Je ne résiste pas au plaisir de partager avec

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Je ne résiste pas au plaisir de partager avec
Je ne résiste pas au plaisir de partager avec vous les billets que certains de mes amis
m’ont envoyés.
Jean-Claude, je t’aime parce que je t’admire et je t’admire pour ton immense talent, ta
générosité, ta disponibilité, ta brillante intelligence, ta culture, ta sensibilité, ton
charme, ta gaieté, ta joie de vivre, ta vitalité, ta présence bénéfique et surtout ton sens
de l’amitié. Que tu sois mon ami fait partie de ma chance. Bien entendu je suis le tien
et j’en remercie mon destin.
Jean MARAIS
Jean-Claude Brialy est acteur du matin au soir et quand il rêve, il rêve qu’il joue. Il
aime ce métier pour ce qu’il a de profond mais aussi pour ce qu’il a de brillant.
Oui, Jean-Claude aime Molière, les autographes, Stanislavsky, le bar du studio, les
télégrammes d’encouragement, les films de Jean Renoir, les flashes, les inédits de
Claudel, la canne de Sarah Bernhardt, les mots de Pierre Brasseur, la montée de
l’escalier au Festival de Cannes, les grands acteurs et pas seulement ceux qui sont
morts, il aime les bons manuscrits, les ouvreuses, le guichet de location, une loge bien
décorée, il aime le trac, les trois coups, les applaudissements, il aime le théâtre, il
aime les gens, il aime la vie à condition de pouvoir la vivre et la jouer dans la même
journée.
Alors écoute-moi Jean-Claude, tu n’es pas un acteur, tu l’es l’Acteur. Joue, JeanClaude, ils te regardent tous, Joue, Jean-Claude, je te regarde ce soir, Joue, JeanClaude, « tu seras toujours un prince ».
François TRUFFAUT
Il y a le talent, il y a la présence. Il y a le charme. On peut avoir l’un sans les autres et
les autres sans l’un. Pour Jean-Claude Brialy, c’est tout simple : il y a les trois.
Dès sa première réplique, il intéresse. Dès la deuxième, il séduit. Dès la troisième, il
nous entraîne.
Derrière ce jeu si naturel, il y a tout ce dont Jean-Claude Brialy le nourrit : sa
générosité, son intelligence, son travail, cette maturité peu à peu acquise et qui lui
ouvre tous les rôles, son respect du public, sa constante bonne humeur fait partie du
talent et enfin ce qui résume tout, cette passion qui le brûle, cette passion qui, de
toutes, est la moins égoïste, la passion du théâtre.
Félicien MARCEAU.
Jean-Claude Brialy possède ce trésor qui réside, à la fois, dans sa nature et dans sa
façon d’exprimer ses dons. Je crois le connaître, qu’il obéisse à son humour ou aux
exigences de son talent, il me surprend toujours en se montrant à moi sous des traits
insoupçonnés qui le métamorphosent. J’attends une boule de feu et je vois un glaçon.
Sera-t-il l’animation ou l’immobilité ? Le rire ou la gravité ? La mélancolie ou la
sérénité ? Mystère.
L’Attendu Inattendu, c’est ainsi que j’appelle Jean-Claude Brialy.
Louise de VILMORIN
On pourrait presque diviser les comédiens en deux grandes catégories :
Les guitrolâtres et les guitrophobes, ces derniers étant les malheureux artistes dont
l’aspect physique, l’âge ou la corpulence interdisent d’avoir l’illusion de désirer faire
le rêve d’incarner un jour les personnages de Sacha, donc Sacha lui-même – ce sont
des jaloux.
Parlons plutôt des premiers.
Voilà quelques années – trop, hélas, pour être décemment dénombrées – le jeune
Jean-Claude, alors quasi débutant, prêchait des convertis (Truffaut, Rivette, quelques
autres et moi-même) en vantant la finesse et la grâce du théâtre guitrysien.
On sentait en lui l’impatience d’avoir l’age des artères du grand Sacha pour se
coltiner ce prodigieux souvenir.
Il y est maintenant en plein. Et chaque fois qu’il a la bonne idée de s’introduire dans
un des personnages de ce théâtre prestigieux, nous sommes assurés du même
enchantement. Un indice ne trompe pas : meilleure est la pièce, meilleur est le Brialy.
Mais en restant fidèle à lui-même, tout en respectant la musique guitriesque.
Pas d’imitation, ni de parodie, non, jamais. Mais tout simplement la finesse et la
grâce.
Claude CHABROL
Penchons-nous une seconde, voulez-vous, sur l’étrange cas de ce jeune homme qui
fait courir tout le monde… mais pas toujours dans le même sens.
Pourquoi Brialy agace-t-il ? Tout simplement sans doute parce qu’il est agaçant.
Oh ! Oui, il l’est.
Rien de plus agaçant de nos jours que la légèreté, rien de plus déplacé que la
désinvolture, rien de plus irritant que la facilité.
Jadis jonché de poètes et d’énergumènes, le monde du spectacle est aujourd’hui pavé
de docteurs.
Il organise des divertissements. Et parmi ses divertissements : celui de jouer la
comédie.
Ce garçon-là ne se force en rien. Ce n’est pas le genre de la maison.
C’est pourquoi je pense qu’il faut remercier cet individualiste primesautier d’avoir
choisi un sport d’équipe.
Ironique par pudeur, élégant par défi, intelligent parce que c’est comme ça, Brialy
aurait donné de l’honneur à Monsieur Thiers et fort irrité Monsieur Prud’homme.
Je crois en revanche qu’il aurait enchanté Monsieur de Beaumarchais.
Michel AUDIARD