Kinesport-Publications N°3

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publications
kinesport
Numéro 3
Dossier
Biologie du sportif
et micronutrition
Les intervenants
KINESPORT
Guy Ontanon
Interview
José Delfim :
L’opération de la
dernière chance
3
€
Ed i t o r i a l
kinesportpublications
La santé est considérée par le grand public
comme le critère essentiel de la qualité de
la vie. Lors de la nouvelle année, le vœu le
plus partagé est la bonne santé.
M
ais que cela signifie-t-il ? La notion de santé est-elle
la même pour l’individu que pour son médecin ? Estce l’absence de maladie ou la pleine possession de
ses moyens. On parle de plus en plus de durée de
vie en bonne santé plutôt que de longévité souvent synonyme
de calvaire face à la maladie. Comment rester en bonne santé
le plus longtemps possible et jouir pleinement de la vie. Nous
savons désormais que l’activité physique est l’un des facteurs
fondamentaux. Hors, le terme « kiné » signifie mouvement ;
nous sommes donc à même de guider le public pour lui permettre
de pratiquer des activités physique contrôlées. Que cela se passe
dans notre cabinet ou en dehors.
Entre le médecin et le patient, la place du masseur-kinésithérapeute
bien que déterminante n’est malheureusement pas prise en
compte. La cause en revient principalement à nous professionnels
de la santé. Bien que nous ayons toutes les connaissances
requises, la confiance du public, nous ne nous donnons rarement
les moyens de remplir cette mission de santé publique.
Qu’attendons nous pour varier notre activité et nous lancer dans
le bien-être et surtout la bonne santé par l’activité physique ?
Selon nos affinités, de multiples solutions sont possibles : cardiotraining, gymnastique pour les seniors, stretching… Sachez que
plus de 30% des personnes inscrites dans une salle de sport ne
s’y ré inscrivent pas l’année suivante. La cause : manque de suivi,
trop de monde, pas assez de professionnalisme.
Toutes ces personnes souhaitent pourtant continuer une activité
physique régulière et contrôlée. N’hésitons pas à créer des
espaces santé dans nos cabinets.
Arnaud BRUCHARD
KINESPORT
Tel : 0 810 821 001
Site Internet :
www.kinesport.fr
Directeur de la publication :
A. Bruchard
Sommaire
2
Editorial / Sommaire
4
Interview : Guy Ontanon
7
Dossier : Biologie et micronutrition
20
Interview : José Delfim
23
Fiche technique : Ostéopathie des côtes
28
La boutique
32
Prochain numéro
Rédaction
Directeur de la rédaction :
A. Bruchard
Rédacteur en chef : F.SCOTTE
Directeur artistique :
STUDIO BS www.studio-bs.fr
Maquettiste :
STUDIO BS www.studio-bs.fr
Imprimé en France
Impression :
Sopaic
Toute reproduction est interdite.
Numéro 3. KINESPORT. KINESITHERAPIE
DU SPORT
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des techniques spécifiques
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sportive la plus complète.
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applicables. Tous nos intervenants, issus du sport de haut
niveau, vous feront partager leurs expériences.
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INTER V IE W
« Être révolutionnaire »
Kinesport : Guy Ontanon, pourquoi
avez-vous accepté de vous associer
avec Kinesport ?
Guy Ontanon : J’ai eu l’occasion
de rencontrer Arnaud Bruchard il y a
quelques mois, et nous avons échangé des idées. Le contact s’est révélé
intéressant, et Kinesport m’a proposé
de faire partie de leurs intervenants.
L’idée m’a immédiatement séduite,
car cette proposition émane d’une
structure sérieuse. Nous étions tombés d’accord pour débuter une collaboration le 5 novembre dernier. Depuis j’interviens lors des différentes
formations de façon très régulière.
C’est un challenge très intéressant,
car ces formations me permettent de
progresser et d’enrichir mes connaissances, et aussi de faire profiter aux
stagiaires mon expérience. C’est un
échange permanent entre ceux qui
Guy Ontanon
viennent bénéficier d’une formation
et leurs formateurs.
Vous intervenez plus précisément
sur la musculation…
n’est pas l’exercice préféré des sportifs. Et cela est le cas dans toutes les
disciplines. Mais pour des sportifs de
haut niveau, la musculation est indispensable. C’est un passage obligé, et
à mon avis, il faut savoir faire preuve
d’un esprit inventif pour motiver les
athlètes. Être en quelque sorte révolutionnaire… En athlétisme, l’entraîneur gère avant tout la préparation
physique et la technique de course,
mais également, dans la plupart des
cas, la musculation. Car tous les
sports ne disposent pas d’un staff
technique assez vaste. Dans les clubs
de football par exemple, l’entraîneur
n’a pas à s’occuper personnellement
de la préparation physique ou de la
musculation.
suite >>
Il faut être honnête : la musculation
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L’école du mouvement
Principes :
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• La perception
• La sensation
• La respiration
• La contraction et le relâchement
• La perception de l’espace
• Le mouvement analytique
• Le rythme
• La gestuelle globale, coordonnée
et rythmée
- Les méthodes :
• La gym sur swiss ball
• L’étude des rythmes
• Le travail diaphragmatique
• La gym Hypopressive
• Le gainage
• La stimulation musculaire
• La gym posturale et
la prévention « du faux
mouvement »
- Les moyens :
• Une salle spécifique
• La musique
• Le swiss ball
• Le thera band
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Numéro 3. KINESPORT. M
INTER V IE W
Quelles sont, depuis que vous êtes
entraîneur de haut niveau vos relations avec les kinés du sport ?
Quelles sont les grandes orientations de vos interventions ?
Plusieurs thèmes sont abordés. Il
s’agit de comprendre la structure du
muscle et de sa capacité à s’adapter
à l’effort imposé. Il faut travailler sur
les différentes méthodes qui existent
en musculation par rapport à celle
utilisée avec les sprinters. Et également aborder la tonification musculaire, et pour cela, je m’appuie sur
mon expérience avec le sprint en la
transposant à d’autres disciplines.
J’interviens également sur les effets
de la surcompensation du muscle,
ainsi que sur la fatigue et la récupération. Les stagiaires participent
lors des formations en préparant par
exemple un plan d’entraînement.
J’ai toujours pris soin d’avoir de bonnes relations avec les kinés du sport,
parce que j’ai très vite compris que
je pouvais m’appuyer sur leur expérience. Ainsi, je m’étais vite entouré
d’une structure médicale élaborée
lors de certaines compétitions, avec
un kiné, un ostéopathe et un podologue. Avoir avec soi un kiné à temps
plein favorise un meilleur suivi longitudinal de l’athlète, ce qui permet à
l’entraîneur de s’occuper pleinement
de son secteur.
Alexis Billebault
Agence France Presse
Ronald Pognon
Un entraîneur mondialement reconnu
I
l est aujourd’hui considéré
comme l’un des meilleurs entraîneurs de sprint au monde, ce
qui lui vaut une reconnaissance
de ses pairs jusqu’aux Etats-Unis.
Aujourd’hui âgé de 47 ans, Guy Ontanon, ancien basketteur de niveau
Excellence Régionale à Chantilly et
professeur d’éducation physique
est depuis 2001 détaché auprès du
ministère de la jeunesse et des sports
auprès de Robert Poirier, le Directeur
Technique National de la Fédération
Française d’Athlétisme. « J’ai commencé à m’occuper d’athlétisme un
peu par hasard quand j’étais enseignant. J’avais remplacé une collègue
qui attendait un heureux événement, et parallèlement à cela, deux
élèves, qui n’étaient pas satisfaits de
ce qu’ils apprenaient dans leur club
m’ont demandé de les conseiller.
Mais j’avais tout de même certaines
connaissances sur l’athlétisme acquises lors du professorat ». Bombardé entraîneur des équipes de
France juniors de sprint hommes et
femmes en 1995, Guy Ontanon est
devenu en 2001 le coach de Muriel
Hurtis (la collaboration prendra à la
fin de l’année dernière), qui avait re-
joint l’équipe où figuraient déjà les
sœurs Dia, Sylviane Félix ou encore
David Patros. Christine Arron a rejoint l’écurie Ontanon fin 2002 et les
deux parties, malgré un désaccord
passager après les Jeux Olympiques
d’Athènes continuent à travailler
Christine Aaron
obtenu la médaille d’or aux derniers
championnats du monde à Helsinki
au mois d’août dernier. Quelques semaines plus tôt, lors du meeting de
Lausanne, Ronald Pognon, également
entraîné par Ontanon avait battu le
record de France du 100 m de Daniel
Sangouma, datant de 1990, en passant sous la barre mythique des 10
secondes avec un temps de 9’’99,
s’offrant même le luxe de devancer
le champion olympique Justin Gatlin.
