Dossier pédagogique Majorette !

Transcription

Dossier pédagogique Majorette !
Dossier pédagogique
Majorette !
de Mireille Roussel et Ricardo Munoz
mise en scène Ricardo Munoz
Représentations à la Comédie de Reims
du mardi 9 au samedi 13 novembre 2010
Dossier pédagogique réalisé par Rénilde Gérardin, service éducatif de la Comédie de
Reims : [email protected]
Contacts relations publiques :
Margot Linard : [email protected]
Jérôme Pique : [email protected]
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Texte Mireille Roussel et Ricardo Munoz
Idée originale Mireille Roussel
Mise en scène Ricardo Munoz
Avec Mireille Roussel
Lumières et scénographie Sébastien Michaud
Collaboration à la scénographie James Brandily
Création sonore Antoine Reibre
Costumes Fanny Brouste
Chorégraphie Frédérique Douchet
Fanfare Quentin Camus, Nicolas Cunin, Nicolas Hohmann, Quentin
Idenn, Zacharie Ksyk
Production La Comédie de Reims – Centre dramatique national
Le texte « Majorette ! » bénéficie de l’aide à la création du Centre
National du Théâtre.
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Majorette !
Dossier pédagogique
Sommaire
LE PROJET ARTISTIQUE
page 4
Note d’intention
LA PROPOSITION PEDAGOGIQUE
Problématique
page 5
Synopsis
page 5
Extraits de Majorette ! de Mireille Roussel et Ricardo Munoz
page 6
Textes en parallèle :
Extraits de Dimanche de Michel Deutsch
page 8
Extrait de la chanson Majorette de Bénabar
page 10
Pistes pédagogiques
page 11
L’EQUIPE ARTISTIQUE
page 16
Bibliographie, Webographie
page 17
Page 3
LE PROJET ARTISTIQUE
NOTE D’INTENTION
« Majorette ! » est une histoire qui a commencé comme une blague, un souvenir
d’enfance qui quand je le racontais faisait rigoler les copains. « T’étais majorette ?»
« Oui, oui, j’étais majorette. » Et dès que j’attrapais mon bâton la stupéfaction était à
son comble. Et ce qui était plaisant dans cette anecdote c’est que le rire n’était
jamais moqueur. Je me suis rendu compte que précisément il naissait de
l’incongruité de retrouver dans la femme que j’étais devenu, les traces de la petite
fille de douze ans qui rêvait de paillettes.
Alors, j’ai commencé à rassembler des souvenirs, à inventer des situations.
Ricardo Munoz a très rapidement accompagné les premiers pas de Viviane, notre
majorette, avant d’intervenir plus concrètement pour que nous lui construisions
ensemble son histoire.
Ce qui nous intéressait, c’était de partir d’enjeux ténus et amusants, prétextes à
parler de l’adolescence, ce grand écart entre ce que l’on croit être et ce que les
autres voient en nous, et d’arriver à une sorte d’universalité bien plus sérieuse et
émouvante. En dressant le portrait de Viviane, nous avons voulu rendre hommage à
la force des rêves de l’enfance.
Pour tout cela, le théâtre nous a semblé un terrain de jeu idéal pour cette petite fille.
Pour montrer que par son opiniâtreté, l’absolu de son désir et les stratégies qu’elle
met en œuvre, elle parle, en fait, de la création artistique.
Mireille Roussel
Page 4
LA PROPOSITION PEDAGOGIQUE
PROBLEMATIQUE
Comment le vécu de l’auteur peut -il favoriser la création d’un spectacle théâtral ?
SYNOPSIS
Viviane a douze ans. Elle fait partie des « Saphirs », les majorettes de Ruoms.
Être majorette dans ce petit village, c’est à peu près ce que l’on peut faire de mieux, c’est
être ensemble, c’est apprendre, mais pour Viviane, c’est surtout la possibilité d’un ailleurs.
Dans les paillettes de son costume elle trouve les étoiles qui manquent à son paysage.
Viviane a un grand rêve, celui de devenir capitaine du bataillon, la référence, celle qui
commande et que tout le monde regarde. Un idéal de perfection !
