle une transposition littérale de la scène décrite dans le roman ? (Faire éventuellement un tableau « différences/similitudes ».) – Des éléments figurant dans le roman manquent-ils dans le film ? Pourquoi ? (Possibilité d’aborder la notion d’« ellipse ».) – À quelles difficultés a dû se heurter le réalisateur, d’après vous, en adaptant un roman au cinéma ? (Possibilité de jeu de rôle avec les élèves : « Si vous étiez le réalisateur, comment feriez-vous ? ») C h a p i t r e 6 d e l a p a r t i e I ◆ Réponses aux questions u Les affirmations b) et c) sont exactes. v La phrase est une allitération. Elle produit une impression de gêne, dans la mesure où elle est incommode à prononcer et que les sonorités sont désagréables à l’oreille. 1. hiératique : d’une raideur figée. Réponses aux questions – 8 w La valeur de l’imparfait est, le plus souvent, d’exprimer des actions non limitées dans le temps. C’est le cas dans cette phrase. L’imparfait y suggère une action en train de se dérouler, à savoir le détachement progressif de Raymond à l’égard de sa fille au profit de son nouvel amour. x Cette phrase est une préfiguration de la fin tragique du roman : la mort d’Anne. Dans six mois, Anne sera morte et Cécile n’aura effectivement plus envie de lui résister, puisqu’il n’y aura objectivement plus d’ennemi contre lequel lutter. y Le chapitre 6 de la partie I clôt la première moitié du roman et présente, à cet égard, toutes les caractéristiques d’une situation finale. Elsa est partie, quittée par Raymond au profit d’Anne, le mariage du nouveau couple est annoncé, et une nouvelle économie familiale se met en place autour de la famille recomposée. Cécile est malheureuse et nourrit des sentiments contrastés, mais semble céder à la situation. U Suite possible : « Mon père et Anne se marièrent ; ainsi, je dus obéir aux nouvelles règles de ma belle- mère, et ce fut pour mon bien. En effet, Anne m’obligea à travailler mes cours et j’ai réussi tous mes examens. J’ai certes dû m’éloigner de Cyril, mais j’ai compris qu’il s’était agi d’un amour de vacances ; et en définitive il ne me manque pas, dans la mesure où j’ai fait d’autres rencontres. Mon père est heureux avec cette femme : elle lui apporte équilibre et stabilité ; et nous formons tous les trois une belle famille, même si mes relations avec Anne sont encore parfois compliquées. » ◆ Activité supplémentaire V Comparez la situation initiale du chapitre 1 et la situation finale proposée dans le chapitre 6 de la partie I. Quels changements ont été opérés ? Comment a évolué la psychologie du personnage de Cécile ? Lors de la situation initiale, Cécile décrit une vie en tête-à-tête avec son père, avec qui elle entretient une relation complice et fusionnelle. Même la présence de femmes épisodiques dans l’existence de ce dernier (en l’occurrence Elsa) ne vient pas interférer dans leur relation. Ils vivent une vie légère et inconséquente, animée par des plaisirs futiles. La situation finale proposée dans le chapitre 6 de la partie I contraste nettement avec la situation initiale. Anne et Raymond annoncent leur mariage et, par ce fait même, imposent un nouveau schéma familial rigide à Cécile. Anne reprend, quant à elle, l’éducation de Cécile en la contraignant à travailler et en lui interdisant de revoir Cyril. C h a p i t r e 3 d e l a p a r t i e I I ◆ Réponses aux questions u SCÈNE ADJECTIFS QUALIFICATIFS Le dîner la veille de la visite chez Cyril (l. 1 à 22) Festif, arrosé, convivial, familial. Le climat de la discussion entre Cécile et Cyril (l. 23 à 60) Tendre, amoureux, intime. La discussion entre Cyril, Elsa et Cécile (l. 61 à 126) Intrigante, comploteuse, hypocrite, manipulatrice. Le retour de Cécile chez son père (l. 127 à 141) Euphorique. Le bain de mer en famille de Cécile, Raymond et Anne (l. 142 à 151) Harmonieux. Le passage en bateau de Cyril et Elsa (l. 152 à 167) Surprenant, stupéfiant, étonnant. La brève discussion entre Cécile et Anne (l. 168 à 189) Tendre, troublante. Bonjour tristesse – 9 v Bien qu’elle soit en train de mettre en œuvre un plan malveillant afin d’éloigner Anne de son père, Cécile a des sentiments complexes et contradictoires à l’égard de sa future belle-mère : tantôt elle la déteste, tantôt elle se montre séduite et attendrie par le personnage. w Bonjour tristesse est un roman d’analyse psychologique, qui se rapproche du roman d’apprentissage dans la mesure où Cécile est un personnage typique du genre. En effet, son caractère et ses sentiments sont en perpétuelle évolution. On la voit notamment changer régulièrement d’opinion au sujet d’Anne. x Les quatre expressions péjoratives sont : « mettre le grappin », « pauvre garçon », « se faire adopter », « la vieille dame ». y L’expression « mettre le grappin sur quelqu’un » possède une connotation qui ramène à la prostitution : ce qui n’est pas flatteur pour Elsa et qui cache peut-être la jalousie larvée de Raymond. En outre, il dit qu’elle « se fait adopter » : ce qui renforce l’impression d’infantilisation du personnage et le peu de respect qu’il manifeste à son égard. Enfin, le fait qu’il qualifie la mère de Cyril de « vieille dame » déprécie encore plus le fait qu’Elsa puisse entrer dans cette famille par ses mérites et ses valeurs, une vieille femme n’ayant plus un jugement très sûr. U Les trois adjectifs qualificatifs utilisés par Cécile pour décrire son père sortant de l’eau sont : « large », « musclé » et « superbe ». V Ces termes mélioratifs sont-ils appropriés ? Oui et non. Cécile a toujours occupé la première place dans la vie de son père, attendu qu’il collectionnait les femmes et qu’elle était la seule présence féminine stable et récurrente. Elle admire son père, et c’est bien normal : c’est ce que l’on nomme « l’œdipe ». En revanche, la description pourrait aussi être celle d’une femme amoureuse face à son amant ; en cela, l’attitude de Cécile est équivoque. En outre, une des raisons qui la font œuvrer pour la séparation de Raymond et Cécile est cette forme de jalousie qu’elle nourrit à l’endroit d’Anne, qui prend trop de place dans la vie de son père. W Proposition de corrigé : « Mon Cher Papa, C’est avec gêne et culpabilité que je t’écris aujourd’hui. J’aurais dû avoir le courage de te parler, mais affronter ton regard après ce que j’ai fait était bien trop pénible pour moi. Le fait est que je désapprouve ton mariage futur avec Anne. En effet, je pense que cette femme est trop rigide pour convenir à notre façon de vivre et qu’elle va nous enfermer dans une prison dorée dont nous ne pourrons plus sortir. Depuis qu’elle est arrivée dans notre vie, ne trouves-tu pas que nous passons moins de temps ensemble et que nous nous amusons moins ? J’aurais vraiment dû me confier à toi dès que j’ai senti le malaise s’installer, mais j’ai été lâche et j’ai préféré œuvrer à t’éloigner d’elle en complotant. C’est moi qui ai demandé à Cyril et Elsa de feindre une relation amoureuse afin que tu les découvres et que tu retournes vers Elsa, par orgueil. J’ai tiré profit des pires inclinations des uns et des autres, et pour cela je m’en veux beaucoup. Aussi, je ne peux que t’avouer mes petites manigances afin de soulager ma conscience et te laisser libre de tes choix, même s’ils ne vont pas dans le sens de mes espérances. Ta fille qui t’aime, Cécile. » C h a p i t r e 1 1 d e l a p a r t i e I I ◆ Réponses aux questions u Ordre chronologique des événements : b), a), e), g), d), h), c), f). v Cécile et Raymond se retrouvent à dîner en tête-à-tête, Anne étant partie. Pendant le dîner, Raymond explique à sa fille pourquoi il a embrassé Elsa. Raymond fait pitié à sa fille, qui a mauvaise conscience elle aussi. C’est pourquoi elle propose à son père d’écrire à Anne. Puis le téléphone sonne : Anne a eu un accident de voiture, elle est morte. À son retour à la maison, Cécile comprend qu’elle n’a jamais aimé Cyril. Symboliquement, les lettres d’excuses valsent sur le parquet. w Champ lexical du désarroi : « désaxée », « me fit pitié », « peur », « cauchemar ». Champ lexical du remords : « nous pardonne », « en vouloir », « désemparé », « lui demander pardon », « pleine de remords », « repentir ». Réponses aux questions – 10 Champ lexical de la culpabilité : « anxieux », « sentiment insupportable de dérision et de cruauté ». Définitions : – Désarroi : trouble moral qui engendre désordre et confusion mentale. – Remords : sentiment que l’on nourrit après avoir commis un acte éventuellement blessant ou amoral, dont on a honte. – Culpabilité : sentiment d’avoir commis une faute, assez proche du concept de « remords ». N.