« On retient toujours les dernières
médailles. Mais toutes celles de
Muriel Hurtis ou de Christine Arron
comptent aussi beaucoup pour moi.
Les voir s’accomplir en remportant
des médailles, c’est une récompense
pour moi au vu du travail réalisé avec
les athlète. Ce sont des moments de
grand bonheur… »
Alexis Billebault
ensemble. Entraîneur national du
sprint depuis plus de quatre ans, Guy
Ontanon, qui s’occupait du relais
masculin (2001-2004) est aujourd’hui
co-entraîneur des équipes masculine
et féminine du relais avec Laurence
Bily. Le relais masculin du 4x100 a
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Biologie et micronutrition
Dossier
Q
uelle place occupe vérita-
vidu ? Quelle aide en attendre dans le
différents marqueurs habituellement
blement l’outil biologique
cadre de la prise en charge de patho-
utilisés ? Nous faisons le point pour
dans l’évaluation du sta-
logies ou de troubles fonctionnels ?
vous dans cet article.
tut nutritionnel de l’indi-
Quelle est la signification réelle des
Quel est le sens de la biologie ?
P
rendre le temps de regarder
En mesurant certains marqueurs, qui
font qu’on est obligé de se demander
les définitions ouvre souvent
nous semblent témoigner de manière
dans quelle mesure l’instantané ob-
d’instructives
réflexions.
plus ou moins fiable des phénomènes
tenu à partir de globules blancs nous
dictionnaire,
se tenant dans nos tissus, on espère
renseigne sur ce qui se passe dans
la « biologie », c’est : « la science
pouvoir comprendre les processus
l’adipocyte par exemple. Il existe
qui a pour objet la description du vi-
intimes de nos cellules, faute de
donc des limites réelles à la biologie,
vant.» Il s’agit donc d’un vaste projet
pouvoir y accéder directement dans
indépendamment des méthodes de
dont l’objectif consiste, si possible,
la plupart des cas. On peut partielle-
dosage, de leur sensibilité et de leur
à comprendre le fonctionnement
ment contourner cette difficulté con-
précision. Elles sont inhérentes au
de nos organes et de nos tissus, ai-
ceptuelle en procédant à des mesures
raisonnement biologique lui-même.
nsi que la nature des phénomènes
au sein de cellules sanguines. En ef-
Il existe plusieurs catégories de mar-
de contrôle et de régulation qui s’y
fet, on œuvre alors sur le comparti-
queurs recherchés. La première est
tiennent. La biologie pourtant, est
ment intra-cellulaire. Ceci permet
constituée de témoins simples du
aujourd’hui plutôt perçue comme la
alors de se forger une idée plus juste
métabolisme, acteurs énergétiques,
mesure d’un certain nombre de vari-
des phénomènes se déroulant au
molécules de transport ou produits
ables sanguines et l’interprétation
cœur de celles-ci. Pour butter sur un
de la dégradation. C’est dans cette
qui en découle. Ainsi, un glissement
autre écueil. Ces cellules sont-elles
catégorie que se rangent par exem-
s’est opéré. Conceptuellement, il
suffisamment
des
ple la glycémie, la cholestérolémie,
signifie que dans l’esprit de l’homme
autres lignées cellulaires ? En dehors
le taux de protéines, celui d’urée ou
du XXIe siècle, la vérité se trouverait
d’un certain nombre de processus
d’acide urique. Leur relation étroite
dans le sang, et en partie également
communs, il existe en effet des spéci-
avec le fonctionnement de la cellule
dans les urines ou les selles, voire les
ficités métaboliques caractéristiques
a très vite porté à croire que leurs
cheveux comme certains le croient.
des processus de différentiation, qui
valeurs reflétaient peu ou prou cer-
D’après
le
représentatives
Numéro 3. KINESPORT. Dossier
taines habitudes alimentaires et que,
ologique du moment pour la fonction
baisse du paramètre hormonal, en
inversement, dès
lors que certains
concernée. La seconde repose sur le
l’occurrence, signifie qu’un trouble
des chiffres sortaient des « normes »,
caractère dynamique des processus
fonctionnel générateur de fatigue est
un régime approprié permettrait
décrits. On peut parfois avoir une
corrélé à la baisse de DHEA… un peu
leur normalisation. A mesure qu’on
idée de l’évolutivité des mécanismes,
de la même manière que l’élévation
progresse dans nos connaissances, il
surtout quand on dispose de données
du taux d’acide lactique témoigne de
apparaît que la réalité est plus com-
d’antériorité.
l’intensité de l’effort… mais n’est pas
plexe. Le lien n’est pas aussi ténu
qu’on le pensait à l’origine.
la cause de la fatigue ! L’origine de
La dernière catégorie de marqueurs,
cette baisse n’est pas univoque, et
c’est
pour
il appartient au professionnel de la
lesquelles d’importantes erreurs con-
santé de procéder à un véritable exa-
ceptuelles sont souvent commises. De
men de la situation. Un retour vers
nombreux professionnels de la santé
les mécanismes biochimiques sera
ou préparateurs physiques raisonnent
alors utile…
celle
des
hormones,
ainsi sur des valeurs hormonales pour
tenter d’en déduire l’état de forme
ou de santé du sujet. Deux exemples
de cette façon de penser nous sont
La seconde catégorie d’éléments do-
fournis par le débat sur le rapport
sés est constituée des cellules san-
testostérone/cortisol chez les spor-
guines elles-mêmes, globules blancs,
tifs (à l’origine, à une époque, du
globules rouges, plaquettes et, dans
« rééquilibrage hormonal »), ou par la
une approche plus pointue, on peut
mesure du taux de DHEA-sulfate chez
également ranger les bilans évalu-
les quadra ou quincas se sentant en
Une hormone ne nous tombe jamais
ant la part des différentes sous-fa-
perte de vigueur. Pourquoi une telle
du ciel dans l’organisme. Il existe,
milles du système immunitaire, ou
réflexion a-t-elle vu le jour ? Il n’est
au contraire, plusieurs étapes suc-
d’autres
représentatifs
pas rare de notes des baisses de ces
cessives nécessaires à sa synthèse,
de la dynamique de renouvellement
paramètres, et de constater qu’elles
et autant ensuite à une transmission
des globules rouges. Ce dernier point
se corrèlent relativement bien aux
efficace de l’information dont elle
est particulièrement étudié dans le
états de fatigue ou de baisse de vi-
est dépositaire, au même titre par
cadre du suivi des sportifs, et béné-
talité constatés simultanément chez
exemple que les neurotransmetteurs
ficie de l’apport précieux de récents
les individus testés. Pour autant, une
ou les cytokines du système im-
nouveaux marqueurs tels que celui
corrélation n’est que rarement équiv-
munitaire. Il est donc utile de rap-
du
la
alente à une relation de cause à ef-
peler comment la transmission de
transferrine », du taux de réticu-
fet. Et l’idée selon laquelle la correc-
l’information hormonale se déroule.
locytes (jeunes globules rouges) ou
tion de ces paramètres restaurerait
Il
encore de la ferritine, souvent con-
durablement un état de vigueur op-
d’hormones. Certaines appartiennent
sidérée comme le reflet exact des
timal manque du minimum de rigueur
au grand groupe des protéines comme
réserves en fer. Cette seconde caté-
physiologique. Il ne faut pas confon-
l’insuline, l’hormone de croissance,
gorie de marqueurs se caractérise par
dre le marqueur et la fonction. Ni le
le glucagon. L’autre est constituée
deux spécificités. La première c’est
thermomètre et l’infection ! Prenons
des stéroïdes. Il s’agit de molécules
la nature davantage interprétative
par exemple le cas du DHEA-sulfate.
lipidiques, la plupart d’entre elles
de l’analyse. Il ne s’agit plus, comme
Sa baisse témoigne du fait qu’une in-
dérivent directement du cholestérol,
dans le premier cas, de considérer
formation circule, intimant l’ordre à
lui-même issu à 85% de synthèses en-
un paramètre isolément, et ensuite
certains organes d’ajuster à la baisse
dogènes faisant largement appel aux
de comparer le chiffre obtenu aux
leur niveau de fonctionnement. Com-
carburants usuels, sucres ou graisses.
normes. Les conclusions reposent
me lorsqu’une file de Ferrari, blo-
Il est indispensable, dans le proces-
davantage sur la confrontation si-
quée sur une route de montagne der-
sus d’élaboration de ces hormones,
multanée de plusieurs marqueurs,
rière une 2 CV, doit caler sa vitesse
de disposer en outre des cofacteurs
permettant de comprendre l’état bi-
sur celle du véhicule le plus lent. La
utiles à ces synthèses, vitamines, mi-
«
marqueurs
récepteur
soluble
de
existe
deux
grandes
familles
Numéro 3. KINESPORT. Dossier
néraux ou oligo-éléments, dont les
lipidiques donnant à la membrane
effet donne lieu à une normalisation
carences vont évidemment influer sur
la fluidité optimale sont donc suf-
de la glycémie. En quelque sorte, ces
le bon déroulement de ces réactions.
fisants. Faute de quoi, l’hormone
graisses régulent le taux de sucre.
