federation des espaces santé jeunes gazette

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federation des espaces santé jeunes gazette
FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES
GAZETTE - FEVRIER 2015
RELATIONS FILLES-GARCONS & SEXUALITÉ
DES ADOLESCENTS
Fédération des Espaces Santé Jeunes
35, rue Estelle 13001 Marseille
www.fesj.org / Tel : 04 91 13 71 89 / Portable : 06 35 13 14 29
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
LE MOT DU PRESIDENT,
La contraception, les IST, l’orientation sexuelle…ou toute autre thématique relative à la santé sexuelle
sont autant de sujets que les jeunes choisissent de venir aborder quotidiennement dans les dispositifs
de proximité que sont les Espace Santé Jeunes.
Dans nos structures, par nos actions « d’aller vers pour faire venir », les jeunes peuvent choisir le moment
opportun pour s’informer, s’interroger ou déposer une situation délicate.
C’est à mon sens dans cette perspective d’information, d’échange, d’écoute et d’accompagnement que
s’enracine notre démarche.
Le ministère des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes a confié à l’IGAS en décembre
2014, une mission concernant la contraception des mineures. Cette évaluation porte plus
particulièrement sur les problématiques d’accès gratuit et anonyme à la contraception via les dispositifs
locaux ou nationaux. Elle vise également à recenser dans le même temps toutes les difficultés que
pourraient rencontrer les mineures dans leur accès à la contraception.
Cette gazette, nouvelle génération, s’inscrit et nous inscrit donc pleinement dans l’actualité du ministère
des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes au travers des retours d’expériences des
professionnels des ESJ concernant la santé sexuelle.
Xavier Vanderplancke
Président, Fédération des Espaces Santé Jeunes
Responsable de l’Espace Santé Jeunes de Lyon
Responsable du Pôle Santé du CRIJ Rhône-Alpes
LA FEDERATION DES ESPACES SANTE JEUNES (FESJ)
est un réseau de structures engagées dans l’amélioration de l’accès aux droits et à la santé des jeunes, de 11 à 25
ans.
La FESJ dont les fondements s’appuient sur la promotion de la santé, positionne la jeunesse et son entourage au
centre de ses préoccupations.
Fondée sur une approche humaniste, organisée autour des valeurs de mixité, de laïcité, et de solidarité, la FESJ
s’appuie sur les principes d’interdisciplinarité, de respect et de non jugement, pour accompagner les jeunes dans
leur singularité.
La FESJ mobilise les réseaux institutionnels et elle participe aux politiques publiques en faveur des jeunes et de
leurs familles, en étant force de proposition d’actions, de créations, de projets et de recherches.
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
SOMMAIRE
ACTUALITES EN BREF…
RETOUR D’EXPERIENCES DES PROFESSIONNELS DES ESPACES SANTÉ JEUNES
ESJ LA CIOTAT
Lorsque la sexualité s’interroge : qu’entendons-nous de la parole
des jeunes ?
ANAÏS BENHAIM, Psychologue
ESJ MARSEILLE, IMAJE SANTÉ
Les entretiens psychologiques dans les ESJ
FRANCK DESCOMBAS, Psychologue clinicien
ESJ MARSEILLE, IMAJE SANTÉ
Témoignage d’un travailleur social en ESJ
LUDOVIC QUINQUIS, Travailleur social
ESJ MARSEILLE, IMAJE SANTÉ
Réflexions autour de la formation : « L’accompagnement éducatif
et la prise en compte de la vie affective et sexuelle des jeunes dans
cet accompagnement »
PIERRICK GUILLON, Psychologue Social
ESJ COLOMBES
Formation, « Défis et enjeux de la sexualité à l’adolescence »
VINCENT PERSUANNE, Responsable Espace Santé Jeunes
ESJ NANTERRE
Action collective, Projet EVRAS (Education à la Vie Relationnelle,
Affective et Sexuelle) à l'IMPro
FLORENCE GODEFROY, Infirmière ESJ/CPEF
ESJ AUBAGNE
Action collective
Observations, analyses et réflexions - Projet connaissance de soi,
des autres et sexualité…
KARELLE BOURHIS-JULLIEN, Psychologue
ESJ AUBAGNE
Action de sensibilisation sur la sexualité, dans un collège des
Bouches-du-Rhône
SIDNEY CADOT, Volontaire en Service civique à la FESJ
ESJ VILLENEUVE LA GARENNE
Question de Santé : les discriminations Filles-Garçons
LOTFI AMRI, Psychologue social de la santé
ESJ REIMS
Ateliers « Pause-Café » et Module prévention hygiène
JANINE BERNIER, IDE Conseillère en insertion
JOURNÉE INTERNATIONALE DE LUTTE CONTRE LE SIDA
ESJ CLERMONT L’HERAULT
Fiche action, tenue d’un stand
LOIC BIZE, Coordinateur et animateur
ESJ COLOMBES
Un jour, le SIDA disparaitra
VINCENT PERSUANNE, Responsable Espace Santé Jeunes
ESJ ASNIERES-SUR-SEINE
Actions de sensibilisation
SABRINA KIROUANE, Coordinatrice J.E.S.P.
ESJ D’AUBAGNE
Paroles de chargée de prévention
MARJORIE BOULANGER, Chargée de prévention
OUTILS D’ESPACE SANTE JEUNES
ESJ NANTERRE
Consigne, Action collective, Projet EVRAS, IMPro
ESJ AUBAGNE
Questionnaire d’évaluation anonyme sur l’intervention :
« Sexualité, contraception, connaissance de soi et des autres »
ESJ VILLENEUVE LA GARENNE/ AMICALE DU NID
Test filles/ Test Garçons
ESJ CLERMONT L’HERAULT
Jeu Câlin Malin
ESJ CLERMONT L’HERAULT
Tract 1er Décembre, SIDA & IST
ESJ AUBAGNE
Questions/ Réponses, « Sida, que savons-nous ? »
ESJ LYON
KESKESEX.FR
DU COTÉ DES PARTENAIRES …
AMICALE DU NID 13
Jeunesse et prostitution, une réalité difficile à appréhender
STEPHANIE HOUERROU, Responsable Formation & Qualité
AMICALE DU NID 34
Extraits du Rapport d’enquête sur la prostitution des étudiant-es
PLANNING FAMILIAL 13
Education à la sexualité, éducation sexualisée
CLAIRE RICCIARDI, Porte-parole du Planning Familial13
SOS FEMMES 13
Violences faites aux femmes et aux filles, un héritage sans
testament
AMEL ARVIN-BEROD, Directrice
SOS HOMOPHOBIE
Mieux vivre ensemble, action collective de SOS HOMOPHOBIE
JEANNE INGHEL, Volontaire en Service civique à la FESJ
BIBLIOGRAPHIE
AGENDA
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
ACTUALITES EN BREF…
AVORTEMENT : LA LOI VEIL A 40 ANS !
A la veille du quarantième anniversaire de la promulgation de la
loi Veil, Marisol TOURAINE, ministre des Affaires sociales, de la
Santé et des Droits des femmes, et Pascale BOISTARD,
Secrétaire d’Etat chargée des Droits des femmes, ont présenté
le Programme national d’action pour améliorer l’accès à l’IVG
en France.
Ce programme vise à améliorer l’information des femmes sur
leurs droits, simplifier et améliorer le parcours des femmes qui
souhaitent avorter et garantir une offre diversifiée, sur
l’ensemble du territoire.
IL S’ARTICULE AUTOUR DE 8 MESURES :
1.Un numéro national d’appel sur la sexualité, la
contraception et l’IVG. Il s’appuiera sur une mise en réseau des
plateformes régionales existantes et l’expertise du
Mouvement français du Planning familial. Il sera disponible en
septembre 2015.
2.Une campagne nationale d’information sur la sexualité, la
contraception et le droit d’interrompre une grossesse non
désirée. Cette campagne sera développée par le ministère des
Affaires sociales, de la Santé et des Droits des femmes, avec
l’appui de l’INPES. Elle sera lancée en septembre 2015.
3.Une amélioration de la prise en charge financière de l’IVG.
Des actes demandés aux femmes, actuellement non pris en
charge à 100% par la sécurité sociale, seront désormais
intégralement remboursés: les examens de biologie médicale,
l’échographie de datation pré-IVG, la consultat ion de recueil
du consentement, les examens de biologie de suivi et
l’échographie de contrôle. Cette mesure fera l’objet d’un
décret en Conseil d’Etat. Elle sera mise en œuvre à l’automne
2015.
4.La formalisation d’une procédure pour les IVG entre 10 et
12 semaines de grossesse. Une instruction aux réseaux de
santé en périnatalité sera publiée en janvier 2015, rappelant
leur rôle pour la coordination des acteurs de l’IVG. Un cahier
des charges national sera publié en juillet 2015
5.La formalisation d’un plan pour l’accès à l’avortement dans
chaque région. La ministre des Affaires sociales, de la Santé et
des Droits des femmes donnera l’instruction à chaque ARS de
formaliser un plan régional pour l’accès à l’avortement, élaboré
sur le modèle des expériences régionales réussies. Les
orientations nationales seront élaborées avec l’appui de l’ARS
Ile-de-France et diffusées avant l’été 2015.
6.La possibilité pour les centres de santé de réaliser des IVG
instrumentales. La Haute Autorité de Santé (HAS) sera saisie
afin d’élaborer un cahier des charges sur les conditions
techniques et de sécurité nécessaires. Cette mesure fera l’objet
d’un amendement au projet de loi relatif à la santé.
7.Faciliter le recrutement des praticiens contractuels dans les
établissements. L’exigence d’un service minimum de 4 demijournées sera supprimée. Après concertation avec les acteurs
concernés, cette mesure fera l’objet d’un décret en Conseil
d’Etat.
8.Mettre en place une commission sur les données et la
connaissance de l’IVG. Elle réunira les principaux producteurs
de données, les professionnels de terrain et les associations
spécialisées. Elle sera pilotée par la DREES et réunie deux à trois
fois par an. Elle commencera ses travaux au premier trimestre
2015 et produira un rapport au quatrième trimestre 2015.
Source : Ministère des Affaires sociales, de la Santé et des
Droits des femmes.
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
CONTRACEPTION, PRATIQUES SEXUELLES A RISQUE ET IST
L’ETUDE HARRIS INTERACTIVE (SMEREP), 2014, ALERTE SUR LES COMPORTEMENTS A RISQUE DES ETUDIANTS
1 étudiant sur 3 n’utilise jamais de préservatif,
1/3 d’entre eux n’effectuent pas de test de dépistage,
et ils ne sont plus que 33% à se protéger systématiquement (contre 41% en 2013).
Ces chiffres sont alarmants. Ils confirment “une tendance observée depuis plusieurs années” souligne Pierre Faivre, chargé de la prévention à la Smerep.
Les jeunes ont encore des représentations erronées sur le VIH et ils tendent à croire que la maladie est éradiquée. Le développement des traitements
préventifs par antirétroviraux et les progrès de la recherche relatifs aux vaccins thérapeutiques, incitent à croire que le sida serait guérissable, ou du moins
que l’on n’en meurt plus.
La prévention demeure plus que jamais nécessaire !
EXTRAIT, PLAN NATIONAL DE LUTTE CONTRE LE VIH ET LES
IST 2010-2014
L’information préventive doit être délivrée aux jeunes
(scolarisés ou non) dès leur entrée dans la sexualité car il
s’agit de favoriser l’adoption de comportements de
prévention au moment où l’apprentissage des relations
affectives et sexuelles se fait dans le respect de l’autre. À 17
ans, près de 50 % des jeunes ont déjà eu un premier rapport
sexuel et un tiers des jeunes déclarent plus d’un partenaire
sexuel dans l’année écoulée et ce chiffre est en
augmentation. Il est à noter que le multi-partenariat est très
fréquent chez les jeunes hommes ayant des relations avec
les hommes.
Les jeunes sont donc concernés par le risque de
transmission du VIH et des IST, et plus particulièrement
exposés aux infections à chlamydiae.
Enquête 2014, INJEP
Cette information préventive est d’autant plus importante
à renouveler et à adapter aux outils de la communication
moderne (internet, réseaux sociaux...) qu’il est observé une
dégradation du niveau de connaissances sur le VIH/SIDA
des 18-29 ans.
En outre, elle doit être intégrée à une approche globale de
la sexualité abordant bien entendu en même temps les
questions de contraception et l’IVG, car la contraception
est loin d’être systématique chez les jeunes. Bien que
l’offre de moyens de contraceptifs se soit diversifiée, on ne
constate pas de diminution du nombre d’IVG.
L’accent doit être mis également sur les jeunes pris en
charge par la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) car ils
manifestent une entrée plus précoce dans la sexualité. Or,
ils échappent bien souvent aux dispositifs d’insertion de
droit commun et bénéficient peu, voire pas, des actions de
prévention mises en place pour les jeunes des mêmes
classes d’âge, en parcours scolaire et de formation. »
AMELIORER LE DEPISTAGE PRECOCE DU VIH, NOTAMMENT PAR UN RECOURS AUX TESTS RAPIDES D’ORIENTATION DIAGNOSTIQUE (TROD)
L’un des enjeux majeurs du Plan national de lutte contre le VIH et les autres IST 2010-2014 est l’amélioration du dépistage et notamment du dépistage précoce
de l’infection à VIH. Dépister précocement représente à la fois un bénéfice pour la personne mais aussi pour la collectivité, car cela réduit le risque de
transmission du VIH dans la population par la mise sous traitement des personnes séropositives.
Les TROD sont un outil essentiel au service de la stratégie de dépistage précoce du VIH. En particulier, la mise à disposition de TROD dans un cadre
communautaire doit permettre de toucher des publics qui échappent actuellement au dépistage (Cf. Arrêté du 9 novembre 2010).
Bilans d’activité pour les années 2012 et 2013
Grâce à la mobilisation croissante de l’ensemble des acteurs associatifs impliqués, une réelle montée en charge du dispositif s’observe depuis l’année 2012 et
s’est confirmée en 2013. Ce sont ainsi près de 56 500 dépistages par TROD qui ont été réalisés en 2013 (contre 31 700 en 2012 et 4400 en 2011) auprès de
publics fortement exposés au VIH : hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH), personnes migrantes, personnes qui se prostituent, usagers
de drogues, personnes vivant dans les départements français d’outre-mer, publics ayant des difficultés à recourir au système de santé.
L’année 2013 a été la première année d’exercice pleine pour les associations subventionnées. Les publics touchés par ces actions de dépistage par tests
rapides se sont diversifiés en 2012 en même temps que se sont diversifiées les structures associatives engagées. Cette diversification des publics s’est
confirmée en 2013 avec : HSH (30%), migrants (27%), usagers de drogues (5%), personnes qui se prostituent (2%) et autres publics n’appartenant pas à ces
publics cibles (36%).
Au total, 8,6% des TROD réalisés en 2013 se sont avérés positifs (contre 1,05% en 2012). La moitié de ces découvertes a été effectuée dans le cadre
d’opérations hors-les-murs auprès des publics prioritaires et 30% des personnes dépistées par TROD VIH en 2013 n’avaient jamais fait de dépistage VIH au
cours de leur vie. Le dispositif semble ainsi avoir atteint certains publics cibles qui ne venaient pas ou ne pouvaient pas se rendre habituellement dans les
Consultations de dépistage anonyme et gratuits (CDAG).
Source : Direction générale de la santé
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
PREVENTION, EGALITE FILLES-GARCONS
PAUVRETÉ
TEMPS PARTIELS
81,9% des salariés à
temps partiel sont
des femmes
H 2 300 000
F
2 800 000
Soit
30% des femmes actives
6,9% des hommes actifs
Source : INSEE Enquête revenus
fiscaux et sociaux INSEE
Source : INSEE
RETRAITES
H
1426E
F
825E
FAMILLES
MONOPARENTALES
TAUX D’EMPLOI DES 25-49
ANS
H
86 %
F
75,9 %
H 2 222E
F
1 famille monoparentale sur 3
est pauvre
Source : Enquête auprès des caisses
de retraites, DREES
Source : Enquête revenus fiscaux et
sociaux, INSEE
1 777E
Soit – 445E
27% d’écart de salaire moyen
tout temps de travail confondu
Source : Enquête emploi 2010-2012,
INSEE
TACHES DOMESTIQUES
7 minutes de plus
85% sont des femmes pour les hommes, en
seules avec leur(s)
24 ans
enfant(s)
Soit – 601E
42% d’écart moyen de
pensions retraites
DIFFERENCES DE SALAIRES
H
F
1986 : 1H10
2010 : 1H17
1986 : 4H10
2010 : 3H01
Source : INSEE
Source : DADS
MANUELS SCOLAIRES
10% des personnages
représentés sont des
femmes
Elles apparaissent souvent dans
leur rôle stéréotypé
Source : Haut Conseil à l’Egalité
Femmes-Hommes, 2014
FAMILLES PROFESSIONNELLES OU SE CONCENTRENT L’EMPLOI DES FEMMES ET DES HOMMES
12 FAMILLES CONCENTRENT PLUS DE 50% DES FEMMES
20 FAMILLES CONCENTRENT PLUS DE 50% DES HOMMES
Aide à domicile et assistantes maternelles/agentes
d’entretien/enseignantes/vendeuses/employées administratives de la fonction
publique/aides- soignantes/infirmières/secrétaires/cadres des services administratifs,
comptables et financiers/employées administratives d’entreprises/professions
intermédiaires administratives de la fonction publique/ professions paramédicales.
Conducteur de véhicules/ouvriers qualifiés du second œuvre du bâtiment/techniciens
et agents de maîtrise de la maintenance/agriculteurs, éleveurs/ouvriers qualifiés du
gros œuvre du bâtiment/ cadres commerciaux et technico-commerciaux/ouvriers
qualifiés de la manutention/agents d’entretien/ enseignants/attachés commerciaux et
représentants/militaires, policiers, pompiers/cadres des services administratifs,
comptables et financiers/maitrise des magasins et intermédiaires du
commerce/personnels d’étude et de recherche/ingénieurs de
l’informatique/techniciens et agents de maitrise du bâtiment et des travaux
publics/cadre de la fonction publique/maraichers, viticulteurs et jardiniers/ ouvriers
qualifiés des industries de process/ouvriers non qualifiés de la manutention
Source : INSEE, Enquête emploi 2010-2012
CONVENTION INTERMINISTERIELLE 20132018 POUR L’EGALITE ENTRE LES FILLES ET
LES GARÇONS, LES FEMMES ET LES
HOMMES DANS LE SYSTEME EDUCATIF
Références : BO n°6 du 7 Février 2013.
Elle s’organise autour de trois axes :
1.Acquérir une culture de l’égalité entre les
sexes. Les personnels éducatifs devront être
sensibilisés et formés (formation initiale et
continue). C’est une condition nécessaire
pour que les équipes éducatives se dotent
de
références
communes
et
de
compétences opérationnelles.
2.Renforcer l’éducation au respect mutuel
et à l’égalité pour souligner l’importance de
la lutte contre les discriminations et les
violences sexistes et sexuels.
3.S’engager pour une plus grande mixité
des filières de formation, à tous les niveaux
d’étude et veiller à exclure les stéréotypes
sexistes dans l’information sur les
formations et les métiers.
Le prix "Mobilisons-nous contre le harcèlement" permet aux élèves et aux équipes pédagogiques de
devenir acteurs de la prévention : 823 vidéos et affiches ont été réalisées en 2013- 2014.
Pour 2015/2016, un prix spécial sera décerné sur le harcèlement à caractère sexiste et sexuel pour les
lycéens, en partenariat avec la secrétaire d’État aux droits des femmes. Source Ministère de l’Education
Nationale
PLAN DE LUTTE CONTRE LES COMPORTEMENTS ET LES VIOLENCES SEXISTES, 25 NOVEMBRE2014
« Assurer l’égalité à l’école c’est assurer de la réussite à l’école pour tout le monde. C’est assurer une
meilleure égalité dans l’accès aux métiers. C’est réduire les violences faites aux femmes », Najat Vallaud
Belkacem
Lors de Journée de lutte contre les violences faites aux femmes, la Ministre de l’Education Nationale a
présenté son plan de lutte contre les comportements et les violences sexistes et favoriser l’égalité entre les
filles et les garçons à l'École.
La communauté éducative a un rôle essentiel à jouer pour combattre et prévenir ces inégalités. L’École de
la République est aussi le lieu de l’apprentissage du vivre ensemble, il est de la responsabilité du système
éducatif de favoriser la réflexion des jeunes au cours de leur scolarité sur la place des femmes et des
hommes dans la société, sur les représentations stéréotypées, sur le respect mutuel, et plus largement sur
l’égalité.
Le ministère se dote des outils pour le faire !
Un site internet a été ouvert et il est intitulé : « Outils pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école »
reseau-canope.fr/outilsegalite-filles-garcons
Réalisé par Canopé, l’opérateur de création et d’accompagnement pédagogiques du ministère, il a été
conçu pour s’adresser à tous les publics : les professionnels y trouvent des pistes et des outils pédagogiques
rénovés et simplifiés pour leur permettre de développer, en classe, des séquences pédagogiques enrichies
des notions visées par le plan de lutte.
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
DISCRIMINATIONS, SEXISME ET VIOLENCES SEXUELLES
VIOLS ET AGRESSIONS SEXUELLES EN FRANCE
86 000 femmes violées par an
1 toutes les 8 minutes
80% d’entre elles connaissent leur agresseur (famille, ami,
conjoint)
13% des victimes portent plainte
1% des plaintes débouchent sur une condamnation
On observe également une tendance à un glissement du pénal à la
correctionnalisation, en requalifiant les viols en agressions
sexuelles ….
Source : ONDRP
6 FEVRIER, JOURNEE MONDIALE DE
LUTTE CONTRE LES MUTILATIONS
SEXUELLES
53 000 femmes mutilées vivent en
France
La loi du 5 août 2013 a créé deux nouvelles
infractions : l’incitation ou la contrainte d’une
mineure à subir une mutilation sexuelle et
l’incitation à commettre une mutilation sexuelle,
même lorsque celle-ci n’a pas été réalisée. Le
projet de loi relatif à la réforme de l’asile, adopté
en première lecture à l’Assemblée nationale en
décembre 2014, consolidera les garanties de
protection et d’accueil des mineures menacées.
