Juin 2006 - Syndicat des chargées et chargés de cours de l

Transcription

Juin 2006 - Syndicat des chargées et chargés de cours de l
SYNDICAT DES CHARGÉES ET CHARGÉS DE COURS DE L’UNIVERSITÉ LAVAL (SCCCUL)
Volume X I, numér o 3 – Juin 2006
ÉDITORIAL
«POUR UNE PROFESSION ENGAGÉE: COMPÉTENCE,
INTÉGRATION, PROFESSIONNALISATION ET VALORISATION»
Fermeture des
bureaux du SCCCUL
Au cours de la période
estivale, les bureaux du
SCCCUL seront fermés du
vendredi 10 juillet à 16 h 30
jusqu’au mardi 1er août à 9 h.
SOMMAIRE
3 Chronique du CRT
4 Entente conclue pour les
maîtres de français langue
seconde
5 Hommage à treize
chargées et chargés de
cours ayant cumulé 25
années et plus de service
à l’Université Laval
6 Le 27e congrès de la
FNEEQ à Saguenay
9 La syndicalisation des
chargés de cours
Au-delà d’un slogan, ce thème traduit
l’orientation que nous voulons donner à la
démarche qui nous conduira au renouvellement
de notre convention collective. Nous voilà en
effet repartis pour une nouvelle ronde de négociation. Notre convention collective de deux
ans a pris fin en avril dernier. Rappelons-nous
certains gains importants issus de la
persévérante bataille de nos membres: rattrapage
salarial, fin de la péremption des PECC, bonification importante de notre allocation de
soutien professionnel, etc. À la suite de notre
lutte et de notre engagement pour l’amélioration de nos conditions d’enseignement, nous
entreprenons cette nouvelle négociation avec
enthousiasme, confiance, détermination et…
un sens aigu de l’équité !
Enthousiasme
Malgré les gains obtenus lors de la dernière
négociation, nous savons cependant qu’il nous
reste encore un long chemin à parcourir pour
la reconnaissance de ce que nous valons vraiment. Après avoir rencontré nos chargé(e)s de
cours pendant toute une année, les principales
demandes sont claires et se traduisent par
quatre thèmes qui nous guideront lors des mois
à venir : compétence, intégration, profes-
À VOTRE AGENDA
Conseil syndical : le mardi 29 août 2006
Une réunion régulière du Conseil syndical se tiendra le mardi 29 août 2006 à la salle
Vigneault du Château Bonne Entente, 3400 chemin Sainte-Foy, Québec de 9 h à 17 h.
L’ordre du jour comprend notamment l’élection des membres du Comité de
surveillance des finances et l’adoption des demandes syndicales à présenter à
l’Assemblée générale du 8 septembre.
Le repas du midi étant servi au restaurant de l’hôtel, nous vous prions de confirmer
votre présence avant le 22 août 2006 à 16 h 30 afin que nous puissions faire les
réservations en conséquence.
Assemblée générale : le vendredi 8 septembre 2006
Une réunion spéciale de l’Assemblée générale aura lieu le vendredi 8 septembre
2006 à 15 h, à l’amphithéâtre Hydro-Québec du Pavillon Desjardins. Le point principal à l’ordre du jour : l’adoption de la deuxième partie des demandes syndicales.
sionnalisation et valorisation. Pourquoi ces
thèmes ? Les chargé(e)s de cours sont compétents et veulent une reconnaissance ainsi
qu’une valorisation de leur apport indéniable à
la communauté universitaire. Cette reconnaissance doit se traduire notamment par une intégration plus grande dans leur milieu de travail et
une réduction de cette précarité qui caractérise
depuis bien trop longtemps la carrière de
chargé(e)s de cours. Si, il y a bien des années,
nous étions perçus comme un « mal nécessaire », il est maintenant impossible pour
quiconque de nous considérer comme tel. Nos
campagnes de publicité avec le slogan « des
pros de l’enseignement » démontrent notre
motivation et notre enthousiasme à défendre
nos conditions de travail comme professionnel de l’enseignement, et ce, pour
assurer une meilleure qualité de la formation au
sein de la plus vieille université francophone
d’Amérique du Nord.
Confiance
La tournée des unités organisée conjointement par le SCCCUL et le Vice-rectorat aux
ressources humaines, où nous avons rencontré
différents représentants des départements,
écoles et facultés, nous a permis de prendre
acte du contexte des unités qui peinent parfois
à appliquer notre convention. Cette tournée a
permis à ceux-ci d’apprendre qui nous étions et
les raisons derrière ces exigences qu’ils ne
comprenaient pas toujours. Les rencontres de
la présidence avec la vice-rectrice aux ressources humaines ont aussi contribué à établir
un dialogue qui a nettement aidé à la compréhension mutuelle et au ton dans nos
différents règlements. Pour ces raisons et avec
l’appui de nos membres du conseil syndical, de
notre assemblée générale et des représentants
aux différentes instances universitaires (Conseil
d’administration, Conseil universitaire, comités
de programme, etc.), la première rencontre de
négociation avec l’Employeur s’est déroulée
dans le plus grand respect. Et c’est entre autres
pour cela que nous avons confiance.
SUITE EN PAGE 2
«POUR UNE PROFESSION ENGAGÉE: COMPÉTENCE, INTÉGRATION,
PROFESSIONNALISATION ET VALORISATION» (SUITE)
RÉUNION
SPÉCIALE DE
L’ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE
LE 10 MAI
Adoption du cahier
de demandes
syndicales et élection
de délégués au
Conseil syndical
Lors d’une réunion spéciale
de l’Assemblée générale
qui a eu lieu le mercredi
10 mai 2006, les membres
présents ont adopté le
cahier de demandes
syndicales portant sur les
blocs progression professionnelle et stipulations
liées au contrat pour la
négociation de la nouvelle
convention collective.
Il y a eu, de plus, élection
de déléguées et délégués
au Conseil syndical.
Robert J. Grace, chargé
de cours au Département
d’histoire, Jean-Sébastien
Morin, chargé de cours au
Département de management et Patrick Plante,
chargé de cours au
département des Études
sur l’enseignement et
l’apprentissage ont été
réélus pour un mandat de
deux ans comme délégués
au Conseil syndical.
Amra Ridjanovic, chargée
de cours au Département
d’information et communication a été également
élue comme déléguée au
Conseil syndical pour un
mandat de deux ans.
Tout au long de la session, nous avons
préparé un cahier de demandes, avec la participation d’un Conseil syndical compétent et efficace. Il est en effet fort rassurant d’avoir pu
compter sur l’expertise d’autant de chargé(e)s
de cours intéressés à défendre les intérêts de
leur métier. Grâce aux tournées d’unité et au
Conseil syndical, les membres du comité de
négociation, ont donc élaboré, tout au long de
l’année, un cahier de demandes1 cohérent et
intelligent dont le thème principal est la
« professionnalisation de l’enseignement », c’està-dire une reconnaissance des compétences
des chargé(e)s de cours comme professionnels
de l’enseignement universitaire. Nous savons
aussi que nous pourrons compter sur une large
mobilisation qui a déjà contribué grandement à
l’atteinte de nos objectifs lors de la dernière
négociation. Et c’est surtout pour cela que nous
avons confiance.