Coincée dans un village et une famille trop petits pour ses rêves, elle travaille, répète
inlassablement les gestes, s’enivre du mouvement de son bâton, en quête de la virtuosité
qui lui permettra de prendre la place de Françoise, l’actuelle capitaine, le moment venu.
Des doutes de l’adolescence aux succès des défilés, de la compétition entre filles aux
sourires des garçons, Viviane est portée par cette volonté de se dépasser, ce moteur pour
échapper à un quotidien qui ne lui laisse pas de place.
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EXTRAITS DE MAJORETTE !
J’ai douze ans, pas de seins, mais je suis majorette et je trouve ça dommage que personne
le sache.
Enfin personne… À Ruoms, dans mon village, tout le monde le sait. Mais moi je vois grand,
plus grand que Ruoms en tout cas.
Je sais que je me débrouille pas mal avec le bâton. On dit même que je suis plutôt bonne.
C’est vrai que j’aime ça. Et ce qu’on aime, il faut le faire à fond.
Faire tourner le bâton, j’en ai jamais marre. Et ça c’est la base. Dès que je peux, je l’attrape.
Il tombe, je recommence. Et il retombe et je recommence.
A la maison, dans ma chambre, dans la cour, sous le tilleul, n’importe où, je le lance, je le
rattrape, je me balance, j’improvise, je n’entends même pas
« Viviane à table ».
J’ai pas faim, je suis trop loin. Je suis toute à mon public.
« Viviane à table bon Dieu ».
Je m’en fous de me faire engueuler, moi je sais que j’ai raison, c’est l’endroit du monde où
je me sens le mieux.
« Viviane, tu vas lâcher ce machin ! »
J’ai envie de choses exceptionnelles, de lumière, de paillettes, d’applaudissements.
« Viviane, tu veux que je vienne te chercher ? »
« J’arrive ! »
Une majorette, personne la force à être majorette. Et y’en a, vraiment, on se demande
pourquoi elles sont dans la troupe si elles sont pas motivées. Comme mon village, il est tout
petit, à part le judo et le foot, y a pas beaucoup de possibilités pour rêver, pour s’évader la
tête. Alors tu penses, quand Marie Do est arrivée, avec son envie de tout casser, elle a
plutôt eu du succès. Elle disait qu’elle était danseuse à Paris, qu’elle devait rentrer aux
« Folies Bergères » ou quelque chose comme ça, et puis que, finalement, elle avait préféré
revenir à Ruoms, où son père était cordonnier, pour y monter sa propre troupe. On peut dire
que Marie Do, comme entraîneuse, c’est un exemple de motivation, justement. La preuve
que quand on veut, on peut. C’est un vrai choix, majorette. On n’est pas majorette parce
qu’on n’aime pas le foot.
On est majorette parce qu’on le choisit, voilà.
Mireille Roussel et Ricardo Munoz, Majorette !, 2009 (extrait, début du spectacle).
Page 6
[…]
Extérieur – intérieur, intérieur – extérieur, extérieur – intérieur, intérieur – extérieur…
Le bâton, c’est comme la prolongation de la majorette. Ça la prolonge. Et une majorette
sans son bâton, c’est pas vraiment une majorette. Ça peut être joli quand même, mais c’est
pas vraiment une majorette. La majorette, son centre c’est le bâton. Un engin par fille.
Chacune le sien. […]
Marie Do : « Extérieur - intérieur, intérieur - extérieur. Le gros bout devant. Tu fais un tour
complet. Voila. Souple, souple le poignet. Regarde, ton gros bout revient devant. C’est pour
ça, Sylvie, que le bâton il y a un gros bout et un petit bout. C’est un repère ».
Moi je vérifie, j’agite la main, j’ai besoin de bien comprendre pour apprendre. Sylvie, bon
ben… Même si elle comprend…
Extérieur – intérieur, intérieur - extérieur… Marie Do, quand elle le fait, ça a l’air super
simple. Extérieur – intérieur, intérieur – extérieur…
En plus, elle fait peur. Alors, t’as vraiment envie d’y arriver et le plus vite possible. « Faut
que ça rentre ! » Elle répète toujours ça, Marie Do « Faut que ça rentre. »
Je m’applique. Je me fais mal. Je me cogne, je supporte, je recommence, mais j’en ai
jamais marre. Je regarde Sylvie. Elle est très rouge, la langue dehors. Je l’entends qui
marmonne « Extérieur – intérieur, intérieur – extérieur ».
