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ACTUALITÉ NATIONALE Le doyen d’Afrique GETTY ʻʻ 6 EN AFRIQUE, LE DOYEN, ça compte », déclarait le président français Nicolas Sarkozy en parlant du président El Hadj Omar Bongo Ondimba lors de sa visite au Gabon l’année dernière. Le terme « doyen » a plusieurs significations – celle de grand chef d’État et celle de patriarche. L’estime de M. Sarkozy pour ce notable africain est partagée par de nombreux chefs d’État qui lui ont adressé leurs félicitations à l’occasion de la commémoration de son long mandat. Le monde était bien différent en 1967 lorsque le président Bongo a pris ses fonctions à l’âge de 32 ans. Il était alors le plus jeune chef d’État africain. Le président français Charles de Gaulle et le premier ministre britannique Harold Wilson étaient au pouvoir, la guerre froide sévissait et l’Afrique s’entrouvrait à l’indépendance. Albert-Bernard Bongo naît en 1935 dans la tribu des Batékés, dans la province du HautOgooué. Benjamin de 12 enfants, son caractère indépendant se manifeste très jeune. « Même à l’école primaire, je me sentais plus vieux que les enfants de mon âge », dit-il. Il est le premier Noir à faire son service militaire dans l’armée de l’air française au Tchad. « L’armée m’a formé. Avant de donner des ordres, il faut d’abord apprendre à obéir. » À son retour au Gabon tout juste indépendant en 1960, il entre au ministère des Affaires étrangères où il gravit les échelons et gagne la confiance de Léon M’ba, père de l’indépendance gabonaise. Au cours d’un coup d’État militaire en 1964, le président M’ba est enlevé et placé dans un camp militaire à Libreville avec M. Bongo. Tous deux seront libérés par les paramilitaires français. C’est la seule tentative de coup d’État dans l’histoire gabonaise – les soldats rebelles tentent d’installer un civil à la tête du gouvernement, mais ils sont rapidement obligés de rétablir le président M’ba au pouvoir. Nommé vice-président en 1967, M. Bongo devient président la même année à la mort de Léon M’ba à un moment délicat de l’histoire. du pays. Converti à l’Islam en 1973, il prend le nom de El Hadj Omar Bongo Ondimba. Le président Bongo dirige le pays pendant 16 ans sous un seul parti jusqu’au début des années 1990 où il introduit un régime multipartite. Il fonde le parti majoritaire : le Parti démocratique gabonais (PDG). Il n’a jamais caché le fait qu’il était convaincu que les pays africains avaient besoin de chefs d’État forts et perspicaces afin de gérer les tensions ethniques. Une décision historique L’histoire du Gabon semble lui avoir donné raison. Membre d’une tribu minoritaire, il s’est efforcé de rassembler et d’obtenir le consensus de plus de 40 tribus ethniques. Cela a été une bonne tactique. Le pays est l’un des plus stables de la région. Sa faible population (1,4 million), ses ressources naturelles et les investissements étrangers lui ont permis d’être l’un des pays les plus prospères. Le pétrole a été découvert dans les années 1970, transformant ce petit pays africain en un émirat pétrolier et lui permettant de financer son infrastructure et de faire des aménagements sociaux : nouvelles routes, hôpitaux et écoles. La construction du chemin de fer gabonais a commencé en 1973. En 2001, le président a pris une décision audacieuse pour préserver le riche environnement de son pays. Il a créé 13 parcs nationaux, protégeant un dixième du territoire et supprimant 800 000 hectares de concessions d’abattage d’arbres. Au cours des décennies, Libreville est devenue le centre de la diplomatie africaine – raison pour laquelle le National Geographic appelle le président Bongo « le pacificateur ». Le président a joué un rôle personnel dans la réduction de nombreux conflits dans divers pays sub-sahariens : République démocratique du Congo, Soudan, Angola, Togo et Côte d’Ivoire, notamment. « Il