Détermination
L’enthousiasme et la confiance ne sauraient
toutefois nous faire oublier que les négociations entre l’Université Laval et ses différents
syndicats ne sont pas toujours des plus faciles.
En effet, l’exemple récent des maîtres de
français langue seconde doit nous laisser sur
nos gardes. Ces syndiqués on été mis en lock-out
alors que les négociations venaient à peine de
commencer. Alors que les maîtres de langue
voulaient maintenir leurs conditions d’enseignement, l’Employeur, au nom de l’équité2,
voulait notamment rehausser les tailles des
groupes d’étudiants. Les différents syndicats
sur le campus, dont la majorité seront en négociation sous peu, n’ont pas pu s’empêcher de
soupçonner que l’Employeur espérait donner
un sérieux avertissement aux autres. Tout est
heureusement rentré dans l’ordre et les maîtres
de langue sont retournés au travail, satisfaits du
règlement. N’oublions pas cependant que la
lutte des maîtres de langue est aussi notre lutte,
soit celle pour un enseignement de qualité et
de meilleurs moyens pour y parvenir. Dans
cette optique, les membres du SCCCUL auront
à démontrer cette même détermination face à
l’Employeur pour reconnaître notre engagement
à l’amélioration de la qualité de l’enseignement,
qui demeure, à juste titre, la mission première
de l’Université Laval.
Équité
L’équité est à la mode, un concept crucial,
mais malheureusement galvaudé à outrance.
L’Employeur veut l’ « équité » entre ses différents
corps d’emploi. Les chargé(e)s de cours, qui
sont dans les moins nantis de ceux-ci, ne
pouvaient alors qu’approuver ce pas dans la
bonne direction… mais nous avons tout de
suite compris que l’équité ne correspondait
pas, selon l’Employeur, à une hausse des conditions de travail, mais bien à une réduction des
conditions de nos collègues maîtres de langue
qui, plus anciens que nous à l’Université, bénéficient de droits chèrement acquis. Nous ne
pouvions et nous ne pourrons entrer dans ce
jeu de l’Employeur. Jamais nous ne serons d’accord avec l’idée que cette équité dont on parle,
terme noble s’il en est, signifie en fait « nivellement vers le bas ». Si l’équité est importante,
elle doit se traduire ici par le terme « solidarité » :
nous savons ce que nous valons, mais nous
reconnaissons aussi nos collègues de la communauté universitaire dans leurs compétences et
leurs droits. Si « diviser pour régner » a déjà été
une tactique qui a fait ses preuves en politique,
nous savons que les associations et groupes
syndicaux de l’Université n’en sont plus là.
L’équité à Laval, dans les prochaines négociations, doit donc présupposer la sauvegarde des
droits acquis par les différents corps d’emploi
et la bonification des conditions pour les
autres.
Enthousiasme, confiance, détermination,
équité et… solidarité : cinq concepts et cinq
réalités qui nous resteront en tête tout au long
du processus de négociation et qui s’interprèteront à travers les quatre thèmes-clés de
notre cahier de demandes : compétence, intégration, professionnalisation et valorisation.
Pour une profession engagée, nous avons
rendez-vous vers de nouveaux jours, puisque
l’avenir est déjà engagé.
1 Ce cahier représente seulement une partie de nos demandes.
Une réunion du Conseil syndical est prévue pendant toute une
journée à la fin août pour le compléter, entre autres sur le salarial.
Le cahier de demandes complet sera disponible sur le site du
SCCCUL vers la fin septembre.
2 À ne pas confondre avec la définition du dictionnaire : « notion
de la justice naturelle dans l’appréciation de ce qui est dû à
chacun ; vertu qui consiste à régler sa conduite sur le sentiment
naturel du juste et de l’injuste ».
2
SYNDICAT DES CHARGÉES ET CHARGÉS DE COURS DE L’UNIVERSITÉ LAVAL (SCCCUL)
MARTIN COURVAL,
PRÉSIDENT SCCCUL
CHRONIQUE DU CRT
Exonération des droits
de scolarité
Depuis l’entrée en vigueur de la dernière
convention collective, les chargés de cours
bénéficient d’un programme d’exonération des
droits de scolarité pour leurs enfants qui poursuivent leurs études à l’Université Laval.
La condition d’admissibilité à ce programme
contenue dans l’article 22.22 de la convention
est que le chargé de cours ait eu une charge de
travail de quatre points et plus durant l’année
universitaire précédente.
Par exemple, l’enfant du chargé de cours qui a
enseigné 4 cours de 45 heures durant l’année
universitaire 2005-2006 est admissible à ce
programme pour la session d’automne 2006.
L’exonération des droits de scolarité est égale
aux frais de scolarité et aux frais afférents aux
études en vigueur pour l’année 1989-1990, ce
qui représente environ 250 $.
Le formulaire à remplir est disponible au
bureau d’accueil du Service des ressources
humaines, local 5333 du pavillon Jean-CharlesBonenfant. La date ultime pour faire une demande
pour l’automne 2006 est fixée au 18 août.
Signature du contrat
d’engagement
En vertu de l’article 11.01 de la convention
collective, chaque chargé de cours qui obtient
une charge de travail a l’obligation de signer un
contrat d’engagement. Certaines unités invitent
systématiquement les chargés de cours à signer
leur contrat et leur en remettent une copie. Ce
n’est pas le cas partout.
Il est important d’insister auprès de son unité
pour poser ce geste puisque c’est dans le
contrat que sont définies les tâches à effectuer
et le salaire qui s’y rattache.
Avancement d’échelon pour
les chargés d’enseignement
Les agentes de relations du travail rappellent
aux chargées et chargés d’enseignement qu’ils
bénéficient d’un avancement d’échelon à
chaque année et les invitent à s’assurer que
l’augmentation s’y rapportant leur est bel et
bien versée.
Nouveau site du régime
de retraite
Les chargées et chargés de cours ont maintenant accès au nouveau site internet du régime
complémentaire de retraite. Le consulter, c’est
mieux comprendre l’enjeu financier de la retraite.
L’adresse est la suivante : www.rcrul.ulaval.ca
ALLOCATION DE SOUTIEN PROFESSIONNEL
Nous voulons rappeler à toutes les nouvelles et à tous les nouveaux
chargés de cours que, selon l’article 11.15 de la convention collective,
chaque personne chargée de cours bénéficie d’une allocation de soutien
professionnel de 120 $ par point de classement (1 point équivaut à un
cours de 45 heures). L’allocation est versée lors de l’émission du contrat
de chargé de cours. Les sommes non utilisées sont reconduites d’année en
année, vous pouvez donc les dépenser chez Zone à n’importe quel
moment.