HARCELEMENT
DANS LES TRANSPORTS EN COMMUN
Marisol TOURAINE, Ministre des Affaires
sociales, de la Santé et des Droits des femmes,
et Pascale BOISTARD, Secrétaire d’Etat
chargée des Droits des femmes, ont saisi le
Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les
hommes (HCEfh) au sujet des agressions
physiques ou verbales subies par les femmes
dans l’espace public et dans les transports en
commun.
Les ministres demandent au conseil
d’examiner le harcèlement sexiste dont sont
victimes les femmes dans l’espace public, en
particulier dans les transports en commun, et
de formuler des recommandations pour le
faire reculer.
1 femme sur 10, de moins de 20 ans,
déclare avoir été agressée sexuellement
5 FEVRIER, JOURNEE DE PREVENTION DU SUICIDE
Chez les adolescent-e-s, les violences homophobes sont la première cause
de suicide.
Les personnes lesbiennes, gaies, bi et trans se suicident en moyenne 4 fois plus que le reste
de la population ! Le taux de prévalence de risque suicidaire est de 3-4% dans la population
globale, alors qu'il est de 12-13% chez les personnes LGBT. Ce taux s’envole lorsque l’on
considère certaines personnes très précarisées comme les personnes trans.
Le premier rapport annuel de l’Observatoire National du Suicide, remis à Marisol Touraine
le 2 décembre 2014, met en évidence le lien entre discriminations, violences, et
augmentation du taux de suicide des personnes LGBT.
Le Programme d’actions gouvernemental contre les violences et les discriminations commises
à raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, dévoilé en octobre 2012, prévoyait
pourtant que des actions de prévention du suicide soient menées par le ministère de
l’Education nationale et celui en charge de la Santé et des Affaires sociales.
Il est demandé au HCEfh de fournir un avis dès
le mois de mars afin d’alimenter les réflexions
du groupe de travail sur les violences faites
aux femmes dans les transports regroupant le
ministère de l’Intérieur, les Secrétariats d’Etat
chargés des Droits des femmes et des
Transports, la SNCF, la RATP, l’Union des
transports publics et ferroviaires et le
Groupement des autorités responsables de
transports. Ce groupe a été lancé lors du
Comité national de sécurité dans les
transports en commun du 16 décembre 2014
et doit rendre ses conclusions à la fin du
premier semestre 2015.
Source : Ministère des Affaires sociales, de la
Santé et des Droits des femmes
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
RETOUR D’EXPERIENCES DES PROFESSIONNELS DES ESPACES SANTÉ JEUNES
ESJ LA CIOTAT
Lorsque la sexualité s’interroge : qu’entendons-nous de la parole
des jeunes ?
ANAÏS BENHAIM, Psychologue
ESJ MARSEILLE, IMAJE SANTÉ
Les entretiens psychologiques dans les ESJ
FRANCK DESCOMBAS, Psychologue clinicien
ESJ MARSEILLE, IMAJE SANTÉ
Témoignage d’un travailleur social en ESJ
LUDOVIC QUINQUIS, Travailleur social
ESJ MARSEILLE, IMAJE SANTÉ
Réflexions autour de la formation : « L’accompagnement éducatif
et la prise en compte de la vie affective et sexuelle des jeunes dans
cet accompagnement »
PIERRICK GUILLON, Psychologue Social
ESJ COLOMBES
Formation, « Défis et enjeux de la sexualité à l’adolescence »
VINCENT PERSUANNE, Responsable Espace Santé Jeunes
ESJ NANTERRE
Action collective, Projet EVRAS (Education à la Vie Relationnelle,
Affective et Sexuelle) à l'IMPro
FLORENCE GODEFROY, Infirmière ESJ/CPEF
ESJ AUBAGNE
Action collective
Observations, analyses et réflexions - Projet connaissance de soi,
des autres et sexualité…
KARELLE BOURHIS-JULLIEN, Psychologue
ESJ AUBAGNE
Action de sensibilisation sur la sexualité, dans un collège des
Bouches-du-Rhône
SIDNEY CADOT, Volontaire en Service civique à la FESJ
ESJ VILLENEUVE LA GARENNE
Question de Santé : les discriminations Filles-Garçons
LOTFI AMRI, Psychologue social de la santé
ESJ REIMS
Ateliers « Pause-Café » et Module prévention hygiène
JANINE BERNIER, IDE Conseillère en insertion
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ESJ LA CIOTAT
Lorsque la sexualité s’interroge : qu’entendons-nous de la parole des jeunes ?
ANAÏS BENHAIM, Psychologue
Il m’apparait pertinent en tant que professionnelle qui travaille en relation avec les jeunes de commencer par interroger la place
que l’on nous invite à occuper dans le domaine de la prévention, de la promotion de la santé et de l’accompagnement de la
jeunesse. Les questions de la jeunesse, du genre, du respect, des violences, nous invitent à interroger le sens de l’éducation, de la
transmission et des libertés individuelles et collectives. Les enjeux sociétaux, politiques et personnels autour de la « sexualité »
pourraient-ils conditionner notre manière d’aborder la jeunesse ?
« Les enjeux sociétaux, politiques
et personnels autour de la
« sexualité » conditionnent-ils
notre manière d’aborder la
jeunesse ? »
Nos actions et nos projets favorisent-ils la création d’espace de libre parole
et d’expérimentation de la démocratie (débat social) ? Permettent-ils aux
jeunes de cheminer dans leurs questionnements identitaires, l’espace d’un
instant, en mettant en suspens les attentes et les projections des adultes,
pour laisser place aux rouages de l’intelligence collective entre pairs ?
Nous permettons parfois l’expression de « l’inentendable », et par là même
nous permettons parfois l’action d’oser dire à soi-même et aux autres, afin
qu’entre pairs les jeunes s’exercent au vivre ensemble et qu’ils prennent
gout à la mixité, à la liberté d’Être.
Néanmoins, la question de la sexualité des jeunes est-elle l’affaire d’une expertise professionnelle, d’une spécialisation ?
Une lecture m’amène à reposer la question citée en introduction : « qu’entendons-nous de la parole des jeunes ? ». L’ouvrage de
Véronique Blanchard intitulé « Les jeunes et la sexualité » nous invite à croiser la question des représentations de la sexualité
avec celles des représentations de la jeunesse.
Quelles représentations avons-nous de la jeunesse ? Comment ces
représentations participent-elles à influencer la rencontre avec le jeune,
avec les jeunes, et à entendre ou non ce qu’ils ont à dire de la sexualité?
La jeunesse et la sexualité sont-ils des enjeux médiatiques et politiques
qui solliciteraient du coup l’intervention « d’experts » en matière de
jeunesse, de la sexualité ou encore de la sexualité des jeunes ?
« Permettre l’expression de
‘l’inentendable’,
c’est
aussi
permettre l’action d’oser dire à
soi-même et aux autres, afin
qu’entre pairs les jeunes
s’exercent au vivre ensemble et
qu’ils prennent goût à la mixité, à
la liberté d’Être. »
PISTES DE REFLEXION POUR ALLER PLUS LOIN :
• Nos réponses ou propositions d’intervention permettent-elles l’implication de la communauté
des adultes dans la coéducation (famille, professeurs, voisins, habitants…) ?
• Quelles seraient les compétences à acquérir pour éduquer ?
• Si les professionnels (psychologues, psychiatres, éducateurs…) sont les experts que sont les
autres ?
• Participons-nous au glissement d’une responsabilité collective vers une responsabilité
individuelle ?
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
ESJ MARSEILLE, IMAJE SANTE
Les entretiens psychologiques
FRANCK DESCOMBAS, Psychologue clinicien
« Laissons les jeunes changer la société et enseigner aux adultes
comment voir le monde d’un œil nouveau. » D. W. Winnicott
La demande d’accompagnement psychologique constitue le
premier motif de consultation des jeunes reçus à IMAJE Santé.
Accompagnés, orientés, adressés, poussés ou motivés…, des
jeunes se retrouvent face à un psychologue, pour parler d’euxmêmes, des difficultés qu’ils traversent, ou aborder parfois une
souffrance difficile à définir.
Les motifs explicites de cette demande sont extrêmement
diversifiés, ressortissant autant de la sphère psychoaffective que
comportementale ou relationnelle.
L’accompagnement et le soutien psychologique représentent un
travail spécifique, pour le psychologue qui, dans un cadre donné,
va accueillir une demande et solliciter l’expression de la souffrance
et/ou des difficultés personnelles.
A IMAJE Santé, ce processus se déroule dans un cadre global de
parcours santé du jeune prenant en compte les aspects sociaux et
médicaux qui peuvent accompagner une souffrance psychique. La
rencontre avec le psychologue permet aussi d’établir un
diagnostic, pour proposer, si cela s’avère nécessaire, un
accompagnement aux soins (orientation vers un spécialiste).
Il est parfois difficile d’avoir accès au monde interne de ces jeunes,
qui parfois se disent eux-mêmes étrangers de toute souffrance
psychique. Certains adolescents présentent une extrême difficulté
associative, qui n’est pas nécessairement liée à une pauvreté
fantasmatique, mais plutôt à une difficulté d’accès et de
verbalisation de ces contenus.
L’apparition de troubles au niveau comportemental, comme les
passages à l’acte, les conduites à risques, les consommations,
témoignent de la nécessité d’évacuer l’angoisse ou la souffrance
interne, en la faisant basculer à l’externe sans s’y confronter. Le
travail clinique se présente comme un effort de relance du
processus élaboratif, de réappropriation et d’historicisation de la
souffrance et de ses symptômes, visant une mutation interne,
ayant pour résultat attendu la transformation de l’inconnu en
connu, du dénié en reconnu, de l’agi en discours, passage de
l’impensé en représenté à l’intérieur de la psyché.
« Certains adolescents présentent une extrême
difficulté associative, qui n’est pas nécessairement liée
à une pauvreté fantasmatique, mais plutôt à une
difficulté d’accès et de verbalisation de ces contenus. »
VIGNETTE CLINIQUE,
Magdalena
A l’origine, Magdalena a été adressée à IMAJE
Santé par son médecin généraliste, ayant noté
chez cette jeune fille des signes dépressifs et
un entourage familial très peu étayant.
Magdalena entame une prise en charge, qu’elle
ne parviendra à investir, dans un premier
temps, que par intermittence : elle met un
terme au suivi, revient nous solliciter quelques
mois plus tard, arrête de nouveau, revient, etc.
Très lentement, un lien thérapeutique parvient
malgré tout à se tisser. Elle sait qu’ici, elle peut
parler sans être jugée. Pour autant, Magdalena
ne livre que de façon très progressive les
éléments les plus difficiles de son histoire,
comme si elle avait besoin de vérifier la capacité
du clinicien à les entendre. Elle tourne autour,
sollicite l’aide du clinicien pour l’aider à
nommer l’innommable et pouvoir enfin livrer
le traumatisme. Sont alors évoqués des
épisodes répétitifs de mise en danger de soi et
des agressions sexuelles d’une grande
violence.
Un renforcement de la prise en charge
thérapeutique lui est alors proposé, qu’elle
accepte volontiers, ainsi que la rencontre avec
un médecin psychiatre pour évaluer la
pertinence d’un appui médicamenteux de façon
à l’aider à faire face à ses bouffées d’angoisse.
Quelques semaines plus tard, Magdalena a eu
le projet de partir dans une autre ville pour
tenter d’y poursuivre ses études. Nous avons
été en mesure, à sa demande, de lui indiquer
dans cette ville un centre de soins spécialisé
dans la prise en charge du traumatisme.
Quand j’ai reçu Magdalena pour la dernière fois,
elle avait pris contact avec cette structure et
avait déjà un rendez-vous programmé…
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
ESJ MARSEILLE, IMAJE SANTE
Témoignage d’un travailleur social en ESJ
LUDOVIC QUINQUIS, Travailleur social
Les ESJ connaissent une très forte hétérogénéité des publics
accueillis. Après trois ans d’ancienneté sur l’un d’eux, il m’a
été possible de discerner –pour la ville où notre ESJ est
implanté du moins- quelques grandes « familles » de
problématiques. Je parle du point de vue d’un travailleur
social, il y a des personnes qui passent sur l’ESJ et que je ne
vois pas, ou alors très peu.
nombreuses dimensions et ne trouve de solution
qu’individuellement. Il faut considérer par ailleurs que du
point de vue de la personne qui reçoit, il est difficile de tout
voir, de tout appréhender de la réalité dans laquelle vit la
personne reçue, on fait avec ce que l’on veut bien nous dire
et avec la demande que l’on reçoit.
Pour ces jeunes femmes c’était une demande claire de
Ceux dont je parle ont une problématique avec une forte
soutien. La seule voie possible, alors que le père n’était pas
présent, était de construire autour du futur couple mèredimension sociale, du moins sur laquelle il est possible
d’intervenir et d’apporter des améliorations puisque, de
enfant un environnement protecteur. Ce n’est pas une
manière générale, tous sont affectés socialement par les
sinécure car ce type de problématique trouve relativement
peu d’écoute du côté des services sociaux : les résidences
difficultés qu’ils traversent, mais ce n’est pas toujours le
moment de s’en occuper, ou bien ce n’est pas leur souhait.
mères-enfant ne reçoivent les futures mères qu’à un stade
très avancé de leur grossesse, idem pour les aides de la CAF
L’une des situations récurrentes, bien que non
tandis que du côté des CHRS, s’ils sont théoriquement
majoritaire, est celle des jeunes femmes
ouverts, mais la réalité est bien plus complexe, l’insertion de
enceintes et désireuses de poursuivre leur
ces jeunes femmes se fait très difficilement sur ces
grossesse jusqu’au terme. Ce qui les amène à
établissements en cours de grossesse. Les discussions
l’ESJ c’est à la fois une grande précarité et un
portent donc énormément sur le tissu social qui les entoure.
Le travail « social » consiste alors à chercher par tous les
isolement important.
moyens à se réinscrire au milieu de
Majeures, elles estiment que leurs
ses relations amicales, familiales et
« Poursuivre une grossesse à 20 ans
parents n’ont plus voix au chapitre,
quand c’est possible, amoureuses.
quand on est sans travail ni hébergement
ce qui n’exclut pas, qu’à un moment,
Un jeune homme peut être mis
est-ce si « mature » ? Il y a beaucoup de
ils soient prévenus, si ce n’est pas
devant ses responsabilités, cela doit
déjà fait, et que ce soit une des
questions à soulever, le problème est
se faire entendre, à un moment du
choses à préparer.
complexe, recèle de nombreuses
processus : enfanter ouvre des
Bien évidemment, il est aussi
dimensions et ne trouve de solution
droits, mais aussi des devoirs. Le
question de l’interruption de
qu’individuellement. »
soutien social peut aussi résider à ce
grossesse, dans ce cas nous
niveau. Nous pouvons orienter vers
envisageons une orientation vers le Planning Familial ou un
des structures juridiques.
Centre de Planification. Mais tous les ans, une ou deux
Il y a donc eu des « bébés ESJ » ces dernières années, les
jeunes femmes, qui se sont présentées à l’ESJ, affirment leur
accompagnements ont cessé peu après la naissance pour la
volonté de poursuivre leur grossesse et expriment leur
plupart. S’agissait-il d’accompagner pour calmer l’anxiété ?
souhait d’être soutenues dans ce choix.
S’agissait-il d’un processus de transformation, d’assurer ses
Au niveau du suivi médical, nous nous appuyons toujours sur
arrières en cas d’abandon total de l’entourage ? On ne sait
un service de PMI (Protection Maternelle et Infantile).
jamais avec certitude à quoi l’on a servi, on sait seulement
Parfois, la jeune femme choisira plutôt le circuit de la
que nous « étions avec » à un moment donné. Quand on
médecine libérale. Au niveau social, la place du père se
recroise ces jeunes femmes plus tard l’épisode semble loin
questionne très rapidement : la jeune femme souhaite-t-elle
derrière, elles sont passées « à autre chose » ; un petit
en parler ? Le voit-elle encore ? Est-il un soutien ? Le choix
quelqu’un est passé par l’ESJ aussi, quand il n’était personne
du maintien de la grossesse est-il un choix concerté ?
encore, il ne le sait pas, il n’aura pas à le savoir.
Il était question par ce billet de parler de la relation entre les
En réalité, toutes les jeunes femmes auxquelles je fais
hommes et les femmes, les garçons et les filles, je me rends
référence se sont présentées seules à l’ESJ et le sont
compte maintenant que je n’en ai jamais parlé directement,
restées. Celles qui ont bien voulu parler du père de l’enfant
mais que c’était toujours présent. Finalement ça se passe un
l’ont présenté comme une personne immature, non
peu toujours comme cela sur un ESJ, de nombreux thèmes
responsable. Etait-ce un défi qui leur était lancé ? Poursuivre
traversent les entretiens, on essaye de les isoler mais ils se
une grossesse à 20 ans, quand on est sans travail, ni
recroisent encore et toujours, reste le travail centré autour
hébergement, est-ce si « mature » ? Il y a beaucoup de
de la personne, qu’elle ait 14 ou 22 ans, pour la soutenir
questions à soulever, le problème est complexe, recèle de
dans ses choix et son individualité.
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
ESJ MARSEILLE, IMAJE SANTE
Réflexions autour de la formation :
« L’accompagnement éducatif et la prise en compte de la vie affective et
sexuelle des jeunes dans cet accompagnement »
PIERRICK GUILLON, Psychologue Social
FORMATION
CONTEXTE
L’accompagnement éducatif des jeunes, quel que soit le
contexte, prend toujours une tournure délicate quand il
s’agit d’aborder la question de la sexualité. L’intention de
prévenir, contre les risques de maladie et de grossesse non
désirée, vient buter contre le respect de l’intimité, du
processus d’autonomisation, de la pleine possession de son
propre corps. Comment bien prévenir, comment mieux
protéger, sans verser dans le contrôle des mœurs juvéniles
et la répression ? L’aventure et le risque font partie du
développement normal de l’adolescence, avec ce que cela
peut nous paraître d’excessif. Ainsi, toute démarche
éducative en matière de vie affective et sexuelle doit se
confronter au paradoxe et, en conséquence, au conflit. Il est
nécessaire de prendre bien la mesure de ce qui va se jouer
entre l’adulte en charge éducative et le jeune en pleine
découverte de ce qui va le préoccuper longtemps…
« Dans la sexualité humaine, il n’y a aucun instinct de reproduction à
l’œuvre, aucun accomplissement de l’être, seulement du désir pour rien,
complètement improductif, inutile, passionné d’une seule chose, mais là,
à mort, la jouissance du corps. » Lacan
OBJECTIFS
Au terme de la formation les acteurs de terrain devront
être en capacité de :
- Mieux discerner les différentes dimensions de la sexualité
humaine sur les plans physique, psychologique et
socioculturel ;
- Comprendre les enjeux spécifiques de la sexualité à
l’adolescence ;
- Trouver une distance éducative pertinente s’agissant de
la sexualité des adolescents en prenant notamment
conscience des biais idéologiques et institutionnels qui
participent à un tel accompagnement
- Etre en capacité de détecter un comportement troublé et
de proposer une réponse adaptée.
PUBLIC
Professionnels intervenant auprès des adolescents, jeunes
adultes, dans le champ socio-éducatif.
INTERVENANT
Pierrick GUILLON, Psychologue social, IMAJE Santé, ESJ
Marseille
DUREE
2 interventions de 3h
CONTACT
IMAJE SANTE, Emilie Touchot, Directrice
Pas de ça entre nous…
On aurait pu titrer « sexualité des adolescents (et des jeunes)
hébergés en CHRS », mais la question touche aussi à la sexualité
des adultes qui y occupent une fonction éducative. Pourquoi ?
Comment ? D’abord, parce que la fonction éducative incite à poser
des interdits, véhicule des tabous, porte toute une règlementation
plus ou moins explicite qui concerne la sexualité sous sa juridiction,
avec ce qui reste potentiel entre l’éducateur et celui qui grandit. Il
n’est pas besoin de règlementer et d'interdire, et même de dénier,
ce qui ne tente personne. La loi, comme l'éthique éducative (i.e. une
morale pensée qui ne consiste pas en leçon ni prêche) en ces lieux
d'accompagnement, interdit l'idée d'un commerce sexuel entre un
adulte salarié de l’institution et une jeune personne prise en charge.
Cette relation reste donc chargée de sexualité en ce qu'il s'agit
d’encadrer (au sens symbolique), de contrôler (par l’éducation) celle
des plus jeunes, et même de la contraindre. Le fait de s'interroger
sur notre positionnement, notre juste distance, relativement à la
sexualité des jeunes, nous prouve que notre relation avec ce public,
n'en est pas exempte.
Socialisation du sexuel et cultures
Quelques points de réflexions pour penser la question de la sexualité
des jeunes que l'on suit.
Avec une relative libération des mœurs et l’accessibilité croissante
aux méthodes de contraception et d’IVG, le contemporain
occidental peut dissocier une sexualité-plaisir libre d’une sexualitéreproduction conjugale. Les interrogations adolescentes sur le
« devenir adulte », de moins en moins fermement définies par la
culture, floutent un peu cette « dissociation » (suis-je fertile ?puis-je
être mère, femme, adulte, reconnue ?) ce qui se traduit entre autres,
et symptomatiquement, par une augmentation sensible des IVG1.
Est-ce parce que ces interrogations sont mal accompagnées par la
culture et par nos paroles qu'une dramatisation2 (hystérique ?) tente
a posteriori de symboliser quelque chose de cette fertilité nouvelle
et encore déniée ? Une hypothèse.
La sexualité ne commençant pas à la puberté, mais dès le plus jeune
âge, on peut dire qu'elle s'est mécaniquement nourrie d'une
expérience incestueuse (le tendre soin maternel) et que, d'une
certaine façon, il y a dans l'inceste (non génitalisé, on parlera de
l'incestuel) quelque chose de structurant d'emblée (cf théories de
l'attachement et du style d'attachement) que l'interdit culturel, plus
ou moins explicitement, vient contrôler et détourner au profit de la
sociabilisation, de la reproduction sociale. Actuellement, on
1
Site Stat IVG. 13.230 adolescentes de 15 à 17 ans ont subi une IVG en
2006, contre 11.500 deux ans auparavant. Elles étaient 848 jeunes de 15 ans
à subir une IVG en 2006. Sur les deux cent dix mille IVG pratiquées en
2006, près des trois quarts concernent des femmes majeures âgées de 18 à 35
ans. Toutefois la part des plus jeunes (20 à 24 ans) qui ont eu une IVG a
tendance à augmenter alors que celle des plus âgées (30 à 34 ans) est sur une
tendance plutôt baissière.
