2 - F - Million dollar baby

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2 - F - Million dollar baby
Million Dollar Baby
Clint EASTWOOD (2004)
Oscars : meilleur film, meilleur réalisateur, meilleur actrice, meilleur second rôle
César 2006 du meilleur film étranger
Golden globes du meilleur réalisateur et de la meilleure actrice
Frankie Dunn : Clint Eastwood
Maggy Fitzgerald : Hillary Swank
Eddie Scrap : Morgan Freeman
Synopsis :
Frankie est soigneur, entraîneur et possède un club de boxe. Il emploie Scrap, un
ancien boxeur qui a perdu un œil dans un combat. Un jour, une jeune femme s’inscrit
et demande à Frankie de l’entraîner. D’abord, il refuse, mais voyant sa détermination et
son potentiel, il finit par accepter.
Maggie est issue d’un milieu défavorisé et cherche à se réaliser à travers un sport qui la
passionne. Son ascension s’avère fulgurante, du fait de qualités exceptionnelles servies
par une immense volonté.
Lors du combat qui l’oppose à la championne du monde, elle est victime d’un coup bas
de son adversaire, qui la laisse tétraplégique. Frankie continue de l’aider et de la
soutenir comme un père, alors que la propre famille de la jeune femme essaie de
s’approprier ses biens. Son état se dégradant, elle parvient à convaincre son entraîneur
de l’aider à mourir.
LES THEMES
La famille, la solitude
Maggie a grandi dans un milieu défavorisé socialement et culturellement. Elle a été
dévalorisée, croit qu’elle « ne vaut rien », exerce un métier peu valorisant et mal
rémunéré. La boxe lui permet de s’affirmer, de prendre confiance en elle, lui sert
d’exutoire et de revanche sur la vie.
Quand elle connaît le succès, sa famille ne lui offre pas la reconnaissance qu’elle
mérite : sa mère et sa sœur, uniquement préoccupées de profiter d’aides sociales
auxquelles elles n’ont pas droit, continuent de la décrier. Maggie, dans une perpétuelle
quête d’amour maternel, ira même jusqu’à offrir une maison à sa mère, sans recevoir
un merci. Le film va crescendo dans la description de cette abjection puisque que la
« famille » en question ne se rendra au chevet de la jeune femme tétraplégique que
pour tenter d’arracher sa signature sur un acte de donation.
La souffrance est moins explicite mais tout aussi présente chez le personnage de
Frankie Dunn : on le voit écrire régulièrement à sa fille des lettres qui lui sont
retournées sans avoir été ouvertes. On comprend que la fille en veut à son père, mais
le film n’en donne pas la raison. La solitude de cet homme est toutefois perceptible.
Dans ces conditions, des liens quasi filiaux vont se tisser entre Maggie et Frankie. Les
deux solitaires meurtris s’apprivoisent peu à peu, jusqu’à créer une relation de père à
fille. Jusqu’au bout, Frankie témoignera à Maggie la tendresse et la sollicitude d’un
père. Il lui avait d’ailleurs donné le surnom de Mo Cuishle, qui signifie à la fois « mon
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amour » et « mon sang » en gaëlique : il est difficile de ne pas y voir une allusion aux
liens du cœur et du sang – donc aux liens filiaux, symboliquement.
L’argent
L’argent est présent dans toute l’œuvre, dès le titre (traduisible par La fille à un million
de dollars).
C’est l’argent dont Maggie manque cruellement, économisant sou à sou, récupérant le
steak à moitié mangé d’un client dans le restaurant où elle est employée. Habituée à la
gêne, elle ne sait par la suite que faire de celui qu’elle gagne en tant que boxeuse, n’a
ni télévision ni magnétoscope, continue de travailler comme serveuse.
C’est Frankie qui affirme, tout au long du film, qu’il faut mettre de l’argent de côté, ne
pas dilapider, acheter si possible une petite maison comptant, sans passer par un crédit
bancaire. Lui-même a investi ses économies dans une salle de sport ; on comprend qu’il
a encore des économies. Tout au long du film, on le voit négocier les pourcentages des
combats. Il est capable de payer des dessous de table à des managers pour permettre
à Maggie de combattre, capable à l’inverse d’être pingre, comme le montre l’échange
avec Scrap qui lui dit : « Je ne t’ai jamais vu offrir un cheese burger à personne ».
Réponse : « Je n’en voulais plus ».
C’est le mépris évident de Scrap pour l’argent : logé gracieusement dans la salle par
Franckie, il dépense son salaire en paris, abonnement à une chaîne câblée, et se moque
d’aller avec des chaussettes trouées.
C’est aussi le jeune homme un peu attardé, complètement désargenté, que Scrap et
Franckie laissent venir à la salle gratuitement, alors que ce dernier semble faire un
compte très précis des cotisations.
Le sport et l’argent qu’il génère sont donc largement évoqués dans cette œuvre.