est clair qu’aucun MARTIN VAN DER BELEN Le président Bongo, le plus ancien chef d’État africain en exercice, a fêté ses 40 ans au pouvoir. Regard sur ses épreuves et ses réussites. progrès ne peut avoir lieu sans la paix ou la sécurité », a-t-il déclaré lors de la réunion du Sommet Union européenne/Afrique à Lisbonne. « C’est pourquoi les États africains se sont efforcés de résoudre les crises et les conflits, qui affligent trop souvent notre continent. » Sur le plan international, le Gabon s’est affirmé grâce aux relations que le président Bongo a su tisser à travers le monde. Le pays peut se vanter d’avoir des liens diplomatiques et économiques étroits avec l’Europe, l’Amérique du Nord et du Sud, le Moyen-Orient et l’Asie. Le président ne s’en enorgueillit pas pour autant. Dans l’allocution prononcée lors de la célébration du 40e anniversaire de son mandat, il a reconnu que son règne n’avait pas été sans faille et il s’est engagé à avoir un gouvernement plus dynamique pour entreprendre des mesures destinées à développer le pays. Il a accusé son gouvernement de corruption et déclaré que la course pour l’enrichissement illicite dans les hautes fonctions publiques avaient freiné le développement économique. Il a rappelé à ses compatriotes « qu’il n’avait jamais cessé de lutter pour la paix, la stabilité et l’unité nationale avec leur soutien, sans lequel rien n’aurait pu être fait. Cela ne changera pas, a-t-il affirmé. Le Gabon, notre pays, est un bateau dont le gouvernail est bien tenu par le capitaine que je suis, et qui entend que ses directives et instructions soient entièrement appliquées […]. Je me suis engagé devant mes compatriotes à accélérer le développement économique et social de notre pays, et à assurer un avenir meilleur à tous. C’est un engagement que j’entends tenir. » Les prochaines élections présidentielles auront lieu en 2012 et le président Bongo a déjà annoncé sa candidature à Radio France Internationale : « Je serai candidat en 2012 si Dieu m’en donne la force. » Le capitaine n’a manifestement pas l’intention d’abandonner son navire et ses passagers. I Sarah Monaghan GABON . PRINTEMPS 2008 7 NATIONAL PARKS NATIONAL PARKS ACTUALITÉ NATIONALE 1967 1974 GETTY, AFP Le président Bongo est salué par le président Mao Zedong, fondateur de la République populaire de Chine. 2004 Le roi Mohammed VI du Maroc est un ami de la famille du président Bongo. 8 1968 Le premier ministre français Georges Pompidou accueille le vice-président Bongo au palais de l’Elysée en mai. Il deviendra président à la fin de l’année. GABON . PRINTEMPS 2008 1983 Le président français François Mitterrand salue la foule à l’aéroport international Léon M’ba. 2004 Le président chinois Hu Jintao, l’un des partenaires de la coopération économique. 1989 Le chef palestinien Yasser Arafat en visite au Gabon salue chaleureusement le président Bongo à sa descente d’avion. 2004 Le président Bongo lors d’une visite à la 2004 Le président brésilien Lula da Maison Blanche avec le président George W. Bush. Silva est accueilli au Gabon. Le président Bongo rencontre le président français Charles de Gaulle, lors de sa première visite présidentielle officielle en France en janvier 1968. 1998 1999 2001 Poignée de main entre le président russe Vladimir Poutine Le président libanais Elias Hraoui et le président Bongo se rencontrent à l’aéroport de Beyrouth. Nelson Mandela avec le président Bongo au cours d’une visite d’une semaine au Gabon. 2005 Le président d’Afrique du Sud Thabo 2005 Le Gabon préside la 59 As- 2006 Le président Bongo avec Ellen Johnson- 2007 Le président français Nicolas Mbeki salue la foule lors de son arrivée à Libreville. et le président Bongo lors de sa première visite au Kremlin à Moscou. e semblée générale de l’ONU à New Yok. Sirleaf du Liberia, première présidente africaine. Sarkozy lors de sa visite au Gabon. 9