On dirait qu’elle parle une langue étrangère. […]
Marie Do : « Commencez petit, tout petit. Vous lancez, hop, vous rattrapez. Vous lancez,
hop, vous rattrapez. » […]
« Faire, faire, et refaire. N’ayez pas l’air d’avoir peur de votre bâton. Ne le fuyez pas.
Affrontez-le. »
Mon bâton va trop vite. Il redescend trop vite. Même pas le temps d’ouvrir la main pour le
rattraper.
J’écoute ma petite voix « Si t’es là, tu te bagarres, ça va devenir plus facile, à force, c’est
sûr. Faut tenir, tenir bon, tu chougnes pas, t’es pas une jumelle Bouffaniant». […]
Mon repère, c’est Françoise. Tant qu’elle ne s’arrête pas, je continue. Quand elle s’arrête,
souvent je continue pour essayer d’aller plus loin encore dans l’endurance. Faire mieux. Y
en a d’autres qui sont bonnes aussi et si toutes les bonnes voulaient devenir capitaines ?
[…]
Mireille Roussel et Ricardo Munoz, Majorette !, 2009 (extraits) .
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EXTRAITS DE DIMANCHE DE MICHEL DEUTSCH
Acte 1
Scène 1
Un gymnase.
L’intérieur faiblement éclairé d’une immense salle.
Dans le lointain une jeune fille fait un exercice de danse à la barre.
Une forte averse de printemps frappe bruyamment le toit de tôles de la salle de sport.
Après un long moment la jeune fille arrête ses mouvements et s’immobilise.
Une voix de femme s’élève alors dans le noir.
VOIX DE FEMME. Laisse-toi aller… Prends du temps… Respire, souffle, souffle… Allongetoi. Ne t’occupe pas de ce qui se passe dans ta tête… Allonge-toi sur le sol… Ferme les
yeux… Détends-toi… Oui, ne pense plus à rien… respire… Tu ne dois plus sentir tes
membres… Ne te crispe pas… Respire… Oui, comme ça… Respire…
Silence.
La jeune fille se redresse, pose une main sur la barre.
VOIX DE FEMME. Recommence… Extension… Plier… Dégager… Un deux trois, deux deux
trois, trois deux trois… Petits battements… Ronds de jambes au sol… et en l’air… Un deux
trois, deux deux trois, trois deux trois… Fondu… Développer… Équilibre… Grands
battements… Et deux et trois et quatre… et deux et trois et quatre… Pieds sur la barre…
Cambrer les reins… Et on repart… et deux et trois et quatre… Pour moi… Recommence
pour moi… Enchaîne tes mouvements pour combler le vide… Ta pensée doit être ton
mouvement – ne doit être que ton mouvement… Plus loin, plus haut, ta jambe… lève-là
davantage encore… Tes muscles se déchirent… La vie tumultueuse et incohérente, sens
comme tu l’ordonnes… Tu es rebelle… Mais tu ne dois être que ce mouvement, son ordre,
que ce seul rythme… Tu es ce rythme… Ce seul mouvement… Tu es belle…
La voix se perd dans la pluie.
La jeune fille poursuit son exercice à la barre.
Le NOIR se fait progressivement.
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Acte 2
Scène 3
Gymnase. Éclairage très v iolent. Ginette assise au pied d’un cheval d’arçons.
Elle est occupée à mettre en route un magnétophone.
Enfin il marche.
Ginette puis le gardien.
VOIX DE FEMME. C’est la voix de Rose. Un… deux… gauche…gauche… gauche…
gauche… demi-tour à droite ! droite !... gauche… gauche… gauche… Gauche droite,
gauche droite gauche…
Ginette se lève, se met en position et commence à exécuter les mouvements qu’indique la
voix sur le magnétophone.