2
L’exposition des statistiques ci-dessus, les formations
comme celles-ci, toute une littérature, des émissions, des
politiques d’éducation à la sexualité, me font dire cela.
13
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
s’inquiète3 d’un affaiblissement, ou d’un brouillage dans la mise en
système représentatif que produit la société individualiste5 (un
place de la loi symbolique, la société mondialisée faisant coexister
oxymore) leurre les protagonistes à ce point que chacun se sent ou
différentes normes culturelles éventuellement en contradiction.
responsable ou coupable de ce qui se trame en soi et en l'autre. C'est
L'éducation peut être considérée comme un long travail de
un effet de loupe qui nous piègerait si on ne s'en préoccupait pas. Le
domestication/socialisation de la sexualité de l'enfant, notamment
désir de travailler ensemble certaines questions, comme celle qui
en faisant associer à la peur, certains désirs, pour susciter le
nous occupe ici, prouve qu'on ne se laisse pas abuser. Mais
refoulement, un peu comme un conditionnement pavlovien au
l'institution – ou les institutions – fait généralement passer sa
début, bordant cela du symbolique, de la parole et du non-dit (déni)
reproduction (parfois sa survie) avant toute chose ce qui ne favorise
ensuite. Là encore, le caléidoscope culturel de nos cités participe à
pas ces espaces de réflexions qui éloignent nos mains de l'ouvrage
la complexification de la tache éducative.
durant notre temps de travail (pendant qu’on réfléchit, le boulot ne
« Tout ordre social est en même temps un ordre moral et un
se fait pas !). L'organisationnel, le fait comptable, c'est-à-dire aussi
ordre sexuel » dit Godelier. Dans une même société, « il peut
l'angoisse de l’incertitude, prend le pas sur la fonction première de
exister plusieurs systèmes (ordres) qui correspondent à des
l'institution : produire du vivant. C'est Thanatos contre Eros, le
groupes sociaux différents et sont partiellement en conflit ».
contrôle absolu tuant toute créativité. Pour autant, tout le monde
A Marseille cela est bien perceptible.
reconnait que le contrôle et l’organisationnel est au service de ce qui
Par rapport à nos cousins primates, d'après Godelier, « chez
est premier, de ce qui fait exister l'institution. Aussi, il nous
les humains la sexualité s'est généralisée (elle n'est plus
appartient d’opposer des limites à la mécanisation individualisante
saisonnière) et cérébralisée, et c'est la raison pour laquelle
de notre action pour faire place à la créativité collective,
son exercice sous toutes ses formes est placée sous le contrôle
notamment dans la production d'une morale adaptative, repérante
de la société dans la mesure où certaines formes de son
et non contraignante, d'une éthique toujours en construction et
exercice, certains usages du sexe, mettent en danger la
dont il ne faut jamais arrêter le processus, le développement, une
reproduction de la vie en société
culture en somme. Cela est d’autant
et l'ordre que cette société s'est
plus nécessaire que la culture n’impose
imposée et tente de perpétrer
aujourd’hui pas de normes claires quant
« L'éducation peut être considérée
dans le temps ».
à la définition du bien et du mal ; la
comme un long travail de
posture
éducative
est
ainsi
domestication/socialisation de la
particulièrement inconfortable. On ne
Représentations de la sexualité et
sexualité de l'enfant, notamment en
peut plus prescrire ni même interdire
morale/éthique éducative
(en dehors du délit) assuré d’être
faisant
associer
à
la
peur
certains
désirs,
Lors de notre première rencontre nous
congruent avec un environnement
pour
susciter
le
refoulement,
un
peu
avons pu dessiner, de la sexualité des
symbolique et social cohérent. Les
adolescents/jeunes reçus en CHRS, une
comme un conditionnement pavlovien au
équipes ont plus que jamais la
représentation qui sépare les filles des
début, bordant cela du symbolique, de la
nécessité de se construire un cadre
garçons selon les discours qu'on leur
parole et du non-dit (déni) ensuite. Là
propre, en négociation constante avec
(re)connait. Si les garçons (re)produisent
l’environnement.
encore, le caléidoscope culturel de nos
un manichéisme rigide dans leur discours
cités participe à la complexification de la
sur la sexualité des filles (bien-mal, saineConfidence
sale), les filles n'opposent rien de
tache éducative. »
Les
situations
évoquées ne sont pas
symétrique au discours des garçons,
exposées sur ce document pour deux
certaines reprennent même ce discours à
raisons : d’une part, mes notes sont insuffisantes pour rendre
leur compte4 ; elles sont plus tournées vers les sentiments et la
convenablement compte de ce qui s’est échangé ; d’autre part, la
recherche de sécurité.
confidentialité est plus qu’un refuge dans lequel on s’abrite du
Nous avons noté que l'opposition mauvaise-fille/mauvais-garçon
contrôle social, elle garantit le lien.
renvoie les unes à une sexualité infamante et les autres à une
déviance virilisée où l'infraction héroïque à la loi (des autres
La confidentialité aurait mérité un développement particulier lors de
hommes) est valorisée.
nos échanges. Avec un soupçon de provocation et à contre-courant
des présupposés de la relation d’aide, de l’écoute inconditionnelle,
A la demande de construire une représentation collective autour du
on peut soutenir que la confiance, source de confidence, ne
mot « éduquer » ne sont pas venues les notions de contraintes, de
s’acquiert qu’au prix d’une forme de compromission, et peut-être
sanctions ou de limites, mais plutôt tout un vocabulaire positif, reflet
même de corruption6. Toute relation d’aide engage les partis dans
d'un idéal d'éducation non violente. Or la réalité d'un séjour en CHRS
un lien d’intimité (d’extimité disent certains, ou d’intimité partagée)
ne confirme pas cette attention, l'institution produisant encore
qui la soustrait tant soit peu de la proximité sociale. Au-delà de ce
aujourd'hui de la règlementation et des menaces coercitives « en cas
qui se protège contractuellement, consciemment, nos affects
de manquement ». On peut imaginer dans quel paradoxe
s’entremêlent dans l’ombre et s’allient par différents pactes
l'éducateur œuvre lors de ses accompagnements éducatifs et cela
inconscients, par un jeu transférentiel7, toujours à l’œuvre dans la
pourrait être plus prégnant encore s'agissant de « cadrer » la
relation. L’accompagnant donne de son intimité, plus que de son
sexualité des accompagnés.
temps, quoi qu’il en dise et cela se remarque notamment à la
manière dont il est affecté lorsqu’il estime en échec ou en réussite
L'éducation est affaire de collectivité, chacun le sait, mais les
sa « prise en charge ». Cette dernière expression évoque, notons-le,
pratiques éducatives tendent à se trouver isolées dans la diade
une fonction sacrificielle, en ce sens qu’il s’agit de porter un « cas
adulte-ado. La focalisation sur le geste éducatif, portée par le
3
Parfois un sempiternel toufoulcampisme nous fait redouter quelque « perte
des repères » et dire que la jeunesse est en perdition. Rappelons que dans
l’antiquité l’on exprimait de mêmes craintes.
4
Référence peut-être à l’intégration (inconsciente ou stratégique ?) de la
domination masculine par les femmes qui s’en font parfois des zélatrices.
5
Manière de gérer, par omission, la démultiplication des référentiels
culturels.
6
Peut-on faire confiance à quelqu’un qui ne paraît pas avoir d’intérêt
personnel à vous aider, qui ne soit pas pris dans un lien d’interdépendance
qui l’oblige à entendre vos confidences ? Si cette personne « est payé pour
ça », n’est-elle donc pas « achetée » ?
7
En psychanalyse le transfert est essentiellement le déplacement d’une
conduite émotionnelle par rapport à un objet infantile, spécialement les
parents, à un autre objet ou à une autre personne… » (D. Lagache)
14
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
lourd » envisagé comme passif, un « poids mort » en quelque sorte,
le temps consacré à l’accompagnement. C’est dire comment peut
être fantasmée la posture d’éducateur et quelle énergie il doit
dépenser pour prendre en charge, mais ce n’est pas bien rendre
compte de la réalité dynamique du lien, ce sur quoi, en fait, porte la
confidentialité. Au-delà des petits secrets que l’accompagné offre en
contre-don d’une écoute nécessairement affectée, au moins
inconsciemment, c’est tout ce qui sourd dans la relation même qu’il
convient de sceller (de forclore) dans cette confidentialité ; la
confidentialité ne protège donc pas seulement l’écouté,
l’accompagné, le soigné, mais aussi l’autre de la relation et donc le
lien.
Conclure
Nous sommes fascinés par la question de la sexualité. Elle nous
inquiète quand elle fait irruption de façon incongrue, par crise, alors
même qu’elle est partout et tout le temps mise en scène. Un
paradoxe ? La libéralité qu’on affiche, nous-gens-de-l’aide-ouvertsd’esprit, vient tôt s’effriter au contact des us et pratiques
humaines, cela d’autant plus que l’on est investi d’une mission
éducative. Quel mal y aurait-il à laisser les enfants se faire du bien8 ?
C’est qu’il y a des règles de politesse et de bienséance ! Mais elles
sont nombreuses et parfois contradictoires. Différents modèles
(modelages) culturels cohabitent dans un même espace social,
proposant des normes de conduites bien différentes les unes des
autres. Il faut pouvoir en faire la synthèse et travailler
sérieusement notre sens de la relativité pour ne pas laisser notre
fantasme universaliste nous engager dans une vaine entreprise de
normalisation éducative. Comment tenir sa place ? Comment y
rester ? Y sommes-nous seulement légitimes ? Le questionnement
est infini et l’angoisse de mal faire, nous pousse à rechercher des
« outils de gestions » (des conflits, des relations, des humains…) par
lesquels on trouvera de l’assurance et le sentiment du devoir
accompli.
Seulement, nous restons troublés, violentés par le chahut que « le
sexuel » provoque : le viol, l’inceste, la perversion, le traumatisme,
la prédation… tout ce qui nous est donné à entendre de notre place
d’écoutant-accompagnant.
« Travaillons nos peurs et nos propres
projections et tenons bon. Offrons une
présence tranquillisée, aussi prévisible et
repérable que possible à ces jeunes, avant de
chercher plus que cela. »
POUR APPROFONDIR
PISTES BIBLIOGRAPHIQUES NON EXHAUSTIVE
( CF une bibliographie thématique très fournie : « Jeunes et sexualité,
infractions et éducation », Les Cahiers Dynamiques 1/ 2011 (n° 50), p. 131142)
ARTICLES (ACCESSIBLES SUR CAIRN.INFO)
Balint Michæl, « La lutte de l'adolescent contre la masturbation », Topique
1/ 2003 (no 82), p. 159-176
Boë Emmanuelle et al., « Qu'est-ce que l'adolescence nous apprend sur les
abus sexuels vécus dans l'enfance », La psychiatrie de l'enfant 1/ 2005 (Vol.
48), p. 5-29
Discour Valérie, « Changements du corps et remaniement psychique à
l'adolescence », Les Cahiers Dynamiques 1/ 2011 (n° 50), p. 40-46
Idris Isam, « Sexualité infantile, sexualité adulte : confusion de sexes, de
langues et de générations », Le Journal des psychologues 5/ 2007 (248),
p. 29-33
Le Gall Didier, Le Van Charlotte, « Le premier rapport sexuel », Les Cahiers
Dynamiques 1/ 2011 (n° 50), p. 20-30
Leroux Yann, « Internet, sexualité et adolescence », Enfances & Psy 2/ 2012
(n° 55), p. 61-68
Moulin Pierre, « La construction de la sexualité chez les professionnels de
santé et du travail social ou la normalisation des conduites
profanes », Nouvelle revue de psychosociologie 2/ 2007 (n° 4), p. 59-88
Murcier Nicolas, Ott Laurent, « Qui a peur de la sexualité des enfants ? », La
lettre de l'enfance et de l'adolescence 2/ 2007 (n° 68), p. 33-40
Richard François, « Le complexe d'Œdipe existe-t-il toujours ? L'identique
et la différence. Débat avec Françoise Héritier », Adolescence 1/ 2014 (T.32
n° 1), p. 23-46
OUVRAGES
Birraux Annie, Le corps adolescent, Paris, Bayard, 2004, 173 pages.
Bourdieu Pierre, La Domination masculine, Paris, Le Seuil, 1998, 134 pages.
Brenot Philippe, L’éducation à la sexualité, Paris, Presses Universitaires de
France « Que sais-je ? », 2007, 128 pages.
Broqua Christophe, Deschamps Catherine, L'échange économico-sexuel,
Paris, EHESS, 2014, 420 pages.
Di Folco Philippe (dir.), Dictionnaire de la pornographie, Paris, PUF, 2005,
612 pages.
Héritier Françoise, Masculin/féminin I, pensée de la différence, Paris, Odile
Jacob, Paris, 2012 (1992) 330 pages.
Héritier Françoise, Masculin/féminin II, Dissoudre la hiérarchie, Paris, Odile
Jacob, Paris, 2012 (2002) 441 pages.
Jeammet Philippe, Pour nos ados, soyons adultes, Paris, Odile Jacob, 2010,
315 pages.
Romano Hélène, Ecole sexe et vidéo, Paris, Dunod, 2014, 243 pages.
Le Breton David, Un brève histoire de l’adolescence, Paris, J.-C. Béhar,
2013, 144 pages.
Le Breton David et Marcelli Daniel, Dictionnaire de l’adolescence et de la
jeunesse, Paris, Presses Universitaires de France, 2010, 967 pages.
Marcelli Daniel, L’enfant chef de famille, l’autorité de l’infantile, Paris, Albin
Michel, 2003, 317 pages.
Tisseron Serge et al., L’enfant au risque du virtuel, Paris, Dunod, 2006, 190
pages.
SUR LE WEB
Docteur Jeandenans C. Ethique du soin, sexualité et institution (article non
daté)
http://www.artaas.org/RECHERCHES/ethiqueCJ.pdf
8
Une réponse consisterait à inverser la question. Tout est
dans l’appréciation de ce qui est bien ou mal.
15
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
ESJ COLOMBES
Formation,
Défis et enjeux de la sexualité à l’adolescence
VINCENT PERSUANNE, Responsable Espace Santé Jeunes
FORMATION
PROGRAMME
1. Développement de la sexualité de l'enfance à l’adolescence
• Comportements sexuels normaux et pathologiques de l'enfant et de
l'adolescent
• Identité, genre, orientation et préférence sexuelle
• Impact des nouveaux moyens de communication sur la sexualité
2. Sexualité et Loi
• Age légal, majorité sexuelle, consentement : que dit la Loi ?
• Violences sexuelles : auteurs et victimes
• Signalement et information aux familles
3. Place de l'adulte dans la sexualité de l'adolescent
• Un discours éducatif, pédagogique, et préventif
• Ressentis de l'adulte face à la sexualité de l'ado, et sa réciproque : comment
gérer les réactions transférentielles et contre transférentielles?
• Exemples de dispositifs éducatifs ou thérapeutiques: groupe de parole
thérapeutique; ateliers sur la sexualité
4. Retours d'expériences
• Réflexion et analyse autour de situations ramenées par les stagiaires
PUBLIC
15 professionnels de l’accueil et de l’accompagnement des jeunes
INTERVENANT
Psychologue du Centre Eido (Cendre de soin des traumatismes et des violences)
DUREE
1 journée
CONTACT
ESJ COLOMBES, Vincent Persuanne
Tel : 01.47.60.43.63 / Mail : [email protected]
L'Espace Santé Jeunes de Colombes invite les
professionnels des Espace Santé Jeunes, à une journée de
formation proposée par le centre EIDO, centre de soin des
traumatismes et des violences (leur site : http://www.eidotrauma-violences.fr).
La vie sexuelle, qui démarre dès la plus tendre enfance,
permet progressivement la découverte de soi et de l’autre.
Ces expériences sont sources de plaisir mais peuvent parfois
produire de l’angoisse et conduire à la violence.
Cette violence, qu’elle soit subie ou agie, seul ou en
groupe, constitue un facteur de risque psychopathologique
important (troubles du comportement alimentaire, crises
suicidaires, échecs scolaires et troubles de la socialisation,
etc…).
Les comportements sexuels des enfants et des adolescents
questionnent les professionnels et peuvent être source
d’incompréhension. Lors du passage que constitue le temps
de l’adolescence, le jeune construit sa sexualité future en
interrogeant les figures identificatoires que sont les adultes
et les jeunes autour de lui.
L’adolescent et les adultes autour de lui peuvent
avoir du mal à trouver un langage commun sur cette question de la sexualité, d’autant que l’image
véhiculée par les médias et les nouveaux moyens de communication se heurte parfois aux valeurs morales,
culturelles et religieuses de chacun.
Au détour de cette journée menée par l'un des psychologues cliniciens du Centre EIDO, il est possible d’échanger sur l’intérêt et
les manières d’aborder la question de la sexualité avec les jeunes d’aujourd’hui.
Les psychologues cliniciens du Centre EIDO prennent notamment en charge des enfants et des
adolescent-e-s victimes et/ou auteurs de violences sexuelles. Ils proposent aussi des actions de
prévention et de formation auprès des jeunes, de leurs parents, et des professionnels exerçant dans le
champ de l'enfance et de l'adolescence.
16
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
ESJ NANTERRE
Action collective,
Projet EVRAS (Education à la Vie Relationnelle, Affective et Sexuelle) à l'IMPro
FLORENCE GODEFROY, Infirmière ESJ/CPEF
Le projet « EVRAS »,
en direction des
jeunes de l’IMPro
Balzac, existe depuis
2005.
Animé par Florence
Godefroy
(infirmière),
cet
atelier, basé sur
l’échange, se déroule généralement à l’ESJ de Nanterre, lieu neutre,
espace de confidentialité où l’anonymat est garanti. Cela permet
également aux jeunes de s’approprier plus facilement les lieux
ressources extérieurs à l’IMPro.
Ainsi, les jeunes de 15 à 20 ans, bénéficient d’interventions
inspirées d’un support éducatif canadien spécifique, dont les
activités proposées visent l’adoption d’attitudes éclairées à l’égard
de la santé sexuelle. (Répertoire d’activités d’enseignement et
d’apprentissage en lien avec les programmes d’études adaptés,
Québec Ministère de la Santé et des Services Sociaux).
Les groupes sont composés de 6 à 8 jeunes maximum. Ils sont non
mixtes, afin de permettre la prise de parole de tous et de garantir
des échanges plus conviviaux, dans un climat de confiance.
L’enseignant du groupe et l’infirmière de l’IMPro participent à ces
animations et sont les relais des jeunes, sur le temps scolaire.
« L’objectif global est de permettre aux jeunes de se
sentir bien dans l’expression de leur sexualité et de
prévenir les difficultés et dangers potentiels. »
Les interventions durent 1h30. Elles sont interactives et elles sont
structurées à parti de séquences thématiques. Ce public,
vulnérable de par le handicap, éprouve des difficultés avec les
notions abstraites, d’où l’importance de proposer une EVRAS, pas à
pas, par thématiques, sur plusieurs temps.
Thématiques abordées
•
•
•
•
Parler de sexualité : savoir mettre des mots sur leurs
émotions, leurs plaisirs, leurs difficultés…
Connaître son corps : savoir nommer les parties de leur corps
et savoir distinguer le caractère privé (intime), du caractère
public de leur corps. Sensibiliser au fait que leur corps leur
appartient et qu’ils détiennent un pouvoir de décision
concernant les touchers intimes. Leur apprendre à dire « Non »
les rend ainsi moins vulnérables à l’exploitation.
Découvrir les changements pubertaires : reconnaitre les
signes de la puberté, identifier leurs sentiments à l’égard des
diverses manifestations liées à la croissance sexuelle.
Avoir « un petit ami » / Avoir « une petite amie » :
permettre aux jeunes de reconnaître les conséquences
•
•
positives et négatives des relations sexuelles, en les aidant à
reconnaitre les critères de comportements sexuels sains et
responsables. Le fait de choisir son partenaire constitue en soi
une mesure d’autoprotection.
Savoir utiliser un préservatif : présenter le mode
d’utilisation du préservatif, son utilité et sa disponibilité,
délivrer des informations fiables sur les IST.
Connaitre les différents moyens de contraception (pilule,
patch, implant etc…) : sensibiliser sur les enjeux d’une grossesse
non désirée.
La méthode pédagogique s’appuie sur différents supports :
brainstorming, photo langage, métaphore, pictogramme, photos,
planches anatomiques, brochures, films, visage des émotions, mise
en situation concrète…
Ces interventions s’achèvent par une évaluation et nous
constatons, qu’au fil des séances, les jeunes développent leurs
connaissances (corps, lieux ressources etc.…), ils gagnent en
confiance en eux. Leur estime de soi est renforcée (attitude
d’ouverture et participation plus importante), ils ont appris à être
maitre de leur corps et ont appris à savoir dire « Non ».
Une grande majorité dit être heureuse d’avoir, lors de ces
interventions, l’occasion et la liberté de parler de sexualité.
OUTIL
CONSIGNE
Parler de Sexualité
Définition du dictionnaire de la langue Française : nom féminin,
ensemble des comportements (manières d’être et d’agir) liés au sexe.
Je vais vous poser une question, mais avant, il me semble important
d’énoncer des consignes pour que les échanges se passent dans le plus
grand respect des uns et des autres et que vous puissiez vous sentir le
plus à l’aise possible, que vous vous sentiez en confiance pour prendre
la parole et donc que vous vous sentiez en sécurité.
Nous sommes ensemble pour 1h30 et nous nous reverrons pour
d’autres interventions.
-Tout ce qui sera dit ici, dans cette salle, est confidentiel et doit rester
entre nous. Ni vous, ni moi, ni personne ici ne doit aller raconter ce
que les uns ou les autres auront dit au cours de ces échanges.
-On parle de généralités et on évite de parler de soi, on parle à la 3ème
personne.