Ces molécules fabriquées, elles sont
est mal réceptionnée et, pour que
Enfin, une fois son action exercée,
alors libérées en réponse à un stimu-
l’hormone est dégradée et éliminée.
lus et passent dans le sang où elles
Sa durée de vie est souvent courte,
transitent avant d’aller agir à dis-
de l’ordre de quelques minutes. Ce
tance sur un organe-cible. Durant leur
qu’on mesure dans le sang, finale-
voyage, elles doivent être préservées
ment, c’est la résultante de ce qui
de l’attaque de molécules agressives
est libéré, capté, dégradé, et c’est
formées en de multiples circonstanc-
surtout cet équilibre à un instant
es, comme à l’occasion de l’exercice
« t », très fugace. De plus, divers ac-
ou d’un stress inflammatoire, et nom-
teurs contribuent à l’efficacité de la
mées les « radicaux libres ». Faute de
réponse hormonale, de sorte que son
quoi elles s’altèrent, sont susceptibles
effondrement éventuel peut relever
de changer de forme dans l’espace,
l’information passe malgré tout, des
de diverses causes. A ceci s’ajoute
et connaissent alors les plus grandes
mécanismes correctifs se mettent en
d’autres sources de confusion, telles
difficultés pour interagir avec leur ré-
place. Ils pourront se traduire par une
que les variations à l’échelle des 24
cepteurs situés sur les membranes de
libération accrue de l’hormone en
heures, sous l’effet des repas ou des
cellules du tissu cible. Cette recon-
question, du moins dans un premier
stress. L’interprétation s’avèrera en
naissance va nécessiter la présence
temps. C’est par exemple ce qu’on
tout cas délicate. On pourrait multi-
de membranes (surtout faites de lip-
décrit dans le cadre de l’insulino-
plier les exemples de ce genre pour
ides), parfaitement opérationnelles,
résistance laquelle, justement, est
démontrer que le caractère momen-
et n’ayant pas subi, elles non plus,
en partie améliorée par la prise de
tané de la mesure biologique doit
de trop importantes agressions par
graisses de poissons (acides gras de la
être présent à l’esprit de ceux qui
les radicaux libres ; la disponibilité
lignée « oméga 3 »), dont une partie
analysent les données obtenues.
en éléments protecteurs (nommés
de l’action porte sur la restauration
les « anti-oxydants ») et en éléments
de la dynamique membranaire. Cet
Fig. 1 : Profil des acides gras
Numéro 3. KINESPORT. kinesportpublications
Dossier
À quoi peut servir l’analyse biologique ?
A
ujourd’hui,
il
est
de-
l’état de fatigue ou, au contraire,
révèlera parfois coûteux. Mais en au-
venu possible, grâce à
comme le soulignent les spécialistes
cun cas il ne s’agira de les proposer
l’évolution
tech-
de l’épidémiologie, s’agit-il plutôt
de manière systématique au tout-venant.
des
niques et de nos connais-
d’un marqueur dénué de « sensibili-
sances, d’apprécier une multitude
té » et de « spécificité » ? Dans son
de paramètres, à des niveaux de plus
cas, comme pour bien d’autres mi-
En dehors de ces indications, la bi-
en plus faibles. On peut notamment
cronutriments, le constat d’un taux
ologie sera un outil parmi d’autres,
évaluer le taux de la plupart des
sanguin inférieur à une norme plus
au même titre que l’investigation cli-
nutriments fournis par notre ration,
ou moins arbitraire peut ne donner
nique. Autrement dit, l’emploi de la
et ce même si nos besoins sont de
lieu à aucune anomalie particulière.
biologie devrait le plus souvent pos-
l’ordre du mg ou du µg.
Et à l’inverse, on peut rencontrer des
sible correspondre à une stratégie
sujets manifestant des signes de dé-
globale où elle ne représente qu’un
Cette possibilité d’arriver, en théo-
ficience en dépit de taux jugés dans
moyen, et non le seul, d’avoir accès à
rie, à tout mesurer, a favorisé
les normes. Autrement dit, la baisse
une idée de la réalité physiologique.
l’émergence d’une croyance selon
d’un paramètre ne correspond pas
Si, par exemple, une maladie de
laquelle la vérité sortirait du sang.
forcément à la survenue d’un état
carence comme le scorbut a été iden-
Qu’il suffirait de prélever un ali-
défavorable et, à l’inverse, s’inscrire
tifiée, ce n’est pas à la suite de bilans
quot de sang, de s’en remettre à
dans la norme de la population ne
sanguins pratiqués sur les marins de
l’analyse, de repérer les manques
garantit pas l’absence de pathologie
Christophe Colomb, mais au contraire
et de les corriger. Cette logique con-
ou d’anomalie tissulaire ou fonction-
sur la base des symptômes de carence
duit à négliger l’observation du con-
nelle. Ce qui pose le problème du
retrouvés de manière systématique
tenu de l’assiette et à se positionner
sens de ces investigations.
chez ces navigateurs privés de fruits
d’emblée dans une démarche de com-
Alors pourquoi procéder à de telles
frais durant de trop longs mois.
plémentation qui serait ignorante de
investigations ? Le recours à la biolo-
L’observation et la déduction doivent
la façon dont se nourrit le sujet. De
gie ne répond qu’à deux objectifs.
rester des armes en cette époque
plus, il s’agit d’une approche que je
D’abord, confirmer des hypothèses
où, comme le déplore le généticien
qualifie de manière caricaturale de
cliniques
(*).
Jacques Testard : « la technique a tué
« complémentation de cantonnier ».
C’est par exemple le cas avec les bi-
la connaissance ! » Ce qui est sans
En effet, avec cette façon de procéder,
lans martiaux ou avec la recherche de
doute vrai aussi pour l’imagerie ou
un patient dénué de trouble fonction-
certains allergènes. Ensuite, identifier
l’électromyostimulation…
nel et de pathologie peut, à partir du
des facteurs de risque silencieux, non
moment où on lui dit « telle vitamine
encore exprimés sur le plan clinique,
Le recueil des troubles fonctionnels
ou tel minéral apparaît à un taux in-
mais qui sont fortement associés à la
(dans la sphère digestif, au niveau
suffisant», se sentir devenir soudain
survenue possible d’une pathologie
O.R.L., à celui de la peau ou des ar-
malade, et se voir prescrire une plé-
grave dans les années à venir. C’est le
ticulations) nous renseigne tout aussi
thore de compléments destinés à ve-
sens de la biologie préclinique prati-
utilement sur les anomalies qui résult-
nir combler les trous identifiés dans
quée en micronutrition dans le cadre
ent d’une nutrition cellulaire défici-
le bilan. Or, de mon point de vue, on
de la prise en charge de patients is-
ente. L’avantage de ces informations
accorde trop d’importance à ces in-
sus de familles où de nombreux cas
c’est qu’ils nous précisent comment
vestigations. Le sens de ces « trous »
de maladies cardio-vasculaires ou de
nos tissus fonctionnent, alors que les
reste à apprécier.
cancers prématurés ont été identi-
bilans sanguins sont plutôt chargés
ou
étiologiques
fiés. Ou bien sûr chez des patients
de nous rendre le plus souvent une
Que signifie véritablement, par ex-
soucieux de s’inscrire dans une dé-
photographie plus ou moins floue de
emple, la baisse sous la norme du
marche de prévention secondaire (**).
ce qui se passe dans le compartiment
magnésium plasmatique ? Est-ce le
On s’appuiera sur des marqueurs
extra-cellulaire, ce qui ne nous ap-
témoin du risque spasmophilie ou de
très particuliers, dont le dosage se
prend pas forcément sur ce qui se
(*) : qui étudie les causes.
(**) : la prévention secondaire est celle qui vise à prévenir la récidive.
Numéro 3. KINESPORT. 10
Dossier
déroule véritablement à l’intérieur
L’examen et le recueil d’informations
ple, dont on parlera tout à l’heure.
des tissus.
deviennent de plus en plus superflus.