LA VOIX. Gauche… gauche… à droite ! droite !... Plus haut les jambes !... Balancez vos
bras ! Plus haut ! Mieux que ça ! Mieux que ça !... Attention ! demi-tour à droite ! droite ! un
deux… un deux… Sortez la poitrine, la tête haute… gauche, gauche… Maintenez les
distances mesdemoiselles ! Le regard à l’horizon… et du nerf ! e t du nerf !... Attention !
demi-tour à droite ! droite !... A angle droit le demi-tour !... le rang ! Vous ne savez plus ce
que c’est qu’une ligne !... Gauche… gauche… un deux un deux… Si vous vous imaginez
que vous allez gagner le concours en dormant, autant ne pas venir… un deux un deux…
pas de mollesse ! de la rigueur ! de la discipline !... Je ne veux pas voir un numéro, je veux
voir un travail. L’axe, mesdemoiselles ! Dégagez les épaules, un deux, un deux…
Ginette arrête le magnétophone. Elle s’accroupit comme si elle réfléchissait, ou comme si
elle se concentrait fortement. Puis elle fait jaillir de brèves étincelles de la machine. On la
voit ensuite appuyer résolument sur un bouton. Elle se lève, et d’une voix ferme,
inhabituelle, elle lance des commandements.
GINETTE. Levez la jambe ! Plus haut ! Dépliez au maximum… un deux un deux… plus
haut… encore plsu sec le mouvement… demi-tour !... Creusez le dos… ça doit faire mal !...
un deux un deux… Économisez votre souffle… la jambe !... les bras aussi nets qu’une
équerre… à la hauteur des épaules… mais sans vous raidir… attention ! changement de
rythme… un deux un deux un deux…
Michel Deutsch, Dimanche, La Bonne Vie, Convoi, © L’Arche Éditeur, 1994 (extraits).
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CHANSON MAJORETTE DE BÉNABAR
Les gens sont venus juste pour nous voir
Ça les rend contents d'entendre notre fanfare
On a des uniformes verts des casquettes
Moi pour faire mieux j'ai mis des épaulettes
Mon tuba s'enroule en boa constrictor
J'l'ai tellement briqué qu'on dirait de l'or
Son pavillon qui brille c'est mon auréole
On se voit dedans ça déforme ça gondole
Je marche tout derrière avec les tambours
Les lèvres collées à mon embouchure
Tonnent les basses résonnent les cymbales
Tempêtent les trompettes fête municipale
J'aime bien parader habillé comme tout le monde
D'habitude on me moque
Alors j'aime bien qu'on me confonde avec
Le fils du notaire le gérant de l'épicerie
Moi j'ramasse les feuilles pour la mairie
Et les Majorettes sautillent en cadence
Menées de main de maître par la reine de la danse
Elle s'appelle Nadège elle est drôlement belle
D'ailleurs on est tous amoureux d'elle
On dirait avec sa queue de cheval
Une sirène avec des jambes normales
Sa mini-jupe rouge que j'aime vachement
Parce qu'on voit sa culotte tout l'temps
Petit pont arrière salto fléchissement
Un pas de coté le tout en souriant
Elle lance son bâton qu'elle rattrape à tous les coups
Et reprend sa marche en montant les genoux
[…]
Bénabar, Majorette, in Bénabar, 2001 (extrait).
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PISTES PEDAGOGIQUES
Niveau
Discipline
Objets ou thèmes d’étude
Histoire des arts
Arts du spectacle vivant.
d’enseignement
Classes de collège
« Mise en voix et mise en gestes de texte à
des fins artistiques ».
Classe de quatrième
Histoire des arts
Arts du spectacle vivant.
« L’expression du moi ».
Classe de troisième
Français
Étude du texte théâtral à partir d’une œuvre
contemporaine, mettant en avant des liens
entre le verbal et le visuel.
Classes de lycée G P T
Français
Étude du texte théâtral.
« Écriture et représentation ».
ð Sur le texte théâtral
Il s’agit d’un monologue. Le personnage de Viviane est seul sur scène. Il est cependant
entouré de toute une galerie de personnages : les membres de sa famille et son club de
majorettes, qui prennent vie et peuvent s’exprimer par la voix de Viviane.
L’intrigue suit quelques semaines de la vie de Viviane, à un moment crucial de son activité
de majorette, moment autour duquel de simple membre du bataillon, elle devient capitaine.