-Toutes les questions sont importantes, il n’y a pas de questions
stupides. On apprend en posant des questions.
-On écoute la personne qui parle.
-On a le droit de ne pas répondre et de passer son tour.
Etes-vous d’accord avec ces consignes ?
En avez-vous d’autres à proposer ?
Pouvez-vous me redire avec vos mots à vous ce que vous avez compris
de ces consignes ?
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
ESJ AUBAGNE
Action collective
Observations, analyses et réflexions - Projet connaissance de soi, des autres et sexualité…
KARELLE BOURHIS-JULLIEN, Psychologue
En classe de quatrième, il existe un fossé dans l’évolution
comparative des adolescents. Certains ont commencé à vivre leurs
premiers vrais flirts, quand les autres en sont encore à se regarder à
distance, en se demandant ce qu’ils doivent faire, face à cet autre si
différent. La puberté est bien au centre des préoccupations : les
premières règles pour les filles, les premières érections et
éjaculations chez les garçons. Pour une minorité seulement, ces
interrogations sont présentes dès la 5ème.
Les filles, se voyant rabaissées au rang « d’objet » tentent elles aussi
de protéger leur ego en attaquant les garçons sur leur manque de
maturité : «Vous n’êtes encore que des bébés !…».
On reconnaît généralement une classe où ce type de difficultés va se
poser, à la répartition des filles et des garçons dans la salle. Ils
forment souvent des clans non mixtes bien distincts.
Les garçons sont encore dans une phase de recherche voir de
stabilisation identitaire et la question de : « Que doit être un garçon ?
quel doit être son comportement ? » n’a pas trouvé toutes ses
réponses. Même chose pour les filles, où l’on observe quelques rares
fois, l’une d’entre elles, adopter par mimétisme le comportement
provocateur et le discours pornographique des garçons.
Le regroupement entre pairs du même sexe permet de se rassurer.
Cette peur s’exprime par de la provocation, de la violence à l’égard
C’est aussi auprès des pairs qu’ils vont apprendre, par mimétisme,
des filles pour les garçons et par un quasi mutisme pour les quelques
puis identification/comparaison, à trouver leurs marques et repères
filles qui ne sont pas prêtes à en parler.
jusqu’à ce que, quelque temps plus tard,
« Au-delà de l’aspect informatif et
ils se forgent une image d’eux-mêmes
Les garçons parlent de pornographie
préventif
(prévention
des
maladies
et
de
acceptable pour le Moi.
devant les filles, alors qu’en non mixité,
En classe de troisième, une étape est franchie. Seul un petit quart
des jeunes a encore très peur de cette « bestiole bizarre » appelée
sexualité. Cela s’exprime de façon très nette lors de nos
interventions, où il est d’ailleurs difficile de rassurer les uns, tout en
répondant de manière correcte aux questions des autres.
l’IVG), l’action d’aller à la rencontre de ces
il apparaît un discours tout à fait
Pour conclure, la différence d’évolution et
respectueux vis à vis d’elles. Entre eux, ils
jeunes a pour objet de mettre des mots
de maturité des adolescents de quatorze
préfèrent aborder des questions liées à
sur un sujet tabou, celui de l’intime et, de
ans peut s’expliquer à différents niveaux
la puberté, aux maladies, à la
ce
fait,
de
les
rassurer
à
bien
des
égards
qui s’entrecroisent:
masturbation souvent source de
- La maturité physique et sexuelle peut
(relations,
respect
de
soi
et
de
l’autre,
culpabilité. Il apparaît de façon claire que
commencer plus tard selon les individus,
la violence de leurs propos est une façon
différence entre le réel et ce qui est donné
à cause de la libération et de
de mettre les filles à distance. Ils se
à voir dans les medias télévisuels et
l’équilibration du système hormonal,
protègent, maintiennent leur ego à un
surtout internet). »
responsable des changements du corps,
niveau correct en se mettant en position
de la croissance osseuse…
de pouvoir, traitant alors les filles
- L’influence de la maturation sexuelle sur
comme des objets que la pornographie utilise de façon stéréotypée.
la
libido
et
par
conséquent
sur les pulsions.
Mais elles sont bien aussi, l’objet de désirs naissants incontrôlés.
- La résolution du complexe d’œdipe et le nouveau choix d’objet.
- Les remaniements du Moi.
En effet, les garçons sont encore dans la période de réactivation
œdipienne et pulsionnelle (endormies pendant la phase de latence).
La sexualisation de liens avec les parents devient insupportablement
incestueuse pour le jeune, qui n’a d’autre choix que de se détacher
de ces objets d’attachement originels. Il lui faut à tout prix se
séparer, pour investir de nouveaux objets, nommés par Freud (dans
Introduction à la psychanalyse) « objets réels étrangers », que sont
ici les filles.
Il semble que face à l’objet réel, le Moi donne la primeur aux pulsions
agressives, permettant au psychisme de continuer à élaborer du côté
du fantasme. Les énergies libidinales sont orientées vers les pulsions
d’agression de façon privilégiée comme mode de défense préventif.
Le Moi, en pleine reconstruction structurelle identitaire, se protège
ainsi de toute intrusion du réel.
La puberté commence là où les hormones ont commencé leur
travail. On peut dire qu’elle est à l’origine des changements
physiques mais également psychiques. L’âge du démarrage de la
puberté est différent selon les individus. Après avoir détaillé les
différents niveaux de changement chez l’adolescent, je m’interroge
sur l’origine réelle du déclenchement hormonal. S’agit-il d’une chose
innée, héréditaire, ou l’inconscient peut-il décider avec force du
moment opportun ? Comme nous avons été habitués, à penser
corps et psychisme séparés, lequel des deux donne le top départ ?
Peut-on penser autrement les choses et les considérer comme un
tout ?
18
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
ESJ AUBAGNE
Action de sensibilisation sur la sexualité, dans un collège des Bouches-du-Rhône
SIDNEY CADOT, Volontaire en Service civique FESJ
J’assiste à cette séance en tant que volontaire
en service civique au sein de la FESJ.
C’est la première fois que je participe à une
action de prévention sur la sexualité, en tant
que personne extérieure.
Je rapporte ici les points les plus discutés par
les jeunes, ceux qui ont provoqué des
réactions, des polémiques, des rires et des
interrogations, …
Les jeunes ont parfois eu une certaine gêne à
libérer leur parole dans ces échanges qui ont
pour thème les relations filles-garçons et la
sexualité, mais ils ont su se saisir du cadre qui
leur a été proposé par les intervenantes. Ils se
sont finalement exprimés librement.
Voici mon témoignage :
Mardi 13 janvier, des élèves d’une classe de
3ème assistent, pendant 2 heures, à une action
d’éducation à la sexualité animée par Marjorie,
secrétaire documentaliste à l’Espace Santé
Jeunes d’Aubagne, Antoinette, gynécologue
libérale et Brigitte, infirmière scolaire au
collège.
La séance débute par la présentation des deux
intervenantes. Marjorie, présente l’ESJ
d’Aubagne (pourquoi s’y rendre, ce que les
jeunes y trouveront) et Antoinette présente
son travail de gynécologue.
Rapidement, les intervenantes demandent aux
élèves de former deux groupes : les filles dans
une salle, les garçons dans une autre. Marjorie
et l’infirmière animent le groupe de garçons.
LE MOT DE L’INFIRMIERE
SCOLAIRE
BRIGITTE DUPOUY
Les garçons et les filles semblent avoir beaucoup
d'a priori les uns par rapport aux autres. Ils ne se
connaissent pas vraiment sous leur véritable
personnalité. Ils n’ont pas toujours la même
maturité au même âge et ils ont du mal à se faire
confiance (peur des réputations..).
Suite aux interventions de l’ESJ, il semble que les
jeunes aient plus de facilité à venir poser des
questions, à venir parler d'une inquiétude ou
d'un réel problème et à demander des conseils
ou de l'aide en entretien individuel.
Pendant les séances, les échanges sont toujours
riches pour les ados, et aussi pour nous. Nous ne
sommes pas là pour leur faire un cours mais
pour les accompagner à réfléchir et à échanger
sur cette problématique, dans le respect des
autres.
Antoinette anime la discussion
dans le groupe des filles. Elle
commence par distribuer une
feuille sur laquelle est inscrit une
question.
Chaque fille choisit la question
qu’elle aimerait aborder avec le
groupe. A tour de rôle, elles
demandent la parole pour
soumettre leur question à
l’assemblée et en débattre. Ainsi de
suite pendant 1h15.
OBJECTIFS DE L’ACTION
Depuis de nombreuses années, l’ESJ d’Aubagne intervient
dans les collèges du bassin aubagnais, pour faire de la
prévention en matière de contraception et de sexualité. Ces
interventions sont devenues des « classiques » dans les
établissements !
OBJECTIF PRINCIPAL :
Permettre à chacun de mieux connaître son corps et celui du
sexe opposé, en dédramatisant cette période qu’est
l’adolescence.
OBJECTIFS OPERATIONNELS :
- Faire connaître les lieux et les personnes ressources en cas
de nécessité (Planning familial, Cidag, ESJ).
- Permettre aux jeunes de s’exprimer sans tabous sur un
sujet parfois difficile à aborder
- Travailler sur les représentations et les idées reçues
(sexualité, homosexualité, anatomie, rôles genrés)
Voici quelques questions qui ont
soulevé des réflexions entre les
jeunes filles.
La première question choisie est
« Que sont les préliminaires ? ».
Les premières réponses sont sans
appel : « C’est sucer et doigter ».
Antoinette leur fait remarquer que la fellation
ne fait pas partie des préliminaires mais qu’il y
a beaucoup d’autres choses comme les
caresses, les câlins, les bisous, etc., en somme
tout ce qui précède l’acte de pénétration en
lui-même.
faux ? » Eclats de rire. « Vers l’intérieur peutêtre, le vagin quoi » affirme sans trop de
conviction une élève. Ce n’est pas le vagin et
pour le comprendre, l’intervenante dessine le
sexe féminin en désignant chaque partie
(clitoris, hymen, grandes lèvres, petites lèvres,
vagin).
De leur côté, les garçons ont eu les mêmes
Une autre interrogation porte sur le dialogue feuilles, remplies des mêmes questions que
entre les deux partenaires. Deux mots celles des filles. Ils ont eux aussi débattus.
ressortent : le respect et l’amour. Mais
qu’entendent-elles plus précisément par A la fin de la séance, les intervenantes
respect ? « Une bonne ambiance ». Et de regroupent garçons et filles pour une
l’amour entre deux personnes qui ont des restitution de ce qui s’est dit dans chacun des
rapports sexuels ? « Mouais. De temps en groupes, et pour leur montrer comment
temps. C’est pas obligé, on peut être sex mettre les fameux préservatifs (masculin et
friend. » Mais c’est quoi sex friend ? « Des amis féminin).
qui se font confiance mais qui ne veulent pas
s’engager dans une relation de couple ». Je note que les garçons ont plus axé leurs
sur
les
IST
(sont-elles
« Mais est-ce bien suffisant ? » interroge discussions
Antoinette. Les réponses sont différentes : guérissables ?), les sextoys, les sites internet
« non », « ça dépend de ce que l’on avec des contenus à caractère sexuel
explicites, les érections du matin, l’âge du 1er
recherche ».
« Pour les garçons c’est toujours une rapport sexuel, l’anatomie féminine (avec
compétition, celui qui l’aura fait le premier schéma) et la masturbation.
sera toujours mieux que les autres. Qu’en Lorsque Marjorie leur montre tout ce qu’il faut
pensez-vous ? ». Presque unanimement, les faire avant de mettre le préservatif, pendant et
filles répondent : « c’est la mentalité générale après l’avoir mis, les élèves sont attentifs,
même s’ils chahutent un peu. Ils apportent des
chez les garçons ».
des
réponses
et
des
« Quel est l’âge limite pour avoir son premier remarques,
rapport sexuel ? » Réponse immédiate : « A questionnements qui sont pour la plupart
partir de la 3e, ça va. » Contre-réponse : justes et pertinents.
« Après, il y en a qui aimeraient se marier A la fin de la séance, les intervenantes ont
distribué aux élèves un stylo, dans lequel se
vierge ». Tradition vs modernité ?
Arrive ensuite une autre question : « La fille trouve un dépliant avec les numéros utiles
possède une petite verge, est-ce vrai ou concernant la sexualité.
19
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
OUTIL
QUESTIONNAIRE D’EVALUATION ANONYME SUR L’INTERVENTION
« SEXUALITE, CONTRACEPTION, CONNAISSANCE DE SOI ET DES AUTRES »
□ Garçon
Age :
□ Fille Collège : _________
6. Citez deux infections sexuellement transmissibles ?
Classe :
7. Depuis cette intervention, pensez-vous mieux connaître l’autre sexe
(anatomie, relations, inquiétudes).
Cochez □ OUI ou □ NON
1. Cochez un ou plusieurs lieux où s’adresser pour une question ou un
problème concernant la sexualité:
□
Pharmacie
□
PIJ (Point Information Jeunes)
□
Planning Familial (Conseil Général)
□
ESJ (Espace Santé Jeunes)
□
MJC (Maison des Jeunes et de la Culture)
□
Médecin Libéral de famille
□
CIDAG (Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit)
□
Maison de Quartier
□
L’infirmière du collège
8. Qu’avez-vous le plus aimé dans l’intervention ?
9. Qu’avez-vous le moins aimé dans l’intervention ?
10. Qu’aimeriez-vous nous dire sur le sujet ?
Barème de correction :
Questions
2. Peut-on devenir parents dès le premier rapport sexuel ? Cochez : □
OUI
ou
□ NON
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
3. Citez deux moyens de contraception efficaces :
4. Quels sont les risques après un rapport sexuel non protégé.
5. Y-a-t-il un moyen de réduire le risque de grossesse après un rapport
non protégé ? Cochez □ OUI ou
□ NON
Si oui lequel ? ______________________
Réponses
/5
/1
/2
/2
/2
/2
/1
Evaluation du questionnaire de connaissances 2013-2014
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Connaisance des lieux Risque d'être parents
où s'adresser
après un premier
rapport
Moyens de
contraception
efficaces
Risques après un
Réduction des risques
rapport non protégé
de grossesse
14
15
16
2 IST
Lou garlaban
20
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
Meilleure
connaissance de
l'autre sexe
ESJ VILLENEUVE-LA-GARENNE
Question de Santé : les discriminations Filles-Garçons
LOTFI AMRI, Psychologue social de la santé
Le projet consiste en l’animation de séances d’échanges et de
sensibilisation sur la santé en général, et sur les relations fillesgarçons en particulier. Les interventions permettent aussi de
présenter l’ESJ, comme lieu d’accueil et d’écoute.
Pourriez-vous décrire précisément la mise en œuvre de
l’action ?
Nous proposons des animations de groupe de 2h, pour les classes
de 3e, des deux collèges de la ville. Les classes sont divisées en deux,
pour avoir des groupes restreints de 8 à 12 élèves. Dans un des
établissements, les demi-groupes sont mixtes et dans l’autre ils sont
non mixtes, à la demande des infirmières.
Après une présentation de chacun, les élèves sont invités à
échanger sur le quotidien des rapports filles-garçons. Leurs
représentations sont explorées, à partir de questions mises au
débat: « Les garçons aiment mettre la main aux fesses des filles ou
ce sont les filles qui aiment ça ? ». Des questionnaires à choix
multiples sont également utilisés (type quizz). Ces outils sont
utilisés comme support à la discussion : de fil en aiguilles, un
ensemble de sujets de santé sont abordés, avec les jeunes, en
fonction de ce qui est dit dans le groupe. Les notions de choix
d’orientation, de projets de vie, de relations familiales, de
violence à l’adolescence ou de droit à la contraception émergent
souvent dans les interventions.
Quel a été le nombre approximatif de personnes
bénéficiaires (par type de publics), en 2014 ?
211 élèves ont été rencontrés au total, soit 111 filles et 100 garçons.
20 actions collectives ont été mises en place
18 des 20 séances ont été co-animées avec l’infirmière scolaire
5 réunions ont été organisées avec les professionnels
- Professionnels rencontrés : agent sécurité et prévention,
infirmières scolaires, CPE, médiateurs.
- Thématiques abordées lors des interventions : les filles et le droit
à la contraception, y-a-t-il des métiers de filles et de garçons ?
Quelle est la place des « sœurs » dans les quartiers ? Notons que
cette année, la thématique de l’homosexualité est apparue dans
4 groupes.
Quels ont été les date(s) et lieu(x) de réalisation de votre
action ?
L’action s’est déroulée :
- Pour le collège Manet : dans la salle de réunion, sur l’année
scolaire, le mercredi de 10h à 12h. Seuls 2 demi-groupes n’ont pu
être rencontrés (annulation de la part des enseignants).
- Pour le collège Pompidou : dans le foyer, sur l’année scolaire, les
lundis et/ou vendredis, de 10h à 12h.
« Les passages à l’ESJ suite à une action collective
représentent entre 25 et 30 % des passages
annuels. »
Commentaires
Cette action est renouvelée depuis 3 ans maintenant. Elle nous
semble assez illustrative de la manière dont l’ESJ a voulu structurer
ses actions collectives et surtout sa spécificité d’intervention.
Premièrement, nous avons fait le choix d’intervenir sur toute une
tranche d’âge et non de saupoudrer nos efforts sur plusieurs classes
de différents niveaux. Nous avons donc dû décliner les propositions
d’intervention sur d’autres niveaux de classes, mais nous avons
invité les collèges à solliciter d’autres partenaires : CPEF, association
contre les violences faites aux femmes, etc. Ce positionnement
nous a permis de nous positionner en cohérence avec les financeurs
qui ont apprécié ce ciblage et cette volonté de cohérence.
Deuxièmement, cette action a permis un fort ancrage de l’ESJ
auprès des professionnels des collèges. Les infirmières scolaires
sont satisfaites des co-animations. Les séances sont préparées en
amont avec des supports qui leur correspondent. L’ESJ ayant un
impératif d’évaluation, elles ont accès à nos écrits et peuvent ainsi
les compléter et valoriser le travail partenarial.
Troisièmement, ces actions ont permis un fort ancrage de l’ESJ sur
la tranche d’âge. En effet, cette action vient en complément
d’autres actions que nous menons au sein du collège : distribution
de fruits et de légumes pour la semaine Fraich’Attitude, action de
formation des délégués de 3e (visite de l’ESJ, et présentation de la
structure à relayer auprès des autres élèves, une fois de retour au
collège).
Le chargé de prévention – qui fait également de l’accueil à l’ESJ –
est connu des jeunes ce qui facilite leur venue à l’Espace Santé
Jeunes. Grâce à la structuration de cette action en 2012, les
passages à l’ESJ, suite à une action collective représentent entre 25
et 30 % des passages annuels. Nous observons également une plus
grande proportion de lycéens reçus à l’ESJ, alors même que nous
n’avons aucune intervention dans les classes de lycéens. Ces
lycéens sont souvent des anciens 3e ou des lycéens qui ont connu
l’ESJ par le bouche à oreille d’anciens collégiens. Les passages sur
les thématiques « vie amoureuse » et/ou « contraception » ont
également augmenté.
Enfin, pour réaffirmer notre volonté de faire des actions
collectives qui permettent de repérer des jeunes en demande /
besoin / difficulté, plutôt que de simples actions de masse, l’ESJ
de Villeneuve a fait le choix de recruter, à ce poste, un
psychologue social de la santé. Avec sa pratique singulière des
groupes, il permet de maintenir une oreille attentive des
individualités qui composent le groupe.
Ces facteurs combinés ont permis à cette action de répondre à un
besoin repéré par les professionnels mais également de mettre en
avant la spécificité du travail de l’Espace Santé Jeunes sur le
territoire de Villeneuve-la-Garenne. Face à la tentation de
segmenter notre travail, cette expérience nous rappelle à quel
point c’est le dispositif ESJ dans sa globalité – et non tel axe pris
séparément - qui est intéressant pour la prévention et la santé
des jeunes.
21
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
VIGNETTE
ESJ VILLENEUVE LA GARENNE
L’urgence de la contraception….
LOTFI AMRI, Psychologue social de la santé
C. a 15 ans. Elle est en classe de 3e et elle vient à l’Espace Santé Jeunes car
elle a eu un rapport non protégé. Elle connait l’ESJ car elle a rencontré le
chargé de prévention dans sa classe, lors d’une intervention « Questions
de santé » : elle sait que l’ESJ est un lieu confidentiel pour la santé des
jeunes, c’est donc ici qu’elle vient dire son inquiétude. Elle est accueillie
par le chargé de prévention, qui est d’accueil ce jour-là.
Au fur et à mesure de l’entretien, d’autres difficultés apparaissent
(familiales, prises de risques multiples) mais elles ne sont pas abordables
ou pensables, pour le moment, car C. est prise par l’urgence immédiate.
Il apparait également que connue du CPEF, elle n’a pas honoré les rendezvous qui avaient été pris pour réfléchir à une contraception. Le chargé de
prévention propose deux choses : un rendez-vous avec le médecin de
prévention le jour même, pour une pilule d’urgence et un deuxième
rendez-vous la semaine suivante pour réfléchir à la contraception
toujours avec le médecin de prévention ESJ, vu que le lieu semble
suffisamment sécurisant pour elle.
C. viendra au rendez-vous pour prendre sa pilule d’urgence et elle
rencontrera deux fois le médecin de prévention pour reparler de
contraception.
1/Un garçon de ta classe te bouscule violemment
ou te frappe
Tu essaies de l’éviter.
Tu exiges des explications sur son geste.
Tu vas voir un adulte tout de suite pour lui exposer
la situation.
2/ Une amie a raconté à tout le collège que tu
avais un faible pour un mec…
Tu es paralysée car tout le monde se moque de toi.
Tu assumes, tu as le droit d’être « in love ».
Tu veux t’expliquer avec la personne qui a raconté
ça.
3/ Si un garçon t’intéresse
Tu lui dis de vive voix ou tu envoies un SMS.
Tu essaies de lui faire comprendre par des regards
ou des gestes.
Tu attends que ce soit lui qui fasse le premier pas…
4/Tu veux aller voir un film de ton choix au ciné
mais ton copain ne veut pas
Tu te plies à ses désirs.