L’interprétation correcte des résul-
C’est ainsi ce qui se produit avec le
tats nécessite donc de confronter
Peu à peu, la biologie supplante la
« suivi biologique longitudinal », mis
les chiffres obtenus aux signes cli-
clinique. En cas de fatigue, par ex-
en place auprès des sportifs, et qui
niques ou fonctionnels simultané-
emple, on ausculte peu, mais le pa-
impose environ trois bilans sanguins
ment présents chez le patient sportif.
tient se montre demandeur d’un bi-
par an, contre un seul examen médi-
Dans le cas contraire, on travaille en
lan sanguin « poussé », qui pourrait
cal obligatoire. Certains paramètres
aveugle, et ce même si les marqueurs
livrer quelque secret inaccessible,
ne sont pas univoques, comme le
sont « validés ».
autrement, au commun des mortels.
cortisol
plasmatique,
par
exem-
Attentions aux erreurs conceptuelles
D
’autres aspects concep-
la puberté et elles s’amendent une
ulation ménopausée, pour qui les
tuels compliquent cette
dizaine d’années après la ménopause.
pertes physiologiques mensuelles en
volonté de compréhen-
Par ailleurs, l’aptitude à réaliser la
fer ont cessé. Cette remarque est
sion. L’un est relatif à la
synthèse de l’hémoglobine a été con-
importante. Il existe peu d’exemples
notion de « norme ». On a l’habitude
sidérée. Ce processus physiologique
comparables où il est justifié de pren-
de comparer les chiffres obtenus à
se tient dans les mitochondries. Or,
dre les valeurs de référence dans un
ceux qui constituent la « norme ». En
il n’existe aucune différence, quali-
échantillon différent de celui étudié.
général, on définit celle-ci avec des
tative ou quantitative, entre femmes
Ce débat sur la norme est loin de
marges statistiques correspondant à
et hommes, sur les capacités de ces
constituer uniquement un problème
des écarts-types. Ils sont déduits de
organites à accomplir cette fonc-
concernant
la répartition de ce paramètre au
tion. Enfin, sur le plan hormonal, il
au monde. Il nous amène en fait à
sein de la population exempte de pa-
n’est pas non plus relevé, chez des
changer notre regard sur toutes ces
thologie apparente. La norme admise
femmes et des hommes à ferritiné-
sportives fatiguées, peu performan-
pour un groupe ne correspond pas
mie similaire, de différence dans
tes, et dont la biologie indiquerait
forcément à la valeur véritablement
les taux d’EPO. Or cette hormone
qu’elles disposent de réserves mar-
optimale pour lui. Un bon exemple
influe fortement sur les mécanismes
tiales « normales », alors qu’en fait
nous est fourni par le débat autour
de captation et d’utilisation du fer à
elles sont tout à fait déficitaires. La
des normes de ferritinémie, propo-
des fins de synthèse. Au total seule la
grande majorité des athlètes fémi-
sées dans le but de déceler l’état
disponibilité en fer est sujette à des
nines se retrouvent dans ce cas. Les
d’épuisement des réserves martiales ;
écarts conséquents entre hommes et
raisons qui expliquent ce constat sont
cette discussion s’est ouverte à la
femmes. Il semble donc que les nor-
nombreuses, et ont été récemment
suite de l’observation fréquente de
males du nombre de globules rouges,
exposées par ailleurs (« Sport et Vie »,
valeurs moyennes de ferritinémie sys-
de l’hémoglobine et de la ferritine,
oct.2005).
tématiquement plus basses chez les
chez la femme, aient été établies à
femmes en âge de procréer. En fait,
partir d’échantillons de populations
Cette normalité est souvent relative.
pour un nombre croissant d’auteurs,
en carence martiale. Par conséquent,
Prenons un autre exemple ; la norme
les constantes se rapportant au fer se-
ces auteurs proposent de revoir à la
de cholestérolémie de la population
raient abaissées chez les femmes non
hausse les valeurs « seuil », qui dev-
américaine, selon ces critères gauss-
ménopausées non pas du fait des dif-
ront, chaque fois, être redéfinies en
iens, n’est pas la même que dans
férences intersexuelles, mais plutôt
fonction de la technique des dosages
certains pays asiatiques. Outre-At-
en raison d’une carence martiale très
utilisés :
lantique, elle vaut pour une popu-
répandue. Les pertes menstruelles ne
Homme : valeur basse : < 80 ng/ml,
lation évoluant dans des conditions
seraient, selon eux, pas compensées
Femmes ménopausée : valeur basse :
radicalement différentes de celles
par les apports. Plusieurs arguments
< 50 ng/ml.
rencontrées en Asie. Les chiffres des
soutiennent cette position. D’une
trois
fondamentalistes
populations ne se recouvrent que très
part, les différences n’apparaissent,
Dans ce contexte, la référence pour
partiellement. Et pour compliquer le
chez les jeunes femmes, qu’après
la femme doit être celle de la pop-
tout, l’incidence des maladies car-
Dossier
dio-vasculaires n’a rien à voir avec
norme existe, on peut se demander
sible survenue d’un accident cardio-
le taux de cholestérol sanguin. Ainsi,
par rapport à quoi elle est définie,
vasculaire s’il venait à s’en écarter.
pour une valeur identique, les Crétois
et si elle correspond à un marqueur
ce qui n’empêche pas la médecine
subissent 500 fois moins d’infarctus
finalement pertinent. Autrement dit,
de proposer l’usage des statines pour
que les Finlandais. De plus six fois
on mesure un paramètre qu’on com-
abaisser le taux de cholestérol total
sur sept , lorsqu’un infarctus sur-
pare à la moyenne trouvée chez des
chez des sujets ayant connu un pro-
vient, le taux de cholestérol est
sujets sains, tout en sachant que ce
blème cardiaque. Lutte-t-on alors
« normal ». Au bout du compte, si la
paramètre ne prédit en rien la pos-
vraiment contre l’ennemi véritable ?
L’heure des malentendus
U
n dernier problème tient
observé que la goutte se rencontrait
tel peut favoriser la survenue de la
au sens même de ce qu’on
davantage en présence d’un taux
goutte uniquement dans un contexte
mesure et aux interpré-
élevé d’acide urique. On avait trouvé
d’acidose tissulaire et de déficit hy-
tations qu’on en fait. Et
des calculs d’acide urique dans les
drique et chez des sujets prédisposés.
pour bien comprendre tout le sens
articulations de ces malades. Cette
En effet, il fait partie des molécules
de cette critique de fond, nous al-
observation était assez fréquemment
dont la solubilisation spontanée dans
lons maintenant décrypter pour vous
retrouvée. Aussi, sa possible respon-
les liquides physiologiques est dépen-
quelques paramètres usuels… et voir
sabilité en tant que toxine a alors été
dante du pH. Son élévation peut as-
les malentendus qui existent à leur
évoquée, et a initié diverses tenta-
sez facilement se rencontrer à l’issue
sujet. Premier exemple à considérer,
tives destinées à en abaisser le taux
d’une rencontre sportive. Elle peut
celui de l’acide urique. Il n’est pas
chez les sportifs, de façon à diminuer
être accentuée par des choix alimen-
rare, lorsqu’on évalue ce paramètre
les risques de blessure. On l’a de fait
taires inappropriés, notamment en
chez un sportif, le lendemain d’un
incriminé dans la survenu de prob-
présence d’une ration trop pauvre en
match, de le trouver très au-dessus
lèmes tendineux, voire de blessures
végétaux frais. Mais de là à en faire le
des normes considérées comme ac-
musculaires, là encore sur la base de
coupable de ces atteintes...
ceptables. L’acide urique peut pro-
corrélations qui incitaient, en outre,
venir de trois origines distinctes. La
à remettre en cause l’hygiène de vie
On s’est sans doute complètement
première, c’est par la dégradation
supposée perfectible des joueurs
trompé à son sujet. En effet, l’acide
des acides nucléiques (ADN, ARN) et
blessés.
urique est un anti-oxydant, capable
par l’alimentation, notamment par
d’interagir avec les radicaux libres
le biais d’une ration hypercarnée.
et de minimiser l’impact de leur at-
Ce n’est pas sa source principale.
