L`oligarchie, ça suffit, vive la démocratie ! Conférence d`Hervé

Transcription

L`oligarchie, ça suffit, vive la démocratie ! Conférence d`Hervé
L’oligarchie,
ça
suffit,
vive
la
démocratie
!
Conférence
d’Hervé
KEMPF
Conférence
à
l’ENS
du
13
janvier
2011
Constat
qu’un
certain
nombre
d’écologistes
font
l’analyse
que
face
à
une
crise
écologique
d’ampleur,
la
radicalité
de
la
transformation
nécessaire
de
la
société
ne
pouvait
pas
être
choisie
sous
le
régime
de
la
démocratie,
elle
serait
imparfaite
pour
répondre
aux
défis
de
l’époque
(Dominique
Bourg
de
manière
atténuée,
James
Lovelock
très
franchement).
Or
cette
thèse
est
très
contestables,
parce
qu’elle
s’appuie
sur
une
hypothèse
très
contestable
:
nous
sommes
en
démocratie.
Les
formes
extérieures
de
la
démocratie
sont
là,
mais
de
très
nombreux
faits
attestent
que
l’esprit
et
la
réalité
n’y
sont
pas.
Par
exemple,
en
2008
quand
le
système
financier
était
au
bord
de
l’effondrement,
elles
ont
été
sauvées,
et
2
ans
après
tout
le
système
est
retourné
à
son
état
initial,
mêmes
organisations,
mêmes
règles.
Un
phénomène
important
s’est
produit
dans
l’évolution
du
capitalisme
ces
dernières
années
:
montée
en
puissance
du
pouvoir
financier.
Les
10
premières
banques
mondiales
ont
en
moyenne
un
volume
actif
de
2
mille
milliards
de
dollars,
alors
que
pendant
la
crise,
le
PIB
de
la
Grèce
était
inférieur
d’un
facteur
10.
Les
agences
de
notation
et
les
marchés
dictent
leurs
politiques
aux
Etats
:
ils
donnent
des
notes
aux
Etats
et
aux
entreprises,
ce
qui
détermine
le
taux
d’intérêt
auxquels
ils
pourront
emprunter.
C’est
important
dans
des
situations
où
les
marchés
empruntent
massivement
sr
les
marchés
(jusqu'à
100,
120
%
du
marché).
Or
les
systèmes
de
notation
sont
très
opaques,
les
agences
de
notation
ont
des
agendas
idéologiques
très
clairs
(ex
:
la
première
agence
de
notation
en
France
est
dirigée
par
un
homme
qui
a
menacé
de
dégrader
la
note
française
si
la
réforme
des
retraites
n’était
pas
adoptée).
Hybridation
des
milieux
économiques
et
des
milieux
politiques.
Or
en
démocratie,
il
y
a
séparation
des
affaires/biens
publics
et
des
intérêts
économiques.
Une
démocratie
a
besoin
d’une
économie
prospère,
mais
il
doit
y
avoir
une
séparation
entre
le
monde
des
décideurs
(élus
ou
hauts
fonctionnaires)
et
les
forces
économiques.
Or
aujourd'hui
il
y
a
des
va‐et‐vient
de
plus
en
plus
:
Jean‐Marie
Messier,
JM
Pigas,
Stéphane
Richard,
François
Peyrolles…
Sciences
Po,
ENA,
Finances,
cabinet
de
ministre