ATTENTION !
Cette allocation permet l’achat, à la librairie Zone de l’Université Laval,
de livres et de matériel pédagogique et informatique ; toutefois, vos choix
de documents doivent être en lien avec votre tâche de chargé de cours et
la spécificité de votre enseignement.
Actuellement, les chargés de cours ne sont pas autorisés à compléter,
avec de l’argent personnel, le paiement pour un bien acquis avec cette
allocation (comme un ordinateur). Le Syndicat ne partage pas cette position patronale et demeure en réflexion à ce sujet.
Notez bien que l’achat de certains produits comme par exemple les
cartes de souhait, le papier d’emballage, les jeux (de société ou d’ordinateur), les cartes d’appel, les certificats cadeaux, les billets d’autobus, les
« best sellers », etc. n’est pas autorisé.
Sachez que le VRRH dispose de la liste complète des achats
effectués par les chargées et chargés de cours chez Zone, qu’un
examen régulier est fait par le Service des finances de l’Université
Laval, et que tout le matériel obtenu grâce à ce fonds de soutien est
pris en compte.
Vo lu m e XI, n u m ér o 3 – Ju in 2006
3
ENTENTE CONCLUE POUR LES MAÎTRES
DE FRANÇAIS LANGUE SECONDE
En « lock-out » depuis le 5 mai dernier, c’est
à l’unanimité que les maîtres de français langue
seconde réunis en assemblée générale ont
accepté l’entente de principe conclue par leur
comité de négociation avec l’Université Laval.
L’annonce de cette entente a été faite à la
dernière journée du congrès devant les
délégué-es au 27e Congrès de la FNEEQ (CSN)
qui se déroulait à Saguenay.
Lors d’une intervention devant les congressistes, le président du Syndicat des chargées et
chargés de cours de l’Université Laval, Martin
Courval avait tenu à manifester la solidarité de
tous les chargées et chargés de cours dans cette
lutte, en soulignant les appuis inconditionnels
exprimés par les membres du Conseil exécutif,
du Conseil syndical et de l’Assemblée générale
du SCCCUL, ainsi que par les membres du
RASUL et du Regroupement des universités.
« Pour une profession engagée, vous n’êtes pas
14 mais 25 000 et vous avez toute notre solidarité », a-t-il souligné.
Pour Louise Tremblay, présidente du
syndicat des maîtres de français langue seconde,
« la solidarité et les appuis démontrés par la
communauté universitaire ont très certainement
contribué au fait que l’Université Laval entende
raison ». Elle a tenu à souligner également le
soutien de la FNEEQ et de la CSN qui n’ont pas
ménagé leurs efforts pour appuyer leur lutte.
Des demandes légitimes
Les maîtres de langue qui, sans cette
entente, auraient pu subir des reculs importants, ont réussi par leur ténacité et leur solidarité à préserver une part importante des
acquis fondamentaux de leur convention
collective élaborée au fil des ans.
LE PROJET D’ÉPICERIE-ÉCOLE SUSCITE DES RÉACTIONS
Le 9 mai 2006, les membres du Conseil exécutif du SCCCUL adoptaient une proposition
d’appui à la position de la CADEUL sur l’importante question du projet de partenariat entre
la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation et Sobey’s Québec.
Ce projet de partenariat marquerait un changement de paradigme dans la nature des relations
entre les intervenants du secteur privé et l’Université Laval en ce qui a trait au financement
de la recherche. Le SCCCUL déplore que ce projet ait été élaboré sous couverture et sans
qu’on ait informé ou consulté vraiment l’ensemble des membres de la communauté universitaire lavalloise.
LA CADEUL,
#1
#2
QUANT À ELLE, EXPRIME SES INQUIÉTUDES DANS LES POSITIONS SUIVANTES :
— Tant que l’indépendance de l’Université Laval n’est pas garantie quant à
l’enseignement et à la recherche ;
— Tant que l’ensemble de la communauté universitaire n’aura pas été consulté ;
— Tant que l’Université Laval ne lancera pas un appel d’offre détaillé et transparent;
➤ La CADEUL est contre le projet d’épicerie-école.
— Considérant que la nature du projet d’épicerie-école ne nécessite pas que ce
projet se réalise sur le campus ;
— Considérant que la construction d’une grande surface sur le campus n’est pas
une décision judicieuse en terme d’aménagement du territoire ;
— Considérant l’offre suffisante du marché de l’alimentation aux alentours
du campus ;
➤ La CADEUL s’oppose à ce qu’une épicerie-école soit érigée sur le campus.
4
Pour le syndicat, il était essentiel que l’autonomie professionnelle et la liberté académique
des maîtres de langue soient maintenues. La
fermeté de leurs convictions et leur détermination auront donc su contrer l’impact négatif des
demandes patronales qui, notamment quant au
nombre d’étudiants par groupe, auraient affecté
la qualité pédagogique du programme de
français langue étrangère (FLE) offert à l’Université Laval. Cette dimension était en effet au
coeur de leurs revendications. Le programme
FLE jouissant déjà d’une reconnaissance internationale, l’Université Laval saura tôt ou tard
convenir du bien-fondé des positions syndicales.
Les maîtres de français langue seconde
dispensent leur enseignement à environ 1400
étudiantes et étudiants par année. C’est donc
dignement et fièrement que les maîtres de
français langue seconde rentrent au travail pour
le plus grand bénéfice des étudiantes et des
étudiants étrangers.
Les parties ont convenu d’un protocole de retour au travail qui fera en sorte
que la session d’été et la session d’automne se dérouleront selon le calendrier
prévu.
La convention collective reconduite en
2003 et en 2004 était échue depuis le 31
mai 2005 ; la nouvelle entente sera valide
jusqu’au 31 mai 2009.
SYNDICAT DES CHARGÉES ET CHARGÉS DE COURS DE L’UNIVERSITÉ LAVAL (SCCCUL)
INFO-NÉGO
Le mercredi 24 mai, les membres du
comité de négociation du Syndicat des chargées
et chargés de cours de l’Université Laval
(SCCCUL) ont présenté à la partie patronale de
l’Université Laval la première partie du cahier
des demandes syndicales qui avaient été adoptées lors d’une réunion spéciale de l’Assemblée
générale du SCCCUL, le mercredi 10 mai
dernier. La deuxième partie de nos demandes
sera déposée à l’automne.
Les représentants patronaux à la table de
négociation ont au cours de cette première
rencontre de négociation déposé à nos représentants syndicaux un document précisant leurs
orientations et objectifs pour cette négociation.
Les 8 et 9 juin, deux autres rencontres ont
eu lieu pour apporter de part et d’autre des
éclaircissements sur les textes déposés.
Une réunion du Conseil syndical se tiendra
pendant toute la journée du 29 août pour
compléter le cahier de demandes syndicales
qui seront adoptées lors de l’Assemblée générale
convoquée pour le 8 septembre prochain.