Le texte propose le langage d’une adolescente où persistent encore quelques échos de
l’enfance. Viviane a douze ans. Elle n’est pas une adulte, elle n’est plus une enfant. Pour
effectuer cette transition qu’est l’adolescence, elle doit réaliser quelque chose, ou se
réaliser et ceci grâce au fait d’être majorette. Elle est seule pour cela. Son entourage ne la
comprend plus, personne ne peut savoir ce qu’elle ressent. Des émotions et des
sentiments, des questionnements propres à cet âge affleurent mais sont dits avec
beaucoup de pudeur et de retenue.
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ð Sur l’espace dramatique
L’intrigue racontée se déroule dans différents lieux : le gymnase, la salle des fêtes, la rue, le
bus, la voiture du père, la maison de Viviane...
L’espace représenté sur la scène est, ceci de manière assez réaliste et explicite par la
scénographie et le décor, est celui du gymnase. Celui-ci a été « imaginé comme un
« espace mental », l’endroit d’où la parole de Viviane pouvait naître. » Ainsi, nous pouvons
nous déplacer d’un espace à l’autre : de la maison familiale à la salle des fêtes, du bus aux
rues de Ruoms…
Tout ce qui est dit ne renvoie donc pas au lieu représenté sur scène. Le lieu de
l’entraînement est, en plus, symbolique. Il est fermé mais il permettra, par son acharnement,
à Viviane, d’ouvrir et d’élargir son propre espace d’expression et de reconnaissance.
L’espace dramatique est doublé d’un ailleurs qui demeure, souvent, imaginaire. Ce qui est
intéressant ici c’est que par le discours de Viviane et le jeu de Mireille Roussel, cet ailleurs
prend consistance dans l’imagination du spectateur, lorsque Viviane évoque les rues de
Ruoms par exemple.
L’espace actuel est unique. L’espace virtuel est multiple. Il renvoie à un espace contigu de
l’espace actuel : Ruoms. Il renvoie également à un espace lointain, situé dans le désir de
Viviane.
L’opposition entre l’espace actuel et l’espace virtuel exprime la nature du conflit
dramatique. Il évoque chez Viviane son envie de partir, de s’échapper, de trouver un espace
à sa mesure, où elle pourra enfin s’exprimer.
Le costume du personnage, le costume de majorette, est totalement constitutif de l’intrigue.
Il est clairement et précisément décrit par Viviane dans le texte et se dévoile petit à petit sur
scène. Ce dévoilement montre l’évolution, l’itinéraire du personnage. Sa transformation sur
scène a de multiples caractères : du survêtement au costume à paillettes de la majorette, de
l’enfant vers la femme, de la majorette lambda à la capitaine, de l’obéissance à l’affirmation
de soi, de l’anonymat à la gloire… épanouissement ainsi symbolisé et fêté par le
(mouvement) final.
ð Sur l’autobiographie dans le théâtre
Mireille Roussel présente ce spectacle comme s’inspirant d’une activité pratiquée dans son
enfance. On peut, peut-être, ainsi parler d’inspiration autobiographique. L'auteur, le
personnage et l'acteur lors de la représentation pourraient ici être presque la même
personne, même si Mireille Roussel a donné un autre prénom à son personnage.
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On voit donc se dessiner une problématique spécifique au théâtre, à savoir comment un
dramaturge peut montrer que son Moi révolu est différent de son Je actuel. Il lui faut
raconter en actes ce qui lui est advenu en un autre temps et faire oublier sur scène qui il est
devenu lui-même.
Mireille Roussel, auteur dramaturge qui a choisi de se raconter, se (re)joue, et est mise en
scène au milieu de ses souvenirs par Ricardo Munoz. Au théâtre, « dire » c'est faire. Rien
n'existe que ce qui est dit, exprimé, proféré par le personnage. Le monologue peut venir au
secours de l'auteur pour exprimer les pensées de son personnage.
On peut s’interroger, sur les effets rétrospectifs d’un théâtre où le moi du dramaturge se
met en scène. C’est pourquoi on peut se demander de quelle manière la confusion
auteur/personnage, en troublant les pistes, réinvente la vie de l’auteur et influe sur
l’approche biographique.