Tu lui tiens tête et tu défends ton choix.
Ok pour cette fois-ci mais la prochaine fois tu
auras le dernier mot.
5/ Ton copain te dit qu’il n’aime pas que tu portes
une minijupe
Tu cherches à comprendre pourquoi.
De quoi il se mêle ?
Tu n’en mettras plus.
1/ Avec les filles
Tu es un vrai tombeur, elles te plaisent toutes.
Il n’y en a qu’une qui t’intéresse.
Pourquoi s’empêcher de mater une jolie fille quand elle
passe ?
2/Si une fille te plaît, c’est parce que…
Elle est sexy, et n’hésite pas à jouer à la femme fatale.
Tu lui plais aussi.
Elle est cool.
3/ Un mec s’approche un peu trop de te copine
Tu fais encore plus d’efforts pour plaire à ta copine.
Tu fais confiance à ta copine pour le remettre en place.
Tu as envie de lui casser la gueule.
4/ Est-ce que tu traites ta copine devant tes amis ?
Non, jamais.
Oui, comme tout le monde.
Ca dépend pour quoi ?
5/ D’une fille qui te plait, tu dis :
« Elle est bonne ».
« Elle est cool ».
Je garde ça pour moi.
6/ L’expression « fils de pute », c’est …
Banal.
Dégradant, pour les femmes.
Moi-même, je l’emploie…mais quand on me la sort, je
m’énerve.
7/ Une fille de ton collège est sortie avec plusieurs
garçons
C’est une pute…
22
Pourquoi ne pas profiter aussi de cette aubaine ?
GAZETTE,
FEDERATION
DES
ESPACES
Et alors ?
6/ Ton copain insiste pour que tu couches avec lui
Tu acceptes car tu en as aussi très envie.
Tu ne te sens pas prête mais tu veux lui faire
plaisir.
Tu lui dis que tu l’aimes mais que tu voudrais
attendre un peu.
VIGNETTE
ESJ VILLENEUVE LA GARENNE
La trouille du gynéco !
LOTFI AMRI, Psychologue social de la santé
M. 19 ans – étudiante à la fac - a connu l’ESJ car elle en avait
entendu parler au lycée. Elle vient pour demander des
informations pour son petit copain qui est « en galère de
sécurité sociale ». Elle est accueillie par la psychologue
clinicienne et la stagiaire Master Psychologie.
Passé cette première demande, l’entretien d’accueil révèle que
M. a la trouille de la consultation gynéco alors même « qu’il
faudrait » selon ses propres mots : un rendez-vous lui est
proposé la semaine suivante avec le médecin de prévention
pour parler de gynécologie et la rassurer. M. viendra rencontrer
le médecin et sera réorientée plus tard vers un médecin
spécialisé.
SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
ESJ REIMS
Ateliers « Pause-Café » et Module prévention hygiène
JANINE BERNIER, IDE Conseillère en insertion sociale
VISITES MEDICALES 2013
285 jeunes reçus à l’ESJ
Dont 120 jeunes femmes
Et 165 garçons
Parmi ces jeunes femmes, 44 utilisent une contraception
(autre que le préservatif)
7 jeunes ont été identifiés pour des conduites à risques
VISITES MEDICALES 2014 :
45 jeunes femmes utilisent une contraception
9 jeunes ont été identifiés pour des conduites à risques
« La sexualité est évoquée avec chaque jeune. »
Je reçois des jeunes, en individuel, qui souhaitent parler de leur sexualité, de la contraception, des violences subies au sein du
couple… Je les écoute, je les accompagne et les oriente vers nos partenaires.
Des préservatifs sont en accès libre à l’Espace Santé. Nous avons
un partenariat avec l’ARS, qui nous permet d’avoir des préservatifs
gratuitement. Ces préservatifs connaissent un grand succès auprès
de nos publics (surtout auprès du public masculin).
Nous travaillons également avec le CDAG pour le dépistage du VIH
et le dépistage des IST. Les traitements sont délivrés gratuitement
aux personnes reçues et à leur(s) partenaire(s), si besoin.
Par la Région, nous avons la possibilité d’utiliser le « passcontraception », pour des jeunes adultes en attente de couverture
sociale (3 cette année).
Il est à noter que la majorité des jeunes reçus, lors des visites
médicales, et ceux vus lors des prestations auprès des organismes
de formation, disent utiliser le préservatif. Par contre, le nombre
de grossesses « non prévues » ne baisse pas.
ATELIERS « PAUSE-CAFE »
Nous organisons des ateliers « pause-café » à l’ESJ.
Lors de certains de ces ateliers, les jeunes ont souhaité parler
de leur sexualité.
Cela représente 29 jeunes, pour l’année 2013 et 19 jeunes
pour l’année 2014 (26 ateliers pour les deux années).
Les jeunes s’interrogent sur les relations dans le couple, la
fidélité, la rupture, la violence au sein du couple, le désir de
grossesse.
MODULE PREVENTION HYGIENE
Nous rencontrons des groupes, lors d’interventions dans le
cadre des modules prévention hygiène (photo langage).Le
public est alors différent (jeunes de moins de 26 ans et
adultes entre 26-55ans). Les sujets abordés varient en
fonction des groupes, nous pouvons échanger sur
l’homosexualité, les prises de risque, la grossesse, le
respect …
Quand mon collègue intervient sur les conduites addictives,
la sexualité fait partie intégrante de ses interventions (prise
de risque, IST, sida, violences, etc…)
Pour ma part, j’utilise souvent le photo langage et la
sexualité y est fréquemment abordée, que ce soit pour une
réflexion commune autour de l’homosexualité, ou des
informations concernant la contraception, les IST, la
grossesse.
23
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
OUTIL
ESJ LYON
KESKESEX.FR
Le site keskesex.fr, a été réalisé par l’ESJ de Lyon, au sein du pôle santé du CRIJ Rhône Alpes, dans le cadre d’un
partenariat avec le Conseil Régional Rhône Alpes.
Le site keskesex est un des volets du dispositif « pass contraception-prévention »
destiné à répondre aux préoccupations des jeunes sur les problématiques de santé
PASS CONTRACEPTION PREVENTION
sexuelle et reproductive. Il cible notamment ceux qui sont les plus éloignés pour des
raisons sociales, psychiques ou géographiques.
Le Pass prévention contraception permet aux garçons et aux
filles d’accéder gratuitement à la prévention en matière de
A l’instar de la cartosantejeunes, le site keskesex offre aux jeunes, notamment en
santé sexuelle (contraception, dépistage des Infections
difficulté, un moyen simple d’accéder à l’information et aux lieux ressources de
Sexuellement Transmissibles (IST)).
proximité, voire même un soutien.
Ce site se décline en plusieurs volets :
•
des contenus informatifs rédactionnels et des vidéos d’information dédiés
aux questions de santé sexuelle,
•
une cartographie interactive des lieux ressources,
•
une permanence par messagerie instantanée Skype et par messagerie mail,
•
l’animation d’une page Facebook
•
et une chaine Youtube regroupant les web docs santé élaborés par le pôle
santé.
Au travers de ce site, c’est en fait toute une équipe pluridisciplinaire d’intervenants en
santé et plus largement son réseau de partenaires qui informent, écoutent,
accompagnement et orientent les adolescents et les jeunes adultes de la Région. Ces
professionnels les accompagnent au gré de leur curiosité, de leurs demandes et de
leurs craintes en matière de santé sexuelle.
Sur ces supports, les jeunes peuvent choisir le moment opportun pour s’informer,
s’interroger ou poser des mots sur une situation délicate. La relation au corps et à
l’autre ou les moments de détresse liées à une rupture sentimentale deviennent alors
des sujets qu’il est possible d’aborder, sans crainte d’être jugé par une personne,
même bienveillante, de son entourage. C’est dans cette perspective d’information,
d’échange et d’écoute que s’inscrit la démarche du site KESKESEX. Offrir la possibilité
de verbaliser certaines difficultés et permettre ainsi au public de prendre de la distance
(sans minimiser, ni dramatiser) demeure un objectif majeur de l’équipe.
Atypique dans le domaine de la promotion en Rhône-Alpes, cet outil est conçu pour
éveiller la curiosité et susciter l’intérêt des jeunes sur des sujets parfois difficiles à
évoquer par ailleurs.
Il constitue ainsi pour les jeunes rhônalpins un dispositif accessible de première ligne
et garantissant l’anonymat sur l’ensemble du territoire.
Il s’agit d’un chéquier comportant 7 coupons correspondant
chacun à une prestation délivrée par un professionnel de
santé, pour un suivi médical et la délivrance de tout type de
contraceptif, pour une durée moyenne d’un an.
Comment ça marche ?
Muni du Pass, le jeune prend un premier rendez-vous avec le
médecin ou la sage-femme de son choix qui l’orientera vers
les démarches à suivre (analyses médicales, obtention de
contraceptifs en pharmacie, seconde consultation
médicale…).
Le chéquier permet de bénéficier :
• De 2 consultations médicales (2 coupons) ;
• D’analyses médicales pour la contraception et/ou le
dépistage d’IST (1 coupon) ;
• De la délivrance de contraceptifs pour une durée
moyenne d’un an (4 coupons).
Le Pass prévention contraception prend en charge l’ensemble
des contraceptifs courants (sur prescription médicale, hormis
pour les préservatifs). Le choix du contraceptif relève du
patient et du praticien, lors de la consultation médicale.
Avec le Pass :
• Chaque coupon fait office de paiement.
• La carte vitale n’a pas à être présentée
• Aucun retour n’est fait aux parents.
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
JOURNEE INTERNATIONALE DE LUTTE CONTRE LE SIDA
ESJ CLERMONT L’HERAULT
Fiche action, tenue d’un stand
LOIC BIZE, Coordinateur et animateur
ESJ COLOMBES
Un jour, le SIDA disparaitra
VINCENT PERSUANNE, Responsable Espace Santé Jeunes
ESJ ASNIERES-SUR-SEINE
Actions de sensibilisation
SABRINA KIROUANE, Coordinatrice J.E.S.P.
ESJ D’AUBAGNE
Paroles de chargée de prévention
MARJORIE BOULANGER, Chargée de prévention
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
JOURNEE INTERNATIONALE DE LUTTE CONTRE LE SIDA
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a
choisi la date du 1er décembre 1988, comme
Journée mondiale du sida.
Le fait de tenir cette manifestation chaque
année a été approuvé par l’Assemblée générale
des Nations-Unies, grâce à la résolution
« A/43/15 ». Elle marque l'importance de la
continuité du combat contre l'infection du VIH et
apporte des messages de compassion, d'espoir,
de solidarité et de compréhension à l'égard des
personnes touchées par cette épidémie, dans
tous les pays du monde.
Elle rappelle aussi à chacun que, pour les
personnes atteintes, chaque jour est une
journée de lutte contre le sida.
1er Décembre 2014,
Secrétaire général des Nations Unies
Ban Ki-moon
« En cette Journée mondiale de lutte
contre le sida, j’appelle les dirigeants du
monde entier à rejoindre l’effort collectif.
Nous nous sommes fixés un objectif
ambitieux vers lequel nous progressons
désormais de plus en plus rapidement.
Œuvrons ensemble pour éradiquer le sida
d’ici à 2030. »
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
ESJ CLERMONT L’HERAULT
Fiche action, tenue d’un stand
LOIC BIZE, Coordinateur et animateur
OUTIL
JEU CALIN MALIN
Public : Jeunes de 13 à 25 ans.
FICHE ACTION, TENUE D’UN STAND
Public visé : Lycéens.
Besoins du public : Information, écoute,
partage, connaissance du centre de
planification et d’éducation familiale.
Méthode : Mise en place d’un stand.
Durée : De 9h30 à 16h.
Lieu : Lycée de Lodève – J.Vallot.
Structure du groupe : Collectif.
Nombre : Une quinzaine maximum
Matériel
nécessaire
:
Un
jeu-plateau
représentant un couple enlacé subdivisé en 38
cases, une grande table pour y installer le plateau
de jeu, un feutre.
Temps nécessaire : 2H
Descriptif de l’action : Le groupe doit être
subdivisé en six équipes. L’équipe gagnante est
celle qui a validé, les six questions, des six
thématiques du jeu (moyens de contraception et
dérapages, cycle féminin et anatomie, relations
amoureuses et sexualité, situations à risques et
IST, grossesse désirée ou non, informations
pratiques).
Chacune leur tour, les six équipes lancent les dés,
pour se déplacer, de case en case, et choisir l’une
des thématiques du jeu. L’animateur pose une
des questions contenues dans les fiches
thématiques.
Certaines cases correspondent à des poèmes
d’amour ou des textes de chanson dont certains
mots manquent et qu’il faut compléter.
Intérêt : Ce jeu permet d’aborder toutes les
connaissances indispensables à une bonne
prévention. Il permet d’échanger sur la
thématique des relations filles-garçonset il met
l’accent sur la dimension affective des relations
sexuelles.
Les jeunes peuvent trouver des informations
précises sur la sexualité et reconsidérer leurs
idées reçues.
Les questions étant fermées, l’animateur doit
permettre l’ouverture vers des questions
ouvertes.
Diffusé par : ADIJ 22, 28 Bd Hérault-BP114-22001
Saint-Brieuc Cedex 1.
Contact : Christiane Le Nozer
02.96.33.37.36
Moyens Humains :
• Chrystel Jegouzo , sage-femme.
• Laurence Durand, infirmière du
lycée.
• Morgane et Noé, service
civique.
Matériel :
• Affiches informatives sur le sida.
• Tables, chaises, panneaux
d’affichages.
• Dépliants santé, cartes de visites,
flyers centre de planification.
• Préservatifs.
• Répondre aux questions, orienter,…
• Clore l’animation.
• Ranger l’espace.
Déroulement :
• Préparer l’espace.
• Accueillir les lycéens.
• Aller vers les lycéens,
donner des dépliants,
des préservatifs…
Détails de la séance :
Accueillir les lycéens en leur présentant le stand.
Informer sur le SIDA et les IST en leur proposant des dépliants et flyers.
Présenter le centre de planification et d’éducation familiale, distribuer
des cartes de visites du CPEF.
Proposer de rencontrer la sage-femme pour aborder la vie affective, la
contraception, le dépistage, les bilans sanguins gratuits et anonymes.
Se diriger vers les lycéens, les aborder et leur parler de la journée du
SIDA, leur proposer des flyers en les incitant à les lire.
Répondre aux éventuelles questions (lieu du CPEF, horaires, questions
personnelles…), orienter les jeunes vers la sage-femme.
Les remercier, leur proposer des flyers et des préservatifs.
Rôle du praticien de l’activité
• Informer sur le SIDA et les IST.
• Expliquer l’importance du dépistage.
• Présenter le CPEF et ses actions.
Bilans :
275 lycéens sont venus au stand, pour avoir des informations, ou prendre des
préservatifs et de la documentation.
30 personnes environ se sont dirigées vers la sage-femme.
Une classe de 15 élèves a participé à un jeu (CALIN MALIN) proposé par la sagefemme.
320 préservatifs ont été distribués.
27
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
OUTIL
TRACT
C'est quoi une IST ?
Les
Infections
Sexuellement
Transmissibles
(anciennement appelées Maladies Sexuellement
Transmissibles [MST]) sont des infections
provoquées par des microbes (virus, bactéries,
parasites) qui peuvent être transmises plus ou moins
facilement au cours des relations sexuelles.
C'est quoi le SIDA ?
L'infection au VIH/SIDA est une maladie transmissible qui
s'attaque au système qui défend l'organisme contre les
maladies. Progressivement, il détruit certains éléments
essentiels du système immunitaire.
Comment se transmet le virus du SIDA ?
• Lors des rapports sexuels non protégés avec une
personne infectée.
• Par le sang : échanges de seringues chez les
usagers de drogue, contact avec une plaie
ouverte.
• Par la transmission mère-enfant: lorsqu'une
femme séropositive est enceinte, le virus peut
passer de la mère au fœtus.
Comment le dépister ?
Le virus du VIH/SIDA se dépiste en faisant une prise de
sang. Il existe au moins un Centre d’information et de de
Dépistage Gratuit et Anonyme (CIDAG) par département.
Comment le soigner ?
Il n'existe pas de traitement à ce jour qui guérisse cette
maladie, mais on peut soigner les manifestations de la
maladie. Ces traitements freinent son évolution et
améliorent les conditions de vie des malades. Très
contraignants, ils ont pour but de faire baisser la quantité
de virus présents dans le sang, mais ne permettent pas
de les éliminer définitivement.
Qu'elles sont les principales IST ?
• Les plus graves et plus fréquentes : chlamydiose,
papillomatose (ou condylomes), hépatite virale B.
• Les plus graves et plus rares : Infection au
VIH/SIDA, syphilis, gonococcie.
Ces maladies sont souvent rapides à diagnostiquer et
se traitent facilement, en dehors du VIH.
Comment se transmet une IST ?
• Lors de rapports sans préservatif avec une
personne infectée.
• Lors de rapports bucco-génitaux non protégés
(fellation, cunnilingus).
• Lors de la pénétration anale non protégée: la plus
risquée.
Quels sont les symptômes (signes) d'une IST ?
Les symptômes sont des signes anormaux sur tout le
corps : rougeurs, irritations, douleurs au bas du
ventre, écoulement vaginal ou urétral, brûlures en
urinant, boutons...
Quels que soit les signes il faut consulter un médecin
qui prescrira le traitement.
Certaines IST n'ont pas de symptômes apparents, il
est donc important de faire une analyse sanguine
avant un rapport non protégé ou lors d'une
exposition aux risques.
Comment les soigner ?
Le traitement des IST est le plus souvent simple et
efficace (crème, antibiotiques...) à condition d'être
bien adapté et pris à temps.
Il existe des centres spécialisés, CIDDIST et CPEF, dans
chaque département. Les examens et traitements y
sont gratuits et anonymes.
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
ESJ COLOMBES
Un jour, le SIDA disparaitra
VINCENT PERSUANNE, Responsable Espace Santé Jeunes
Dans le cadre du Festival de la voix 2014, porté par la direction de la culture, l’Espace Santé
Jeunes a mis en place une action qui s’ancrait dans la continuité de celle menée lors de la
journée mondiale de lutte contre le SIDA 2013.
Durant le mois de janvier, un groupe de six jeunes, âgés de 15 à 18 ans, a été constitué, afin
de réaliser une lecture théâtralisée de la pièce « Le SIDA disparaitra un jour » de Nichola
Soudière. Ce dernier a animé les répétitions qui se sont tenues à l’Espace Santé des Jeunes,
les vendredis soirs, entre le 8 février et le 25 mai.
Le partenariat établi avec la direction des sports, la représentation a pu s’effectuer sur un ring
de boxe dans la salle « L’Esquive ».
Soixante spectateurs étaient présents pour l’occasion !
A la suite de la représentation, une discussion-débat a eu lieu, animée par la conseillère en
relations de l’ESJ et l’auteur de la pièce.
Il convient enfin de préciser que la coordinatrice de l’Atelier Santé Ville était présente durant
l’événement, pour tenir un stand où étaient disposées des documentations liées à la
thématique et des contraceptifs (préservatifs masculins et féminins).
Près de 100 préservatifs ont été distribués pour l’occasion !
Suite au succès de cette représentation, la pièce a de nouveau été présentée, dans le cadre
de la journée mondiale de lutte contre le SIDA 2014 (le 6 décembre 2014).
La représentation a eu lieu à la Maison des Jeunes et de la Culture de Colombes. Des stands
de préventions, agrémentés de documentations et de préservatifs ont été installés et ont
permis de sensibiliser le public. 80 élèves de différents collèges et lycées, ainsi qu’une
vingtaine d'adultes ont participé à cet événement !
Synopsis :
Note d'intention de mise en scène
J'ai réfléchi trois ans à l'idée de transmettre l'impact qu'avait eu
cette nouvelle maladie, ce fléau.
Le fait d'être un artiste m’a permis de penser à une idée de transmission, un
message à donner.
Les années ont passé, la maladie avançait et la prévention disparaissait et
s'amenuisait.
La mort d'amis a renforcé ma détermination à rendre hommage et à informer.
En 2009, en plein cœur de Montréal, la découverte d'un graffiti gigantesque
en centre-ville a mis un point d'orgue sur la suite à donner :
Mélanger les arts visuels aux arts vivants, l'imaginaire au réel, en associant
des chanteurs, des comédiens, de la vidéo, de la danse, de la chanson, de la
lumière, des arts plastiques.
J'ai écrit mon histoire avec la maladie que j'ai rencontré il y a maintenant 20
ans, une histoire d'amitié, d'amour et de sexe.
Ce graffiti est resté en moi comme un recommencement.
Il est devenu le symbole de mon projet puis un message d'information, de
prévention et d'espoir :
Le sida disparaitra un jour.
En attendant nous avons l'opportunité d'apprendre et de grandir et nous
devons le faire !
Nichola Soudière
L’histoire d’une colocation à travers les vingt dernières années sur fond de sida
et de sexualités. Des tranches de vies chorégraphiées, chantées et racontées
s’appuyant sur des vidéos d’archives.
C’est aussi le nom du projet social que la compagnie “La Cité des Ménestrels”
va mettre en place sur Colombes, autour d’ateliers de sensibilisation et de
prévention avec la population mais plus particulièrement travailler avec les
jeunes de la ville, les quartiers, les centre sociaux, qui vont être les publics les
plus concernés de ce projet, mais bien sur nous invitons toutes les personnes
a venir découvrir les premières pierres d’un projet qui doit prendre toute son
importance au niveau national, voir international puisque il est question d’un
échange avec le Québec, le Maroc et l’Afrique.
Un spectacle destiné à favoriser l’échange, la discussion et la prévention.
Historique de la compagnie : La Cité des Ménestrels est sur colombes
officiellement depuis 2011 mais elle a investi la ville 2 ans auparavant avec 3
spectacles : l’Enfant des Rêves, le Portrait de Dorian Gray (mélangeant des
amateurs et des professionnels) et le spectacle musical On veut bien s’aimer,
qui se joue régulièrement sur Colombes. Depuis cette année, la compagnie a
aussi créé les Dîners musicaux au Caffé Clara une fois par mois).