Rappelons que le comité de négociation du
SCCCUL est composé de Hélène Bois, viceprésidente aux relations du travail, Martin
Courval, président du SCCCUL, Vincent Fauque,
chargé de cours au Département de science
politique et à l’Institut des hautes études internationales et Pierre-Charles Tremblay, secrétaire du SCCCUL. À ces personnes s’ajoutent le
conseiller syndical de la FNEEQ/CSN, Jean
Grenier et l’agente de relations du travail,
Marie-Josée Verreault.
Le comité de négociation de l’Employeur
est composé de Annie Dufresne, agente de
recherche et de planification, Vice-rectorat aux
ressources humaines, Michel Gendron, directeur du Département de finance et assurance,
Annie Laprade, conseillère juridique en relations de travail, Bureau du secrétaire général, qui
agit comme porte-parole, Jacques Mathieu,
adjoint à la vice-rectrice aux ressources
humaines, Jacques Martinette, conseiller en
gestion des ressources humaines et en relations
de travail, Vice-rectorat aux ressources humaines.
HOMMAGE À TREIZE CHARGÉES ET CHARGÉS DE COURS AYANT
CUMULÉ 25 ANNÉES ET PLUS DE SERVICE À L’UNIVERSITÉ LAVAL
Sur cette photographie, nous reconnaissons de gauche à droite les chargées et chargés
de cours : Jean-Sébastien Morin, Département
de management, Faculté des sciences de l’administration, Christel Saint-Jacques, de l’École de
langues, Faculté des lettres, André Fournier de
l’École des arts visuels de la Faculté d’aménagement, architecture et arts visuels, Céline
Hudon, de l’École de langues et du Département
de langues, linguistique et traduction, John
Costa, de l’École de langues, Faculté des lettres
ainsi que Johanne Bordua de la Faculté de
médecine dentaire.
Photo : Marc Robitaille
Treize chargées et chargés de cours
membres du personnel enseignant de l’Université ayant cumulé 25 années et plus de service
à l’Université Laval en 2005 ont été honorés
lors d’une cérémonie présidée par le recteur
Michel Pigeon, le mercredi 10 mai dernier au
Grand salon du pavillon Maurice-Pollack. Les
lauréats ont reçu à cette occasion une sérigraphie de l’artiste-peintre Bruno Côté.
N’apparaissent pas sur cette photo, les chargées et chargés
de cours suivants : Françoise Bulman, Département de langues,
linguistique et traduction, Faculté des lettres, René Châteauneuf,
Faculté de médecine dentaire, Monique Grenier, École de
langues et Département de langues, linguistique et traduction,
Faculté des lettres, Linda Lessard, Département de mathématiques et statistique, Faculté des sciences et génie, Jean Moisan,
Suzanne Picard et Richard Vachon, École de langues, Faculté
des lettres.
Vo lu m e XI, n u m ér o 3 – Ju in 2006
5
LE 27e CONGRÈS DE LA FNEEQ À SAGUENAY
Une profession engagée
Sous le thème Une profession engagée, les
quelque 250 délégués-es des syndicats affiliés à
la Fédération nationale des enseignantes et
enseignants du Québec, (FNEEQ-CSN) ont
débattu des grands enjeux du monde de l’éducation qui conditionnent l’exercice de la
profession enseignante lors du 27e congrès de
la FNEEQ qui s’est tenu du 30 mai au 2 juin
derniers à Saguenay.
À propos du choix du thème, le comité
exécutif précise: «Nous avons souhaité un thème
qui lie la profession enseignante à une fonction
sociale qui a toujours été dans l’histoire un
facteur de progrès. Voilà pourquoi il est si
essentiel que la fonction enseignante déborde
le terrain institutionnel et rayonne à différents
niveaux de la scène publique. Notre constat est
simple : un changement basé sur des valeurs de
solidarité sociale et sur le bien commun est
nécessaire au Québec ».
Les quatre grands dossiers de ce congrès,
l’intensification internationale des politiques
marchandes en éducation, le droit à l’éducation
et à une éducation pour tout le monde, la
conjoncture au Québec et l’action politique de
la FNEEQ ainsi que le défi de la participation et
de la démocratisation de la vie syndicale ont
permis de faire le point sur le travail de la
fédération lors de débats d’où sont ressorties
clairement des positions de consolidation, de
solidarité et d’engagement de la part des
congressistes.
Le congrès a adopté un projet de fonctionnement qui permet une meilleure organisation
des luttes politiques qui se profilent pour la
prochaine période.
L’intégration des délégués-es à la coordination
des regroupements des cégeps, des universités
et des établissements d’enseignement privé a
notamment fait l’objet de vives discussions sur
le plancher du congrès dans le cadre de la
proposition d’amendements aux Statuts et
règlements de la FNEEQ, adoptée par le Bureau
fédéral à sa réunion du 21 avril 2006.
Les congressistes, après avoir fait le constat
que les délégués-es à la coordination des
regroupements ne se retrouvaient nulle part
dans la structure, se sont mis d’accord sur le
principe de mieux définir la place que ces
personnes devaient occuper au sein de la
FNEEQ. Ils ont notamment précisé les devoirs
qui leur permettraient de représenter les
regroupements dans les activités et instances
de la fédération, comme le comité de coordination créé à cet effet, et ajusté la portée de leur
rôle politique en réattribuant certains de leurs
pouvoirs au bureau fédéral.
Dans un objectif de souplesse et de
représentativité, la composition du bureau
fédéral a été révisée de la façon suivante :
8 membres pour le regroupement cégep,
2 membres pour le regroupement privé et
4 membres pour le regroupement université. À
ces personnes s’ajouteront les délégués-es à la
coordination de chaque regroupement, avec
droit de parole et droit de vote.
Claire Tremblay, en provenance du regroupement université, Micheline Thibodeau, en
provenance du regroupement cégep et Odette
Lefrançois, en provenance du regroupement
des institutions privées, ont été élues déléguées
à la coordination de leur regroupement.
Les délégué-es au congrès ont également
procédé à la réélection des membres du comité
exécutif de la fédération, composé de Ronald
Cameron à la présidence, Caroline Senneville
au secrétariat général ainsi que de Marie Blais et
Jean Trudelle aux postes de vice-présidence.
Les délégués-es du SCCCUL au 27e congrès de la FNEEQ, devant la
banderolle qui a été portée par des centaines de femmes lors de la Marche
mondiale des femmes en mai 2006 à Québec. De gauche à droite : PREMIÈRE
RANGÉE : Vincent Fauque, Hélène Bois, Mireille Boisvert, Marie-Josée Verreault et
Martin Courval. DEUXIÈME RANGÉE : Nicole Blouin, Gilles Fontaine, Pierre-Charles
Tremblay, Puma Freytag et Claude Brochu.