poste
important
avec
regard
sur
entreprises
et
banques
;
puis
passage
chez
les
personnes
que
l’on
gérait,
avec
augmentation
substantielle
de
rémunération
(en
emmenant
aussi
son
réseau..)
la
perspective
d’un
pantouflage
peut
influencer
les
décisions
politiques
(ex
:
le
nouveau
directeur
de
cabinet
d’Obama
est
ancien
directeur
de
la
banque
JP
Morgan).
Développement
de
phénomènes
de
corruption
de
plus
en
plus
patents,
sortie
de
la
réserve
et
du
contrôle
qui
y
était
liée
jusqu'
à
présent.
Tendance
généralisée
à
la
privatisation
des
biens
publics,
amorcée
dans
les
années
1980’
:
privatisation
des
entreprises
de
bien
public
(autoroutes
etc.)
qui
s’opèrent
au
bénéfice
des
acquéreurs
(enrichissement
personnel
des
actionnaires,
des
directeurs).
Par
ex,
privatisation
des
autoroutes
(2005),
pour
11
milliards
d’euros
(si
bas
!),
alors
que
ces
autoroutes
avaient
un
coût
de
fonctionnement
amorti
par
ses
bénéfices.
Cette
privatisation
se
poursuit
dans
les
fonctions
régaliennes
de
l’Etat
:
les
prisons
(influence
américaine,
qui
se
répand
en
France
avec
les
partenariats
public‐privé),
la
police
(sociétés
privées
de
maintien
de
l’ordre),
l’armée
(USA
surtout),
l’éducation
(le
mouvement
se
poursuit
en
stimulant
les
établissements
privés
et
en
affaiblissant
les
établissements
publics).
Le
contrôle
des
principaux
médias
par
des
intérêts
capitalistiques
(Le
Figaro,
Le
Point,
Le
Monde,
…)

nominations
très
politiques
(ex
Philippe
Val
ou
David
Pujadas).
Il
est
important
de
ne
pas
s’arrêter
à
la
seule
question
de
l’orientation
de
l’information
:
il
y
a
aussi
la
publicité.
La
masse
de
messages
publicitaires
qui
envahissent
les
médias
est
considérablement
plus
élevée
qu’auparavant.
C’est
une
idéologie
en
soi
(consommer
+
!
acheter
xxx
vous
rendra
yyy
!
consommer
c’est
bien
!

pourrait
être
mis
en
débat).
Recettes
des
médias
dépendent
de
la
publicité
⇒
la
critique
de
ces
financeurs
est
difficile
!
La
durée
à
laquelle
nous
sommes
exposés
à
la
TV
(~3h20/jour
en
France,
4h30
aux
USA)
est
un
phénomène
très
nouveau
(jusqu'
à
il
y
a
30
ans,
on
ne
regardait
pas
la
TV,
et
on
ne
le
regardait
pas
autant)

sports,
feuilletons,
télé‐réalité
qui
montrent
des
formes
de
vie
particulières,
pas
toujours
conformes
au
tissu
de
la
vie
réelle
et
influencent
les
relations
humaines.
Autre
facteur
d’affaiblissement
de
la
démocratie
:
si
la
masse
des
citoyens
prend
une
décision
autre
que
celle
suggérée
par
les
classes
dirigeantes,
ce
choix
est
remis
en
cause.
Par
exemple,
referendum
sur
la
Constitution
de
l’UE
en
2005

le
traité
a
été
imposé
par
la
suite.

