l`officinea une carte à jouer

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L’OFFICINE A UNE
CARTE À JOUER
Développer le marché de l’automédication, soit.
Mais sans les pharmaciens, le défi relèverait d’une
mission impossible. Pour mieux cerner les freins
et les leviers à un essor de l’automédication depuis
le giron officinal, Direct Research, la division
« Enquêtes et Etudes » de Direct Medica, a consulté
les pharmaciens…
——————
ésireux d’élargir le segment de l’automédication,
encore insuffisamment exploité, le pharmacien se dit
prêt à investir pour « stimuler » ce
marché. Tel est le portrait que dessinent les résultats de l’enquête*
menée par le département Enquêtes
et Etudes de Direct Medica. Les titulaires d’officine interrogés soufflent
même trois pistes de réflexion aux
décideurs politiques et industriels :
renforcer leur positionnement dans
le système de soins, clarifier la politique de prix des médicaments
concernés et sensibiliser les
Français.
Le marché de l’automédication
stagne et les pharmaciens en ont
pleinement conscience : 70 % des officinaux interrogés ont perçu ce flottement sur l’année 2006. Ils sont
d’ailleurs autant à ne pas avoir mis
en place davantage d’actions spécifiques que l’année précédente pour
donner un coup de pouce au marché. Il faut dire que la part de chiffre
d’affaires réalisée en automédication
reste peu importante pour la majorité d’entre eux (73 %) et la marge dégagée négligeable : 61 % la considèrent « assez forte » et 38 % « assez
faible ».
4ENQUÊTE DIRECT RESEARCH POUR PHARMACEUTIQUES
D
444
Quels sont les leviers
pour développer ce
segment de marché ?
SOURCE : DIRECT RESEARCH POUR PHARMACEUTIQUES
Prescription pharmaceutique. En
revanche, les voici aujourd’hui mûrs
pour investir : 39 % estiment le moment très opportun et 42 % « un
peu » opportun. Avant de s’engager
Vous semble-t-il opportun
d’investir pour développer
ce marché ?
Quels sont les freins
au développement
de l’automédication ?
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plus avant dans l’aventure de l’OTC,
analysons ce qui, pour les pharmaciens, empêchait jusqu’à présent l’automédication de se frayer un chemin
digne de ce nom dans les méandres de
l’offre pharmaceutique. La concurrence des produits semi-éthiques remboursés est le premier frein cité (44 %),
devant le niveau de prix public élevé
des produits disponibles en automédication (28 %), le désintérêt des médecins pour ce type de produits (13 %)
et l’idée reçue, pour nombre de patients, selon laquelle automédication
rime avec moindre efficacité (11 %).
Des chiffres qui confirment la tendance observée par les industriels et
les pouvoirs publics. Pour l’inverser, les
tenants de la croix verte ont répondu
d’une seule voix à Direct Research :
leur implication est, selon eux, un levier essentiel et nécessaire au dévelop-
pement de l’automédiil faut l’avouer, encore très frileux des
cation. Une implicaprescripteurs et des patients ». Depuis
tion de quel ordre ?
leur comptoir, les pharmaciens estiPascal Louis, président
ment enfin que renforcer leur rôle de
du Collectif national
conseil, fixer des prix attractifs, choides groupements de
sir le référencement et adapter le merpharmaciens d’officine
chandising ne peuvent que dévelopà l’origine d’un Livre
per l’automédication.
blanc édité en juin derA cette maturité, s’ajoute une presnier, plaide pour la
sion européenne : la vente des méprescription pharmadicaments d’automédication dans
ceutique, accompales grandes surfaces italiennes hante
gnement indispenmassivement les phar maciens
sable de l’automédication « à l’heure
(97 %). Un mal pour un bien diront
où des pans entiers de classes théracertains : cette crainte représente
peutiques sont déremboursés et où les
pour 70 % des officinaux une motivacitoyens deviennent progressivement
tion supplémentaire pour mettre en
acteurs de leur propre santé ». Une
place des actions spécifiques visant
campagne de sensibilià booster ce segment
sation grand public sedans leur officine.
L’actualité
rait également la bien« Après plusieurs années
venue, tout comme des
peu propices au marché
tombe à point
partenariats commerde l’OTC, il semblerait
nommé
ciaux consolidés avec
que les facteurs favoles laboratoires OTC. A
rables à la croissance debon entendeur… Par ailleurs, les offipuis si longtemps attendue par les accinaux voient arriver d’un bon œil les
teurs de ce marché complexe et
vagues de déremboursement, qui, sepassionnant, se mettent en place »,
lon eux, permettraient de hisser le
conclut Jean-Christian Kipp. ■
marché à meilleure hauteur. L’actuaANNE-LAURE MERCIER
lité tombe à point nommé, comme le
souligne Jean-Christian Kipp, prési* Enquête réalisée par téléphone au mois
dent de Direct Medica : « Cette générad’octobre, auprès d’un échantillon représentatif
lisation du non-remboursé ne mande 100 pharmaciens titulaires.
quera pas d’influer le comportement,
DR
SOURCE : DIRECT RESEARCH
Et plus particulièrement au sein de votre officine, quels sont pour vous
pharmacien, les 3 principaux leviers pour développer l’automédication ?
4TROIS QUESTIONS À…
PHILIPPE LIEBERMANN,
DR
vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF)
« Redéfinir le panier de soins »
Quel rôle le pharmacien d’officine tient-il sur le marché
de l’automédication ?
Il est le seul à pouvoir développer ce marché, à condition
qu’il ait la possibilité de le faire. Or, la cohabitation sur le marché
de molécules à la fois sous une forme remboursée et non
remboursée rend impossible tout essor. La France est l’un des
rares pays où existe une telle concurrence entre le marché de
la prescription et celui de l’automédication.
Qu’attendez-vous des autorités de santé ?
Le champ de l’automédication pourrait s’élargir s’il était
accompagné d’une politique de santé moins floue, à savoir une
définition claire du panier de soins, de ce qui relève ou non de la
collectivité et une requalification de la notion de « service
médical rendu insuffisant ». Nous avons tous à y gagner :
l’automédication peut entraîner des économies conséquentes
pour l’assurance maladie, comme elle permet aux patients
d’accéder aux soins plus facilement et de façon éclairée. Si
demain la politique se montre plus précise, oui à l’automédication.
Le pharmacien devra alors jouer un rôle primordial.
Que vous inspire la vente de médicaments en supermarchés
en Italie ?
Un pharmacien ne peut accepter ! Pour autant, les officinaux
français n’ont pas à craindre que les produits d’automédication
se retrouvent demain dans nos grandes surfaces. Nos autorités
privilégient un maillage territorial optimal et la proximité du
pharmacien.
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