6
Les congressistes ont adopté une position
sans équivoque pour s’opposer aux projets de
déréglementation en éducation induite par les
accords commerciaux et les orientations des
gouvernements Harper et Charest, particulièrement en matière d’éducation post-secondaire.
SYNDICAT DES CHARGÉES ET CHARGÉS DE COURS DE L’UNIVERSITÉ LAVAL (SCCCUL)
La discussion sur l’action politique de la
fédération se poursuivra lors de la prochaine
rentrée scolaire dans la perspective d’intervenir
de manière énergique durant la période
préélectorale contre les politiques néolibérales
dans les institutions d’enseignement et auprès
du plus grand nombre possible d’étudiantes et
d’étudiants des établissements d’enseignement.
Une grande opération de réflexion politique
sera d’ailleurs mise en branle par la CSN à
compter de l’automne prochain. Des assemblées se tiendront dans 100 villes et villages du
Québec pour faire le point sur les orientations
politiques actuelles et futures. Le premier viceprésident de la CSN, Louis Roy a, à l’issue du
congrès, invité les membres des syndicats
affiliés à venir s’informer lors de cette
campagne et à faire entendre leurs voix à l’une
de ces assemblées afin d’être mieux informés
pour poursuivre ensuite la lutte contre les politiques néolibérales.
La délégation du SCCCUL au 27e congrès
de la FNEEQ était composée de dix chargées et
chargés de cours : Nicole Blouin, (réélue au
Comité Femmes), Hélène Bois, Mireille Boisvert,
Claude Brochu, Martin Courval (réélu au Bureau
fédéral), Vincent Fauque, Gilles Fontaine, Puma
Freytag, Marie-Josée Verreault et Pierre-Charles
Tremblay.
La FNEEQ-CSN est l’organisation syndicale
la plus représentative de l’enseignement
supérieur au Québec. Elle regroupe 23 500
membres dont la vaste majorité des chargées et
chargés de cours dans les universités (8 000),
les deux tiers des professeurs de cégeps, répartis
dans 78 syndicats dans les cégeps, et plus de
2 000 enseignantes et enseignants travaillant
dans les établissements d’enseignement privé.
Lors de son prochain congrès qui se
tiendra dans trois ans, en 2009, la FNEEQ
célébrera le 40e anniversaire de sa fondation.
NICOLE BLOUIN
REGROUPEMENT DES UNIVERSITÉS
Lors de leur dernière rencontre des 11 et 12 mai
derniers à Rimouski, les chargés de cours
membres du Regroupement des universités ont
fait le point sur l’état des négociations dans leurs
institutions d’enseignement.
Université de Montréal
La démarche de mobilisation des membres est
commencée en vue de la négociation à l’automne.
On poursuit la consultation des membres sur
leurs besoins. Des réunions du Conseil syndical
ont eu lieu fin mai et se poursuivront à la fin du
mois d’août. Il y aura par la suite la tenue d’une
réunion de l’assemblée générale en septembre.
Télé université (Téluq)
Le Syndicat a déposé ses demandes à la fin
du mois d’avril. L’équipe patronale de négociation
est perturbée par le départ en congé d’un de ses
membres, ce qui fait en sorte que la négociation
sera retardée.
Université du Québec
en Outaouais (UQO)
Les six axes de négociation établis par le
Conseil exécutif seront communiqués sous peu
aux autres instances du Syndicat. Dossier à suivre…
Université du Québec
à Rimouski (UQAR)
La partie patronale voudrait une négociation
sans conseiller dans le cas du Syndicat et sans
avocat dans son propre cas. Le Syndicat des
chargés de cours n’est pas d’accord. Un questionnaire sera envoyé aux membres pour obtenir
de l’information en vue de la prochaine négociation.
De plus, une tournée des unités sera effectuée.
Le plan de négociation se précise.
Université du Québec
à Chicoutimi (UQAC)
Le comité de négociation syndical est formé.
Toutefois, cela ne va pas trop bien du côté de la
partie patronale. Mentionnons entre autres un
représentant patronal qui a tendance à « péter les
plombs », un doyen qui a démissionné à la suite
de la publication d’un article dans le journal du
Syndicat…
Maîtres de français langue seconde
de l’Université Laval
Jean-Guy Deschamps, vice-président du
syndicat des maîtres de français langue seconde
à l’Université Laval a fait un exposé sur le « lockout » qui leur avait été imposé le 5 mai dernier.
Vo lu m e XI, n u m ér o 3 – Ju in 2006
7
ACTIVITÉS DE PÉDAGOGIE UNIVERSITAIRE
Blitz du mois d’août 2006
Le plan de cours
Le plan de cours est un contrat entre deux
parties. Avant de s’engager à le respecter, il faut
en comprendre l’importance et apprendre à
rédiger ce document. Profitez de l’occasion de
pouvoir en discuter avec une spécialiste.
— INVITÉE : Marthe Deschesnes, chargée
de cours, Département d’études sur
l’enseignement et l’apprentissage
— Le mardi 22 août, de 13 h 30 à 16 h 30
— ENDROIT : salle 3464,
Pavillon Alphonse-Desjardins
CAMPAGNE DE SOUTIEN À L’ÉDUCATION
DES FEMMES ET DES JEUNES FILLES
EN AFGHANISTAN
27e
Lors du
Congrès de la Fédération nationale des enseignantes et des
enseignants du Québec à Saguenay, Caroline Senneville, secrétaire générale
de la FNEEQ (CSN) et Jeannine Girard, présidente du Conseil central du
Saguenay – Lac-Saint-Jean, ont lancé une campagne visant à recueillir des
fonds pour l’éducation des femmes et des jeunes filles en Afghanistan.
Le harcèlement psychologique
Mise au point sur le nouveau règlement en
vigueur à l’Université Laval. Rencontre conviviale
avec la directrice du Centre d’intervention en
matière de harcèlement. Une façon pour les
chargées et chargés de cours de bien comprendre
leurs droits.
— INVITÉE : Lucie Lapointe,
directrice du CIMH
— Le jeudi 23 août 2006,
de 13 h 30 à 16 h 30
— ENDROIT : salle 3105,
Pavillon Maurice-Pollack
Les stratégies d’enseignement
Faciliter l’apprentissage des divers types de
connaissances, favoriser la participation active
des étudiants, acquérir de nouvelles capacités
pour aider l’étudiant à construire son savoir. Un
« must » avant la rentrée.
— INVITÉE : Rachèle Lavoie, chargée de
cours, Département d’études sur
l’enseignement et l’apprentissage
— Le mercredi 30 août, de 9 h à 16 h
(dîner inclus)
— ENDROIT : salle 3105,
Pavillon Maurice-Pollack
Faisant suite à une campagne mise sur pied par la CSN en 2002, cette
nouvelle phase vise à assurer la pérennité du fonctionnement des classes qui
ont été ouvertes grâce au financement récolté par la campagne portée par la
CSN. Près de quatre ans après la fin de la guerre et du régime des talibans
en Afghanistan, la situation reste précaire. Même si en principe les femmes et
les filles ont retrouvé le droit de fréquenter l’école, il n’en demeure pas moins
qu’elles font face à de nombreuses difficultés pour ce faire. Les infrastructures, particulièrement à l’extérieur de la capitale, les outils de base, tel que le
matériel pédagogique, font cruellement défaut. En outre, l’État n’a pas les
moyens de payer les salaires du personnel.