détournement
de
la
démocratie
représentative
Augmentation
du
pouvoir
des
lobbies,
aux
USA
mais
aussi
à
la
Commission
européenne
(15
000
lobbyistes
recensés
à
la
Commission).
Le
processus
de
réforme
des
hedge
funds
a
été
fortement
influencé
par
les
lobbies
bancaires,
celui
sur
la
réglementation
des
OGM
aussi.
Dans
les
campagnes
électorales,
l’argent
investi
est
devenu
démesuré
aux
USA
⇒
intérêt
à
être
soutenu
par
plein
de
grosses
entreprises,
et
donc
à
défendre
leurs
intérêts.
L’Europe
n’en
est
pas
encore
à
cette
extrémité,
mais
les
pressions
pour
augmenter
les
dépenses
électorales
sont
fortes,
et
s’associent
à
des
affaires
de
corruption
(ex
affaire
Woerth‐Bettencourt).
⇒
la
démocratie
s’est
fortement
affaiblie
ces
dernières
années
⇒
la
démocratie
est‐
elle
finie
et
sommes‐nous
en
oligarchie
?
Trois
formes
d’organisation
du
pouvoir,
pour
les
grecs
:
dictature/monarchie
(1
chef),
démocratie
(gouvernement
par
et
pour
le
peuple),
oligarchie
(gouvernement
des
peu
nombreux
–
possibilité
de
démocratie
au
sein
de
ce
«
petit
nombre
»,
mais
il
impose
sa
décision
au
peuple
entier).
L’oligarchie
est
donc
bien
un
enjeu
de
régime
politique.
Retour
sur
la
crise
écologique.
La
question
dominante
de
ce
début
du
XXIe
siècle
est
bien
la
crise
écologique
:
l’humanité
rencontre
les
limites
de
la
biosphère.
Comment
s’organiser
collectivement
pour
faire
face
à
cette
crise
écologique
et
éviter
son
aggravation
?
Elle
appelle
un
profond
changement
de
notre
culture
économique
et
de
notre
façon
de
vivre.
Les
pays
occidentaux
restent
encore
aujourd'hui
les
plus
puissants
et
définissent
les
cadres
mentaux
de
la
société
humaine.
Baisse
de
la
consommation
matérielle
et
de
la
consommation
énergétique,
réorientation
des
activités
vers
des
impacts
écologiques
moins
forts,
nécessitant
beaucoup
d’emplois
:
éducation,
…
Capitalisme,
ces
3
décennies
passées
⇒
augmentation
des
inégalités
après
WWII
qui
s’observe
partout.
Cette
réorientation
des
activités
doit
s’accompagner
d’une
réduction
des
inégalités,
principalement
pour
deux
raisons
:
‐
‐
il
n’est
pas
possible
d’engager
noc
concitoyens
dans
la
réduction
de
la
consommation
matérielle
si
dans
le
même
temps
la
structure
sociale
reste
inégalitaire
et
certaines
personnes
peuvent
s’affranchir
de
ce
changement
d’habitudes
réinjection
de
l’argent
accaparé
par
l’oligarchie
pourrait
se
faire
dans
les
secteurs
les
moins
écologiques.
Questions
Augmentation
de
la
population
?
Augmentation
de
la
population
⇒
augmentation
de
la
pollution.
Comment
le
problème
se
pose‐t‐il
?
N’est‐ce
pas
un
problème
politique
?
un
Indien
de
plus,
est‐ce
la
même
chose
qu’un
états‐unien
de
plus
?
L’impact
écologique
de
chaque
nouvel
humain
est
différent.
L’Inde,
la
Chine
sont
en
transition
démographique.
Les
pays
africains
et
arabes
sont
encore
en
croissance
démographique
forte
;
pour
les
pays
africains,
c’est
dû
à
un
défaut
de
politiques
publiques,
qui
ne
permettent
pas
l’éducation
des
filles
et
ne
permettent
pas
l’achèvement
de
la
transition
démographique.
Il
y
a
un
enjeu
de
maîtrise
collective
de
la
démographie,
mais
on
ne
peut
l’abstraire
des
politiques
de
fond.
L’enjeu
des
modèles
culturels
est
également
important
:
il
s’agit
de
changer
le
modèle
culturel
et
l’image
que
nous
projetons
sur
les
sociétés
en
émergence

d’autres
valeurs,
plus
grande
sobriété,
écologie,
réduction
des
inégalités…
Portrait
assez
sombre
des
«
démocraties
»
occidentales

