l`officinea une carte à jouer
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75-77.qxp 31/10/06 13:40 Page 41 AUTOMÉDICATION d o s s i e r 75 L’OFFICINE A UNE CARTE À JOUER Développer le marché de l’automédication, soit. Mais sans les pharmaciens, le défi relèverait d’une mission impossible. Pour mieux cerner les freins et les leviers à un essor de l’automédication depuis le giron officinal, Direct Research, la division « Enquêtes et Etudes » de Direct Medica, a consulté les pharmaciens… —————— ésireux d’élargir le segment de l’automédication, encore insuffisamment exploité, le pharmacien se dit prêt à investir pour « stimuler » ce marché. Tel est le portrait que dessinent les résultats de l’enquête* menée par le département Enquêtes et Etudes de Direct Medica. Les titulaires d’officine interrogés soufflent même trois pistes de réflexion aux décideurs politiques et industriels : renforcer leur positionnement dans le système de soins, clarifier la politique de prix des médicaments concernés et sensibiliser les Français. Le marché de l’automédication stagne et les pharmaciens en ont pleinement conscience : 70 % des officinaux interrogés ont perçu ce flottement sur l’année 2006. Ils sont d’ailleurs autant à ne pas avoir mis en place davantage d’actions spécifiques que l’année précédente pour donner un coup de pouce au marché. Il faut dire que la part de chiffre d’affaires réalisée en automédication reste peu importante pour la majorité d’entre eux (73 %) et la marge dégagée négligeable : 61 % la considèrent « assez forte » et 38 % « assez faible ». 4ENQUÊTE DIRECT RESEARCH POUR PHARMACEUTIQUES D 444 Quels sont les leviers pour développer ce segment de marché ? SOURCE : DIRECT RESEARCH POUR PHARMACEUTIQUES Prescription pharmaceutique. En revanche, les voici aujourd’hui mûrs pour investir : 39 % estiment le moment très opportun et 42 % « un peu » opportun. Avant de s’engager Vous semble-t-il opportun d’investir pour développer ce marché ? Quels sont les freins au développement de l’automédication ? N OV E M B R E 20 0 6 _ P H A R M AC E U T I Q U ES 75-77.qxp 31/10/06 13:40 Page 42 75-77.qxp 31/10/06 13:40 Page 43 AUTOMÉDICATION d o s s i e r 77 444 plus avant dans l’aventure de l’OTC, analysons ce qui, pour les pharmaciens, empêchait jusqu’à présent l’automédication de se frayer un chemin digne de ce nom dans les méandres de l’offre pharmaceutique. La concurrence des produits semi-éthiques remboursés est le premier frein cité (44 %), devant le niveau de prix public élevé des produits disponibles en automédication (28 %), le désintérêt des médecins pour ce type de produits (13 %) et l’idée reçue, pour nombre de patients, selon laquelle automédication rime avec moindre efficacité (11 %). Des chiffres qui confirment la tendance observée par les industriels et les pouvoirs publics. Pour l’inverser, les tenants de la croix verte ont répondu d’une seule voix à Direct Research : leur implication est, selon eux, un levier essentiel et nécessaire au dévelop- pement de l’automédiil faut l’avouer, encore très frileux des cation. Une implicaprescripteurs et des patients ». Depuis tion de quel ordre ? leur comptoir, les pharmaciens estiPascal Louis, président ment enfin que renforcer leur rôle de du Collectif national conseil, fixer des prix attractifs, choides groupements de sir le référencement et adapter le merpharmaciens d’officine chandising ne peuvent que dévelopà l’origine d’un Livre per l’automédication. blanc édité en juin derA cette maturité, s’ajoute une presnier, plaide pour la sion européenne : la vente des méprescription pharmadicaments d’automédication dans ceutique, accompales grandes surfaces italiennes hante gnement indispenmassivement les phar maciens sable de l’automédication « à l’heure (97 %). Un mal pour un bien diront où des pans entiers de classes théracertains : cette crainte représente peutiques sont déremboursés et où les pour 70 % des officinaux une motivacitoyens deviennent progressivement tion supplémentaire pour mettre en acteurs de leur propre santé ». Une place des actions spécifiques visant campagne de sensibilià booster ce segment sation grand public sedans leur officine. L’actualité rait également la bien« Après plusieurs années venue, tout comme des peu propices au marché tombe à point partenariats commerde l’OTC, il semblerait nommé ciaux consolidés avec que les facteurs favoles laboratoires OTC. A rables à la croissance debon entendeur… Par ailleurs, les offipuis si longtemps attendue par les accinaux voient arriver d’un bon œil les teurs de ce marché complexe et vagues de déremboursement, qui, sepassionnant, se mettent en place », lon eux, permettraient de hisser le conclut Jean-Christian Kipp. ■ marché à meilleure hauteur. L’actuaANNE-LAURE MERCIER lité tombe à point nommé, comme le souligne Jean-Christian Kipp, prési* Enquête réalisée par téléphone au mois dent de Direct Medica : « Cette générad’octobre, auprès d’un échantillon représentatif lisation du non-remboursé ne mande 100 pharmaciens titulaires. quera pas d’influer le comportement, DR SOURCE : DIRECT RESEARCH Et plus particulièrement au sein de votre officine, quels sont pour vous pharmacien, les 3 principaux leviers pour développer l’automédication ? 4TROIS QUESTIONS À… PHILIPPE LIEBERMANN, DR vice-président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) « Redéfinir le panier de soins » Quel rôle le pharmacien d’officine tient-il sur le marché de l’automédication ? Il est le seul à pouvoir développer ce marché, à condition qu’il ait la possibilité de le faire. Or, la cohabitation sur le marché de molécules à la fois sous une forme remboursée et non remboursée rend impossible tout essor. La France est l’un des rares pays où existe une telle concurrence entre le marché de la prescription et celui de l’automédication. Qu’attendez-vous des autorités de santé ? Le champ de l’automédication pourrait s’élargir s’il était accompagné d’une politique de santé moins floue, à savoir une définition claire du panier de soins, de ce qui relève ou non de la collectivité et une requalification de la notion de « service médical rendu insuffisant ». Nous avons tous à y gagner : l’automédication peut entraîner des économies conséquentes pour l’assurance maladie, comme elle permet aux patients d’accéder aux soins plus facilement et de façon éclairée. Si demain la politique se montre plus précise, oui à l’automédication. Le pharmacien devra alors jouer un rôle primordial. Que vous inspire la vente de médicaments en supermarchés en Italie ? Un pharmacien ne peut accepter ! Pour autant, les officinaux français n’ont pas à craindre que les produits d’automédication se retrouvent demain dans nos grandes surfaces. Nos autorités privilégient un maillage territorial optimal et la proximité du pharmacien. N OV E M B R E 20 0 6 _ P H A R M AC E U T I Q U ES