Avec les comédien(e)s :
Bénédicte Monnaux,
Jonathan Charnay, Guillaume
Lucas, Guillaume Méziat,
Zacharie Lorent et Rachid Marrouchi
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
La douche voix de Myriam Loucif
Le concours lumière de Thomas
Bacon Lorent
Les chorégraphies contact de Hedi
Les chorégraphies contact de Heidi
Zammouri
ESJ D’AUBAGNE
Paroles de chargée de prévention
MARJORIE BOULANGER, Chargée de prévention
A l’occasion de la période
autour du 1er décembre,
nous
avons
mené
différentes
actions
auprès du public jeune de
la ville d’Aubagne.
DISTRIBUTION DE
POCHETTES DE
PREVENTION A LA GARE
ROUTIERE D’AUBAGNE
Présents dès 7h du matin,
à la gare routière
d’Aubagne, nous avons distribué des pochettes de prévention sur ce
lieu de passage où transite lycéens, travailleurs et étudiants.
Notre objectif fut de porter au plus grand nombre la visibilité sur les
structures ressources, sur les questions de santé, sur la ville
d’Aubagne et d’apporter des informations et des messages de
prévention sur la thématique Sida.
A l’intérieur de ces pochettes se trouvaient un préservatif, une carte
de l’Espace Santé Jeunes, une carte du C.S.A.P.A, un guide des
relations filles-garçons et des numéros utiles.
ATELIER POST-IT AVEC 5 EQUIPES DU DISPOSITIF « FOOT PIED DES
IMMEUBLES » (JEUNES GARÇONS ET FILLES DE 10 A 13 ANS)
Enfin nous nous sommes rendus, sur un après-midi citoyen, sur le
dispositif « foot au pieds d’Immeubles ».
C’est un championnat qui rassemble une cinquantaine de jeunes,
âgés de 10 à 14 ans, et favorise la pratique d'une activité sportive
régulière toute l'année.
Il permet aux jeunes des différents quartiers de se rencontrer et de
faire connaissance. C'est un espace citoyen où chacun peut être
reconnu et reconnaît les autres. Nous y avons rencontré cinq équipes
de foot, dont les joueurs étaient âgés de 10 à 13 ans.
Nous avons transmis des informations sur le Sida et nous avons
échangé à partir de leurs interrogations. Chaque jeune a ensuite
inscrit, sur un post-it, un petit message destiné aux personnes
séropositives sur un grand ruban rouge.
INTERVENTIONS EN LYCEE PROFESSIONNEL
Nous sommes intervenus sur la thématique des IST, auprès de cinq
classes d’un lycée professionnel, en présence de l’Infirmière de
l’établissement.
L’outil utilisé lors de ces animations fut le jeu de cartes « Sida : que
savons-nous ? », une manière ludique de faire le point avec les
lycéens sur leurs connaissances de la maladie et de favoriser les
échanges autour de cette thématique.
Cela a permis aux jeunes de formaliser leur ressenti et de témoigner
leur soutien.
Ce grand ruban fut ensuite exposé au Point information jeune de la
ville.
ESJ ASNIERES-SUR-SEINE
Actions de sensibilisation
SABRINA KIROUANE, Coordinatrice J.E.S.P.
Dans le cadre des actions de sensibilisation de lutte contre le Sida, l’Espace Santé Jeunes d’Asnières-sur-Seine a proposé
pendant une semaine des ateliers pour tous les publics à des moments différents.
Le 2 décembre 9 jeunes âgés de 17 à 21 ans du Conseil Local des Jeunes se sont réunis au JESP, de 19h à 21h30, pour discuter des IST, des modes
de transmissions du SIDA etc…
En amont les jeunes se sont réunis en séances plénières et ils ont préparé des questions, chacun
de leur côté. Ils ont ensuite remis ces questions à leur coordinatrice.
Les réponses ont été préparées par l’infirmière du Centre Médico-social Municipal, qui est
détachée sur la consultation du Centre de Planification présent danss ce même lieu.
Lors de la soirée, les questions ont été tirées au sort et chacun a pu repartir avec des réponses
et/ou des conseils et/ou des orientations vers d’autres professionnels.
30
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
OUTIL
QUESTIONNAIRE
SIDA, que savons-nous ?
1 - Comment savoir si on est atteint du SIDA ?
1 - il faut d’abord pratiquer un test de dépistage du VIH
2 - la fatigue et la perte de poids sont les premiers signes
de la maladie
3 - il faut attendre la première infection opportuniste
2 - Pour savoir si on est contaminé par le virus du
SIDA (VIH), il suffit de faire une simple prise de sang
Vrai
Faux
3 - Le test de dépistage du VIH :
1 - est obligatoire pour le don de sang ou d’organe
2 - peut être pratiqué à l’insu des personnes
4 - Il faut attendre au minimum 3 mois après un
risque de contamination afin de pouvoir faire un test
de dépistage du SIDA (test VIH) ?
Vrai
Faux
5 - Combien de temps faut-il entre une prise de
risque et le test pour que le résultat de celui-ci soit
certain ?
1 - 3 mois
2 - 6 mois
3 - après 48 heures
4 - 1 mois
6 - Pour éviter de passer par un centre spécialisé, on
peut faire le test de dépistage du sida en allant faire un
don du sang :
Vrai
Faux
7 - Un test de dépistage négatif signifie :
1 - que le sang de la personne ne contient pas de VIH
2 - que le sang de la personne ne contenait pas de VIH 3
mois avant le test
8 - Avec les nouveaux médicaments actuellement
disponibles (trithérapie), le SIDA peut maintenant être
guéri :
Vrai
Faux
9 - Une des propositions suivantes est fausse :
1 - le traitement du VIH est commencé dès la diminution
des défenses (baisse des lymphocytes) ou si le nombre
des virus est élevé
2 - le traitement du VIH n’est commencé qu’au stade
SIDA
3 - le traitement du VIH est commencé en cas de fort
risque de contamination
10 - Le traitement pose-t-il des problèmes ?
Oui
Non
REPONSES
QUESTION 1 Comment savoir si on est atteint du SIDA ?
1. il faut d’abord pratiquer un test de dépistage du VIH
Un simple test de dépistage du VIH permet de savoir si on est séropositif.
Un traitement peut alors être commencé avant la baisse des défenses
immunitaires et permet ainsi d’empêcher que l’évolution en arrive au stade
de SIDA.
Malheureusement, certains atteignent encore aujourd’hui le stade SIDA,
parce qu’aucun test n’a été demandé avant. Le diagnostic de SIDA est alors
fait à l’occasion d’une infection opportuniste.
En ce qui concerne la fatigue et la perte de poids, ces signes ne sont pas
spécifiques du SIDA et se rencontrent dans de nombreuses affections, et de
plus ils sont tellement tardifs dans l’évolution du SIDA qu’ils ne sont jamais
à l’origine du diagnostic.
QUESTION 2 Pour savoir si on est contaminé par le virus du SIDA (VIH), il
suffit de faire une simple prise de sang ?
Vrai : Il faut pour cela faire un test de dépistage (simple prise de sang).
Ce test peut être demandé :
-à son médecin traitant,
-auprès d’un médecin d’une consultation spécialisée dans un hôpital,
-dans un Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit (CDAG),
-au médecin du travail dans le cadre d’une consultation après un accident
du travail ayant présenté un risque de contamination.
Le test de dépistage est remboursé à 100 % par la Sécurité Sociale sur
prescription médicale.
Ce test sert à détecter les anticorps produits en réaction à la présence du
virus dans l’organisme. Ces anticorps anti-VIH témoignent donc de
l’infection par le VIH de la personne chez qui le test a été réalisé. Une
personne est dite séropositive pour le VIH lorsque le test de dépistage
montre la présence d’anticorps anti-VIH dans son sang, ce qui signifie qu’elle
a été contaminée par le virus. Un résultat positif doit être systématiquement
contrôlé par un autre test dit de confirmation, qui est fait automatiquement
par le laboratoire qui retrouve un test positif. Une personne dont le résultat
est négatif est dite "séronégative".
QUESTION 3 Le test de dépistage du VIH :
1. est obligatoire pour le don de sang ou d’organe
Le test de dépistage est systématique, et obligatoire, chez les donneurs de
sang, de sperme, de lait, d’organes et de tissus, pour éviter la transmission
éventuelle du virus au receveur.Il est proposé à tout professionnel de santé
à la suite d’un accident exposant à une contamination potentielle, donc
essentiellement en cas de blessure avec du matériel souillé de sang. Il peut
également être proposé aux personnes qui se savent exposées à l’infection
(homosexuels ou hétérosexuels à partenaires multiples ou simplement
après un contact sexuel supposé à risque, toxicomanes intraveineux, sujets
originaires des pays où le taux d’infection est élevé).
Il est systématiquement proposé aux femmes enceintes et peut être
conseillé avant une intervention chirurgicale, ou lorsque le médecin le juge
utile à la suite d’un entretien ou d’un examen médical. Toute personne
demandant à être testée doit être informée de la signification de ce test et
des conséquences d’une éventuelle séropositivité, dans le cadre d’une
consultation médicale. Un test ne doit jamais être réalisé à l’insu du patient.
Mais pour être honnête, il faut bien admettre que c’est encore souvent le
cas notamment avant une intervention chirurgicale.
D’autre part, avant l’apparition des anticorps anti-VIH, on peut détecter un
fragment du virus (Antigène P24) vers le 15e jour après la contamination.
On parle alors de diagnostic au tout premier stade de l’infection (la primoinfection), ce qui permet de ne pas perdre de temps pour mettre en place
le traitement.
QUESTION 4 Il faut attendre au minimum 3 mois après un risque de
contamination afin de pouvoir faire un test de dépistage du SIDA (test VIH) ?
Faux : Le test des anticorps anti-VIH (Elisa) est une méthode permettant
d’apporter indirectement la preuve de l’infection par le VIH. Il met en
évidence les anticorps qui se forment dans le sang d’une personne
contaminée généralement 1 mois après l’infection.
Un test de dépistage des anticorps anti-VIH n’est certain que si le dernier
risque pris (rapport sexuel, injection de drogue...) remonte à 3 MOIS au
moins avant le test.
Mais il existe maintenant d’autres tests qui, avant l’apparition des anticorps,
peuvent mettre en évidence la présence du VIH. Ces tests peuvent être
pratiqués 10 ou 15 jours après le risque de contamination.
31
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
QUESTION 5 Combien de temps faut-il entre une prise de risque et le test
pour que le résultat de celui-ci soit certain ?
1. 3 mois : La certitude de la non-infection avec un test (Elisa) est de 3 mois.
Cependant dans de nombreux cas en raison de la sensibilité des tests
actuels, il est possible d’affirmer plus tôt le résultat.
Cela ne veut pas dire qu’il faut attendre 3 mois sans rien faire : aujourd’hui
après une exposition au risque VIH il ne faut plus attendre, mais consulter
un médecin en urgence car un traitement après exposition peut-être
indiqué. Il doit débuter au mieux dans les toutes premières heures et, en
tout cas, dans les 48 heures qui suivent l’exposition au risque.
Actuellement, le protocole de dépistage sérologique et virologique permet
de rechercher directement les traces du VIH entre 10 et 15 jours après la
contamination.
QUESTION 6 Pour éviter de passer par un centre spécialisé, on peut faire
le test de dépistage du sida en allant faire un don du sang :
Faux : Il est irresponsable de vouloir se soumettre au test en passant par le
don du sang ! Supposons que vous soyez infecté, mais que votre organisme
n’ait pas encore réagi en produisant des anticorps (il faut généralement
attendre 1 mois pour que cela se produise) : votre sang infecté serait classé
"négatif", et pourrait être donné à quelqu’un d’autre, lors d’une transfusion
sanguine par exemple ! Outre qu’elle fait encourir des risques à d’autres
personnes, cette pratique doit être écartée car elle ne garantit pas
l’anonymat et ne permet pas d’assurer un encadrement suffisant en cas de
résultat positif.
QUESTION 7 Un test de dépistage négatif signifie :
2. que le sang de la personne ne contenait pas de VIH 3 mois avant le test
Les anticorps anti-VIH apparaissent dans un délai de 2 à 4 semaines en
moyenne après la contamination. Le test de dépistage des anticorps est
donc négatif au tout début de l’infection, même si la personne est
contaminée. D’autres examens peuvent cependant permettre de
diagnostiquer l’infection avant l’apparition des anticorps... En pratique, être
"séronégatif" signifie que la personne n’était pas contaminée par le VIH 3
mois avant de faire le test. Si cette personne n’a eu depuis que des rapports
protégés (avec préservatif), et pas de risque de contamination par voie
sanguine, elle est sûre de ne pas être contaminée par le VIH, sinon, elle
devra refaire un test (3 mois après le dernier rapport non protégé) pour
avoir une réponse certaine. Un résultat négatif ne constitue pas pour autant
une protection définitive contre la maladie. Etre séronégatif à un certain
moment ne signifie pas que l’on est pour toujours hors de danger. Les règles
de prudence continuent de s’imposer pour éviter la contamination.
QUESTION 8 Avec les nouveaux médicaments actuellement disponibles
(trithérapie), le SIDA peut maintenant être guéri :
Faux Malheureusement non ! Les traitements actuels (trithérapie)
empêchent le VIH de se multiplier, mais ils ne le tuent pas. Ainsi, si la charge
virale montre qu’il y a peu de VIH dans le sang (on peut même dire qu’on ne
le trouve pas parce que le nombre est en-dessous du seuil de détection), le
virus reste cependant toujours présent dans l’organisme (en particulier dans
des ganglions). Un arrêt du traitement entraînerait immédiatement une
remontée du nombre de virus, avec le risque que celui-ci ait développé des
résistances à certains médicaments.
QUESTION 9 Une des propositions suivantes est fausse :
2. le traitement du VIH n’est commencé qu’au stade SIDA
Actuellement le traitement contre le VIH est prescrit dans deux situations :
a) pour les personnes contaminées depuis un certain temps dont les
défenses diminuent :
-personnes ayant un nombre de lymphocytes CD4 est < 500 / mm3
-personnes ayant plus de 500 lymphocytes CD4/mm3 et un ARN VIH
supérieur à 10 000 copies/ml,
b) en cas de primo-infection VIH (la personne vient d’être contaminée par
le VIH), ou de forte possibilité de contamination, notamment :
-viol,
-relation sexuelle non protégée avec une personne séropositive ou "à
risque",
-préservatif déchiré au cours d’un rapport avec une personne séropositive
ou "à risque",
-partage d’une seringue lors d’un usage de drogue,
-blessure avec un objet souillé du sang d’une autre personne. Dans ces
circonstances il faut, le plus tôt possible au cours des 48 heures suivant la
situation à risque, consulter un médecin : le service des urgences de
l’hôpital, le médecin de la consultation de dépistage anonyme et gratuit
(CDAG) la plus proche ou son médecin.
QUESTION 10 Le traitement pose-t-il des problèmes ?
Oui
Les patients sous traitement ont à faire face à des contraintes particulières :
-quand on démarre un traitement, c’est pour une durée indéterminée :
personne ne sait dans l’état actuel des connaissances à quel moment on
peut interrompre un traitement,
-la nécessité d’un respect scrupuleux de la prise de tous les médicaments
prescrits,
-les effets secondaires indésirables,
-les nombreuses interactions avec d’autres médicaments,
-parfois, la résistance du VIH à certains traitements. Malgré ces difficultés,
les traitements améliorent, dans la plupart des cas, l’état de santé global des
personnes infectées par le VIH.
32
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
DU COTÉ DES PARTENAIRES …
AMICALE DU NID 13
Jeunesse et prostitution, une réalité difficile à
appréhender
STEPHANIE HOUERROU, Responsable Formation &
Qualité
AMICALE DU NID 34
Extraits du rapport d'enquête sur la prostitution des
étudiant-es
PLANNING FAMILIAL 13
Education à la sexualité, éducation sexualisée
CLAIRE RICCIARDI, Porte-parole du Planning Familial13
SOS FEMMES 13
Violences faites aux femmes et aux filles, un héritage
sans testament
AMEL ARVIN-BEROD, Directrice
SOS HOMOPHOBIE
Mieux vivre ensemble, action collective de SOS
HOMOPHOBIE
JEANNE INGHEL, Volontaire en Service civique à la FESJ
33
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
AMICALE DU NID 13
Jeunesse et prostitution, une réalité difficile à appréhender
STEPHANIE HOUERROU, Responsable Formation & Qualité, Amicale du Nid 13
QUI SOMMES- NOUS ?
L’Amicale du Nid est une association loi 1901, fondée en 1946,
d’envergure nationale.
Elle considère que la prostitution est une violence
incompatible avec la dignité humaine et refuse son
assimilation à un métier.
tout aussi difficile à quantifier et à caractériser, y compris par les
jeunes concerné-e-s eux-mêmes.
Aujourd’hui, la précarisation liée aux conditions sociales et
économiques,
l’hypersexualisation
de
notre
société,
l’omniprésence de la pornographie, la banalisation du
phénomène prostitutionnel font notamment des jeunes une cible
privilégiée, et des victimes particulièrement vulnérables.
Elle a pour missions :
• d’aller à la rencontre, d’accueillir et d’accompagner les
personnes majeures et mineures en situation actuelle ou
passée ou en risque de prostitution,
• de mettre en œuvre des actions de prévention de la
prostitution auprès de tous les publics,
• d’accompagner les personnes accueillies et construire
avec elles des alternatives à leur situation pour permettre
leur insertion sociale et professionnelle,
• de conduire des actions d’information, de formation et de
recherche pour améliorer la connaissance du phénomène,
la diffuser et parfaire ses capacités à aider les personnes
accueillies.
Extrêmement précoce, tant chez les garçons que chez les filles, l’âge
mondial moyen des premières conduites prostitutionnelles est
situé vers quatorze ans.
L’entrée dans la prostitution, a fortiori concernant les mineur-e-s,
ne peut être considérée comme un choix ou un acte volontaire,
délibéré et librement consenti, mais résulte de facteurs multiples,
tant personnels, affectifs, psychologiques que sociaux.
Un des aspects les plus marquants est souvent la précocité de la
mise en place de facteurs fragilisants et déclenchants dans l’histoire
de vie individuelle. Ce sont autant de facteurs de risque et de
processus qu’il faut identifier, prendre en compte pour pourvoir
agir en prévention et accompagner.
LE PHENOMENE DE LA PROSTITUTION
Les actions de prévention des violences et des conduites sexuelles
à risque, de prévention du devenir prostitué-e et du devenir client,
et plus largement, d’éducation à la vie relationnelle, affective et
sexuelle, s’imposent donc comme une nécessité, et représentent
un enjeu social fort.
Le phénomène de la prostitution est une question socialement vive,
qui occupe régulièrement l’actualité. Troisième source de trafic
illicite dans le monde, le phénomène reste pourtant difficilement
quantifiable et encore bien mal identifié.
L’exploitation sexuelle et le commerce sexuel sont en
recrudescence depuis les années 90. A côté de la prostitution de
rue, d’autres modalités de prostitution ont émergé, moins visibles,
plus anonymes voire clandestines, s’adaptant notamment au
développement des nouvelles technologies, via Internet et les
réseaux sociaux, et autres blogs, tchats, sites de rencontres, sites
de petites annonces dédiés mais aussi généralistes où foisonnent
selfies et annonces d’offres à caractère sexuel plus ou moins
explicites et suggestifs.
Prostitution dite occasionnelle ou de survie, prostitution
étudiante, « sugar babies »…, le phénomène, bien qu’au centre
des débats et largement relayé par les médias, n’en reste pas
moins mal appréhendé, voire dénié. La prostitution demeure un
puissant tabou, soumis à de nombreux préjugés et à de nombreuses
représentations.
La problématique des mineur-e-s concerné-e-s par la prostitution
ou en risque prostitutionnel est devenue un phénomène
particulièrement préoccupant. Encore moins visible que celle des
adultes, c’est pourtant une réalité en France. L’ACPE, « Association
Contre la Prostitution des Enfants, avance le chiffre de 10 000
mineur-e-s livrés à la prostitution en France. »9Le phénomène reste
LES ATELIERS DE PREVENTION :
UNE INVITATION A REFLECHIR ENSEMBLE
L’intervention auprès de groupes de mineur-e-s et de jeunes
adultes, filles et garçons, via l’animation d’ateliers collectifs, est
une des modalités proposées par l’Amicale du Nid 13.
Ces interventions visent à aider les jeunes à développer des
compétences leur permettant de faire des choix favorables dans les
situations qu'ils-elles vont rencontrer dans leur vie affective et
sexuelle, active ou pas encore.
Ces espaces collectifs de parole, en groupes restreints, sont
propices au dialogue, à la réflexion personnelle et collective, et à
l’écoute de chacun-e.
Espaces contenants et sécurisants, où les jeunes peuvent exposer
leurs questionnements, leurs paroles, leurs doutes, et leurs
craintes, ils favorisent la réflexion sur les représentations,
l’appropriation de messages de prévention et l’information sur le
cadre de la loi.
La mise en mot et l'expression des émotions sont essentielles. Les
interventions sont interactives et visent à favoriser le dialogue et
les échanges avec les jeunes, à identifier des repères et à renforcer
l’affirmation de soi.
9 Selon Mme Maud Olivier, Députée et auteure du rapport d’information
de l’Assemblée Nationale N°1360 du 17 septembre 2013.
34
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
Proches des préoccupations des jeunes et de leur réalité, les
supports pédagogiques sont variés (courts-métrages, photolangage, exercices ludiques interactifs, jeux avec les mots,
abaques), et sont prétextes à susciter les échanges et instaurer un
dialogue, propices à faire émerger le débat d’idées, le dialogue sur
les multiples thèmes qui les concernent.
Ils visent à favoriser le questionnement des connaissances et des
représentations, à leur permettre d’identifier les situations à
risques auxquelles ils-elles peuvent être exposé-e-s pour mieux s'en
prémunir.
Ils visent à développer des attitudes de responsabilité et des
stratégies de prévention, en échangeant autour de thématiques
variées : les notions d’égalité et les relations entre les filles et les
garçons, les assignations de genre, les rapports de domination, les
rapports d’influence entre pairs, le consentement, les violences
agies et subies, la banalisation croissante du corps,
l'hypersexualisation, sexualités et adolescence, relations
affectives et sentiment amoureux, les émotions, l’estime de soi,
les rumeurs et leurs conséquences, les réseaux sociaux, la
pornographie, les conduites prostitutionnelles, les clients de la
prostitution, les discriminations… autant de sujets pour favoriser
l’interactivité, le débat contradictoire, et participer de l’évolution
des représentations et des postures.