faut­il
les
guérir
ou
chercher
d’autres
solutions,
d’autres
formes
de
société,
radicalement
différentes
?
Oui,
les
expériences
en
marge
(villes
en
transition
en
UK,
communautés
isolées
pour
vivre
sobrement,
AMAP,…)
sont
riches
de
sens,
elles
permettent
de
constituer
un
autre
imaginaire,
de
montrer
que
c’est
possible.
Le
danger
pourrait
être
que
ces
expériences
restent
en
marge,
et
soient
vécues
par
ceux
qui
les
mettent
en
place
comme
un
isolement
du
monde,
en
se
retranchant
de
la
communauté
politique.
Il
faut
que
ces
expériences
ne
restent
pas
à
la
marge
L’oligarchie
a
tout
à
perdre
de
la
fin
du
statut
quo
:
comment
agir,
alors
?
Je
n’ai
pas
la
solution.
On
est
dans
une
situation
grave
:
choix
historique.
Face
à
l’aggravation
de
la
crise
écologique
et
face
au
caractère
de
+
en
+
insupportable
des
inégalités,
l’impossibilité
de
remettre
sur
les
rails
une
économie
sympa,
il
y
a
une
évolution
:
capitalisme,
oligarchie
vers
un
régime
de
plus
en
plus
autoritaire
:
réduction
des
libertés,
régimes
de
plus
en
plus
policiers,
concurrence
accrue
sur
les
ressources,
exacerbation
du
nationalisme
pour
éviter
de
poser
la
question
sociale
⇒
dérive
de
l’oligarchie
vers
l’autoritarisme.
Quelques
éléments
de
réponse,
toutefois
:
le
fait
de
désigner
clairement
les
choses
aide
à
changer
le
monde.
Élargissement
de
la
conscience
du
public
à
la
conscience
écologique,
à
la
conscience
des
inégalités
empêche
certaines
choses
d’arriver,
organise
le
champ
social
:
plus
grande
présence
de
la
question
des
inégalités
sociales
dans
le
débat…
la
question
politique,
également,
est
posée
à
présent
:
MM
Sarkozy
et
Berlusconi
ne
sont
pas
des
dictateurs,
mais
on
n’est
pas
non
plus
en
démocratie…

oligarchie.
Exacerbation
de
la
conception
individualiste
ces
dernières
années

réponse
:
retrouver
la
valeur
de
la
solidarité,
des
pratiques
coopératives,
ce
qui
est
difficile
car
on
a
été
modelés
par
la
compétition
–
mais
ça
change.
(1)
Mettre
en
œuvre
des
pratiques
alternatives,
pensées
politiquement
;
(2)
continuer
la
critique
des
médias
;
(3)
pousser
à
une
pratique
différente
des
médias
(dont
Internet)
;
(4)
cibler
des
question
phares
(l’inégalité
(ex
revenu
maximal
admissible)
;
importance
de
(5)
reprendre
collectivement
le
contrôle
du
système
financier.
Démocraties
occidentales
:
la
simple
séparation
entre
économie
et
politique
ne
suffit
pas,
selon
moi.
Aujourd'hui
le
peuple
ne
maîtrise
plus
grand­chose,
la
politique
a
des
prérogatives
de
plus
en
plus
restreintes.
Question
de
la
propriété
des
moyens
de
production
:
ceux
qui
les
détiennent
ont
le
pouvoir.
Ce
que
vous
dites
est
une
confirmation/démonstration
de
ce
que
j’ai
essayé
de
dire
:
«
les
Etats
se
plaignent
de
ne
rien
pouvoir
faire
»
;
la
majorité
des
citoyens
pensent
que
les
gouvernants
cherchent
le
bien
public,
or
c’est
faux
:
ils
ne
le
font
que
dans
la
mesure
où
ça
ne
va
pas
contre
leur
intérêt
privé