taque sur les tissus. Son élévation,
La dernière, la plus importante, ré-
finalement, survient dans des condi-
sulte de la chute brutale du rapport
tions d’exercice qui sont les plus à
ATP/ADP dans la cellule, comme à
même de favoriser la formation de
l’occasion d’un exercice effectué à
radicaux libres… et les atteintes po-
une intensité maximale. De plus, son
tentielles qui peuvent s’ensuivre. On
taux s’élève proportionnellement à la
peut alors considérer que cette élé-
masse musculaire en jeu. Ainsi, chez
vation, favorisée dans le contexte
un rugbyman du Top 14, évoluant en
le plus « toxique » pour la cellule,
3e ligne, possédant 80 kg de masse
constitue un phénomène adaptatif
maigre, accumulant courses, placag-
favorable. Par conséquent, dans ce
es, chocs et passablement déshydraté
contexte, il sera prioritaire de veiller
à l’issue du match, on peut s’attendre
à se réhydrater correctement et à alDiététique et micronutrition du
sportif - Didier Chos et Denis Riché
caliniser l’organisme. Aucune étude,
longtemps été perçue comme une
En fait, plusieurs points sont à con-
l’hyperuricémie provoquait un plus
anomalie ; anciennement, on avait
sidérer. L’acide urique en tant que
grand nombre de blessures au sein
à voir son taux d’acide urique dépasser les normes ; cette particularité a
de toute façon, n’a jamais établi que
Dossier
d’une population sportive. Quant à la
sang des acides aminés hydrophiles,
thologies coronariennes. (32) Et six
goutte, qui en a rencontré chez les
dont certains seront même rendus
fois sur sept, aucune perturbation
sportifs de haut niveau ?
encore plus acceptables au terme
de la cholestérolémie n’est notée De
d’une réaction de « lissage » avec
plus, le dosage des triglycérides n’est
des glucides. C’est ce qu’on appelle
pas un paramètre très pertinent. On
la « glycosylation ».
lui reproche notamment de consi-
Un
autre
paramètre
dont
l’interprétation mérite d’être rediscutée est le cholestérol, notamment
dérables variations inter et intrain-
en relation avec sa responsabilité
Il existe différentes molécules proté-
dividuelles. En première intention,
éventuelle dans la survenue de pa-
iques transportant des lipides. Elles
ces dosages se justifient malgré tout.
thologies cardio-vasculaires. On dis-
se nomment, pour cette raison, des «
S’ils sont positifs, la prise en charge
tingue habituellement le « bon »
lipoprotéines ». Leur densité varie en
qui en découle est maintenant bien
ou le « mauvais » cholestérol, avec
fonction de la quantité de protéines
codifiée. S’ils sont négatifs, cela ne
des influences respectives très dif-
et de graisses qu’elles renferment.
sera pas forcément un élément ras-
férentes sur le risque cardio-vascu-
On distingue ainsi les « LDL » (pour
surant. « Plutôt que de se fier à la
laire. Dans l’esprit du public, il existe
« Low Density Lipoproteins »). On
seule baisse du cholestérol ou même
d’ailleurs deux types de cholestérol,
l’assimile au « mauvais » cholestérol.
des lipoprotéines, marqueurs tout à
et l’élévation de la fraction « LDL »
Pourquoi ? Parce que la fraction »LDL
fait insuffisants du risque de maladie
(la mauvaise), est souvent vécue
» exporte le cholestérol du foie vers
coronarienne, l’analyse des acides
comme la conséquence du flagrant
les tissus utilisateurs. Elle met donc
gras des phospholipides plasmatiques
délit de délinquance alimentaire.
en circulation le cholestérol. D’après
devra dorénavant constituer le mar-
la théorie ancienne, c’est un facteur
queur principal du changement req-
Pour comprendre plus précisément
défavorable. La fraction « HDL », à
uis. Car c’est grâce à cette analyse
ce qui se joue, souvenons-nous que
l’inverse, ramène le cholestérol des
que l’on peut être sûr que l’objectif
le cholestérol, en tant que molécule
tissus vers le foie. Intervenant pour
est atteint » (32).
lipidique, n’est pas soluble dans le
débarrasser en partie l’organisme du
sang. Un peu comme de l’huile à la
cholestérol excédentaire, ce « HDL »
Face à cette complexité des causes
surface de la mer, il ne peut pas se
est considéré « protecteur », ce que
possibles,
mélanger dans l’eau.
la clinique et l’épidémiologie ont
sus s’étalant
Or, il doit impérativement être appor-
d’ailleurs confirmé. En risque rela-
nécessaire de faire appel à d’autres
té aux cellules, notamment pour par-
tif, la chute de la fraction « HDL »
marqueurs. Pour la plupart, ils n’ont
ticiper aux multiples synthèses dont il
pèse plus lourd que l’élévation de
aucun lien avec le métabolisme des
est acteur : vitamine D, ubiquinone,
la fraction « LDL ». Ceci peut sur-
lipides et ne sont jamais recherchés
hormones stéroïdes notamment. Alors
prendre nos lecteurs. Ils savent sans
dans un bilan biologique convention-
comment faire ? L’organisme fait ap-
doute en effet que, comme le leur
nel, ce dont conviennent en catimini
pel à des transporteurs, de la famille
a expliqué leur médecin, un taux de
les experts interrogés à ce sujet.
des protéines. Celles-ci ont en effet
LDL élevé est statistiquement associé
Voyons en détail ces marqueurs mod-
la particularité de comporter des
à un risque relatif de maladie cardio-
ernes. De récentes données, notam-
parties hydrophiles et des séquences
vasculaire plus fort, relativement à
ment certaines issues d’études épi-
hydrophobes, leurs présences respec-
la possession d’un taux normal. Mais
démiologiques, mettent en évidence
tives dépendant de la structure des
les connaissances acquises depuis une
la participation de processus inflam-
acides aminés constitutifs et de leur
quinzaine d’années sur le déroule-
matoires dans les mécanismes des
agencement sur la chaîne protéique.
ment des maladies cardio-vasculaires
maladies cardio-vasculaires. Cette
On devine comment ces protéines de
nous ont permis de comprendre que
inflammation est productrice, com-
transport interviennent.
Le cœur
cette relation a davantage un car-
me le tabac, d’une grande quantité
hydrophobe se lie à des molécules
actère de corrélation et qu’elle ne
de radicaux libres. Or, ces derniers
lipidiques telles que le cholestérol
décrit pas réellement une relation
peuvent interagir avec les molécules
mais aussi les triglycérides, les vita-
de cause à effet. Les dyslipidémies
situées à leur proximité. Il peut ainsi
mines liposolubles ou encore les pig-
(perturbation des taux de cholestérol
s’agir des lipoprotéines transportant
ments des végétaux. La partie située
LDL et HDL, ou des triglycérides) ne
les graisses dans le sang, c’est-à-dire
à la périphérie, expose au contact du
sont présents que dans 50% des pa-
les lipoprotéines. Lorsque ces gross-
et
devant
un
proces-
dans le temps, il est
Dossier
es macromolécules subissent un tel
glycémie. Sa valeur basale n’est pas le
de 45 ans. Chez eux, l’élévation de
nombre de dommages que leur répa-
reflet du niveau de consommation de
la glycémie à jeun ne constitue pas
ration complète s’avère impossible à
sucre. Il témoigne uniquement du bon
l’argument
assurer, elles changent de forme dans
ajustement des mécanismes régula-
d’un flagrant délit de délinquance
l’espace. De ce fait, ces molécules
teurs de la glycémie, sous l’influence
alimentaire ni d’un pécher de gour-
du « soi » deviennent des antigènes,
mutuelle d’hormones aux effets an-
mandise exacerbé. Celui qui la subit
pris en charge par le système im-
tagonistes et complémentaires (insu-
se trouve plutôt dans un cadre qu’on
munitaire non spécifique. Ce seront
line, glucagon, noradrénaline, etc…).
pourrait comparer aux dérèglements
notamment les macrophages du sys-
Souvent chez les sportifs, notamment
de la climatisation d’une pièce. Nor-
tème endothélial qui vont se charger
dans les disciplines d’endurance, son
malement, dès que la température
de ce travail. Ils vont interagir avec
taux se situe plutôt au niveau de la
s’élève d’un degré, des mécanismes
ces antigènes et les incorporer dans
borne inférieure des normes. Ceci
adaptatifs
les cellules spumeuses qui tapis-
ne signifie pas que le sportif risque
restaurer la « valeur de consigne ».
sent l’intérieur de l’endothélium. Au
de déclencher plus facilement une
Normalement, tant que l’axe insulin-
fur et à mesure que ces particules
hypoglycémie. Cette adaptation à
ique fonctionne correctement, toute
s’accumulent, la plaque grossit et la
la baisse témoigne plutôt d’une ap-
fluctuation trop importa nte
lumière du vaisseau se rétrécit. Sur le
titude accrue des muscles à capter
trop rapide de la glycémie déclenche
plan épidémiologique, comme sur la
le glucose circulant pour le mettre
une réponse correctrice. Quand la
base d’éléments cliniques, la partici-
en réserve. A l’inverse, on peut ren-
glycémie à jeun grimpe d’année en
pation des LDL oxydés aux maladies
contrer chez des sujets proches de
mesure et, in fine, franchit le seuil
cardio-vasculaires est bien établie.
