Enjeux économiques de la fertilisation

Enjeux économiques de la fertilisation Histoire de la fertilisation A la fin du 18ème siècle, la seule source de fertilisants venait des déjections humaines et animales, appelées maintenant effluents d'élevage, et des amendements minéraux disponibles localement. C'est la raison pour laquelle la culture des légumineuses (fabacées) s'est développée permettant de fixer de l'azote de l'air pour le rendre disponible à la culture des céréales qui suivait. Epandage d'engrais pulvérulent Epandage de fumier Apport de fertilisants minéraux Au 19ème siècle, les agronomes ont très tôt identifié les éléments minéraux qui constituaient les premiers facteurs limitant de la production. Liebig a découvert le rôle de l'azote vers 1850 Un laboratoire vers 1950 L'exploitation de nouvelles ressources de phosphate, leur transformation industrielle pour produire les formes solubles ont permis une première généralisation de l'usage des engrais minéraux. L'ouverture de mines de potasse en Allemagne puis en France ont permis de bien fournir l'agriculture européenne à partir de la fin du 19ème siècle. L'importation de nitrate de soude du Chili, du guano et d'autres ressources azotées ont aussi permis un certain essor de l'usage de l'azote. Mines de phosphate Mines de potasse Cependant ce n'est qu'au lendemain de la guerre, vers les années 1950, que le développement de la production d'ammoniac par synthèse à partir de l'azote de l'air a permis de fournir l'agriculture française en quantité suffisante pour accompagner la progression rapide des rendements et de la production agricole. Les deux chercheurs à l'origine du procédé de synthèse de l'ammoniac " Haber­Bosch " Parlons fertilisation 1/5 Usine de Ludwigshafen
UNIFA Edition 2005 Enjeux économiques de la fertilisation Fertilisation et biens alimentaires L'augmentation de la production agricole depuis 1950 a permis à la France, qui était déficitaire, de devenir le deuxième exportateur mondial de produits agricoles et alimentaires après les États Unis. Le secteur agro­ alimentaire contribue largement à l'équilibre de la balance commerciale française. L'évolution comparée de la consommation d'engrais et de la production de céréales en France entre 1960 et 2002 est très significative. Dans les années 60 jusqu'en 1974, les agriculteurs ont rapidement augmenté la production et les rendements grâce à une large utilisation des engrais, combinée à l'usage de nouvelles variétés à haut potentiel génétique. On observe alors, en tendance, que les livraisons d'engrais azotés progressent plus vite que la production totale. Entre 1974 et 1990, les agriculteurs confrontés à l'inflation des prix touchant leurs moyens de production, en font un usage plus raisonné. Les rendements et la production totale continuent de progresser au même rythme que les livraisons d'engrais azotés. Depuis 1991/92, date de la première réforme de la Politique agricole commune (PAC), les agriculteurs subissent une diminution continue des prix de vente pour leurs produits, céréales ou oléagineux. La recherche de productivité s'accompagne d'une baisse des coûts de production. La fertilisation comme les autres choix culturaux: espèces et variétés, travail du sol, protection des plantes… est raisonnée pour produire avec la meilleure marge; l'impact de ces choix sur l'environnement est aussi mieux pris en compte . Parmi les intrants de l'agriculture, les achats en 2002 de fertilisants arrivent en seconde position, loin derrière les aliments pour animaux et devant les produits de protection des plantes.
Parlons fertilisation 2/5 UNIFA Edition 2005 Enjeux économiques de la fertilisation La baisse des prix agricoles qui se poursuit, la réforme de la Politique agricole commune, les accords de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) continueront d'avoir de profondes répercussions économiques, sociales et financières sur les entreprises agricoles et leurs partenaires amont et aval. Evolution de la consommation de fertilisants en France Au cours des 30 dernières années on observe que la part des éléments P205 et K20 a diminué fortement en comparaison avec l'utilisation de l'azote. Ainsi en 2002, on retrouve pour le P205 des livraisons correspondant à la campagne 56/57 et pour le K20 des livraisons correspondant à la campagne des années 66/67.
Parlons fertilisation 3/5 UNIFA Edition 2005 Enjeux économiques de la fertilisation Si une partie de la diminution du volume des engrais utilisés doit être imputée à la diminution des surfaces fertilisées, dues aux jachères, la plus grande partie est due à la réduction des doses utilisées par hectare. On est arrivé ainsi à un apport moyen de P205 inférieur à 30 unités/ha. Cet apport ne compense plus le niveau des exportations dans les grandes régions céréalières. L'apport moyen de K20 est, en 2002, inférieur à 40 unités/ha. Cet apport est inférieur aux préconisations de l'agriculture raisonnée. Il ne permet plus d'entretenir correctement la fertilité des sols.
Parlons fertilisation 4/5 UNIFA Edition 2005 Enjeux économiques de la fertilisation Concilier productivité, économie et environnement La Terre devra bientôt nourrir 10 milliards d'êtres humains. Les possibilités de mise en culture de nouvelles terres sont très limitées. Les 5% des terres émergées de la planète cultivées intensivement devront continuer à fournir l'essentiel de la production agricole. Plus que jamais, il sera indispensable d'utiliser rationnellement les ressources en eau, les fertilisants et les moyens de protection des cultures pour améliorer la productivité, notamment dans les pays à fort accroissement de population. Pour combattre la faim dans le monde et protéger l'environnement, il faut privilégier des pratiques agricoles durables écologiquement et économiquement viables. L'agriculture raisonnée est fondée sur un principe de raisonnement global prenant en considération les finalités économiques, environnementales et sociales de l'exploitation agricole. La fertilisation raisonnée a pour but d'adapter les apports en éléments fertilisants aux besoins réels des cultures en tenant compte des éléments présents dans le sol et du rendement potentiel de la plante. Les fertilisants minéraux, bien utilisés, sont un maillon essentiel pour permettre à l'agriculture de produire une alimentation suffisante et équilibrée pour la population de chaque pays. Ils permettent aussi à l'agriculture de répondre à de nouveaux besoins qui concernent la production d'énergies (biocarburants) et de matières premières, d'origine renouvelable. Production d'énergie renouvelable avec les biocarburants
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