d’où
pas
de
reprise
de
pouvoir
sur
les
organisations
financières.
Les
politiques
ne
sont
pas
au
service
du
bien
public,
en
pratique.
Démocratie
en
entreprise
?
Reprise
de
contrôle
du
système
financier
pour
une
socialisation
du
système
financier.
Nationalisation
:
appropriation
par
l’Etat
vs.
socialisation
:
appropriation
par
l’Etat
ou
au
niveau
où
l’activité
peut
se
faire.
Par
exemple,
une
commune
qui
a
une
gestion
en
régie
de
son
électricité
(Montdidier
dans
la
Somme)
:
la
commune
a
créé
son
parc
éolien,
le
gère
et
en
répartit
les
bénéfices
sur
la
commune.
Lien
avec
une
conférence
de
Jean­Michel
Gauthier
(Deloitte
et
chaire
Energie
et
Finance
HEC)
à
l’ENS,
responsables
du
marché
du
carbone
(patron
d’une
boîte
de
conseil
et
d’audit)
:
conseil
et
audit
en
même
temps
(conseil
et
vérification
que
les
conseils
sont
bien
appliqués
et
portent
leurs
fruits)
!
pas
de
séparation
des
pouvoirs
dans
cette
entreprise
!
Pourrait­on
imposer
la
démocratie
dans
les
entreprises
?
à
commencer
par
la
séparation
des
pouvoirs…
C’est
comme
Goldman
Sachs
qui
conseille
la
Grèce
et
parie
sur
la
chute
financière
de
la
Grèce
en
même
temps
!
Leur
imposer
un
tel
fonctionnement
serait
déjà
reconnaître
leur
faiblesse.
Confusion
de
l’intérêt
public
et
de
l’intérêt
privé,
conflits
d’intérêts.
Comment
imposer
le
fait
que
ces
gens
reviennent
à
la
vertu
?
Au
moins
en
parler,
et
dire
qu’on
est
bel
et
bien
sortis
de
la
démocratie,
puisqu’on
donne
des
pouvoirs
de
jugement
à
des
institutions
qui
ont
intérêt
à
ce
que
les
choses
aillent
dans
un
certain
sens
pour
améliorer
leur
situation.
Dans
le
cas
du
marché
du
carbone,
ce
qui
est
clair
c’est
que
le
marché
du
carbone
est
une
machine
à
servir
un
certain
nombre
d’intérêts,
et
dont
on
sent
finalement
que
l’intérêt
collectif
diminue
pour
laisser
place
à
une
machine
à
faire
du
profit.
1792,
création
de
l’ENS.
Vous
parlez
d’une
rupture
ces
30
dernières
années.
Construction
d’une
oligarchie
en
France,
Ecole
Normale
etc.
Création
de
ces
grandes
écoles
à
la
Révolution
pour
créer
des
corps
de
compétence
au
service
du
bien
public,
au
recrutement
non
biaisé
par
l’aristocratie
ou
autre
:
seul
le
mérite
des
étudiants
doit
compter.
HK
a
fait
Sciences
Po
dans
le
début
des
années
1980,
et
il
y
avait
une
section
service
public,
qui
préparait
à
l’ENA
(qui
préparait
à
l’époque
à
devenir
président
de
la
République),
et
qui
aujourd'hui
a
disparu
(«
affaires
publiques
»
aujourd'hui).
Rôle
de
ces
écoles
aujourd'hui
?
Ces
jeunes
gens
vont
être
dans
des
positions
de
pouvoir,
où
ils
vont
avoir
des
responsabilités,
une
influence.
C’est
à
eux
de
voir
s’ils
veulent
aller
dans
la
voie
majoritaire,
i.e.
vers
les
intérêts
privés
(banques
etc.),
ou
vers
des
métiers
avec
une
idée
de
vertu
en
tête.
L’oligarchie
ne
se
substitue
pas
aux
notions
de
classes.
Rôle
des
élèves
de
ces
écoles
est
d’être
différent
du
modèle
de
l’élite
qui
s’est
défini
depuis
20
ans