la quarantaine, notamment chez
fatidique de 1,05 g/l, on doit consi-
Ces LDL transformées sont particu-
d’anciens
tendance
dérer que les mécanismes régulateurs
lièrement impliquées dans la surve-
de la glycémie à jeun à s’élever un
sont altérés. Le suivi de cette glycé-
nue des maladies cardio-vasculaires.
peu plus d’année en année, voire à
mie va alors refléter non pas la bonne
Elle est bien plus significative que le
franchir un seuil fatidique fixé à 1,05
compliance du patient, mais l’état
taux brut de LDL cholestérol ou, a
g/l. Cette anomalie s’inscrit dans un
de ses capacités d’adaptation métab-
fortiori, de cholestérol total (12, 44).
cadre plus globale de perturbation de
olique. Plus rarement, des modifica-
Son taux est tout à fait prédictif du
la réponse à l’insuline, et est souvent
tions (toujours dans les normes) de la
risque cardio-vasculaire associé aux
associée à d’autres perturbations
glycémie peuvent, chez des sportifs à
lipides. En micronutrition, il fait par-
telles qu’une prise de poids au niveau
haut niveau d’entraînement, être as-
tie des marqueurs que nous recher-
viscéral, une élévation des chiffres
sociés à un état de surentraînement
chons régulièrement. Il ne figure par
tensionnels et des anomalies du bilan
en cours d’instauration ou avéré.
contre quasiment jamais dans un bi-
lipidique. On désigne cet ensemble de
Mais en général, à ce stade de pertur-
lan standard, même en cardiologie.
perturbations sous le terme général
bation, d’autres critères cliniques ou
de « syndrome polymétabolique ».
fonctionnels ont permis, bien avant,
Il touche 40% des hommes de plus
de poser le diagnostic.
Evoquons également le cas de la
sportifs, une
confirmant
entrent
en
l’existence
jeu
pour
ou
Les marqueurs du futur
L
a multiplication de mar-
ganisme produit, sous l’influence de
foie constituent les principales sourc-
queurs biologiques en re-
divers processus, des molécules insta-
es répertoriées. Pour y faire face,
lation avec un processus
bles nommées « formes radicalaires
l’organisme dispose de moyens de
particulier ne permet pas
oxygénées ». Elles comportent un
défense nommés « anti-radicalaires ».
forcément de mieux l’appréhender
électron libre et sont de ce fait sus-
Ils reposent sur des systèmes enzy-
dans sa globalité. Un bon exemple de
ceptibles d’interagir avec toutes les
matiques couplés à divers acteurs
cette difficulté d’appréciation nous
molécules tissulaires et de les endom-
nutritionnels nommés les « anti-oxy-
est fourni par les tentatives de mesure
mager. L’exercice, le tabac, la pollu-
dants ». Classiquement,, en biolo-
de l’importance du « stress oxydatif ».
tion, l’inflammation, les infections,
gie, on essaie de mesurer l’ampleur
Rappelons ce dont il s’agit ; notre or-
la neutralisation des toxiques par le
du stress oxydatif en évaluant soit
Dossier
la présence de certaines molécules
troisième, plus récente, rapporte
élévation, sous l’effet de l’exercice,
oxygénées, soit le niveau sanguin de
des observations faites auprès de
d’un des facteurs de risque de mala-
certains nutriments anti-oxydants. Or
footballeurs professionnels polonais.
die cardio-vasculaire.
il n’existe de stress oxydatif qu’en
Ces publications ont en commun de
cas de déséquilibre entre l’attaque
montrer une grande hétérogénéité
Un autre marqueur « dynamique » de
et la défense. Il est donc intéressant
des valeurs d’anticorps anti-LDLox au
la protection cellulaire nous est fourni
de pouvoir disposer de marqueurs té-
sein de ces populations de sportifs.
par le « Test de Résistance Anti-Radi-
moignant de cet équilibre dynamique
On note également une fréquence
calaires » (TRAR). Le principe en est
in vivo. Nous allons en présenter
élevée de sujets dotés d’un taux si-
simple : il s’agit de soumettre des hé-
deux. Le premier a déjà été évoqué.
tué au-dessus des normes (> 800 mU/
maties à une agression induite par un
Il s’agit du taux d’anticorps anti-
ml), apparemment supérieure à celle
générateur de radicaux libres, dans
LDL oxydés. Si l’attaque radicalaire
relevée au sein de la population gé-
des conditions strictement contrôlées
est ponctuelle ou peu supérieure au
nérale. L’impact isolé d’un exercice
et standardisées. Le « TRAR » met en
« bruit de fond », les dérivés toxiques
peut être apprécié lorsqu’on procède
jeu des radicaux libres qui participent
formés sont éliminés et il n’en per-
à la mesure au terme de l’exercice. De
au phénomène d’hémolyse, selon un
siste, de manière chronique, aucune
plus, les auteurs polonais ne relèvent
mécanisme
trace dans l’organisme. Par contre,
pas de différence entre les activités
des protéines et de peroxydation des
si le cumul d’agression radicalaire
moyennes des défenses anti-oxydants
bicouches membranaires des glob-
aboutit à la présence permanente
des sujets à faible taux d’anticorps
ules rouges. Face à cette production
de molécules porteuses d’anomalies,
d’une part, et ceux où il sort des
exagérée de radicaux libres, les cel-
elles finissent par être reconnues
normes d’autre part. C’est donc bien
lules sanguines et le plasma opposent
par le système immunitaire comme
un problème d’équilibre dynamique
leurs systèmes de défense anti-radi-
« anormales ». Il va alors diriger des
entre ces moyens de défense et les
calaire. Cependant, un déséquilibre
anticorps contre elles. La quantité
molécules oxydantes qui les sollici-
va s’installer au bout d’un certain
d’anticorps formés à ce combat ren-
tent. Quoiqu’il en soit on connaît mal
temps et donnera lieu à une lyse
seigne assez bien sur l’effet chronique
les conséquences, à terme, de cette
des hématies qui ira en s’accentuant
complexe
d’oxydation
du cumul d’épisodes radicalaires. En
outre, sa mesure nous informe aussi
sur le risque cardio-vasculaire qui
en résulte, puisque les macrophages
engloutissent ces molécules oxydées, et leur accumulation, au sein
de l’endothélium, participe à la formation des cellules « spumeuses »,
tenues pour des acteurs importants
de l’agression endothéliale à l’origine
de la maladie athéro-thrombotique.
Cette perspective pathologique constitue bien ce qui nous intéresse
lorsqu’on s’interroge sur l’impact du
sport sur la production de radicaux
libres. Peu de travaux systématiques
ont été réalisés, chez le sportif, avec
ce marqueur encore expérimental.
En fait, nous n’avons recensé que
quatre études, toutes récentes, ce
qui témoigne de l’intérêt croissant
pour cette question. L’une porte sur
des professionnels de football américain, l’autre sur des basketteurs. La
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(voir la figure 1). L’évaluation de la
se situent le moins haut possible. Il
« trans » ou un acide gras à longue
période de latence et celle du temps
s’agit d’une vision extrêmement ré-
chaîne à 15 atomes de carbone, le
au bout duquel la moitié des globules
ductrice. De nombreuses molécules
taux d’un acide gras à un moment est
rouges ont été détruits va permettre
très importantes appartiennent à
le résultat des apports, des synthèses
d’apprécier
éléments.
cette familles, notamment celles
à partir des sucres ou de certains
Lorsque la mesure est effectuée sur
plusieurs
qu’on nomme les « eicosanoïdes » et
acides aminés, de l’incorporation, de
les hématies seules, on aura un re-
qui, comme les prostaglandines, par-
l’utilisation, de la dégradation, et le
flet des capacités intra-cellulaires de
ticipent au contrôle de processus fins
résultat, au niveau des membranes,
défense anti-radicalaire. Sur le sang
tels que l’inflammation, l’allergie, la
est finalement difficile à apprécier.
total, par contre, on pourra évaluer en
vasodilatation, la coagulation. Elles
Le taux d’acides gras saturés, par
plus les mécanismes extra-cellulaires
dérivent de deux acides gras « essenti-
exemple, est souvent un indicateur
de protection. Ce que l’on mesure,
els », c’est-à-dire que nous ne savons
partiel du niveau de consommation
c’est finalement l’équilibre in vivo
pas fabriquer, ce qui nous rend tribu-
de glucides. Chez un sportif, s’il est
entre les agressions et la défense.