La créativité et l’enseignement
Selon Paul Éluard : « Il y a bien un autre monde,
mais il est dans celui-ci ». Chacun de nous a son
autre monde, et la créativité donne accès à
celui-ci. À partir d’activités artistiques, fertiliser
sa créativité et lui aménager un peu d’espace
dans son quotidien. Voir, penser et agir
autrement, réinventer son rôle professionnel.
En mars dernier, le journal Le Monde rapportait que près de la moitié des
petites Afghanes n’allaient pas à l’école primaire, en partie parce que leurs
parents craignaient pour leur sécurité. Cette campagne, d’une durée d’une
année, culminera avec le Congrès du Conseil central qui aura lieu au printemps prochain. Les sommes accumulées transiteront par l’organisation nongouvernementale Droits et Démocratie qui mène des projets de solidarité
dans ce pays comme dans bien d’autres d’ailleurs. Les sommes recueillies
serviront entre autres à l’achat de matériel pédagogique ainsi qu’au versement
d’un salaire au personnel enseignant. Par la vente d’un objet de solidarité au
coût de 2 $, les syndiqué-es de la FNEEQ (CSN) et de la région du
Saguenay – Lac-Saint-Jean seront donc appelés à contribuer au maintien et
au développement de la scolarisation des femmes et des filles en Afghanistan.
— Le jeudi 31 août 2005, de 9 h à 16 h
(dîner inclus)
8
— Invitée : Nicole Tardif, chargée de cours,
École des arts visuels
— Endroit : salle 3464,
Pavillon Alphonse-Desjardins
Veuillez réserver auprès de Hélène
Beaudoin, secrétaire au SCCCUL :
Téléphone : 656-2202
Courriel : [email protected]
SYNDICAT DES CHARGÉES ET CHARGÉS DE COURS DE L’UNIVERSITÉ LAVAL (SCCCUL)
LA SYNDICALISATION DES CHARGÉS DE COURS
EXPOSÉ DE LAVAL RIOUX, CHARGÉ DE COURS
À L’UQAM, ET MILITANT DE LA CAUSE DES CHARGÉS
DE COURS DEPUIS 30 ANS AU 27 e CONGRÈS
DE LA FNEEQ-CSN
I – Les origines de notre mouvement
Ce fut une entreprise à contre courant et
une primeur à la CSN, en 1976. Elle s’est faite
dans une atmosphère d’adversité, non pas
seulement des universités, mais aussi de l’organisation syndicale, ce que plusieurs ignorent
encore. Je me permets cette relation historique
de notre contribution, car je suis le seul encore
de la partie, je pense, parmi ceux qui ont
décidé qu’il fallait le faire à ce moment.
Le mouvement de syndicalisation des
chargés de cours ressemble à une lutte pour la
reconnaissance sociale, celle d’un groupe
fantôme que tous auraient bien voulu garder
caché dans les caves des universités. Même
notre titre d’emploi était inconnu et gardé
secret dans les annales des établissements,
habilement camouflé derrière l’éblouissante
image du professeur d’université. C’est pourquoi
la syndicalisation des chargés de cours a été
une grande révélation de la vie universitaire
au Québec.
Les syndicats existants de professeurs ont
bien pensé à syndiquer ces enseignants
précaires, mais ceux-ci représentaient un danger
pour leur propre statut selon leur volonté
d’avoir un corps professoral homogène et
solidaire. Ils ont donc laissé le destin des chargés
de cours dans le champ de l’arbitraire patronal,
peut-être sans trop avouer, de leur part, une
certaine connivence d’intérêt avec les administrations universitaires.
J’ai dit adversité et voici pourquoi. En
1976, nous étions dans le pire moment d’une
crise économique, celle du pétrole ; en même
temps, c’était l’arrivée massive des femmes
diplômées sur le marché du travail. Les entreprises ont alors décidé de fragmenter les
emplois et de précariser le travail partout où
cela pouvait se faire. Fini le temps de l’embauche pour des postes à plein temps, fini le
temps de la rémunération salariale qui tenait
compte des besoins du ménage familial, fini le
temps des compétences comme premier motif
d’embauche. Le monde du travail subissait une
révolution, celle de la précarisation des emplois,
ce que les syndicats ont mis une dizaine d’année
à comprendre et à prendre en charge. Notre
fédération en fut la pionnière à la CSN.
Je me souviens d’avoir sollicité des postes
pendant deux ans, après la fin de mes études en
1973, sans résultats, et ceci malgré un curriculum
et des recommandations « hors pair ». Tous les
postes d’enseignants avaient été comblés
massivement au cours des bonnes années et la
fonction publique n’embauchait plus. Une
génération se trouvait ainsi sacrifiée et plusieurs
de mes amis ont même dû s’exiler… plus loin
qu’au Canada même. Le référendum raté de
1980 nous a frappé violemment, nous les jeunes
diplômés, beaucoup plus que d’autres. J’ai
enfin trouvé une jobine comme chargé de
cours à l’UQAM, à l’automne 1976, car j’avais
travaillé à la conception d’un programme
d’implantation en études urbaines pour cette
université. J’avais oeuvré à ce projet ardemment
et gratuitement ; les autres collaborateurs
visaient des postes de profs qu’ils ont obtenus...
mais pas moi. Ils m’ont laissé un prix de consolation, pour ainsi dire : je serai condamné à
rester chargé de cours. J’en ai gardé de l’amertume pendant longtemps et une certaine
rancœur envers les profs d’université, je l’avoue.
C’était assez pour que je leur impose un syndicat
des chargés de cours. La lutte des classes, parfois,
cela réfère à une réalité vécue.
L’histoire commence avec la grève des
professeurs de l’UQAM à l’automne 1976, il y a
bientôt trente ans. L’université a été fermée et
tous les cours ont été suspendus, les étudiants
appuyant la grève des profs. Les chargés de
cours ne pouvaient donner leurs cours. Ce fut
donc le moment idéal pour fonder un syndicat
de chargés de cours. On présumait que l’université allait respecter nos contrats individuels
durant la grève et après. Un petit groupe de
chargés de cours, issus des sciences sociale et,
pour la plupart, militants dans les mouvements
populaires, se sont réunis et ont décidé de voir
à la formation d’un syndicat. Évidemment, le
syndicat des professeurs surveillait le petit
groupe et a tenté d’en influencer les décisions
et les discussions. Après un magasinage de bon
aloi auprès des grandes centrales syndicales, le
groupe a décidé de choisir la CSN où il y avait
une fédération des enseignants très militante, la
FNEQ à laquelle appartenait d’ailleurs le
syndicat des profs de l’UQAM. Ainsi, on resterait
en famille. En cas de chicane, ce serait plus
facile à régler (et il y en a bien eu des chicanes).