ð Sur les personnages
Viviane évoque toute une galerie de personnages qui vivent à travers ses mots. Il s’agit ainsi
de reconstituer un univers, une société dans laquelle Viviane a grandi. Comme un
échantillon-type de la société, que tout un chacun peut avoir côtoyé à l’adolescence :
comme un clin d’œil ou une connivence avec le spectateur adulte.
Le personnage de Viviane peut être abordé à partir de différents angles d’étude : sa
caractérisation, son itinéraire dans la pièce, les références à l’adolescence et à ses
interrogations (point de vue féminin).
Viviane est obstinée, elle n’a pas d’autre échappatoire que briller en tant que majorette pour
sortir de l’ennui qu’elle connaît à Ruoms et pour y exister.
Cela peut être peut-être intéressant d’étudier le rapport entre Viviane et sa professeure.
Celle-ci est à la fois modèle et repoussoir. Viviane semble l’admirer et, en même temps, elle
repère ce qui dans son travail et sa personnalité ne fonctionne pas. Viviane à douze ans
peut-elle avoir suffisamment de recul pour ainsi analyser Marie Do, qu’elle admire, qu’elle
craint et qu’elle comprend ou doit-on lire ici davantage le point de vue de l’auteur adulte ?
Enfin, pourquoi ne pas étudier les rapports entre Viviane et sa famille par ce qui est suggéré
de leurs rapports, ou entre Viviane et la constellation des autres majorettes : la capitaine à
détrôner, la copine peu concernée, la rivale, l’adolescente mal dans sa peau à soutenir…
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ð Sur les thèmes abordés dans la pièce
Une majorette était autrefois une personne de sexe féminin habillée d'un costume de
parade et de coiffes ou de chapeaux stylisés, défilant sur la voie publique en groupe, au
rythme de musiques chorégraphiques, et maniant un bâton métallique et décrivant avec lui
des circonvolutions artistiques.
Aujourd'hui les majorettes se sont modernisées, et sont habillées de façon plus moderne,
parfois comme les gymnastes avec justaucorps, jupes. On trouve par ailleurs de nombreux
garçons.
De nombreuses fédérations de majorettes existent. Les majorettes sont regroupées au sein
d'associations, et défilent à l'occasion de fêtes publiques, organisent des galas, et
participent à des championnats.
Les majorettes ont plus une vocation d'animation des défilés que de sport, contrairement
aux adeptes du twirling bâton. Leur discipline, par son rôle d'animation tout en étant une
forme de danse, est souvent vue à tort comme équivalente au cheerleading (gestuelle des
« Pom-pom girls ») en Amérique du Nord.
Ruoms (Ardèche / Rhône-Alpes) se situe à 25 km d'Aubenas, en direction des gorges de
l'Ardèche.
Ruoms est un vieux village médiéval de caractère fondé à la fin du Xème siècle autour de la
Chapelle Notre Dame des Pommiers. Ses vieux remparts dotés de sept tours rondes et
d'une église d'architecture romane, furent érigés au XIVème siècle, lors de la guerre de cent
ans. Le Pays Ruomsois est un pays de carrières, encore exploitées il y a cinquante ans. La
pierre calcaire de Ruoms a été utilisée pour la réalisation de nombreux monuments et
ouvrages d'art, dont le socle de la statue de la Liberté à New York.
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Ce fut aussi une petite cité industrielle.
Le deuxième dimanche d'août donne lieu au plus grand rassemblement de touristes de la
région autour de la fête du vin des Vignerons Ardéchois. Durant toute la journée ; défilé,
dégustations de vins et de produits régionaux, marché et jeux se succèdent pour terminer
par un superbe spectacle gratuit le soir à la belle étoile.
A proximité de quatre rivières, l'Ardèche, la Beaume, la Ligne et le Chassezac, Ruoms est le
lieu de nombreuses activités, dont la baignade, la pêche et le canoë kayak, mais aussi le
point de départ de nombreux circuits de randonnées. Ces nombreux atouts en font un lieu
très prisé par les touristes.