L’obstination, la volonté
L’obstination est un trait de caractère répandu chez tous les personnages du film :
Frankie ne veut pas entraîner Maggie (résistance qui sera vaincue par
l‘obstination plus forte de cette dernière) ; il embête avec régularité, depuis des lustres,
le prêtre de l’église catholique; il écrit depuis des années à sa fille bien qu’elle ne lui
réponde jamais ; il gère la carrière de ses poulains en ne tenant compte que de ses
propres angoisses, sans prendre en compte leurs désirs (ce qui lui vaudra de perdre Big
Willy).
Scrap n’en fait qu’à sa tête, les conseils que lui prodiguent Frankie sur la façon
de gérer sa vie restent sans écho. Il a quitté la carrière avec le regret de n’avoir fait
que 109 combats et considère le combat avec Omar (quand il prend la défense de
« Terreur ») comme le 110ème. Scrap affirme d’ailleurs qu’un boxeur qui n’est pas têtu
n’est pas un vrai boxeur.
Maggie veut faire carrière dans la boxe alors qu’on lui répète qu’elle est déjà trop
âgée, elle s’entraîne avec beaucoup d’obstination et de constance. Elle mettra la même
obstination à mourir quand elle l’aura décidé.
La douleur, la mort, l’euthanasie
Le film met fréquemment en rapport le sport (en l’occurrence la boxe) et la douleur.
Celle-ci est présente lors des entraînements et des combats. On voit Maggie se faire
briser le nez et Frankie le lui remettre avant qu’elle n’aille à l’hôpital. Plusieurs fois sont
montrés des plaies, contusions, cocards.
Scrap a perdu un œil lors d’un combat que son entraîneur, absent, n’a pas arrêté à
temps. Une douleur physique intense est infligée gratuitement par Omar à Terreur,
simplement parce que le jeune homme est différent et ne lui plaît pas. Scrap le mettra
K.O. et lui fera cracher une dent. La douleur est évoquée quand Maggie blesse une
adversaire au point de lui infliger un traumatisme crânien et de lui faire perdre l’ouïe
d’une oreille.
La douleur atteint son apogée quand Maggie devient tétraplégique : même si elle ne
ressent plus rien physiquement, la douleur - psychologique cette fois - est
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extrêmement intense. La souffrance psychologique est d’ailleurs présente durant tout le
film, quoique suggérée et non décrite ou verbalisée, contrairement à la souffrance
physique.
Le thème de la mort et de l’euthanasie est largement illustré par Maggie, qui supplie
Frankie de l’aider à mourir.
LE SPORT
Le sport
o sports « masculins » et « féminins »
La boxe est pratiquée principalement par des hommes, peut-être du fait de la violence
des coups. L’entraîneur, au début, refuse d’entraîner une femme, Maggie est victime de
moqueries dans la salle d’entraînement. Le film montre la trajectoire atypique d’une
femme pratiquant un sport masculin dans un milieu qui lui est a priori fermé.
o dépassement de soi
Quand Maggie commence l’entraînement avec Frankie Dunn, elle n’a que des bases, de
toute évidence mauvaises, ses capacités n’ont pas été exploitées. Grâce à sa
persévérance, elle progresse énormément et très rapidement, jusqu’à pouvoir disputer
le championnat du monde.
Très combattive et déterminée, elle ne se plaint jamais. Le film montre que le talent,
sans travail, est insuffisant. Maggie, par ses efforts, a su exploiter pleinement son
potentiel. Elle pourrait faire sienne la devise de Frankie : Tough ain’t enough.
Maggie est portée par une véritable passion pour ce sport (on la voit travailler son jeu
de jambes en servant les clients à table).
o compétition et succès
Maggie a un très fort besoin de reconnaissance, n’ayant jamais été considérée comme
une personne à part entière, douée d’aptitudes. La compétition et le succès lui
permettent d’exister, au-delà de la possibilité de comparer ses compétences sportives à
celles d’autres boxeuses. Son succès et sa chute sont foudroyants. Elle est blessée
parce que son adversaire lui porte un coup bas, par derrière : « Je n’ai pas su me
protéger, je n’aurais pas dû lui tourner le dos » dit-elle sur son lit d’hôpital. De fait, elle
a tourné son regard vers son entraîneur, à la fin du round, pour quêter son
approbation : c’est son profond manque de confiance en soi, jamais complètement
surmonté, qui lui fait faire cette erreur (le fait de tourner le dos à la fin du round n’est
pas dans les pratiques de la boxe).
o le sport comme vecteur d’intégration sociale
D’un point de vue socio-affectif : la boxe a changé la vie de Maggie et lui a permis de
rencontrer des personnes enrichissantes, qui l’ont aidée à avancer et à se construire,
des gens bienveillants.
Le jeune « la Terreur », légèrement attardé mentalement et abandonné par sa famille,
trouve du réconfort et de la chaleur humaine au club de boxe. Ce sport lui permet de se
socialiser, de rêver, et d’apprendre (il revient au club quelques semaines après avoir
été battu : « Ca arrive à tous de perdre un combat »).
D’un point de vue financier : le succès permet à Maggie de sortir de la pauvreté.
Karin Lafont-Miranda - 2012
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