Il a fallu démarrer une campagne de signature
de cartes de membre auprès de 700 chargés de
cours qui étaient éparpillés partout dans le
grand Montréal et ailleurs. Ce qui fut fait en
deux mois, à peu près, grâce à la grève régnante
et à l’activité militante, avec l’aide indispensable du Conseil central de Montréal. Entretemps, le syndicat des profs avait mis en place
un comité pour surveiller les opérations, et des
émissaires du SPUQ suivaient nos activités de
près. Il s’adonne que plusieurs profs donnaient
Vo lu m e XI, n u m ér o 3 – Ju in 2006
9
aussi des charges de cours et que nous devions leur faire signer
des cartes avec l’appui du SPUQ. Notre syndicalisation devait poser
certains problèmes aux profs du SPUQ, car nous deviendrions
aussi nombreux qu’eux dans ce nouveau syndicat de chargés de
cours. En tout cas, la chose se discutait à la CSN et à la Fédération
nationale des enseignants du Québec où le SPUQ régnait en
maître idéologique. D’ailleurs, un comité spécial de la FNEQ sera
mis sur pied pour étudier les impacts de la syndicalisation des
enseignants précaires au sein de la fédération, à la demande du
SPUQ. En tout état de cause, on ne nous déniait pas le droit à la
syndicalisation comme travailleurs de l’enseignement, mais on
pressentait qu’il n’y avait pas enthousiasme, mais bien plutôt des
inquiétudes pour l’avenir. Il faut ici comprendre que les profs ont
bien des pouvoirs à l’UQAM et qu’ils agissent comme
contremaîtres dans notre accès au travail, dans notre évaluation.
Une bien délicate position !
Le nouveau syndicat fut fondé et déposa sa demande d’accréditation. Il fallait choisir notre appartenance à l’UQAM : vaut-il
mieux devenir une section du SPUQ ou bien un syndicat totalement autonome ? Les professeurs tenaient un discours disant que
nous nous syndiquions pour mieux disparaître, car ils préconisaient un corps professoral homogène qui se chargerait
éventuellement de donner tous les cours à l’UQAM ; c’était
d’ailleurs leur demande syndicale en négociation. Dans un proche
avenir, disaient-ils, nous deviendrions très minoritaires. C’est un
beau pari que nous soupçonnions ne pas être partagé par l’administration de l’UQAM, ce qu’a d’ailleurs démontré l’histoire de
notre mouvement. Notre nouveau syndicat, pas encore accrédité,
décide donc d’exister selon un destin insolite. A-t-on jamais vu un
groupe se syndiquer pour favoriser sa propre disparition ? Beau
paradoxe militant ! Bien sûr, le syndicat des profs promettait de
nous accueillir en son sein comme futurs professeurs de plein
droit, un jour ou l’autre. En attendant, nous affirmions que nous
nous syndiquions pour combattre l’arbitraire patronal et avoir des
conditions de travail respectables.
Quelles étaient ces conditions de travail : une embauche à la
toute dernière minute, un contrat à forfait payé en deux seuls
versements (à la mi-session et à la remise des notes), pas de local
et pas de services d’appoint, la surveillance constante des profs
du département sur nos contenus de cours et nos évaluations, une
relation de subordination aux profs dont plusieurs d’entre nous
étaient d’ailleurs les étudiants en maîtrise ou au bac. Ce n’était pas
mon cas, car j’étais déjà deux fois diplômé de l’Université de
Montréal et à l’abri de tout chantage. C’est pourquoi, on m’a tant
surveillé tout au long de la syndicalisation, étant vu comme un
ennemi dangereux, car partisan de la plus grande indépendance
de notre nouveau syndicat. Indépendant, je le voulais, moi qui
avait été l’étudiant de Jacques Parizeau et de Fernand Dumont !
La syndicalisation ne fut pas chose facile et l’UQAM l’a vivement contestée devant le Tribunal du travail, après la décision
positive du commissaire enquêteur à l’accréditation. L’Université
prétendait que nous devions être considérés comme de « vulgaires
pigistes », une ressource en appoint passager, des étudiants en
formation ou bien des entrepreneurs à contrat et non de véritables salariés. On était loin de voir commencer la négociation de
notre première convention collective, laquelle serait négociée
sans doute avec les professeurs qui dirigeaient à l’UQAM, beaucoup plus qu’avec l’administration elle-même.
10
Comme cela arrive souvent dans un
mouvement de syndicalisation, les meneurs
devaient mériter une punition. Puisqu’on
souhaitait l’échec du syndicat, l’administration
n’a pas réembauché les méchants syndicalistes
(avec une certaine complicité des directeurs de
département qui étaient alors membres du
SPUQ, faut-il le mentionner). J’ai perdu mon
travail et me suis même retrouvé sur l’assistance
sociale. Le Syndicat des chargés de cours n’a
pas pu hélas me récupérer, après la reconnaissance du syndicat, tandis que mes collègues
militants ont tous reçu du travail. J’ai donc été
et je l’ai toujours pensé, le bouc émissaire de
cette entreprise. Je ne suis donc revenu au
SCCUQ qu’après la première convention collective, en 1979, devant tout recommencer à zéro.
J’ai appris plus tard toutes les manigances qui
ont mené à mon sort de répudié de l’UQAM.
Mais, par solidarité, je tairai ces ignobles
complots et les autres manoeuvres. J’ai toujours
été militant dans l’âme, tout comme je me suis
toujours méfié de la duplicité des professeurs
avec qui j’ai toujours un compte à régler (une
affaire personnelle, comme on dit).
Permettez-moi de citer un propos de
Fernand Dumont, tiré de Raisons communes
(1995) : « Ne nous le cachons pas, il existe des
discriminations entre catégories d’enseignants.
Les professeurs de cégeps passent difficilement
à l’enseignement universitaire. La superposition
d’un corps enseignant parallèle que constituent
les chargés de cours introduit une autre dualité,
cette fois dans le traitement et les plans de
carrière, et qui tend à engendrer à côté des
professeurs en titre une sorte de prolétariat
injustifiable ; la responsabilité en est imputable
aux établissements, qui recrutent ainsi une
main-d’œuvre bon marché, et aux titulaires de
postes réguliers qui y trouvent une utile suppléance.» (page 159). Peut-on être plus d’actualité!