taire de notre ration pour satisfaire
bas, il correspond généralement à
Tout déplacement de la courbe vers
nos besoins. Les lipides représentent
une balance énergétique négative.
la gauche ou vers la droite traduit
également 50% du poids sec du cer-
des pertes d’équilibre. Décalée vers
veau et participent à la composition
Le moyen employé est le « statut
la gauche, la courbe traduit une dim-
des membranes cellulaires. Le monde
en acides gras » (voir la figure 2). Il
inution des moyens de protection. A
lipidique est donc un pilier de notre
consiste à mesurer le taux des acides
l’inverse, déplacée vers la droite, elle
santé qu’il convient d’appréhender
gras au sein des phospholipides des
signale une sollicitation excessive des
dans sa globalité. Connaître le con-
membranes des globules blancs. Ce
mécanismes de protection cellulaire,
tenu de l’assiette ne nous informe
bilan reflète le statut intracellulaire,
à la suite de laquelle cette protec-
pas du tout correctement à ce sujet.
a une signification physiologique et
tion chutera et laissera l’organisme
Une biologie pointue demeure irrem-
enfin constitue le reflet des apports
en situation de fragilité face au
plaçable. Voyons pourquoi…
moyens des derniers mois. Son inter-
stress oxydatif. C’est par exemple ce
prétation demande un certain en-
qu’on décrit en cas de tabagisme. Ce
Dans l’assiette, on trouve différentes
traînement, d’autant que divers phé-
type de dosage, appliqué au sportif,
familles de lipides, certains minori-
nomènes viennent concourir à influer
rend bien compte de la façon dont,
taires comme par exemple le cho-
sur les taux des différents acides gras
chez certains, l’activité (et les au-
lestérol ou la lécithine et les phos-
mesurés. Pour le comprendre, repre-
tres facteurs en jeu) crée un stress
pholipides, d’autres en quantité plus
nons le cheminement des acides gras
oxydatif, alors que chez d’autres les
importante comme les triglycérides.
de l’assiette jusqu’à la cellule. Une
défenses restent opérationnelles. Ce
Il n’est pas facile de connaître la na-
fois consommés à partir de nos ali-
type de bilan n’est pas pratiqué de
ture et la quantité d’acides gras ap-
ments les acides gras doivent, avant
manière routinière chez les sportifs
portés selon les différentes familles.
d’être mis à la disposition de nos cel-
de haut niveau. Dans les domaines
Hormis les huiles, aucun aliment n’est
lules, être transformés par la diges-
cliniques
constitué exclusivement de graisses,
tion (1er facteur de différence) de
et lorsque par ailleurs on regarde en
façon à libérer les lipides qu’ils ren-
et
expérimentaux,
on
l’emploie davantage.
détail la composition en acides gras
ferment. Ceux-ci, ensuite, doivent
La biologie micronutritionnelle per-
des aliments qui en contiennent (à
être assimilés par le tube digestif
met de disposer d’autres systèmes
côté de leurs glucides et protides
(2ème facteur de différence) et enfin
encore plus fins et pertinents ; l’un
constitutifs), il est très difficile de
métabolisés dans l’organisme (3ème
de ceux qui nous délivrent le plus
s’y retrouver. Cela étant, le contenu
facteur de différence). La diges-
d’information est celui nommé « stat-
de l’assiette en lipides, même s’il
tion des lipides exige l’intervention
ut en acides gras ». Dans l’imaginaire
semble a priori satisfaire les recom-
d’enzymes nommées les lipases. Or,
collectif, les graisses constituent des
mandations officielles, prédit assez
cette fonction est, comme toutes les
molécules à vocation essentiellement
mal la manière dont la membrane
fonctions enzymatiques, génétique-
énergétique, et dont il est judicieux
va se structurer. De plus, à part les
ment programmée.
de veiller à ce que leur taux circulant
acides gras essentiels, les acides gras
Dossier
L’activité de la lipase nécessite un
alpha linolénique) sont en compé-
conversion (transformant les deux
travail préalable de mise en émulsion
tition pour être transformés par une
précurseurs que sont le linoléique et
des graisses grâce à l’action des acides
même et unique enzyme, la delta-6
l’alpha-linolénique en leurs dérivés
biliaires. Cette émulsion concerne
désaturase, elle-même soumise à des
à longue chaîne), font l’objet de ré-
non seulement les triglycérides, mais
facteurs limitants comme les sucres
gulations complexes, dont beaucoup
aussi le cholestérol et l’ensemble
rapides ou l’insuline. Les apports glu-
sont liées au statut hormonal, au mé-
des éléments lipidiques fournis par
cidiques interviennent à la fois par
tabolisme et à la nutrition. Tous ces
la ration. La production efficace en
leur aptitude à servir de substrat à la
facteurs accentuent la probabilité
acides biliaires dépend d’une bonne
lipogenèse hépatique et comme acti-
d’un éventuel déficit, y compris chez
fonction hépato-biliaire, ainsi que
vateur de la libération d’insuline. Or
un sujet dont les apports, au niveau
d’un écosystème intestinal équilibré
cette hormone va influer sur le métab-
de l’assiette, seraient a priori opti-
correct. En outre, toute agression
olisme lipidique, dans le sens d’une
maux.
hépatique (virale ou autre), une pul-
synthèse accrue du cholestérol, des
lulation
microbienne au niveau du
acides gras saturés et d’eicosanoïdes
Le statut en acides gras nous permet
grêle influeront négativement sur la
pro-inflammatoires, pro-aggrégants,
donc d’intégrer, d’un seul regard,
transformation et l’assimilation des
pro-allergisants et vasoconstricteurs.
une multitude de paramètres en re-
acides gras.
D’autres facteurs limitants sont les
lation avec la nutrition des tissus,
acides gras « trans », les virus, les
et nous fournit une énorme quantité
Une fois assimilés, les acides gras
corticostéroïdes et certains micro-
d’informations dont la signification,
essentiels sont soumis à l’action
nutriments
comme
finalement, est très … biologique, au
d‘enzymes
au
le fer, le Zn, le Mg, la B6. De plus,
sens premier du mot. C’est l’un des
niveau hépatique que sont les élon-
la satisfaction des besoins en acides
enjeux de la biologie micronutrition-
gases et surtout les désaturases dont
gras essentiels se heurte à une autre
nelle.
l’activité est soumise à de nombreux
difficulté, c’est leur grande fragilité,
facteurs. Notons encore que les deux
notamment vis-à-vis de la peroxyda-
chefs de file des familles oméga 3 et
tion, due à l’agression par les radi-
oméga 6 (acide linoléïque et acide
caux libres. Enfin, les enzymes de
très
importantes
indispensables
Denis Riché,
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José Delfim
INTER V IE W
José Delfim
Footballeur professionnel de l’olympique de Marseille
Date de naissance :
05/02/1977
Ville de naissance :
Amarente (Portugal)
Age :
29 ans
Nationalité :
Portugais
Taille :
1.75m
Poids :
82 kg
Poste :
Milieu
Histoire d’un miraculé
J
osé Delfim aurait pu ne jamais rejouer à cause d’une
lombalgie mal soignée. Après
plus de deux ans de galère,
le milieu de terrain portugais de
l’OM rejoue au plus haut niveau.
Presque un miracle…
Le mercredi 14 décembre 2005,
au milieu des quelques dizaines de
buts marqués ce soir-là en Coupe de
l’UEFA, l’un avait une saveur toute
particulière. Au moins pour un homme. En marquant juste avant la mitemps le second but de l’OM face aux
Roumains du Dinamo Bucarest, José
Delfim venait à la fois d’accomplir un
geste banal et symbolique. Son dernier but officiel remontait à la saison
2000-2001, alors qu’il évoluait encore
dans son pays, au Sporting Lisbonne.
Quatre mois plus tôt, Jean Fernandez,
l’entraîneur olympien l’avait rappelé
pour la première fois depuis trois
ans dans le groupe olympien pour affronter les Espagnols de La Corogne
en Coupe Intertoto (5-1).
Parce que l’histoire de cet ancien
espoir du football portugais, débauché en juin 2001 par Bernard Tapie
au Sporting Lisbonne pour 5 millions d’euros et un salaire mensuel
de 70 000 € est douloureuse dans
son déroulement et belle dans son
dénouement. Sa première saison
marseillaise s’était plutôt bien passée, et le milieu de terrain originaire
d’Amarante, sans complètement justifier son transfert avait disputé une
vingtaine de matches avec son nouveau club. La suite, pourtant, allait
pourtant s’apparenter à un véritable
cauchemar. Et José Delfim, qui ne
parlait pas un mot de français en arrivant dans les Bouches-du-Rhône a
appris la langue, « pour mieux comprendre tout ce qu’on m’avait fait
endurer, et aussi pour mieux expliquer mon mal » .