LA PROSTITUTION, EN CHIFFRES
Repères statistiques 2014 du
Haut Conseil à l’Egalité entre les femmes et les hommes
PELE-MELE
QUELQUES COMMENTAIRES DES JEUNES,
A L’ISSUE DES SEANCES
Avez-vous apprécié cette séance ?
« Oui, ça m’a permis de parler de sujets sur lesquels je
ne peux parler à personne. »
« J’ai bien aimé parce que cela permet de savoir ce que
les autres répondent. »
« C’est très intéressant. On peut parler de tout. »
« J’ai tout apprécié dans ces débats. »
Que retenez-vous d’important pour vous ?
« C’est important de pouvoir parler, d’essayer de
trouver des réponses à ses questions et d’aborder divers
sujets. »
« J’ai appris qu’une fille et un garçon, c’est l’égalité. »
« J’ai compris qu’une fille doit être d’accord pour une
relation sexuelle. »
« Il faut parler de tout, pour dire ce que l’on pense. »« On
a parlé de beaucoup de choses qui font réfléchir et j’ai
bien aimé. »,
Production issue d’une action conduite avec le Collège Marie
Laurencin, en 2014.
80 à 90% des personnes prostituées sont des femmes.
Source : Rapport OCRETH 2010 in Rapport d’information de M. Guy
Geoffroy n°3334
Il y aurait entre 20 000 et 40 000 personnes prostituées, en France.
Source : Rapport OCRETH 2010 in Rapport d’information de
Mme Maud Olivier n°1360
90% des personnes prostituées sur la voie publique seraient
étrangères. La part des personnes étrangères parmi les personnes
prostituées a doublé depuis les années 1990.
Source : Rapport OCRETH 2010 in Rapport d’information de M. Guy
Geoffroy n°3334
Dans le monde, l’âge moyen d’entrée dans la prostitution est de
13 à 14 ans.
Source : Rapport de la fondation Scelles - 2012
Les personnes prostituées auraient un taux de mortalité 40 fois
plus élevé que la moyenne nationale
Source : Special Committee on Pornography and Prostitution,
Pornography and Prostitution in Canada, 1985
60% à 80% des personnes prostituées souffrent de troubles
psychosomatiques sévères, chiffre semblable à celui des personnes
ayant subi des actes de torture, aux prisonniers politiques et
anciens combattants.
Source : Melissa Farley, « Prostitution, trafficking and traumatic
stress », 2003
Les personnes prostituées ont un taux de mortalité 6 fois
supérieur à la moyenne de la population.
Sources : Collectif de médecins - 2014 et Etude du « British Medical
Journal » - 2011
35
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
AMICALE DU NID 34
Extraits du Rapport d'enquête sur la prostitution des étudiant-es
Une recherche action soutenue par l’Agglomération de Montpellier et la Direction Régionale aux Droit des Femmes et
à l’Egalité du Languedoc-Roussillon
http://www.amicaledunid.org/images/Synthse-rapport-PE-version2.pdf
CHIFFRES A RETENIR
(Enquête 2011-2012, 1797 répondants inscrits à l’Université
Paul Valéry, Montpellier 3)
4% des personnes interrogées ont déjà été en situation de
prostitution (parmi lesquels 63% de femmes et 37%
d’hommes).
3,3%
des répondants ont déjà été client-e-s de la
prostitution (8,9% des étudiants ayant répondu et 0.8% des
étudiantes ayant répondu).
15,9% des étudiant-e-s déclarent pouvoir envisager le
recours à la prostitution en cas de situation très précaire
(parmi lesquels 68% de femmes et 32% d’hommes).
LA PRECARITE, UN LEITMOTIV REDUCTEUR
La précarité financière est un leitmotiv souvent évoqué comme
facteur déclenchant la prostitution, aussi bien dans les médias et
les témoignages que dans les réponses à notre enquête. Pourtant,
l’enquête quantitative n’a pas permis d’établir de corrélations
significatives entre les milieux sociaux d’origine des étudiant-e-s
(CSP des parents, fait d’être boursier ou pas) et le fait d’être entrée dans la prostitution. Bien que réelle, la précarité des étudiant-e-s
ne saurait épuiser la compréhension du phénomène : certain-e-s
étudiant-e-s très précaires ne passeront pas à l’acte, tandis que
d’autres le font alors que leur précarité économique est
objectivement relative. Si chaque histoire de prostitution est
singulière, les récits de vie des étudiant-e-s en situation de
prostitution rencontré-e-s donnent à voir des facteurs déclenchants
communs, liés à des parcours de vie difficiles.
DES RUPTURES FAMILIALES
Ces ruptures ont des causes diverses : absence d’un des deux
parents, placements, violences, conflits liés à des recompositions
familiales, brouillages générationnels, restrictions ou contrôle
excessif ou encore homophobie. L’effet de ces ruptures est souvent
de placer les jeunes dans des situations de fugue, de départ
précipité ou d’errance. La difficulté à accéder à un logement, en
l’absence de réseau, fragilise les jeunes. Dès lors, ils sont davantage
enclins à faire des rencontres fondées sur un rapport de
domination, à devoir accepter des propositions d’achats ou
d’échanges de services sexuels.
LA RENCONTRE AVEC LE MILIEU PROSTITUTIONNEL
L’un des déclencheurs de l’entrée en prostitution des étudiant-e-s
est bien souvent une incitation ou une initiation extérieure (relation
« amoureuse » avec emprise, ami-e-s déjà engagé-e-s dans la
prostitution, propriétaire ou employeur...). La prostitution se
constitue en « milieu » : plus on s’en approche, plus on rencontre
clients, proxénètes et autres personnes prostituées, ce qui favorise
une banalisation croissante de la prostitution.
SECRET ET DOUBLE-VIE : LE CLOISONNEMENT DE L’ACTIVITE
PROSTITUTIONNELLE
Le caractère tabou de la prostitution n’est pas un simple lieu
commun. Les étudiant-e-s prostitué-e-s rencontré-e-s disent
s’efforcer de cacher leur prostitution à leur entourage, de mêmes
qu’aux instances de l’université fréquentée. Ils et elles expliquent
ceci par le fait que la prostitution, envisagée comme ponctuelle et
occasionnelle, pourrait venir les étiqueter négativement auprès des
professeurs et camarades, voire peser sur la future carrière qu’ils et
elles essaient de construire via leurs études. Cette position les
empêche de trouver de l’aide face aux difficultés, comme de faire
valoir leurs droits et leurs besoins devant les services sociaux.
Surtout, le poids du secret et le caractère déstabilisant de leur «
double-vie », évoqués dans quasiment tous les témoignages
d’étudiant-e-s prostitué-e-s, sont souvent sources de souffrance
pour les personnes.
LIEUX DE PROSTITUTION ET MODES OPERATOIRES
Il est plutôt rare de croiser des étudiant-e-s prostitué-e-s sur les
trottoirs et aux abords des routes où cette activité s’exerce
habituellement. Si les bars à hôtesses continuent d’employer de
nombreuses étudiantes, c’est aujourd’hui Internet qui est le lieu de
prostitution privilégié. Ce média, loin de garantir la sécurité,
comporte de nouveaux dangers spécifiques qui sont souvent
méconnus ou sous-estimés par les personnes.
LA PROSTITUTION ETUDIANTE : UN LABEL ?
Cette prostitution des étudiant-e-s, qui se déroule sur internet, est
souvent amalgamée aux pratiques prostitutionnelles désignées par
l’euphémisme d’« escorting ». Ici, l’échange marchand n’est pas
toujours réduit au seul acte sexuel, mais peut se doubler d’un social
time qui le précède (sortie, dîner, discussion...). La finalité de la
rencontre n’en demeure pas moins le sexe tarifé. Dans cet univers
de l’escorting, le fait d’être étudiant-e semble se constituer en atout
et conférer une dimension « haut de gamme » à la prostitution : les
étudiant-e-s sont demandé-e-s des clients et les personnes en
situation de prostitution mettent en avant cette caractéristique,
parfois sans être réellement inscrit-e-s à l’université.
Il apparaît donc que les raisons qui conduisent à la prostitution ne
diffèrent pas en milieu étudiant : précarité, souffrances et
maltraitances, ruptures familiales, domination et emprise ne sont
en aucun cas des maux réservés à celles et ceux qui fréquentent
l’université.
Il en va de même pour l’impact de la prostitution, à un niveau
psychologique, social, somatique, sanitaire : nous savons qu’elle
peut se révéler aussi dangereuse, destructrice et difficile à
interrompre pour les étudiant-e-s que pour les autres personnes.
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
PLANNING FAMILIAL 13
Education à la sexualité, éducation sexualisée
CLAIRE RICCIARDI, porte-parole du Planning Familial13
Conseillère conjugale et familiale, Responsable nationale de la commission Education à la sexualité.
HISTOIRE DU
MOUVEMENT FRANÇAIS DU PLANNING FAMILIAL
Je commencerai par parler de l’histoire du mouvement français
pour le planning familial. Je vous parlerai des valeurs que portent
les animatrices et les animateurs qui y travaillent.
Notre nom, Planning familial, est devenu un terme générique, et à
Marseille, ou dans d’autres villes, les professionnels, les usagers et
usagères, font rarement la différence entre l’association
mouvement français pour le planning familial et les services de
planification des conseils généraux.
Pourtant, le Planning familial est une association Loi 1901, qui garde
son indépendance politique et se sert de ses observations sur le
terrain pour interpeller les pouvoirs publics. Nos prises de
positions sont d’ailleurs attendues et nous sommes parfois même
instrumentalisé-es. Rappelons nos communiqués sur le port du
voile, la prostitution et les assistants sexuels…
ÉDUCATION A LA SEXUALITÉ
En France, l’introduction de l’éducation à la sexualité au
programme de l’Education nationale a été obtenue par un rapport
de force. L’école laïque se voulait être le lieu de la transmission des
connaissances, en opposition avec l’enseignement privé où la
morale primait.
Les premières expériences d’information sexuelle ont été
effectuées entre 1958 et 1968, à l’initiative d’associations comme
le Planning familial, l’Ecole des parents, la Mgen ou Couple et
famille. Leur objectif principal était de transmettre des
informations basées sur des faits biologiques et des connaissances
scientifiques. Elles se faisaient dans un esprit de contestation et de
résistance à l’ordre médical et au patriarcat.
En 1973, l’information et l’éducation sexuelle ont été intégrées à
l’enseignement facultatif du programme de l’Education Nationale.
A partir de 1976, à la suite de la Loi Veil sur l’IVG, l’information
devient obligatoire, afin de prévenir les grossesses non désirées.
C’est donc la réprobation de l’IVG qui a incité à promouvoir
l’éducation à la sexualité et à organiser une politique de prévention.
En 1985, l’épidémie du sida bouleverse l’approche de la sexualité et
des risques qui y sont liés : de la peur de parler de la sexualité, nous
passons alors à la peur de ne pas en parler.
Le texte de Loi sur l’IVG est modifié en 2001. Le délai de semaines
d’aménorrhée est allongé (14 semaines au lieu de 12) et les
mineures obtiennent la possibilité d’avoir recours à l’IVG sans
autorisation parentale.
Au même moment, la loi inclut l’obligation d’informer et
d’éduquer à la sexualité, par des interventions dans les
établissements scolaires, à raison d’au moins trois heures
annuelles, par groupe d’âge homogène.
L’idée de l’intégration de l’éducation à la sexualité au parcours
scolaire a depuis fait son chemin. Elle est admise, tant par le corps
éducatif que par l’opinion publique.
Néanmoins, si les missions des associations peuvent relever des
mêmes textes, la couleur de l’intervention dépend de l’histoire
politique de l’institution qui la porte et elle est incarnée par la
personne qui la met en œuvre.
Crée en 1956, le Planning familial, association, militante
et de lobbying est actif sur le terrain pour témoigner et
revendiquer.
QUATRE TEMPS MOBILISATEURS ET FEDERATEURS
• Mobilisation pour la légalisation de la contraception
(Loi de 1962)
• Mobilisation pour la légalisation de l’IVG (Loi de
1975)
• Mobilisation pour la prise en compte du VIH et sa
déclinaison particulière chez les femmes
(clarifications et renouvèlement de nos réflexions
sur la sexualité)
• Mobilisation pour la prise en compte des violences
(renouvèlement de nos réflexions sur la hiérarchie
de genre et les assignations liées au sexe).
RÉALITÉ SOCIALE
ET RAPPORTS SOCIAUX DE SEXE
Depuis 50 ans, la réalité sociale, en France, a considérablement
évolué:
• la contraception est diffusée massivement ;
• l’avortement légalisé n’entraîne plus de décès ;
• le niveau d’instruction des filles a augmenté considérablement
et les femmes sont arrivées en masse sur le marché du travail ;
• l’espérance de vie des femmes s’est exceptionnellement
allongée.
Pour autant, les rapports sociaux de sexe n’ont pas connu de
transformation radicale. L’asymétrie des rapports hommesfemmes et la hiérarchisation des schémas du masculin et du
féminin restent prégnantes.
Nous pensons important de mettre ce phénomène en lumière et de
le questionner.
Bien qu’en France les filles soient majoritairement plus diplômées
que les garçons, les femmes occupent des postes moins
prestigieux et, à travail égal, elles sont généralement moins bien
payées que les hommes.
Le taux d’activité des femmes s’est considérablement accru. Pour
autant, la répartition du travail domestique n’est toujours pas
égalitaire et il n’a été affecté que de quelques minutes, sur les trois
dernières décennies.
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
Les mères assument encore majoritairement les tâches familiales
: elles vont chercher les enfants à l’école, elles les gardent lorsqu’ils
sont malades, elles s’occupent des parents âgés...
•
L’institution familiale a connu de nombreuses transformations,
liées à l’augmentation du nombre de divorces et de séparations. Les
familles monoparentales sont devenues légion mais le terme n’est
qu’un euphémisme pour évoquer la situation de femmes vivant
seules avec leur(s) enfant(s) et exerçant souvent un travail à
temps partiel.
La posture professionnelle de l’animateur est une posture de non
jugement, d’écoute, de reformulation et de questionnement.
Ces compétences s’acquièrent par la formation professionnelle et
par un travail permanent d’analyse de sa pratique, de réflexion et
de renouvellement de ses outils.
La sexualité est inclue dans ces rapports sociaux de sexe, qu’on
nomme aussi rapports de genre. Les attentes sociales liées à
chaque sexe déterminent la sphère des relations affectives et
sexuelles.
Les femmes sont soumises à l’injonction d’être désirables,
séduisantes, de s’intéresser au sexe, sans être « coincée », elles
ne doivent pas être « faciles », et elles doivent rester « jeunes ».
Les hommes continuent à être ceux qui se doivent « d’assurer »
socialement et sexuellement.
Par ailleurs, s’il existe une certaine « tolérance » vis-à-vis de
l’homosexualité, la question de la sexualité se pense toujours
majoritairement autour du modèle hétérosexuel.
PRATIQUES PROFESSIONNELLES
ET POSITIONNEMENT DU PLANNING FAMILIAL
Les comportements des jeunes ne sont que le reflet des enjeux
sociétaux.
Dans une société où chacun devient responsable et coupable de
ses écarts, nous ne voudrions pas être les vigiles d’un nouvel ordre
sexuel.
Nous ne souhaitons pas être instrumentalisées pour répandre un
nouvel ordre social de la femme qui travaille, utilise correctement
son moyen de contraception, devient mère tout en restant
femme…
Nous souhaitons être attentives à ne pas homogénéiser les
groupes que nous rencontrons : les jeunes, les handicapés, les
immigrés, les femmes, les homosexuels…mais au contraire penser,
avec eux, la complexité des relations, des appartenances, des
statuts, des projets et des moments de vie.
Nous ne voulons pas parler à la place des personnes que nous
accompagnons.
Intervenir auprès des jeunes gens et des jeunes filles impose
un positionnement et des méthodes qui prennent en compte
cette complexité, sur laquelle les jeunes se questionnent et
nous questionnent.
La prévention est, en effet, ce difficile équilibre entre la réflexion
sur les risques, l’information sur les moyens d’éviter ces risques,
sans tomber dans la stigmatisation de celles et de ceux qui ne les
auront évités :
• parler d’hygiène alimentaire, sans stigmatiser la personne en
surpoids,
• parler de l’excision, sans qu’une femme excisée ait l’impression
d’être un monstre,
• prévenir le VIH, sans stigmatiser les séropositifs,
prévenir les grossesses non désirées, sans jeter l’opprobre et
menacer des pires conséquences physiques et psychiques celles
qui auraient recours à l’IVG.
Nous avons constaté que la posture de l’animateur, en cohérence
avec ce qu’il elle énonce, est essentielle : c’est bien parce que l’on
se montre capable d’entendre et de respecter les questionnements
des personnes, que celles-ci pourront évoluer dans leur réflexion et
chercher à trouver de l’aide quand elles en auront besoin.
Ma conclusion revient à dire que nous faisons, toutes et tous, en
permanence, de l’éducation à la sexualité et que nous devons
seulement en prendre conscience.
Servons-nous de nos séances avec les jeunes, de ce qu’ils et elles
nous disent des injonctions qu’ils et elles perçoivent pour
réfléchir avec eux, mais aussi avec les adultes aux modèles que
nous leur proposons, dès leur plus jeune âge.
Le Planning familial, historiquement, souhaitait créer l’appellation
« éducation sexualisée », plutôt que celui « d’éducation à la
sexualité », signifiant ainsi que la dimension sexuelle et sexuée
devrait être abordée par tous les éducateurs et éducatrices.
On nous dit souvent, un peu sous la forme d’un reproche, que nous
sommes militantes. C’est vrai, nous sommes des professionnelles
engagées !
Militantes de l’égalité femmes- hommes …
Militantes du droit de choisir et de vivre la sexualité de
son choix…
Militantes de la citoyenneté et de la démocratie…
Je suis sûre que beaucoup d’entre vous nous rejoignent sur ces
idées.
DE L’INTERET DE L’EDUCATION A LA SEXUALITE,
QUAND L’EGALITÉ N’EST PAS ENCORE ACQUISE
• Quand une femme dit ‘je suis enceinte’ et qu’on lui
demande : « c’est un garçon ou une fille ? »
• Quand on s’extasie, en famille, devant le petit
garçon tout nu en disant : « qu’il est mignon ce petit
zizi ! »
• Quand on ne s’extasie pas, en famille, devant la
petite fille toute nue, en ne disant pas : « qu’elle est
mignonne cette petite foufoune (c’est le terme
employé dans le sud) »
• Quand on dit à sa fille : « tu ne vas pas t’habiller
comme ça pour sortir ?! »
• Quand on dit à sa fille : « est ce qu’il y aura
quelqu’un pour te raccompagner ? »
• Quand on ne dit pas à son fils : « est ce qu’il y aura
quelqu’un pour te raccompagner ? »
• Quand on regarde la publicité : « il a la voiture, il
aura la femme »
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
SOS FEMMES 13, FEDERATION NATIONALE SOLIDARITÉ FEMMES
Violences faites aux femmes et aux filles, un héritage sans testament
AMEL ARVIN-BEROD, Directrice
L'ONU qualifie de "pandémie" les violences faites aux
femmes et aux filles. Malgré l'attention portée ces dernières
années à ces violences, elles restent encore à un niveau
"inacceptable" selon l'OMS, qui estime que les efforts
déployés sont insuffisants.
En 2014, l'OMS mettait en garde, dans une série d'études
publiées dans la prestigieuse revue médicale The Lancet, le
fait qu’une femme sur trois ait déjà été victime de violences
conjugales dans le monde.
COMMENT EXPLIQUER CE CONTINUUM DES VIOLENCES ?
La première image est celle d’un ventre qui s’arrondit.
Toutes les femmes enceintes se sont vues poser la même
question : « C’est une fille ou un garçon ? » On n’interroge
pas sur la taille du fœtus ou sur son poids, bien que la science
permette de disposer de ces informations…Le temps de
l’échographie est suspendu généralement à la révélation du
sexe de l’enfant.
Dès lors, l’entourage se projette. L’enfant attendu, jusque-là
asexué, endosse une identité. Le petit garçon devient
porteur du patronyme, de la continuité de la lignée. Il y a
comme un soulagement qui accompagne la venue d’un fils.
Alors que la venue d’une fille est parfois encore vécue avec
un soupçon de déception, voire comme un échec.
Dans certaines cultures, aujourd’hui encore, des femmes
sont répudiées sous prétexte qu’elles n’ont pas été capables
de « donner » un héritier. Dans certains milieux, on préférera
divorcer, pour se « redonner» une chance de transmettre
son patrimoine à un fils.
Ainsi lorsque l’enfant parait, il devient porteur d’un
héritage familial et sociétal. Sa place dans la famille,
comme sa place dans la société sera conditionnée à une
question de genre.
BLEU POUR LES GARCONS, ROSE POUR LES FILLES
L’assimilation par les filles et les garçons du rôle associé à
leur sexe commence dès le berceau… Les codes couleurs
définissent les catégories : impensable d’habiller un garçon
en rose !
Les jouets et les albums pour enfants participent à la
construction des identités, à partir de modèles de
comportements auxquels les enfants s’identifient.
Les stéréotypes correspondent à la division traditionnelle
des rôles sexués : on offre aux petits garçons des armes, des
jeux de construction, qui invitent au mouvement tandis que
la petite fille reçoit des poupées, une dînette, des appareils
ménagers miniatures, qui invitent au confinement.
Ces clichés sexués persistants sont constamment relayés par
la publicité, les livres, les dessins animés, les contes pour
enfants (Papa au boulot, maman derrière les fourneaux, le
prince charmant qui délivre la princesse…).
Ces stéréotypes de genre, sexistes, construisent et
confortent des attentes différentes à l’égard des filles et
des garçons : les petites filles devront être calmes,
appliquées, affectueuses, coquettes, attentives aux autres
- les petits garçons inventifs, vifs, turbulents, voire
violents…
Ainsi, dans la plupart des sociétés dont la nôtre, on considère
par exemple que la femme est « naturellement» douée pour
s’occuper des enfants, ce qui « justifie » qu’elle assume les
activités éducatives et de soins dans le foyer.