II – La syndicalisation dans les autres
universités au Québec
Le mouvement de syndicalisation réussi à
l’UQAM a suscité des envies ailleurs et la FNEEQ
a libéré le chemin pour l’organisation des
enseignants précaires, en accord avec la CSN
qui a alors décidé de prendre en charge tous les
groupes de chargés de cours au Québec. Le
second groupe à vouloir se syndiquer, à cette
époque, fut celui de l’Université de Montréal,
dès l’automne 1978. Ce fut une longue aventure :
les profs s’en sont mêlé, les tribunaux aussi
pendant sept ans. Il a fallu deux campagnes
successives de syndicalisation pour y parvenir,
puis plus de cinq ans de contestation devant
tous les tribunaux, y compris un recours devant
la Cour suprême du Canada qui a mis fin à cette
SYNDICAT DES CHARGÉES ET CHARGÉS DE COURS DE L’UNIVERSITÉ LAVAL (SCCCUL)
saga judiciaire. L’existence du SCCCUM a été
finalement reconnue en avril 1982, mais les
tracasseries ont duré jusqu’en 1985. La première
négociation s’est conclue en 1987.
Tout au long des années 1980, la CSN et la
FNEEQ ont fait des tentatives de syndicalisation
auprès d’autres groupes de chargés de cours,
mais d’autres centrales se sont aussi montrées
intéressées. Des syndicats CSN ont été formés
dans les diverses constituantes du réseau de
l’Université du Québec: à Chicoutimi, à Rimouski,
en Abitibi et en Outaouais. À Rimouski, le
syndicat des profs a contribué à la syndicalisation des chargés de cours, en en faisant même
une section de son propre syndicat. C’est plus
tard, vers 1990, que le syndicat des chargés de
cours est devenu autonome, lorsque celui des
profs a quitté la FNEEQ. À l’Université Laval, la
syndicalisation s’est faite en 1987, à la fois chez
les cliniciens dentistes et chez les autres
chargés de cours, à l’exception de la faculté de
médecine selon la volonté de l’Université.
La CSN a cependant échoué à TroisRivières en 1982, à Concordia University en
1983, aussi à Sherbrooke qui a plutôt choisi la
CEQ. À McGill, deux tentatives timides ont été
infructueuses, à l’exception de la syndicalisation
des Teacher’s assistants en 1995. Les chargés
de cours de l’éducation permanente de Concordia
et les chargés d’enseignement de l’École de
technologie supérieure ont aussi rallié la CSN et
la FNEEQ, au début de 1990. Ils ont été suivis
par les tuteurs et tutrices de la TÉLUQ en 2000.
Deux tentatives infructueuses de syndicalisation à l’École polytechnique de Montréal ont eu
lieu à la même époque. Somme toute, voilà une
belle réussite.
Le Québec compte aujourd’hui plus de
10 000 chargés de cours des universités, dont
plus de 95 % sont syndiqués et affiliés à l’une où
l’autre des grandes centrales syndicales, excepté
le syndicat des chargés de cours de Concordia
qui n’a pas d’affiliation. La FNEEQ, à elle seule,
en regroupe près de 8000. C’est le noyau dur
de notre représentation dans la vie universitaire,
ce qui fait de nous un interlocuteur incontournable au ministère de l’Éducation et devant le
grand public. C’est là le résultat de trente ans
de militantisme syndical soutenu. Soyons-en
bien fiers.
III – La contribution des chargés
de cours à la CSN et à la FNEEQ
La CSN a bien bénéficié du militantisme
des chargés de cours, partout dans les différentes
régions du Québec. Plusieurs chargés de cours
sont devenus des salariés du mouvement.
Mentionnons quelques noms : Marie-Claire
Chouinard, Raymonde Leblanc Stéphane Giraldeau,
Hugues Rondeau, du SCCUQ ; Marie Bergeron,
Hélène Poulin, du SCCCUL ; Gilles Bégin, du
SCCCUQAC ; Denis Marcoux, du SCCCUQO ;
Daniel Leduc et Henri Goulet, du SCCCUM.
Nous avons tous milité pour que la centrale
prenne en compte le travail précaire et syndique
ces travailleuses et travailleurs qui n’avaient pas
accès à un emploi permanent. J’ai fait ma part
au Conseil central de Montréal et d’autres en
ont fait autant dans leur région respective. Je fus
le premier à me faire élire au comité exécutif
de ma fédération et d’autres ont suivi ma trace.
Nos syndicats sont bien gérés et ont acquis
une réelle reconnaissance dans nos universités.
Les syndicats de profs ont fini par nous
accepter dans nos établissements, pas tous avec
la même bienveillance, disons-le. Je me rappelle
certaines soirées crispantes et bagarreuses à la
FNEEQ où la présidente, Francine Lalonde, a dû
arbitrer les conflits entre le SPUQ et le SCCUQ
afin d’aboutir au dénouement de notre négociation. Les contremaîtres professeurs faisaient
obstacle à nos demandes légitimes. C’est sans
doute pourquoi les syndicats de profs ont
choisi de quitter le FNEEQ, vers 1990, et de
rallier la nouvelle FQPPU, tout en trouvant
refuge à la Fédération des professionnèles.
Notre fédération a toutefois fait le choix des
chargés de cours et je m’en réjouis. Elle n’a
jamais eu à le regretter, je le pense.
Les chargés de cours militent à la FNEEQ
depuis leur arrivée et leur expertise est appréciée de tous. Ils ont pris leur place et veillent à
leurs intérêts de groupe, y défendent leurs positions. Ils sont partisans d’un esprit fédéral pour
le bien de notre fédération. Nommons quelques
militantes et militants de grand mérite: Christiane
Malet au comité d’action internationale depuis
plus de 20 ans, Jocelyn Chamard au comité
école et société, Louise Bérubé au comité sur la
précarité, et tous celles et ceux qui ont été élus
au Bureau fédéral depuis 25 ans. Quant à moi,
j’ai été actif un peu partout dans cette fédération, pour me consacrer finalement au comité
école et société. Je souhaite sincèrement que
notre engagement se poursuive encore longtemps.
Au nom de tous les chargés de cours, militantes et militants, je tiens à remercier la
FNEEQ de m’avoir permis de travailler à notre
cause pour l’avancement de notre belle fédération et de la CSN qui me tient tant à cœur.
Merci à tous.
Vo lu m e XI, n u m ér o 3 – Ju in 2006
11
Expresso
Volume XI, numéro 3 – Juin 2006
Expresso est publié par le Syndicat
des chargées et chargés de cours de
l’Université Laval inc., (SCCCUL)
à l’intention de ses membres.
Coordination : Nicole Blouin
Comité de rédaction : Nicole Blouin,
Claude Brochu, Puma Freytag
Textes : Nicole Blouin, Claude
Brochu, Martin Courval, Puma
Freytag
Révision : Claude Brochu
Infographie : Pouliot Guay graphistes
SCCCUL
Pavillon Alphonse-Desjardins
Bureau 3304
Cité universitaire
Sainte-Foy (Québec)
G1K 7P4
Téléphone : (418) 656-2202
Télécopieur : (418) 656-3186
Courriel : [email protected]
www.ulaval.ca/scccul