-B. : En ce qui concerne les champs lexicaux, il est possible de considérer les trois recherches en une, compte tenu de la proximité sémiotique des termes. x Il n’y a que Cécile pour penser, de manière romanesque, à un suicide. En effet, le texte multiplie les indices en faveur de l’accident : la route de l’Esterel est dite « très dangereuse » à deux reprises dans le texte ; l’infirmière à l’hôpital précise qu’il y a eu déjà six accidents à cet endroit depuis le début de l’été. y Il n’y a pas d’élément explicite qui plaide en faveur de la thèse de Cécile. En revanche, on peut aisément la suivre en se référant à la psychologie d’Anne. C’est une femme digne et orgueilleuse, d’âge mûr, qui n’a jamais été mariée, à ce que l’on sache. Alors même qu’elle nourrit ce projet avec Raymond à ce moment de sa vie, ce dernier la trahit. Par orgueil et désespoir, elle pourrait avoir commis cet acte irréversible. U Corrigé 1 en faveur de la thèse de l’accident : « La mort d’Anne semble être accidentelle. En effet, dans le texte, il y a de nombreux indices en faveur de l’accident. Il est notamment dit plusieurs fois que la route de l’Esterel est très dangereuse, et, telle qu’elle est décrite (virages, falaises escarpées), c’est très facile à imaginer pour le lecteur. En outre, à l’hôpital, l’infirmière dit à Cécile qu’il y a déjà eu six accidents à cet endroit depuis le début de l’été. On peut aisément penser qu’Anne roulait vite et que son attention était troublée par l’émotion ; sa sortie de route serait donc indépendante de sa volonté. » Corrigé 2 en faveur de la thèse du suicide : « La thèse du suicide est difficile à soutenir avec des arguments rationnels et des indices explicites du texte, elle semble plutôt être le fait de l’imagination romanesque de Cécile. En revanche, on peut penser que l’état de choc d’Anne était d’autant plus important qu’elle n’avait jamais été engagée dans une histoire au point de se marier, ni n’avait eu d’enfants, et que, la trahison de Raymond ayant fait d’un seul coup disparaître cette perspective, elle a perdu soudainement tout sens commun et a préféré mettre un terme à ses jours sur une route que tout le monde sait dangereuse afin que le doute entre suicide et accident subsiste. » V Le père et la fille se retrouvent en tête-à-tête, comme dans leur « vie d’avant ». Ils ouvrent une bouteille et s’apprêtent à prendre un verre ensemble. W Cette scène est précisément une de celles qui aurait pu être décrite avant l’arrivée d’Anne dans leur vie : le père et la fille, seuls, s’adonnant à des plaisirs futiles comme la consommation d’alcool. X Cette structure est circulaire parce que la situation finale revient à la situation initiale, avec peu de modifications. at Proposition de corrigé : « Mon Cher Raymond, C’est une lettre de rupture que je t’écris là. Je suis outrée par ce que j’ai aperçu : toi et Elsa, dans une situation que je ne saurais décrire tant sa seule évocation me blesse. Vois-tu : je suis une femme indépendante et je n’avais pas besoin de me lier à un homme, encore moins de me marier. Pourtant, attendrie par ton amour et ta prévenance à mon égard, j’ai succombé à ton charme et t’ai ouvert mon cœur en même temps que ma vie en acceptant le mariage. Et qu’as-tu fait ? Tu m’as trahie de la pire des manières, avec une femme superficielle qui plus est. C’est pourquoi je te quitte et retourne à Paris. Ne cherche plus à me revoir. Anne. » Bonjour tristesse – 11 BIBLIOGRAPHIE COMPLÉMENTAIRE ◆ Sur Françoise Sagan – Guillaume Durand, Il était une fois Françoise Sagan, Jacques-Marie Laffont, 2005. – Bertrand Meyer-Stabley, Françoise Sagan : le tourbillon d’une vie, Pygmalion, 2014. – Alain Vircondelet, Sagan : un charmant petit monstre, Flammarion, 2002. – Denis Westhoff, Sagan et Fils, Stock, 2012. – Denis Westhoff, Françoise Sagan, ma mère, Flammarion, 2012 (contient de nombreuses photographies, dont certaines inédites). ◆ Sur le féminisme – Michèle Riot-Sarcey, Histoire du féminisme, coll. « Repères », La Découverte, 2008.