ð Sur les métiers du théâtre
Ce spectacle fait intervenir différents métiers du théâtre : auteur, metteur en scène,
comédien, scénographe, ingénieur son et lumières, costumier dont le travail collaboratif
permet de donner lieu à la représentation théâtrale et de jouer sur l’imaginaire du
spectateur. Des signes visibles lui sont ainsi donnés par les mots prononcés et le jeu de la
comédienne, par les éléments du décor. La musique et la lumière, quant à elles, créent des
indications plus abstraites qui amènent le public à se forger ses propres images mentales
en faisant appel à ses souvenirs et à son expérience vécue.
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L’EQUIPE ARTISTIQUE
Mireille Roussel, écriture et jeu
Dès sa sortie du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique en 1992,
Mireille Roussel travaille avec Philippe Adrien, qui y fut son professeur, dans Grand
Peur et Misère du III Reich.
Dans le même temps, elle rencontre Ludovic Lagarde. Celui-ci la mettra en scène
dans plusieurs spectacles : Le Petit Monde de Georges Courteline en 1993, Le
Cercle de Craie Caucasien en 2000, ou plus récemment Oui, dit le très jeune
homme, repris à la Comédie de Reims en mars 2010.
Tout en continuant son parcours théâtral sous la direction de Noel Casale, Nabil El
Azan ou Célie Pauthe, elle commence en 1997 une carrière au cinéma et à la
télévision et entretient depuis des fidélités avec des réalisateurs comme Laurent
Achard, Siegrid Alnoy, Francis Girod, ou Daniel Janneau.
« Majorette ! » est son premier texte en tant qu’auteur.
Ricardo Munoz, écriture et mise en scène
Scénariste et directeur artistique de longs et courts-métrages au cinéma, Ricardo
Munoz collabore régulièrement avec des auteurs tels que Laurent Achard, Maria
Isabel Ospina ou Pascal Cervo. Il a également fait une incursion dans la production
et est aussi monteur.
En 2007, il réalise Le bout du monde, un documentaire sur le sens de l’avenir quand
on est très âgé et en 2008, Sans Howard, un premier film de fiction au Mexique.
Majorette !, qu’il coécrit avec Mireille Roussel, est sa première mise en scène au
théâtre.
Sébastien Michaud, lumières et scénographie
Diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts et Technique du Théâtre en 1993,
éclairagiste depuis, Sébastien Michaud est l’un des plus fidèles collaborateurs du
metteur en scène Ludovic Lagarde. Au théâtre il a participé à la création de : Sœurs
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et Frères d’Olivier Cadiot – 1994, Platonov et Ivanov de Tchekhov – 1995/1996, Le
Colonel des Zouaves d’Olivier Cadiot – 1997/1999, Le Cercle de Craie Caucasien
de Bertolt Brecht – 1998, Maison d’arrêt d’Edward Bond – 2001, Retour définitif et
durable de l’être aimé d’Olivier Cadiot – 2002. A l’opéra il a éclairé toutes les mises
en scène de Ludovic Lagarde jusqu’aux créations en 2008 de Roméo et Juliette de
Pascal Dusapin, puis de Massacre de Wolfgang Mitterer.
En tant que scénographe, il réalise les décors et lumières de Comment une figue de
paroles et pourquoi de Francis Ponge, mise en scène par Pierre Baux et Célie
Pauthe en 2001, Quartett de Heiner Müller et L’Ignorant et le fou de Thomas
Bernhardt mis en scène par Célie Pauthe au Théâtre National de Toulouse en 2003.
Bibliographie
- Michel Deutsch, Dimanche, La bonne vie, Convoi, L’Arche Éditeur, 1994.
Webographie
Le site du Centre National du Théâtre :
- http://www.cnt.asso.fr/index.php
Les majorettes, histoire et passion :
- http://majoretteetpassion.blogspot.com/
Le site officiel de la FFMM :
- http://www.ffmm.fr/index.asp
Le site de l’Amicale des Fanfares et Majorettes de France :
- http://www.afmf78.fr
Le site officiel de la ville de Ruoms :
- http://villederuoms.free.fr
Le site Internet de l’Office du Tourisme du Pays Ruomsois :
- http://www.ot-pays-ruomsois.com
LA COMEDIE DE REIMS
Centre dramatique national
Direction : Ludovic Lagarde
3 chaussée Bocquaine 51100 Reims
Tél : 03.26.48.49.00
www.lacomediedereims.fr
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