José Delfim
José Delfim
INTER V IE W
L’opération de la dernière chance
M
ais cela n’a pas été toujours suffisant. En août
2002, Delfim était installé
dans le bus qui emmène
les Phocéens à Lyon. Et en se réveillant, il ressentait une douleur dorsale
plutôt forte. « J’avais du m’endormir
dans une mauvaise position, mais je
ne m’étais pas vraiment inquiété,
d’autant plus que le lendemain, je
jouais un quart d’heure contre Lyon.
J’ai un peu commencé à me poser des
questions dans les jours suivants parce que les douleurs ne disparaissaient
pas. Au contraire, elles s’accentuaient
au point de me gêner dans ma vie
quotidienne ». Plus de deux mois
après le match à Lyon, Delfim était
mis en arrêt de travail et orienté vers
une clinique strasbourgeoise. Et c’est
à partir de là que le joueur allait être
victime d’invraisemblables erreurs
de diagnostic, dont les conséquences
sur son intégrité physique auraient pu
être catastrophiques. « J’avais mal
au dos, et on m’a opéré d’une hernie inguinale, et cela à trois reprises
en à peine trois mois… ». Assez pour
déclencher des douleurs à la limite
du supportable et qui l’empêchaient
de marcher normalement, malgré
de longes semaines de rééducation
à Capbreton, puis à Saint-Raphaël.
Et aussi pour prendre l’initiative de
prendre un rendez-vous avec le professeur Graziani, neurochirurgien à
Marseille En acceptant l’opération,
mais aussi ses risques, Delfim savait
alors à cet instant qu’il s’agissait presque de l’intervention de la dernière
chance.
« Quand j’ai donné mon accord au
Professeur Graziani, je ne pensais
plus à rejouer au football, mais à remarcher normalement, à pouvoir me
déplacer sans souffrir, à simplement
pouvoir porter mes enfants. Pensez
que pendant plusieurs mois, je n’ai
pas pu prendre ma petite fille dans
mes bras. Que je souffrais le martyr
rien qu’en m’habillant. Je savais que
si l’opération ratait, je passais le
restant de mes jours dans un fauteuil
roulant ».
L’occasion pour lui, aussi, de ne plus
se retrouver entre les mains du staff
médical marseillais de l’époque,
fortement soupçonné d’avoir aggravé
son cas. « Ils l’ont massacré », osait
même un membre du club sous couvert d’anonymat. « Je voulais repartir
à Lisbonne pour y poursuivre ma rééducation, dans la clinique d’Antonio
Gaspar, le physiothérapeute de
l’équipe nationale portugaise ». Et
pour que le club marseillais accède à
sa demande, l’autorisation écrite de
Christophe Bouchet, alors président
du club phocéen était nécessaire.
Malin, Bouchet avait pris le parti de
lambiner en repoussant sans cesse
la signature du document afin de
pousser Delfim à la faute et de pouvoir le licencier. « Du coup, mon avocat l’a menacé d’informer la presse
sur les agissements du staff médical
marseillais. Et il a signé… ». Privé de
salaire pendant près d’un an et demi –
il devait se débrouiller avec les indemnités de la sécurité sociale, soit
5 400 €, quand elles lui étaient versées – Delfim s’était soigné dans son
pays, en récupérant jour après jour
ses sensations, « en faisant des étirements et des courses sur tapis roulant ».
L’incertitude quant à son avenir sportif était presque définitivement levée
début septembre 2004, quand le professeur Graziani annoncait à Delfim
que les deux vertèbres étaient soudées et qu’il pouvait rejouer au football. D’abord avec l’équipe réserve de
l’OM, puis à Moreirense, un anonyme
club de Ligue 1 portugaise où il a passé les cinq derniers mois de la saison
2004-2005. « Cela a été une expérience formidable. Cela m’a permis
de revenir progressivement à mon
niveau. Et de rejouer avec Marseille.
Cela a été un moment magnifique ».
Jean Fernandez, son entraîneur, parle de lui comme d’un « combattant,
d’un guerrier ».
Delfim revient de loin. De très loin,
même…
Alexis Billebault
Ostéopathie des côtes
Ostéopathie des côtes : 1ère et 12ème côtes
Fiche technique
Trois côtes sont atypiques quant à leur anatomie : la première côte et le couple onzième et
douzième côtes qui sont dites « flottantes ».
La première côte, par ses différents rapports, est une entité importante dans les pathologies
cervicales et du membre supérieur.
Les onzièmes et douzièmes côtes sont à tester dans les problèmes de lombalgie de par les
insertions du muscle carré des lombes ainsi que par la relation avec la douzième vertèbre
dorsale qui est la « clé » de voûte du bassin.
Lors d’algies au pourtour de la douzième côte nous aurons à l’esprit la présence des reins qui
peuvent provoquer également des douleurs projetées dans cette zone.
RAPPELS ANATOMIQUES
La première côte est posée comme un collier au ras
du cou. (Fig. 1)
Sur sa face supérieure présence d’un tubercule avec
insertion du scalène antérieur et sur sa partie
moyenne insertion du scalène moyen.
La base de l’angle formé par le plexus brachial se
trouve entre les scalènes antérieur et moyen.
Si lésion de la première côte : répercussion sur
les scalènes et donc retentissement sur le membre
supérieur.
En avant du tubercule il existe une gouttière avec
passage de la veine sous clavière et du système
lymphatique crânien. En arrière du tubercule il
existe une autre gouttière avec présence de l’artère
sous clavière qui est touchée dans les syndromes
du défilé thoraco-brachial.
En avant de la tête de la première côte nous avons
la présence du ganglion stellaire qui a une action
sur le système orthosympathique.
Fig. 1
La onzième côte possède une seule surface articulaire
au niveau de la tête. Elle s’articule avec le corps de
D11 et ne s’articule pas avec l’apophyse transverse.
La douzième côte a une seule surface articulaire
également au niveau de la tête, elle n’a pas d’angle.
C’est une ébauche de côte.
(Fig. 2)
Fig. 2
Fiche technique
TESTS
PREMIÈRE CÔTE (Fig. 3)
Il n’existe que des lésions d’inspiration du fait de la présence des scalènes.
Nous avons donc des lésions de côte haute : l’angle postérieur de la première côte est haut.
Description : sujet en décubitus dorsal, le
thérapeute met ses pouces à la racine du cou,
dirigés vers le bas et le dedans juste en avant
des trapèzes.
A la palpation : la côte est plus haute et lorsque
nous appuyons en direction caudale la côte est
plus rigide.
Lors du test de mobilité : à l’inspiration les 2
côtes montent, à l’expiration forcée la côte en
lésion monte moins.
Fig. 3
DOUZIÈME CÔTE (Fig. 4)
Palpation : c’est l’extrémité antérieure qui
donne des renseignements sur la lésion.
Remarques : si à la palpation il y a
présence d’une algie importante cela peut
signifier un problème rénal.
Si l’extrémité antérieure de la onzième
côte est douloureux cela peut signifier un
problème de vésicule.
Fig. 4
Fiche technique
CORRECTIONS
PREMIÈRE CÔTE (Fig. 5)
Description : thérapeute debout derrière le sujet, place ses
index et majeurs sur la première côte.
Action : le thérapeute induit une latéro flexion lente, sur
l’expiration, du côté à corriger tout en effectuant une anté
flexion de la tête jusque D1.
Maintenir à l’inspiration puis provoquer une rotation de la
tête côté opposé, sur un temps expiratoire, en effectuant une
pronation de l’avant bras.
Fig. 5
(Fig. 6)
Description : sujet en décubitus, thérapeute assis avec son
thorax en contact avec la tête du sujet et son pouce sur la
première côte.
Action : le thérapeute provoque une poussée dans l’axe de
la colonne vertébrale avec son corps.
Le sujet expire profondément et quand il inspire, le thérapeute
maintien la côte en bas tout en relâchant brusquement la
pression sur la tête.
Fig. 6
DOUZIÈME CÔTE (Fig. 7)
Description : le thérapeute place son pouce sur l’apophyse
transverse de D12 et son index sur le bord supérieur de la
douzième côte. Le sujet attrape son cou avec la main, du
côté de la lésion, le coude en avant.
Action : tout en maintenant le moignon de l’épaule, le
thérapeute provoque une légère latéro flexion du côté lésé
tout en maintenant la côte en bas.
Lors d’une expiration lente et profonde le thérapeute induit
une anté flexion et rotation du côté opposé. Maintenir la côte
vers le bas lorsque le sujet inspire tout en se redressant.
David Rougemeont
Fig. 7
fr
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