faites
de
la
politique,
mettez
votre
intelligence
au
service
du
bien
commun.
Comment
analysez­vous
la
montée
des
populismes
?
J’ai
un
problème
avec
le
mot.
Il
y
a
une
bataille
des
mots,
un
enjeu
sémantique.
«
On
»
mélange
dans
le
populisme
plusieurs
choses
:
ceux
qui
attisent
la
xénophobie,
ceux
qui
affirment
que
le
peuple
est
méprisé/oublié/manipulé,
ceux
qui
disent
qu’il
y
a
un
fossé
insupportable
dans
la
société
entre
ceux
qui
ont
tout
(l’argent,
la
richesse
symbolique,
la
richesse
culturelle
et
le
pourvoir,
et
où
les
pauvres
sont
oubliés,
une
société
qui
se
délite).
C’est
un
terme
très
politique,
utilisé
sciemment
de
façon
très
politique,
et
qui
selon
moi
ne
veut
pas
dire
grand‐chose.
Par
contre
il
y
a
un
intérêt
intellectuel
à
poser
la
question
du
peuple.
Je
pense
que
le
mot
peuple
a
du
sens,
et
parler
du
peuple,
ce
n’est
pas
être
populiste.
Il
y
a
montée
de
mouvement
démagogiques
(plutôt
que
populistes)
–
tenir
un
discours
simplistes
à
l’égard
des
gens
pour
les
influencer,
par
la
simplicité
et
l’habileté
de
ce
discours,
jouant
sur
les
malaises
de
ceux
à
qui
il
s’adresse
–
une
poussée
de
l’extrême
droite
très
forte
;
cette
démagogie
qui
s’adresse
directement
au
peuple
(sans
le
nommer),
qui
résonne
avec
une
grande
efficacité
dans
une
partie
du
peuple
qui
n’a
pas
d’autres
clés
d’explication
(car
abreuvé
de
TV
(pas
d’info
digne
de
ce
nom
et
décérébration),
et
car
vit
une
insécurité
croissante).
Parler
à
la
société,
aux
citoyens,
à
la
masse
de
la
population
qui
vit
avec
pas
gd
chose,
dans
un
discours
qui
porte
quelque
chose
plutôt
que
parler
de
xénophobie
en
lien
avec
la
mondialisation
faiblesse
de
la
gauche,
absence
d’un
discours
clair
permettent
émergence
de
cette
démagogie.
La
gauche
est
incapable
de
poser
les
questions
des
priorités
énoncées
plus
haut,
c’est
parce
qu’une
partie
de
la
gauche
fait
partie
de
l’oligarchie,
et
fonctionne
en
oligarchie.
La
démocratie
est­elle
en
mesure
de
répondre
à
une
question
comme
le
changement
climatique
?
Les
échéances
électorales
extrêmement
rapprochées
ne
sont­elles
pas
en
désaccord
avec
l’action
de
long
terme
nécessaire,
ne
dédouanent­elles
pas
les
politiques
?
Je
ne
crois
pas
:
le
système
politique
doit
porter
idéalement
une
vision
de
long
terme,
rien
n’empêche
intrinsèquement
de
voir
loin.
Ex
régie
autonome
de
Montdidier
:
le
mouvement
est
mené
par
la
Maire,
élue
depuis
2001.
C’est
une
réflexion
et
une
action
de
court
(possibilité
de
faire
des
investissements
grâce
à
cette
manne
financière)
et
de
long
terme
:
le
prix
de
l’électricité
devrait
augmenter
dans
les
10
prochaines
années
⇒
importance
d’actions
à
court
terme,
opératoires
dès
maintenant.
Il
est
faux
de
croire
que
la
crise
écologique
est
devant
nous
:
on
est
dedans
(inflexion
dans
les
émissions
de
GES
à
réaliser
pour
2015,
d’après
le
GIEC
:
on
y
est
!).
Le
GIEC
base
ses
études
sur
une
biblio
de
2005
ou
plus
ancienne

prévisions
trop
optimistes
?
Le
CC
est
déjà
là
(cf.
banquise
et
événements
climatiques
extrêmes).
Ce
n’est
pas
une
question
d’avenir,
mais
de
présent.
Hans
Jonas

