Pierre Soulages

Transcription

Pierre Soulages
Cordage
86 rue Georges Cuvier
76 400 Fécamp
Tél : 06 22 39 04 28
Mail : [email protected]
Pierre Soulages
Peinture 1968
Huile et acrylique sur toile
220 X 366 cm
Musée national d’art moderne Paris
Pierre Soulages perd son père en 1924. Dès son plus jeune âge, il est fasciné par les vieilles
pierres, les matériaux patinés et érodés par le temps, l'artisanat de son pays du Rouergue et ses âpres
paysages, particulièrement les Causses. Il a tout juste huit ans lorsqu'il répond à une amie de sa
sœur aînée qui lui demande ce qu’il est en train de dessiner à l’encre sur une feuille blanche : un
paysage de neige. « Ce que je voulais faire avec mon encre, dit-il, c’était rendre le blanc du papier
encore plus blanc, plus lumineux, comme la neige. C’est du moins l’explication que j’en donne
maintenant. »
À douze ans, son instituteur l’emmène, avec sa classe, visiter l’abbatiale Sainte-Foy de Conques, où
se révèle sa passion de l’art roman et le désir confus de devenir un artiste. Il accompagne dans ses
recherches un archéologue local et découvre lui-même au pied d’un dolmen des pointes de flèches
et des tessons de poteries préhistoriques qui entrent au musée Fenaille de Rodez. Il reçoit aussi le
choc émotionnel des peintures rupestres des grottes du Pech-Merle dans le Lot, de Font-de-Gaume
en Dordogne, d’Altamira en Cantabrie (Espagne), puis de Lascaux en Dordogne. Il commence à
peindre dans son Aveyron natal avant de « monter à Paris » à dix-huit ans pour préparer le
professorat de dessin et le concours d'entrée à l'école des beaux-arts. Il y est admis en 1938 mais il
est vite découragé par la médiocrité de l'enseignement qu'on y reçoit et retourne à Rodez. Pendant
ce bref séjour à Paris, il fréquente le musée du Louvre et voit des expositions de Cézanne et Picasso
qui sont pour lui des révélations.
En 1946, il s'installe dans la banlieue parisienne et se consacre désormais entièrement à la peinture.
Il commence à peindre des toiles abstraites où le noir domine. Il les expose au Salon des
surindépendants en 1947, où ses toiles sombres détonnent au milieu des autres, très colorées :
« Vous allez vous faire beaucoup d'ennemis », le prévient alors Picabia.
En janvier 1979, Soulages en travaillant sur un tableau ajoute, retire du noir pendant des heures. Ne
sachant plus quoi faire, il quitte l'atelier, désemparé. Lorsqu'il y revient deux heures plus tard : « Le
noir avait tout envahi, à tel point que c'était comme s'il n'existait plus ». Cette expérience marque un
tournant dans son travail. La même année, il expose au Centre Georges-Pompidou ses premières
peintures monopigmentaires, fondées sur la réflexion de la lumière sur les états de surface du noir,
appelé plus tard « outre-noir ».
Il est l'une des personnalités à l'origine de la création de la chaîne de télévision Arte.
Entre 1987 et 1994, il réalise 104 vitraux, en collaboration avec l'atelier de Jean-Dominique Fleury
à Toulouse, pour l'église abbatiale de Conques.
Il est le premier artiste vivant invité à exposer au musée de l'Ermitage de Saint-Pétersbourg, puis à
la galerie Tretiakov de Moscou (2001).
"Des hommes et des femmes qui souffrent d’hypertension artérielle, de constipation et d’ulcères à l’estomac. Des hommes et des femmes torturés par
des névroses et qui deviennent leur propre ennemi. (…) Et vous savez pourquoi ? A cause du fait qu’ils consacrent trop peu de temps à des questions
d’ordre culturel."
Pascal Dessaint (Mourir n’est pas la pire des choses)
Cordage
86 rue Georges Cuvier
76 400 Fécamp
Tél : 06 22 39 04 28
Mail : [email protected]
En 2007, le Musée Fabre de Montpellier lui consacre une salle pour présenter la donation faite par
le peintre à la ville. Cette donation comprend 20 tableaux de 1951 à 2006 parmi lesquels des œuvres
majeures des années 1960, deux grands outre-noir des années 1970 et plusieurs grands polyptyques.
À l'occasion de son 90e anniversaire, le Centre Pompidou présente en octobre 2009 la plus grande
rétrospective jamais consacrée à un artiste vivant par le Centre, avec plus de 3000 m2 d’exposition.
Parallèlement, le Musée du Louvre expose la même année une peinture de l’artiste de 300 x 236
cm, datant du 9 juillet 2000, dans le Salon Carré de l'aile Denon5.
Un musée Soulages devrait ouvrir à Rodez (Aveyron) en 2012. L'artiste a en effet consenti à une
donation comprenant 250 œuvres d'art (peintures sur toile et sur papier, bronzes, totalité de l'œuvre
imprimée, œuvres de jeunesse et travaux préparatoires à la réalisation des vitraux de l'abbatiale de
Conques) et un fonds documentaire important pour la communauté d'agglomération du Grand
Rodez, sa ville natale.
La peinture proche du style abstrait d’Hans Hartung avec une palette restreinte dont les effets de
clair-obscur sont perceptibles, y compris en transparence. Soulages a choisi l'abstraction, à la fin de
sa carrière, car il dit ne pas voir l’intérêt de passer « par le détour de la représentation [...] Je ne
représente pas, dit-il, je présente. Je ne dépeins pas, je peins. »
Ses tableaux font beaucoup appel aussi à des mini-reliefs, des entailles, des sillons dans la matière
noire qui créent à la fois des jeux de lumière et de... couleurs. Car ce n’est pas la couleur noire ellemême qui est le sujet de son travail, mais bien la lumière qu’elle révèle et organise : il s'agit donc
d'atteindre un au-delà du noir, d'où le terme d'outre-noir utilisé pour qualifier ses tableaux depuis la
fin des années 1970.
« Ses toiles géantes, souvent déclinées en polyptyques, ne montrent rien qui leur soit extérieur ni ne
renvoient à rien d’autre qu’elles-mêmes. Devant elles, le spectateur est assigné frontalement,
englobé dans l’espace qu’elles sécrètent, saisi par l’intensité de leur présence. Une présence
physique, tactile, sensuelle et dégageant une formidable énergie contenue. Mais métaphysique
aussi, qui force à l’intériorité et à la méditation. Une peinture de matérialité sourde et violente, et,
tout à la fois, d’« immatière » changeante et vibrante qui ne cesse de se transformer selon l’angle
par lequel on l’aborde. »
Depuis peu, d'autres œuvres sont apparues où rythme, espace et lumière naissent des contacts
violents du noir et du blanc sur l'entière surface de la toile.
"Des hommes et des femmes qui souffrent d’hypertension artérielle, de constipation et d’ulcères à l’estomac. Des hommes et des femmes torturés par
des névroses et qui deviennent leur propre ennemi. (…) Et vous savez pourquoi ? A cause du fait qu’ils consacrent trop peu de temps à des questions
d’ordre culturel."
Pascal Dessaint (Mourir n’est pas la pire des choses)

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