L`Arménie, plaque tournante du Caucase - Armen

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L`Arménie, plaque tournante du Caucase - Armen
L'Arménie, plaque tournante du Caucase Les élections présidentielles de Février 2008 étaient l'occasion de s'emparer du pouvoir en Arménie. Lévon Ter Petrossian, furieux du résultat obtenu (21% des voix), refusa d'admettre sa défaite. Une campagne de protestations et de manifestations fut organisée dans la capitale Erevan. Lors de ces manifestations, des heurts avec la police provoquèrent la mort de dix personnes et firent plus de 130 blessés. L'Arménie allait­elle basculer dans la guerre fratricide que ses voisins azéri et turc souhaitaient ardemment ? Le tremblement de terre du 7 décembre 1988 secoua profondément le pays. Malgré cette situation dramatique, les Arméniens du Karabagh continuèrent un combat acharné pour libérer le pays de la tutelle azérie. Libération qui fut acquise au prix d'énormes sacrifices. Après l'effondrement de l'U.R.S.S., l'Arménie déclara son indépendance le 21 septembre 1991. Lévon Ter Petrossian (ancien président du comité de libération du Karabagh) fut élu président de la IIIème République d'Arménie. Sa popularité atteignait son apogée. La Turquie et l'Azerbaïdjan imposèrent un blocus à l'Arménie. L'aide octroyée par la diaspora se trouvait bloquée en Géorgie. L'Arménie sombrait petit à petit dans la misère et la famine. Les pays occidentaux profitèrent de l'occasion pour offrir à des étudiants arméniens fraîchement diplômés de l'université des postes dans leurs pays respectifs. Ainsi commença une déplorable "fuite des cerveaux". Pour endiguer cette situation catastrophique le président Lévon Ter Petrossian devait prendre des mesures indispensables : 1) Afin d'améliorer les relations avec la Turquie, il supprima la notion de "reconnaissance du génocide des Arméniens" de l'ordre du jour de l'État. 2) Après le décès du catholicos Vasken I er , Lévon Ter Petrossian proposa au catholicos d'Antélias Karékin le siège d'Etchmiadzine. L'objectif était probablement de réunir les deux catholicossats. 3) Pour résoudre diplomatiquement le conflit du Karabagh, il nomma Robert Kotcharian (président de la République autoproclamée du Haut­Karabagh) Premier ministre du gouvernement. Ces trois initiatives de Lévon Ter Petrossian ne furent pas couronnées du succès escompté. Ayant perdu de sa popularité dans le pays, il abandonna le pouvoir et Robert Kotcharian fut élu président de la République d'Arménie. Quel est le rôle de l'Arménie sur l'échiquier politique de la région ? Sa situation paraissait négligeable pour certains car elle ne disposait pas de ressources énergétiques, mais pour d'autres elle est considérée comme un pion fiable. C'est la raison pour laquelle la Russie assure la sécurité de l'Arménie.
La Russie attise les convoitises de l'Occident et en particulier des États­Unis pour ses ressources naturelles considérables. Quand on sait que l'Alaska avait déjà été vendu par le tsar Alexandre II en 1867 aux États­ Unis, comment ne pas imaginer qu’aujourd’hui ce pays immense qu’est la Russie puisse être grignoté morceau par morceau par l'appétit insatiable de l'Occident ? L'Ukraine, ancien grenier à blé de l'U.R.S.S. est tombée après son indépendance dans les bras bienveillants des États­Unis et de l'Union européenne. La Géorgie cédait elle aussi aux charmes des États­Unis. Quant à l'Azerbaïdjan, il ne posait aucun problème aux États­Unis puisque ce pays est cousin ou plutôt frère de la Turquie membre de l'OTAN. Il ne restait plus que l'Arménie hors de l'orbite de l'Occident. Après dix ans d'absence, période dite d’hibernation, Lévon Ter Petrossian revient sur la scène politique. Quelle force l'a réveillé ? Un homme érudit et spécialiste de l'histoire arménienne pourrait­il tomber dans le piège préparé par l'étranger ? Ne se rappelait­il pas les promesses faites par l'Occident pendant que les populations arméniennes étaient massacrées par les Turcs de 1894 à 1922 ? Lévon Ter Petrossian a prétendu avoir rencontré à Moscou le Président Vladimir Poutine et son successeur Alexandre Medvedev ; or l'ambassadeur de Russie à Erevan devait démentir cette information. Dernièrement, Lévon Ter Petrossian était en visite pour 5 jours en France où il rencontra Alexis Govcyian et quelques membres du bureau du CCAF au Fouquet’s avec son fidèle ami Vahan Papazian. Rien ou presque ne filtra de cette entrevue. Que cherchait Lévon Ter Petrossian en diaspora ? Ne sait­il pas que les Arméniens de la diaspora n'ont pas le droit de s'immiscer dans les affaires politiques de l'Arménie, mais en revanche, ils peuvent apporter un soutien financier par le biais du Fonds arménien? L'Arménien de la diaspora est considéré comme un étranger, il doit solliciter un visa pour se rendre dans sa patrie. Soucieux de l'avenir du pays, les Arméniens d'Arménie et de la diaspora doivent admettre que leur salut vient de la Russie quel que soit son régime politique. Essayer de jouer sur les deux tableaux serait nuisible et dangereux pour la Nation. L'Arménie ne pourra se développer que dans la sérénité et la paix. Nersès Durman [email protected] Juillet 2008