générations
futures
:
leur
destin
est
à
prendre
en
compte
(1979).
Aujourd'hui,
ce
n’est
plus
le
sort
de
la
génération
future,
mais
la
génération
présente
⇒
la
question
écologique
n’est
pas
une
question
du
futur,
c’est
la
question
d’aujourd'hui
Danger
à
utiliser
l’épouvantail
de
la
crise
écologique
pour
parler
de
la
crise
écologique
?
L’oligarchie
a
ses
solutions
pour
la
crise
écologique
(GIEC,
développement
durable,
…).
La
crise
écologique
n’est
pas
un
épouvantail,
tous
les
indicateurs
(GIEC
etc.)
que
nous
avons
vont
malheureusement
dans
le
même
sens,
et
l’évolution
démographique
fait
que
la
pression
humaine
va
continuer
à
s’accroître
dans
les
prochaines
décennies

désignation
d’une
situation
réelle.
Derrière
toute
l’écume
de
la
quotidienneté,
de
ce
que
présente
le
discours
dominant,
la
question
clé
est
là.
L’oligarchie
prétend
avoir
la
solution
:
solution
par
les
technologies
(=
développement
durable),
etc.
Mais
la
technologie
peut‐elle
répondre
à
la
crise
écologique
?
Ecologie
sans
croissance,
Adieu
la
croissance

diviser
par
4
les
émissions
de
GES
dans
les
pays
riches
;
évolution
dans
les
pays
de
l’OCDE
de
l’efficacité
énergétique
après
les
chocs
pétroliers
(on
avait
mis
le
maquet
pour
économiser
l’énergie)

le
rythme
de
réduction
des
GES
était
de
2
%
alors
que
pour
2050
on
a
besoin
d’au
moins
3
%

la
technologie
ne
pourra
pas
remplir
les
objectifs.
Il
faut
réduire
drastiquement
les
GES,
mais
aussi
faire
converger
les
niveaux
de
vie
:
les
Chinois,
Indiens
etc.
n’accepteront
pas
d’être
plus
pauvres
que
les
autres
⇒
efforts
énergétiques
à
faire
encore
plus
drastiques.
Les
technologies
ne
sont
pas
à
la
hauteur
de
l’ampleur
du
problème,
on
ne
peut
pas
les
dissocier
de
l’enjeu
de
transformation
sociale
et
de
mutation
des
modes
de
vie.
Défense
de
l’intérêt
privé
chez
les
oligarchies,
mais
une
étude
montre
que
à
partir
d’un
certain
niveau
de
vie,
on
ne
vit
pas
mieux,
on
n’est
pas
plus
«
satisfait
».
Volonté
de
puissance
inhérente
au
capitalisme,
en
est
le
moteur
;
et
c’est
ce
qui
pose
problème
aujourd'hui.
Pourquoi
pas
mention
de
«
décroissance
»
?
On
montre
que
au‐delà
d’un
niveau
de
revenus,
la
satisfaction
n’augmente
plus,
mais
il
y
a
recherche
de
course
à
l’ostentation,
à
la
richesse
symbolique
(=puissance).
Comment
organiser
collectivement
le
pouvoir
et
mettre
en
place
des
mécanismes
pour
limiter
le
pouvoir
?
Il
y
a
des
jeux
de
contrôle
et
de
limitation
du
pouvoir,
sinon
tentative
de
service
de
l’intérêt
personnel
;
le
pouvoir
financier
a
pris
une
importance
telle
qu’il
en
vient
à
exercer
un
pouvoir
(politique)
réel.
HK
souhaite
baisse
de
la
consommation
d’énergie,
de
consommation
matérielle
=
appauvrissement
matériel.
Le
concept
de
la
décroissance,
toutefois
est
un
peu
flou.
Il
faut
sortir
de
la
mesure
de
la
performance
des
Etats
par
le
PIB.
«
Objecteur
de
croissance
»,
mais
la
décroissance
n’est
pas
un
projet
politique
en
tant
que
tel
pour
HK.