Dès leur plus jeune âge, les garçons sont éduqués à
l’agressivité, la compétition, à masquer leurs émotions, à ne
pas pleurer. C’est le prix à payer pour pouvoir dominer, plus
tard, presque toutes les sphères de la vie publique.
Ainsi, même si le milieu familial ne les enferme pas dans les
stéréotypes, les lieux de socialisation et notamment, l’école
y contribuent.
« LA FABRIQUE DES GARÇONS »10 ,
LA FABRIQUE DES HOMMES
Des travaux récents montrent que les transgressions et les
difficultés scolaires rencontrées par les garçons sont, le plus
souvent et, quel que soit leur milieu social d’origine, liées à
la construction même de leur identité masculine.
Au collège, ils représentent 80 % des élèves sanctionnés tous
motifs confondus, 92 % des élèves sanctionnés pour des
actes relevant d’atteinte aux biens et aux personnes, ou
encore 86 % des élèves des dispositifs Relais qui accueillent
les jeunes entrés dans un processus de rejet de l’institution
scolaire.
Les jeunes garçons se trouvent confrontés à l’injonction
sociale de la virilité. Ils se trouvent pris entre deux systèmes
normatifs. Le premier traditionnellement associé à la
féminité, véhiculé par l’école, prône les valeurs de calme, de
sagesse, de travail, d’obéissance, de discrétion. Le deuxième,
relayé par la société civile, valorise les comportements virils
et encourage les garçons à enfreindre les règles, à se montrer
insolents, à monopoliser l’attention et l’espace, à faire usage
de leur force physique et à s’afficher comme sexuellement
dominants.
10
Pour en finir avec la fabrique des garçons, vol. 1 et 2, Sylvie
Ayral et Yves Raibaud
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
LA THESE DE L’EXPLICATION SCIENTIFIQUE ?
Pour justifier cette répartition des rôles, certains s’appuient
sur des études qui défendent l’idée selon laquelle les
hommes et les femmes ne fonctionneraient pas de la même
manière, en raison de différences innées, liées au
fonctionnement cérébral.
Conclusions hâtives qui occultent un point non
négligeable: les différences observées, par les chercheurs,
seraient quasiment imperceptibles durant l’enfance.
En grandissant, garçons et filles voient leur cerveau évoluer
et se former progressivement. C’est ce qu’on appelle la
« plasticité cérébrale », un phénomène avéré selon lequel
« la majorité des milliards de connexions neuronales se
construisent à partir du moment où l'enfant est en
interaction avec son environnement (...). Pour qu'elles se
développent, les interactions sociales sont indispensables ».
Catherine Vidal est directrice de recherche à l'Institut
Pasteur et elle est particulièrement active en vulgarisation
scientifique, notamment concernant le déterminisme en
biologie et contre ce qu'elle appelle le « neurosexisme ».
Après avoir comparé des IRM de cerveaux d’hommes et de
femmes, elle affirme que les différences sont plus
importantes au sein d’un même sexe, plutôt qu’entre les
catégories des hommes/femmes.
VIOLENCES CONJUGALES
Nous apprenons donc les rôles qui sont spécifiques à notre
sexe, nous intégrons les stéréotypes et par là même nous
intégrons l’idée de la domination masculine. La violence
conjugale est un fait de société caractéristique de cette
domination masculine. Nous sommes donc vulnérables à la
violence conjugale, que ce soit en tant qu’acteur, spectateur
ou transmetteur.
C’est par la transmission d’éléments qui corroborent cette
domination masculine que l’on permet à la violence
conjugale de se produire et de se reproduire.
De manière quasi invisible et inconsciente, cette
transmission a non seulement lieu entre hommes, mais aussi
entre femmes. Une des forces premières des violences
conjugales s’appuie sur son fondement : l’infériorité de la
femme par rapport à l’homme, est si profondément ancrée
dans l’inconscient collectif qu’elle passe pour naturelle.
Ainsi, les femmes transmettent, entre elles et de générations
en générations, des schémas de pensées et d’actions qui les
conditionnent à l’acceptation ou l’incapacité de réaction à
ces violences. Les femmes participent, inconsciemment, à
leur propre soumission.
L’EXPOSITION DES ENFANTS ET DES ADOLESCENTS
AUX VIOLENCES CONJUGALES
Les enfants et adolescents exposés aux violences conjugales
sont confrontés à l’énigme d’un lien entre père et mère basé
sur la violence. Ils sont piégés par la sidération et par le
silence du huis clos familial source de traumatisme. Ils sont
enferrés dans les enjeux transgénérationnels où la violence
fait lien.
La violence peut alors potentiellement être à nouveau mise
en acte, de générations en générations.
Enfants et adolescents ne ressortent jamais indemne de ces
situations de violences :
• 60% d’entre eux souffrent du syndrome de stress
post-traumatique (LEHMANN, 1997)
• Ils-elles souffrent souvent de problèmes affectifs :
dépression, anxiété, refus d’aller à l’école, retrait
des interactions sociales et difficulté à se séparer de
leur mère (Sternberg et col. 1993 ; Sudermann et
Jaffe, 1997)
• Ils-elles ont 10 à 17 fois plus de risques de
développer
des
problèmes
affectifs
et
comportementaux que les enfants appartenant à
un foyer non violent
• Ils-elles risquent 6 à 15 fois plus d’être plus tard eux
même maltraités (physiquement, psychiquement
ou sexuellement) (JAFFE, WOLFE, WILSON, 1990)
• Les actes d’agression contre les pairs, les
enseignants et les mères sont plus fréquents chez
les enfants et les adolescents qui sont témoins
d’actes de violences envers les femmes (JAFFE et
coll., 1986 ; KERIG et coll., 1998)
COMMENT ENDIGUER CE PHENOMENE ?
Il faut s’intéresser à la violence conjugale en tant que
phénomène social et non plus comme une pathologie
individuelle.
On se focalise sur la psychologie alors qu’il s’agit d’une
pratique sociale et sexuée.
Non pas que la psychologie soit inapte à étudier la
problématique mais simplement insuffisante, l’approche
idéale étant interdisciplinaire.
VIOLENCES CONJUGALES, EN CHIFFRES
Etude Nationale sur les morts violentes au sein du couple
Ministère de l’Intérieur, 2013
278 personnes sont MORTES du fait des violences conjugales
159 personnes décédées, victimes de leur partenaire ou expartenaire au sein de couples non officiels
81% sont des femmes (129 femmes tuées)
33 enfants et adolescents sont morts
24 hommes tués (9 des 24 hommes tués étaient auteurs de violences)
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
SOS HOMOPHOBIE
Mieux vivre ensemble, action collective de SOS HOMOPHOBIE
JEANNE INGHEL, Volontaire en Service civique à la FESJ
Au collège Jean Moulin de Marseille, pour la deuxième année
consécutive, s’est tenue la journée du « mieux vivre
ensemble », durant laquelle 16 intervenants sociaux ont
proposé des ateliers d'une heure, sur un sujet pour lequel
leur expertise est reconnue. L'association SOS Homophobie
est intervenue auprès des classes de 3ème.
Dans la salle de classe, sept élèves s'installent sur les chaises
disposées en cercle. Sont également présentes une
professeur, deux intervenantes et moi-même, Jeanne Inghel,
volontaire en service civique, à la Fédération des Espaces
Santé Jeunes.
Après nous être présentés, l'intervenante demande aux
élèves, avant de commencer, s'ils préfèrent être tutoyés ou
vouvoyés, et le tutoiement l'emporte.
QU'EST-CE QUE L'HOMOPHOBIE ?
Les intervenantes commencent leur intervention par la
présentation de l'association SOS Homophobie et du sujet
qu'elle aborde : l'homophobie.
Les élèves confondant majoritairement les termes
« homophobie » et « homosexualité », elles expliquent que
l'homophobie constitue une discrimination basée sur
l'orientation sexuelle, une discrimination étant « la situation
dans laquelle, sur le fondement de son appartenance ou de
sa non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie ou
une race, sa religion, ses convictions, son âge, son handicap,
son orientation ou son identité sexuelle, son sexe ou son lieu
de résidence, une personne est traitée de manière moins
favorable qu'une autre ne l'est, ne l'a été ou ne l'aura été
dans une situation comparable »11.
Puis, SOS Homophobie prônant la défense des LGBT, nous
cherchons collectivement à identifier cet anagramme :
Lesbienne Gay Bisexuel Transgenre / Transexuel.
Pour chaque terme, nous listons les autres noms que nous
connaissons, en essayant de réfléchir sur leur sens premier
et leur connotation : par exemple Gay signifie en réalité Good
As You, « gouine » désignait à l'origine un garçon vacher en
bas de l'échelle sociale, « pédé » ne vient pas de pédophile
(il est bien expliqué que la pédophilie est un crime) mais de
« pédéraste » qui était l'instructeur des jeunes hommes de la
Grèce Antique dans tous les domaines y compris les relations
sexuelles.
« transgenre / transsexuel », afin de bien le différencier de
celui de travesti, auquel les élèves ont aussi pensé : un-e
travesti-e s'habille comme une personne du sexe opposé,
tandis que « la transsexualité est le fait pour une personne
de se sentir d'une identité sexuelle opposée à son sexe
physique de naissance »12, mais n'a rien à voir avec
l'orientation sexuelle.
QU'EST CE QUI PEUT DECLENCHER L'HOMOPHOBIE ?
« Si vous appreniez que votre frère est homo, comment
réagiriez-vous ? », demande une intervenante. A l'évocation
de cette idée, les réactions physiques sont fortes et
nombreuses chez les élèves : on remue sur les chaises, on
mime le dégoût, etc. « Si mon frère est pédé, je le frappe, un
homme est fait pour être avec une femme, sinon c'est pas
normal, c'est dégueulasse ! », dit un élève, « c'est sale ! »
ajoute un autre, tandis qu'immédiatement deux ou trois
autres élèves acquiescent. « C'est l'honneur qui prend, après
les autres vont dire que toute la famille aussi elle est pédé »,
« c'est contre ma religion ».
Voici quelques exemples, tirés des réactions des élèves, de
ce qui peut déclencher l'homophobie : la peur de la
« contagion », la religion, la réputation, les préjugés autour
de la sexualité homosexuelle (saleté, etc), ou bien tout
simplement la peur, avec le témoignage d'une jeune fille,
« moi, ça me fait peur les lesbiennes, ça me perturbe ».
Nous évoquons alors la question de l'homosexualité et sa
place dans la religion, en particulier lorsque cette pratique
est prohibée : ceci est souvent cause de grande douleur car
l'individu est divisé entre sa religion et sa sexualité. Il existe
un site internet, qui aborde ces questions, et peut être un
lieu ressource pour les jeunes homosexuel(le)s croyant(e)s :
www.cestcommeca.net.
Les deux intervenantes font un détour par le terme
Une grande méconnaissance apparaît chez les élèves,
lorsqu'ils évoquent la « transmission » de l'homosexualité,
vue comme une maladie, un virus, une pathologie. Nous
entendons dire qu'un enfant élevé par des parents
homosexuels sera lui-même homosexuel, par transmission
(les élèves citent les gènes pour justifier, puis l'éducation).
Mais ils appuient aussi sur le fait qu'un enfant de couple
homosexuel aura une « mauvaise réputation dès le départ ».
L'intervenante de SOS Homophobie en profite pour faire le
parallèle avec les enfants de couples divorcés, ou de mères
célibataires (les « filles mères ») considérés il y a quelques
décennies comme des « bâtards », des enfants marqués,
traumatisés, qui seraient incapables de mener une vie
amoureuse normale, voués aux divorces à répétition. La
11http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT
12http://www.adheos.org/transexualite-transgenre
Il est difficile pour les élèves de prononcer, pour la première
fois, le terme « homosexuel », mais ils se prêtent au jeu des
synonymes et sont très prolixes après quelques minutes.
000018877783
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
comparaison fait réfléchir les adolescents sur leurs propos.
Les intervenantes distribuent des papiers afin que chacun y
note une question, une réflexion, un avis, de manière
anonyme, puis les papiers sont ramassés et lus en public. Sur
la plupart des papiers, il est écrit « j'aime pas les gays », et il
est à nouveau question de tolérance : peut-on tolérer
quelque chose que l'on n’aime pas ? Un des papiers contient
une réflexion allant dans ce sens : « j'aime pas les gays mais
ça me dérange pas », incluant la notion de tolérance et de
respect de la différence.
QUELLES SONT LES MANIFESTATIONS ET
LES CONSEQUENCES DE L'HOMOPHOBIE ?
Violence, rejet, dénonciation en public de l'intime,
harcèlement, injures, les mots fusent pour parler des
manifestations concrètes de l'homophobie.
Cette homophobie peut être dirigée envers les personnes
homosexuelles, réelles ou supposées, mais aussi envers leur
entourage : famille, amis, collègues, etc.
A la question des conséquences de l'homophobie, les élèves
évoquent le « suicide » pour les victimes, ainsi que la
« prison » ou les « amendes » pour l'agresseur.
En effet, le taux de tentative de suicide chez les homosexuels
(le)s de 15 à 25 ans est de 25%.
Lorsqu'en fin de séance, les deux intervenantes demandent
aux élèves ce qu'ils ont pensé de l'intervention, de la
discussion, l'un d'eux dit : « il y avait des choses
choquantes ». En effet, le sujet choque encore souvent,
puisqu'il est toujours tabou. Il est donc important, selon les
intervenantes, de pouvoir parler de ces sujets sans aucune
forme de tabou : la démarche ici n'est pas de convaincre
coûte que coûte, mais de faire réfléchir, d'amener à la
discussion, à la libre parole, afin de donner des clés de
réflexion aux élèves.
DE L'HOMOPHOBIE A LA TOLERANCE DE LA DIFFERENCE,
UN LONG PARCOURS.
« Qu'est-ce qui vous autorise à décréter que la conduite de
l'autre, ici l'homosexuel(le), est mauvaise ? », demande
l'intervenante. « Si on veut le guider, c'est pour son bien,
pour pas qu'il fasse des trucs dégueulasses ! » rétorque un
élève. Peu à peu, nous abordons la question du vivreensemble, de remplacer un « je n'aime pas » par un « je
préfère », dans la tolérance et le respect.
Le pari semble réussi, puisque toute la classe débat encore
en partant en récréation.
Nombre de classes : 5
Nombre d’élèves : 40
Questions générales sur le
déroulement de l’intervention
J’ai pu prendre la parole si je le
voulais
Les intervenant-e-s m’ont mis à
l’aise pour parler
J’ai trouvé que les
animatrices/animateurs
connaissaient bien leur sujet
Questions, Après ce débat…
Oui
Non
Question : Un début comme celui-ci permet de
mieux comprendre ce que sont l’homophobie
(lesbophobie, gayphobie, biphobie) et la
transphobie.
Question : J’ai trouvé que des interventions de ce
type permettent de faire avancer le respect de
chacun/chacune envers les personnes lesbiennes,
gay, bi, trans.
Question : J’ai trouvé que les intervenant-e-s ont
bien expliqué les lois protégeant les homosexuelle-s et sanctionnant l’homophobie (agressions
physiques et verbales ; discriminations…).
Question : J’ai trouvé que des interventions de ce
type sont utiles pour faire reculer l’homophobie.
95%
5%
Tot
al
38
16%
38
86%
14%
35
73%
27%
37
Non
Total
87%
13%
38
90%
10%
39
97%
3%
38
L’HOMOPHOBIE
N’EST PAS UNE
OPINION
84%
Oui
42
GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
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GAMET, M-L. ; MOISE. C, Les violences sexuelles des
mineurs. Victimes et auteurs : de la parole au soin, Coll.
Enfance, Dunod, 2010
NGUYEN, Swan. Comment aider une victime de viol ou
d’inceste, Editions l’Esprit du Temps, 2011.
ARTIFONI. C, CHEBBA. L, COURTIN. F, Voix de femmes : quel
choix face à un mariage forcé ?, Ed. In libro veritas, 2008.
OUVRAGES GENERALISTES
Blanchard, Véronique et al., Les jeunes et la sexualité.
Initiations, interdits, identités (XIXe-XXIe siècle), Paris,
Autrement « Mutations », 2010.
BRACONNIER, A. et GOLSE. B, Sexe, sexuel, sexualité, Du
bébé à l’adolescent, éd. « Le carnetPsy » Erès, 2014.
Syndicat de la Magistrature (ouvrage collectif), Le sexe et ses
juges, éd. Syllepse, 2006
LITTERATURE
DESPENTES, V. King Kong Théorie, Paris, Le Livre de Poche,
2006
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GAZETTE, FEDERATION DES ESPACES SANTÉ JEUNES - FEVRIER 2015
AGENDA
24/03/15, Lyon, 2e
« Amour et séduction : éduquer n’est pas séduire »
Conférence –débat en présence de Daniel Marcelli (professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent dans le cadre du
cycle « Aimer » organisé par le Groupe lyonnais de psychanalyse Rhônes-Alpes.
Groupe lyonnais de psychanalyse Rhônes-Alpes, 25, rue Sala, 69002 Lyon
Renseignements : 04.78.38.78.01. – Email : [email protected]
26/03/15, Paris 5e
9e journée d’Etudes de la Société Française pour la Santé de l’Adolescent
« Ados, le Sexe et nous… »
Maison des Mines et des Ponts et Chaussées
270, rue St Jacques, Paris 5e
Renseignements : [email protected]
8 et 9 juin 2015, Paris 13e
Colloque « Genre et santé » organisé par l’Institut Emilie du Châtelet, en partenariat avec l’Inserm
Université Paris Diderot, amphi Buffon, 15 rue Hélène Brion
Renseignements : 01 40 79 53 63 - [email protected]
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RETROUVEZ LES ESPACES SANTÉ JEUNES QUI ONT CONTRIBUÉ A CETTE GAZETTE !
ESJ ASNIERES-SUR-SEINE
ESJ AUBAGNE
ESJ CLERMONT
L’HERAULT
ESJ COLOMBES
ESJ LYON
11, Avenue Lamartine
92600 Asnières-sur-Seine
« les Tuileries »
18, bd gambetta
13400 AUBAGNE
16, Avenue Maréchal
Foch
34800 ClermontL’Hérault
6, rue du 11 novembre
1918
92700 Colombes
66, Cours Charlemagne
69002 Lyon
Tel. : 01.78.99.41.66
[email protected]
Tél. : 04 42 84 41 08
[email protected]
Tel : 04 67 88 44 70
Tél. : 01 47 60 43 16
[email protected]
Tel : 04 78 37 52 13
@ : [email protected]
ESJ LA CIOTAT
ESJ MARSEILLE
ESJ NANTERRE
ESJ REIMS
ESJ VILLENEUVE-LAGARENNE
Rue Vence
13 600 La Ciotat
35, rue Estelle
13001 Marseille
4, impasse du Chemin de
Fer
92000 Nanterre
34, rue de Trianon
51100 REIMS
196, boulevard Gallieni
92390 Villeneuve-laGarenne.
Tel : 04.42.70.34.76
Tel : 04.91.13.71.87
[email protected]
Tel : 01 41 37 76 08
Tél : 03.26.40.11.94 ou
03.26.08.38.45
Tel : 01.41.21.41.27
RETROUVEZ LES PARTENAIRES QUI ONT CONTRIBUÉ A CETTE GAZETTE !
AMICALE DU NID 13
PLANNING FAMILIAL 13
SOS FEMMES 13
60, Boulevard Baille,
13006 Marseille
Tel : 04 91 29 77 00
106, Boulevard National,
13003 Marseille
10, Avenue du Prado,
13006 Marseille
AMICALE DU NID 34
3, Rue Anatole France
34000 Montpellier
Tel : 04 67 58 13 93
Tel : 04 91 91 09 39
Tel : 04 91 24 61 50
FESJ, ADHESION 2015
Nom : ……………….….
Fonction ………………..
Structure : ………………….
Adhésion au titre de la structure : 250E
Adhésion à titre individuel : 50E
Merci de libeller votre chèque à l’ordre de la FESJ et de l’envoyer à
l’adresse suivante : FESJ, 35 rue Estelle, 13001 Marseille.
Date : …………….
Signature :
SOS HOMOPHOBIE
Tel : 01.48.06.42.41
[email protected]
APPEL A CONTRIBUTIONS
LES DEUX PROCHAINS NUMEROS DE LA
GAZETTE PORTERONT SUR
LES ADOLESCENTS ET LE NUMERIQUE
LES ADOLESCENTS ET LE HARCEMENT SCOLAIRE
N’HESITEZ PAS A NOUS FAIRE PARVENIR VOS
ARTICLES, SUGGESTIONS & PROPOSITIONS.
MERCI !
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FEDERATION DES ESPACES SANTE JEUNES
MEMBRES DU CONSEIL D’ADMINISTRATION
Xavier Vanderplancke, Président, ESJ Lyon
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Virginie d’India, Vice-Présidente, ESJ Issy-les-Moulineaux
[email protected]
Verena Sabatino, Vice-Présidente, ESJ Aubagne
[email protected]
Emilie Touchot, Secrétaire générale, IMAJE SANTE
[email protected]
Chantal Charles, Trésorière
[email protected]
[email protected]
Béatrice Raekelboom, ESJ Toulon
Marine Rougé, ESJ La Ciotat
[email protected]
Nathalie Spiteri, ESJ Gennevilliers
[email protected]
Béatrice Daga, ESJ Gardanne
[email protected]
Jean-Michel Simon, ESJ Ajaccio
[email protected]
Valérie Verdier, ESJ Tours
[email protected]
Anne-Marie Servant, Personnalité qualifiée
[email protected]
Max Daniel, Personnalité qualifiée
[email protected]
VOLONTAIRES EN SERVICE CIVIQUE
Sidney Cadot Sambosi
Jeanne Inghel
[email protected]
[email protected]
COORDINATRICE
Daniela Levy
[email protected]
Fédération des Espaces Santé Jeunes, FESJ
35, rue Estelle 13001 Marseille
www.fesj.org / Tel : 04 91 13 71 89 / Portable : 06 35 13 14 29
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